« Le Martyre de saint Pierre (Michel-Ange) » : différence entre les versions
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}}<nowiki> </nowiki>'''''Le Martyre de saint Pierre''''' ou '''''La
L'artiste a représenté saint [[Pierre (apôtre)|Pierre]] au moment où il est élevé sur la croix par les soldats [[Rome antique|romains]].
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Avant même que Michel-Ange termine le ''[[Le Jugement dernier (Michel-Ange)|Jugement dernier]]'' dans la [[Chapelle Sixtine]], et malgré les réactions virulentes qu'il suscite{{Sfn|Zöllner|Thoenes|p=700}}, Paul III lui propose une nouvelle mission, cette fois plus étroitement liée à son nom. Entre 1537 et 1540, le pape a en effet construit une chapelle palatine dans le palais apostolique sur les fondations d'une chapelle précédente, la ''cappella parva'' (petite chapelle), et souhaite que l'artiste la décore de fresques associées au dédicataire de la chapelle, ainsi qu'au [[diocèse de Rome]], respectivement les saints [[Paul de Tarse|Paul]] et Pierre{{Sfn|Camesasca|1966|p=105}}.
Les premiers paiements attestent que les travaux débutent en octobre ou {{date|novembre 1542}}{{Sfn|Allard|2023|p=295}} ; Michel-Ange travaille plus lentement que sur les grandes fresques de la Chapelle Sixtine à cause de l'âge et des maladies. En 1544, il souffre d'une grave maladie qui l'oblige à suspendre les travaux. La première des deux fresques, ''[[La Conversion de saint Paul (Michel-Ange)|La Conversion de saint Paul]]'', devait être terminée le {{date|12 juillet 1545}} et le {{date|10 août 1545-}}, le mur de l'autre fresque, la ''
Les fresques de Michel-Ange ont subi quelques restaurations mineures : en 1933-1934, on a constaté qu'il s'agissait en grande partie d'autographes de Michel-Ange, qui était habitué à travailler sans assistants, avec seulement quelques interventions « moralisatrices » après la [[Contre-Réforme]] sur les draperies qui recouvraient une partie de la nudité des anges et avec quelques repeints à la [[détrempe]], peu étendus, notamment sur les zones de paysage{{Sfn|Camesasca|1966|p=105}}. Une partie de ces repeints a été supprimé lors de cette restauration{{Sfn|Zöllner|Thoenes|p=102}}.
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La fresque représente le [[martyre de saint Pierre]], son [[crucifiement]] la tête en bas, par les soldats de l'[[Empire romain]].
Saint Pierre est connu par ses nombreux attributs, comme «
L'œuvre représente le moment précédant immédiatement le martyre de saint Pierre, lorsque, déjà renversé et cloué sur la croix, il est sur le point d'être hissé. L'épisode n'est pas mentionné dans les [[Actes des Apôtres]], mais dérive de ''[[La Légende dorée]]'', au moment où le saint crucifié la tête en bas par humilité, tourne la tête vers le haut, dans un dernier geste émouvant de vie adressé au spectateur{{Sfn|Alvarez Gonzáles|2007|p=126}}.
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[[File:Michelangelo, crocifissione di san pietro, 1546-50, 03.jpg|vignette|redresse|Détail.]]
[[File:Michelangelo, paolina, martirio di san pietro 05.jpg|vignette|redresse|Détail.]]
