« Astroblème de Rochechouart-Chassenon » : différence entre les versions

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== Découverte de l'astroblème ==
=== L'énigme des brèches de Chassenon et de Rochechouart ===
L'origine des roches avec lesquelles ont été construits les thermes de Chassenon ou de celles qui constituent la falaise située au pied du château de Rochechouart, et qui sont exploitées dans les carrières de la région, a été sujette à controverse dès que les géologues se sont intéressés à elles{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
[[Nicolas Desmarest]], futur membre de l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]]<ref>{{Ouvrage |libellé= Toussaint 1800 |langue= fr |auteur1= Nicolas Toussaint Le Moyne des Essarts |titre= Les siècles littéraires de la France |lieu= Paris |date={{nobr|an {{VIII}}}} (1800) |tome= 2 |titre volume= C - E |pages totales= 482 |passage= 333 |isbn= |lire en ligne= {{Google Livres |id= 6BN_DcigPAYC|page= 333 |surligne= Desmarest%20Limoges}} |format= sur ''books.google.fr'' }}.</ref>, {{Passage à vérifier|1=séjourne à Limoges entre 1762 et 1771<ref>''Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790 : Haute-Vienne'', publié par l'imprimerie typographique F. Plainemaison, 1891.</ref>|2=Source non trouvée en ligne. Il est possible qu'elle soit tirée d'un autre texte, qui doit alors être cité.|date=janvier 2020}}. Il décrit cette roche en 1809 dans ''l'Encyclopédie Méthodique''<ref name="1809desmarest394">{{Ouvrage |id= 1809desmarest |libellé= Desmarest 1809 |langue= fr |auteur1= Nicolas Desmarest |lien auteur1= Nicolas Desmarest |titre= Encyclopédie Méthodique, géographie physique |lieu= Paris |éditeur= impr. H. Agasse |date= 1809|tome= 3 |passage= 394 |isbn= |lire en ligne= {{Google Livres|id=XoMPAAAAQAAJ|page= 394 |surligne= Chassenon }} |format= sur ''books.google.fr'' }}.</ref>. Pour lui, il s'agit d'un ''[[granite]] à bande'' d'origine [[roche plutonique|plutonique]] :
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[[Fichier:Carte-rochechouart-chassenon.png|300px|thumb|Carte de l'astroblème. Le cratère est centré sur le lieu-dit de ''la Judie'', commune de [[Pressignac]]. L'emprise du cratère est indiquée en pointillés et les courbes de niveau indiquent les anomalies [[Gravimétrie|gravimétriques]] du sous-sol (dites [[Anomalie de Bouguer|anomalies de Bouguer]] : plus l'on se dirige vers le centre du cratère, plus la roche est fracturée et moins dense, et plus l'anomalie est importante).]]
 
Le cratère fait environ {{unité|19|à=23|kilomètres}} de diamètre (son diamètre et la profondeur de l'impact restent des sujets ouverts){{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
L'énergie libérée par l'impact est phénoménale : elle est estimée à 14 millions de fois celle de la bombe d'Hiroshima, soit {{nb|1000}} fois celle des plus violents tremblements de terre jamais enregistrés ; {{unité|0.2|seconde}} après l'impact, la pression atteint plusieurs millions de kilobars et la température dépasse {{unité|10000|°C}} au point d'impact<ref name="1996chevremont121">{{harvsp |id= 1996chevremont | Chèvremont ''et al.'' | 1996 |p= 121 }}.</ref>.
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Aucun fragment de la [[météorite]] ne subsiste : sous la violence de l'impact, elle est entièrement [[Sublimation (physique)|sublimée]] en très fines particules de fer, nickel et chrome qui retombent au fond du cratère<ref name="1996chevremont5">{{harvsp |id= 1996chevremont | Chèvremont ''et al.'' | 1996 |p= 5 }}.</ref>. Les roches terrestres ont été complètement remodelées. Certaines ont été [[Sublimation (physique)|sublimées]], d'autres désagrégées ou projetées à plus de {{unité|400|kilomètres}} de là, d'autres enfin, en sous-sol, ont été comprimées, fracturées ou choquées. L'ensemble s'est recombiné, refroidi, et a formé ce que les géologues appellent depuis le début du {{s-|XIX}} les « ''brèches de Rochechouart''<ref group="n">''Origine du nom Rochechouart'' : ceux qui voient dans « Rochechouart » une référence à la météorite se trompent. Il est vrai que la confusion est aisée (roche + choir) mais en fait, le nom de la ville est formé de deux éléments d'origine [[latin]]e ultérieurement francisés, ''Roca'', qui désigne un site naturellement défensif, et ''Cavardus'' du nom du seigneur qui a aménagé la place fortifiée aux environs de l'an 1000.</ref> ».
 
