« Franc-maçonnerie sous la Deuxième République » : différence entre les versions

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La '''[[franc-maçonnerie]] sous la Deuxième République''' française connaît une période qui va de l'euphorie autour de l'avènement de la [[Deuxième République (France)|République]] à une rapide désillusion. L'application de plusieurs de ses idéaux, comme l'[[abolition de l'esclavage]], ainsi qu'une forte présence des francs-maçons dans les instances nationales, nourrissent l'espoir d'une {{Citation|république maçonnique}} qui s'éteint rapidement à la suite des [[Journées de Juin|émeutes ouvrières de juin 1848]]. La loi de juillet 1848 réglemente l'activité des clubs et augmente la pression des autorités, incitant les obédiences à la prudence.
 
La '''franc-maçonnerie sous la Deuxième République''' française connait une période qui va deÀ l'euphorie autouroccasion de l'avènementélaboration de lasa [[Deuxièmepremière République (France)|République]] à une rapide désillusion. L'application de plusieurs de ses idéaux comme l'[[abolition de l'esclavage]]constitution, et une forte présence des francs-maçons dans les instances nationale nourrie l'espoir d'une {{Citation|république maçonnique}} qui s'éteint rapidement à la suite des émeutes ouvrières de juin 1848. La pression des autorités incite les obédiences à se réformer pour tenter de s'unifier. Lele [[Grand Orient de France]], premièreprincipale etobédience, principaleintroduit modifiedans l'article premier de sa constitution en rajoutant la devise républicaine {{incise|''[[Liberté, Égalité, Fraternité]]''|stop}},. simultanément,Il ily inscrit dans sa constitutionégalement l'existence de [[Dieu]] et l'immortalité de l'âme comme base intangible de la [[franc-maçonnerie]]. LeCette affirmation [[SuprêmeSpiritualisme Conseil de France(philosophie)|spiritualiste]] secondeouvre obédienceune dulongue pays,période de débat et parfois rivale de l'obédiencedissension principale,sur gardela uneliberté distancede prudenteconscience avecentre les événements,membres de ses rangsloges. naitDe uneson propositioncôté, dele refonte[[Suprême complèteConseil de laFrance]], franc-maçonnerieseconde française.obédience du Tentépays paret leoccasionnellement bonapartismerivale naissant,de ellel'obédience soutientprincipale, pourgarde partieune l'électiondistance duavec princeles [[Napoléon III|Louis-Napoléon]]événements. MiseDe sousses tutellerangs aprèsnaît leune [[coup d'Étatproposition de 1851]],refonte ellecomplète se soumet pour assurer sa survie àde l'autoritarismeordre du nouveau régimemaçonnique.
 
Tentée par le [[bonapartisme]], la franc-maçonnerie française soutient pour partie l'élection du prince [[Napoléon III|Louis-Napoléon]]. Mise sous tutelle après le [[Coup d'État du 2 décembre 1851|coup d'État de 1851]], elle se soumet à l'autoritarisme du nouveau régime pour assurer sa survie.
 
== Historique ==
=== De la monarchie de juilletJuillet… ===
[[FileFichier:Marie-AugusteDesanlis.JPG|thumbvignette|redresse|Marie-Auguste Desanlis.|alt=Portrait ancien d'un homme blanc imberbe, aux cheveux courts.]]
Le paysage maçonnique sous la [[monarchie de juilletJuillet]] se décompose en trois obédiences, toutes [[Libéralisme|libérales,]]. laLa plus importante, le [[Grand Orient de France]] qui, compte {{nobr|295 [[Loge maçonnique|loges]]}} symboliques et {{nobr|168 ateliers}} de hauts grades. Le [[Suprême Conseil de France]] auquel appartientappartiennent {{nobr|63 ateliers}} de tous grades, et la petite obédience de [[Misraïm]]. Les dénombrements des francs-maçons restent estimatifs, aucun décompte n'étant affirmé, le nombre d'initiations et de démissions étant importantesimportant. Il est estimé par les historiens à {{unité|20000|membres}} environ, toutes obédiences confondues{{sfn|André Combes|2008|p=14|id=AC2008}}. La franc-maçonnerie française reste au demeurant principalement bourgeoise et conformiste<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Roger Dachez]]|auteur2=[[Alain Bauer]]|titre= La franc-maçonnerie|édition=PUF|collection=Que sais-je ?|annér=2016|passage=41|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/puf.dache.2013.01 |isbn=9-78-2-130594-963|accès url=payant}}.</ref>.
 
