« Sylvestre II » : différence entre les versions

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== Biographie ==
=== Enfance ===
On sait peu de choses sur le début de la vie de Gerbert jusqu'à son entrée possible comme [[oblat]], à l'[[abbaye Saint-Géraud d'Aurillac]]. Gerbert d'Aurillac serait né entre 945 et 950<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=18}}.</ref>, peut-être à Belliac, un hameau situé aujourd'hui dans la commune de [[Saint-Simon (Cantal)|Saint-Simon]], dans le sud de l'[[Auvergne]]. Cette localisation appartient à une tradition locale<ref group="note">Henri de Lalaubie, dans sa notice historique sur la commune de Saint-Simon, rapporte en 1852 qu'il existe à Belliac une terre appelée « du Pape » dont on a toujours pensé qu'elle était celle de la famille de Gerbert.</ref>. Cela n'a cependant pas été confirmé par les travaux de [[Pierre Riché]] sur la biographie de Gerbert d'Aurillac (il se limite à confirmer que Gerbert est [[Duché d'Aquitaine|Aquitain]])<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=19}}.</ref>. L'affirmation selon laquelle des moines de l'abbaye d'Aurillac auraient remarqué ce jeune [[pâtre]] qui observait le ciel à l'aide d'une branche de [[sureau]] évidée appartient à la légende, mais elle tend à indiquer qu'il était originaire d'une paroisse proche et dépendante de l'abbaye où il a fait ses études. En tout cas, il dit lui-même qu'il n'est pas d'origine [[Noblesse|noble]] ou riche<ref>Lettre 217, citée dans: {{harvsp|Riché|1987|p=18}}.</ref>, et d'ailleurs aucune famille n'a revendiqué de lien de parenté avec lui.
 
=== Le moine ===
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En [[967]], introduit par Borrell, Gerbert est pris en charge par [[Aton de Vic|Aton]], le très érudit [[Liste des évêques de Vic|évêque de Vic]], particulièrement féru de mathématiques<ref>[https://web.archive.org/web/20141210224619/http://www.encyclopedie-universelle.com/gerbert-aurillac-sylvestreII.html ''Gerbert d'Aurillac'' sur l'Encyclopédie universelle] et {{harvsp|Riché|1987|p=25}}.</ref>. Gerbert poursuit son instruction dans les abbayes catalanes de Vic et de Ripoll<ref>{{Lien web|url=http://www.herodote.net/histoire04022.htm?main=445e56dbf00c35df2c5fee674e6b1088|titre=Gerbert d'Aurillac devient pape sous le nom de {{nobr|Sylvestre {{II}}}}|site=herodote.net}}</ref> où il peut approfondir son savoir en sciences ([[quadrivium]]).
 
Bien qu'ignorant la [[Grec ancien|langue grecque]] comme presque tous les lettrés occidentaux de son époque<ref name="Boulhol">Pascal Boulhol, ''« Grec langaige n'est pas doulz au François ». L'étude et l'enseignement du grec dans la France ancienne, {{s-|IV|e}} - 1530''. Aix en Provence, Presses universitaires de Provence, ''Héritages méditerranéens'', 2014, {{p.|57}}, {{n.|1}}.</ref>, Gerbert fait preuve d'un exceptionnel appétit de savoir. Il s'initie aux sciences mathématiques du ''quadrivium'' par des ouvrages antiques, notamment de [[Boèce]] et de [[Martianus Capella]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=24}}.</ref>. Ce procédé est habituel pour l'époque.
Il remarque probablement aussi la [[Numération décimale de position|numération décimale]] (sans le [[zéro]]), notée en chiffres ''[[Chiffres arabes|Ghûbar]]''<ref name="Ambrosetti"/>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=La diffusion de la numérotation décimale de position |url=http://irem.univ-reunion.fr/IMG/pdf/soutif32.pdf}}.</ref>. Ces chiffres sont utilisés par les nombreux marchands arabes à Barcelone. Libéré de la lourdeur des [[chiffres romains]], il peut ainsi aborder les calculs pratiques et imaginer une table à compter — l’[[Abaque (calcul)#Gerbert d’Aurillac et la querelle abaciste contre algoriste|abaque de Gerbert]] — qui systématise le principe de la [[numération de position]] et le procédé de [[calcul matriciel]] de nos quatre opérations et de nos [[tableur]]s<ref name="Ambrosetti" />.
Le monastère de Ripoll abrite aussi une école musicale (la musique fait partie du ''quadrivium'') et ses moines recopient des [[Hymne (livre)|hymnaires]] et des [[antiphonaire]]s en utilisant la [[neume|notation neumatique]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=26}}.</ref>.
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Il réintroduisit également la [[dialectique]], l'une des trois sciences du ''trivium''.
 
