« Samuel de Champlain » : différence entre les versions
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| nom = Samuel de Champlain
| image = Samchamprifle.jpg
| légende =
| fonction1 =
| à partir du fonction1 =
| jusqu'au fonction1 = 1635
| monarque 1 = [[Louis XIII]]
| prédécesseur 1 = ''Création du poste''
| successeur 1 = [[Marc
| nom de naissance =
| date de naissance =
| lieu de naissance = [[Hiers-Brouage|Brouage]] ([[Royaume de France|France]])
| date de décès = {{date de décès|25 décembre 1635}}
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| nature du décès = [[Accident vasculaire cérébral]]
| sépulture = [[Québec (ville)|Québec]]
| nationalité = <!-- [[Royaume de France|française]] La notion de nationalité est anachronique pour l'époque de Champlain -->
| père = Antoine
| mère = Marguerite Le Roy
| conjoint = [[Hélène Boullé]]
| enfants = Sans descendance
| profession = [[Navigateur (marine)|Navigateur]], [[Cartographie|cartographe]], [[soldat]], [[Exploration|explorateur]],
| religion =
| résidence = [[Habitation de Québec]]
| signature = Samuel de Champlain (signature).svg
| liste = [[Gouverneur de la Nouvelle-France|Gouverneurs généraux de la Nouvelle-France]]
| parti =
| depuis le fonction1 =
}}
'''Samuel de Champlain''', vraisemblablement né à [[Hiers-Brouage|Brouage]] ([[royaume de France]])
Après une formation de navigateur en [[Saintonge]]
Il nomme définitivement la [[Nouvelle-France]] en l'inscrivant sur la carte de 1607<ref>{{Lien web |titre=Descripsion des costs, pts., rades, illes de la Nouuele France faict selon son vray méridien : avec la déclinaison de la ment de plussieurs endrois selon que le sieur de Castes le franc le démontre en son liure de la mécométrie de l'emnt. |url=https://www.loc.gov/resource/g3321p.ct001431/ |site=Library of Congress, Washington, D.C. 20540 USA |consulté le=2022-01-18}}</ref>, représentant l'[[Acadie (Nouvelle-France)|Acadie]] à partir de [[La Hève]] jusqu'au sud du [[Cap Cod]]. Champlain enracine la première colonie française permanente, à [[Port-Royal (Acadie)|Port Royal]] d’abord, puis à [[Québec (ville)|Québec]] ensuite. À cette fin, il bénéficie du soutien du roi de France [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]], de [[Pierre Dugua de Mons]], de [[François Gravé]] et du chef [[Innus|montagnais]] [[Anadabijou]]<ref name="Champlain-Gravé">{{Harvsp|Vaugeois|2008|id=Champlain-Gravé}}</ref>{{,}}<ref name="Mathieu d'Avignon">{{Harvsp|d'Avignon|2008}}</ref>.
N'appartenant pas à la grande noblesse<ref>En Saintonge, la noblesse est très ouverte. Pour être noble,
Les difficultés rencontrées dans l'entreprise
== Biographie ==
=== Sa jeunesse ===
Samuel de Champlain est né dans une famille protestante<ref>Au-delà de la présomption provenant de son prénom, usuel dans les familles protestantes, des chercheurs ont découvert en 2012 son acte de baptême dans un temple protestant de La Rochelle. Cela explique sa grande discrétion sur ses origines car il se trouvera en compagnie de religieux catholiques dans sa carrière dans le Nouveau Monde. {{lien web|titre=Samuel de Champlain serait né protestant|url=https://www.lesoleil.com/2012/04/17/samuel-dechamplain-serait-ne-protestant-13d4e93c98d07c4be0103b9af64ef0f7/|site=le site du journal Le Soleil|date=17 avril 2012|consulté le=4 juillet 2023}}</ref>. Son enfance est inconnue<ref>Champlain demeure silencieux sur ses origines familiales. Éric Thierry émet une hypothèse sur ses origines.
Thierry, Éric. 2018. Le mystère des origines de Samuel de Champlain, Cap-Aux-Diamants, no. 134, 4-7.</ref>, mais il en tire une bonne formation de navigateur et de cartographe dans l'armée royale de Bretagne, ainsi que de dessinateur et de rédacteur de textes. Il écrit plus tard de nombreux ouvrages (voir [[#Œuvres|Œuvres]]). Il dit lui-même {{citation|qu'il s'affectionne dès le bas âge à l'art de la navigation et l'amour de l'océan<ref name="Daveluy 214">{{Harv|Daveluy|1945|loc=p.214}}</ref>}}. Un document de 1601 indique un lien familial avec [[Guillaume Allène]], son oncle lorsqu'il hérite de son domaine viticole, domaine situé à [[La Jarne]], près de La Rochelle<ref>Thierry, Éric, Samuel de Champlain : Espion en Amérique 1598-1603, Québec, Septentrion, 2013,p.34</ref>. Guillaume Allène est allé vivre à [[Hiers-Brouage|Brouage]] en 1583 lorsqu'il avait épousé l'une des sœurs de la mère Champlain. Robert Le Blant a retrouvé dans les archives de l'Ille-et-Vilaine, la première mention de Samuel de Champlain. C'est un relevé de paie dans l'armée royale de Bretagne daté du mois de mars 1595<ref>Le Blant, Robert et René Beaudry'', Nouveaux Documents sur Champlain et son époque'' (vol. 1, 1560-1622). Publication des Archives publiques du Canada, no 15. Ottawa, 1967, p. 9</ref>.
=== Dans l'armée du roi, en Bretagne ({{Date-|1595}} - {{Date-|1598}}) ===
[[File:Horribles cruautés Des Huguenots en France, Cléry et Pat.png|vignette|upright|gauche|« Horribles cruautés Des Huguenots en France. » Les guerres de religion déchirent l'Europe.]]
Champlain prend part aux [[Guerres de Religion (France)|guerres de religion]], qui ont ravagé le [[royaume de France]] dans la seconde moitié du {{s-|XVI}} et où se sont opposés [[catholicisme|catholiques]] et [[protestantisme|protestants]], appelés aussi [[Huguenot]]s. [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] luttait contre les catholiques de la [[Ligue catholique (France)|Ligue]], mais en 1593 Henri abjure sa foi protestante et il est sacré roi en {{date-|février 1594}}.
Samuel Champlain s'engage au printemps 1593 dans l'armée du roi, sous la direction des maréchaux [[Jean VI d'Aumont|d'Aumont]], [[François d'Espinay de Saint-Luc|de Saint-Luc]], puis [[Charles II de Cossé|de Brissac]]<ref name="maréchaux" group="note">Maréchaux successifs, commandants à Blavet :
* 1595 : [[Jean VI d'Aumont|Jean d'Aumont]], né en 1522 et créé « maréchal » en 1579 par le [[Henri IV (roi de France)|roi Henri]]; mort des suites d'une [[mousquet]]ade le {{date-|19 août 1595}}.
* 1596-1597 : [[François d'Espinay de Saint-Luc]], né en 1554, baron de Crèvecœur, d'Arvert et de Gaillefontaine, gouverneur de Brouage, beau-frère du maréchal d'Aumont, à qui il succède en Bretagne, nommé en [[1596]] « grand-maître de l'artillerie de France »; mort d'un boulet de canon le {{date-|8 septembre 1597}}.
* 1597-1598 : [[Charles II de Cossé|Charles de Cossé]][[Maison de Cossé-Brissac|-Brissac]] (1562-1621), second du nom, « maréchal de France », auquel [[Louis XIII]] donne le titre de « duc de Brissac » (premier de ce titre) en 1612 et qu'il déclare [[Pairie de France (Ancien Régime)|pair de France]] en 1620.</ref>, à [[Port-Louis (Morbihan)|Blavet]], dans le sud du [[Duché de Bretagne]]. Champlain intègre alors le Service des Logis de l'armée royale de [[Bretagne]], véritable école de cartographie<ref>Thierry, Éric, Samuel de Champlain: Espion en Amérique 1598-1603, Québec, Septentrion, 2013, p.15</ref>. Cette armée levée par [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] vise à soumettre le [[Philippe-Emmanuel de Lorraine|duc de Mercœur]], gouverneur [[Sécession (politique)|sécessionniste]] de [[Bretagne (région administrative)|Bretagne]] et [[baillistre]] de la maison de [[Penthièvre]]. Il s'agit d'un épisode central de la [[huitième guerre de religion]] (1585–1598), au cours duquel le [[Philippe-Emmanuel de Lorraine|duc de Mercœur]], dans le souci d'arracher la [[Bretagne#Religion|Bretagne catholique]] au {{citation|roi hérétique}}, offre refuge aux dernières troupes rebelles de la [[Ligue catholique (France)|ligue catholique]] et organise le [[Juan d'Aguila#Expédition en Bretagne|débarquement d'un corps expéditionnaire espagnol]].
{{début citation}}
''[[La Rochelle]] étant le centre du parti [[huguenot]], les ligueurs ne tardèrent pas à y porter leurs armes, et nous avons vu que, dès 1577, ils vinrent mettre le siège devant Brouage, sous la conduite du [[Charles de Mayenne|duc de Mayenne]]. Champlain nous dit qu'il «était employé en l'armée du roi sous messieurs le maréchal d'Aumont, de Saint-Luc, et maréchal de Brissac, en qualité de [[Sergent|maréchal des logis]] de la dite armée durant quelques années». [...] Mais, en 1586, alors que [[François d'Espinay de Saint-Luc|François d'Epinay de Saint-Luc]] défendait Brouage attaquée par [[Henri IV (roi de France)|Henri de Navarre]] et le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé]], il est assez probable que Champlain avait déjà quitté le foyer paternel pour défendre sa ville natale contre les envahisseurs huguenots. Il pouvait avoir alors vingt ans. Après la mort de [[Henri III (roi de France)|Henri III]], tombé sous le poignard d'un [[Jacques Clément|assassin]], les ligueurs se soumirent les uns après les autres à l'autorité du [[Henri IV (roi de France)|roi de Navarre]], devenu roi de France. Champlain continua à porter les armes, mais il dut subir l'autorité de ses chefs, devenus les ardents défenseurs de leur ancien adversaire<ref>{{Harv|Dionne|1891}}</ref>.''{{fin citation}}
En {{date-|avril 1598}}, Henri IV signe l’[[édit de Nantes]], reconnaissant aux protestants la liberté de conscience. Samuel Champlain aura servi dans ce corps d'armée pendant trois ans, jusqu'à la [[Paix de Vervins]] ({{Date-|2 mai 1598}}). Il s'y taille une bonne réputation auprès de ses supérieurs hiérarchiques. D'abord [[fourrier]], « aide » de Jean Hardy (qui est le [[Sergent|maréchal des logis]]), puis « enseigne » du sieur de Millaubourg, il finit par obtenir le grade de [[maréchal des logis]]<ref name="maréchal" group="note">Dans le contexte, son titre de [[maréchal des logis]] désigne alors probablement un [[hallebardier]] responsable des écuries : un « maréchal des logis de cavalerie », qui commande aux [[fourrier]]s. Au siècle suivant, la première parution (1694) du [[Dictionnaire de l'Académie française]] [http://www.lib.uchicago.edu/efts/ARTFL/projects/dicos/ indique que] : « Mareschal des Logis'', Est celuy qui fait le departement [=la distribution, l'assignation, la répartition] des logis de ceux qui suivent la Cour ou des troupes de l'armée. ''Grand Mareschal des logis chez le Roy. Mareschal des logis par quartier. premier Mareschal des logis chez la Reine, chez les fils de France. Mareschal des logis General d'une armée. Mareschal des logis de cavalerie. Mareschal des logis d'une Compagnie de cavalerie. »</ref>. D'ailleurs, il recevra du roi dès 1603 une rente viagère, qui en 1618 sera augmentée à {{nombre|600 livres}} par an<ref group="coll" name="chronologie">{{Harv|Litalien|Vaugeois|2004|id=chrono}}</ref>{{,}}<ref name="p.86" group="coll">Gagnon, ''ibid.'' {{p.|86}}</ref>{{,}}<ref name="armes" group="note">À l'époque, les mers sont infestées de [[piraterie|pirates]] et le roi de France n'a pas encore de marine de guerre. La connaissance pratique du maniement des armes est donc essentielle à tout bon navigateur français : il doit armer ses vaisseaux et assurer sa propre défense sur mer. Et, celui qui sert quelques années dans l'armée du roi, peut ensuite espérer du roi le privilège de recevoir une rente viagère, si infime soit-elle.</ref>.
=== De Cadix à Panama ({{Date-|1599}} - {{Date-|1601}}) ===
En {{date-|juillet 1598}}, [[Guillaume Allène]], dit le « capitaine provençal » et oncle maternel par alliance de Champlain, transporte en Espagne les troupes qui étaient cantonnées à [[Blavet (Bretagne)|Blavet]] (Port-Louis) en Bretagne. Champlain accompagne son oncle à [[Cadix]] à bord du ''Saint-Julien'', et il est chargé de la sécurité du navire.
Sur ordre de Philippe II d'Espagne, le Saint-Julien appareille pour un voyage aux «Indes occidentales». Le {{date-|13 septembre 1598}}, Philippe II d’Espagne meurt et son fils Philippe III prend la succession du trône. Sans son oncle, Champlain s’embarque pour cette expédition de deux ans et demi à la [[Antilles|mer des Antilles]] et dans le [[Golfe du Mexique]]. Ses observations sont notées dans un manuscrit accompagné de dessins sous le nom de {{citation étrangère|langue=fr1835|Brief Discours}}.
Informé ou conseillé par des Espagnols, Champlain se serait rendu en exploration jusqu'à [[Mexico]], et jusqu'à ce qui est aujourd'hui le [[Panama]], dont il aurait su l'étroitesse de l'[[Isthme de Panama|isthme]] et la pertinence d'y construire un jour un [[Canal de Panama|canal offrant un passage à l'autre océan]]<ref>{{Harvsp|Daveluy|1945|loc=p.215}}</ref>. « Si quatre lieues de terre étaient coupées […] on raccourcirait le chemin de plus de 1500 lieues. Et depuis [[Panama]] jusqu’au [[détroit de Magellan]], ce serait une île, et de Panama jusqu’aux [[Terre-Neuve (Nouvelle-France)|Terres neuves]] une autre île, de sorte que toute l’Amérique serait en deux îles<ref name="Tome I" group="Laverdière"/>. »
Ce voyage fut très formateur : «Son traité sur la navigation publié en [[1632]], le {{citation étrangère|langue=fr1835|Traitté de la marine}}<ref>{{Harvsp|Samuel de Champlain|1632}}</ref>, souligne également un apprentissage par observation de la pratique plutôt qu'académique. Il montre peu de connaissances des principes mathématiques de la navigation et de topométrie, mais il utilise les procédures élémentaires de navigation et d'arpentage. Comme il ne cite que des textes espagnols et n'utilise que la [[Lieue|lieue marine espagnole]], c'est probablement à bord du vaisseau de son oncle qu'il accumula ses connaissances en navigation et cartographie<ref name="Heidenreich">{{Harvsp|Heidenreich|2007}}</ref>.»