Les années mouvementées des [[Trois Glorieuses]] en 1830 et les émeutes parisiennes et lyonnaises de 1834, amènent à la répression politique mise en œuvre par [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] sous la houlette d'[[Adolphe Thiers]], ministre de l'Intérieur, et met un terme à l'espérance portée par la révolution de juilletJuillet. Les loges sont surveillées par la police{{sfn|Roger Dachez|2020|p=90|id=RD2020}}, la franc-maçonnerie, craignant d'être assimilée à une société secrète politique, est somnolente. Une minorité de membremembres tente d'obtenir une démocratisation de son fonctionnement{{sfn|André Combes|2008|p=15|id=AC2008}}.
 
Le Grand Orient de France est sous la gestion de membres prudents dont le but est de protéger les [[Loge maçonnique|loges maçonniques]] qui sont généralement surveillées par les autorités locales. Et,et pouvantrisquent êtredes ennuyéennuis si les sujets abordés sont ouvertement politiques ou religieux. Les personnalités de l'obédience sont principalement le [[Philanthropie|philanthrope]] Horace Bertrand et l'avocat [[Marie-Auguste Desanlis]]. Ils ont en commun d'être des [[Républicains modérés|opportunistes]] en politiquespolitique. Les députés des loges détiennent le pouvoir législatif au [[convent]] et les chambres d'administration des ateliers supérieurs font office de Sénatsénat maçonnique. Les représentants des organes de directionsdirection sont essentiellement parisiens pourafin qu'ils puissent assister aux nombreuses activités administratives de l'Ordre. Le Suprême Conseil de France est dirigé, pour sa part, par de vieux membres de l'Ordre, plutôt monarchistemonarchistes, sous la direction du libéral [[Élie Decazes|Ducduc Decazes]] et s'accommodant de quelques loges avant-gardistes et activistes{{sfn|André Combes|2008|p=15|id=AC2008}}.
 
Dans les années 1840, la contestation progresse au sein du Grand Orient de France, pour plusieurs raisons{{sfn|André Combes|2008|p=15|id=AC2008}}. La première cause, outre de la désaffection à l'égard du régime des milieux maçonniques, est due à la faiblesse du recrutement des loges. Depuis la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]], l'accroissement du nombre d'ouvriers, d'artisans, de commerçants et autres employés, plus sensiblesensibles aux idées républicaines, inquiète la bourgeoisie [[Suffrage censitaire|censitaire]], qui ne souhaite pas fraterniser avec ces populations. surnommées {{citation|les blouses}}. La commission permanente réagit alors en proposant en 1847 et, pour éviter {{citation|l'invasion des passions profanes}} , d'augmenter les capitations et le coutcoût des initiations{{sfn|André Combes|2008|p=15|id=AC2008}}. La deuxièmeseconde cause est la grande centralisation des pouvoirs maçonniques à [[Paris]]. Des loges de province, ignorant le règlement général, organisent des congrès régionaux où sont débattus des projets de réforme de la franc-maçonnerie ou la lutte contre la paupérisation{{sfn|Combes|2008|p=15|id=AC2008}}. La troisième est nettement plus politique. DesEn effet, des francs-maçons sevoient réclamant dedans la devise de la République {{incise|''[[Liberté, Égalité, Fraternité|Liberté - Égalité - Fraternité]]''}} enun tant qu'idéal maçonnique, qui inviteinviterait cesses membres, selon eux, à étudier les questions sociales et deà débattre pour rapprocher les peuples. La [[franc-maçonnerie]] sedoit devantselon eux d'être philosophique, philanthropique et progressiveprogressiste et, pour ne pas se satisfaire de convivialité et de moralité, mais de pousser l'institution dans un sens antigouvernemental{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}.
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Certaines activités des loges font l'objet de réprobations ou d'interdictions, la loge {{Citation|Les Amis de l'honneur français}} est sommée, en 1840, de retirer de l'ordre du jour de la réunion, un débat sur {{citation|La croyance en Dieu est-elle indispensable, dans l'ordre moral, à l'institution sociale}}. Ou encore la fermeture provisoire de la loge {{Citation|L'amitié}} à la suite d'un débat en loge sur {{citation|les meilleurs moyens à employer dans l'organisation du travail}}. Dans les provinces, des loges organisent des cours destinées aux couches populaires, ou secourent les plus démunis en distribuant de la nourriture ou du bois de chauffage. En 1847, le [[Jean-de-Dieu Soult|maréchal Soult]] tente d'interdire, l'adhésion des militaires dans les loges, particulièrement les sous-officiers plus perméables aux propos révolutionnaires{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}
 