Parmi ses élèves prestigieux figurent : [[Robert le Pieux]], fils du futur roi Hugues Capet<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=77}}.</ref>, [[Richer de Reims|Richer]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=40-41}}.</ref>, l'historien [[Bernelin de Paris]], mathématicien auteur d'un traité sur l'abaque (''Liber abaci'')<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=209}}.</ref>, {{douteux|[[Guy d'Arezzo]]|N'est pas même mentionné dans Riché, qui d'ailleurs critique les listes "fantaisistes" d'élèves de Gerbert.|date=27 janvier 2023}} (v.990-1050), moine bénédictin de l'[[abbaye de Pomposa]] (près de Ferrare), grand théoricien de la musique connu pour son ''Micrologus de musica'', qui est à la base de la notation de la musique occidentale avec l'invention de la portée étendue à cinq lignes et le nom de notes. D'autres sont souvent nommés, mais des historiens doutent qu'ils aient vraiment été élèves de Gerbert : notamment [[Fulbert de Chartres]]<ref group="note">Affirmé par [[Jean Chélini]], ''Histoire religieuse de l'Occident médiéval''., Paris, Hachette, 1991, {{p.|226}}. Mis; mis en doute par {{harvsp|Riché|1987|p=76}}.</ref>, mais aussi [[Dudon de Saint-Quentin]], grammairien, poète et, comme Adalbéron, rhéteur et dialecticien<ref group="note">Ceci est mis en doute par [[Georges Duby]] au motif que l'homme paraît plus marqué par l'école de Laon que par celle de Reims{{refsou|date=janvier 2023}}.</ref>.
 
=== Quatre ans en Italie ===
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À [[Ravenne]], Gerbert retrouve la cour impériale mais se voit entraîné, en [[981]], dans une controverse philosophique par [[Otric]], ancien écolâtre de [[Magdebourg]], qui jalouse le savant d’Aurillac. La « ''dispute de Ravenne'' », qui porte sur la classification des connaissances<ref group="note">La dispute de Gerbert et d'Otric, en présence d'[[Otton II du Saint-Empire|{{nobr|Otton {{II}}}}]], sur la classification des connaissances est connue par le long récit qu'en fait [[Richer de Reims|Richer]] dans son ''Histoire'', III, 55-65, éd. et trad. A.-M. Poinsignon, consultable sur [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k361020 Gallica]) ({{p.|279-307}}).</ref>, tourne clairement à l’avantage de Gerbert<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=58-63}}.</ref>.
 
Otric de Saxonie (Otrik ou Octricus de Magdebourg), savant saxon attaché alors à la cour d'{{nobr|Otton {{II}}}}, aurait introduit dans la classe de Gerbert un élève chargé de calomnier sa méthode qui consistait à subordonner (illogiquement selon lui) la physique aux mathématiques, comme l'espèce au genre. À Pavie, {{nobr|Otton {{II}}}} réunit Adalbéron et Gerbert, qui n'était au courant de rien. Emmené à Ravenne, Gerbert est mis en face de son détracteur, en présence d'une brochette de savants italiens et allemands, venus pratiquer la ''disputatio'', l'art de la controverse. Gerbert en sortit vainqueur. Il théorisera plus tard cette joute intellectuelle dans son ''Libellus de rationali et ratione uti''<ref group="note">extrait du ''libellus''… : « Il est dédié à l'empereur {{nobr|Otton {{III}}}}, par une épître qui nous apprend en quel temps et à quelle occasion il fut composé. Pendant l'été de 997, ce prince, se trouvant en Italie où il se préparait à la guerre contre les Windes que Gerbert nomme Sarmates, avait à sa suite plusieurs savants, dont Gerbert, et se plaisait à leur proposer des questions subtiles et épineuses de philosophie (MAB. ib. t. I, in fin.). Personne n'y ayant répondu d'une manière satisfaisante, il enjoignit à Gerbert de résoudre celle qui regardait le raisonnable et le raisonnant. Celui-ci ne put s'exécuter aussitôt pour cause de maladie. Mais, après avoir recouvré la santé, il le fit par le petit ouvrage dont il s'agit ici. Il y entre dans une longue et sérieuse discussion, qu'il appuie tant de l'autorité des anciens philosophes que de ses propres raisonnements, et d'une figure pour rendre la chose plus sensible. Mais il faut avouer que la difficulté n'en valait pas la peine. Aussi Gerbert s'est-il cru obligé de s'excuser, à la fin de son écrit, d'avoir entrepris de traiter un sujet peu convenable à la gravité épiscopale dont il était revêtu. S'il le fit, ce ne fut que par le désir de plaire à l'empereur, qui s'occupait alors d'un genre d'étude auquel la question discutée n'était pas étrangère. ».</ref>.
 
