« Weltanschauung » : différence entre les versions
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Dans la ''[[Critique de la faculté de juger]]'' {{nobr|§ 26}}, Kant définit la notion de ''{{Langue|de|Weltanschauung}}'' comme {{citation|l'intuition d'un tout, ouvrant sur une idée du monde à laquelle ne correspond aucune connaissance théorique{{sfn|Guillaume Fagniez|2017|id=beiträge|p=95}}}}.
Selon [[Éric Weil]], la ''[[Critique de la raison pure]]'' opposait déjà l'« [[Intuition (phénoménologie)#L'intuition chez Kant|intuition]] »
=== Depuis le romantisme ===
C'est depuis le [[Philosophie romantique|romantisme]] que la
=== Au {{s-|XX}} ===
Le titre allemand de nombreux ouvrages du {{s-|XX}} inclut le mot {{citation étrangère|langue=de|Weltanschauung}}, comme ''{{langue|de|Die Typen der Weltanschauung}}'', de [[Wilhelm Dilthey]] (1911), et ''{{Langue|de|Psychologie der Weltanschauungen}}'' de [[Karl Jaspers]] (1919). {{citation|La question fut alors posée de savoir si la philosophie en général pouvait être considérée comme une conception du monde, et à l'inverse si toute conception du monde était l'équivalent d'une philosophie}}<ref name="A"/>
Le concept joue un rôle important {{citation |dans l'auto-définition de la philosophie en Allemagne dans les trente premières années du {{s-|XX}}}}<ref name="A">{{harvsp|Blay|2013|texte=article Weltanschauung ''Dictionnaire des concepts philosophiques''|p=841}}</ref>
En [[psychologie analytique]], le psychiatre suisse [[Carl Gustav Jung]] consacre en 1931 tout un essai à cette notion.
{{citation bloc|Le mot allemand ''{{Langue|de|Weltanschauung}}'' n'est guère traduisible en une autre langue […] : il désigne non seulement une conception du monde
Toute conscience supérieure conditionne la ''{{Langue|de|Weltanschauung}}''. Toute conscience de raisons et d'intentions est déjà ''{{Langue|de|Weltanschauung}}'' en germe. Tout accroissement de connaissance et d'expérience est un pas de plus vers son développement. Et en même temps qu'il crée une image du monde, l'homme qui pense se transforme lui-même.
Avoir une ''{{Langue|de|Weltanschauung}}'', c'est (en effet) se former (simultanément) une image du monde ''et'' de soi-même, savoir ce qu'est le monde ''et'' savoir ce que l'on est. […] Cette meilleure connaissance possible exige du savoir et a horreur des présuppositions gratuites, des affirmations arbitraires, des opinions d'autorité. Elle cherche au contraire des [[hypothèse]]s solidement fondées, sans oublier jamais que tout savoir est borné et sujet à l'erreur. […] Toute ''{{Langue|de|Weltanschauung}}'' a une singulière tendance à se considérer comme la vérité dernière sur l'univers, alors qu'elle n'est qu'un nom que nous donnons aux choses. […] Une ''{{Langue|de|Weltanschauung}}'', c'est une hypothèse et non un article de foi.|référence=<ref>[[Carl Gustav Jung]], ''Seelenprobleme der Gegenwart'', Rascher, Zurich, 1931.<br>Cité dans « Psychologie analytique et conception du monde, in ''Problèmes de l'Âme moderne'', Buchet Chastel, 1976,
Le philosophe français [[Guy Debord]] utilise cette notion en 1967 dans ''[[La Société du spectacle (livre)|La Société du spectacle]]'' :
{{citation bloc|Le spectacle ne peut être compris comme l'abus d'un monde de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une {{Langue|de|Weltanschauung}} devenue effective, matériellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objectivée<ref>{{Ouvrage|prénom1=Guy|nom1=Debord|lien auteur1=Guy Debord|titre=[[La Société du spectacle (livre)|La Société du spectacle]]|éditeur=[[Éditions == Critique et limites ==
=== Critique hégélienne ===
{{référence souhaitée|[[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] donne l'une des critiques les plus précises de la ''{{Langue|de|Weltanschauung}}''. Il opposait à sa propre époque un « absolu », absolu qui lui a permis de critiquer son temps, d'en découvrir les modalités et même de prétendre en décrire un avenir : c'est l'absolu en soi, où la pensée en est à un tel état d'elle-même qu'elle en devient dynamique, qu'elle trouve sa réalisation dans le monde qu'elle crée quand elle le pense}}.