Dans la tradition [[Iconographie|iconographique]] de l'époque, la scène du martyre de Pierre adhère strictement au récit des événements : la croix plantée à l'envers avec le corps de Pierre est représentée au centre du tableau, des éléments font référence à Rome, lieu de l'événement, comme la [[Meta Romuli]] ou l'[[obélisque du Vatican]]. Michel-Ange rompt radicalement avec cette tradition : la croix n'est pas encore érigée, il n'existe aucun signe permettant de situer géographiquement l'événement. Il estime pouvoir se passer de la référence à la topographie antique de Rome{{Sfn|Zöllner|Thoenes|p=703}}. Il rend la scène encore plus dynamique en représentant la croix qui traverse tout le champ figuratif dans une position fortement diagonale. Pierre, étendu sur la croix, lève vigoureusement la tête et tourne son regard vers l'observateur : il regarde vers la porte de la chapelle, par où doit entrer le Pape, et semble presque lui dire de se souvenir de son rôle, celui de son successeur. Le tableau ne représente pas une véritable crucifixion, mais
La toile de fond de la scène est un arrière-plan montagneux peu élaboré. Michel-Ange n'a pas rendu ce contexte de manière très détaillée. Vasari déclare : « Il n’y a aucun paysage à voir dans ces scènes, ni aucun arbre, bâtiment ou autre embellissement et variation. »{{Sfn|Vasari|1965|p=384}} Les montagnes sont peintes dans une légère teinte bleue, ce qui vise peut-être à augmenter la profondeur de champ grâce à la [[perspective aérienne]]. La terre représentée au milieu et au premier plan est d'un [[vert-jaune]] pâle qui est par endroits plutôt d'une couleur [[ocre]] jaune. Les seuls véritables éléments verticaux du tableau sont les personnages, qui occupent la majeure partie du premier plan. De nombreux groupes de personnes entourent une seule grande figure centrale montée sur une croix qui constitue l'attribut formel le plus impressionnant de ce tableau qui, outre sa taille considérable, est son élément central de composition. Contrairement aux nombreuses représentations antérieures du martyre de Pierre, celle-ci représente la levée de la croix, le moment précédant le véritable début du [[crucifiement]]{{Sfn|Steinberg|1975|p=47}}.
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[[File:Michelangelo, crocifissione di san pietro, 1546-50, 17.jpg|vignette|redresse|Détail avec le pèlerin du bord droit.]]
Contrairement à la ''Conversion'', dans
La composition n'est plus guidée par les principes de la [[Perspective (représentation)|perspective]] de la [[Renaissance]], mais les personnages apparaissent juxtaposés et disposés sans réelle profondeur, presque suspendus au-dessus de rien, comme les personnages qui surgissent au milieu du cadre sur le droite. Le spectateur se retrouve ainsi au centre de multiples points de fuite comme s'il était entouré « à l'intérieur » de la scène{{Sfn|Alvarez Gonzáles|2007|p=126}}.
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Cette fresque, tout comme l'autre fresque de Michel-Ange dans la chapelle, ''La Conversion de saint Paul'', a d’abord été tournée en dérision dès son inauguration{{Sfn|Steinberg|1975|p=17}}. La plupart des critiques portent sur ce qui est considéré comme un mépris flagrant des proportions. Certains attribuent l'échec de ces fresques à l'âge avancé de l'artiste et à sa santé déclinante. Plus tard, des érudits ont attribué la nature disproportionnée des figures à la recherche active de la technique [[Maniérisme|maniériste]] de Michel-Ange. Steinberg réfute ces affirmations en avançant le fait que les figures trapues et musclées caractéristiques de cette œuvre ne coïncident pas avec le type de corps idéal et souple préféré par les maniéristes{{Sfn|Steinberg|1975|p=18}}. Yael Even affirme que Michel-Ange est même allé jusqu'à imprégner les figures féminines en deuil présentes dans le tableau d'une qualité plus masculine{{Sfn|Even|1990|p=29}}.
== Analyse ==
Ces fresques ont été largement ignorées pendant des siècles et ont subi de nombreux dégâts dus à la négligence. Au début du {{S-|XX}}, certains érudits les ont reconsidérées sous la nouvelle lumière de l'[[expressionnisme]] et de l'[[Abstraction (art)|abstraction]]. Elles ont été restaurées en 1934 en raison de ce nouvel intérêt et de l'appréciation ultérieure des peintures{{Sfn|Steinberg|1975|p=18}}. Ce n’est qu'à la fin des années 1980, que William Wallace propose une perspective entièrement nouvelle sur le sujet. Il affirme que la qualité disproportionnée des personnages n'est pas un défaut de Michel-Ange, mais plutôt un autre exemple de son génie : dans ce cas particulier, Michel-Ange utilise la proportion afin de compenser certains écarts causés par des perspectives différentes ; il a conçu les fresques en fonction de ce que le spectateur verrait au sol plutôt que de la vue frontale « idéale » que la plupart des gens voient sur les photographies ou les reproductions{{Sfn|Wallace|1989|p=114-115}}. Cette propension de Michel-Ange à manipuler les proportions pour des raisons de perspective ou d’effets d’agrandissement est connue. Il a notamment employé ces méthodes avec la statue de ''[[Moïse (Michel-Ange)|Moïse]]'' qu'il a sculptée pour le ''[[Tombeau de Jules II]]''{{Sfn|Panofsky|1937|p=577}}.