Ces [[Brèche (roche)|brèche]]s sont les seules reliques de l'évènement encore visibles en surface. Leur nature varie selon leur proximité du centre de l'impact{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Certaines sont constituées de [[verre|roches vitrifiées]] dans lesquelles on trouve des inclusions gazeuses (près de Babaudus), leur apparence fait croire à une origine volcanique. Ce type de roche s'est formé à une température supérieure à {{unité|3000|[[Degré Celsius|°C]]}} et à une pression de plus de {{unité|600000|[[bar (unité)|bars]]}}{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
D'autres contiennent des fragments de la roche du socle cristallin de la région, liés entre eux par une sorte de ciment. Les fragments ont des tailles variées, de quelques millimètres à plusieurs mètres. Le ciment est dit « clastique », c'est-à-dire qu'il est composé de l'agglomération des poussières et des fins débris résultants de l'impact. La température et le temps ont lié ces éléments entre eux pour former une roche assez solide. De nombreuses habitations et monuments utilisent cette roche comme matériau de construction{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Entre ces deux extrêmes, on trouve toute une variété de roches dont la composition est riche en [[fer]] et en [[nickel]], composants principaux du [[fer météorique]]. Les teneurs en ces métaux sont anormalement élevées par rapport à la composition du terrain sous-jacent, ceux-ci proviennent donc très probablement de la météorite elle-même{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Pour se rendre compte des dimensions du cratère, voici la liste des villes et villages qui se trouvent actuellement dans son emprise (centré sur ''la Judie'', commune de [[Pressignac]] en Charente){{Réfnéc|date=28 juillet 2023}} :
* à moins de {{unité|5|km}} du centre du cratère : [[Pressignac]] (Charente), [[Chassenon]] (Charente), [[Rochechouart (Haute-Vienne)|Rochechouart]] (Haute-Vienne) et [[Videix]] (Haute-Vienne) ;
* de {{unité|5|à=10|km}} du centre : [[Chabanais]] (Charente), [[Saillat-sur-Vienne]] (Haute-Vienne), [[Chéronnac]] (Haute-Vienne), [[Verneuil (Charente)|Verneuil]] (Charente), [[Étagnac]] (Charente), [[Vayres (Haute-Vienne)|Vayres]] (Haute-Vienne), [[Saint-Quentin-sur-Charente]] (Charente), et [[Chaillac-sur-Vienne]] (Haute-Vienne) ;
* de {{unité|10|km}} jusqu'au bord : [[Massignac]] (Charente), [[Exideuil-sur-Vienne]] (Charente), [[Lésignac-Durand]] (Charente), [[Suris]] (Charente), [[Les Salles-Lavauguyon]] (Haute-Vienne), [[Saint-Bazile (Haute-Vienne)|Saint-Bazile]] (Haute-Vienne), [[Chabrac]] (Charente), [[Saint-Junien]] (Haute-Vienne), [[Mouzon (Charente)|Mouzon]] (Charente) et [[Oradour-sur-Vayres]] (Haute-Vienne).
En 1999, l'[[Institut national de la statistique et des études économiques|INSEE]] recensait {{unité|26661|personnes}} vivant dans le cratère{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
=== À quoi pouvait ressembler le cratère ? ===
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Le second, plus ancien a été formé dans un sous-sol quasiment identique à celui du [[Limousin (ancienne région administrative)|Limousin]] : du [[gneiss]] et du [[granite]]. Il est maintenant enfoui sous des dépôts sédimentaires qui l'ont préservé de l'érosion. Les études [[Sismologie|sismologiques]] ont permis de bien comprendre son relief<ref name="2008koning28"/>{{,}}<ref>{{Article |libellé= Gurov & Gurova 1985 |langue= en |auteur1= E.P. Gurov |auteur2= H.P. Gurova |titre= Boltysh Astrobleme: Impact Crater Pattern with a Central Uplift |périodique= Lunar and Planetary Science |volume= 16 |date= 1985|pages= 310-311 |lire en ligne= http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-data_query?bibcode=1985LPI....16..310G&db_key=AST&link_type=ARTICLE |format= sur ''adsabs.harvard.edu'' }}. Cité dans {{harvsp |id= 2008koning | Köning-Francioli | 2008 |p= 28 }}.</ref>.
 
