« Franc-maçonnerie sous la Deuxième République » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
K.A (discuter | contributions) |
K.A (discuter | contributions) Aucun résumé des modifications |
||
(95 versions intermédiaires par 10 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 1 :
{{En-tête label|BA|année=2023}}
La '''[[franc-maçonnerie]] sous la Deuxième République''' française connaît une période qui va de l'euphorie autour de l'avènement de la [[Deuxième République (France)|République]] à une rapide désillusion. L'application de plusieurs de ses idéaux, comme l'[[abolition de l'esclavage]], ainsi qu'une forte présence des francs-maçons dans les instances nationales, nourrissent l'espoir d'une {{Citation|république maçonnique}} qui s'éteint rapidement à la suite des [[Journées de Juin|émeutes ouvrières de juin 1848]]. La loi de juillet 1848 réglemente l'activité des clubs et augmente la pression des autorités, incitant les obédiences à la prudence.
Tentée par le [[bonapartisme]], la franc-maçonnerie française soutient pour partie l'élection du prince [[Napoléon III|Louis-Napoléon]]. Mise sous tutelle après le [[Coup d'État du 2 décembre 1851|coup d'État de 1851]], elle se soumet à l'autoritarisme du nouveau régime pour assurer sa survie.
== Historique ==
=== De la monarchie de
[[
Le paysage maçonnique sous la [[monarchie de
Les
Le Grand Orient de France est sous la gestion de membres prudents dont le but est de protéger les [[Loge maçonnique|loges maçonniques]] qui sont généralement surveillées par les autorités locales
Dans les années 1840, la contestation progresse au sein du Grand Orient de France, pour plusieurs raisons{{sfn|
Certaines activités des loges font l'objet de réprobations ou d'interdictions, la loge {{Citation|Les Amis de l'honneur français}} est sommée, en 1840, de retirer de l'ordre du jour de la réunion, un débat sur {{citation|La croyance en Dieu est-elle indispensable, dans l'ordre moral, à l'institution sociale}}. Ou encore la fermeture provisoire de la loge {{Citation|L'amitié}} à la suite d'un débat en loge sur {{citation|les meilleurs moyens à employer dans l'organisation du travail}}. Dans les provinces, des loges organisent des cours destinées aux couches populaires, ou secourent les plus démunis en distribuant de la nourriture ou du bois de chauffage. En 1847, le [[Jean-de-Dieu Soult|maréchal Soult]] tente d'interdire, l'adhésion des militaires dans les loges, particulièrement les sous-officiers plus perméables aux propos révolutionnaires{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}▼
▲Certaines activités des loges font l'objet de réprobations ou d'interdictions
La gauche orléaniste et les républicains comprenant plusieurs dizaines de francs-maçons organisent, pour répondre à l'interdiction des réunions politiques, des banquets populaires dans 28 départements{{sfn|Yves Hyvert-Messeca|2017|p=291|id=HYV2014}}. Celui de Paris, prévue le 22 février 1848, est interdit, Armand Marrast incite la population à manifester. La fusillade du 23 mars déclenche l'insurrection qui aboutit à la chute de la [[monarchie de juillet]]. Le même jour, un [[gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] républicain est donc établi, la monarchie est abolie, [[Alphonse de Lamartine]] proclame la [[Seconde République (France)|Deuxième République]]<ref>{{ouvrage|auteur1=Francis Démier|titre=La France du XIXe siècle, 1814-1914|édition=Points|collection=Histoire|année=2000| passage=214}}.</ref>. Le gouvernement provisoire comporte cinq francs-maçons, plusieurs commissaires de la république sont également membres de la franc-maçonnerie{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}.▼
=== … À la {{Citation|république maçonnique}} ===
[[