==== Abbé de Bobbio ====
Pour libérer des monastères italiens de la mainmise de l’aristocratie, l’empereur fait nommer des proches à leur tête. Ainsi [[Jean Philagathos]], un proche de l’impératrice Théophano, est nommé abbé de Saint-Sylvestre de [[Abbaye de Nonantola|Nonantola]] en 982. De la même manière, environ un an plus tard, avant l'été 982, Gerbert d’Aurillac est placé par Otton II à la tête de l'abbaye de [[abbaye de Bobbio|Bobbio]], située dans l'[[Apennin ligure]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurent|nom1=Feller|lien auteur1=Laurent Feller|titre=Église et société en Occident|sous-titre={{sp-|VII|-|XI}}|passage=Pt62|éditeur=Armand Colin|date=2009|isbn=978-2-200-24398-2|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=8dl86-w0SUgC&pg=PT62|consulté le=2022-12-27}}.</ref>, au nord-est de [[Gênes]] et au sud-ouest de [[Plaisance (Italie)|Plaisance (Piacenza)]]<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Schärlig|titre=Un portrait de Gerbert d'Aurillac|sous-titre=Inventeur d'un abaque, utilisateur précoce des chiffres arabes, et pape de l'an mil|passage=23|éditeur=Presses polytechniques et universitaires romandes|date=2012|isbn=978-2-88074-944-6}}.</ref>. La réputation de Gerbert, l'amitié que lui porte [[Otton II du Saint-Empire|{{nobr|Otton {{II}}}}]] et la récompense pour sa belle prestation face à Otric doublent une nécessité politique<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=65}}.</ref> : l'abbaye compte alors parmi les plus grands et prestigieux monastères d'Occident et l'empereur entend la soustraire à l'influence des grandes familles locales<ref name=":0" />. L'attribution est d'importance, car l'abbé est aussi comte, jure fidélité à l'empereur et lui doit des troupes en cas de conflit<ref>[[Jean Chélini]], ''Histoire religieuse de l'Occident médiéval''. Paris, Hachette, 1991, {{p.|227}}.</ref>. Il dirige alors la plus riche bibliothèque d'Occident. La discipline s'y étant relâchée, il applique la réforme clunisienne. Lors de son passage à Bobbio, Gerbert prend connaissance d’ouvrages tels que les ''Astronomica'' du poète [[Marcus Manilius]], le traité ''In rhetoricam Ciceronis'' de [[Marius Victorinus]], ou l{{'}}''Ophtalmicus'' de Démosthène Philalèthe, qu’il fait recopier et ensuite envoyer à Reims<ref name="harvsp|Riché|1987|p=81">{{harvsp|Riché|1987|p=81}}.</ref>.
 
Il se heurte à des difficultés d'ordre politique. L'Italie se différencie du reste de l'[[Occident chrétien]], dans le haut Moyen Âge, par une bien plus grande permanence des villes et leur grande intrication avec les campagnes. À la dissolution de l'Empire romain, l'aristocratie citadine s'est repliée sur ses [[villa romaine|villae]], contribuant d'autant à développer sa puissance foncière<ref name="milza215">[[Pierre Milza]], ''Histoire de l'Italie''. Paris, Fayard, 2005, {{p.|218}}.</ref>. Avec le retour de l'ordre, la noblesse a retrouvé les villes, lieu des enjeux politiques et commerciaux, mais a conservé une forte assise foncière rurale. Les évêques, en général issus de cette aristocratie, sont donc particulièrement puissants et la présence d'une riche abbaye implantée dans des terres agricoles ne peut qu'exciter les convoitises.
Dans le cas de Bobbio, Gerbert est confronté à une situation difficile : Pétroald, l'abbé précédent, a cédé des terres à sa famille, amputant d’autant le patrimoine de l’abbaye<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=68}}.</ref>. De la même manière, [[Jean XIV|Pierre Canepanova]], l’évêque de Pavie et chancelier de l’empereur, n’hésite pas à confier des terres à ses proches. Mais celui-ci est très proche du pouvoir. Pour éviter de céder définitivement terres et charges à leur clientèle, les Ottoniens le font sous forme de charges ecclésiales, ce qui permet de récupérer leurs avoirs à la mort de l'évêque. L’abbé essaye bien d’écrire à l’empereur, mais celui-ci, vaincu à la [[bataille du cap Colonne]], est très affaibli. Gerbert, qui applique les recettes clunisiennes à son abbaye, est dans un premier temps soutenu par le pape [[Benoit VII|{{nobr|Benoit {{VII}}}}]], mais celui-ci meurt le {{date|10|juillet|983}}. Et c'est Pierre Canepanova qui est désigné par [[Otton II du Saint-Empire|{{nobr|Otton {{II}}}}]] pour monter sur le trône de saint Pierre (il sera l'éphémère pape {{nobr|Jean {{XIV}}}}).
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{| class="wikitable droite"
|+'''Liste des évêques présents au concile de Saint-Basle et/ou souscripteurs du diplôme de Corbie (988) et pour Saint-Crépin de Soissons'''<ref>Olivier Guyotjeannin, « Les évêques dans l'entourage royal sous les premiers Capétiens », dans ''Le roi et son royaume autour de l'an Mil''., Paris, Picard, 1990, {{p.|93-95}}.</ref>
|- bgcolor=cccccc
! Évêque
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=== Archevêque de Reims en conflit avec la papauté ===
L'archevêque Gerbert travaille beaucoup, dépassant même le cadre de son diocèse, aussi loin que Tours, Orléans ou Paris, réglant les conflits entre laïcs et clercs, et consultant sur les problèmes canoniques<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=143}}.</ref>. Les soucis majeurs de Gerbert viennent du côté de Rome. Quand le pape {{nobr|Jean {{XV}}}} apprend la déposition d'Arnoul et l'élection de Gerbert à l'archevêché de Reims, il envoie un légat, Léon, pour enquêter sur l'affaire<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=147}}.</ref>. En 992, au synode d'Aix-la-Chapelle, {{nobr|Jean {{XV}}}} convoque à Rome les rois et les évêques français, sans résultats. En 994, le pape, ayant réuni un nouveau concile à Ingelheim, se prononce contre les décisions du concile de Saint-Basle, et excommunie Gerbert<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=EncyclopædiaJean-Pierre |nom=UniversalisBordier |titre=SYLVESTRE II, GERBERT D'SYLVESTREAURILLAC II(938-1003) pape (999-1003) |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/gerbert-d-sylvestre-ii/ |site=[[Encyclopædia Universalis]] |consulté le=20212023-1003-0108}}.</ref> et ses amis évêques. En réponse à cela, un concile français présidé par [[Robert le Pieux]] avec l'appui de [[Hugues Capet]] est réuni à [[Chelles]] en 994/995. Les débats sont dirigés par Gerbert. Le synode cherche à réformer l'église française et à renforcer la cohésion du corps épiscopal français. Il affirme que si le pape romain prend une décision en opposition avec les décrets des Pères de l'Église, cette mesure est nulle et non avenue. Le synode veut ratifier de manière irrévocable la destitution d'Arnoul et la nomination de Gerbert<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=150}}.</ref>.
 