À son retour en France, il présente ses observations compilées dans le {{citation étrangère|langue=fr1835|Brief Discours}} à la cour du roi.
==== Analyse des mœurs des « Indiens » et du traitement qu'ils subissent ====
Le récit de Champlain est non seulement géographique, mais il couvre aussi la flore, la faune et l'ethnologie. Vers 1600, les Espagnols et Portugais dominent l’Amérique du Sud avec une population de {{nombre|160000|habitants}} pour environ cinq millions d’« [[Peuple autochtone|Indiens]] ». Il décrit ainsi les mœurs des « Indiens » :
[[File:Champlain Indes Occidentales planche LIX - Récit des Indiens.jpg|vignette|upright|droite|Champlain décrit les mœurs des « Indiens ». Il illustre ici l'invocation de la Lune.]]{{Citation bloc|Après avoir chanté et dansé, ils se mettent le visage en terre, et tous ensemble ils commencent à crier et pleurer en disant : O puissante et claire lune, fait que nous puissions vaincre nos ennemis, que puissions les manger, à celle fin que ne tombions entre leurs mains.|Champlain (français modernisé)}}
Il dénonce aussi les mauvais traitements infligés par les Espagnols.
[[File:Champlain Indes Occidentales planche LX - Récit des Indiens.jpg|vignette|upright|droite| Champlain ressent de la pitié pour les «Indiens» châtiés cruellement par le feu durant l'Inquisition espagnole.]]{{Citation bloc |Quant aux autres Indiens qui sont sous la domination du Roi d'Espagne, s'il n'y donnait ordre, ils seraient en aussi barbare croyance comme les autres. Au commencement de ses conquêtes, il avait établi l'inquisition entre eux, et les rendait esclaves ou faisait cruellement mourir en si grand nombre, que le récit seulement en fait pitié. Ce mauvais traitement était cause que les pauvres Indiens, pour l'appréhension de celui-ci, s'enfuyaient aux montagnes comme désespérés, et d'autant d’Espagnols qu'ils attrapaient, ils les mangeaient ; et pour cette occasion les dits Espagnols furent contraints leur ôter la dite inquisition, et leur donner liberté de leur personne, leur donnant une règle de vivre plus douce et tolérable, pour les faire venir à la connaissance de Dieu et la croyance de la sainte Église : car s'ils les voulaient encor châtier selon la rigueur de la dite inquisition, ils les feraient tous mourir par le feu.|Champlain (français modernisé) }}
[[File:Champlain Indes Occidentales planche LXI - Récit des Indiens.jpg|vignette|droite|upright| Champlain illustre la bastonnade des « Indiens » qui ne se présentent pas au service divin.]]{{Citation bloc|L'ordre dont ils usent maintenant est qu'en chaque maison qui sont comme villages, il y a un prêtre qui les instruit ordinairement, ayant le prêtre un [[Registre administratif|registre]] de noms et surnoms de tous les Indiens qui habitent au village sous sa charge. Il y a aussi un Indien qui est comme procureur du village, qui a un autre pareil [[Registre administratif|registre]], et le dimanche, quand le prêtre veut dire la messe, tous les dits Indiens sont tenus se présenter pour l'entendre, et avant que le prêtre la commence, il prend son registre, et les appelle tous par leur nom et surnom, et si quelqu'un fait défaut, il est marqué sur le dit registre; puis la messe dite, le prêtre donne charge à l'Indien qui sert de procureur de s'informer particulièrement où sont les défaillants, et qui les fasse réunir à l'église, où étant devant le dit prêtre, il leur demande l'occasion pour lequel ils ne sont pas venus au service divin, dont ils allèguent quelques excuses s'ils peuvent en trouver, et si elles ne sont trouvées véritables ou raisonnables, le dit prêtre commande au dit procureur Indien qui ait à donner hors l’église, devant tout le peuple, trente ou quarante coups de bâton aux défaillants. Voila l'ordre que l'on tient à les maintenir en la religion, en laquelle ils vivent partie pour crainte d'être battus : il est bien vrai que s'ils ont quelque juste occasion qui les empêche de venir à la messe, ils sont excusés.|Champlain (français modernisé)}}
[[File:Pescherie de perles 02916001.jpg|vignette|centre|Pêcherie de perles, île Margarita. Champlain observe l'exploitation des esclaves amérindiens et africains, contraints par la force à plonger.]]
=== Retour en France et obtention de la protection du roi ===
En {{date |juin 1601-}}-{{date |juillet 1601}}, son oncle [[Guillaume Allène]] décède, et lui lègue ses biens par testament. Parmi ces biens, Champlain donnera le 9 décembre 1625, son domaine viticole situé à [[La Jarne]], à son ami intime, le cartographe [[Charles Leber du Carlo]]<ref>Archives nationales de France - Châtelet de Paris. Y//163-Y//167. [https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_005814&udId=d_3_611&details=true&gotoArchivesNums=false&auSeinIR=true&fullText=Samuel%20de%20Champlain&optionFullText=ET Insinuations (28 juin 1622 - 11 mars 1628)]</ref>. Samuel Champlain est de retour en France. Il retourne à Brouage où il rencontre un ancien compagnon de l'armée de Bretagne, René Rivery de Potonville. Ce dernier est membre de l'ordre de Malte et il connait bien un autre membre, Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe. René de Rivery suggère à Champlain de le rencontrer et de lui remettre un copie du manuscrit « Brief Discours »<ref>{{ouvrage |auteur1=Éric Thierry |auteur2=Samuel de Champlain |titre=Espion en Amérique |isbn=9782894487495 |éditeur=Septentrion |collection=V |année=2013 |passage=34 |présentation en ligne=https://www.septentrion.qc.ca/catalogue/espion-en-amerique}}.</ref>.
Dès l'automne 1601, Aymar de Chaste présente le manuscrit du « Brief Discours » de Champlain au Roi. Ce dernier est fort impressionné et Champlain est invité à la Cour et le roi lui verse une pension<ref>Cette pension débute en 1602. Éric Thierry, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 2, Québec, Septentrion, 2019, p. 639</ref>. Champlain obtient la protection du [[Henri IV (roi de France)|roi]], mais il ne porte pas de titre officiel.
[[Marc Lescarbot|Lescarbot]], dans un sonnet de 1607, le saluera comme « géographe royal ». Marcel Trudel écrit : {{citation|Nulle part Champlain ne porte ce titre et personne d’autre que Lescarbot ne le lui donne ; rien n’établit que Champlain, tout en agissant en géographe, ait occupé le poste officiel de géographe du roi<ref group="Trudel" name="Trudel-DBC" />.}}
=== {{1er}} voyage au Canada, sur le fleuve Saint-Laurent ({{Date-|1603}}) ===
Son premier voyage vers l'[[Amérique du Nord]] commence en {{date-|mars 1603}}, sous mandat d'[[Aymar de Chaste]], gouverneur de [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]] et alors titulaire du monopole commercial de la [[Nouvelle-France]]. [[François Gravé]] (dit ''Sieur du Pont'' ou ''Pont-Gravé, Gravé-Dupont, le Pont''), marchand et navigateur, était chef d'une expédition de [[traite des fourrures]] au [[Canada (Nouvelle-France)|Canada]]<ref>{{Harvsp|Glénisson|2003}}</ref> parmi laquelle embarquent : deux « sauvages » que Pont-Gravé avait amenés lors d'un précédent voyage ; [[Pierre Chauvin de La Pierre]], parent de feu [[Pierre de Chauvin|Pierre de Chauvin de Tonnetuit]] ; et Samuel Champlain, qui était inconnu jusque-là. [[François Gravé]] est un explorateur expérimenté de ces régions, et chaque été depuis peut-être 20 ans<ref name="Champlain-Gravé"/>, il remonte le [[fleuve Saint-Laurent]] ''en barque''<ref name="barque" group="note">Avant 1633, les navires français de plus de 100 à 300 tonneaux restent ancrés au large dans la baie du ''Moulin-Baude'', à une lieue à l'est (environ {{unité|5|kilomètres}} en aval) de [[Tadoussac]]. Des barques ou autres petits bateaux servent à naviguer sur le fleuve, en amont jusqu'à [[Québec (ville)|Québec]] ou jusqu'au [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]]. En [[1633]], pour terminer son ultime traversée, Champlain, sûr de lui, se rend jusqu'à Québec avec ses navires, pour la première fois et sans encombre.</ref>{{,}}<ref>Moulin-Baude, dans [http://www.odyssee.csestuaire.qc.ca/Cartographie/Tadoussac/body_tadoussac.html l'historique de Tadoussac]</ref> jusqu'aux [[Trois-Rivières]].
==== Samuel Champlain, observateur ====
« Il s'embarque, non à titre de lieutenant ainsi qu'on l'a déjà écrit, mais en simple observateur comme l'était de Monts en 1600. Selon sa propre déclaration, il avait été invité par [[Aymar de Chaste]] à {{citation|voir ce pays, & ce que les entrepreneurs y feraient }} ; [[Aymar de Chaste|de Chaste]] obtint pour Champlain la permission nécessaire, et [[François Gravé|Pont-Gravé]] reçut l'ordre de le {{citation|recevoir en son vaisseau et de lui faire voir et reconnaître tout ce qui se pourrait en ces lieux<ref>{{Harvsp|Trudel|1962}}{{citation étrangère|langue=fr1835|faire voir & recognoistre tout ce qui se pourroit en ces lieux}}</ref>.}} Recommandé par De Chaste auprès de François Gravé, et désireux de se faire valoir auprès d'Henri IV, Champlain promet au roi de lui faire un rapport détaillé de cette expédition. [[Aymar de Chaste]] ne recevra jamais de compte-rendu car il mourra durant l'expédition.
Le {{date-|15 mars 1603}}, Champlain quitte [[Honfleur]] (en [[Normandie]]), à bord de ''La Bonne Renommée''. ''La Françoise'' et un autre navire font aussi partie de la flotte.
==== À Tadoussac et La Grande Alliance ====
[[Fichier:Champlain trading with the indians 1603.jpg|vignette|gauche|Champlain qui échange avec les Indiens, par C. W. Jefferys.]]
Le {{date-|24 mai 1603}}, la flotte s'ancre à Tadoussac pour la traite des fourrures. Le {{date-|27 mai 1603}}, Champlain et [[François Gravé]] traversent en barque l'embouchure du [[Rivière Saguenay|Saguenay]], et descendent à la [[Baie-Sainte-Catherine|Pointe-aux-Alouette]]s<ref>[http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=19 Pointe-aux-Alouettes (à Baie-Sainte-Catherine)]</ref>.
{{article détaillé|Grande Alliance (traité)}}
Ils rendent ainsi visite au chef [[Innus|montagnais]] [[Anadabijou]], qui campe aux environs. Ce dernier les accueille au milieu d'une centaine de guerriers fêtant leur victoire lors d'une [[Tabagie (festin)|« tabagie »]], c'est-à-dire un grand festin. Un conseil se réunit, et l'un des leurs, qui revient de France, parle amplement du pays qu'il a visité, et raconte l'entrevue qu'il a eue avec Henri IV. Il explique ainsi que le roi des Français leur veut du bien et désire peupler leur terre. Champlain et [[François Gravé|Gravé]] participent au rituel du [[Calumet|calumet de paix]], et aspirent de grandes bouffées de fumée de [[tabac]]. Cette première entente marque toute la politique indienne française du siècle suivant, et notamment la participation des Français aux guerres contre les [[Iroquois]], alors ennemis des [[Innus|Montagnais]] et des autres nations fréquentant le fleuve. Champlain observe et décrit cette [[Tabagie (festin)|tabagie]] ainsi que les mœurs et croyances de ses hôtes. Il tente de leur inculquer des rudiments des principes chrétiens.
Le {{date-|9 juin}}, des délégations des peuples indiens [[Algonquins]] et des [[Malécites]] (Etchemins, nations alliées des [[Innus|montagnais]]) rencontrent à leur tour Champlain et Gravé Du Pont à [[Tadoussac]], face à la Pointe Saint-Mathieu, lors de cérémonies présidées par le chef algonquin [[Tessouat]].
Le {{date-|11 juin 1603-}}, Champlain remonte le [[Rivière Saguenay|Saguenay]] sur {{nombre|12 ou 15| [[lieue]]s}}. Puis, les Français quittent les lieux le {{date-|18 juin 1603}}, et remontent le [[fleuve Saint-Laurent]].
==== Sur les traces de Jacques Cartier afin de cartographier le Saint-Laurent ====
L'expédition à laquelle participe Champlain suit les traces de [[Jacques Cartier]]. Ils souhaitent rejoindre le lieu que Champlain désigne comme le « [[Rapides de Lachine|Grand Sault saint Louis]] »<ref name="Sault" group="note">Un « sault » désigne un rapide, une cascade, une chute d'eau : une « rupture de pente d'un cours d'eau »</ref>, que Jacques Cartier appelait ''Ochelaga'' et qu'il n'avait pas réussi à franchir (le {{date-|2 octobre 1535}})<ref name="p.670" group="Laverdière">''op. cit.'', {{p.|670}}</ref>. Champlain décrit des courants puissants qui rendent difficile la navigation de leurs canots<ref name="p.103" group="Laverdière">''ibid.'', {{p.|103}}</ref>, et les oblige à terminer leur parcours par voie de terre<ref name="p.104" group="Laverdière">''ibid.'', {{p.|104}}</ref>. Trop pressé d'atteindre ce « grand sault », qu'il espère franchir, Champlain remarque à peine les deux endroits stratégiques où plus tard il établira des postes de traite et de colonisation : [[Québec (ville)|Québec]] et [[Trois-Rivières]].
Champlain n'a pas d'autre assignation officielle pour ce voyage que d'esquisser avec une grande précision une carte de « [[fleuve Saint-Laurent|la Grande Rivière de Canadas]] », de son embouchure jusqu'au « Grand Sault Saint-Louis ».
