« Antisémitisme en Belgique » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
Annulation de la modification de Salebot (d) contextualisation Balises : Annulation Révoqué |
JLM (discuter | contributions) Balise : Révocation manuelle |
||
Ligne 9 :
Revue belge de Philologie et d'Histoire Année 1992 70-2 {{p.|301-329}}</ref>, puis rejointe par d'autres soldats, se livre aux [[Persécution des Juifs pendant la première croisade|massacres de nombreuses communautés juives]], en particulier celles de [[Rhénanie]]<ref name=":3">Stengers, Jean. ''Les Juifs dans les Pays-Bas au Moyen Age'' . Bruxelles: Palais des académies, 1950.</ref>.
Ces massacres annoncent au siècle suivant, une période d'hostilité chrétienne aux Juifs et à leur religion. Cela est illustré par les écrits chrétiens d'érudits, sans que l'on connaisse exactement leur portée dans la société chrétienne. Les occurrences de rencontres théologiques, sont principalement écrites pour décréditer le judaïsme devant une audience érudite chrétienne, comme le fait [[Odon de Tournai|Odo de Tournai]] dans sa ''Disputation'', en décrivant les Juifs comme incapable de la vérité spirituelle, étant embourbés par leurs sens<ref name=":4">Christoph Cluse (2004), ''The Jews of Europe in the Middle Ages (Tenth to Fifteenth Centuries): Proceedings of the International Symposium held at Speyer, 20-25 October 2002'', Cultural Encounters in Late Antiquity and the Middle Ages, Brepols {{p.|23}} et {{p.|27}}</ref>. En 1160, témoignant déjà de l'existence d'une virulence dans l'antijudaïsme, Gauthier de Castillon, prévôt du chapitre de Tournai, rédige un pamphlet empli de haine contre les Juifs, proférant nombreuses calomnies à leur encontre<ref>Abicht, Ludo. ''De joden van België'' . Amsterdam ;: Atlas, 1994.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Dagobert D.|nom1=Runes|titre=The war against the jew|éditeur=Philosophical Library|date=2015|isbn=978-1-5040-1308-6|isbn2=1-5040-1308-5|oclc=910670806|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/910670806|consulté le=2021-04-27}}</ref>. Dans la production artistique, le [[triptyque de Stavelot]] atteste de la montée de la haine contre les Juifs avec une représentation particulièrement péjorative du personnage [[Ecclesia et Synagoga|Synagoga]], associé aux Juifs par
Le [[Quatrième concile du Latran|concile de Latran]] de 1215 organisant la société chrétienne, impose aux Juifs nombre de mesures discriminatoires : obligation de porter des vêtements distinguant de ceux portés par les chrétiens (dont le signe discriminatoire de la [[Rouelle (Moyen Âge)|rouelle]]), obligation de ne pas être vus en public pendant [[Semaine sainte]], l'interdiction d'avoir une position publique, et d'autres<ref name=":4" />. Les Juifs sont victimes de l'[[antijudaïsme]] de l’[[Église catholique]] et vivent désormais « en dehors » de la société chrétienne. Le testament de 1261, du duc [[Henri III de Brabant]], soulevait déjà la question de l'expulsion des juifs de ses terres<ref name="la" />. Ceux-ci sont ainsi contraints d'habiter dans des [[juiverie]]s, principalement du [[Province de Brabant|Brabant]], mais aussi dans le [[Province de Luxembourg|Luxembourg]] et le [[Province de Hainaut|Hainaut]]<ref name="Schreiber" />. Pour y échapper, certains se laissent convertir par l'Église<ref name="Schreiber2" />. Dans la littérature catholique du {{s-|XIII}}, les écrits de [[Jacques van Maerlant]], [[Jan van Boendale]] et [[Dirc Potter]] témoignent
[[Fichier:Doutielt1.jpg|vignette|[[Miniature (enluminure)|Miniature]] chrétienne représentant un massacre de Juifs du [[Province de Brabant|Brabant]] durant la période de la [[peste noire]] : les victimes sont brûlées vives sur un [[bûcher]]<ref>Pirenne, Henri, and Franz Schauwers. ''Histoire de Belgique des origines a nos jours'' . Bruxelles: La Renaissance du livre, 1972. Tome I</ref>.]]
En 1308, il est attesté des pillages contre les demeures des Juifs<ref name="Schreiber2"/>, qui sont massacrés par la [[croisade]] l'année suivante, à l'
Par la suite, la population juive périt lors de la [[peste noire]] vers 1348-1349 qui est accompagnée de nouveaux massacres de Juifs<ref name="Schreiber" /> après que la secte des [[flagellant]]s a répandu l'accusation selon laquelle les Juifs seraient les auteurs de la peste en
En 1370, les dernières familles juives sont [[Accusation de profanation d'hosties contre les Juifs|accusées de profanation d’hosties]] et périssent brûlées vives sur le [[bûcher]]<ref name = "Schreiber">{{Ouvrage|auteur1=Jean-Philippe Schreiber|titre=Les Juifs en Belgique : une présence continue depuis le XIIIe siècle, dans Les Cahiers de la Mémoire contemporaine – Bijdragen tot de eigentijdse Herinnering, n° 2|éditeur=|année=2000|passage=13-37|isbn=}}</ref>. Différentes versions racontent le déroulement du massacre, celle de l'historien du {{s-|XIX}} [[Georges-Bernard Depping]], décrit par exemple des tortures de juifs qui se produisent à [[Enghien]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Georges-Bernard Depping|titre=Les Juifs dans le Moyen Âge : essai historique sur leur état civil, commercial et littéraire|éditeur=|année=1844|passage=173-175}}</ref>. Abondamment relayé dans la culture belge, il donne lieu, après avoir été reconnu par l'[[Église catholique]] en [[1402]], à un culte antijuif des [[relique]]s qui ne prendra fin qu’à la fin du {{s-|xx}}<ref>Voir notamment:
Ligne 31 :
Contre les Juifs je crie : « Malédiction !»}}
Les Juifs disparaissent de Belgique. Dans certaines régions, ils ne sont que de passage, et ne sont que considérés comme des étrangers et menacés par la vindicte populaire sous l'emprise de l'antijudaïsme de l'Église. Ils sont exposés d'autre part, à la concurrence déloyale
Du fait des persécutions de l'[[Inquisition espagnole]] en 1492 et de l'[[Inquisition portugaise]] en 1497, des Juifs s'installent à [[Anvers]]. L'Inquisition est également imposée dans les [[Pays-Bas espagnols]], mais dans une moindre mesure. On peut citer, par exemple l'année 1541, lors de laquelle deux
Herman Prins Salomon and Aron di Leone Leoni
Vol. 88, No. 3/4 (Jan. - Apr., 1998), {{p.|135-211}} (77 pages)
Published by: University of Pennsylvania Press</ref>. En 1549, une ordonnance de [[Charles Quint]] retire aux [[Marranisme|Juifs convertis au christianisme]] le droit de séjour, les Juifs y étant interdits sous
Au {{s-|XVIII}}, dans les [[Pays-Bas autrichiens]], les Juifs sont tolérés, mais sont contraints du payement de taxes discriminatoires, excluant ceux sans ressources, tout en conservant ceux dits « utiles ». Les Juifs sont exclus du droit de bourgeoisie qui impliquait une profession de foi catholique, avec des exceptions. Philippe Pierret identifie pendant cette période un phénomène de marginalisation de la minorité juive, à la fois par les pouvoirs politiques locaux et dans les mentalités<ref name=":5" />. À la fin du siècle, la population juive bénéficie de la nouvelle législation de l’[[Édit de tolérance|édit de Tolérance de Joseph II]] de 1781<ref name="Schreiber" />{{,}}<ref name="Schreiber2" />, puis sous [[Napoléon Ier]], le culte israélite est reconnu et s'organise en [[Consistoire central israélite de Belgique |consistoire]] par les décrets de 1808 <ref name="Sagesser" />, ayant entre-autres, un rôle de [[délation]] et de listage des Juifs. À noter que lors de l'invasion française de 1794, des offenses antisémites sont commises et l'anti-cléricanisme [[Jacobinisme|jacobin]] s'en prend particulièrement au culte juif<ref name=":15">Schmidt, Ephraim. ''L’histoire des juifs à Anvers (Antwerpen)'' . rev. ed. Antwerp: Excelsior, 1969. Print.</ref>.
<gallery>
Fichier:Host desecration.jpg|Scène de la légende du Sacrement miraculeux, tapisserie à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles
Ligne 57 :
La fin du {{s-|XIX}}, voit de nombreux Juifs réussir leur intégration à la société belge mais aussi des réticences à l'arrivée d'immigrés juifs de l’Est, et les répercussions de l'antisémitisme de France et d'Allemagne<ref>{{Ouvrage |auteur1=John Barrière et édité par Francis Sartorius |titre=Les Juifs dans la société belge du XIXe siècle |éditeur= |année=2015 |isbn=}}</ref>. L'antisémitisme prend de l'ampleur et culmine avec les retombées de l’[[affaire Dreyfus]]. Certaines personnes sont ouvertement antisémites, en particulier au sein du jeune [[Parti ouvrier belge]], comme [[Edmond Picard]] et [[Jules Destrée]]<ref name="Schreiber"/>. Toute sa vie politique, Edmond Picard professera la haine antisémite et le racisme<ref>{{Ouvrage|auteur1=Serge Deruette|titre=La vie en rose : réalités de l'histoire du Parti socialiste en Belgique|éditeur=|année=1999|passage=51|isbn=}}</ref>. Le discours de [[Edmond Picard]] de « lutte des races » établissait une distinction entre « race supérieure » et une « race sémite et parasite » et il plaide pour des lois antisémites. L'anarchiste français [[Pierre-Joseph Proudhon]], qui avait des vues antisémites marque le socialisme belge lors de son séjour a Bruxelles<ref name="Saerens"/>. Ces derniers marquent la Belgique d'un antisémitisme socialiste.
C'est également à travers l'antisémitisme de l'Église catholique belge et française, qu'émerge un antisémitisme racial<ref>Jucquois, Guy, and Pierre Sauvage. ''L’invention de l’antisémitisme racial : l’implication des catholiques français et belges, 1850-2000'' . Louvain-La-Neuve: Academia Bruylant, 2001.</ref> : « en réaction au fait que les Juifs se dissolvent peu à peu dans la société chrétienne »<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Dominique |nom1=Trimbur |titre=Guy Jucquois, Pierre Sauvage, L’invention de l’antisémitisme racial (1850-2000). L’implication des catholiques français et belges. Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, 2001, 513 p., 21,3 cm, 48,45 €. |périodique=Revue de l’histoire des religions |numéro=1 |date=2007-01-01 |issn=0035-1423 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/rhr/5245 |consulté le=2021-05-26 |pages=126–128 }}</ref>. Celui-ci vient se greffer au « message chrétien » qui condamnait déjà les Juifs par
La « question juive » passe au centre des préoccupations de la presse, lors de la deuxième moitié des années 1890. Des attaques contre les personnalités politiques juives, [[Ferdinand Bischoffsheim]] et [[Georges Montefiore-Levi]], sont attestées<ref name="Saerens" />. Maurice Einhorn décrit l'antisémitisme belge comme « [[Mondaine|mondain]] », en comparaison à celui en [[Allemagne]] caractérisé plutôt comme « [[Classes populaires|populaire]] ». Il décrit une situation d'antipathie pour les Juifs au sein des écrivains de talent du jeune État : comme [[Émile Verhaeren]], [[Maurice Maeterlinck]], [[Fernand Crommelynck]] ou [[Michel de Ghelderode]]<ref name="CRIF" />. Guy Jucquois et Pierre Sauvage décrivent quant à eux, la fin de siècle, comme la période du passage de la discrimination ethnique à l’antisémitisme racial. Une réaction antisémite à l’assimilation des Juifs à la société, soutenue par les milieux catholiques<ref>{{Ouvrage|auteur1=Guy Jucquois|auteur2=Pierre Sauvage|titre=L’invention de l’antisémitisme racial (1850-2000). L’implication des catholiques français et belges|éditeur=|année=2001|isbn=}}</ref>.