Certaines activités des loges font l'objet de réprobations ou d'interdictions,. Ainsi la loge {{Citation|Les Amis de l'honneur français}} est sommée, en 1840, de retirer de l'ordre du jour de la réunion, un débat surintitulé {{citation|La croyance en Dieu est-elle indispensable, dans l'ordre moral, à l'institution sociale ?}}. Ou encore la fermeture provisoire deEt la loge {{Citation|L'amitié}} est provisoirement fermée à la suite d'un débat en loge sur {{citation|les meilleurs moyens à employer dans l'organisation du travail}}. Dans les provinces, des loges organisent des cours destinées aux couchesclasses populaires, ou secourent les plus démunis en distribuant de la nourriture ou du bois de chauffage. En 1847, le [[Jean-de-Dieu Soult|maréchal Soult]] tente d'interdire, l'adhésion des militaires dans lesaux loges, particulièrement les sous-officiers plus perméables aux propos révolutionnaires{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}.
La gauche orléaniste et les républicains comprenant plusieurs dizaines de francs-maçons organisent, pour répondre à l'interdiction des réunions politiques, des banquets populaires dans 28 départements{{sfn|Yves Hyvert-Messeca|2017|p=291|id=HYV2014}}. Celui de Paris, prévue le 22 février 1848, est interdit, Armand Marrast incite la population à manifester. La fusillade du 23 mars déclenche l'insurrection qui aboutit à la chute de la [[monarchie de juillet]]. Le même jour, un [[gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] républicain est donc établi, la monarchie est abolie, [[Alphonse de Lamartine]] proclame la [[Seconde République (France)|Deuxième République]]<ref>{{ouvrage|auteur1=Francis Démier|titre=La France du XIXe siècle, 1814-1914|édition=Points|collection=Histoire|année=2000| passage=214}}.</ref>. Le gouvernement provisoire comporte cinq francs-maçons, plusieurs commissaires de la république sont également membres de la franc-maçonnerie{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}.
 
=== À la {{Citation|république maçonnique}} ===
[[FileFichier:Victor Schœlcher - Galerie contemporaine - Étienne Carjat.jpg|thumbvignette|redresse|Victor Schœlcher.|alt=Portrait en médaillon et en noir et blanc d'un homme barbu, au crâne dégarni, portant un costume noir à col blanc]]
Le gouvernement provisoire adopte des mesures qui font partie des souhaits exprimés par les loges maçonniques. La plus emblématique étant celle de l'[[abolition de l'esclavage]], action portée par deux francs-maçons, [[Victor Schoelcher]] et [[Cyrille Bissette]]. Des mesures d'inspiration maçonniques avec l'action comme ministre de la Justice d'[[Adolphe Crémieux]], de la suppression de la peine de mort, la fin de l'exposition publique des condamnés ou de la contrainte par corps en cas de dette financières, le rétablissement du [[divorce]] est proposé, mais rejeté par les députés pour se préserver des reproches de l'[[Église catholique]]. Une adresse est remise par une délégation des représentants du [[Grand Orient de France]] (GODF), qui assure le gouvernement provisoire du soutien de l'ensemble de ses membres{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}. À laquelle Aldophe Cremieux répond en mettant en exergue la {{citation|politique d'humanité des maçons}}, face à celle des partis. Le 13 mars, une circulaire, tout en se félicitant pour l'avènement de la République, enjoint les loges à un travail autour des {{citation|hautes questions sociales inhérentes au bonheur de tous}}. Les francs-maçons français sont majoritairement favorables à cet avènement et participent à la ferveur populaire. En 1848, une osmose s'établit entre les aspirations populaires et les francs-maçons. Les funérailles des morts pour la révolution sont accompagnés de loges qui défilent avec leurs bannières{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}.
 