=== Critique matérialiste ===
La critique de [[Karl Marx]] en vient à {{citation|remettre le monde [et son mode d'approche par la pensée : la dialectique historique] sur ses pieds}}, c’est-à-dire à renverser la dialectique hégélienne de manière à faire de l'humain, non plus le réalisateur de la pensée pour la pensée, mais le réalisateur du monde pour l'être humain, de l'être humain pour l'être humain. {{Citation|La critique a effeuillé les fleurs imaginaires qui couvraient la chaîne, non pas pour que l'homme porte la chaîne prosaïque et désolante, mais pour qu'il secoue la chaîne et cueille la fleur vivante. La critique de la religion désillusionne l'homme, pour qu'il pense, agisse, forme sa réalité comme un homme désillusionné, devenu raisonnable, pour qu'il se meuve autour de lui et par suite autour de son véritable soleil. La religion n'est que le soleil illusoire qui se meut autour de l'homme, tant qu'il ne se meut pas autour de lui-même}}<ref>{{lien web|auteur=Karl Marx|année=1843|url=http://www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430000.htm|titre=Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel, Introduction}}.</ref>
=== Débat entre Dilthey et Husserl ===
Guillaume Fagniez évoque le débat entre [[Wilhelm Dilthey]] et [[Edmund Husserl]] en 1911, qui aurait marqué le point culminant de l'omniprésence de la Weltanschauung. Husserl rejetait la prétention de la {{Langue|de|Weltanschauung}}, {{citation|cette fille du scepticisme historique,}} à se définir comme philosophie, affirmant {{citation|elle n'est pas en mesure (…) de satisfaire à l'exigence de validité absolue et intemporelle de la science philosophique}}{{sfn|Guillaume Fagniez|2017|id=beiträge|p=88
=== Critique heideggerienne ===
{{Article détaillé|L'Époque des conceptions du monde}}
[[Martin Heidegger]] dans un texte intitulé {{citation étrangère|langue=de|Die Zeit des Weltbildes}} ({{citation|[[L'Époque des conceptions du monde]]}}), récuse la philosophie des ''[[Lexique de Martin Heidegger#Weltanschauung|{{Langue|de|Weltanschauungen}}]]'' qui, à la manière de [[Karl Jaspers]], se contentent d'établir superficiellement une typologie des attitudes, ne permettant en aucun cas d'en comprendre, selon [[Jean Greisch]], le sens{{sfn|Greisch|1994|p=20}}. Pour Heidegger, {{citation|la {{Langue|de|Weltanschauung}} est en elle-même, interruption, conclusion, fin de système, elle est étrangère à la philosophie qui en tant qu'elle est immersion absolue dans la vie comme telle ne trouve jamais de conclusion}}{{sfn|Guillaume Fagniez|2017|id=beitrage|p=89-90
=== Critique freudienne ===
{{Article détaillé|Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse#La trente-cinquième conférence : « Sur une ''Weltanschauung'' »}}
Dans la trente-cinquième et dernière de ses ''[[Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse]]'', « Sur une ''{{lang|de|Weltanschauung}}'' » (1933), [[Sigmund Freud]] définit de son côté la
==
=== Notes ===▼
{{Références|groupe=N}}▼
{{Références}}
▲== Notes ==
▲{{Références|groupe=N}}
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
* {{Article |auteur1=Sol Aparicio |titre=Notes en marge de « Sur une {{lang|de|Weltanschauung}} » |périodique=Champ lacanien |numéro=9 |année=2011/1 |passage=121-129 |url=https://www.cairn.info/revue-champ-lacanien-2011-1-page-121.htm |doi=10.3917/chla.009.0121 |libellé=Aparicio 2011}}, sur [[Cairn.info]]. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Michel Blay]]|titre=Dictionnaire des concepts philosophiques|lieu=Paris|éditeur=Larousse|année=2013|pages totales=880|isbn=978-2-03-585007-2}}.
* {{chapitre|titre chapitre=XXXV{{e}} Leçon. D'une vision du monde (''{{lang|de|Über eine Weltanschauung}}'', 1933)|prénom1=Sigmund |nom1=Freud|lien auteur1=Sigmund Freud |titre ouvrage=[[Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse|Nouvelle suite des leçons d'introduction à la psychanalyse]] |traducteur= [[Janine
* {{chapitre |auteur1=Philippe Fritsch |titre chapitre=Vision du monde (''Weltanschauung'') |titre ouvrage=Dictionnaire du monde germanique|auteurs ouvrage=Élisabeth Décultot, [[Michel Espagne]], [[Jacques Le Rider]] (dir.)|éditeur=Bayard|année=2007|passage=1185-1186|isbn=978 2 227 47652 3|libellé=Fritsch 2007 |plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean Greisch]]|titre=Ontologie et temporalité|sous-titre=Esquisse systématique d'une interprétation intégrale de {{lang|de|Sein und Zeit}} |lieu=Pari|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=1994|numéro d'édition=1|pages totales=522|isbn=2-13-046427-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=collectif|directeur1=[[Alexander Schnell]]|titre=Lire les {{lang|de|Beiträge zur Philosophie}} de Martin Heidegger|lieu=Paris|éditeur=[[Hermann (éditions)|Hermann]]|année=2017|pages totales=356|isbn=978-2-7056-9346-6|id=beiträge}}.
* {{chapitre|titre chapitre=L'époque des conceptions du monde|titre ouvrage=Chemins qui ne mènent nulle part|auteur=[[Martin Heidegger]]|traducteur= Wolfgang Brokmeier|collection=TEL|éditeur=Gallimard|année=1987|pages=99-146|isbn=2-07-070562-5}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Carl Gustav|nom1=Jung|lien auteur1=Carl Gustav Jung|titre=Problèmes de l'Âme moderne|éditeur=[[Buchet/Chastel|Buchet-Chastel]]|année=1996|isbn=}} (première partie, chapitre 4 : « Psychologie analytique et Weltanschaung », 1928).
=== Articles connexes ===
* [[Attitude (psychologie)]]
* [[Paradigme]]
* [[Représentation du monde]]
* ''[[L'époque des conceptions du monde]]'' ([[Martin Heidegger|Heidegger]])
* ''[[Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse#La trente-cinquième conférence :
=== Liens externes ===
{{Liens}}
{{Portail|Philosophie|Allemagne|Psychologie}}
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