Ces deux cratères présentent un pic central dont la genèse est illustrée par l'animation ci-dessus. Bien que la présence du pic soit fort probable, on ne sait pas encore si le cratère de Rochechouart en présente un{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
{{Article détaillé|Cratère d'impact}}
 
=== Les brèches ===
Sous le terme ''brèches'' se trouvent groupées les roches du socle terrestre qui ont été modifiées par la puissance de l'impact. Il ne s'agit donc pas de fragments de la météorite elle-même{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
On distingue trois types de brèches{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
==== Brèches polygéniques de retombées (allochtones) ====
Ces roches sont constituées d'un mélange plus ou moins hétérogène de fragments des roches du socle, liés entre eux par un ciment vitreux ou constitué de poussières compactées par la chaleur, la pression ou le temps{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
La nature et la morphologie de ces brèches varient fortement en fonction de la distance au centre de l'impact, de l'empilement des couches de brèche et de la nature du sous-sol. En règle générale, plus on se rapproche du centre, plus les brèches présentent un fort taux de fusion<ref name="2008koning24">{{harvsp |id= 2008koning | Köning-Francioli | 2008 |p= 24 }}.</ref>. La galerie d'images ci-dessous montre divers échantillons de brèche polygénique de retombées.
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* Les '''brèches de type Babaudus''' sont des brèches à très fort taux de fusion. Les fragments non fondus qu'elles contiennent parfois sont très petits et constitués des roches les moins fusibles (du quartz essentiellement). Leur matrice vitreuse contient souvent des vacuoles. Les ''brèches jaunes'' de Babaudus ne sont quasiment constituées que de verre. Ces brèches sont très riches en potasse<ref name="2008koning27">{{harvsp |id= 2008koning | Köning-Francioli | 2008 |p= 27 }}.</ref> et contiennent {{unité|40|fois}} plus de nickel que les roches du socle dont elles sont issues. Ce nickel provient indubitablement de la météorite et l'enrichissement en potasse a probablement été causé par les phénomènes hydrothermaux qui ont suivi l'impact. On rencontre ces brèches dans la région de Babaudus, située au centre de l'impact. Les brèches de La Valette sont de ce type{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
* Les '''brèches de type Chassenon''' (''[[suévite]] verte'') contiennent quelques matières vitreuses de coloration verte caractéristique. Les plus gros fragments qui sont inclus dans ces brèches mesurent quelques centimètres. On les retrouve au-dessus des brèches de type Rochechouart, ce qui permet de conclure qu'il s'agit des dernières retombées du panache de l'impact. Une carrière exploitait cette roche. Elles sont riches en [[Oxyde de nickel II|oxyde de nickel]] qui leur donne la coloration verte<ref name="2008koning27"/>.
* Les '''brèches de type Montoume''' (''[[suévite]] rouge'') sont localisées dans les collines de Montoume où quelques carrières exploitaient cette roche dure et colorée. Elles recouvrent directement le socle ou bien les brèches de Rochechouart et sont très riches en fragments de verre. La couleur rouge intense est due à une très forte teneur en [[fer]] probablement issu de la météorite. Ces brèches contiennent parfois des masses noirâtres d'[[Dioxyde de manganèse|oxyde de manganèse]], élément lui aussi en provenance de la météorite à moins que ce ne soit un effet de l'hydrothermalisme qui a suivi l'impact. Montoume étant très excentré dans le cratère, la genèse de cette couche de brèches reste pour l'instant non élucidée<ref name="2008koning27"/>.
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==== Brèches monogéniques de dislocation (autochtones) ====
Ces brèches sont composées de roches du socle qui ont été peu, ou pas, déplacées, d'où leur terminologie ''autochtone''. Les fragments sont reliés entre eux par un ciment constitué de la même roche fondue ou de poussière de cette même roche finement broyée{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Les cataclases (ou ''cataclasites'') ainsi que les pseudotachylites font partie de cette famille de brèches{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
==== Brèches hydrothermales ====
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=== Le sous-sol ===
La surface a été recouverte des débris et des roches fondues, et le sous-sol n'a pas été épargné. L'onde de choc a provoqué quatre désordres majeurs : les quartz choqués, les cônes de percussion, les cataclases et les pseudotachylites{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
[[Fichier:Astroblème-quartz-choqué.jpg|150px|thumb|Cristaux de [[Quartz (minéral)|quartz]] non choqués à gauche, choqués à droite.]]
 