La gauche [[Orléanisme|orléaniste]] et les républicains comprenant plusieurs dizaines de francs-maçons organisent, pour répondre à l'interdiction des réunions politiques, des [[Banquet républicain|banquets populaires]] dans {{nobr|28 départements}}{{sfn|Yves Hyvert-Messeca|2017|p=291|id=HYV2014}}. Celui de Paris, prévueprévu le {{Date|22 février 1848}}, est interdit,. Armand Marrast incite la population à manifester. La fusillade du {{Date|23 mars}} déclenche l'insurrection qui aboutit à la chute de la [[monarchie de juilletJuillet]]. Le même jour, un [[gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] républicain est donc établi, la monarchie est abolie, [[Alphonse de Lamartine]] proclame la [[SecondeDeuxième République (France)|Deuxième République]]<ref>{{ouvrage|auteur1=Francis Démier|titre=La France du XIXe siècle{{s-|XIX}}, 1814-1914|édition=Points|collection=Histoire|année=2000| passage=214}}.</ref>. Le [[Gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] comporte cinq francs-maçons, plusieurs [[Commissaire de la République|commissaires de la républiqueRépublique]] sont également membres de la franc-maçonnerie{{sfn|AndréCombes|2008|p=16|id=AC2008}}. Le gouvernement provisoire adopte des mesures qui font partie des souhaits exprimés par les loges maçonniques, la plus emblématique étant celle de l'[[abolition de l'esclavage]], portée par deux francs-maçons, [[Victor Schœlcher]] et [[Cyrille Bissette]]{{sfn|Combes|2008|p=13|id=AC2008}}. Des mesures d'inspiration maçonniques sont prises par le [[Ministre de la Justice (France)|ministre de la Justice]] [[Adolphe Crémieux]] : la suppression de la [[Peine de mort en France|peine de mort]], la fin de l'exposition publique des condamnés et de la contrainte par corps en cas de dette financière{{sfn|Combes|2008|p=16|id=AC2008}}. Le rétablissement du [[divorce]] est proposé, mais rejeté par les députés pour se préserver des reproches de l'[[Église catholique]]{{sfn|Combes|2008|p=17|id=AC2008}}.
À Paris, des francs-maçons affichent dans la ville un {{Citation|Appel aux Maçons}}, invitation le 14 mars pour constituer un comité central maçonnique pour préparer les élections de la Constituante. Réclamant l'avènement d'une république démocratique, le projet de constitution propose une direction du pays par un comité exécutif élu par l'Assemblée nationale qui garde le pouvoir de le destituer. L'école gratuite pour les pauvres et obligatoires serait sous la surveillance de l'État. Dans les villes de Province comme à Paris, les francs-maçons travaillent et débattent des élections qui se tiennent les 23 et 24 avril{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}. Ce comité central produit une {{Citation|déclaration de principe de la franc-maçonnerie}} proposé aux candidats républicains, certains l'adoptent comme profession de foi de leur candidature. La déclaration contient des propositions avant-gardistes dont une grande partie sera mise en œuvre durant la {{IIIe}} République ou la franc-maçonnerie joue un rôle important{{sfn|Pierre Chevalier|1974|p=324-325|id=PC1974}}. Plus d'une centaine de francs-maçons sont élus pour représenter le peuple dans la nouvelle assemblée et plusieurs sont nommés au sein du nouveau gouvernement{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}{{,}}{{sfn|Roger Dachez|2020|p=92|id=RD2020}}.
 
Le gouvernement provisoire adopte des mesures qui font partie des souhaits exprimés par les loges maçonniques. La plus emblématique étant celle de l'[[abolition de l'esclavage]], action portée par deux francs-maçons, [[Victor Schoelcher]] et [[Cyrille Bissette]]. Des mesures d'inspiration maçonniques avec l'action comme ministre de la Justice d'[[Adolphe Crémieux]], de la suppression de la peine de mort, la fin de l'exposition publique des condamnés ou de la contrainte par corps en cas de dette financières, le rétablissement du [[divorce]] est proposé, mais rejeté par les députés pour se préserver des reproches de l'[[Église catholique]]. Une adresse est remise par une délégation des représentants du [[Grand Orient de France]]. (GODF), quiElle assure le gouvernement provisoire du soutien de l'ensemble de ses membres{{sfn|André Combes|2008|p=16|id=AC2008}}. À laquelle Aldophe CremieuxCrémieux répond en mettant en exergue la {{citation|politique d'humanité des maçons}}, face à celle des partis. Le {{Date|13 mars}}, une circulaire, tout en se félicitant pourde l'avènement de la République, enjointdemande lesaux loges à un travail autour des {{citation|hautes questions sociales inhérentes au bonheur de tous}}. Les francs-maçons français sont majoritairement favorables à cet avènement et participent à la ferveur populaire. En 1848, une osmose s'établit entre les aspirations populaires et lescelles des francs-maçons. Les funérailles des morts pour la révolution sont accompagnésaccompagnées depar les loges qui défilent avec leurs bannières{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}.
Si le Grand Orient adhère totalement à la nouvelle république et le clame, le [[Suprême Conseil de France]], pour sa part, garde une attitude réservé face aux événements, les dirigeants de l'ordre étant toutes des personnalités de la monarchie de Juillet. Le Suprême Conseil suspend ses travaux au lendemain des journées insurrectionnelles de février et ne les reprend qu'avec prudence. Toutefois, en mars 1848, plusieurs dignitaires et porteur de hauts grades signent un appel à rénover la franc-maçonnerie et à mettre fin aux antagonismes avec le Grand Orient{{sfn|Chevalier|1974|p=308|id=PC1974}}.
 