À partir du {{date-|18 juin 1603-}}, il explore [[Fleuve Saint-Laurent|le fleuve]] avec [[François Gravé]]: ils nomment des lieux et remontent la [[Rivière Richelieu|{{citation étrangère|langue=fr1835|rivière des Yroquois}}]] jusqu’aux rapides de [[Saint-Ours (Québec)|Saint-Ours]] et, le {{date-|3 juillet 1603-}}, font demi-tour devant le {{citation étrangère|langue=fr1835|Sault Saint-Louis}} (rapides de Lachine). Ils ont terminé l'exploration de la grande rivière de Canada le {{date-|11 juillet 1603-}}.
Le {{date-|13 juillet 1603-}}, sur la rive sud du [[Fleuve Saint-Laurent|fleuve]], il confère avec le chef Armouchidès et les siens qui se rendaient aux échanges avec «les Sauvages» à [[Tadoussac]].
Le {{date-|15 juillet- 1603-}}, pour s’approvisionner et pour chercher des mines, il entre dans la [[baie de Gaspé]], où descend une [[Rivière York (Gaspé)|rivière]]. Ensuite il passe par [[Percé]] et la [[Baie des Chaleurs|Baie-aux-Morues]], à l'[[Île Bonaventure|île de Bonaventure]]. Dans la baie, il rencontre les [[Micmacs]], qui le renseignent sur le [[Lac Matapédia]], sur [[Miramichi]], le [[Canso (Nouvelle-Écosse)|détroit (de Canseau)]], de l'[[Île-du-Prince-Édouard|île Saint-Jean]] et le [[Île du Cap-Breton|Cap-Breton]], la [[Baie de Fundy|baie Française (Fundy)]], sur l'[[Acadie (Nouvelle-France)|Acadie]] à l'Ouest, d'où ils remontent la [[Rivière Saint-Jean (Gaspé)|rivière Saint-Jean]] pour aller faire la guerre aux [[Iroquois]]. Champlain note leurs descriptions de terres fertiles en [[Acadie]], où il espère trouver le passage vers la Chine.
==== De nouveau à Tadoussac, puis retour avec des Amérindiens ====
Partant de [[Percé]] le {{date-|19 juillet 1603}}, la barque passe devant le [[L'Anse-à-Valleau|cap L'Evêque (Pointe-à-la-Renommée)]], puis traverse une tempête de deux jours jusqu'au golfe et mouille l'ancre à [[Rivière Sainte-Marguerite (Sept-Îles)|rivière Sainte-Marguerite]].
Le {{date-|3 août 1603-}} l'expédition atteint [[Tadoussac]], où il y a une grande [[Tabagie (festin)|tabagie]] sous la direction du chef [[Begourat]]. Ils reconnurent les «sauvages» de la [[Rivière des Iroquois (rivière Richelieu)|rivière des Iroquois]]. Champlain et Gravé furent reçus avec hospitalité parmi ces festivités, qui annonçaient le départ pour une nouvelle guerre. Avant le départ, un des [[Amérindiens|Sagamo]] des Montagnais nommé [[Begourat]], fort recommandé par [[Anadabijou]], confie son fils à [[François Gravé]]<ref>''"A Paris, en octobre 1603, François Gravé présente à Henri IV un jeune amérindien qui lui a été confié par son père, le chef montagnais Bechourat. Le roi traite l’enfant comme le sien et l’envoie rejoindre sa progéniture au château de Saint-Germain-en-Laye. L’existence de « Petit Canada » au contact des princes et princesses sera malheureusement brève: baptisé le 9 mai 1604, il aura comme parrain et marraine, deux des enfants d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, Alexandre et Catherine-Henriette, mais il tombera vite malade et, malgré les sollicitudes du futur Louis XIII qui lui fera partager ses repas, il mourra le 18 juin suivant, laissant au dauphin un vif souvenir."'' (Thierry 2019, op.cit p. 212)</ref>. Champlain leur demanda une [[Iroquois]]e que les sauvages voulaient manger ; celle-ci sera de la traversée.
Le {{date-|16 août 1603-}}, Champlain part de [[Tadoussac]]. Le {{date-|18 août- 1603-}}, il arrive à [[Percé]], où il croise le sieur Jean Sarcel, seigneur de Prévert, « qui venait de la mine où il avait été avec beaucoup de peine, pour la crainte que les Sauvages de leurs ennemis [[Malécites|Armouchiquois]] , hommes monstrueux de la forme qu'ils ont »<ref name="Le Jeune 1931">{{Harv|Le Jeune, o.m.i.|1931}}</ref>. Le sieur de Prévert a aussi amené {{citation étrangère|langue=fr1835|quatre sauuages : vn homme
qui est de la coste d'Arcadie, vne femme & deux enfans des Canadiens}}.
==== « Des Sauvages... », compte-rendu de l'expédition ====
À son retour en France le {{date-|20 septembre 1603}}, il fait son rapport au roi et publie un compte-rendu de l'expédition, intitulé ''Des Sauvages, ou Voyage de Samuel Champlain, de [[Hiers-Brouage|Brouage]], fait en la France nouvelle, l’an mil six cens trois''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Samuel de|nom1=Champlain|titre=Des sauvages, ou Voyage de Samuel Champlain, de Brouage, fait en la France nouvelle l'an mil six cens trois... : contenant les moeurs, façons de vivre, mariages, guerres, & habitations des sauvages de Canadas [sic]...|lieu=Paris|éditeur=C. de Monstr'oeil|année=1603|pages totales=IV-36 f.|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626417m|consulté le=2020-06-18}}</ref>. Il relate son séjour dans un campement estival de ''[[Innus|Montagnais]]'' à [[Tadoussac]], puis de son parcours sur les traces de [[Jacques Cartier]])<ref name="Champlain1603" group="Laverdière">Tome II ([[1603]]).</ref>, avec dessins et cartes, dont la légende [[micmacs|micmaque]] de la [[Gougou]]. Notons l'absence de la particule « ''de'' » devant son nom<ref>L'éditeur de l'ouvrage "Des Sauvages", Claude de Monstr'oeil a voulu contester la noblesse de Champlain. Il était sans doute au courant de l'Édit de la taille de mars 1600, qui ne permettait pas aux bâtards et leurs descendants de prétendre à la noblesse. Claude de Monstr'oeil "connaissait sans doute la probable bâtardise du père de celui-ci, Antoine de Champlain". (Thierry, Éric, Les Œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Québec, Septentrion, 2019, p. 167.</ref>. Le but de ce livre est de faire le compte-rendu de la tabagie de la pointe Saint-Mathieu permettant de sceller l’alliance avec les Amérindiens. Son objectif était également d’éveiller l’intérêt du public pour l’Amérique du Nord-Est et de trouver de nouveaux investisseurs. Les caisses de l’État, vidées par les guerres de religion, le rôle du roi sera d’accorder un monopole de la traite des fourrures<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Québec, Septentrion, 2019, p. 42.</ref>. Michel Bideaux a souligné le caractère insolite du titre, qui « ignore le pays autant que ses visiteurs, et préfère mettre en relief la figure de l'indigène »<ref>Michel Bideaux, « ''Des sauvages'' : une singularité narrative », ''[[Études françaises]]'', volume 22, numéro 2, automne 1986, p. 35 ([[doi:10.7202/036889ar|lire en ligne]]). </ref>.
=== {{2e}} voyage. Fondation d'une colonie à l'île Sainte-Croix et déménagement à Port-Royal ({{Date-|1604}}-{{Date-|1607}}) ===
Le {{date-|8 novembre 1603}}, le roi [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] accorde une commission à [[Pierre Dugua de Mons|Pierre Dugua, sieur de Mons]], pour fonder un établissement en [[Acadie]], en tant que « [[Lieutenant Général des armées (Ancien Régime)|lieutenant général]] en Amérique septentrionale ». La recherche de métaux précieux de cuivre et d’argent était la raison principale du choix de l’Acadie. À l’automne 1603, Champlain était de retour en France et le maloin Jean Sarcel de Prévert lui mentionne que l’on a trouvé des mines en Acadie, ce qui pourrait corroborer les observations faites par l’explorateur Verrazano. Henri IV et son entourage s’intéressent à l’expansion française en Amérique. Il y a d’abord, Charles de Montmorency, amiral de France, Pierre Dugua de Mons, gentilhomme de la [[Maison du Roi|Chambre du roi]] et vice-amiral, Samuel de Champlain, François Gravé et Pierre de Beringhen, [[Gentilhomme de la Chambre|valet de chambre]] du roi et contrôleur des mines de France. À la suggestion de François Gravé et de Samuel de Champlain, [[Charles de Montmorency-Damville|Charles de Montmorency]] et Pierre de Beringhen font des pressions sur Henri IV pour une implantation en Acadie<ref>Thierry, Éric, La France d’Henri IV en Amérique du Nord : De la création de l’Acadie à la fondation de Québec, Paris, Classique Garnier, 2019, p. 65-66-122-124.</ref>. La recherche de métaux précieux, permettait d’accroître la puissance de l’État et donc la gloire du roi. On s’inscrivait dans une démarche [[Mercantilisme|mercantiliste]] en suivant l’exemple des Espagnols et de Jacques Cartier. Malheureusement les gisements des mines de cuivre et d’argent se sont révélés assez décevants. En {{date-|mars 1604}}, [[Henri IV (roi de France)|le roi]] autorise Champlain de participer à cette autre expédition et il devra faire rapport de ses découvertes. Menée par [[Pierre Dugua de Mons]], cette expédition (sans femme ni enfant) est toujours pilotée par [[François Gravé|François Gravé sieur Dupont]]. Appareillant du [[Le Havre|Havre-de-Grâce]] le {{date-|7 avril 1604}}, l'expédition compte deux navires, la ''Bonne Renommée'' et [[Don de Dieu (navire)|le Don de Dieu]]. [[François Gravé|Gravé Du Pont]] traverse sur la ''Bonne Renommée'', alors que [[Pierre Dugua de Mons]], [[Jean de Poutrincourt|Jean de Biencourt, seigneur de Poutrincourt]], le sieur d’Orville et Champlain traversent sur [[Don de Dieu (navire)|le Don de Dieu]].
==== L'Île Sainte-Croix ====
[[File:Île sainte croix.png|thumb|gauche|Plan de l'île Sainte-Croix, premier site de colonisation en Nouvelle-France.]]
Au début de {{date-|mai 1604}}, ils accostent à [[Port Mouton|Port-au-Mouton]]. Du {{date-|19 mai 1604-}} au {{date-|24 juin 1604-}}, il cherche un site temporaire, naviguant en barque le long des côtes, avec dix hommes. Il passe le [[cap de Sable]], entre dans la [[baie Sainte-Marie]], explore la [[baie de Fundy|baie Française]], nomme [[Annapolis Royal|Port-Royal]] et explore l’embouchure du [[fleuve Saint-Jean]].
Le {{date-|24 juin 1604-}}, le choix se fixe sur l’[[île Sainte-Croix]], pour une installation au départ temporaire. Champlain contribue à instaurer l'habitation sur cette île. On y construit des bâtiments avec des matériaux apportés de France, dont un logis en commun pour Champlain, M. d’Orville et Pierre Angibault dit Champdoré (Chandore), capitaine de l'expédition.
Le {{date-|1 août 1604-}}, [[Pierre Dugua de Mons]] attribue une concession à [[Jean de Poutrincourt|Poutrincourt]] dans la {{Lien|langue=en|trad=Annapolis Basin|fr=Bassin d'Annapolis|texte=baie de Port-Royal}}. En {{date-|septembre 1604-}}, avec [[Pierre Dugua de Mons|de Mons]], ils explorent la région pour trouver des mines et surtout un site d'habitation durable. Ils entrent dans la [[Penobscot (fleuve)|rivière Penobscot]] puis dans la [[Kennebec (rivière)|rivière Kennebec]] et longent les côtes sur au-delà de {{nombre|200 kilomètres}}, que Champlain décrira avec précision.
Cet hiver de {{date-|1604}} à {{date-|1605}} est terrible : le [[scorbut]] fauche 35 ou 36 Français sur les 79 habitants de l’[[île Sainte-Croix|île]], où la glace de la rivière les tient isolés des ressources riveraines. Le {{date-|15 juin 1605-}}, [[François Gravé|Gravé Du Pont]] arrive avec une quarantaine d’hommes, des vivres et du matériel. Du {{date-|17 juin 1605-}} au {{date-|3 septembre 1605-}}, [[Pierre Dugua de Mons|de Mons]] et Champlain cherchent un endroit plus hospitalier. Partant de la [[Kennebec (rivière)|rivière Kennebec]], ils explorent au sud, visitent la [[Baie de Casco|baie des Sept-Îles (Casco Bay)]], la {{Lien|langue=en|trad=Saco Bay|fr=Baie de Saco|texte=baie de Chouacouët (Saco Bay)}}, [[Cap Ann|Cap-aux-Îles (Cape Ann)]], la [[Boston Harbor|baie des Îles (baie de Boston)]], le port {{Lien|langue=en|trad=Plymouth Bay|fr=Baie de Plymouth|texte=Saint-Louis (baie de Plymouth)}}, le [[Cap Cod|cap Blanc (Cap Cod)]] et Mallebarre (Nauset Harbour). Ils reviennent à Sainte-Croix le {{date-|3 septembre 1605}}. Champlain trace une cartographie très précise de ce voyage<ref group="coll" name="chronologie" />.
==== Port-Royal ====
[[Fichier:1613 Habitation Port Royal.jpg|vignette|gauche|{{citation étrangère|langue=fr1835|abitasion du port royal}}, par Champlain, 1613]]
Le {{date-|21 septembre 1605}}, le groupe transporte la colonie à [[Port-Royal (Acadie)|Port Royal]] pour y construire l'[[Habitation de Port-Royal|Habitation]]. Les bâtiments de Sainte-Croix sont démontés puis remontés. [[Pierre Dugua de Mons|De Mons]] désigne ses remplaçants : les sieurs d’Orville puis [[François Gravé|Gravé Du Pont]] (mais pas Champlain).
À Port-Royal, le rôle de Champlain n'est toujours que celui du simple observateur.
À Port-Royal, Champlain a un cabinet de travail et il prend « un singulier plaisir » au jardinage. Il construit aussi [[Écluse à poissons|une écluse pour l’élevage]] de truites. Avant l'hiver, il cherche encore des mines, sans succès. Durant l'hiver, 12 des 45 membres de l'expédition meurent du scorbut. En {{date-|mai 1606}}, de nouveaux colons s’embarquent sur le ''Jonas'' pour l’Acadie, sans femmes, car on craint la rigueur de l’hiver. Le ''Jonas'' arrive le {{date-|26 juillet 1606-}}<ref group="coll" name="chronologie" />.