Le légat Léon convoque alors un nouveau concile à l'[[abbaye de Mouzon]], près de [[Sedan]], en {{date-|juin 995}}. Hugues Capet défend aux prélats français de s'y rendre. Gerbert s'y présente, seul<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=151}}.</ref>. Il s'y voit interdit d'exercer les fonctions épiscopales et de communier pour un mois, mais aucune sentence définitive n'est prononcée car une des parties fait défaut. Un nouveau concile est convoqué à Reims le mois suivant. Dans le même temps Gerbert publie les actes du concile de Sainte-Basle et défend ses thèses dans un traité épistolaire, la lettre ayant été envoyée à Wilderod<ref>[[Wladimir Guettée]], ''Histoire de l'Église de France'', 1856, {{p.}}85.</ref>, évêque de Strasbourg. Il cherche par son intermédiaire à toucher ses collègues lotharingiens et les convaincre de son bon droit<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=156}}.</ref>. Gerbert reconnaît sans conteste la primauté du pape, mais il dit que ce dernier n'a pas à intervenir directement dans les affaires de sa province, le concile de Nicée ayant défini les rôles dans les conciles provinciaux. Le concile de Reims ne résout rien et l'affaire en est là quand le pape [[Jean XV|{{nobr|Jean {{XV}}}}]], meurt en {{date-|avril 996}}, bientôt suivi d'Hugues Capet lui-même<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=164}}.</ref>. Gerbert ne désarme pas, va à Rome plaider sa cause auprès du nouveau pape, [[Grégoire V|{{nobr|Grégoire {{V}}}}]] : c'est en vain, car ce dernier maintient les positions de son prédécesseur. Mais son dernier soutien, [[Robert le Pieux]] le nouveau roi de France, cherche à ménager le pape pour qu'il accepte son mariage avec [[Berthe de Bourgogne]], veuve d'[[Eudes Ier de Blois|Eudes de Blois]], de laquelle il est épris mais dont il est cousin. Il doit accepter la demande de {{nobr|Grégoire {{V}}}} de ne plus soutenir Gerbert.
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=== Précepteur de l'empereur Otton III ===
Le jeune empereur [[Otton III|{{nobr|Otton {{III}}}}]] ({{nobr|14 ans}}) demande à Gerbert en 997 de devenir son précepteur<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=179-181}}.</ref>. Gerbert accepte. Il quitte donc la France, où il n'a plus rien à faire, et rejoint l'empereur en Germanie<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=181-182}}.</ref>.
 