À Paris, des francs-maçons affichent dans la ville un {{Citation|Appel aux Maçons}}, invitation le {{Date|14 mars}} pourà constituer un comité central maçonnique pour préparer les élections de la[[Assemblée nationale constituante (Deuxième République)|l'assemblée Constituanteconstituante]]. Réclamant l'avènement d'une république démocratique, le projet de constitution propose une direction du pays par un comité exécutif élu par l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] qui garde le pouvoir de le destituer. L'école gratuite pour les pauvres et obligatoiresobligatoire pour tous serait sous la surveillance de l'État. Dans les villes de Provinceprovince comme à Paris, les francs-maçons travaillent et débattent des élections qui se tiennent les 23 et {{Date|24 avril}}{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}. Ce comité central produit une {{Citation|déclaration de principe de la franc-maçonnerie}} proposéproposée aux candidats républicains, ; certains l'adoptent comme profession de foi de leur candidature. La déclaration contient des propositions avant-gardistes dont une grande partie sera mise en œuvre durant la [[Troisième République (France)|{{IIIe|République}}]], Républiquelors de oulaquelle la franc-maçonnerie jouejouera un rôle important{{sfn|Pierre ChevalierChevallier|1974|p=324-325|id=PC1974}}. Plus d'une centaine de francs-maçons sont élus pour représenter le peuple dans la nouvelle assemblée[[Assemblée nationale constituante (Deuxième République)|Assemblée]] et plusieurs sont nommés au sein du nouveau gouvernement{{sfn|André Combes|2008|p=19|id=AC2008}}{{,}}{{sfn|Roger Dachez|2020|p=92|id=RD2020}}.
Le rêve d'une {{Citation|république maçonnique}} disparait rapidement. Les émeutes ouvrières des 23 et 26 juin, déclenchées après la fermeture des [[ateliers nationaux]], voient le nouveau gouvernement d'[[Eugène Cavaignac]] mettre en œuvre une répression sur la presse et les clubs. Dans un premier temps, la franc-maçonnerie est relativement épargnée, le GODF ayant pris la précaution d’inviter les membres et les loges à la prudence pour maintenir l'ordre dans l'obédience{{sfn|Roger Dachez|2020|p=92|id=RD2020}}. Si des francs-maçons sont des deux cotés des barricades, une majorité reste silencieuse et attentiste, voire absente des événements. [[André Dupin]] député orléaniste et franc-maçon, propose un texte d'interdiction des sociétés secrètes et des clubs. Celui-ci est discuté et voté en juillet 1848. La question est posée de l'intégration de la franc-maçonnerie dans cette loi. Après des débats alambiqués, la franc-maçonnerie n'est pas affectée par l’application du texte{{sfn|Yves Hivert-Messeca|p295|id=HYV2014}}.
 
Si le Grand Orient adhère totalement à la nouvelle république et le clame, le [[Suprême Conseil de France]], pour sa part, garde une attitude réservéréservée face aux événements, les dirigeants de l'ordre étant toutestous des personnalités de la monarchie de Juillet. Le Suprême Conseil suspend ses travaux au lendemain des [[Révolution française de 1848|journées insurrectionnelles de février]] et ne les reprend qu'avec prudence. Toutefois, en {{Date|mars 1848}}, plusieurs dignitaires et porteur de hauts grades signent un appel à rénover la franc-maçonnerie et à mettre fin aux antagonismes avec le Grand Orient{{sfn|ChevalierChevallier|1974|p=308|id=PC1974}}.
Paris est en état de siège à la fin des émeutes, les tenues de loges sont suspendues. Le gouvernement n'a plus qu'un seul franc-maçon dans son organisation, comme ministre de la Justice, en la personne d'[[Eugène Bethmont]]. Le préfet de Paris accorde aux loges l'autorisation de reprendre leurs réunions en septembre 1948{{sfn|André Combes|2008|p=20|id=AC2008}}.
 