[[File:Port Fortuné, altercation.tif|thumb|Altercation à Port Fortuné. {{citation étrangère|langue=fr1835|'''A''' Le lieu ou eſtoiet les François ſaiſans le pain. '''B''' Les ſauuages ſurprenans les François en tirant ſur eux à coups de fleſches. '''C''' François bruſlez par les ſauuages. '''D''' François s’enfuians à la barque tout lardés de fleſches. '''E''' Trouppes de ſauuages faiſans bruſler les François qu’ils auoient tué. '''F''' Montaigne ſur le port. '''G''' Cabannes des ſauuages. '''H''' François à terre chargeans les ſauuages. '''I''' Sauuages desfaicts par les François. '''L''' Chalouppe où eſtoient les François. '''M''' Sauuages autour de la chalouppe qui furent ſurpris par nos gens. '''N''' Barque du ſieur de Poitrincourt. '''O''' Le port. '''P''' Petit ruiſeau. '''Q''' François tombez morts dans l’eau penſans ſe ſauuer à la barque. '''R''' Ruiſeau venant de certins mareſcages.}}]]
Parmi ces passagers, arrivent le nouveau commandant de la colonie (en remplacement de [[François Gravé|Gravé Du Pont]]) [[Jean de Poutrincourt|Jean de Biencourt de Poutrincourt]], son cousin germain [[Louis Hébert]] et l'avocat [[Marc Lescarbot]]<ref>Jean de Biencourt et Marc Lescarbot sont des ex-ligueurs, fervents catholiques et, ralliés à Henri IV seulement lorsque celui-ci s’est converti au catholicisme. Traumatisés par les guerres de religion, ces ligueurs imprégnés d’humanisme chrétien, désiraient implanter en Acadie, un christianisme des origines, une Société sainte en quelque sorte. Les rituels des soupers de l’Ordre de Bon-Temps, créé par Champlain, évoquaient les noces de Cana de la Vulgate. Source: Thierry, Éric, La France d’Henri IV en Amérique du Nord : De la création de l’Acadie à la fondation de Québec, Paris, Classique Garnier, 2019, p. 192 et 390.</ref>. Le {{date-|25 août 1606-}}, le Jonas retourne en France avec [[François Gravé|François Gravé Du Pont]] et une cinquantaine de colons. Champlain jardine avec l'[[apothicaire|épicier et apothicaire]] parisien [[Louis Hébert]].
À l'automne {{date-|1606}}, sur plus de deux mois, Champlain et [[Jean de Poutrincourt]] cherchent du sud de l’Acadie jusqu’à [[Cap Cod|Cap Blanc (Cap Cod)]] un autre lieu où ils pourraient s'installer de façon permanente. Au [[Chatham (Massachusetts)|port Fortuné (Chatham, MA)]], une altercation avec des Amérindiens de la tribu des {{Lien|langue=en|fr=Nausets|trad=Nauset}} se solde par le massacre de quatre Français. Ils remarquent de belles baies, nomment plusieurs lieux, dont la rivière Champlain ({{lien|trad=Mashpee River|fr=rivière Mashpee}}), mais la présence des Anglais dans les parages et l'hostilité des autochtones leur font renoncer à s'installer sur cette côte. Ils ne dépassent pas [[Martha's Vineyard |Martha's Vineyard (en)]]. Le {{date-|14 novembre 1606-}}, les explorateurs reviennent à Port-Royal ; la petite colonie les accueille tandis que [[Marc Lescarbot]] fait jouer [[le Théâtre de Neptune]].
[[File:L'Ordre de Bon Temps, 1606.jpg|vignette|gauche|L'Ordre de Bon Temps, [[1606]], par [[Charles William Jefferys|C. W. Jefferys]].]]
Champlain fonde à Port-Royal l'[[Ordre du Bon-Temps]], pour que tous y passent « fort joyeusement » l'hiver. Les colons s'y acclimatent progressivement; cependant, le [[scorbut]] fait encore de quatre à sept victimes<ref group="coll" name="chronologie" />.
[[File:Description of the Coasts, Points, Harbours and Islands of New France WDL280.png|vignette|gauche| Cette carte sur vélin de style [[portulan]] a été établie par Champlain lui-même en [[1607]], afin de la présenter au [[Henri IV (roi de France)|roi de France]]. La carte de Nouvelle-France établit la première délimitation approfondie de ce qui deviendra la [[Nouvelle-Angleterre]] et les côtes atlantiques du Canada, de [[Cap de Sable|Cap-Sable]] à [[Cap Cod|Cap Blanc (Cap Cod)]]. On y indique [[Port-Royal (Nouvelle-Écosse)|Port-Royal]], la ''Baye Blanche'' (baie de [[Cap Cod]]), la [[baie de Fundy|''Baye Françoise'']], les fleuves [[fleuve Saint-Jean|Saint-Jean]], [[Fleuve Sainte-Croix|Sainte-Croix]] et [[Penobscot (fleuve)|Penobscot]], ainsi que la baie de la rivière [[Kennebec (rivière)|Kennebec]] et l'[[île des Monts Déserts]].]]
Le {{date-|24 mai 1607-}}, un jeune homme de St-Malo nommé Chevalier arrive avec le message que les privilèges de commerce de [[Pierre Dugua de Mons]] sont révoqués et ordre de rentrer en France. Il lui dit aussi « la naissance de [[Monsieur d’Orléans (1607-1611)|Monseigneur le Duc d’Orleans]], qui nous apporta de la réjouissance, et en fîmes les [[feu de joie|feux de joie]], et chantâmes le [[Te Deum]]. »
Champlain retourne au fond de la [[baie de Fundy|baie Française]] : ils sont sept hommes cherchant des mines de cuivre [[Bassin des Mines|(Bassin des Mines ou Minas Basin)]] ; ils remarquent des pierres à chaux et des morceaux de cuivre. Au [[Cap Split|cap Poutrincourt (Cap Split)]], on découvre une croix couverte de mousse et toute pourrie. Ils y voient le signe évident du passage antérieur de chrétiens. Champlain cartographie le littoral de l’[[île du Cap-Breton]] jusqu’au [[cap Cod|cap Blanc]]<ref group="coll" name="chronologie" />.
Le {{date-|12 juillet 1607-}}, Ralleau, secrétaire du sieur de Monts, arrive et confirme la nouvelle du messager Chevalier. Port-Royal est alors confié à la surveillance de leur ami le chef [[Henri Membertou|Membertou]] et le {{date-|3 septembre 1607}} tous les habitants de Port-Royal retournent en France à bord du ''Jonas''.
==== Bilan ====
Durant ces années, Champlain dresse la carte de 1607<ref>Cette carte manuscrite de Champlain est signalée à Nantes en 1886 cédée par un abbé à Gabriel-Alexandre Marcel, qui la cède plus tard à Henry Harrisse, un historien franco-américain. Ce dernier fait don de cette carte à la Bibliothèque du Congrès à Washington en 1910. Source: Marcel, Gabriel, Cartographie de la Nouvelle-France: Supplément de l'ouvrage de H. Harrisse, Paris Maisonneuve, 1885, p. 6.[https://books.google.ca/books?id=BH8OAAAAYAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false .https://books.google.ca/books?id=BH8OAAAAYAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false]</ref> en explorant le littoral de l'Atlantique, de l'[[Île du Cap-Breton]] jusqu'au sud du « Cap Blanc » (aujourd'hui [[Cap Cod]], dans le Massachusetts), en passant par la [[Baie de Fundy|{{citation étrangère|langue=fr1835|Baye françoise}} (baie de Fundy)]] lors de la recherche des endroits les plus faciles à défendre et les plus propices à y établir une colonie ; ces explorations bien documentées amènera [[Marc Lescarbot|Lescarbot]] à lui attribuer le titre de « géographe du roi » :
{{Citation étrangère bloc|langue=fr1835|Le sieur Champlein, Geographe du Roy, experimenté en la marine, et qui se plait merveilleusement en ces entreprises, print la charge de conduire et gouverner cette premiere colonie envoyée à [[Québec (ville)|Kebec]]{{sfn|Lescarbot|1612|p=622}}. }}
=== {{3e}} voyage. Fondation de Québec ({{Date-|1608}}-{{Date-|1609}}) ===
[[Fichier:Samuel de Champlain arrive à Québec - George Agnew Reid - 1909.jpg|thumb|droite|''L'arrivée de Champlain à Québec''<ref name="barque" group="note"/> selon [[George Agnew Reid]], [[1909]].]]
[[File:L'arrivée de Champlain à Québec.jpg|thumb|droite|L'arrivée de Champlain à Québec, par Henri Beau (1903)]]
Arrivé le {{date-|30 septembre 1607-}} à bord du ''Jonas'', Champlain ne restera pas très longtemps en France.
Le {{date-|7 janvier 1608}}, [[Henri IV (roi de France)|le roi Henri IV]] prolonge pour une autre année le monopole de la [[traite des fourrures]] de [[Pierre Dugua de Mons]]. La concession de [[Port-Royal (Acadie)|Port-Royal]] ayant déjà un seigneur en la personne de [[Jean de Poutrincourt]], Champlain tourna ses projets sur [[fleuve Saint-Laurent|''la Grande Rivière de Canada'' (aujourd'hui, le fleuve Saint-Laurent)]]<ref name="Le Jeune 1931" />.
Le {{date-|5 avril 1608-}}, sous le commandement de [[François Gravé|François Gravé Du Pont]], le ''Lièvre'' prend le large au départ de [[Honfleur]] pour la traite à [[Tadoussac]]<ref group="coll" name="chronologie" />. Gravé est chargé de l'office de la traite des fourrures. Peu après, le {{date-|18 avril 1608-}}, Champlain repart pour la [[Nouvelle-France]] à bord du ''[[Don de Dieu (navire)|Don de Dieu]]'', comme lieutenant de l'expédition au Saint-Laurent. [[Pierre Dugua de Mons]] reste en France. Champlain a comme mandat de construire rapidement un poste de traite. Ses {{Nombre|28|hommes}} (il n'y a encore aucune femme) reçoivent pour mission de préparer l'établissement d'une colonie permanente en un lieu favorable le long du [[fleuve Saint-Laurent|fleuve]].
{{citation | Tadoussac, à l'époque, est le terminus de la navigation transatlantique, le port d'attache et de ralliement des vaisseaux d'Europe : car en amont du fleuve la navigation semble périlleuse. Ayant mouillé l'ancre, Dupont-Gravé se vit réduit, en vertu de son privilège royal, à engager la lutte contre le capitaine basque Darache, qui l'a devancé au trafic avec les indigènes. Mais Champlain, survenant le {{date-|3 juin 1608-}}, ménage un prompt accommodement. Aussitôt il apprête deux barques pour transporter à Québec une partie du matériel d'installation. Dans l'intervalle de ce voyage, il remonte de nouveau le Saguenay et recueille des Sauvages de vagues informations relatives aux régions intérieures : lac Saint-Jean et ses tributaires, rivières et lacs septentrionaux, baie du Nord<ref name="Le Jeune 1931" />.}}
====
[[File:Québec-1608-Champlain-construisant-son-Habitation.jpg|thumb|gauche|upright|Champlain construisant son Habitation, par Charles William Jefferys, 1925.]]
[[File:Timbre-poste Canada 5c Quebec 1908.jpg|thumb|gauche|upright|Timbre-poste commémoratif, représentant l'Habitation de Québec, [[1908]].]]
Champlain, avec ses ouvriers, gagne en barque la « pointe de [[Québec (ville)|Québec]] » le {{date-|3 juillet 1608-}}, au pied du « [[cap Diamant|Cap aux Diamants]] ». Champlain avait déjà repéré ce site près de l'eau. {{citation étrangère|langue=fr1835|L'Abitation de Quebecq}} est une petite forteresse, un comptoir de traite et une maison.
Champlain écrira plus tard : « Je cherchai lieu propre pour notre Abitation, mais je n'en pus trouver de plus commode, ni mieux situé que la pointe de Québec, ainsi appelée des Sauvages, laquelle était remplie de noyers et de vignes. Aussitôt, j'employai une partie de nos ouvriers à les abattre pour y faire notre Abitation. »
Ils y érigent trois bâtiments principaux d'une hauteur de deux étages, entourés d'un fossé de {{Unité|4.6|mètres}} de large et d'une palissade de pieux. Cette installation, dite [[Habitation de Québec]], devient dès lors l'embryon de la première colonie française à se développer sur les bords du [[fleuve Saint-Laurent]].
==== Tentative d’assassinat et premier procès d'Amérique du Nord ====
[[File:Champlain fait pendre un des conspirateurs.jpg|thumb|Champlain fait pendre un des conspirateurs]] En début {{date-|juillet 1608}}, quelques jours après l'arrivée de Champlain à Québec, quelques-uns de ses ouvriers complotent pour l'assassiner et vendre l'Habitation à des contrebandiers basques ou espagnols qui font de la traite à [[Tadoussac]]. Le serrurier Jean Duval (ou Du Val) recruta quatre colons, et ils complotent l'assassinat de Champlain. Les conspirateurs prendraient le fort et le remettraient aux contrebandiers étrangers, qui promettent de très bien les rémunérer pour cette traîtrise, et de les emmener en [[Espagne]].
Antoine Natel, serrurier, osa parler, malgré la menace de se faire poignarder par les autres. Il révéla au capitaine Testu les détails du complot. {{citation|Mon ami, lui dit-il, vous avez bien fait de découvrir un dessein si pernicieux et vous montrez que vous êtes homme de bien, et conduit du Saint-Esprit. Mais ces choses ne peuvent se passer sans que le sieur de Champlain le sache pour y remédier, et (je) vous promets de faire tant envers lui, qu'il vous pardonnera et à d'autres [...].}} Champlain surveillait les travaux de son jardin près de son habitation, lorsque son fidèle capitaine Testu lui demanda à l'entretenir en «lieu secret». Testu avertit Champlain du danger, en échange du pardon de Natel. Champlain fait arrêter les traîtres. Ce sera le premier procès connu de l'[[histoire de l'Amérique du Nord]]<ref>{{Lien web|titre=Au départ...|url=http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/peinedemort/contenu_bas_01b.asp|site=ici.radio-canada.ca|consulté le=2016-10-02}}</ref>. L'instigateur du complot fut décapité et ses complices furent renvoyés en France au sieur de Mons, pour y être « condamnés d'être pendus ».
