« Crise du troisième siècle » : différence entre les versions

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Déjà durant les règnes de Marc Aurèle et de Commode, la « peste antonine »<ref group=N>Depuis les recherches de R. J. et M. L. Littman (1973), on considère le plus souvent qu’il s’agissait non pas d’une « peste » semblable à celle qui a sévi au Moyen Âge, mais d’une importante épidémie de variole.</ref> avait ravagé l’empire de 165 à 190. Partie d’Asie mineure, celle-ci toucha bientôt l’Égypte, dépeuplant les campagnes, la Syrie et atteignit Rome. Les travaux les plus récents estiment à entre 7 et {{nobr|10 millions}} le nombre de morts dus à cette épidémie pour une population totale de l'Empire estimée actuellement à {{nobr|64 millions}} d'habitants en 164<ref>Frier (2000) « Demography »</ref>. Une nouvelle épidémie frappa l’empire de 249 à 262, dite « peste de Cyprien » ou « peste de Saint-Cyprien », du nom de l’évêque [[Cyprien de Carthage|Cyprien]] de Carthage qui décrivit celle-ci en y voyant un châtiment de Dieu. On ignore s’il s’agit de la même sorte de peste que la précédente, le vocabulaire médical de l’époque étant limité, mais les plus récentes recherches penchent pour une maladie près de l’ébola<ref>Harper (2017) chap. 4</ref>. Au plus fort de la pandémie, les sources parlent de {{nombre|5000|morts}} par jour à Rome seulement. La population d’Alexandrie aurait été réduite de {{formatnum:500000}} à {{formatnum:190000}} soit en raison de la seule mortalité, soit que s’y ajoutait le nombre de personnes qui fuyaient les villes pour échapper à la maladie<ref>Harper (2015) {{pp.|140-141}}</ref>. De plus, conséquence du délaissement des terres, la malaria se répand dans certaines régions des Balkans et de l’Italie{{sfn|Petit|1974|p=2216}}.{{,}}<ref>Pour un résumé de la question, voir Le Glay (2005) {{pp.|306-308}}</ref>.
 
À ceci s’ajoutaient des phénomènes purement naturels. Fréquents en Asie mineure, des tremblements de terre ravagèrent l’empire notamment en 262 sous Gallien. De plus, il semble que des changements climatiques importants produisirent des étés plus chauds et secs, réduisant la production agricole et augmentant probablement la pression des barbares aux frontières, ceux-ci cherchant à quitter leur habitat traditionnel pour aller s’installer dans des régions plus productives de la Méditerranée<ref>Light (2011)</ref>.
 
Enfin, la généralisation de la fiscalité en nature fait en sorte que dans les campagnes, bêtes de somme, infrastructure et matériel de transport sont de plus en plus utilisés pour pourvoir aux besoins de l’armée<ref>Grant (1976) {{pp.|40-41}}</ref>. Les transports civils entre villes et campagnes sont perturbés ; faute d’approvisionnement, les villes connaissent disette et famine ; l’activité artisanale et commerciale s’amenuise. Les dangers associés aux invasions font que les transports entre grandes villes deviennent moins fréquents en raison du brigandage sur terre et de la piraterie sur mer. L’appauvrissement économique des villes entraineraentraînera, on le verra, le déclin de leur autonomie politique{{sfn|Rémondon|1970|p=110}} {{,}}<ref>Le Glay (2005) {{pp.|420-421}}</ref>.
 
==== Politiques fiscale et monétaire ====