Le rêve d'une {{Citation|république maçonnique}} disparaitdisparaît rapidement. Les émeutes ouvrières des [[Journées de Juin|23 et 26 juin]], déclenchées aprèspar la fermeture des [[ateliers nationaux]], voient le nouveau gouvernement d'[[Eugène Cavaignac]] mettre en œuvre une répression surde la presse et lesdes clubs. Dans un premier temps, la franc-maçonnerie est relativement épargnée, le GODFGrand Orient ayant pris la précaution d’inviter lesses membres et lesses loges à la prudence pour maintenir l'ordrele calme dans l'obédience{{sfn|Roger Dachez|2020|p=92|id=RD2020}}. Si des francs-maçons sont présents des deux cotéscôtés des barricades, une majorité reste silencieuse et attentiste, voire absente des événements. [[André Dupin]], député orléaniste et franc-maçon, propose un texte d'interdiction des sociétés secrètes et des clubs. Celui-ci est discuté et voté en {{Date|juillet 1848}}. La question est posée de l'intégration de la franc-maçonnerie dans cette loi. Après des débats alambiqués, la franc-maçonnerie n'est pas affectée par l’application du texte{{sfn|Yves Hivert-Messeca|p295|id=HYV2014}}.
 
Paris est en [[État de siège (France)|état de siège]] à la fin des émeutes, et les tenues de loges sont suspendues. Le gouvernement n'ane compte plus qu'un seul franc-maçon dans son organisation, commele ministre de la Justice, en la personne d'[[Eugène Bethmont]]. Le préfet de Paris accorde aux loges l'autorisation de reprendre leurs réunions en {{date|septembre 19481848}}{{sfn|André Combes|2008|p=20|id=AC2008}}.
 
=== Vers le bonapartisme ===
[[FileFichier:Napoléon III par Jean Hippolyte Flandrin.jpg|thumbvignette|redresse|Napoléon III par Jean [[Hippolyte Flandrin]].|alt=Tableau peint en couleur de l'Empereur Napoléon trois, en costume d'apparat.]]
 
Le [[Suprême Conseil de France]] (SCDF), seconde obédience française, connaitconnaît une scission de ses membres. Un manifeste reprenant les aspirations de francs-maçons soucieux d'unification est diffusé avec des propositions assez révolutionnaires, : refonte de tous les rites dans un rite national, fin de la reconnaissance des hauts grades, plus de rivalités entre les obédiences, représentation par trois députés par loge, pour la formation d'une assemblée obédientielle qui prend le nom, de {{Citation|Grande Loge nationale}}{{sfn|Pierre ChevalierChevallier|1974|p=309-310|id=PC1974}}. Les {{citation|dissidents}} du [[Écossisme|rite écossais]] exprime sans excès etexpriment calmement leurs propositions de manière publique. Le manifeste est sévère avec tous les dignitaires de tous les ordres, sans distinction{{sfn|Pierre ChevalierChevallier|1974|p=309-310|id=PC1974}}. En {{Date|juin 1848}}, le SCDF apposeoppose un refus à ce projet et radie plusieurs membres et loges de ses effectifs. Les membres exclus ne renoncent pas, : avec un faible nombre de loges, ilils formeforment la Grande Loge nationale qui se dote d'officierofficiers choisitchoisis principalement dans les milieux des artisans et des prolétaires{{sfn|Pierre ChevalierChevallier|1974|p=309-310|id=PC1974}}.
 
En décembre 1848, le prince [[Napoléon III|Louis Napoléon Bonaparte]] est élu [[Président de la République française|président de la République]]. Ses partisans, avec l'aide de francs-maçons favorables à sa victoire, laisselaissent croire qu'il est membre de l'ordre maçonnique et inviteinvitent les ateliers à voter pour lui. Les autres candidats réagissent avec virulence. Élu, Louis Napoléon, refuse poliment une invitation du GODF à être initié en [[franc-maçonnerie]]{{sfn|André Combes|2008|p=21|id=AC2008}}. Les parties de la droite coalisées remportent les élections législatives, les gouvernements qui se succèdent ne comportent plus aucun franc-maçon et les républicains sont rejetés dans l'opposition{{sfn|André Combes|2008|p=22|id=AC2008}}. Les manifestations contre le rétablissement de l'autorité du [[pape]] et la répression qui s'ensuit, le vote de la [[loi Falloux]], l'application de restrictions au [[Suffrage universel masculin|suffrage universel]] ou les multiples procès contre les sociétés secrètes établissent une république éloignée des idéaux tant républicains que maçonniques{{sfn|André Combes|2008|p=23|id=AC2008}}.
 