La Belgique, perçue comme un pays libéral et accueillant, voit l'arrivée de nombreux réfugiés Juifs qui se poursuit au début du {{s-|XX}}. Néanmoins la nationalité ou le statut de résident permanent n'étaient pas garantis. Ainsi beaucoup de Juifs de deuxième ou de troisième génération vivant en Belgique, restaient considérés comme des « étrangers » par l'État<ref>{{Ouvrage|auteur1=Veerle Vanden Daelen|titre=In the Port City We Meet? Jewish Migration and Jewish Life in Antwerp During the Late 19th and Early 20th Centuries|éditeur=|année=|passage=55-94|isbn=}}</ref>. L'antisémitisme s’exprime notamment à travers le rejet systématique de demandes de naturalisation des
Bien que peu présent dans la société belge dans son ensemble, l’antisémitisme se manifeste toutefois dans différents milieux. En 1902, le Comité Marnix se proclame ligue contre l’antisémitisme et tente de lutter contre l’antisémitisme. Pour le collectif : « ce mot d’antisémitisme n’est qu’une étiquette qui couvre l’intolérance dans son acception la plus générale, la guerre sans merci déclarée non pas seulement aux juifs, mais aux protestants, aux libres penseurs, aux francs-maçons. »<ref name="Zian2"/>. Le Comité, en outre dirigé par des personnes qui ne sont pas de confession juive, témoigne d'''une politique de discrimination non-officielle'': « beaucoup de gens continuent pas moins à envelopper tous les juifs d’une commune antipathie, et citent de petits faits particuliers, d’histoires de portières, de racontars dépourvus de toute valeur et de tout intérêt. »<ref name="Zian3"/>. Le Comité témoigne d'actes de vandalisme antisémite : « A diverses reprises ce cri de haine : « A bas les juifs ! » a été affiché sur les murs de Bruxelles »<ref name="Zian3"/>. De plus, le Comité s'inquiète de campagnes ouvertement antisémites dans la presse catholique<ref name="Zian3"/>.
Ligne 116 :
D'après l'historien [[Jean-Philippe Schreiber]] : {{citation bloc|Si les frontières belges restèrent relativement perméables, cela ne doit pas masquer un fait bien réel, rapporté régulièrement par la presse durant les deux années qui ont précédé la guerre :l’on arrêtait quotidiennement des fugitifs qui erraient dans les forêts entre gardes-frontières belges et allemands, et on les renvoyait souvent vers l’Allemagne. Certains préférèrent se suicider au seuil même de la liberté, comme le rapportèrent plusieurs dépêches. D’autres – sans que l’on puisse déterminer leur nombre – trouvèrent selon la presse juive anversoise la mort en errant dans les forêts de la région d’Eupen-Malmédy, en raison du froid polaire qui sévit durant une partie de l’hiver 1938-1939<ref name="Bouffioux"/>.}}
En 1938 est créé un
La [[Nuit de Cristal]] constitue en Belgique, un basculement. Les persécutions nazies sont condamnées à la fois dans la presse et par des manifestations dans les rues, ce qui pousse le gouvernement à repenser sa politique d'expulsion des Juifs. Avec l'invasion de la Pologne en 1939, les Juifs d'Allemagne font face à une nouvelle poussée xénophobe, étant alors perçus comme étant une « cinquième colonne » en Belgique<ref name="Vanpraag"/>.
}}
[[Fichier:Lutte contre l'antisémitisme années 1930.jpg|vignette|Manifestation en 1936. Une banderole indique :« À bas le fascisme et l'antisémitisme »]]
Pour Lieven Saerens, ce n'est qu'avec l'arrivée de milliers de réfugiés juifs allemands et autrichiens en 1933, que l'image des juifs se détériore à Anvers et aurait évolué « d'une ville cosmopolite à une ville intolérante ». Des organisations antisémites voient le jour, dans les milieux, catholiques, bourgeois et nationalistes. Avec l'arrivée du nazisme au pouvoir en Allemagne, les mouvements nationalistes flamands se radicalisent et adoptent également
Marion Schreiber parle d'une cohabitation pacifique qu'elle illustre par l'accueil des réfugiés du [[Saint Louis (paquebot)|Saint Louis]] en 1939, alors que les autres nations les avaient rejetés<ref>{{Ouvrage|auteur1=Marion Schreiber|titre=Rebelles silencieux|éditeur=|année=2000|passage=50-56|isbn=}}</ref>. Anne Morelli, remet en question la perception d'« une terre d'accueil ». Elle cite une volonté de la Belgique d'empêcher l'arrivée de réfugiés juifs italiens fuyant les mesures antijuives en 1938, en s'empressant de rétablir le visa obligatoire depuis l'Italie et elle considère que les Juifs fuyant l'Allemagne nazie ont fort souffert des limitations de l'asile, en particulier ceux déportés vers la France et qui ont fini dans les camps d'extermination<ref>{{Ouvrage|auteur1=Anne Morelli|titre=Belgique, terre d'accueil? Rejet et accueil des exilés politiques en Belgique de 1830 à nos jours|éditeur=Publications de l'École Française de Rome|année=1991|isbn=}}</ref>. Parmi ceux déportés
Jean-Philippe Schreiber, Elisabeth Wulliger, Nele Lavachery, Lipszyc Rachel
Published in 2002 in Bruxelles by De Boeck</ref>.
Ligne 136 :
=== Responsabilités belges ===
[[Fichier:Jodenster_van_kledij.jpg|vignette|Version belge de l'[[étoile jaune]].]]
Dès le début de l’invasion allemande, le {{date-|10 mai 1940}}, de nombreux réfugiés juifs d'Allemagne considérés comme ressortissants d’un pays ennemi, sont arrêtés par la police belge puis internés dans des camps de prisonniers en France, comme dans le cas du peintre [[Felix Nussbaum]]. Nombre des réfugiés juifs restant, forment alors des groupes spécifiques de résistance à l’occupant nazi<ref name=":5">{{Lien web|url=https://journals.openedition.org/cmc/438 |titre=Introduction : une contribution fondamentale à l’histoire de la vie juive en Belgique p. 13-34.|auteur=Jean-Philippe Schreiber|date=2011}}</ref>.
Le {{date-|14 avril 1941}}, sous l'occupation allemande, 200 à {{nombre|400|membres}} de la ''Zwarte brigade'' de la [[VNV]] et de la ligue antijuive [[Volksverwering]] saccagent 200 magasins juifs et incendient et saccagent deux synagogues lors du [[pogrom d'Anvers]], ainsi que des bâtiments dont la maison d'un rabbin<ref>{{Ouvrage|auteur1=Simon Gronowski|titre=L'enfant du 20e convoi|éditeur=|année=2005|passage=198|isbn=}}</ref>{{,}}<ref name="SPF">{{Ouvrage|auteur1=Service public fédéral Chancellerie du Premier Ministre de Belgique|titre=Après la Shoah, Initiatives belges récentesEnseignement, Mémoire, Recherche, Réparations matérielles et morales|éditeur=|année=2012|isbn=}}</ref>.
Ligne 142 :
À l'été 1942, la police locale d'Anvers arrête de façon autonome {{formatnum:1243}} Juifs, tandis que à Bruxelles les autorités communales refusent de distribuer l’[[étoile jaune]] et d'ordonner une rafle à leur police mais {{citation|Il convient toutefois de souligner que jusqu’alors, elles ont suivi scrupuleusement la piste de la collaboration maximale}}<ref name="DOORSLAER"/>. Des rafles furent organisées par la [[Gestapo]] et 25 437 Juifs furent déportés via la [[Camp de rassemblement de Malines|caserne Dossin]] à [[Malines]] et 4 534 via [[Drancy]] en [[France]]<ref name="Liebmann">{{Lien web |url=https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1960-4-page-1.htm |titre=La Belgique et 1a récente vague d'antisémitisme, Dans Courrier hebdomadaire du CRISP (n° 50)|auteur=Léon Liebmann|date=1960|passage=1 à 15}}</ref>. 43% des Juifs de Belgique sont déportés<ref name="Hazan">{{Ouvrage|auteur1=Katy Claude Hazan|titre=Les orphelins de la Shoah en France et en Belgique|sous-titre=sauvetage et reconstruction|éditeur=|année=2014|isbn=}}</ref>. L'administration municipale anversoise collabore avec l'occupant allemand dans l'implémentation des mesures antisémites, tandis que celle de la ville de Bruxelles réagit plutôt avec une ''résistance passive''<ref name="Friedman"/>.
En 2002, lors de la commémoration des {{nombre|60|ans}} de la déportation des Juifs de Belgique, le Premier ministre [[Guy Verhofstadt]] formule les excuses officielles de la Belgique et reconnaît la collaboration des autorités belges<ref name="BL">{{Ouvrage |auteur1=Bertrand Lécureur |titre=Enseigner Le Nazisme Et la Shoah. Une Etude Comparee Des Manuels Scolaires en Europe : Teaching Nazism and the Shoah. a Comparative Study of European School History Textbooks |éditeur= |année=2012 |isbn=}}</ref>. Le rapport [[La Belgique docile]] de 2007, documente la responsabilité et la collaboration active des autorités belges quant à l’identification, la persécution et la déportation des juifs belges: {{Citation| L’enquête...n’ a au bout du compte pas seulement débouché sur une étude systématique de la collaboration administrative avec l’ occupant, mais également sur une large analyse de plusieurs caractéristiques politiques et culturelles de la société belge dans la période allant de 1930 à 1950<ref name="DOORSLAER">{{Ouvrage|auteur1=Rudi Van Doorslaer|auteur2=Emmanuel Debruyne|auteur3=Frank Seberechts|auteur4=Nico Wouters|responsabilité4=coll.|auteur5=Lieven Saerens|titre=La Belgique docile Les autorités belges et la persécution des Juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|éditeur=|date=2004-2007|passage=épilogue|isbn=|directeur1=oui }}</ref>}}. David Frasser parle de collaboration passive concernant la légalisation et l'application des mesures de persécutions des Juifs (dites [[affaires juives]]) par le [[système judiciaire]]<ref>{{Ouvrage |auteur1=David Frasser |titre=The Fragility of Law : Constitutional Patriotism and the Jews of Belgium, 1940–1945 |éditeur= |année=2009 |passage=84-85 |isbn=}}</ref>. La conclusion du rapport souligne {{Citation |le manque de préparation juridico-administrative à une seconde occupation, mais également la culture xénophobe, parfois antisémite de l’élite dirigeante, ainsi que, globalement, le déficit démocratique dans les années 1930 et 1940, peuvent être considérés à cet égard comme décisifs. L’État belge a ainsi adopté une attitude docile en accordant dans des domaines très divers mais cruciaux une collaboration indigne d’une démocratie à une politique désastreuse pour la population juive (belge comme étrangère)}}<ref name="DOORSLAER" />. En {{date||janvier|2013}}, le [[Sénat belge |Sénat]] reconnaît à l'unanimité la « responsabilité de l'État belge » dans la persécution des Juifs en Belgique pendant la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref> {{Lien web |url=https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_le-senat-reconnait-la-responsabilite-de-l-etat-belge-dans-la-persecution-des-juifs?id=7914401 |titre= Le Sénat reconnaît la responsabilité de l'État belge dans la persécution des Juifs | date=2013 }}</ref>.
Concernant le rôle de l'antisémitisme de la société dans le génocide, Lieven Saerens affirme que la plupart des policiers qui participaient aux rafles étaient indifférents et se retranchaient derrière les décisions de leurs supérieurs, mais il relativise en affirmant qu'ils n'étaient pas tous des brutes, certains après la guerre ont porté plainte contre leurs anciens collègues qui avaient employé une violence excessive. Des volontaires flamands de l’[[Algemeene-SS Vlaanderen]] y participaient avec enthousiasme. Pour la Algemeene-SS Vlaanderen « les Juifs n’étaient pas des hommes, mais des groupes qu’il fallait dénoncer, précipiter dans les escaliers puis fourrer dans des camions à bestiaux bondés. Les enfants – nourrissons compris – y étaient à l’occasion littéralement jetés »<ref name="MDA">{{Ouvrage|auteur1=Centre d'études et de documentation "mémoire d'Auschwitz"|titre=La persécution des Juifs en Belgique Un nouveau paradigme ? dans Traces de mémoire Pédagogie et transmission|éditeur=|année=2011|isbn=}}</ref>. D'après un rapport adressé à la Sûreté d'État en 1942, le public aurait été choqué de la violence de la rafle d'Anvers d'{{date-|août 1942}}<ref name="Mikhman"/>. [[Insa Meinen]] reconnaît également l’importance de l’antisémitisme ambient dans la persécution des Juifs, tout en relativisant son importance<ref name="MDA"/>.
Les autorités belges sont largement imprégnées d’un habitus xénophobe et de « réflexes parfois inconscients d’exclusion ou de marquage social »<ref name="Zian2"/>.