Le gouvernement provisoire adopte des mesures qui font partie des souhaits exprimés par les loges maçonniques. La plus emblématique étant celle de l'[[abolition de l'esclavage]], action portée par deux francs-maçons, [[Victor Schoelcher]] et [[Cyrille Bissette]]. Des mesures d'inspiration maçonniques avec l'action comme ministre de la Justice d'[[Adolphe Crémieux]], de la suppression de la peine de mort, la fin de l'exposition publique des condamnés ou de la contrainte par corps en cas de dette financières, le rétablissement du [[divorce]] est proposé, mais rejeté par les députés pour se préserver des reproches de l'[[Église catholique]]. Une adresse est remise par une délégation des représentants du [[Grand Orient de France]] (GODF), qui assure le gouvernement provisoire du soutien de l'ensemble de ses membres{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}. À laquelle Aldophe Cremieux répond en mettant en exergue la {{citation|politique d'humanité des maçons}}, face à celle des partis. Le 13 mars, une circulaire, tout en se félicitant pour l'avènement de la République, enjoint les loges à un travail autour des {{citation|hautes questions sociales inhérentes au bonheur de tous}}. Les francs-maçons français sont majoritairement favorables à cet avènement et participent à la ferveur populaire. En 1848, une osmose s'établit entre les aspirations populaires et les francs-maçons. Les funérailles des morts pour la révolution sont accompagnés de loges qui défilent avec leurs bannières{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}.▼
▲La gauche [[Orléanisme|orléaniste]] et les républicains comprenant plusieurs dizaines de francs-maçons organisent, pour répondre à l'interdiction des réunions politiques, des [[Banquet républicain|banquets populaires]] dans {{nobr|28 départements}}{{sfn|
À Paris, des francs-maçons affichent dans la ville un {{Citation|Appel aux Maçons}}, invitation le 14 mars pour constituer un comité central maçonnique pour préparer les élections de la Constituante. Réclamant l'avènement d'une république démocratique, le projet de constitution propose une direction du pays par un comité exécutif élu par l'Assemblée nationale qui garde le pouvoir de le destituer. L'école gratuite pour les pauvres et obligatoires serait sous la surveillance de l'État. Dans les villes de Province comme à Paris, les francs-maçons travaillent et débattent des élections qui se tiennent les 23 et 24 avril{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}. Ce comité central produit une {{Citation|déclaration de principe de la franc-maçonnerie}} proposé aux candidats républicains, certains l'adoptent comme profession de foi de leur candidature. La déclaration contient des propositions avant-gardistes dont une grande partie sera mise en œuvre durant la {{IIIe}} République ou la franc-maçonnerie joue un rôle important{{sfn|Pierre Chevalier|1974|p=324-325|id=PC1974}}. Plus d'une centaine de francs-maçons sont élus pour représenter le peuple dans la nouvelle assemblée et plusieurs sont nommés au sein du nouveau gouvernement{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}{{,}}{{sfn|Roger Dachez|2020|p=92|id=RD2020}}.▼
▲
Si le Grand Orient adhère totalement à la nouvelle république et le clame, le [[Suprême Conseil de France]], pour sa part, garde une attitude réservé face aux événements, les dirigeants de l'ordre étant toutes des personnalités de la monarchie de Juillet. Le Suprême Conseil suspend ses travaux au lendemain des journées insurrectionnelles de février et ne les reprend qu'avec prudence. Toutefois, en mars 1848, plusieurs dignitaires et porteur de hauts grades signent un appel à rénover la franc-maçonnerie et à mettre fin aux antagonismes avec le Grand Orient{{sfn|Chevalier|1974|p=308|id=PC1974}}.▼