Le {{Date|10 aoutaoût 1849}}, le GODF, sous la pression de cesses membres et pour tenter d'unifier la franc-maçonnerie française à son tour, modifie ses textes et, après débat et, inscrit dans l'article {{1er}} de sa naissante constitution naissante{{note|Avant cette date, le GODF n'est régie que par un règlement général qui ne s'appuie sur aucune constitution{{sfn|Pierre ChevalierChevallier|1974|p=334|id=PC1974}}.|group=n}}{{,}}{{sfn|Pierre Chevalier|1974|p=334|id=PC1974}}, la devise de la républiqueRépublique, {{incise|''Liberté, Égalité, Fraternité}}''. Mais,Il y ajoute également, ajoute pour la première fois, la croyance en Dieu et en l'immortalité de l'âme comme base intangible de la franc-maçonnerie. Si la franc-maçonnerie française verse progressivement dans l'action politique, elle conserve toutefois des références spirituelles et religieuses dans un [[anticléricalisme]] grandissant. Les tenants du socialisme spiritualiste, à l'image de [[Pierre Leroux]], dénonçantdénoncent lece qu'ils estiment être un détournement du message chrétien par{{incise|lequel l'[[Égliseaurait catholique]] qui visevisé originellement à la délivrance des peuples,}} par l'[[Église catholique]] pour en faire l'{{Citation|étendardl’étendard de l'absolutisme le plus effrayant}}{{sfn|Roger Dachez|2020|p=93|id=RD2020}}. Cependant, lacet définitionajout est critiquéecritiqué comme une concession aux conservateurs et catholiques qui viennent de remporter largement les [[Élections législatives françaises de 1849|élections de mai 1849]]. Si les débats laissent apparaitreapparaître une adhésion des membres de l'ordre à une conception [[Déisme|déiste]] de la franc-maçonnerie{{sfn|Yves Hyvert-Messeca|2014|p=296|id=HYV2014}}, cette affirmation spiritualiste du Grand Orient génère des dissensions parfois sévères entre membre dans les ateliers., Dissensionsdissensions qui annoncent les débats autour de la [[liberté de conscience]] qui aboutissentaboutiront, en 1877, à la fin de l'obligation de toute croyance religieuse dans sa constitution{{sfn|Pierre ChevalierChevallier|1974|p=338|id=PC1974}}.
 
En {{Date|octobre 1850}}, une circulaire du ministre de l'Intérieur, précise aux préfets[[Préfet de police,département|préfets]] l'attitude à tenir si des loges perçues comme {{citation|rougerouges}} tiennent des discours {{citation|démagogiquedémagogiques}}. EnElle leur donnantdonne pouvoir de fermer provisoirement les loges, dans l'attente d'une saisine des instances obédientielles qui devront se prononcer sur une suspension ou une démolition de la loge{{sfn|André Combes|2008|p=22|id=AC2008}}. En 1850 et en 1851, plusieurs loges tant du Grand Orient que du Suprême Conseil sont ainsi fermées, sous le regard suspicieux des préfets{{sfn|Dachez|2020|p=94|id=RD2020}}.

Les loges ne relevant pas du GODF ou du SCDF étantsont considéréquant à elles considérées comme des sociétés secrètes{{sfn|Yves Hyvert-Messeca|2014|p=297|id=HYV2014}}. LC'est ainsi que l'activisme de la nouvelle Grande Loge nationale aboutieaboutit à la fermeture de cestoutes ses loges et à sa dissolution en 1851, mais également de 1850 à 1851 à la fermeture de plusieurs loges tant du GODF que du Suprême Conseil, de nouveau sous le regard suspicieux des préfets{{sfn|Roger Dachez|2020|p=94|id=RD2020}}. Si lacette éphémère Grande Loge nationale laisse peu de tracetraces dans l'histoire de la franc-maçonnerie française, c'est dedans sa rencontre avec le gouvernement, seul fait notable de sa brève existence, que s'enracine pargrâce à l'éloquence poétiséepoétique d'[[Alphonse de Lamartine]] une légende maçonnique., Cellecelle d'une franc-maçonnerie française qui aurait été porteuse de la devise républicaine, liberté, égalité, fraternité et des idéaux de la [[Révolution française]] depuis sa création. FaitLégende romantique plus romantique,que fait d'historique{{note|Les historiens démontrent rapidement lale légendecaractère constituéelégendaire parde cette croyance{{sfn|Roger Dachez|2020|p=93|id=RD2020}}|group=n}}, mais dont l'imaginaire maçonnique se laisse volontiers bercer pendant de nombreuses années{{sfn|Roger Dachez|2020|p=95|id=RD2020}}.
 