D'après Dan Mikhman, Le [[Gouvernement belge en exil]] qui connaissait le destin des Juifs de Belgique, adopte une attitude passive et décide de ne pratiquement rien faire pour les sauver<ref name="Mikhman">{{Ouvrage|auteur1=Dan Mikhman|titre=Belgium and the Holocaust|sous-titre=Jews, Belgians, Germans|éditeur=|année=1998|isbn=}}</ref>. Toutefois, la radio belge de Londres, diffuse des messages encourageant la population à exprimer de la sympathie pour
Concernant [[Résistance belge|la résistance]], la survie des Juifs aurait été une préoccupation secondaire, à l'exception d'une action pour libérer le [[Convoi n° 20 du 19 avril 1943|{{XXe}} convoi]] organisée par [[Youra Livchitz]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Istvan Deak|titre=Europe on Trial : The Story of Collaboration, Resistance, and Retribution during World War II|éditeur=|année=2015|isbn=}}</ref>, ainsi que de l'élimination du directeur de l'[[Association des Juifs en Belgique|AJB]] [[Robert Holzinger]], pour sa collaboration<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Maxime Steinberg]] |auteur2=Laurence Schram |titre=Transport XX |éditeur=Éditions du Musée juif de la déportation et de la Resistance |année=2008 |pages totales=63 |isbn=978-90-5487-477-5 |lire en ligne=https://books.google.be/books?id=wih7PxjEkr0C}}</ref>.
Ligne 166 :
{{Citation bloc|la Belgique ne développe aucune politique visant à reconnaître et encore moins à indemniser les victimes des persécutions antisémites}}
Le problème du logement est une problématique principale, alors que les Juifs ont été dépouillés de tous leurs biens
En {{date-|décembre 1944}}, le ''Comité israélite des Réfugiés Victimes des Lois raciales'' (COREF) est créé pour venir en aide aux réfugiés après que des réfugiés Juifs allemands subissent des arrestations arbitraires et
Finalement, le gouvernement restreint l'accès au travail pour ''les étrangers'' en {{date-|janvier 1946}}, tout en offrant des exemptions aux secteurs avec peu de Juifs<ref name=":6" />. Certains rescapés abandonnés à leur sort, parfois sans permis de travail, sont livrés à pratiquer le marché noir pour survivre, ce qui ravive les sentiments antisémites et rassurent les antisémites, de nouvelles accusations anti-juives. D'autres sont victimes d'hostilité anti-juive dans le domaine économique, et l’AIVG créé une ''Petite Caisse de Prêts'' et un ''Office du Travail'' en {{date-|avril 1945}} pour aider les rescapés à avoir des emplois<ref name="Massange" />. Comme le témoigne Pierre Broder après le génocide : ''« Le fait que la plupart de nos artisans et commerçants sont de nationalité étrangère fait que bon nombre de commerçants n'ont pas vu d'un œil favorable le retour de leurs concurrents juifs (...). La propagande nazie a laissé des traces pernicieuses dans certaines couches de la population »''<ref name=":6" />''.''
Ligne 178 :
Également un problème de transmission se pose, beaucoup de survivants gardent le silence sur leurs souffrances. Par exemple un survivant refuse d'en parler à ses enfants : « Cela leur ferait trop de mal et bouleverserait leur monde innocent »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Véronique Bragard|titre=Transoceanic Dialogues : Coolitude in Caribbean and Indian Ocean Literatures|éditeur=|année=|passage=100|isbn=}}</ref>. Il y a néanmoins une transmission du traumatisme aux enfants, qui dans certains cas développent une identité juive fragile et une volonté de lutte contre l'antisémitisme<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nathalie Zajde|titre=Enfants de survivants : La transmission du traumatisme chez les enfants des juifs|éditeur=|année=2005|isbn=}}</ref>. D'après Rachel Yehuda, les enfants des survivants ont plus de risques d’être atteints de troubles du [[stress post-traumatique]] ou d’une [[Dépression (psychiatrie)|dépression]]<ref>{{Lien web|url=https://www.cclj.be/actu/judaisme-culture/traumatismes-shoah-se-transmettent-ils-par-genes|titre=Les traumatismes de la shoah se transmettent ils par genes?|auteur=Journal Regardes|site=cclj.be|date=2015}}</ref>. En 1980, le film ''Comme si c'était hier'' réalisé par [[Esther Hoffenberg]] et [[Myriam Abramowicz]], retraçant l’histoire de la résistance belge au service des enfants juifs, rend publique la problématique<ref>{{lien web|url=https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-la-shoah-2007-1-page-181.htm|titre=Enfants cachés, enfants retrouvés Dans Les Cahiers de la Shoah 2007/1 (n° 9), pages 181 à 212|auteur=Katy Hazan}}</ref>.
Concernant le lien avec le [[Parti communiste de Belgique]], il se détériore progressivement. Le parti communiste remet en cause des prétendues « déviations nationalistes chez les camarades juifs » et voit d'un mauvais œil l'AIVG. La reconnaissance de l'État d'Israël par l'URSS ne suffit pas. Les juifs communistes sont bloqués entre d'un côté le parti qui veut mettre fin à leurs sections et les voir s'intégrer, et le reste de la communauté qui les désapprouve, étant elle-même en
Maurice Krajzman, dans son étude consacrée à « L’image des Juifs et du judaïsme dans les manuels d’histoire belges » relève que la Shoah n'est pas un sujet central jusqu’aux années 1980<ref name="CRIF"/>. De même, la Shoah n’occupe guère de place dans les médias du pays. L'historien [[Maxime Steinberg]] publie ''Dossier Bruxelles-Auschwitz'' suivi par ''L’étoile et le fusil'' en 1986. Par la suite d’autres études sont menées sur le sujet comme ''L’Association des Juifs en Belgique'' dirigée par Rudi Van Doorslaer et [[Jean-Philippe Schreiber]] et en 2000, les publications de Lieven Saerens<ref name="MDA"/>.
Ligne 187 :
Comme le fait remarquer Rudi Van Doorslaer, le gouvernement belge a appliqué une « discrimination à l'encontre des victimes de guerre juives »<ref name=":8" /> :
{{Citation bloc|En vertu des lois de 1945 et de 1947 sur la réparation des dommages de guerre, la majorité des victimes juives n'étaient pas habilitées à réclamer une indemnisation. Il fallait en effet posséder la nationalité belge, une clause qui excluait par définition près de 95 % de la population juive de Belgique. En outre, la loi sur les prisonniers politiques ne prenait pas en compte les victimes de déportation et de persécution pour motif racial}}
Du fait de cette politique, les restitutions ont été difficiles, ainsi la plupart des meubles et articles ménagers pillés ne seront pas l'objet de restitutions (jusqu'en 1965)<ref name=":8" />. Toutefois concernant le secteur diamantaire, la Belgique parvient à récupérer la plupart des diamants en Allemagne et ainsi rétablit cette industrie lucrative
De {{date-|septembre 1944}} à la fin des années 1960, les restitutions sont néanmoins menées au sein d'un ''Office de Récupération Économique'', d'un ''Office de gardien des biens'', d'un ''Office pour les dommages de guerres'' et d'autres, dont l'''Office des séquestres'' qui joua un rôle primordial<ref name=":8" />. Les processus de restitution des biens volés étaient complexes et la procédure judiciaire, coûteuse. Nombre des biens culturels retrouvés ne sont pas restitués et font plutôt l’objet de ventes aux enchères<ref>{{Ouvrage|auteur1=United States Holocaust Memorial Museum|titre=Robbery and Restitution : The Conflict Over Jewish Property in Europe|éditeur=|année=2007|passage=161-170|isbn=}}</ref>. Une des principales difficultés à la restitution concerne le fait que presque la moitié des Juifs du pays ont été tués — la plupart en famille — et que les tribunaux exigeaient la demande d'« un ayant-droit », ce qui rendait impossibles de nombreuses procédures de restitutions (les ayants-droit ayant été tués)<ref name=":8" />.
Ligne 209 :
Au contraire du [[Fort de Breendonk]] qui est reconnu comme « mémorial national », le [[Camp de rassemblement de Malines|centre de la déportation]], la [[Camp de rassemblement de Malines|caserne Dossin]], retrouve sa fonction militaire d'avant-guerre puis est transformé en complexe résidentiel. En 1995, une initiative privée d'anciens déportés tente de réparer cet « oubli » par la création d'un modeste ''Musée Juif de la Déportation'' dans un sous-sol du bâtiment et crée une archive, documentant plus de {{nombre|18522|victimes}}. Pour [[Natan Ramet]], cette archive donne un visage aux victimes, des morts sans sépulture<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ward Adriaens|auteur2=Maxime Steinberg|auteur3=Laurence Schram|titre=Mecheln-Auschwitz, 1942-1944, Volume 1|éditeur=|année=2009|isbn=}}</ref>: {{citation bloc|Pour qui il n'existe pas de grands cimetières avec des croix, des stèles individuelles, des noms gravés comme dans les plaines de Flandres}}
Une cérémonie de commémoration des victimes y est organisée chaque année depuis 1956, et en 2012 le musée est transféré dans un nouveau bâtiment en face du centre de la déportation<ref>{{Lien web|url=https://www.kazernedossin.eu/EN/Museumsite/Memoriaal/Geschiedenis|titre=History, Kazerne Dossin – Memorial, Museum & Documentation Centre on Holocaust and Human Rights|date=2020}}</ref>. En {{date-|décembre 2019}}, le conseil d’administration du lieu de mémoire retire son autorisation pour le déroulement d'un événement de remise de prix de l'organisation [[Pax Christi]] dans son musée. Le [[Comité de coordination des organisations juives de Belgique|CCOJB]] décrit comme « extrêmement choquante » la remise d'un prix à Brigitte Herremans, une personne que le conseil d’administration décrit comme « clairement ambiguë à l’égard d’une partie de la communauté juive » et qui avait, à la radio, « suggéré que les juifs exagèrent l’antisémitisme et ce pour détourner l’attention des méfaits d’Israël »<ref>{{Lien web |url=https://www.sudinfo.be/id156486/article/2019-12-12/la-caserne-dossin-annule-au-dernier-moment-la-remise-des-pax-christi-un-laureat|titre=La caserne Dossin annule au dernier moment la remise des Pax Christi: un lauréat tiendrait un discours ambigu à l’égard de la communauté juive|auteur=Sudinfo|date=12 décembre 2019}}</ref>. En {{date-|mars 2020}}, la moitié du conseil scientifique annonce sa démission en protestation : « il est évident pour nous que la Caserne Dossin, en tant que lieu de mémoire, ne peut être le terrain sur lequel la politique actuelle de l'État d'Israël est mise à l'ordre du jour... Nous ne devons pas donner l'impression que ce lieu de commémoration de {{nombre|25000|victimes}} juives, puisse être instrumentalisé dans un conflit politique avec lequel elles n'ont rien à voir »<ref>{{Lien web|url=https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-moitie-du-conseil-scientifique-de-la-caserne-dossin-a-malines-demissionne?id=10452249|titre=La moitié du conseil scientifique de la caserne Dossin à Malines démissionne|auteur=RTBF|date=2020}}</ref>. le {{date-|8 novembre 2019}}, Herman Van Goethem, directeur démissionnaire affirme vouloir que la « communauté juive » soit moins prépondérante dans le conseil d'administration du musée, tandis que Bruno De Wever également un démissionnaire, reproche aux deux Juifs du conseil d'administration (dont l'un
À Gand, un mémorial pour commémorer les Juifs de Gand qui ont péri lors de la Shoah, est inauguré en 1998<ref>{{lien web |auteur1=sln |titre=Monument voor Gentse Joden vernield op vooravond herdenking Kristallnacht |url=https://m.standaard.be/cnt/dmf20181119_03960509 |site=Standaard.be |date=19-11-2018 |consulté le=07-07-2020}}.</ref>. En 2018, le mémorial est détruit la veille de la commémoration de la [[Nuit de Cristal]]<ref>{{lien web |langue=nl |titre=Gents Holocaustmonument vernield daags voor jaarlijkse herdenking |url=https://joodsactueel.be/2018/11/19/gents-holocaustmonument-vernield-daags-voor-jaarlijkse-herdenking/ |site=Joods Actueel |date=19-11-2018 |consulté le=07-07-2020}}.</ref>. En {{date-|novembre 2019}}, le mémorial a été gravement vandalisé pour la cinquième fois<ref>{{lien web |titre=Le monument des victimes de la Shoah de Gand vandalisé pour la cinquième fois ! |url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/monument-victimes-shoah-gand-vandalise-pour-cinquieme-fois |site=CCLJ - Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind |date=13-11-2019 |consulté le=07-07-2020}}.</ref>.