{{Citation étrangère bloc|langue=fr1835|Nous avisâmes que ce serait assez de faire mourir le dit du Val, comme le motif de l'entreprise, et aussi pour servir d'exemple à ceux qui restaient, de se comporter sagement à l'avenir en leur devoir, et afin que les Espagnols et Basques qui étaient en quantité au pays n'en fissent trophée: et les trois autres condamnés d'être pendus, et cependant les remmener en France entre les mains du [[Pierre Dugua de Mons|sieur de Mons]], pour leur être fait plus ample justice, selon qu'il aviserait, avec toutes les informations, et la sentence, tant du dit Jean du Val qui fut pendu et étranglé au dit Québec, et sa tête mise au bout d'une pique pour être plantée au lieu le plus éminent de notre fort et les autres trois renvoyés en France.|Champlain<ref name="Champlain1608" group="Laverdière">Tome III ([[1613]]): {{citation étrangère|langue=fr1835|Nous advisames que ce serait assez de faire mourir le dit du Val, comme le motif de l'entreprinse, & aussi pour servir d'exemple à ceux qui restoient, de se comporter sagement à l'advenir en leur devoir, & afin que les Espagnols & Basques qui estoient en quantité au pays n'en fissent trophée: & les trois autres condamnez d'estre pendus, & cependant les remmener en France entre les mains du sieur de Mons, pour leur estre fait plus ample justice, selon qu'il adviseroit, avec toutes les informations, & la sentence, tant dudict Jean du Val qui fut pendu & estranglé audit Quebecq, & sa teste mise au bout d'une pique pour estre plantée au lieu le plus eminent de nostre fort & les autres trois renvoyez en France.}}</ref>}}
====
Le premier hiver est pénible et meurtrier pour les 28 hommes restés sur place. La plupart décèdent du [[scorbut]] ou de [[dysenterie]], et seuls huit des hivernants survivent<ref name="chronologie" group="coll" />.
==== Au printemps ====
Dès le printemps, Champlain prend soin d'établir de bonnes relations avec les [[Amérindiens]] des environs. Comme à [[Tadoussac]], six ans auparavant, il renoue des alliances avec les [[Innus|Montagnais]] et les [[Algonquins]], qui vivent au nord du Saint-Laurent, acquiesçant à leur demande persistante de les aider dans leur guerre contre leurs ennemis les [[Iroquois]], semi-[[nomades]] eux aussi, vivant au sud-ouest du fleuve<ref name="suprématie" group="note">Les Européens ont sur les [[peuple autochtone|autochtones]], et pour longtemps, la supériorité des armes, étant les seuls à être équipés d'[[Arme à feu|armes à feu]] : [[Canon (artillerie)|canons]], [[couleuvrine]]s, [[arquebuse]]s, [[mousquet]]s, [[Pistolet (arme)|pistolets]]… contre arcs et flèches ou [[javelot]]s.</ref>.
Le {{date-|28 mai 1609}}, [[François Gravé|du Pont-Gravé]] arrive de Tadoussac avec « deux petites barques pleines d'hommes ». Champlain explique aux « sauvages » que ces gens étaient pour les assister et qu'avec eux, ils iraient peut-être ensemble à la guerre.
==== Au lac Champlain, bataille des alliés contre les Iroquois ====
{{article détaillé|Bataille du lac Champlain (1609)}}
[[Image:Iroq2.jpg|vignette|''Défaite des Iroquois au Lac de Champlain'' (1609), dans Voyages de Champlain, tome III, réimpression de 1632.]]
Champlain part le {{date-|18 juin 1609-}} en voyage de découverte au pays des [[Iroquois]]. Il fait la rencontre d'environ deux à trois cents [[Hurons-Wendats|Hurons]] et [[Algonquins]] sur une île près de [[Batiscan]] qui se préparent à partir en guerre contre les [[Iroquois]]<ref name=lacoursiere>{{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Lacoursière|lien auteur1=Jacques Lacoursière|titre=Histoire populaire du Québec|sous-titre=Des origines à 1791|éditeur=Septentrion|année=1995|pages totales=488|passage=43-44|isbn=978-2-89448-050-2|présentation en ligne=http://www.entrepotnumerique.com/p/1133?mid=2&l=fr&r=http://www.septentrion.qc.ca}}</ref>. Curieux, ils iront visiter l'[[Habitation de Québec]] entre le 22 et le {{date-|28 juin}}.
Le {{date-|28 juin}}, Champlain repart avec neuf soldats français et les [[Hurons-Wendats|Hurons]] toujours dans l'idée d'explorer la [[rivière Richelieu|rivière des Iroquois (Richelieu]]). En cours de route, il nommera certaines rivières comme la [[rivière du Loup (Mauricie)|rivière Saint-Suzanne (rivière du Loup)]], la [[rivière Nicolet|rivière Du Pont (Nicolet)]]) et la [[rivière Yamaska|rivière de Gennes (Yamaska)]]<ref name=lacoursiere/>.
N'ayant fait, jusque-là, aucune rencontre avec les [[Iroquois]] et ne pouvant continuer avec son embarcation en raison des [[rapides (hydrologie)|rapides]], la plus grande partie de la troupe rebrousse chemin, le laissant avec seulement deux Français à bord d'un canot amérindien et une soixantaine d'Algonquins, Hurons et Montagnais. Ils passent les rapides de [[Bassin de Chambly|Chambly]] et ils poursuivent en amont. Le {{date-|12 juillet 1609-}}, il découvre ce grand lac qu'il baptise de son propre nom (le [[lac Champlain]])<ref name="chronologie" group="coll" />.
Le {{date-|29 juillet 160-}}, vers les {{heure|22|00}}<ref name=lacoursiere/>, à l'emplacement du futur [[fort Ticonderoga|fort Carillon]], un peu au sud de [[Crown Point (New York)|Crown Point]] (État de New York), Champlain et son équipe rencontrent un groupe d'[[Iroquois]]. Le lendemain, deux cents [[Iroquois]] avancent sur leur position. Un guide indigène désigne les trois chefs iroquois ; aussitôt Champlain tue deux d'entre eux d'un seul coup d'[[arquebuse]]<ref name=lacoursiere/>, qui provoque aussi la fuite rapide de l'ensemble des Iroquois, et sème la panique.
Cet évènement entame une longue période de relations hostiles de la ligue ou confédération des [[Iroquoisie|Cinq-Nations iroquoises]] avec les colons français.
==== Retour ====
Champlain laisse le commandement de [[Québec (ville)|Québec]] à [[Pierre Chauvin de La Pierre|Pierre Chauvin]]. Le {{date-|5 septembre 1609-}}, il s'embarque à [[Tadoussac]] avec le capitaine [[François Gravé|Gravé Du Pont]].
=== {{4e}} voyage au Canada ({{Date-|1610}}) ===
Champlain regagne la France. Le {{date-|8 octobre 1609}}, ''Le François''<ref>[http://naviresnouvellefrance.net/html/pages16091610.html Navires venus en Nouvelle-France en 1609 et 1610]</ref> mouille l'ancre au [[Le Conquet|Conquet]] en Basse-Bretagne, et le {{date-|13 octobre 1609}} il débarque à [[Honfleur]]. Champlain présente son rapport à [[Pierre Dugua de Mons]] et au [[Henri IV (roi de France)|roi]] à [[Fontainebleau]].
Champlain et [[Pierre Dugua de Mons|De Mons]] vont ensuite à [[Rouen]] entretenir les Associés Collier et Legendre et « l'on décide de parachever les découvertes du Saint-Laurent ». De retour à la Cour, de Mons sollicite le renouvellement du monopole de la [[traite des fourrures]] mais c'est refusé. Sur les réclamations pressantes des Bretons et des Basques, le surintendant des finances [[Maximilien de Béthune (duc de Sully)|Sully]] refuse tout privilège<ref name="Le Jeune 1931" />. Un arrêt royal, daté du {{date-|6 octobre 1609}}, proclame que la liberté du trafic est accordée à tous les armateurs du royaume.
Champlain et De Mons parviennent à convaincre quelques marchands de [[Rouen]] de former avec eux une société. L'objectif est de convertir une partie de l'[[habitation de Québec]] en un entrepôt à leur usage exclusif, en vertu de quoi ces marchands promettent de soutenir la colonie.
Champlain retourne à Québec avec onze artisans, ce qui porterait le nombre d'habitants à vingt-six. Il se rembarque de [[Honfleur]] le {{date-|7 mars 1610}}. La tempête contraignit le vaisseau à faire escale à [[Île de Portland|Portland]] puis à l'[[Île de Wight]]. Pendant ce retard forcé, Champlain fut frappé d’une maladie assez sérieuse, l’obligeant à se faire transporter en bateau jusqu’au [[Le Havre|Havre]] pour des soins. Alors que Champlain est encore affaibli, il quitte [[Honfleur]] une deuxième fois. La ''Loyale'', commandée par [[François Gravé|Gravé Du Pont]], fait la traversée jusqu'à [[Tadoussac]] du {{date-|8 avril- 1610-}} au {{date-|25 avril 1610}} : c'est une des plus courtes rapportées par les annales de l'époque<ref name="Dionne_ch13">{{harv|Dionne|1891}}, Chapitre treizième: Voyage de 1610.</ref>.
[[File:Attaque d'un fort Iroquois, 1610.tif|thumb|Champlain, avec cinq français (à gauche) et ses alliés indiens, attaque un fort iroquois à l'embouchure de la rivière Richelieu, en juin 1610. '''A''' Le fort des Iroquois. '''B''' Iroquois se jetant en la rivière pour se sauver poursuivis par les Montagnais et Algoumequins se jetant après eux pour les tuer. '''D''' Le sieur de Champlain et 5 des siens. '''E''' Tous nos sauvages amis. '''F''' Le sieur des Prairies de Saint-Malo avec les compagnons. '''G''' Chaloupe du dit sieur des Prairies. '''H''' Grands arbres coupés pour ruiner le fort des Iroquois.]] Les Indiens espéraient le retour des Français ; Champlain leur rappelle leur projet commun de l’accompagner jusqu’à une mer si grande, qu’ils n’en voient point la fin (la [[Baie d'Hudson]]), puis de revenir par [[Rivière Saguenay|le Saguenay]] à [[Tadoussac]]. Ils lui promirent de le guider dans ce voyage l’année suivante. Champlain leur promit en retour qu’il les assisterait dans leur guerre contre les [[Iroquois]]. Après deux jours à [[Tadoussac]], Champlain se rend à Québec<ref name="Dionne_ch13" />.
Du {{date-|14 juin- 1610-}} au {{date-|19 juin 1610-}}, il y eut un second assaut au [[Iroquoisie|pays des Iroquois]], à l'embouchure de la «rivière aux Iroquois» ([[Rivière Richelieu|Richelieu]]). Champlain reçoit une flèche qui lui perce le lobe de l'oreille et le blesse au cou. Cet engagement fait {{nombre|3 morts}} et {{nombre|50 blessés}}.
[[Étienne Brûlé]], un jeune Français, est confié au chef allié [[Iroquet]], afin qu'il s’initie à la langue et aux mœurs des [[Algonquins]]. Étienne Brûlė hivernera dans la [[Huronie]].
[[File:Assassinat d’Henri IV et arrestation de Ravaillac.jpg|vignette|gauche|Assassinat d’[[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] et arrestation de [[François Ravaillac|Ravaillac]], tableau de 1859.]]
À nouveau victorieux, il regagne [[Québec (ville)|Québec]] pour constater que la [[traite des fourrures]] fut désastreuse pour les marchands qui le soutiennent, et pour apprendre la nouvelle de l'[[Henri IV (roi de France)|assassinat d'Henri IV]]. Le premier fils du roi, le [[Louis XIII|dauphin Louis]] lui succède, sous la tutelle de [[Marie de Médicis]], sa mère.
Laissant {{nombre|16 hommes}} à Québec sous les ordres de [[Jean de Godet|Jean de Godet Du Parc]], il ramène entre autres le Huron [[Savignon]] et rentre en [[Royaume de France|France]] par [[Honfleur]] le {{date-|27 septembre 1610}}.
=== Mariage de Champlain ({{date-|décembre 1610}}) ===
Au cours de son séjour à [[Paris]], le {{date-|27 décembre 1610}}, il signe un contrat de mariage avec une jeune fille de {{nombre|12 ans}}, nommée [[Hélène Boullé]]. Le contrat accorde une [[dot]] de {{unité|6000|[[Livre (monnaie)|livres]]}}<ref>Le contrat, daté du 27 décembre 1610, est conservé par le [[Minutier central des notaires de Paris]], département des [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] (site de Paris) Il y est consultable sous la forme d'un microfilm coté MC/MI/RS/281 [https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?udId=c1p72iegcrs3--13idloti5n5dr&irId=FRAN_IR_042825 lire en ligne]. Cote originelle du document : MC/ET/LXXXV/108</ref>, dont {{unité|4500|[[Livre (monnaie)|livres]]}} que Champlain touche la veille du mariage qui fut célébré le {{date-|30 décembre 1610-}}.
Il organise un nouveau voyage vers le Canada pour l'été.
=== {{5e}} voyage au Canada. Île du Mont Royal, Place Royale ({{Date-|1611}}) ===
Le {{date-|1 mars 1611-}}, il part pour la Nouvelle-France.
==== Retour à Québec et montée à Montréal ====
Sous le commandement de [[François Gravé|François Dupont-Gravé]], la traversée dure {{nombre|74 jours}}, à cause des glaces ou banquises. {{citation|C'était, écrit-il, des bancs de glace de 30 à 40 brasses de haut ; dans la nuit, dans la brume si obscure que l'on voyait à peine la longueur du vaisseau.}} Le {{date-|27 avril 1611-}}, il croise le vaisseau du sieur de Biencourt dans les parages du Cap-Breton. Le {{date-|13 mai 1611-}}, {{citation|nous fûmes à Tadoussac, où l'on tire du canon pour avertir les Sauvages.}} Vers le 19 ou {{date-|22 mai 1611}}, Champlain arrive au poste de [[Québec (ville)|Québec]] pour y trouver la garnison en parfait état<ref name="Le Jeune 1931" />.