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Ils se forment à l'échelle centimétrique et décimétrique dans les roches compactes et homogènes du sous-sol profond. C'est l'[[onde de choc]] qui provoque ces défauts dans la roche. Les plus grands cônes de percussion font au moins {{unité|30|centimètres}} de long.
 
Les brèches polygéniques peuvent contenir des cônes de percussion générés par l'onde de choc de l'impact avant que la dislocation du socle ne les projette en l'air{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Là aussi, seuls les impacts météoritiques et les explosions nucléaires fournissent les conditions nécessaires à leur formation{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
==== Cataclases ====
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En 2003, Tagle et Stöffler<ref>{{Article |libellé= Tagle ''et al.'' 2003 |langue= fr |auteur1= R. Tagle |auteur2= D. Stöffler |auteur3= P. Claeys |auteur4= J. Erzinger |titre= A Non-Magmatic Iron Meteorite as Impactor for the Rochechouart Crater |nature article= abstract {{n°|1835}} |lieu= League City, Texas |périodique= Lunar and planetary science |numéro= 34 |titre numéro= 34th Annual Lunar and Planetary Science Conference, March 17-21 |date= 2003|lire en ligne= http://adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-data_query?bibcode=2003LPI....34.1835T&db_key=AST&link_type=ARTICLE |format= sur ''adsabs.harvard.edu'' |consulté le=11 janvier 2020}}.</ref> affinent les hypothèses et concluent en une météorite de type « ferreuse non magmatique » ({{II}}E)<ref name="2008koning32"/>. Cette conclusion est remise en question quatre ans plus tard.
 