Ligne 218 :
==== Difficulté du travail de mémoire ====
En 1993 est créée l'association ''Territoires de la Mémoire'' pour l’« éducation à la résistance et à la citoyenneté par le biais du travail de mémoire »<ref name="tdm">{{Ouvrage|auteur1=Les Territoires de la Mémoire|titre=Éditorial, Quand l’art rencontre la mémoire : l’évolution des pratiques mémorielles aux Territoires de la Mémoire|éditeur=|année=2018|isbn=}}</ref>. Le Directeur adjoint de l'association, Philippe Marchal décrit le contexte de montée de l'extrême droite qui joue un rôle dans sa création: « C'était le [[Vlaams Belang|Vlaamse Blok]] en Flandres, [[Agir (Belgique)|Agir]] en Wallonie...imaginez l'effroi des rescapés des camps qui ont alors estimé qu'il était absolument nécessaire de créer, non pas un musée comme les autres, mais un réel centre d'éducation ! ». En 2018, l'association accueille près de {{nombre|50000|visiteurs}} par an à ses expositions et à ses activités<ref>{{Lien web|url=https://www.rtbf.be/info/regions/liege/detail_les-territoires-de-la-memoire-25-ans-d-education-a-la-resistance-et-a-la-tolerance?id=10090277|titre=Les Territoires de la Mémoire: 25 ans d'éducation à la résistance et à la tolérance|auteur=RTBF|date=2018}}</ref>. L'association s'oppose à l’idée d'une « faute morale irréparable » et à la transmission d'un [[Traumatisme psychologique|
[[Fichier:Wiki_Loves_Art_-_Mechelen_-_Kazerne_Dossin_-_Wall_of_faces_(2).jpg|vignette|Mur de visages dans le lieu de mémoire de la [[Camp de rassemblement de Malines|caserne Dossin]]]]
D’une dimension réduite, l'étude scolaire de la Shoah a acquis une place considérable. Avant 1970, dans les manuels scolaires, seules les mesures antisémites prises dans les années trente sont évoquées, tandis que le processus génocidaire n'est pas enseigné aux étudiants. Dans les années 1970, l'enseignement dans les écoles des crimes nazis et de la Shoah se fait à la dernière année du cycle essentiellement de l'[[enseignement secondaire général]], ce qui est tardif en comparaison avec la France ou l'Allemagne<ref name="BL"/>. Le génocide n'est véritablement enseigné qu'à partir des années 1980. Jusqu'à dans les années 2000, les manuels Wallons donnent peu d'attention au processus d'extermination des Juifs et la communauté éducative belge prend ses distances des manuels scolaires, accusés de ne pas aiguiser la réflexion du public scolaire. De ce fait l'apprentissage se fait de manière personnelle par les professeurs. À partir des années 2000, la Shoah est étudiée par des témoignages et des travaux d'historiens et le rôle de la Belgique sera évoqué<ref name="BL"/>. En 2013, le [[sénat belge|Sénat]] estime que l'enseignement de la Shoah est « un important antidote au fanatisme et aux idées d'extrême droite »<ref>{{Lien web|url=https://www.senate.be/www/?MIval=/publications/viewPub.html&COLL=S&LEG=5&NR=1370&VOLGNR=4&LANG=fr|titre=Document parlementaire n° 5-1370/4, Document parlementaire n° 5-1370/4|auteur=Le Sénat|date=2013}}</ref>. L'enseignement devient obligatoire<ref>{{Ouvrage|auteur1=Georg Eckert Institute for International Textbook Research, Carrier, Peter, Fuchs, Eckhardt , Messinger, Torben|titre=Statut international de l'enseignement de l'holocauste : cartographie mondiale des manuels et des programmes scolaires, résumé|éditeur=|année=2015|isbn=}}</ref>. L'engouement pour l'étude de la Shoah, se manifeste aussi par la visite du camp d'extermination d'[[Auschwitz-Birkenau]], en 2010, le camp est visité par 13000 jeunes Belges<ref>{{Ouvrage|auteur1=Geoffrey Grandjean|auteur2=Grégory Piet|titre=Polémiques à l'école : Perspectives internationales sur le lien social|éditeur=|année=2010|passage=46-50|isbn=}}</ref>.
Certains déplorent que l'enseignement est de plus en plus difficile<ref>{{Ouvrage|auteur1=Mémorial de la Shoah|titre=N° 193 Juillet/décembre 2010|éditeur=|année=|passage=772|isbn=}}</ref>. Pour [[Georges Bensoussan (historien)|Georges Bensoussan]], l'enseignement de la Shoah ne protège pas de l'antisémitisme. En Belgique où la Shoah est bien enseignée, l’antisémitisme connait néanmoins une augmentation considérable. D'après lui l'enseignement est à double tranchant car pour se débarrasser de la culpabilité, on retourne la violence symbolique contre les victimes<ref>{{Lien web|url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/georges-bensoussan-enseignement-shoah-ne-protege-pas-antisemitisme|titre=Georges Bensoussan: L'enseignement de la Shoah ne protège pas de l'antisémitisme|site=cclj|date=2016}}</ref>. D'autres déplorent l’impasse faite dans certaines écoles sur l’enseignement de la Shoah par peur des réactions antisémites<ref>{{Lien web|url=https://www.lalibre.be/belgique/neutralite-a-l-ecole-une-charte-sur-le-modele-francais-52c63e3c3570105ef7e2f492|titre=Neutralité à l’école: une charte sur le modèle français|auteur=Mathieu Colleyn|site=LaLibre.be|date=2014}}</ref>{{,}}<ref name="IR"/>. [[Iannis Roder]] propose de se focaliser sur le nazisme et le rapport à la démocratie et sur les [[Justes parmi les nations]] plutôt que sur Auschwitz qui est mal supporté par certains<ref name="IR">{{Ouvrage|auteur1=Laurent David Samama|titre=Regards, Israël au rythme du coronavirus|sous-titre=Pour sortir de l'ère victimaire|éditeur=|date=1 avril 2020|isbn=}}</ref>. Nicolas Van der Linden et Alexia Jacques de l'[[Université libre de Bruxelles|ULB]], citent l'étude de Irwin C. Rosen pour illustrer la difficulté. Dans l'étude, après le visionnage d'un film de sensibilisation aux valeurs de tolérance et au préjugé anti-juif, l'on voit une réduction de l'antisémitisme auprès de la majorité des participants mais chez 26% d'entre eux, on atteste au contraire une augmentation. Comme solution,
Le {{date-|9 mai 2015}}, la chaîne de télévision [[VRT]] diffuse Les propos antisémites d'une femme présentée comme juive, choisie pour accompagner et guider des écoliers belges lors d'une commémoration
==== Prise de conscience de l'Église ====
Contrairement aux repentances de l'Église allemande, polonaise, hollandaise et française, l'Église belge maintient un silence sur ses actions durant le génocide. Le silence est reproché à l'Église, alors qu'elle avait une responsabilité dans les [[Antijudaïsme|préjugés antijuifs chez les chrétiens]] qui ont joué un rôle dans le processus génocidaire, et de plus pour le silence de l’évêque de Malines et de l’épiscopat belge lors des déportations juives. Un groupe d'évêques publie néanmoins ''Une réflexion sur la Shoah'' et pose la question de la repentance. Ce n'est qu'en 2000 que l’Église de Belgique reconnait que « le climat hostile à l’encontre des Juifs avait été entretenu au cours des siècles par des considérations antijuives transmises dans la catéchèse, la prédication et la théologie catholique »<ref name="TH"/>. Concernant la raison d'un silence de plus de cinquante ans, les évêques se justifient en affirmant leur volonté de ne pas « remuer le couteau dans la plaie », par « prudence », pour ne pas « multiplier les déclarations », que « l’Église catholique de Belgique a fait tout ce qu’elle pouvait », qu'elle à du moins promue « une attitude positive des chrétiens envers les Juifs », ainsi que par d'autres justifications<ref name="TH">{{Ouvrage|auteur1=Thérèse Hebbelinck|titre=L’Église de Belgique et la repentance à l’égard des Juifs|éditeur=|année=2010|passage=89-134|isbn=}}</ref>.
Ligne 235 :
=== Problématique de la condamnation des responsables du génocide et de leurs collaborateurs ===
La Belgique ne condamne pas les responsables de la Shoah. La proposition de loi de Jean Fonteyne, « réprimant certains [[crimes contre l’humanité]] » n'est quant à elle pas adoptée<ref name="NZ">{{Lien web|url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/juge-shoah-en-belgique|titre=A-t-on jugé la Shoah en Belgique?|auteur=Nicolas Zomersztajn|date=2015}}</ref>. Certains justifient ce manque de condamnation par une indifférence à la «question juive» et d'autres du fait d'un intérêt porté à d'autres sujets<ref>{{Ouvrage|auteur1=Weisers Marie-Anne|titre=Juger les crimes contre les Juifs : des Allemands devant les tribunaux belges, 1941-1951. Université libre de Bruxelles|éditeur=|année=2014|passage=134|isbn=}}
[[Maxime Steinberg]], spécialiste du génocide des Juifs de Belgique, dénonce l'occultation du génocide par la magistrature belge et met en lumière dans les années 1975<ref>Maxime Steinberg (1980), ''Le dossier Bruxelles-Auschwitz: la police SS et l'extermination des juifs de Belgique : suivi de documents judiciaires de l'affaire Ehlers,'' Le Comité</ref> :
Ligne 241 :
{{Citation bloc|le scandale de l'impunité des criminels nazis responsables de la déportation de 25.000 Juifs de Belgique}}
La Belgique se dote tardivement d'une législation pour poursuivre les criminels de guerre en justice, le {{date-|20 juin 1947}}. Cette situation est dénoncée dans diverses revues juridiques, sans aucune réaction dans le monde politique. De manière générale, la question des crimes commis contre les Juifs n'est abordée dans aucun compte-rendu des principaux partis politiques et n'est soulevée par aucun sénateur ou député durant les deux années d'après-guerre<ref>La justice belge, les bourreaux allemands et la Shoah: Essai, par Marie-Anne Weisers, date de publication : 2020, Éditeur: Editions de l'Université de Bruxelles</ref>.
En 1951, le chef de la [[Sipo-SD]], [[Karl Constantin Canaris]] passe devant les tribunaux belges et est condamné à {{nombre|20|ans}} de travaux forcés pour sa responsabilité dans les enlèvements, les meurtres d'otages et les mauvais traitements infligés aux prisonniers du [[Breendonk|centre de détention de Breendonk]]. Il est libéré l'année suivante et n'est pas poursuivi par les autorités belges pour sa responsabilité dans la déportation des Juifs de Belgique<ref>{{Ouvrage|auteur1=Lieven Saerens|titre=Haat is een deugd|sous-titre=het credo van de Jodenjagers|éditeur=|année=2017|isbn=}}</ref>.
Les commandants du [[Camp de rassemblement de Malines|centre de la déportation]], [[Philipp Schmitt]] et [[Johannes Frank]] ne sont pas poursuivis pour leurs implications dans l'extermination des Juifs, ni pour les crimes et violences perpétrés contre les déportés. Le premier sera fusillé pour ses crimes à [[Breendonk]], le second sera condamné à six années de réclusion, mais sera libéré après moins d'un an par la Belgique. Le chef de la [[Gestapo]] responsable de l'arrestation et la déportation des Juifs de Belgique, [[Franz Straub]], est initialement condamné à quinze années de travaux forcés sans que le tribunal aborde la question juive. Il est libéré en 1951 et réintègre la [[police allemande]]. Les deux hauts responsables de l’administration militaire allemande, [[Alexander von Falkenhausen]] et son adjoint [[Eggert Reeder]], sont condamnés à seulement {{nombre|12|ans}} de travaux forcés<ref name="NZ" />.▼
En 1980 à lieu à [[Kiel]] en [[Allemagne]], le procès des principaux responsables de la déportation des 26 000 Juifs et [[Tsiganes]] de Belgique depuis la Caserne Dossin. [[Maxime Steinberg]] était l'expert belge représentant la partie civile. [[Ernst Ehlers]] parvint de se suicider avant sa condamnation, Constantin Canaris voit son cas disjoint pour maladie et le tribunal allemand condamnera finalement [[Kurt Asche]] à sept années de réclusion et commentera sa « clémente décision » en justifiant l'âge avancé de l'inculper. La durée de la procédure judiciaire, la légèreté de la peine et le fait qu'il ait été autorisé à quitter le tribunal librement en attente de la ratification furent des aspects vivement critiqués<ref>{{Ouvrage|auteur1=Bernard Wasserstein|titre=Vanishing Diaspora|sous-titre=The Jews in Europe Since 1945|éditeur=|année=1996|passage=112|isbn=}}</ref>.