Adalbéron avait ouvert l'esprit d'Otton vers l'instauration d'un empire universel, mais c'est Gerbert qui le théorise : il rédige pour l'empereur un traité ''Sur le raisonnable et l'usage de la raison'' qui s’ouvre sur un programme de rénovation de l'Empire romain, considérant que l'empereur, à demi grec par sa mère, est à même de reconstruire un empire universel<ref name="riché385">Pierre Riché, ''Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe''. Paris, Hachette, 1983, {{p.|385}}.</ref>.
 
=== Archevêque de Ravenne ===
Otton demande aussi au pape [[Grégoire V]] de nommer Gerbert archevêque de [[Ravenne]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=194}}.</ref>. Le pape le nomme effectivement, le 28 avril 998<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=196}}.</ref>.
 
Une fois archevêque, Gerbert s'engage dans des réformes, notamment pour préserver les biens de l'Eglise<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=196-198}}.</ref>. Il convainc aussi l'empereur de confirmer les droits de l'abbaye de Bobbio à ses terres; Gerbert est officiellement toujours abbé de Bobbio<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=199-200}}.</ref>.
 
En janvier 999, il participe à un synode à Rome, qui, entre autres, condamne le roi de France [[Robert le Pieux]] pour son mariage avec sa cousine [[Berthe de Bourgogne]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=200-201}}.</ref>.
 
=== Le pape : {{nobr|Sylvestre {{II}}}} ===
[[Fichier:Meister der Reichenauer Schule 002.jpg|vignette|gauche|redresse=1.5|{{nobr|Sylvestre {{II}}}} à la droite de l'empereur {{nobr|Otton {{III}}}}.]]
 
Le pape [[Grégoire V|{{nobr|Grégoire {{V}}}}]] meurt le {{Date|18|février|999}}<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=202}}.</ref>.
 
Les Ottoniens sont maîtres de l'Italie du Nord et ont établi leur cour à Rome dans le dessein de recréer un Empire romain. Ainsi, ils ont le pouvoir d'influer sur l'élection du souverain pontife, sa nomination étant soumise à leur approbation. Gerbert est proche des empereurs [[Othon Ier du Saint-Empire|{{nobr|Othon {{Ier}}}}]] et [[Othon II du Saint-Empire|{{nobr|Othon {{II}}}}]], et il est le précepteur d'[[Othon III du Saint-Empire|{{nobr|Othon {{III}}}}]].
 
L'empeureur Otton III nomme Gerbert comme nouveau pape<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=202}}.</ref>. En effet, Gerbert a prouvé ses qualités d'administrateur en tant qu'archevêque de Ravenne. De plus, il est très instruit, et Otton et lui-même croient à l'importance des idées philosophiques pour le gouvernement<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=202-203}}.</ref>.
 
Gerbert est consacré pape le 2 avril. Il choisit le nom de {{nobr|Sylvestre {{II}}}} en référence à [[Sylvestre Ier|{{nobr|Sylvestre {{Ier}}}}]] qui fut pape sous l'empereur [[Constantin Ier (empereur romain)|{{nobr|Constantin {{Ier}}}}]], qui reconnut le christianisme comme religion licite dans l'[[Empire romain]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=203}}.</ref>.
 
Il se réconcilie avec ses adversaires dans le conflit pour l'archevêché de Reims. Arnoul remplissait déjà provisoirement le rôle d'archevêque de Reims, et Sylvestre II lui en donne le droit de manière définitive. Quant au légat Léon, Sylvestre II le nomme archevêque de Ravenne pour le remplacer<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=213-214}}.</ref>.
 
Bien qu'il ait confirmé Arnoul comme archevêque de Reims, Sylvestre II intervient toujours dans les affaires de cette province. Ainsi, il donne même des ordres dans une affaire de cimetière<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=232}}.</ref>. Comme le remarque [[Pierre Riché]], ceci est en contradiction apparente avec ses précédentes critiques envers le pouvoir du pape<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=242}}.</ref>.
 
Sylvestre II confère l'autonomie aux Eglises de [[Pologne]] et de [[Hongrie]]. Plutôt que d'être soumises à des archevêchés allemands, elles ont désormais leurs propres archevêchés, à [[Gniezno]] pour la Pologne<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=217}}.</ref> et à [[Esztergom]] et à [[Kalocsa]] pour la Hongrie<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=226}}.</ref>. De plus, Sylvestre II donne à [[Etienne Ier de Hongrie]] le titre de roi<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=226}}.</ref>.
 
Otton III et Sylvestre II rencontrent de l'opposition à Rome et dans les environs<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=219-223}}.</ref>, car les Romains tiennent à leur autonomie. Cela mène Otton et Sylvestre à quitter Rome en février 1001, pour s'établir à Ravenne<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=223-224}}.</ref>. En janvier 1002, {{nobr|Otton {{III}}}} meurt, puis Sylvestre retourne à Rome<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=227-228}}.</ref>.
 