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Selon Wallace, la véritable innovation de cette œuvre vient de l'incorporation du temps et de l'espace dans la composition globale des fresques. Il postule que Michel-Ange en a conçu la composition avec l'idée qu'elles seraient vues lorsque l'on marche dans l'allée centrale de l'étroite chapelle de manière [[Procession religieuse|processionnelle]]. L'aspect des deux fresques change considérablement au fur et à mesure que l'on marche d'un bout à l'autre de la chapelle{{Sfn|Wallace|1989|p=117}}.
Le point de discorde le plus fréquent dans le cas
=== Contexte architectural et environnement ===
[[File:Cappella paolina, 05.jpg|vignette|Chapelle Pauline avec ''Le Martyre de saint Pierre'' à gauche et ''La Conversion de saint Paul'' en face à droite. ]]
Wallace affirme qu'en plus de concevoir ces fresques en termes de [[Perspective (représentation)|perspective]], Michel-Ange a également pris en considération le contexte architectural et environnemental dans lequel elles devaient s'inscrire. ''La Conversion de saint Paul'' est souvent considérée en conjonction avec ''
La mise en regard de ''La Conversion de saint Paul'' avec ''
Dans le ''Livre des Actes'', Paul déclare qu’il a vu une lumière incroyablement brillante et qu’il a entendu la voix du Christ lui-même. La lumière aveuglante est le point culminant de cette histoire ; c'est pour cette raison que Michel-Ange choisit de situer ce tableau sur le mur occidental avec l'exposition est, afin que la [[Lunette (architecture)|lunette]] située au-dessus de ''
=== Regards ===
Pour [[Daniel Arasse]], cette œuvre constitue un [[Entrelacs (ornement)|entrelacs]] tragique de regards. Le regard de saint Pierre est comme une accusation lancée à son successeur, spectateur dévot qui n'assume pas pleinement la mission héroïque qui lui est confiée. Une femme redouble cet appel vers le spectateur. L'image dans son ensemble est faite d'îlots et de blocs spatiaux juxtaposés, où seul le regard peut imposer la dimension spirituelle. Dans la chapelle pauline, Michel-Ange réaffirme ainsi l'importance de la question spirituelle{{Sfn|Arasse|2008|p=227}}
== Carton ==
[[File:Gruppo di armigeri, Michelangelo Buonarroti 001.JPG|vignette|redresse|''Groupe de soldats'',
Un [[Carton (art)|carton]]
Ce carton est exactement aux mesures de la peinture ; il correspond à l'angle inférieur gauche de celle-ci ; les têtes des deux figures de l'arrière-plan n'apparaissent pas. Il comporte des [[Repentir (peinture)|repentirs]], notamment dans la position de la [[lance]] du soldat de droite{{Sfn|Allard|2023|p=296}}.
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== Bibliographie ==
* {{Ouvrage |langue= |auteur1=Sébastien Allard|auteur2=Sylvain Bellenger|auteur3=Charlotte Chastel-Rousseau |titre=Naples à Paris |sous-titre=Le Louvre invite le musée de Capodimonte |lieu= |éditeur=Gallimard |collection= |année=2023 |volume= |tome= |pages totales=320 |passage= |isbn=978-2073013088 |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |langue= |auteur1=Daniel Arasse |titre=L'Homme en jeu |sous-titre=Les génies de la Renaissance |lieu=Paris |éditeur=Hazan |collection= |année=2008|volume= |tome= |pages totales=360 |passage= |isbn=978-2-7541-0427-2 |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |langue=it |auteur1=Ettore Camesasca |titre=Michelangelo pittore |sous-titre= |lieu=Milano |éditeur=Rizzoli |collection= |année=1966 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Article |langue=en |auteur1=Yael Even |titre=The Heroine as Hero in Michelangelo's Art |périodique=Woman's Art Journal |volume= |numéro=01 |date=1990 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le=|id= }}.
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==Voir aussi==
*[[Christianisme]] - [[Bible]]
* Les autres œuvres du même titre de l'[[iconographie chrétienne]] : ''
{{Palette Michel-Ange}}
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[[Catégorie:Pierre apôtre dans la peinture]]
[[Catégorie:Mort dans la peinture]]
[[Catégorie:Œuvre de Michel-Ange au Vatican]]
[[Catégorie:Œuvre conservée aux musées du Vatican]]
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