▲Les commandants du [[Camp de rassemblement de Malines|centre de la déportation]], [[Philipp Schmitt]] et [[Johannes Frank]] ne sont pas poursuivis pour leurs implications dans l'extermination des Juifs, ni pour les crimes et violences perpétrés contre les déportés. Le premier sera fusillé pour ses crimes à [[Breendonk]], le second sera condamné à six années de réclusion, mais sera libéré après moins d'un an par la Belgique. Le chef de la [[Gestapo]] responsable de l'arrestation et la déportation des Juifs de Belgique, [[Franz Straub]], est initialement condamné à quinze années de travaux forcés sans que le tribunal aborde la question juive. Il est libéré en 1951 et réintègre la [[police allemande]]
Après la guerre, des collaborateurs engagés dans la persécution des Juifs sont arrêtés et condamnés uniquement pour leur collaboration avec l'occupant, en particulier René Bollaerts, Antoon Lint et Gustaaf Vanniesbecq. René Lambrichts, Jozef Vranken, Constant Van Dessel et [[Ward Hermans]] sont condamnés à mort. Cependant, aucune des condamnations à mort ne fut exécutée, et les criminels furent libérés de manière anticipée après peu de temps. Le procès Felix Lauterborn et ses acolytes est l'un des rares où la persécution des Juifs fit l’objet d’une attention particulière<ref name="SL" />. {{formatnum:53000}} citoyens belges sont condamnés pour collaboration avec l'Allemagne nazie. D'après les travaux d'Aline Sax sur les collaborateurs flamands, dans deux tiers des cas, la collaboration était motivée par un engagement idéologique et de fidélité à l'Allemagne nazie<ref>{{Lien web|url=https://www.levif.be/actualite/belgique/collaboration-la-verite-des-historiens/article-normal-322341.html|titre=Collaboration : la vérité des historiens|auteur=Oliver Rogeau|date=2014}}</ref>. De nombreuses figures politiques se disent favorables à l'amnistie des collaborateurs, ainsi les peines sont progressivement réduites<ref>{{Lien web|url=https://plus.lesoir.be/248491/article/2019-09-19/un-demi-siecle-de-combat-flamand-pour-lamnistie|titre=Un demi-siècle de combat flamand pour l’amnistie|auteur=LeSoir|date=2019}}</ref>. Par exemple, [[Leo Delwaide]], qui joua un role instrumental dans l'application des mesures anti-juives en Flandres<ref>Turnhout van, David, and Dirk Verhofstadt. A Tailor in Auschwitz. Pen and Sword History, 2022.</ref>, ne sera pas poursuivi pour sa participation dans le génocide<ref>Paul Aron, José Gotovitch, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, éditions André Versaille, Bruxelles, 2008</ref>. En 2007, [[Bart De Wever]] le président de la [[N-VA]], s'oppose aux « excuses » pour la déportation des Juifs ainsi que pour la collaboration active dont il nie l'existence. Il rejette la responsabilité, par une critique d'[[Israël]]<ref>{{lien web|url=http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2007/10/30/le-nationalisme/|titre=Le nationalisme flamand et l’antisémitisme|auteur=Jean Quatremer, Libération|date=2007}}</ref>.▼
Le criminel nazi [[Otto Siegburg]], responsable à la section juive de la [[Sipo-SD]], est le seul à avoir été condamné par un tribunal militaire belge pour assassinat, et à travers celui-ci pour [[crime contre l’humanité]]. Le jugement n’est cependant pas confirmé par le jugement en appel et il est condamné à du travail forcé. Concernant ses collègues et ses supérieurs, ils prirent la fuite ou bénéficièrent d’une ordonnance de non-lieu, comme Felix Weidmann<ref>{{Ouvrage|auteur1=Marie-Anne Weisers|titre=Un chasseur de Juifs au tribunal. Otto Siegburg, la justice belge et le crime contre l’humanité|éditeur=Fondation Auschwitz|date=21 octobre 2011|isbn=}}</ref>. Fritz Erdmann, chef de la section juive de Bruxelles et Erich Holm chef de la section juive d’Anvers ne sont pas retrouvés<ref name="NZ"/>. Seul Lambert Namur, agissant avec Siegbutg, sera condamné à contumance, alors qu'il est également poursuivi par la justice luxembourgeoise<ref>Weisers, M.-A. (2014). Juger les crimes contre les Juifs: des Allemands devant les tribunaux belges, 1941-1951 (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres – Histoire, Arts et Archéologie, Bruxelles</ref>.
Les deux hauts responsables de l’administration militaire allemande, [[Alexander von Falkenhausen]] et son adjoint [[Eggert Reeder]], sont condamnés à seulement {{nombre|12|ans}} de travaux forcés<ref name="NZ"/>.
Après la guerre, des collaborateurs engagés dans la persécution des Juifs sont arrêtés et condamnés uniquement pour leur collaboration avec l'occupant, en particulier René Bollaerts, Antoon Lint et Gustaaf Vanniesbecq. René Lambrichts, Jozef Vranken, Constant Van Dessel et [[Ward Hermans]] sont condamnés à mort. Cependant, aucune des condamnations à mort ne fut exécutée, et les criminels furent libérés de manière anticipée après peu de temps. Le procès Felix Lauterborn et ses acolytes est l'un des rares où la persécution des Juifs fit l’objet d’une attention particulière<ref name="SL"/>.
▲Après la
En 2011, après la demande du ministre de la Justice [[Stefaan De Clerck]] d'ouvrir un débat sur l'[[amnistie]], le [[Comité de coordination des organisations juives de Belgique|CCOJB]] et le [[CCLJ]] condamnent « toute demande d’oubli ou d’amnistie des crimes de la collaboration » et affirment : « Nous ne pouvons oublier que des collaborateurs belges ont concouru activement, souvent avec zèle, à la traque d’hommes, de femmes et d’enfants voués par les Nazis à la déportation »<ref>{{Lien web|url=v|titre=L'amnistie, c'est l'amnésie|auteur=CCLJ|date=2011}}</ref>. Albert Edelson déplore alors un manque de culpabilité quant à la responsabilité de la collaboration belge dans la déportation ainsi qu'un manque de sensibilité pour les victimes<ref>{{Ouvrage|auteur1=Albert Edelson|titre=Sailing against the Current|éditeur=|année=2014|passage=31|isbn=}}</ref>.
En 2005, Paul Giniewski déplore
En 2016, éclate un nouveau scandale à la [[Chambre des représentants (Belgique)|Chambre des représentants]], l'affaire des pensions octroyées aux « anciens collaborateurs militaires belges du régime national-socialiste », des pensions versées par l'[[Allemagne]]. L'Allemagne refuse de dévoiler à l'État Belge les noms des personnes recevant les pensions ou de s'il s'agit de criminels de guerre ou de responsables de la Shoah<ref>{{Lien web|url=https://www.nytimes.com/2019/02/25/world/europe/pensions-war-criminals-belgium.html|titre=Pensions for Nazi Collaborators? Shocking if True (It’s a Big If)|auteur=Milan Schreuer|date=2019}}</ref>.
Ligne 327 ⟶ 334 :
En 1978, le parti politique [[Vlaams Belang|Vlaams Blok]] est créé à partir d'une base de militants néonazis et avec un discours antisémite<ref name="AW" />. Selon l'opinion de Cas Muddle, l'antisémitisme du parti se rapproche plus de la [[xénophobie]] plutôt que strictement du racisme<ref>{{Ouvrage|auteur1=Cas Muddle|titre=The ideology of the extreme right|éditeur=|année=2018|passage=173|isbn=}}</ref>. Sous la présidence de [[Filip Dewinter]], ce dernier adopte un discours plus modéré, notamment sur l'antisémitisme. Le parti entretient néanmoins des relations avec des groupes comme [[Were Di]] et [[Voorpost]] qui sont actifs dans le négationnisme des crimes nazis et le néonazisme. Le parti est proche d'organisations antisémites et négationnistes comme la ''Vlaamse Jongeren Mechelen'' et la ''Nationalistische Studentenvereniging''. Après des tentatives de recréer la Vlaamse Militanten Orde, l'organisation [[skinhead]] [[Blood and Honour Vlaanderen]] est créée ainsi que d'autres petits groupes néonazis. De plus les groupes d'extrême droite de Belgique sont influencés par des groupes étrangers antisémites et négationnistes (dont concernant la théorie du complot ''[[Zionist Occupation Government]])''. Une tentative de créer une branche du [[Ku Klux Klan]] en Belgique échoue dans les années 1990<ref name="AW" />.
À la fin du siècle, les
En réaction, des manifestations [[Antifascisme|anti-fascistes]] sont organisées et prennent de l'ampleur dans les années 2000, avec un soutien des organisations [[syndicale]]s et des partis politiques. Un « [[cordon sanitaire (politique)|cordon sanitaire]] » isole le Vlaams Block et le gouvernement prend des mesures contre les [[discriminations]] et l'[[extrémisme]]<ref name="AW"/>. Face à la montée de l'antisémitisme antisioniste, des milieux chrétiens apportent leur solidarité au monde juif, dont les commissions protestante et catholique, les sœurs de Sion ou encore des groupes d'études du judaïsme<ref>L'Église catholique et les juifs. Tome 1: Du mépris à l'estime, Par P Thérèse Hebbe, juillet 2018</ref>.
Ligne 336 ⟶ 343 :
==== Prévalence ====
[[Fichier:Neonazi tag belgium2.jpg|vignette|Symboles antisémites néonazis ( novembre 2020)]]
Les plaintes déposées pour antisémitisme sont documentées par l'[[Unia (institution)|Unia]], le site Antisémitisme.be<ref name="HDS"/> ou la [[police (Belgique)|police fédérale]]
Selon les chiffres de l'[[Anti-Defamation League]] (et comparable à ceux de l'''Action and Protection League''), 9% de la population aurait une attitude défavorable envers les Juifs tandis que un quart aurait des attitudes considérées antisémites. Cette attitude reste toutefois inférieure à par exemple l'attitude défavorable contre les musulmans, élevée à 22%<ref name="IJPR"/>.