L’un des mandats que Samuel de Champlain s'est fixé est celui de trouver, sur l'[[Île de Montréal|île du Mont Royal]], soit du côté de la [[rivière des Prairies]] soit près du [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]], le site le plus propice à l'établissement d’une future colonie. Il descend à un endroit qu'il nomme [[Pointe-à-Callière|Place Royale (aujourd'hui Pointe-à-Callières)]], sur le ruisseau Saint-Pierre<ref name="Le Jeune 1931" />.
En l'honneur de sa jeune épouse, il nomme « [[île Sainte-Hélène (Montréal)|île Sainte-Hélène]] » une grande île qui se trouve au pied du « Grand [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]] », qui est encore le nom de cette île sur lequel s'appuie depuis le {{s-|XX|e}} le [[pont Jacques-Cartier]].
==== Grand Sault St.-Louis ====
[[File:Champlain Sault St-Louis 1611 avec légende.tiff|vignette|gauche|''Grand Saut Saint Louis'' ou [[rapides de Lachine]], carte de 1611.]]
Durant l'été, il se rend à [[Montréal]], au pied du [[Rapides de Lachine|Grand Sault]] (dans le secteur de l'actuelle Place-Royale), où il fait défricher un peu la terre et construire un muret pour voir s'il résistera aux hivers et aux crues printanières.
{{Citation bloc|Ce même jour je partis de Québec, et arrivai au dit grand saut le vingt-huitième de mai, où je ne trouvai aucun des sauvages … après avoir visité d'un côté et d'autre, tant dans les bois que le long du rivage, pour trouver un lieu propre pour la situation d'une habitation, et y préparer une place pour bâtir, je fis quelque huit lieues par terre côtoyant le grand saut par des bois qui sont assez clairs, et fus jusqu'à un lac où notre sauvage me mena ; où je considérai fort particulièrement le pays<ref>{{Citation étrangère|langue=fr1835|Ce mesme jour je partis de Quebecq, et arrivay audit grand saut le vingthuitiesme de May, où je ne trouvay aucun des sauvages ….après avoir visité d'un costé et d'autre, tant dans les bois que le long du rivage, pour trouver un lieu propre pour la scituation d'une habitation, et y preparer une place pour bastir, je fis quelque huit lieues par terre cottoyant le grand saut par des bois qui sont assez clairs, et fus jusques à un lac où nostre sauvage me mena; où je consideray fort particulierement le pays}}Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|838}}</ref>}}
{{Citation bloc|Mais en tout ce que je vis, je n'en trouvai point de lieu plus propice qu’un petit endroit, qui est jusqu'où les barques et chaloupes peuvent monter aisément, […] avons nommé la Place royale, à une lieue du Mont Royal<ref>{{Citation étrangère|langue=fr1835|Mais en tout ce que je veis, je n'en trouvay point de lieu plus propre qu’un petit endroit, qui est jusques où les barques et chaloupes peuvent monter aisément,…. avons nommé la Place royale, à une lieuë du Mont Royal}}Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|838-839}}</ref>{{,}}<ref name="Ville-Marie" group="note">C'est à cet endroit, dans ce qui est aujourd’hui la [[Pointe-à-Callière]], dans le [[Vieux-Montréal]], que s'établit, trente ans plus tard (en 1642) la colonie de [[Ville-Marie (ancien nom de Montréal)|Ville-Marie]].</ref>}}
{{citation bloc|Puis, il ensemence deux jardins. « où tout pousse à souhait ». Mais les Algonquins n'ont point paru encore. Savignon part en éclaireur jusqu'au [[Lac des Deux Montagnes|lac de Soissons (des Deux-Montagnes)]] - le {{date-|5 juin 1611-}}, tandis que Champlain va reconnaître deux rivières tributaires du fleuve - rivières Saint-Lambert et de Montréal - « par où on atteint la Rivière-des-Iroquois ». Le {{date-|10 juin 1611}}, Louis, « jeune homme qui était au [[Pierre Dugua de Mons|sieur de Monts]], fort amateur de la chasse, prie Savignon, de retour, de le conduire au Saut, où l'île a quantité de hérons ; un sauvage Montagnais, Outetoucos, les accompagne. Ils prirent quantité de héronneaux et se rembarquèrent. Le canot était trop chargé. Ils se laissèrent dériver dans le courant. Mais la vitesse de l'eau les maîtrisait, et le canot chavira. Louis ne savait point nager ; il lâcha le canot, et ils ne le revirent plus. Le Montagnais fatigué se noya aussi. Je vis ce cours d'eau, le lendemain, et les cheveux me dressèrent à la tête». En mémoire du serviteur Louis, on nomma le [[rapides de Lachine|Saut Saint-Louis]] et du même nom le lac qui est au-dessus. Le {{date-|13 juin 1611-}}, {{nombre|200 Hurons}} se présentent<ref group=note>En provenance du [[Pays-d'en-Haut]]</ref>; le {{date-|12 juillet 1611-}}, {{nombre|300 Algonquins}}, avec Marsolet « en costume sauvage, ayant bien appris leur langue ». Champlain se voit gratifier de 200 peaux de [[castor du Canada|castor]], de divers [[collier de wampum|colliers]] et autres présents, gages du rendez-vous au printemps suivant<ref name="Le Jeune 1931" />.| Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.}}
Afin d'augmenter son prestige auprès des Indiens, il accepte de descendre avec eux en [[Canot|canot d'écorce]] le [[rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]] : un exploit réalisé avant lui par un seul autre Européen, [[Étienne Brûlé]].
{{citation|La troque finie, le 18 juillet, les Hurons -Algonquins emmènent [[Étienne Brûlé]] et Nicolas Du Vigneau comme élèves interprètes<ref name="Le Jeune 1931" />.}}
Il visite divers lieux du côté nord de l'île, le long de la [[rivière des Prairies]], puis décide de traverser l’île, large de quelque 8 [[lieue]]s ({{unité|26|kilomètres}}), pour aboutir à l'embouchure d'une petite rivière<ref name="rivière Saint-Pierre" group="note">C'est la [[Rivière Saint-Pierre (Montréal)|rivière Saint-Pierre]], formant un petit lac près de son embouchure, aujourd'hui devenue l'embouchure du [[Canal de Lachine]].</ref>, se déversant au pied du [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]].
==== Retour par Québec ====
Le {{date-|11 août 1611-}}, il est de retour à Québec. {{citation|Il répare l’habitation, plante des rosiers et repart pour la France peu après<ref group="coll" name="chronologie" />.}} Il laisse derrière lui une quinzaine de colons à Québec, qui hiverneront en 1611-1612<ref group="coll" name="chronologie" />.
=== En France ({{Date-|1611}}-{{Date-|1613}}) ===
[[Fichier:Carte de Nouvelle-France par Champlain (1612).tif|thumb|Carte géographique de la [[Nouvelle-France]], dressée par Samuel Champlain, David Pelletier cartographe (Paris, 1612).
Première carte de Champlain publiée :''CARTE GEOGRAPHIQVE DE LA NOVVELLE FRANSE FAICTE PAR LE SIEVR DE CHAMPLAIN SAINT TONGOIS CAPPITAINE ORDINAIRE POUR LE ROY EN LA MARINE, faict len 1612''. La carte intègre les explorations et la cartographie de Champlain jusqu'en [[1611]]. L'écart angulaire entre le méridien oblique et la [[fleur de lys]] indique que la carte est orientée vers le pôle magnétique pour les [[Compas (navigation)|compas]] non corrigés. La carte incorpore le tableau de [[1607]] et probablement les cartes perdues du Saint-Laurent (1603) et de la côte ouest de [[La Hève]] à [[Canso (Nouvelle-Écosse)|Canso (Canseau)]] ([[1607]])<ref name="Heidenreich" />.]]
Il retourne en France pour assurer l'avenir de son projet et le {{date-|10 septembre 1611}}, il arrive à [[La Rochelle]]. Les associés de [[Pierre Dugua de Mons]] ne parviennent pas à obtenir un monopole : ils se retirent de l’entreprise de [[Québec (ville)]]<ref group="coll" name="chronologie" />.
Ayant perdu le soutien des marchands, il écrit des rapports et dessine une carte et demande conseil au [[Pierre Jeannin|Président Jeannin]], lequel désirait la poursuite de l’exploration vers le [[passage du Nord-Ouest]]. Il suggère à Champlain de se « ''jeter entre les bras de quelque Grand''. ». Champlain vente les possibilités de la Nouvelle-France à Charles de Bourbon, comte de Soisson et ce dernier est intéressé<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 1, Septentrion, 2019, p. 430</ref>. Le {{date-|27 septembre 1612-}}, Louis XIII accorde pour {{nombre|12 ans}} à son cousin [[Charles de Bourbon-Soissons|Charles de Bourbon, comte de Soissons]] le monopole de la [[traite des fourrures]] dans le [[Fleuve Saint-Laurent|Saint-Laurent]]<ref group="coll" name="chronologie" />. Le {{date-|8 octobre 1612-}}, [[Louis XIII]] nomme [[Charles de Bourbon-Soissons]] [[Vice-roi]] de la Nouvelle-France.
Le {{date-|15 octobre 1612-}}, Champlain reçoit le titre de lieutenant, avec le pouvoir d'exercer le commandement au nom du Vice-roi, pour nommer capitaines et lieutenants, de mandater des officiers pour l'administration de la justice et la maintenance de l'autorité policière, des règlements et ordonnances, de faire des traités, d'effectuer des guerres avec les indigènes et de retenir les marchands qui ne font pas partie de la société. Ses fonctions incluent la tâche de trouver la voie la plus courte vers la [[Chine]] et les [[Indes orientales|Indes]], et les moyens de découvrir et d'exploiter des mines de métaux précieux<ref group="coll" name="chronologie" />.
Peu de temps après, le {{date-|1 novembre 1612-}}, le [[Charles de Bourbon-Soissons|comte de Soissons]], Vice-roi au pays de la Nouvelle-France et protecteur de Champlain, meurt.
Le {{date-|22 novembre 1612}}, le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé]] devient Vice-roi de la [[Nouvelle-France]], et il confirme Champlain dans ses fonctions.
Le {{date-|9 janvier 1613}}, Champlain publie un compte-rendu des événements survenus entre [[1604]] et [[1612]], intitulé {{citation étrangère|langue=fr1835|Voyages du sieur de<ref>Noter la particule (« de » Champlain).</ref> Champlain Xaintongeois, de 1604 à 1612, avec privilège du roi<ref>{{harvsp|Champlain|1613|id=Champlain_1613_Voyages}}</ref>}}<ref group="coll" name="chronologie" />. L’ouvrage contient également une carte géographique de la Nouvelle France.
=== {{6e}} voyage {{Date-|1613}} ===
Parti du port de [[Honfleur]] le {{date-|6 mars 1613}}, sur le navire de [[François Gravé|Gravé Du Pont]], il arrive de nouveau en [[Nouvelle-France]] à [[Tadoussac]] le {{date-|29 avril 1613-}} et fait proclamer son nouveau mandat<ref name="chronologie" group="coll" />.
Plusieurs indigènes furent dégoûtés par les tactiques des marchands non accrédités. La [[traite des fourrures]], une fois de plus, rapporte peu de bénéfices.
Champlain part le {{date-|27 mai 1613-}} à partir du sault Saint-Louis pour continuer son exploration de la [[Huronie|contrée des Hurons]] et espère atteindre la « mer du nord » (la [[baie d'Hudson]]). Avec
un guide indien et quatre Français, dont [[Nicolas Vignau|Nicolas de Vignau]], Champlain navigue sur la [[rivière des Outaouais]], qu'il décrit en primeur; par cette rivière et d’autres voies d’eau et portages, ils se rendent au [[lac aux Allumettes]]. C'est en juin qu'il retrouve [[Tessouat]], le chef des [[Algonquin]]s de [[L'Isle-aux-Allumettes]], qu'il avait connu à [[Tadoussac]] en 1603; il offre de leur construire un fort s'ils acceptent de quitter leur sol pauvre et migrer au [[rapides de Lachine|Saut Saint-Louis]].
Champlain plante une croix aux armes de la France sur l'île aux Allumettes; ce qui fait dire à l'historien [[Marcel Trudel]], que dorénavant, « la route française de l'Ouest de l'Amérique est inaugurée »<ref name="Lemieux capsules" />.
Ensuite, ils redescendent au sault Saint-Louis, avec le fils de Tessouat, et y arrivent le {{date-|17 juin 1613-}}<ref name="chronologie" group="coll" />.
==== Première exploration à la Baie d'Hudson « mer du Nord » ====
En son premier voyage dans « les [[Pays-d'en-Haut]] », en {{date-|mai 1613}}, Champlain entreprend l'exploration de la [[rivière des Outaouais]]. L'[[truchement|interprète (ou « truchement »)]] [[Nicolas Vignau|Nicolas de Vignau]], assure qu'il connaît le chemin conduisant à la « mer du Nord » (la baie d'Hudson) :
[[Fichier:Champlain with Astrolabe on the West Bank of Ottawa River, 1613 by Jefferys.jpg|vignette|upright|Champlain utilise un astrolabe sur la rive ouest de la [[rivière des Outaouais]], 1613.]]
[[Fichier:Astrolabe de marin, France, 1603.jpg|vignette|upright|Cet astrolabe authentique a été fabriqué en France en 1603. Il aurait été perdu lors de l'expédition de Champlain dans la région de l’Outaouais, en 1613.]]