En 2007, Koeberl, Shukolyukov et Lugmair<ref>{{Article |libellé= Koeberl ''et al.'' 2007 |langue= en |auteur1= C. Koeberl |auteur2= A. Shukolyukov |auteur3= G.W. Lugmair |titre= Chromium isotopic studies of terrestrial impact craters: Identification of meteoritic components at Bosumtwi, Clearwater East, Lappajärvi, and Rochechouart |périodique= Earth and Planetary Science Letters |volume= 256 |numéro= 3-4 |date=04/2007 |pages= 534-546 |résumé= https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0012821X0700074X |format= <!-- sur ''xxx'' --> }}.</ref> reprennent les études sur la proportion des isotopes de chrome contenus dans les roches de la région. Leurs mesures permettent de classer l'impacteur dans la famille des chondrites ordinaires. Mais, la dégradation importante des roches par les phénomènes hydrothermaux et atmosphériques qu'elles ont subis depuis plus de {{unité|200|millions}} d'années leur interdit de déterminer avec plus de précision la nature de la météorite{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
En 2009, Tagle associé à Schmitt et Erzinger<ref>{{Article |libellé= Tagle ''et al.'' 2009 |langue= en |auteur1= R. Tagle |auteur2= R.T. Schmitt |auteur3= J. Erzinger |titre= Identification of the projectile component in the impact structures Rochechouart, France and Sääksjärvi, Finland: Implications for the impactor population for the earth |périodique= Geochimica et Cosmochimica Acta |volume= 73 |numéro= 16 |date=15 août 2009|pages= 4891-4906 |résumé= https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/2009GeCoA..73.4891T/abstract |format= <!-- sur ''xxx'' --> }}.</ref> revient sur son étude de 2003 et rejette les natures chondritiques et ferreuses magmatiques prônées par Janssens ou Koeberl. Il confirme la nature « ferreuse non magmatique », mais de {{nobr|type {{I}}A}} {{nobr|ou {{II}}C}} (au lieu de {{II}}E comme il l'avait conclu en 2003). Mais G. Schmidt s'oppose aux résultats de cette étude et réaffirme ses conclusions de 1997<ref>{{Article |libellé= Schmidt 2009 |langue= en |auteur1= G. Schmidt |titre= Refractory element fractionation (Os/Ir, Rh/Ir, Ru/Os) in impact craters: projectile identification of Rochechouart, Sääksjärvi, Boltysh, Dellen, Mien{{etc.}} |périodique= {{nobr|72nd Annual}} Meteoritical Society Meeting |date= 2009|lire en ligne= https://www.lpi.usra.edu/meetings/metsoc2009/pdf/5001.pdf |format= sur ''lpi.usra.edu'' |consulté le=03 janvier 2020}}.</ref>.
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Les travaux de Horn et El Goresy ont permis de déterminer que la teneur (en masse) de la part métallique de la météorite était constituée de 73 % de [[fer]], 17 % de [[chrome]], 8 % de [[nickel]] et 2 % de [[cobalt]]. Si l'on considère que la [[densité]] de la roche météoritique sans ses métaux est de {{unité|2.80}} (c'est la densité moyenne des roches anciennes sur Terre), on peut en déduire que la densité de la météorite de Rochechouart était de l'ordre de {{unité|3.35}}. Cette valeur est en accord avec les densités des fragments de chondrites que l'on trouve sur Terre (''d'' = {{unité|3,40|±=0,17}}).
 
Toutefois, si l'on considère les conclusions de Tagle (2009), la densité de la météorite doit être réévaluée à plus de {{unité|5.50}}{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Dans les deux cas, la nature de cette météorite donne une idée de sa provenance : la ceinture d'astéroïdes, située entre [[Mars (planète)|Mars]] et [[Jupiter (planète)|Jupiter]] qui contient de nombreux astéroïdes dont la masse totale ne dépasse pas 10 % de la masse de Mars, mais dont les plus gros font quand même plus de {{unité|500|kilomètres}} de diamètre. Après avoir été décrochés de leur « salle d'attente » sous l'effet des mouvements de Jupiter, ils orbitent autour du [[Soleil]] et leur trajectoire peut croiser celle de la Terre. Leur vitesse d'impact est alors comprise entre {{unité|11|et=23|km/s}}<ref name="2008koning32"/>.
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=== Taille ===
[[Fichier:Astrobleme-taille-meteorite.gif|thumb|<center>Comparaison des cinq théories.</center>]]
La détermination de la taille de l'astéroïde est très aléatoire. La taille dépend non seulement de ses propriétés (nature, densité, vitesse, angle d'impact), mais aussi des théories dont les résultats divergent fortement{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
À ce jour, trois outils sont disponibles pour estimer la taille des météorites. Ils mettent en application cinq théories différentes :
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|}
 
Toute vie a été annihilée en moins de cinq minutes dans un rayon de cent kilomètres<ref name="2008koning32"/>. {{refnec|La faune et la flore ont été très fortement affectées au-delà et jusqu'à trois cents kilomètres de l'impact.}} Mais les effets sont restés globalement locaux<ref name="2008koning32"/> et l'on ne peut pas dire que l'impact ait eu une répercussion planétaire sur l'évolution de la vie. En particulier, il n'est pas la cause de la grande crise d'extinction qui a frappé les espèces vivantes à la [[Extinction des espèces#Extinctions massives|fin du Trias]]{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
== Datation de l'impact ==
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Ces indices militent en faveur de l'impact de plusieurs blocs de natures et tailles diverses tombant les uns à côté des autres, les cratères des uns recouvrant ceux des autres. Les études de Gault et Schutz en 1983-1985<ref>{{en}} P.H. Schultz, D.E. Gault, {{Langue|en|texte=''[http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1983LPI....14..674S&data_type=PDF_HIGH&type=PRINTER&filetype=.pdf High-Velocity Clustered Impacts: Experimental Results]'', 1983, Lunar and planetary science, {{vol.|14}}, {{p.|674-675}}}}.</ref> montrent qu'un impact simultané d'objets dispersés provoque un cratère bien plus aplani que l'impact de la même masse en un seul bloc.
 