Les incidents antisémites sont de plus en plus
D'après Monika Schwarz-Friesel et Jehuda Reinharzn, en Belgique, le discours antisémite consiste en des jurons typiquement anti-juifs avec une sémantique de [[déshumanisation]]. Ainsi que d'un discours prétendument anti-Israël accompagné d'un amalgame entre Juifs et Israéliens ainsi que de stéréotypes antisémites traditionnels. En invoquant des stéréotypes antisémites, l'extermination des Juifs passée est justifiée et des menaces d'extermination sont formulées<ref>{{Ouvrage|auteur1=Monika Schwarz-Friesel, Jehuda Reinharz|titre=Inside the Antisemitic Mind : The Language of Jew-Hatred in Contemporary Germany|passage=199|éditeur=|année=2017|isbn=}}</ref>. L'antisémitisme s'exprime sur Internet, dans des graffitis, dans la profanation des cimetières, dans des comportements agressifs contre les Juifs en public et dans des commentaires stigmatisants dans les médias<ref>Ben-Rafael, E. Juifs belges et néo-antisémitisme. Cont Jewry 37, 275-293 (2017). https://doi.org/10.1007/s12397-017-9217-6</ref>. Des opinions négatives sur les Juifs sont exprimées dans les médias, dans des publications et dans la politique. Par exemple, en 2010, le négociateur commercial en chef de l'Union européenne d'origine belge, stigmatise « le juif moyen » à la radio belge<ref name="jfox" /> mais encore le Président du [[Parlement flamand]], [[Jan Peumans]] qui échange des moqueries raciales sur les Juifs lors d'une émission télévisée de la [[VRT]]<ref name="Rapport 2010" />. En 2014, Hassan Aarab représentant du [[CD&V]], s'excuse pour ses propos incitant à la haine antisémite après que des poursuites judiciaires sont envisagées par la LBCA et alors même que la dirigeante du parti condamnait ses propos<ref>{{Lien web |titre=Belgian politician Hassan Aarab sorry for Holocaust comment |url=https://www.jta.org/2014/08/08/global/belgian-politician-hassan-aarab-sorry-for-holocaust-comment |date=2014}}</ref>. Le politicien [[Laurent Louis]] est condamné pour son négationnisme <ref name="Unia">{{lien web |titre=Unia, L’antisémitisme est toujours présent, surtout sur internet |url=https://www.unia.be/fr/articles/lantisemitisme-est-toujours-present-surtout-sur-internet |date=2018}}</ref>. La Cour de cassation confirme que [[Dieudonné|Dieudonné Mbala Mbala]] a incité à la haine, à la violence ou à la discrimination dans un spectacle de 2012<ref name="unia2" />. Le {{date-|1 août 2019}}, [[Dimitri Verhulst]] déclare au journal [[De Morgen]] des propos antisémites et affirme: «...Il n'y a pas un seul Dieu qui donnerait à ses créatures un nez si laid »<ref>{{Lien web |auteur=Nicolas Zomersztajn |titre=PEUPLE ÉLU, CRÉATURES AU NEZ LAID ET VOLEURS DE TERRE |url=http://www.cclj.be/actu/politique-societe/peuple-elu-creatures-au-nez-laid-et-voleurs-terre |date=2019}}</ref>. À la suite des plaintes, le journal De Morgen refuse de retirer l'article et défend les propos de Verhulst comme étant une critique d'Israël<ref>{{Lien web |auteur=JTA, Cnaan Liphshiz |titre=Belgian editor defends publication of column saying Jews have ‘ugly noses’ |url=https://www.jta.org/2019/08/06/global/belgian-editor-defends-publication-of-column-saying-jews-have-ugly-noses |date=2019}}</ref>. En {{date-|septembre 2019}}, l'''association juive Européenne'' déplore des gestes « Racistes et dégradants pour les juifs » dans un dictionnaire officiel de langue des signes flamand, publié sur le site de l’[[université de Gand]]. Les deux signes en question, miment un nez crochu pour dire juif<ref>{{Lien web |titre=Deux des signes officiels pour désigner les juifs en flamand indignent les associations |url=https://www.nouvelobs.com/societe/20190919.OBS18629/deux-des-signes-officiels-pour-designer-les-juifs-en-flamand-indignent-les-associations.html |date=19 septembre 2019}}</ref>.▼
En 2020, face à la [[pandémie de Covid-19]], l'internet francophone et les réseaux sociaux, connaissent une forte hausse de messages de haines, caricatures, insultes et accusations complotistes contre les Juifs<ref>{{lien web|url=https://www.franceinter.fr/caricatures-complot-liste-de-noms-le-coronavirus-engendre-des-attaques-antisemites-sur-le-web|titre=Caricatures, complot, liste de noms : le coronavirus engendre des attaques antisémites sur le web|auteur=France inter|date=30 mars 2020}}</ref>. Le journal néerlandophone [[Knack (magazine)|Knack]] documente des théories du complot antisémites à propos du Covid-19<ref>{{Lien web |langue=Néerlandais |prénom=Rien |nom=Emmery |titre=Complottheorieën: hoe corona het antisemitisme doet heropleven |url=https://www.knack.be/nieuws/belgie/complottheorieen-hoe-corona-het-antisemitisme-doet-heropleven/article-normal-1649791.html |site=Site-Knack-NL |date=2020-10-06 |consulté le=2020-11-23}}</ref>. En octobre, l'[[Agence Belga]] illustre une dépêche sur la Covid-19 avec photographie d'un juif priant au [[Mur des Lamentations]], ravivent l'inquiétude liée à l'antisémitisme dans les médias<ref name=":2">{{Lien web |langue=fr |titre=Le PIR(E) est à venir |url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/pire-est-venir |site=CCLJ - Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind |date=2020-11-06 |consulté le=2020-12-14}}</ref>. Plusieurs médias belges utilisent l'illustration<ref name=":2" />, suscitent la consternation de la part de l'ambassade d'Israël<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Brussels Times uses photo of haredi Jew for coronavirus worldwide article |url=https://www.jpost.com/diaspora/antisemitism/brussels-times-uses-photo-of-haredi-jew-for-coronavirus-worldwide-article-646150 |site=The Jerusalem Post {{!}} JPost.com |consulté le=2020-12-14}}</ref>. Dans un bar liégeois, une musique militaire allemande est jouée avec un chant hitlérien et des saluts nazis. Le bourgmestre Willy Demeyer affirme qu'il n'a « jamais vu ça en {{nombre|20|ans}} »<ref name=":1" />.
Ligne 350 ⟶ 355 :
Jacobs, Dirk; Veny, Yoann; Callier, Louise; Herman, Barbara; Descamps, Aurélie. Patterns of Prejudice. Sep2011, Vol. 45 Issue 4, {{p.|341-360}}. 20p. 4 Charts, 6 Graphs. DOI: 10.1080/0031322X.2011.605845.</ref>.
Les propos d'[[Elio Di Rupo]], président du [[Parti socialiste (Belgique)|parti socialiste]], qui à la suite des attentats de Paris de 2015 déclare « Je suis Charlie. Je suis juif. Je suis palestinien », sont perçus par la communauté juive comme un
Après l'installation du mémorial des [[attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles]], un homme piétine le mémorial et se met à crier des slogans antisionistes en arabe, tandis que le drapeau d'Israël du mémorial représentant les victimes israéliennes sera vandalisé à plusieurs reprises<ref>{{Lien web|url=https://fr.timesofisrael.com/simon-bretholz-le-drapeau-israelien-ne-cesse-detre-souille/|titre=Simon Bretholz : « Le drapeau israélien ne cesse d’être souillé »|date=2016}}</ref>. Après les attentats, un volontaire pour un comité juif, contacte la ligne téléphonique du [[Service public fédéral Intérieur|ministère de l'intérieur]], souhaitant faire des démarches pour deux victimes juives qui souhaitent être transportés en Israël mais l'opérateur refusera de fournir de l'assistance, en affirmant qu'il s'agit de [[Palestine (État)|la Palestine]] et qu'Israël n'existe pas. Le centre d'appel s'excusera « à la communauté juive et aux victimes et leurs familles en Israël », et l'opérateur sera licencié<ref>{{Lien web|url=https://www.newsweek.com/operator-belgium-extremism-hotline-fired-telling-jewish-caller-israel-doesnt-442980|titre=OPERATOR AT BELGIUM TERROR HOTLINE FIRED FOR TELLING JEWISH CALLER ISRAEL DOESN'T EXIST|auteur=Jack Moore, Newsweek|date=2016}}</ref>.
Ligne 358 ⟶ 363 :
En janvier 2019, le journal ''[[La Dernière Heure]]'' reporte que le président des imams de Belgique et imam de la grande [[mosquée al Khalil]], Mohamed Toujgani, appelle à « brûler » des Juifs sionistes dans une vidéo<ref>{{lien web|url=https://www.dhnet.be/actu/faits/le-futur-president-des-imams-de-belgique-appelait-a-bruler-des-juifs-video-5c34d6aa7b50a607247ac2a4|titre="Le futur président des imams de Belgique appelait à brûler des Juifs"|auteur=Gilbert Dupont|date=9 janvier 2019}}</ref>. L'imam s'excusera pour ses propos. Par la suite, la police trouve des livres antisémites appelant à la destruction d'Israël dans différentes mosquées<ref>{{lien web|url=https://www.telegraph.co.uk/news/2019/08/08/rise-anti-semitism-europe-jewish-pupils-pushed-french-state/|titre=The rise of anti-Semitism in Europe: 'He sang Nazi songs and said Hitler should have finished the job'|auteur=Henry Samuel|éditeur=The Telegraph|date=2019}}</ref>.
Le {{date-|13 mai}} 2021, la LBCA déplore une publication de la co-présidente d'[[écolo]] [[Rajae Maouane]], qu'elle juge appelant à la « haine antisémite ». Cette dernière avait publié la chanson [[arabe]] [[Julia Boutros|«Wein Al Malayeen»]], dont les paroles encouragent à combattre les « [[Fille de Sion|fils de Sion]] », qu'elle avait associé à une photo d'un acte de [[jet de pierre|jet de pierres]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Conflit israélo-palestinien: la Ligue contre l’antisémitisme demande à Ecolo d’exclure Rajae Maouane |url=https://www.lesoir.be/371958/article/2021-05-13/conflit-israelo-palestinien-la-ligue-contre-lantisemitisme-demande-ecolo |site=Le Soir |date=2021-05-13 |consulté le=2021-05-14}}</ref>. Deux jours plus tard, au cours d'une manifestation pro-palestinienne « un appel au meurtre des juifs » est scandé en chœur au milieu de la foule<ref>{{lien web |titre=Un slogan antisémite scandé lors de la manifestation pro-palestinienne à Bruxelles : “Un appel au meurtre des juifs” |url=https://www.7sur7.be/belgique/un-slogan-antisemite-scande-lors-de-la-manifestation-pro-palestienne-a-bruxelles-un-appel-au-meurtre-des-juifs~ac7be5cc/ |site=7sur7.be |date=16-05-2021 |consulté le=28-10-2021}}.</ref>. Les incitations à la haine antisémite lors des manifestations pro-palestiniennes ont été de nombreuses fois condamnées par les politiques et les organisations juives<ref name=jta2009/>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_manif-pro-palestinienne-il-y-aura-enquete-sur-les-propos-antisemites-intolerables-close?id=10532587|titre=Philippe Close condamne les propos antisémites tenus lors de la manif pro-palestinienne de dimanche|auteur=RTBF|date=juin 2020}}</ref>{{,}}<ref name="unia2">{{lien web|url=https://www.unia.be/fr/articles/lantisemitisme-est-toujours-present|titre=Unia, L’antisémitisme est toujours présent|date=2020}}</ref>{{,}}<ref name="toi"/>. En 2009, lors de celle d'Anvers, la police empêche des manifestants violents de se rendre dans le quartier juif de la ville<ref>{{Lien archive|horodatage archive=20120214001418|url=http://www.ejpress.org/article/news/france/33218|titre=Anti-Israeli demonstrations in various European cities|auteur=Maurice Swinnen|date=3 janvier 2009}}</ref>.
En 2022, une manifestation en l'honneur du [[Hamas]], une organisation antisémite qui figure sur la liste des organisations considérées comme terroristes
==== Dans les établissements scolaires ====
Ligne 366 ⟶ 371 :
En 2019, une enquête auprès de {{nombre|1600|élèves}} de la région bruxelloise fait état d'une prévalence de l'antisémite deux fois plus élevée chez les étudiants se déclarant catholiques pratiquants et trois fois plus élevées chez ceux se déclarant musulmans (y compris les non pratiquants). L'enquête pose la question d'un éventuel « antilibéralisme sociétal et culturel » au sein de ces groupes<ref>{{Lien web|url=http://www.cclj.be/actu/politique-societe/antisemitisme-et-jeunesse-bruxelloise|titre=L'antisemitisme et la jeunesse bruxelloise|auteur=Nicolas Zomersztajn|date=8 octobre 2019}}</ref>.
En 2016, le collége Sint-Jozefcollege [[Turnhout]] se dit fier d'avoir comme enseignant Luc Descheemaeker et les idées qui lui sont associés. L'individu étant le gagnant d'un [[Concours international de caricatures sur l'Holocauste|concours iranien de caricatures négationnistes de la Shoah]]<ref>{{Lien web|url=https://www.timesofisrael.com/belgian-school-proud-of-teacher-honored-at-iran-holocaust-cartoon-show/ |titre=Belgian school ‘proud’ of teacher honored at Iran Holocaust cartoon show|date=2016}}</ref>. Dans un autre établissement scolaire, de ''Braine-le-Château Francis Brancart'' les parents d'un enfant portent plainte après que leur fils de {{nombre|12|ans}} témoigne d'attaques antisémites récurrentes par un groupe d'enfants, qui par exemple le passait à tabac dans une douche après l'avoir « gazé » avec des déodorants<ref>{{Lien web|url=https://www.7sur7.be/belgique/un-eleve-juif-gaze-enquete-pour-des-violences-antisemites-a-l-ecole-de-braine-le-chateau~a322e580/ |titre=Un élève juif "gazé": enquête pour des violences antisémites à l'école de Braine-le-Château|auteur=7sur7|date=juin 2016}}</ref>. Pour Marc Loewenstein le responsable d'''Antisemitisme.be'' « Il est difficile de quantifier le nombre d’enfants juifs victimes d’insultes, menaces, harcèlement ou agressions dans les écoles » mais a recensé un cas en 2016 à Uccle 2 et en 2015, aux athénées Emile Bockstael et Adolphe Max. Il dénonce ces situations qui « sont très difficiles à vivre pour les parents qui se sentent démunis et pour les enfants doublement ou triplement victimes : par l’insulte, le harcèlement ou l’agression antisémite d’une part, la nécessité de changer d’école avec les conséquences sur leur cursus de l’autre et, enfin, par le sentiment d’injustice lorsque les mesures ne sont pas prises à l’égard des auteurs »<ref>{{Lien web|url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/eleves-juifs-desertent-ils-ecoles-publiques|titre=Les élèves Juifs désertent-ils les écoles publiques ?|auteur=Perla Brener}}</ref>. Le [[Comité de coordination des organisations juives de Belgique|CCOJB]] déplore l’utilisation
A demographic and social portrait of two Jewish populations, L. Daniel Staetsky, Sergio DellaPergola, Institute for Jewish Policy Research, 2022</ref>. [[Alain Destexhe]], déplore qu'à Bruxelles, la ville [[multiculturelle]], il est conseillé aux élèves juifs d'enlever leur [[kippa]] à la sortie des écoles et de rester discrets. Il déplore qu'une école juive de Bruxelles ait dû déménager à la suite de la pression du voisinage et d'attaques répétées et que « cette situation critique n'émeut, hélas, pas beaucoup la société belge »<ref name="AD">{{Lien web|url=https://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/01/19/31002-20150119ARTFIG00189-l-antisemitisme-des-banlieues-en-belgique-aussi.php|titre=L'antisémitisme: en Belgique aussi|auteur=Alain Destexhe|date=2015}}</ref>. En 2018, Joël Rubinfeld, président de la ''Ligue belge contre l’antisémitisme'', met en cause une démission de la part des responsables des milieux scolaires concernant l'antisémitisme, et d'un « état de siège » permanent concernant les écoles juives<ref>{{Lien web|url=https://www.rtbf.be/info/societe/detail_antisemitisme-nous-constatons-une-demission-de-la-part-des-responsables-des-milieux-scolaires?id=9926390|titre=Antisémitisme : "Nous constatons une démission de la part des responsables des milieux scolaires"|auteur=RTBF La Première|date= 25 mai 2018 }}</ref>.