{{Citation bloc|Le 13, je partis de Québec pour aller au Sault Saint Louys où j’arrivay le 21. Or n’ayant que deux canaux, je ne pouvois menier avec moy que 4. hommes entre lesquels estoit un nommé Nicolas de Vigneau, le plus impudent menteur qui se soit veu de long temps, comme la suite de ce discours le fera voir,… il me rapporta à son retour de Paris en l’année [[1612]]. qu’il avoit veu la mer du nort… Ainsi nos canots chargez de quelques vivres, de nos armes & marchandises pour faire présents aux Sauvages, je partis le lundi 27. Mai de l'isle Saincte-Heleine, avec quatre François et un Sauvage<ref>Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|857}}</ref>.}}
À l'instigation de Nicolas de Vignau, Champlain remonte alors la rivière des Outaouais vers le pays des Hurons. Il s'arrête à un campement d’une tribu algonquine, les [[Kichesipirinis]], sur l'île aux Allumettes. Pour conserver le rôle des [[Kichesipirinis]] comme intermédiaires entre les Français et les autres tribus amérindiennes, le chef Tessouat contredit Vignau à propos de la route vers la baie d'Hudson. Il se montre également très réticent devant l'intention de Champlain de poursuivre son voyage vers le lac Nipissing. Après quelques cadeaux et échanges diplomatiques, l'explorateur rebrousse chemin et rentre à Québec. En cours de route, Champlain perd son [[astrolabe]]<ref name="astrolabe" group="note">À la fin de l'été [[1867]], près de Cobden en Ontario, un adolescent trouve ce qui lui semble un petit disque en laiton, à l'occasion de travaux de défrichage menés par son père. Il comporte un anneau de suspension, un pointeur mobile, des graduations. Ce petit astrolabe est gravé d'un « 1603 ». Quiconque l'apprend conclut à « l'astrolabe de Champlain ». Mais... avec ce vieil astrolabe miniature, on trouve une chaîne rouillée, de petits récipients en cuivre, ainsi que deux gobelets en argent gravé. En [[2004]], le chercheur Douglas Hunter propose une autre conclusion qui tient compte de l'ensemble des données, et que le journaliste Jean-François Nadeau rapporte, sous le titre ''Est-ce bien l'astrolabe de Samuel de Champlain?'' (''Le Devoir'' du 30 décembre 2004. Voir [http://archives.vigile.net/05-1/histoire.html l'article]. — D'autres auteurs ignorent encore cette interrogation, même le [http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-53/Astrolabe_de_Champlain_:_parcours_d'un_objet_mythique_du_patrimoine_canadien.html Musée de l'Amérique française (à Québec)], comme le [http://www.civilisations.ca/cmc/exhibitions/tresors/treasure/222fra.shtml Musée canadien des civilisations (à Ottawa)], l'actuel gardien de cet objet qu'il nomme, toutefois, prudemment « l'astrolabe dit de Champlain ».</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |nom1=Bergeron |prénom1=Yves-Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique Française |titre=Astrolabe de Champlain : parcours d'un objet mythique du patrimoine canadien |url=http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-53/Astrolabe_de_Champlain_:_parcours_d%27un_objet_mythique_du_patrimoine_canadien.html#.XT7_2ehKiUk |site=www.ameriquefrancaise.org |consulté le=2019-07-29 }}</ref>.
=== Retour et constitution de la Compagnie des marchands ===
Le {{date-|3 juillet 1613}}, à [[Tadoussac]], le malouin sieur de Maisonneuve, offre à Champlain de traverser à bord de son navire. Du {{date-|8 août 1613-}} au {{date-|26 août 1613}}, Champlain voyage de Tadoussac à [[Saint-Malo]], à bord d'un navire commandé par Maisonneuve<ref name="chronologie" group="coll" />. Il entre à ce port le {{date-|26 août 1613-}}.
L'explorateur y vit les marchands, {{citation|auxquels il remontra qu'il était facile de faire une bonne Association pour l'avenir à quoi ils se sont résolus, comme ont fait ceux de Rouen }}. Le {{date-|14 novembre 1613}}, le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé, vice-roi]], obtint le monopole de la traite au-dessous de Québec jusqu'à [[Matane]], pour une durée de onze années en liant les associés dans la ''Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo''. Elle porte aussi le nom de ''Compagnie de Champlain'', soulignant le rôle important du lieutenant du [[Henri II de Bourbon-Condé|vice-roi]]<ref name="Trudel DBC">{{harvsp|Trudel|2003}}</ref>.
{{citation |En novembre, à Paris, l'acte de constitution de la Compagnie des marchands est signée. Elle est composée de trois marchands de Saint-Malo et de trois marchands de Rouen. Champlain signe l'acte en tant que fondé de pouvoir du [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé]]. La compagnie achète de [[Pierre Dugua de Mons|Pierre Du Gua de Monts]] le poste de Québec pour la somme de trois mille neuf cents livres tournois. [[Pierre Dugua de Mons|Du Gua de Monts]] entre dans la compagnie pour une somme de trois mille livres et Champlain, pour mille huit cents livres<ref name="Lemieux capsules" />.}}
La {{citation|compagnie de Canada}} est aussi connue sous le nom de {{citation|Compagnie de Condé}}<ref name="chronologie" group="coll" />.
Vers la fin de l'année, Champlain relate ses dernières explorations sous le titre {{citation étrangère|langue=fr1835|Quatriesme Voyage}}. Ce récit, ainsi qu’une nouvelle carte, sont ajoutés à l’édition des ''Voyages (1604-1612)''<ref>{{harvsp|Champlain|1613|pages=318-320}}</ref>. Il y écrit un compte-rendu du voyage en amont de la rivière des Outaouais.
En 1614 les affaires retiennent Champlain en France. À [[Fontainebleau]], il présente au roi l’état de la [[Nouvelle-France]]: le commerce de la traite y est excellent. Le [[Henri II de Bourbon-Condé|prince de Condé, vice-roi]], et [[Louis Houël]]<ref>Louis Houël, sieur du Petit-Pré, est contrôleur des salines de Brouage et membre de la Compagnie des Cent-Associés</ref>, [[secrétaire du roi]], appuient Champlain qui obtient des religieux que la Compagnie devra entretenir<ref name="chronologie" group="coll" />.
=== {{7e}} voyage au Canada ({{Date-|1615}}-{{Date-|1616}}) ===
Il retourne en Nouvelle-France au printemps [[1615]], cette fois-ci avec quatre [[Frères mineurs récollets|Récollets]] afin de promouvoir la vie religieuse dans la nouvelle colonie.
Du {{date- |24 avril 1615}} au {{date-|25 mai 1615}}, Champlain traverse au Canada, accompagné des missionnaires récollets [[Denis Jamet]], [[Jean Dolbeau]], [[Joseph Le Caron]] et [[Pacifique Du Plessis]]. Champlain s’embarque à [[Honfleur]] sur [[le Saint-Étienne]]; avec [[Don de Dieu (navire)|le Don de Dieu]] et [[le Loyal]], ils navignent ensemble vers [[Tadoussac]] et [[Québec (ville)|Québec]]<ref name="chronologie" group="coll" />.
==== Première messe sur l'île de Montréal ====
[[Fichier:Première messe chantée sur les bords de la rivière des Prairies.jpg|thumb|upright|Première messe chantée sur les bords de la [[rivière des Prairies]] par le R. P. Denis Jamay, {{Date|24|juin|1615}}. Peinture à l'intérieur de la basilique Marie-Reine-du-Monde à Montréal, {{date-|février 1908}} par [[Georges Delfosse (peintre)|Georges Delfosse]].]]
La première messe célébrée sur l'île de Montréal eut lieu le {{date|24 juin 1615}} à la rivière des Prairies, par le père [[Denis Jamet]] assisté du père [[Joseph Le Caron]], récollets.
Au sujet de cette première messe dite sur [[Montréal|l'île du Mont Royal]], Samuel de Champlain déclare :
{{Citation bloc|et le jour suivant, je party de là pour retourner à la rivière des Prairies, où estant avec deux canaux de Sauvages, je fis rencontre du père [[Joseph Le Caron|Joseph [Le Caron]]], qui retournoit à notre habitation, avec quelques ornements d'Église pour celebrer le saintc Sacrifice de la messe, qui fut chantee sur le bord de ladite riviere avec toute devotion, par le Reverend [[Denis Jamet|Pere Denis [Jamet]]], et [[Joseph Le Caron|Pere Joseph [Le Caron]]], devant tous ces peuples qui estoient en admiration, de voir les ceremonies dont on fait et des ornements qui leur sembloient si beaux, comme chose qu'ils n'avoient jamais veuë: car c'estoient les premiers qui ont celebré la Saincte Messe<ref>Abbé C.-H. Laverdière, M. A., Œuvre de Champlain, 1870, {{p.|504}}</ref>.}}
====
[[Fichier:Champ1632 82.jpg|thumb|Carte des étapes numérotées de l'expédition de Champlain le long de la [[rivière des Outaouais]].]]
==== Second voyage de Samuel de Champlain dans les Pays d'en Haut et expédition guerrière. ====
Parti de Québec le {{date-|9 juillet 1615}}, Champlain atteint la [[baie Georgienne]] en compagnie de deux Français, dont l'un est probablement [[Étienne Brûlé]]. Utilisant la grande route de la traite ([[rivière des Outaouais]], [[rivière Mattawa]], [[lac Nipissing|lac des Népissingues]], [[rivière des Français (cours d'eau)|rivière des Français]] et [[baie Georgienne]]), Champlain accède alors au cœur du [[Huronie|pays des Hurons]].
Il atteint le grand [[lac Huron|lac Attigouautan (lac des Hurons)]] qu’il appelle mer Douce. Explorant le pays, il maintient son allégeance aux autochtones [[Algonquins]] et [[Hurons-Wendats|Hurons-Ouendat]]. Il voyage de village en village jusqu'à [[Cahiagué]]<ref>voir [http://www.ontarioarchaeology.on.ca/Resources/Publications/oa45-1-fitzgerald.pdf ''Is The Warminster Site Champlain's Cahiagué?'', par William R. Fitzgerald]</ref>, situé sur les rives du [[lac Simcoe]] et lieu de rendez-vous militaire. Là, un groupe de guerriers autochtones auquel appartient [[Étienne Brûlé]], part en direction du sud pour susciter la participation des [[Andastes]] au combat contre les [[Iroquois]]. Il décide alors de poursuivre la guerre contre les Iroquois.
==== Attaque de 1615 contre les Onontagués ====
[[
Le {{1er}} septembre, débute l'expédition militaire de [[Cahiagué]]. Avec un important contingent de guerriers hurons, Champlain accompagné des quelques Français se dirige vers l'est puis traverse l'extrémité orientale de l'actuel lac Ontario. Ils cachent les canots et poursuivent leur route à pied longeant la rivière [[Onneiout]] (Oneida). Parvenus à un fort iroquois situé entre les lacs Oneida et Onondaga, ils livrent bataille car les [[Hurons-Wendats|Hurons]] font pression pour attaquer prématurément : l'assaut échoue.
Il tente de capturer le fort avec un cavalier, un [[engin de siège]] européen constitué d'une terrasse ou plateforme surélevée pour tirer des coups d'armes à feu. Simultanément, ses alliés tentent de brûler la palissade. Champlain est blessé deux fois aux jambes par des flèches, dont une dans le genou. L'attaque dure environ trois heures, jusqu'à ce que les attaquants soient forcés de fuir.
Champlain estime que l'attaque fut un échec, mais les Indiens des deux côtés trouvent ce raid de vengeance très réussi. Cette attaque mena à une longue période pacifique<ref name="Fischer 2008">{{Harv|Fischer|2008}}</ref>. Champlain est blessé d'une flèche au genou. Des Hurons le ramènent dans leur bourgade en le portant à tour de rôle sur leur dos<ref name="porteurs hurons" group="note">{{style|Ces Hurons sont probablement plus costauds que Champlain.}}</ref>.
==== Un hivernement forcé en Huronie ====
Champlain désire alors revenir au [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]], mais les [[Hurons-Wendats|Hurons]] insistent pour qu'il passe l'hiver avec eux : ils refusent de l'y mener avant le printemps suivant. Champlain doit donc hiverner en Huronie.
Il profite de son long séjour dans la région pour explorer le sud-ouest, les [[Pétuns]] et les [[Outaouais (peuple)|Cheveux-Relevés]] (sud de la [[Huronie]] et de la [[péninsule Bruce]]).
Lors d'une grande chasse au cerf en compagnie de [[Hurons-Wendats|Hurons]], Champlain se perd en forêt pour avoir suivi un bel oiseau. Il erre pendant trois jours dans les bois, dormant sous les arbres, jusqu'à ce qu'il fasse par chance une rencontre avec un Amérindien.
Il passe le reste de l'hiver apprenant {{citation|leur pays, leurs façons, leurs coutumes, leur mode de vie}}. Il prend le temps de rédiger une description détaillée du pays, des mœurs, des coutumes et de la façon de vivre des Autochtones. Il s'émerveille devant la beauté du paysage et la fertilité des lieux. Il ne tire cependant que des renseignements limités sur l'Ouest mystérieux, car en raison des guerres qui sévissent entre les diverses nations, les Autochtones ont peu voyagé dans cette direction.
Tous le croient mort, tant en [[Huronie]] qu'à [[Québec (ville)|Québec]].
Le {{date-|22 mai 1616}}, il quitte la [[Huronie|contrée des Hurons]] ; à la fin de {{date-|juin 1616-}}, il est de retour au [[Rapides de Lachine|Sault Saint-Louis]] et le {{date-|11 juillet 1616-}} il est de retour à [[Québec (ville)|Québec]].
Il passe quelque temps à agrandir [[Habitation de Québec|le fort]] et repart pour la France le {{date-|20 juillet 1616-}}.
=== {{8e}} voyage au Canada en 1617 ===
En France, Champlain apprend que le [[Henri II de Bourbon-Condé|Prince de Condé]] a été arrêté. Le [[Pons de Lauzières-Thémines|maréchal de Thémines]] est promu au titre de vice-roi.
{{Citation bloc|De fait, le [[Pons de Lauzières-Thémines|maréchal de Thémines]] se fit donner la charge de vice-roi : Champlain demeura quand même lieutenant et les associés allèrent jusqu’à montrer un zèle soudain à l’égard de la colonie, mais le tout « s’en alla en fumée » et, quand Champlain voulut, en 1617, s’embarquer à Honfleur, l’associé Daniel Boyer lui signifia qu’il n’était plus le lieutenant du vice-roi. Champlain partit quand même pour la Nouvelle-France où il ne fit qu’un bref séjour (ce voyage de 1617 a été mis en doute, mais il demeure possible, même si nous retrouvons Champlain à Paris le 22 juillet).|{{harvsp|Trudel|2003}} }}
Champlain arrive à Tadoussac le {{date-|14 juin 1617-}} et met les voiles vers Québec, pour un très bref séjour au Canada. Le {{date-|20 juillet 1617-}}, il est de retour en France<ref name="Fischer 2008"/>.
=== En France, projets pour la Nouvelle-France et Québec, ''Ludovica'' (1617 à 1618) ===
En {{date-|février 1618}}, Champlain tente d'impressionner en adressant deux mémoires, l’un à [[Louis XIII]] et l’autre à la Chambre du Commerce, qui énoncent tout un programme, afin d'augmenter le soutien de ses efforts en Nouvelle-France.