Pris d'un malaise lors d'un office à la [[basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem]]<ref>Marie-Hélène Parinaud, « Gerbert d'Aurillac, le pâtre devenu pape », dans ''Historia'', {{n°|806}} (février 2014), {{p.|92-97}}, spéc. {{p.|96}}.</ref>, {{nobr|Sylvestre {{II}}}} meurt à Rome le {{Date|12|mai|1003}} après quatre années de pontificat. Il est enterré à [[Saint-Jean-de-Latran]], où le pape [[Serge IV|{{nobr|Serge {{IV}}}}]] inscrit une épitaphe gravée contre un pilier de la basilique, évoquant son exceptionnel parcours à la fois intellectuel et religieux<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=232-233}}.</ref>.
 
== L'humaniste, philosophe et mathématicien ==
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[[Fichier:Apices du moyen-âge.PNG|vignette|Formes d'écriture des chiffres dans différentes sources du Moyen Âge.|alt=tableau présentant différentes sources médiévales avec pour chacune la forme d'écriture des chiffres de 1 à 9, avec parfois le zéro.]]
 
Gerbert d'Aurillac est un humaniste « complet », longtemps avant la Renaissance. Il met à l'honneur la culture antique, dont il connaît essentiellement la forme latine, faute de savoir le grec<ref name="Boulhol" />. En tant qu'écolâtre, il fait découvrir à ses élèves de nombreux textes latins de l'Antiquité : notamment de [[Boèce]], de [[Cicéron]], de [[Virgile]], les ''Noces de Mercure et de Philologie'' de [[Martianus Capella]]; et aussi des traductions latines d'auteurs grecs: [[Porphyre de Tyr]] et [[Aristote]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=41-45}}.</ref>. Il s'inspire lui-même de Cicéron, dans le style mais aussi dans les idées philosophiques<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=118, 211, 245, 247}}.</ref>.
Dans le débat avec Otric, en 981 à Ravenne, Gerbert d'Aurillac montre en outre une conception très précise de la classification des disciplines de la philosophie<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=57-63}}.</ref>.
 
[[#Le moine|De 967 à 970, il étudie au monastère de Vic]], étudiant les [[mathématiques]] et l'[[astronomie]]. En 984, il réclame, dans une lettre à [[Lupitus de Barcelone]], un ''Liber de astrologia'', qui aurait pu lui procurer les connaissances sur l'[[astrolabe]]. L'attribution du ''Liber de astrolabio'' à Gerbert, attesté à partir des [[années 1080]], fait débat<ref>Danièle Conso, Antonio Gonzalès et Jean-Yves Guillaumin, ''Les vocabulaires techniques des arpenteurs romains : actes du colloque international, Besançon, 19-21 septembre 2002''. Presses Univ. de Franche-Comté, 2006 {{ISBN|2-84867-120-3|9782848671208}} {{lire en ligne|url={{Google Livres|_LWr9pY3ojkC|page=157}}}}.</ref>.
 
Il est aussi à l'origine d'un type d'[[abaque (calcul)|abaque]] : l'« abaque de Gerbert ». A l'époque, on préférait l'abaque aux calculs écrits, qui auraient été très difficiles avec les chiffres romains<ref>{{Article|auteur=Michel Mitov|titre=Gerbert d'Aurillac, le pape des chiffres arabes|périodique=[[La Recherche (magazine)|La Recherche]]|numéro=511|mois=mai|année=2016|lire en ligne=http://www.larecherche.fr/gerbert-daurillac-le-pape-des-chiffres-arabes|p.=78-80}}.</ref>. L'abaque de Gerbert est une table de calcul où les jetons multiples sont remplacés par un jeton unique portant comme étiquette un chiffre. Les chiffres utilisés étaient peut-être les [[chiffres arabes]], puisqu'il les a probablement connus lors de ses études à Vic, mais c'est incertain<ref name="Ambrosetti">{{Ouvrage|auteur = Nadia Ambrosetti|titre = L'eredità arabo-islamica nelle scienze e nelle arti del calcolo dell'Europa medievale|année = 2008|lieu = Milan|isbn = 978-88-7916-388-0|lire en ligne = {{Google Livres|wp23Le5nxMEC|page=96}}|éditeur = LED|consulté le = 2015-11-23 |langue = it|passage = 96-97}}.</ref>. Par exemple : les {{nobr|7 jetons}} de la colonne unité sont remplacés par un jeton portant le {{nobr|numéro 7}}, les {{nobr|3 jetons}} de la colonne [[10 (nombre)|dizaine]] par un jeton portant le {{nobr|chiffre 3}}, etc. Le système ne comprenait pas de zéro<ref>{{Ouvrage |auteur1= Charles Seife |année=2000 |titre=Zero: The Biography of a Dangerous Idea |lieu=New York |éditeur=Penguin Books |isbn=978-0-670-88457-5 |bibcode=2000zbdi.book.....S |passage = 77 |langue=en}}{{citation bloc| He probably learned about the numerals during a visit to Spain and brought them back with him when he returned to Italy. But the version he learned did not have a zero.}}</ref>. Toutefois cet abaque n'eut pas le succès escompté<ref>Alain Schärlig, ''Compter avec des cailloux : le calcul élémentaire sur l'abaque chez les anciens Grecs'', [[PPUR]], 2001 {{lire en ligne|url={{Google Livres|rEZi3Zx0hqgC|page=138}}}}, {{p.}}138.</ref>.
 