==== Sentiment d'insécurité ====
Ligne 405 ⟶ 410 :
Le ''[[MRAX]]'' souligne la responsabilité du gouvernement pour lutter contre l'antisémitisme : « Les sanctions actuelles [en Belgique] contre les discours de haine sont parmi les plus faibles d’Europe ». Le MARX déplore que bien qu'un plan d’action national avait été promis contre le racisme à la Convention de Durban de 2001 : « {{nombre|19|ans}} plus tard, ce plan n’existe toujours pas »<ref name=":1">{{Lien web |langue=fr |prénom=Par Kevin |nom=Dupont |prénom2=Mardi 18 February 2020-16:15 Temps de lecture : 0 |nom2=minutes |titre=Chants nazis à Liège : un exemple de la hausse inquiétante de l’incitation à la haine |url=https://www.moustique.be/25476/chants-nazis-liege-un-exemple-de-la-hausse-inquietante-de-incitation-la-haine |site=Moustique.be |consulté le=2020-06-30}}</ref>.
En 2019, le président du ''Comité de coordination des organisations juives de Belgique'' ([[Comité de coordination des organisations juives de Belgique|CCOJB]]) Yohan Benizri, met en garde contre les différentes formes d'antisémitisme en Belgique : « Il y a un antisémitisme historique, d’extrême droite disons, il y a un antisémitisme d’extrême gauche qui s’est vu revitaliser ces dernières années. Il y a un antisémitisme du quotidien que l’on retrouve dans les écoles, il y a des formes d’antisémitisme dans l’antisionisme, donc l’antisionisme comme paravent de l’antisémitisme »<ref name="YB" /
En 2021, Viviane Teitelbaum (MR) et Yohan Benizri (CCOJB) critiquent que le combat contre l'antisémitisme n'est pas mentionné comme tel lors d'une initiative antiraciste bruxelloise, qui ne comprenait d'ailleurs pas de représentant de la communauté juive. Ils dénoncent une tentative de systématiquement « dilué » l'antisémitisme dans le racisme<ref>{{lien web |auteur1=Le Soir |titre=Carte blanche : les Assises bruxelloises contre le racisme n’intègrent pas l’antisémitisme. Pourquoi? C’est un |url=https://plus.lesoir.be/371249/article/2021-05-10/carte-blanche-les-assises-bruxelloises-contre-le-racisme-nintegrent-pas |site=lesoir.be |date=10-05-2021 |consulté le=28-10-2021}}.</ref>.
En novembre 2022, Michael M. Adler, [[ambassadeur des États-Unis en Belgique]] déplore la hausse de l'antisémitisme et que la « voix de la Belgique était absente de la table » lors des récentes réunions de l’Union européenne et de la Commission européenne l'antisémitisme. Il propose de nommer un représentant national pour la lutte contre l’antisémitisme<ref>Soir, Par L. "Lutte Contre L’antisémitisme: Donner La Parole à La Belgique." Le Soir, 14 Nov. 2022, www.lesoir.be/476237/article/2022-11-14/lutte-contre-lantisemitisme-donner-la-parole-la-belgique.</ref>. Le CEJI avait de même fait remarqué que l’État belge a peu fait pour lutter contre l’antisémitisme, en particulier dans l'éducation<ref>Corbin, A. (2022, June 16). Antisémitisme : un rapport demande à la Belgique de mieux enseigner la Shoah. BX1. https://bx1.be/categories/news/antisemitisme-un-rapport-demande-a-la-belgique-de-mieux-enseigner-la-shoah/</ref>.
Ligne 419 ⟶ 426 :
Divers experts s'accordent pour affirmer une recrudescence de l'antisémitisme, qui évolue sous forme de [[nouvel antisémitisme]], en particulier sous couvert de l'[[antisionisme]]<ref name="HDS" />{{,}}<ref name="BenRafael">{{Ouvrage|auteur1=édité par: Eliezer Ben Rafael, Yosef Gorni, Yaacov Ro'i|titre=Contemporary Jewries|sous-titre=Convergence and Divergence|éditeur=|année=2003|passage=280-287|isbn=}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Eliezer Ben-Rafae|titre=Belgian Jews and Neo-Antisemitism. Cont Jewry 37, 275–293|éditeur=|année=2007|isbn=}}</ref>{{,}}<ref name="Saerens1"/>. Eliezer Ben-Rafael décrit les différentes composantes de cet antisémitisme en Belgique, qui vont de l'hostilité anti-juive catholique, à l'antisémitisme xénophobe de l'[[extrême droite]], à un antisémitisme qui provient de l'intérêt pour le Moyen-Orient, à des individus de la gauche qui s'identifient [[Tiers-mondisme|au tiers monde]] et à la Palestine et finalement à un antisémitisme des populations arabo-musulmanes. À cela s'ajoute des Juifs qui se présentent en « bon Juif », voulant se dissocier du stigma des « mauvais Juifs » et renforcent la confusion. Les Juifs Belges correspondent à un idéal [[bouc émissaire]]<ref name=":9" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|titre=Confronting Anti-Semitism in Europe|sous-titre=The case of Belgian Jews|éditeur=|année=2014|isbn=}}</ref> et l'antisémitisme répondrait ainsi à cette demande sociale d'un « bouc émissaire à même d'expliquer le mal »<ref>{{Lien web |auteur=Belga |titre="Les stéréotypes antisémites dans le carnaval remontent au 13e siècle |url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/joel-kotek-stereotypes-antisemites-dans-carnaval-remontent-au-13e-siecle |date=2 mars 2020}}</ref>. Robert Wistrich (1990) décrit une campagne qui a été orchestrée contre l'État juif, le sionisme et le peuple Juif dans un même ensemble, et serait comparable au danger posé aux Juifs par le [[nazisme]]<ref name="BenRafael"/>. Les Juifs sont confrontés à un antisémitisme qui serait pour la défense de toutes les victimes de l'oppression raciale à leur exception, qui au contraire seraient transformés en « coupables » et « prototypes » du racisme<ref name="BenRafael" />.
Le journaliste [[Manuel Abramowicz]] insiste en 2003, sur le fait que le phénomène de « nouvel antisémitisme » est porté par des individus (en particulier une jeunesse arabo-musulmane) mais non pas par des organisations structurées. Il affirme néanmoins qu'il est alimenté et exploité dans les milieux intégristes islamistes, intégristes chrétiens (comme la [[Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X]]), de l'extrême droite parlementaire et d'organisations (comme la
Pour [[Joël Kotek]]<ref>{{Lien web|url=https://www.levif.be/actualite/magazine/antisemitisme-ou-antisionisme/article-normal-1109639.html|titre=Antisémitisme ou antisionisme ?|auteur=[[Le Vif/L'Express]]|date=21/03/2019}}</ref> : {{citation bloc|l'antisionisme radical tient bien de l'antisémitisme de par ses appels à la théorie du complot et ses représentations fantasmatiques du sioniste}}
Il décrit deux types d'antisémitisme en Belgique: l'antisémitisme conservateur qui est caractérisé par des mouvements ''d’en haut'' (politique et religieux) et
Selon une étude de Lars Dencik et Karl Marosi de 2016, il existe trois formes d'antisémitisme : un « antisémitisme classique » qui repose sur d'anciens stéréotypes, plutôt lié à l'extrême droite et qui se manifeste plutôt par des attaques verbales et des discriminations sociales. Un antisémitisme lié a Israël. Et un
D'après David Feldman: {{citation|Si l’antisémitisme traditionnel est en déclin, c’est l’antisémitisme lié à Israël qui fait actuellement débat et semble parfois en augmentation}}<ref name="Feldman" />. [[Paul Giniewski]] met en cause l'[[antisionisme]] comme nouvel antisémitisme : ''« Toutes les accusations mythiques, fantasmées des antisémites classiques sont retournées contre Israël et le sionisme, avec une virulence qui rappelle celle des nazis »'', dans ce contexte antisémite une tolérance, une indulgence, une indifférence et une impunité existeraient pour les agressions antisémites tout comme pour le [[terrorisme palestinien]]<ref name="pg">{{Ouvrage|auteur1=Paul Giniewski|titre=Antisionisme, le nouvel antisémitisme|éditeur=|année=2005|isbn=}}</ref>. Ginieweski décrit deux sortes d'antisémitisme antisioniste, l'une négationniste et l'autre masquant son ''israélophobie'' par un prétendu [[philosémitisme]], tout en instrumentalisant la Shoah. Les antisémites antisionistes établissent une confluence, selon laquelle le « prix » imaginé de la création d'Israël et des souffrances palestiniennes serait trop élevé en compensation à celui de la Shoah. L'objectif de ces antisémites, serait la « disparition d'Israël », une solution à la ''« question israélienne »'' qu'il compare à la [[solution finale]] de la ''« question juive »'' des nazis<ref name="pg" />.
Citant les [[Test 3 D d'identification de l'antisémitisme|3 D d'identification]], Joël Rubinfeld considère que le conflit israélo-palestinien ne serait qu'un prétexte à l'antisémitisme: « l'antisémitisme qui tue aujourd'hui c'est celui lié à l'antisionisme, qui substitue l'État juif à l'individu juif et qui veut rayer ce pays de la carte ». Il explique cette stratégie: ''« Comme il n'est plus de bon ton de cibler les Juifs, on parle de sionistes ''»<ref>{{Lien web |auteur=7sur7 |titre="La loi n'est pas adaptée à l'antisémitisme contemporain" |url=https://www.7sur7.be/home/la-loi-n-est-pas-adaptee-a-l-antisemitisme-contemporain~aeab8619/ |date=2015}}</ref>. Des critiques condamnent ainsi certains propos antisionistes, notamment ceux visant à la négation de l'existence d'Israël<ref>{{lien web |auteur=Jean-François Kahn |titre=Vous avez dit «antisioniste»? |url=https://plus.lesoir.be/208784/article/2019-02-25/vous-avez-dit-antisioniste |date=2019}}</ref>, ceux concernant le boycott d'une nationalité (le plus prévalent parmi les pays d'Europe en Belgique, avec 18 % d'avis favorables<ref>{{Lien web |auteur=ADL |titre=of 18 Countries Finds Hardcore Anti-Semitic Attitudes Remain Pervasive |url=https://www.adl.org/news/press-releases/adl-global-survey-of-18-countries-finds-hardcore-anti-semitic-attitudes-remain |date=2019}}</ref>), contre le caractère Juif de cet État<ref>{{lien web |auteur=Benny Scharf |titre=“Jodenhaat”. Open brief van dr. Benny Scharf aan zijn collega Marc Van Ranst |url=https://joodsactueel.be/2014/08/10/jodenhaat-open-brief-van-dr-benny-scharf-aan-zijn-collega-marc-van-ranst/ |date=2014}}</ref>, ou encore ceux relevant d'un antisémitisme spécifique contre les Juifs d'origine israélienne<ref>{{lien web |auteur=Joodse Actueel |titre=Gantman: “Migratiepact historische vergissing, linkse radicalen veroorzaken antisemitisme” |url=https://joodsactueel.be/2018/11/28/gantman-linkse-radicalen-oorzaak-van-stijgend-antisemitisme/ |date=2018}}</ref> (en tant que [[Minorité nationale|minorté]], etc.).