▲À Paris, des francs-maçons affichent dans la ville un {{Citation|Appel aux Maçons}}, invitation le {{Date|14 mars}}
Le rêve d'une {{Citation|république maçonnique}} disparait rapidement. Les émeutes ouvrières des 23 et 26 juin, déclenchées après la fermeture des [[ateliers nationaux]], voient le nouveau gouvernement d'[[Eugène Cavaignac]] mettre en œuvre une répression sur la presse et les clubs. Dans un premier temps, la franc-maçonnerie est relativement épargnée, le GODF ayant pris la précaution d’inviter les membres et les loges à la prudence pour maintenir l'ordre dans l'obédience{{sfn|Roger Dachez|2020|p=92|id=RD2020}}. Si des francs-maçons sont des deux cotés des barricades, une majorité reste silencieuse et attentiste, voire absente des événements. [[André Dupin]] député orléaniste et franc-maçon, propose un texte d'interdiction des sociétés secrètes et des clubs. Celui-ci est discuté et voté en juillet 1848. La question est posée de l'intégration de la franc-maçonnerie dans cette loi. Après des débats alambiqués, la franc-maçonnerie n'est pas affectée par l’application du texte{{sfn|Yves Hivert-Messeca|p295|id=HYV2014}}. ▼
▲Si le Grand Orient adhère totalement à la nouvelle république et le clame, le [[Suprême Conseil de France]], pour sa part, garde une attitude
Paris est en état de siège à la fin des émeutes, les tenues de loges sont suspendues. Le gouvernement n'a plus qu'un seul franc-maçon dans son organisation, comme ministre de la Justice, en la personne d'[[Eugène Bethmont]]. Le préfet de Paris accorde aux loges l'autorisation de reprendre leurs réunions en septembre 1948{{sfn|André Combes|2008|p=20|id=AC2008}}.▼
▲Le rêve d'une {{Citation|république maçonnique}}
▲Paris est en [[État de siège (France)|état de siège]] à la fin des émeutes
=== Vers le bonapartisme ===
[[
Le [[Suprême Conseil de France]] (SCDF), seconde obédience française,
En décembre 1848, le prince [[Napoléon III|Louis Napoléon Bonaparte]] est élu [[Président de la République française|président de la République]]. Ses partisans, avec l'aide de francs-maçons favorables à sa victoire,
Le {{Date|10
En {{Date|octobre 1850}}, une circulaire du ministre de l'Intérieur
Les loges ne relevant pas du GODF ou du SCDF === Sous tutelle du Second Empire ===
Le [[coup d'État du 2 décembre 1851]]
[[Napoléon III|Louis Napoléon Bonaparte]] fait le choix de ne pas inquiéter la franc-maçonnerie française
== Notes et références ==
Ligne 50 ⟶ 57 :
=== Références ===
{{Références
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
* [[Deuxième République (France)]]
* [[Franc-maçonnerie sous le Second Empire]]
* [[Franc-maçonnerie sous la Troisième République]]
Ligne 60 ⟶ 67 :
=== Bibliographie ===
* {{bibliographie|Q41091077|collection=Les Grandes études historiques|id=PC1974|chapitre=IV. La victoire momentanée du spiritualisme sous la {{IIe}} République|plume=oui|libellé=Chevallier 1974}}
* {{
* {{bibliographie|Q28827910|collection=L'univers maçonnique|chapitre=16 : Espoirs, mutation et malheurs de la franc-maçonnerie sous la {{IIe}} république|id=HYV2014|plume=oui
* {{ouvrage|auteur1=Roger Dachez|lien auteur=Roger Dachez|titre=Histoire de la franc-maçonnerie française|édition=PUF|collection=Que sais-je ?|année=2020|pages totales=128|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/puf.dache.2020.01 |isbn=9-78-2-715404-403|id=RD2020|plume=oui|accès url=payant|libellé=Dachez 2020}} via Cairn.info.
▲*{{bibliographie|Q41091077|collection=Les Grandes études historiques|id=PC1974|chapitre=IV. La victoire momentanée du spiritualisme sous la {{IIe}} République|plume=oui}} <!--Pierre Chevallier Histoire de la FMF T2-->
{{
{{Bon article|vote=BA|oldid=207769913|date=17 septembre 2023}}
[[Catégorie:Franc-maçonnerie française]]
|