=== Sous tutelle du Second Empire ===
Le [[coup d'État du 2 décembre 1851]], met un terme à la [[Deuxième République (France)|Seconde république,République]]. deDe nombreux francs-maçons, en s'y opposant,opposent et sont victimes de la répression qui s'ensuit. Certains choisissent l'exil à [[Londres]] ou les loges {{Citation|Les philadelphes}}, {{citation|Les proscrits}} ou encore {{Citation|Les [[gymnosophiste]]s}} organisent leur accueil, à l'image de [[Louis Blanc]], [[Martin Nadaud]], [[Pierre Leroux]] ou le [[Jean-Baptiste-Adolphe Charras|colonel Charras]]. La déception dD'autres francs-maçons, qui, opposéétaient opposés à la [[monarchie de juilletJuillet]] espérantet voyaient dans la Seconde République le début d'une époque de justice et de fraternité, connaissent alors une grande déception, poussantqui pousse une partie d'entre eux à soutenir le nouveau régime{{sfn|André Combes|2008|p=23|id=AC2008}}{{,}}{{sfn|Pierre ChevalierChevallier|1974|p=356|id=PC1974}}.
 
[[Napoléon III|Louis Napoléon Bonaparte]] fait le choix de ne pas inquiéter la franc-maçonnerie française,. àÀ l'instar du [[Premier Empire]] et de [[{{Noble|Napoléon Ier]]}}, il la place sous tutelle. En {{Date|janvier 1852}}, le Grand Orient de France se soumet à l'autorité bientôt impériale et élit en qualité de grand-maître le prince [[Lucien Murat]], cousin du futur Napoléon III{{sfn|Roger Dachez|2020|p=96|id=RD2020}}.
 
== Notes et références ==
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=== Références ===
{{Références |taille=35}}
 
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
* [[Deuxième République (France)]]
 
* [[Franc-maçonnerie sous le Second Empire]]
* [[Franc-maçonnerie sous la Troisième République]]
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=== Bibliographie ===
* {{bibliographie|Q41091077|collection=Les Grandes études historiques|id=PC1974|chapitre=IV. La victoire momentanée du spiritualisme sous la {{IIe}} République|plume=oui|libellé=Chevallier 1974}} <!--Pierre Chevallier Histoire de la FMF T2-->
* {{article|titre=La Maçonnerie sous la IIᵉ République (1848-1852) : de l’illusion lyrique à la tentation bonapartiste|auteur1=André Combes|périodique=[[La Chaîne d'union]]|numéro=45|année=2008|passage=12-15|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/cdu.045.0012|id=AC2008|accès url=payant|plume=oui}} via Cairn.info.
* {{ouvrage|auteur1=[[Roger Dachez]]article|titre=HistoireLa deMaçonnerie sous la francIIᵉ République (1848-maçonnerie1852) : de l’illusion lyrique à la tentation françaisebonapartiste|éditionauteur1=PUFAndré Combes|collectionpériodique=Que[[La sais-jeChaîne ?d'union]]|numéro=45|année=20202008|pages totalespassage=12812-15|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/pufcdu.dache045.2020.01 |isbn=9-78-2-715404-4030012|id=RD2020|plume=ouiAC2008|accès url=payant|libellé=Combes 2008|plume=oui}} via Cairn.info.
* {{bibliographie|Q28827910|collection=L'univers maçonnique|chapitre=16 : Espoirs, mutation et malheurs de la franc-maçonnerie sous la {{IIe}} république|id=HYV2014|plume=oui}} <!---Yves Hivert|libellé=Hyvert-Messeca, L'Europe sous l'acacia, T2--->2014}}
* {{ouvrage|auteur1=Roger Dachez|lien auteur=Roger Dachez|titre=Histoire de la franc-maçonnerie française|édition=PUF|collection=Que sais-je ?|année=2020|pages totales=128|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/puf.dache.2020.01 |isbn=9-78-2-715404-403|id=RD2020|plume=oui|accès url=payant|libellé=Dachez 2020}} via Cairn.info.
*{{bibliographie|Q41091077|collection=Les Grandes études historiques|id=PC1974|chapitre=IV. La victoire momentanée du spiritualisme sous la {{IIe}} République|plume=oui}} <!--Pierre Chevallier Histoire de la FMF T2-->
 
{{portailPortail|Franc-maçonnerie|politique française|France au XIXe siècle}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=207769913|date=17 septembre 2023}}
 
[[Catégorie:Franc-maçonnerie française]]