== Delaunay et l'art abstrait ==
Robert Delaunay a peint des œuvres abstraites durant deux périodes dans sa vie : d'abord autour de 1912 et 1913, avec les séries des ''Villes'', des ''Formes circulaires'' et la toile ''Disque simultané'', qui en font l'un des pionniers de l'abstraction<ref>''Kupka'', Serge Fauchereau, Albin Michel, collection Les grands maîtres de l'art contemporain, Paris, 1988</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Georges Roque|texte=Qu'est-ce que l'art abstrait ?|p=146}}</ref> ; puis autour de 1933 et 1934, quand il peint les séries ''Rythmes'' et ''Rythmes sans fin''. Pourtant, à aucune période, il n'a défini son art comme étant un [[art abstrait]]. Cela s'explique par le fait qu'il se sentait cubiste, était vu par la critique et le public comme un peintre cubiste, et ses œuvres étaient interprétées ainsi. Pour s'éloigner des autres « -isme » qui fleurissent à l'époque, il crée son propre mouvement, le [[simultanéisme]], en raison de sa recherche chromatique sur les couleurs. Il se considère d'ailleurs comme un {{citation|hérésiarque du cubisme}}<ref name="gr"/>. De plus, il affirme dans une lettre à [[August Macke]] de 1913 que {{citation|Une chose indispensable pour moi, c'est l'observation directe, dans la nature, de l'essence lumineuse}}, ce qui l'éloigne des théoriciens de l'art abstrait, tels que [[Piet Mondrian]], qui voudraient un art complètement coupé de la nature. Pourtant, certaines de ses œuvres sont indiscutablement abstraites, dont les séries citées ci-dessus. En voulant représenter la lumière, qui paraît être un élément naturel, il a dû recourir à des formes non-figuratives, sans aucun lien direct avec la réalité. Pour rendre l'essence de la lumière, il a choisi d'utiliser des agencements de couleur, sans plus représenter un objet<ref>{{harvsp|id=Georges Roque|texte=Qu'est-ce que l'art abstrait ?|p=148}}</ref>. Sonia Delaunay, quant à elle note dans son journal (publié en 1978 aux éditions Robert Laffont, {{p.|137}}) "J'ai fini le livre de Dorival. À la fin de son livre il résume son premier volume en démontrant que toute la peinture de cette époque annonce une peinture s'éloignant du Réalisme, une peinture inobjective, toutes les peintures que nous connaissons ne sont que des balbutiements. Il est étonnant de compréhension et comme il est près de nous ! C'est la première fois que je vois quelqu'un de si loin et de si près. Dommage que Delaunay ne l'ait pas connu."
== À propos de Robert Delaunay ==
[[Fichier:Portrait de Guillaume Apollinaire.jpg|vignette|droite|''[[Portrait de Guillaume Apollinaire (Delaunay)|Portrait de Guillaume Apollinaire]]'', [[1911]]-[[1912]].]]
[[Fichier:Plaque Sonia et Robert Delaunay, 16 rue de Saint-Simon, Paris 7.jpg|vignette|droite|Plaque 16 [[rue de Saint-Simon]], leur dernier domicile parisien.]]
{{à délister|date=juin 2012}}
* {{citation|Robert Delaunay a moins d'inquiétude. Il n'est pas comme [[Jean Metzinger|Metzinger]] prêt à tout tenter en faveur de l'art. Mais sa sagesse ne l'éloigne point des bizarreries et l'influence d'un [[Othon Friesz]], d'il y a quelques années, nous vaut cette fois-ci des toiles solidement peintes qui ont l'air malheureusement de commémorer un [[tremblement de terre]]}} ([[Guillaume Apollinaire]] « Prenez garde à la peinture! Le Salon des Artistes indépendants » ''L'Intransigeant'', {{date-|18 mars 1910}})<ref name="Catalogue Expo p238">{{harvsp|id=Catalogue|texte=Catalogue de l'exposition « Robert Delaunay, de l’impressionnisme à l'abstraction » au centre Georges-Pompidou|p=238}}</ref>.
* {{citation|Il y a dans la peinture moderne de nouvelles tendances ; les plus importantes me semblent être, d'une part le [[cubisme]] de [[Picasso]], d'autre part, l'orphisme de Delaunay. L'orphisme jaillit de [[Matisse]] et du mouvement des fauves, en particulier de leurs tendances lumineuses et anti-académiques. Delaunay croyait que si vraiment une couleur simple conditionne sa couleur complémentaire, elle ne la détermine pas en brisant la [[lumière]], mais en suscitant à la fois toutes les couleurs du [[Prisme (optique)|prisme]]. Cette tendance, on peut l'appeler l'[[orphisme (art)|orphisme]]. Ce mouvement, je crois, est plus proche que les autres de la sensibilité de plusieurs peintres allemands modernes. Ces deux mouvements sont de l'art pur parce qu'ils déterminent uniquement le plaisir de notre pouvoir visuel. Ce sont des mouvements de l'[[art]] pur puisqu'ils s'élèvent au sublime sans s'appuyer sur aucune convention artistique, littéraire ou scientifique. Nous sommes ivres d'enthousiasme. Nous nous élevons ici vers le [[lyrisme]] plastique. Cette tendance créatrice s'étend maintenant à l'univers. La peinture n'est pas un art reproducteur mais créateur. Avec ces mouvements, orphistes et cubistes, nous arrivons en pleine poésie de la lumière. J'aime l'art des jeunes peintres parce que j'aime avant tout la lumière. Et, comme tous les hommes aiment avant tout la lumière, ils ont inventé le feu.}} (Guillaume Apollinaire ''Die Moderne Malerei'' [La peinture moderne] dans ''Der Sturm'', {{date-|février 1913}})<ref name="Der Sturm 148-149 p350-356"/>
* {{citation|On a déjà beaucoup parlé de l'[[orphisme (art)|orphisme]]. C'est la première fois que cette tendance se manifeste. Elle réunit des peintres de caractères assez différents qui tous, dans leurs recherches, sont arrivés à une vision plus intérieure, plus poétique de l'univers et de la vie. Cette tendance n'est pas une invention subite ; elle est l'évolution lente et logique de l'[[impressionnisme]], du [[divisionnisme]], de l'école des fauves et du [[cubisme]]. Le mot seul est nouveau : bien des peintres ont été surpris d'être compris dans cette tendance et il est très intéressant de noter que des peintres très différents convergent dans les mêmes recherches et tendent, indépendamment les uns des autres, à la même expression.}} (Guillaume Apollinaire, « Le Salon des Indépendants » ''L'intransigeant'', {{date-|25 mars 1913}})<ref name="Catalogue Expo p238"/>
* {{citation|Post-futurisme. Une des plus curieuses productions de ce type d'art est signée Robert Delaunay et représente, comme on a pu nous le faire entendre, des disques solaires au milieu desquels apparaît l'[[hélice]] tournoyante d'un [[aéroplane]]. Comme il est dédicacé à [[Louis Blériot|Blériot]], nous avons là, sans doute, la représentation des sensations d'un conquérant de l'air, ou, peut-être aussi l'étonnement du soleil à l'arrivée des messagers ailés venus de la Terre}} (Anonyme, « Salon of the Independent » ''[[The Times]]'', {{date-|10 mars 1914}})<ref>{{harvsp|id=Catalogue|texte=Catalogue de l'exposition « Robert Delaunay, de l’impressionnisme à l'abstraction » au centre Georges Pompidou|p=257}}</ref>.
== Quelques œuvres ==
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