Gerbert est l'auteur d'au moins deux traités sur les opérations arithmétiques. Le premier porte sur la division (''Libellus de numerorum divisione, Regulae de divisionibus'') : Gerbert y invente une méthode de division euclidienne qui sera rapportée par Bernelin de Paris (Bernelinus, + v. 1020), un de ses élèves. L’autre traité concerne les multiplications (''Libellus multiplicationum'') ; adressé à Constantin de Fleury, que Gerbert appelle « son Théophile », il prescrit l'antique multiplication par les doigts (calcul digital).{{refsou|date=17 juin 2022 }}
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La troisième branche des mathématiques était alors la géométrie, pour laquelle Gerbert composa un célèbre traité de géométrie (''Isagoge Geometriae, Liber geometriae artis''), longtemps égaré à la bibliothèque de [[Salzbourg]] et retrouvé par Bernard Petz, savant bénédictin du {{s-|XVIII|e}}. Le traité de Gerbert établit de manière moderne les axiomes, les théorèmes du point, de la ligne droite, des angles et des triangles, dont les termes techniques sont expliqués par Gerbert : base, hauteur, côté perpendiculaire à la base, hypoténuse. À ce sujet, Gerbert correspond (''Epistola ad Adelbodum'') avec [[Adalbold II d'Utrecht|Adalbold (Adalboldus, Adelboldus, Adeobaldo)]] formé à Lobbes et à Liège et évêque d'Utrecht (970-1026), sur l'aire du triangle équilatéral, le volume de la sphère, un passage arithmétique de la ''Consolation philosophique'' (''De consolatione philosophiae'') de [[Boèce]].
 
Lors de son séjour en Germanie (997-999), à [[Magdebourg]], Gerbert a conçu une "horloge". Il pourrait s'agir d'un [[nocturlabe]]<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=183}}.</ref>. Nous en avons connaissance par la ''Chronique '' de son contemporain [[Dithmar]]: {{Citation|L'ancien archevêque, qui savait parfaitement observer le cours des astres et dépassait tous ses contemporains par sa connaissance des disciplines les plus diverses, (...) fabriqua une horloge qu'il régla sur le cours de l'étoile qu'on appelle "l'étoile des naviagateurs" et qu'il put observer, à l'étonnement de tous, grâce à une longue-vue.}}<ref>Cité dans {{harvsp|Riché|1987|p=183}}.</ref>
 
Gerbert calcule l'aire des figures régulières (cercle, hexagone, octogone inscrit et conscrit…) ainsi que le volume de la sphère, du prisme, du cylindre, du cône et de la pyramide ; il utilise aussi un instrument de mesure de son invention et qui a conservé son nom, le bâton de Gerbert, pour trouver la hauteur d'un arbre, d'une tour, d'une colonne, par l'ombre que ces objets projettent, ou bien utilise une autre technique, comme celle de leur image réfléchie dans l'eau ou dans un miroir.
 
La musique était alors comprise comme la deuxième branche des mathématiques et Gerbert s'y intéressa de près. Il agit empiriquement en divisant les sons d'un [[monocorde]], instrument composé d'une corde de métal ou de boyau tendu sur une règle entre deux chevalets fixes. Il mesura ainsi la variété et la proportion des sons produits en établissant les divisions que nous connaissons tons, demi-tons, bémols et dièses, formant des modes musicaux<ref name="musique">{{harvsp|Riché|1987|p=51}}.</ref>. Appliquant ces principes, selon le témoignage de [[Guillaume de Malmesbury]], il construisit dans l'église de Reims un orgue hydraulique dont les sons étaient produits par l'effet de la vapeur d'eau bouillonnante dans ses cavités{{refsou|date=30 janvier 2023}}. Certains historiens modernes pensent que Gerbert a en effet construit des orgues à Reims<ref name="musique"/>.
 