L'antisionisme est assimilé à de l'antisémitisme lorsque les critiques et les attaques prennent l'État Juif comme « bouc émissaire », comme à la source d'influences juives ou d'un complot juif, ou encore qu'elles soient accompagnées de stéréotypes antisémites. En 2014, après l'attentat du musée Juif, de nombreuses théories du complot sont formulées<ref>{{Article |auteur1=François Debras |titre=étude de cas : l'attentat au Musée juf de Bruxelles |périodique=Politique, Revue de Débats |date=2016 |lire en ligne=https://orbi.uliege.be/handle/2268/193353 }}</ref>, la RTBF et d'autres journaux belges relayent une fausse information, portant une accusation contre les victimes juives, d'avoir été assassinées pour des prétendus liens avec le [[Mossad]] israélien<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Imaginaire conspirationniste et principe de causalité : le cas de l’attentat au Musée juif de Bruxelles |url=http://www.reflexions.uliege.be/cms/c_413511/fr/imaginaire-conspirationniste-et-principe-de-causalite-le-cas-de-lattentat-au-musee-juif-de-bruxelles |site=www.reflexions.uliege.be |consulté le=2020-11-23}}</ref>. La théorie du complot<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Me Hirsch : "L’antisémitisme a été érigé en système de défense" |url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/me-hirsch-antisemitisme-ete-erige-en-systeme-defense |site=CCLJ - Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind |date=2019-01-18 |consulté le=2020-11-23}}</ref> sera reprise par le meurtrier lors de son procès<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Les victimes, des agents du Mossad? Un argument insupportable! |url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/victimes-agents-mossad-argument-insupportable |site=CCLJ - Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind |date=2019-01-15 |consulté le=2020-11-23}}</ref>. En 2018, Yifa Segal de l'organisation International Legal Forum déplore l'utilisation de carricature « représentant un Juif aux caractéristiques diabolisantes » dans le manuel de géographie destiné aux élèves de {{nombre|15|ans}}, approuvé par le ministère belge de l'Éducation de Belgique. Segal analyse les motivations de [[Origines de l'antisémitisme nazi|cette caricature à caractère raciste]] utilisée comme une représentation du conflit israélo-palestinien : ''« Le gros juif, qui vole l'argent, l'eau, la nourriture et même le sang des autres, est malheureusement douloureusement familier. De telles images provoquent des sentiments négatifs et antisémites chez le spectateur, en particulier lorsqu'elles sont livrées à des spectateurs jeunes et impressionnables par une figure d'autorité. »'' <ref>Blunt antisemitism in official Belgium textbooks masquerades as political critique
Ligne 439 ⟶ 448 :
=== Causes sociales ===
{{article détaillé|antisémitisme#Analyses}}
L'antisémitisme en Belgique, est généralement étudié au sein d'études sur l'antisémitisme européen ou occidental, dont il fait partie.
[[Joël Kotek]] explique pourquoi l’image négative des Juifs survécut en parlant d'un « [[Habitus (sociologie)|habitus]] [[judéophobe]] » dans la société. L'antisémitisme du début du {{s-|XXI}} serait un « antisémitisme latent, en sommeil depuis la Shoah et qui, au fond, ne demandait qu’à se réveiller. »<ref name="CRIF" Victor Devogel
Editions des Régionalismes, {{p.|16}}, 2014</ref>. D'après Didier Pasamonik, la légende antijuive médiévale, ne cesse qu'avec la prise de conscience du drame de la Shoah et de l’influence de la modernité<ref name="CRIF" />.
Ligne 447 ⟶ 458 :
Dans son analyse de l'« allosémitisme », Eliezer Ben-Rafael perçoit une persistance de la marginalisation, de la discrimination et de la persécution jusqu'à « l'ère du [[multiculturalisme]] », qui ne semble pas avoir anticipé la fin de l'antisémitisme<ref>Ben-Rafael, E. Juifs belges et néo-antisémitisme. ''Cont Jewry'' 37, 275-293 (2017). </ref>.
Un autre fait soulevé est l'impasse faite sur l'histoire de l'antisémitisme dans le monde académique belge<ref>Gergely, Thomas. ''AntisémitismeS en Belgique et en Europe. Les Communautés juives de Belgique et l’antisémitisme: une perspective européenne comparative (9 pays)''. Didier Devillez, Bruxelles, 2015.</ref>
=== Conséquences sociales ===
Après la Shoah, la population est considérablement réduite, et la reconstruction puis la consolidation d’une certaine vie communautaire devient la principale préoccupation des Juifs. La population juive demeure néanmoins fragmentée politiquement et reste divisée entre religieux et laïcs<ref name="Sagesser"/>. Un processus d'assimilation prend de l'importance et la question de la disparation de la communauté se pose<ref>{{Ouvrage|auteur1=Léon Liebmann|titre=Profil et structures de la communauté juive de Belgique|éditeur=Courrier hebdomadaire du CRISP (n° 221)|année=1963}}</ref>. Certains s’inquiètent de la perte de l’identité communautaire chez la jeune génération<ref name="Sagesser"/>, d'autres de l'émigration. En 2018, en lien aux harcèlements que subissent les Juifs, 42 % d'entre eux aurait songé à émigrer, d'après un sondage<ref>{{lien web|url=https://www.lalibre.be/international/pres-de-42-des-juifs-belges-ont-songe-a-emigrer-5c0ffc90cd70e3d2f7315f4b|titre=Près de 42 % des juifs belges ont songé à émigrer|auteur=Christophe Lamfalussy|date=2018}}</ref>. Le gouvernement israélien quant à lui, encourage l'immigration des Juifs Belges en Israël, décrite comme une [[alyah]]<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/international/2015/02/15/01003-20150215ARTFIG00126-netanyahou-appelle-les-juifs-d-europe-a-emigrer-en-israel.php|titre=Nétanyahou appelle les Juifs d'Europe à émigrer en Israël|auteur= Cyrille Louis|date=2015}}</ref>.
En 2003, après l'attentat de la synagogue de Charleroi, [[Manuel Abramowicz]] remarque au sein de la communauté juive: « un durcissement du discours, un repli identitaire, (...)» sans pour autant manifester de réactions extrémistes<ref>{{lien web|url=https://www.lalibre.be/belgique/une-ligue-de-defense-juive-dont-les-juifs-ne-veulent-pas-51b87e6de4b0de6db9a8c2ac|titre=Une ligue de défense juive dont les Juifs ne veulent pas|auteur=Roland Planchard|date=2003}}</ref>.
Ligne 461 ⟶ 472 :
En 2020, selon l'opinion du journaliste et écrivain belge, Nicolas de Pape : « C'est dans une certaine indifférence que notre continent refermera tout doucement l'histoire riche et tragique du judaïsme européen » et affirme comprendre l'[[Alyah|émigration vers Israël]] et les [[États-Unis]] : « Si j’étais juif, je partirais vers des cieux plus cléments »<ref name="depape">{{lien web|url=https://www.levif.be/actualite/belgique/juifs-europeens-faut-il-rester-ou-partir/article-opinion-1253507.html|titre=Juifs européens : faut-il rester ou partir ?|auteur=Nicolas de Pape|date=2020}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.causeur.fr/nicolas-de-pape-nouvelle-question-juive-alya-172585|titre=« Si j’étais juif, je partirais vers des cieux plus cléments »|auteur= Nicolas de Pape |date=13 février 2020}}</ref>.
{{Encadré|titre=Nouveaux stéréotypes et préjugés|alignement=gauche|largeur=1000 px|contenu=
D'après Monika Schwarz-Friesel et Jehuda Reinharzn, en Belgique, le discours antisémite consiste en des jurons typiquement anti-juifs avec une sémantique de [[déshumanisation]]. Ainsi que d'un discours prétendument anti-Israël accompagné d'un amalgame entre Juifs et Israéliens ainsi que de stéréotypes antisémites traditionnels. En invoquant des stéréotypes antisémites, l'extermination des Juifs passée est justifiée et des menaces d'extermination sont formulées<ref>{{Ouvrage|auteur1=Monika Schwarz-Friesel, Jehuda Reinharz|titre=Inside the Antisemitic Mind : The Language of Jew-Hatred in Contemporary Germany|éditeur=|année=2017|passage=199|isbn=}}</ref>.
L'antisémitisme s'exprime sur Internet, dans des graffitis, dans la profanation des cimetières, dans des comportements agressifs contre les Juifs en public et dans des commentaires désobligeants sur les Juifs et Israël dans les médias<ref>Ben-Rafael, E. Juifs belges et néo-antisémitisme. Cont Jewry 37, 275-293 (2017). https://doi.org/10.1007/s12397-017-9217-6</ref>.
}}
==== Auto-antisémitisme ====
De l'hostilité se manifeste entre Juifs, notamment face à la peur de l'assimilation<ref>{{lien web|url=https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2013-4-page-591.htm|titre=Trouble dans la judéité. Mariages mixtes, conversions et frontières de l'identité juive|auteur=Sébastien Tank-Storper|éditeur=Cairn|date=2013}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.cclj.be/actu/politique-societe/regards-croises-mariage-mixte-en-progression|titre=Regards croissés : Le marriage juif en progression|auteur=Nicolas Zomersztajn|date=2010}}</ref>
Dans les années 1970, les antisionistes juifs sont perçus par des organisations juives comme des victimes d'[[haine de soi juive|auto-antisémitisme]]. En 1973, dans une réponse à des personnalités juives anti-israéliennes, l'UEJB affirme: « Pour détruire le Juif qui est en vous, vous essayez de détruire Israël à coups de pétitions, devenant ainsi les alliés objectifs de ceux qui, pratiquant le terrorisme, abattent froidement des athlètes à Munich et des pèlerins à Lod. ». En 1979, le président de la ''Fédération sioniste de Belgique'' rejette ===== Banalisation de stéréotypes à Alost =====
{{Article connexe|Carnaval d'Alost#Accusations de racisme et d'antisémitisme}}
Ligne 472 ⟶ 491 :
Pour sa part le centre interfédéral pour l'égalité des chances ([[Unia (institution)|Unia]]), ne porte pas l'affaire devant la justice mais annonçait une médiation entre l’administration communale alostoise et la « communauté juive », et le {{date-|27 février 2020}}, le politicien [[Vincent Van Quickenborne]] compare la réaction des [[Juifs américains]] face à la critique du premier ministre israélien [[Benyamin Netanyahou]] par le sénateur américain [[Bernie Sanders]], à la réaction des Juifs belges aux événements antisémites du carnaval d'Alost, qu'il qualifie : « [[lobby juif]] ». Le {{1er}} octobre, Van Quickenborne devient le [[Vice-Premier ministre de Belgique|Vice-Premier ministre]] et
[[Ministère de la Justice (Belgique)|Ministre fédéral de la Justice]] du [[gouvernement De Croo]], ce qui suscite l'inquiétude de la LBCA, alors que ce dernier a utilisé l'accusation de lobby contre la minorité juive qui serait une « terminologie antisémite éculée »<ref>{{lien web |titre="Lobby juif" : la Ligue belge contre l’antisémitisme épingle un tweet de Van Quickenborne |url=https://m.rtl.be/info/1249603 |site=RTL info |consulté le=28-10-2021}}.</ref>.
==== Discrimination dans la société ====
Les Juifs en Belgique connaissent des niveaux particulièrement élevés de « discrimination religieuse sociétale »<ref>Jonathan Fox (2019) Civilizational Clash or Balderdash? The Causes of Religious Discrimination in Western and European Christian-Majority Democracies, The Review of Faith & International Affairs, 17:1, 34-48, DOI: 10.1080/15570274.2019.1570754</ref>.
Jonathan Fox note en 2019, qu'il n'y a pas de rapports sur la discrimination sur le marché du travail contre les Juifs, mais qu'il y a plusieurs cas de refus de servir des clients juifs<ref name="jfox">Jonathan Fox (2019)</ref>. Comme dans le cas d'une accusation de liaison avec Israël contre une fonctionnaire européenne d'origine juive<ref>{{Lien web |langue=fr-be |titre=Une fonctionnaire européenne dénonce une cabale et se dit victime d’antisémitisme |url=https://parismatch.be/actualites/societe/444953/une-fonctionnaire-europeenne-denonce-une-cabale-et-se-dit-victime-dantisemitisme |site=parismatch.be |date=2020-11-19 |consulté le=2020-11-23}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Affaire rocambolesque dans le milieu diplomatique européen: une fonctionnaire dénonce une cabale après avoir été accusée d’espionnage et révoquée |url=https://www.lalibre.be/international/europe/affaire-rocambolesque-dans-le-milieu-diplomatique-europeen-une-fonctionnaire-denonce-une-cabale-apres-avoir-ete-accusee-d-espionnage-et-revoquee-5fb6ce1e7b50a6525b7a3797 |site=www.lalibre.be |consulté le=2020-11-23}}</ref>.
▲
==== Privation des libertés religieuses ====
|