Il traite d'importantes considérations, dont le danger de laisser sans forts les rives du Saint-Laurent en raison de la présence des [[Nouvelle-Néerlande|Flamands]]. Il fait des projets :
{{Citation bloc| par la Nouvelle-France, on pourrait {{citation étrangère| langue=fr1835|parvenir facilement au [[Chine|Royaume de la Chine]] et [[Indes orientales]], d’où l’on tireroit de grandes richesses }} ; la douane que l’on percevrait à Québec sur toutes les marchandises en provenance ou à destination de l’Asie {{citation étrangère| langue=fr1835|surpasseroit en prix dix fois au moins toutes celles qui se lèvent en France }} ; on s’assurerait un pays de {{citation étrangère| langue=fr1835|près de {{nombre|dix-huict cens lieues}} de long, arrousé des plus beaux fleuves du monde }} et l’on établirait la [[christianisme|foi chrétienne]] parmi une infinité d’âmes. Pour asseoir solidement la Nouvelle-France, Champlain propose qu’on établisse à Québec, dans la vallée de la [[Rivière Saint-Charles (Québec)|rivière Saint-Charles]], {{citation étrangère| langue=fr1835|une ville de la grandeur presque de celle de [[Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)|Sainct-Denis]], lacquelle ville s’appellera, s’il plaict à Dieu et au [[Louis XIII|roy]], ''Ludovica''}} ; un fort dominerait cette ville ; un autre serait construit sur la rive sud du fleuve, un troisième à [[Tadoussac]]. On mènerait au pays {{nombre|15 [[Frères mineurs récollets|Récollets]]}}, {{nombre|300 familles}} de quatre personnes et {{nombre|300 soldats}} ; le roi enverrait quelqu’un de son conseil pour {{citation étrangère| langue=fr1835|establir et ordonner des loix fondamentales de l’estat}} et une justice gratuite.|[[Marcel Trudel]]<ref name="Trudel DBC" />}}
Concernant le commerce, Champlain estime que la colonie peut produire un revenu annuel d'approximativement {{unité|5400000|livres}}, principalement de la pêche, des mines, des fourrures et des profits comme résultat à la {{citation|plus courte route vers la Chine}}. La Chambre de Commerce en est convaincue immédiatement et Champlain regagne son monopole sur la [[traite des fourrures|traite de la fourrure]]. Le Roi charge ses associés de {{citation|poursuivre tout le travail qu'il sera jugé nécessaire pour établir les colonies qui voudront se retrouver dans le-dit pays}}.
=== {{9e}} voyage au Canada. Honfleur à Trois-Rivières ({{Date-|1618}}) ===
Champlain s'embarque à Honfleur le {{date-|24 mai 1618}}. Il arrive à Percé le {{date-|15 juin 1618-}}.
Il quitte Tadoussac le {{date-|30 juillet 1618-}} pour accoster en France à Honfleur le {{date-|28 août 1618-}}.
{{pas clair|Les Britanniques sont parvenus à obtenir la liberté des échanges. Aussi ses associés refusent-ils d'assurer la population de la colonie, craignant de ne pouvoir obtenir des fourrures que des colons. Champlain en est dérangé, écrivant « Ils pensaient… ils installaient une sorte de république là selon leurs propres notions. » Il fait valoir son droit de commander Québec, faisant signer à ses associés un contrat assurant qu'ils maintiendraient 80 personnes dans la ville de Québec.}}
=== En France (1618-1620) ===
Son projet de retour prochain en la Nouvelle-France, est annulé quand les associés refusent à nouveau de reconnaître ses droits, et il est forcé de rester en France. Durant son séjour, il écrit un compte-rendu de ses voyages entre [[1615]] à [[1618]]. {{référence nécessaire|En octobre [[1619]], le [[Henri II de Bourbon-Condé|Prince de Condé]] est libéré et vend ses droits comme vice-roi au [[Henri II de Montmorency|duc de Montmorency]], amiral de France.}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Fischer, David Hackett,|prénom1=David|nom1=Heckett Fischer|titre=Le rêve de Champlain|lieu=Montréal|éditeur=Boréal|année=2012|pages totales=998|passage=p.424|isbn=978-2-7646-2229-2|isbn2=2764622295|oclc=815853135|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/815853135|consulté le=2019-01-16}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Joseph|nom1=Desjardins|titre=Guide parlementaire historique de la Province de Québec.|sous-titre=1792 à 1902|éditeur=Québec|année=1902|passage=3|lire en ligne=https://archive.org/details/guideparlementai00desjuoft}}</ref>
=== {{10e}} voyage au Canada ({{Date-|1620}}-{{Date-|1624}}) ===
[[File:Madame Champlain enseignant aux enfants indiens, 1620.jpg|thumb|Madame Champlain enseignant aux enfants indiens, 1620. Crédit: Bibliothèque et Archives Canada, no d'acc 1991-36-1.]]
Le [[Henri II de Montmorency|duc de Montmorency]] confirme Champlain dans sa fonction et, le {{date-|7 mai 1620}}, [[Louis XIII]] lui demande de maintenir le pays de Nouvelle-France « en obéissance à moi, faisant vivre le peuple qui est là-bas en aussi proche conformité avec les lois de mon royaume que vous le pouvez. » Champlain retourne immédiatement en Nouvelle-France à bord du ''Saint Étienne'', et se concentre désormais sur l'administration du pays plutôt que sur l'exploration.
Il s'embarque à Honfleur le {{date-|8 mai 1620-}} et il amène pour la première fois son épouse Hélène Boullé qui a maintenant {{nombre|22 ans}}.
Champlain passe l'hiver à construire le [[Château Saint-Louis|Fort Saint-Louis]] au haut du [[Cap Diamant]]. À la mi-mai, il apprend que la traite de fourrure est prise en main par une autre compagnie, dirigée par les frères ''de Caën''. Après quelques négociations tendues, il se décide à fusionner les deux compagnies sous la direction des ''de Caën''. Champlain continue son travail sur les relations avec les Amérindiens et parvient à leur imposer un chef de son choix à lui. Il parvient également à signer un traité de paix avec les tribus [[iroquois]]es.
Champlain introduit en [[1621]] le système de [[notaire|documents notariés]] en [[notaire#Au Québec|Nouvelle-France]]. Le roi maintiendra ce système quand la Nouvelle-France devient colonie royale en [[1663]]<ref>Le Devoir, 9 octobre 2016, 1,7 million d'actes notariés du Québec chez ancestry.ca</ref>.
Champlain continue à travailler sur l'amélioration de son ''Habitation'', posant la première pierre le {{date|6 mai 1624}}. Le {{date-|5 juillet 1624-}}, il revient à Québec et continue à travailler à l'expansion de la colonie.
Sa jeune femme se mettant à dépérir, le {{date-|15 août 1624-}}, il retourne une fois de plus en France où il est encouragé à continuer son travail aussi bien qu'à continuer la recherche d'un passage vers la Chine.
=== {{11e}} voyage au Canada ({{Date-|1626}}-{{Date-|1629}}) ===
Le {{date-|24 avril 1626}} Champlain est à Dieppe. La ''Sainte-Catherine'' appareille et il parvient à Québec le {{date-|5 juillet 1626-}}.
==== La Compagnie des Cent-Associés et nomination en tant que Commandant de la Nouvelle-France ====
En [[1627]], le [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]] marque son intérêt pour les affaires de Québec en créant la [[Compagnie de la Nouvelle-France|Compagnie des Cent-Associés]]. Champlain, tout comme Richelieu, en devient membre et actionnaire. Ce nouveau régime conduit Champlain à devenir, le {{date|21 mars 1629}} le « commandant en la Nouvelle-France en l’absence » du cardinal de Richelieu<ref group="coll" name="chronologie" />.
==== Chute de Québec ====
[[File:OUR FIRST FOOTING IN CANADA. CHAMPLAIN SURRENDERING QUEBEC TO ADMIRAL KIRKE. JULY 20 1629.jpg|vignette|gauche|upright|Le {{date|20|juillet|1629}}, Champlain capitule à Québec, et rend la colonie à l'amiral Kirke. Dessin de R. Caton Woodville jr.]]
[[File:Champlain Leaving Quebec, a Prisoner on Kirk’s Ship, 1629.jpg|vignette|droite|upright|Champlain quitte Québec, prisonnier à bord du navire des Kirke. Dessin de [[Charles William Jefferys]], 1942.]]
Les choses n'allaient pas se maintenir pour Champlain et son petit village. Les approvisionnements étaient au plus bas durant l'été de [[1628]] et les marchands anglais avaient pillé la ferme de [[Réserve nationale de faune du cap Tourmente|Cap Tourmente]] au début de juillet. Le {{date-|10 juillet}}, Champlain reçoit une sommation de marchands anglais, Gervase Kirke et ses fils Lewis, Thomas et [[David Kirke]]. Ce sont des Huguenots français à la solde de l'Angleterre<ref name="Daveluy 219">{{Harv|Daveluy|1945|loc=p.219}}</ref>.Il refuse de faire affaire avec eux, mais en réponse les Anglais font le blocus de la ville avec leurs trois navires. Au printemps de [[1629]], les vivres atteignent un niveau extrêmement bas, la petite colonie est épuisée et Champlain est forcé d'envoyer des gens à [[Gaspé (ville)|Gaspé]] pour conserver les rations. Le {{date-|19 juillet 1629-}}, les frères Kirke arrivent et Champlain est forcé de négocier les termes de la capitulation de la ville, le {{date|14|septembre|1629}}.
Champlain, les missionnaires, et presque tous les colons quittèrent la colonie<ref name="Daveluy 219" />.
=== De retour en Europe ({{date-|1629}}-{{date-|1633}}) ===
Au {{date-|29 octobre 1629-}}, Champlain se retrouvait à [[Londres]].
Durant les années suivantes, Champlain écrit ''Voyages de la Nouvelle France […]'', dédié à Richelieu, ainsi que son ''Traité de la marine et du devoir d'un bon marinier''. Il est absent du Québec jusqu'au [[Traité de Saint-Germain-en-Laye (1632)|traité de Saint-Germain-en-Laye]] en [[1632]].
=== {{12e}} et dernier voyage au Canada. Fondation de Trois-Rivières ({{Date-|1633}}-{{Date-|1635}}) ===
Lorsqu'il revient d'Angleterre en France, le {{date-|1|mars|1633}}, Champlain réclame à Richelieu son poste de gouverneur (officieux) de la Nouvelle-France. Il obtient le titre de « commandant » à Québec, « en l'absence du ministre » (c'est-à-dire « lieutenant », comme auparavant). Champlain part de [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]] (ou de [[Rouen]], selon les sources) le {{date-|23 mars 1633}} pour Québec, qu'il atteint le {{date-|22 mai}} (directement pour la première fois<ref name="barque" group="note"
En 1633, le chef algonquin [[Capitanal]] lui demande d'établir un poste permanent à [[Trois-Rivières]]. Convaincu de l'importance stratégique de l'emplacement pour la traite des fourrures, il y fera construire un fort qui servira à la fois au commerce et à l'occupation du territoire.
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=== Décès ===
[[File:Testament de Samuel Champlain 1 - Archives Nationales - ET-LXII-138 (RS-282) .jpg|thumb|upright|Testament de Champlain.]]
La cause de son décès résulte probablement d’un accident vasculaire cérébral. Sa santé a fortement décliné à la suite des événements majeurs dans sa vie. Selon l’historien [[Éric Thierry]], il est probablement tombé en forte dépression à la suite de la chute de Québec en 1629 par les frères Kirke. Un autre élément à considérer, est également sa disgrâce auprès de Richelieu. Champlain était associé au [[parti des dévots]] qui menaçait le pouvoir royal. Selon Richelieu, la question religieuse doit être subordonnée à la raison d’État. Après la [[journée des Dupes]] des 10 et 11 novembre 1630, Champlain regagne progressivement la confiance de Richelieu, avec l’aide de Jean de Lauzon de la Compagnie des Cent-Associés et du [[François Leclerc du Tremblay|père Joseph]], éminence grise du [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]]<ref>Thierry, Éric, Les œuvres complètes de Champlain, Tome 2,
Québec, Septentrion, 2019, p. 606</ref>.
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Il n'existe pas de portrait authentique de Champlain. Toutes les représentations que l'on en donne sont des faux<ref name="portrait" group="note">Le portrait de Champlain utilisé dans l'article est un portrait factice par Eugène Ronjat. Source : [[François Guizot]], ''A Popular History of France from the Earliest Times'', vol. 6, chap. 53, Boston, Dana Estes & Charles E. Lauriat (Imp.), {{19th}} C., {{p.|190}}.</ref> ou des interprétations. La seule image originale est une gravure<ref>Éric Thierry nous explique dans cette vidéo le travail du graveur de David Pelletier. Il s’agit de la scène de la bataille de 1609 parue dans l’ouvrage de Champlain paru en 1613
[https://www.youtube.com/watch?v=m2Q0c2cWNH8. https://www.youtube.com/watch?v=m2Q0c2cWNH8.] </ref> d'une bataille au lac Champlain en [[1609]], mais les caractéristiques faciales sont trop vagues pour en avoir une bonne idée. Il s'agit du croquis {{citation étrangère |langue=fr1835|Deffaite des Yroquois au Lac de Champlain}}, dessiné par Champlain lui-même<ref name="Fischer 2008"
Il est admis par les historiens que le portrait que l'on a cru longtemps (depuis environ 1850) être celui de Samuel de Champlain serait en fait celui d'un contrôleur des finances (1648) nommé [[Michel Particelli d'Émery]]. Il est toutefois souvent coutume, faute de mieux, de représenter Champlain sous ces traits. Selon une théorie de l'[[historien]] [[Marcel Trudel]], sur des cartes géographiques de l'Amérique du Nord dessinées par Samuel de Champlain en 1612 et 1632, figurent au centre d'une [[rose des vents]], l'autoportrait de Champlain. Les chercheurs Denis Martin et André Vachon réfutent l’hypothèse de Marcel Trudel. Denis Martin conclue : La réponse est toute simple : Nous sommes ici devant une représentation courante du soleil. Ce visage apparaît sur les cartes de Champlain au cœur de la rose des vents, à l’endroit où dans la plupart des autres cartes de l’époque convergent les rayons des trente-deux aires de vent divisant la boussole ou compas de mer… Dans la carte de 1632, le visage symétrique et bienveillant composé dans la lunette de la rose ou du compas - avec sa fleur de lys pointant vers le nord-est est celui du dieu Helios, un motif conventionnel dans l’imagerie à l’époque de Champlain<ref>Martin, Denis. 2004. Samuel de Champlain à visage découvert. Dans R. Litalien et D. Vaugeois. ''Champlain'' : ''La naissance de l’Amérique française'', Québec, Septentrion, p. 360</ref>.
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