== Gerbert et la légende ==
[[Fichier:Silvester II. and the Devil Cod. Pal. germ. 137 f216v.jpg|vignette|{{nobr|Sylvestre {{II}}}} et le démon : illustration datant de 1460.]]
La légende de Gerbert<ref>Jean-Patrice Boudet, ''Entre science et nigromancie : astrologie, divination et magie dans l'Occident médiéval…''. Paris, Publications de la Sorbonne, 2006, {{p.|269}}.</ref> se développe à partir du {{s-|XI|e}}. De premières affirmations légendaires apparaissent dans ''Gesta Romanae Ecclesiae contra Hildebrandum'', un violent pamphlet du cardinal Bennon d'Osnabruk, partisan d’[[Henri IV (empereur du Saint-Empire)|{{nobr|Henri {{IV}}}}]] contre la papauté dans la [[querelle des investitures]]. La version la plus détaillée apparaît ensuite au début du {{s|XII}} dans l’œuvre du moine anglais [[Guillaume de Malmesbury]], ''De rebus gestis regum Anglorum''<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=10-12}}.</ref>{{,}}<ref>Théodore-Henri Martin, « Les origines de notre système de numération », dans ''Revue archéologique'', {{XIIIe}} année.</ref>. Ces légendes associent généralement Gerbert à la magie et au diable.
 
Selon Bennon, Gerbert fut en contact avec le diable et lui demanda quand il allait mourir. Il reçut la réponse : {{"|Ce ne sera pas avant que tu aies célébré la messe à Jérusalem."}} Or (et ceci est historique) il mourut à la [[basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem]], à Rome<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=10}}.</ref>.
Au {{s|XIX}}, [[Jules Michelet]] rapporte une variante de cette légende : un astrologue avait promis que Gerbert ne mourrait qu'à Jérusalem, ce qui le poussait à prêcher la croisade<ref>Jules Michelet, ''Histoire de France'', tome 2, livre IV, {{p.|125}} (voir [https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Michelet_-_OC,_Histoire_de_France,_t._2.djvu/125 sur Wikisource]).</ref>. Michelet voit dans Gerbert l'un des deux grands mythes du savant magicien au Moyen Âge, l'autre étant [[Albert le Grand]]{{refsou|date=2 février 2023}}.
 
Guillaume de Malmesbury raconte entre autres que Gerbert alla étudier les arts magiques chez les Arabes et passa un pacte avec le diable. Plus tard, il créa une tête parlante qui répondait magiquement à ses questions par "oui" ou "non".<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=11-12}}.</ref>{{,}}<ref group="note">Sur le mythe des « têtes parlantes » au Moyen Âge, voir E.R. Truitt, Medieval Robots: Mechanism, Magic, Nature, and Art, University of Pennsylvania Press, 2015, {{p.|69}} et s.[https://books.google.fr/books?hl=fr&id=0xYICAAAQBAJ&q=Gilbert#v=onepage&q=talking%20heads&f=false].</ref>. Cette histoire est bien sûr une invention<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Arthur Dickson|titre=Valentine and Orson; a study in late medieval romance|lieu=New York|éditeur=[[Columbia University Press]]|année=1929|passage=206|lire en ligne=https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uc1.b4082826;view=1up;seq=218}}.</ref>.
 
Au moins depuis Guillaume de Malmesbury, la légende prétend que dans sa quête du savoir, il prit le chemin du monde arabo-musulman.
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Bien que cette affirmation soit souvent répétée, il n'y a aucune preuve d'un voyage au Maroc<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Justin|nom1=Marozzi|titre=Islamic Empires|sous-titre=Fifteen Cities that Define a Civilization|éditeur=Penguin UK|date=2019-08-29|pages totales=464|isbn=978-0-241-19905-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=mP-EDwAAQBAJ&pg=PP119&printsec=frontcover&dq=sylvester+ii+qarawiyyin|consulté le=2020-09-01}}.</ref>.
 
Son corps reposait en la [[basilique Saint-Jean-de-Latran]]. Selon un récit datant de la fin du {{s|XII}}, le tombeau laissait échapper des gouttes d'eau. On ajouta à cela la légende que cela annonçait qu'un pape allait mourir<ref>{{harvsp|Riché|1987|p=12-13}}.</ref>.
[[Roger Peyrefitte]], dans son roman ''Les Clés de saint Pierre'' (1953), rapporte une rumeur similaire : son tombeau faisait entendre des craquements chaque fois qu'un pape allait mourir. Quand un pontife était très malade on voyait des cardinaux rôder aux alentours{{refsou|date=6 février 2023}}.
Selon une autre variante, le tombeau ruisselait extérieurement chaque fois qu’un cardinal allait mourir, et inondait le sol d'eau lorsque c'était le tour d'un pape. Juste après la [[tentative d'assassinat de Jean-Paul II du 13 mai 1981|tentative d'assassinat de {{nobr|Jean-Paul {{II}}}} du {{date-|13 mai 1981}}]], des fidèles romains se virent rassurés sur la santé du pape quand ils constatèrent que le sarcophage ne suintait pas<ref>Marie-Hélène Parinaud, « Gerbert d'Aurillac, le pâtre devenu pape », dans ''Historia'', {{n°|806}} (février 2014), {{p.|97}}.</ref>.
 
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