De plus, l'observation et l'analyse récente des astéroïdes qui se trouvent dans la ceinture d'astéroïdes entre [[Mars (planète)|Mars]] et [[Jupiter (planète)|Jupiter]] montre qu'effectivement la plupart des astéroïdes de plus de {{unité|400|à=500|mètres}} de diamètre sont constitués d'une agglomération de blocs de tailles et de natures variées, fruits des chocs entre eux depuis près de {{unité|4.55|milliards}} d'années, âge du [[système solaire]]. Selon les travaux de Bottke et Durda en 2005<ref>{{en}} W.F. Bottke Jr., D.D. Durda, D. Nesvorný, R. Jedicke, A. Morbidelli, D. Vokrouhlický, H.F. Levison, {{Langue|en|texte=''[http://www.sciencedirect.com/science?_ob=MImg&_imagekey=B6WGF-4GSJR9T-1-MK&_cdi=6821&_user=1790654&_orig=search&_coverDate=12%2F01%2F2005&_qd=1&_sk=998209998&view=c&wchp=dGLbVzb-zSkWb&md5=31a23e025505cd05da549adebe62d9e3&ie=/sdarticle.pdf Linking the collisional history of the main asteroid belt to its dynamical excitation and depletion]'', 2005, Icarus, {{vol.|179}}, {{p.|63–94}}}}.</ref>, un astéroïde de la taille de celui de Rochechouart-Chassenon aurait subi une collision avec un astéroïde de {{unité|500|mètres}} ou plus tous les {{unité|200|millions}} d'années, soit au minimum une vingtaine de collisions depuis la formation du système solaire, ce qui renforce encore l'hypothèse d'une météorite hétérogène{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
=== La catena Rochechouart-Manicouagan-Saint-Martin ===
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* {{langue|en|Wells-Creek}}, É.-U. ({{unité|200|±=100|Ma}}, Ø {{unité|14|km}})
 
Toutefois, l'incertitude sur la datation des trois derniers listés permet de douter de leur participation dans la catena. L'hypothèse même de la catena Rochechouart-Manicouagan-Saint-Martin est désormais écartée par la dernière datation de l'impact qui écarte la simultanéité des évènements<ref name="201Ma"/>. L'impact de Rochechouart-Chassenon ne faisait très probablement pas partie de la catena{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
=== Nouvelles études ===
La structure de Rochechouart-Chassenon est peu étudiée et ses richesses peu exploitées comparativement à d'autres structures d'impact dans le monde. Les brèches constituant les seules traces en surface, des forages sont nécessaires pour comprendre les transformations minéralogiques et chimiques des roches en profondeur{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Le Centre international de la recherche sur les impacts et sur Rochechouart (CIRIR) a été créé en 2016. La première campagne de forages scientifiques a débuté le {{date|5 septembre 2017}} à Rochechouart. Plusieurs forages, jusqu'à une profondeur de {{unité|150|m}}, doivent être réalisés pendant deux à trois mois sur huit sites de la réserve. Une soixantaine de chercheurs d'une douzaine de nationalités est associée au CIRIR pour l'exploitation des données. L'enjeu est d'instituer le site de l'astroblème comme un laboratoire naturel au bénéfice de la recherche nationale et internationale<ref>{{lien web |langue= fr |titre= Des forages dans une structure d'impact : Une première en France à Rochechouart ! |date=11 septembre 2017| site= insu.cnrs.fr |url= https://cirir-edu.org/2017/10/30/des-forages-dans-une-structure-dimpact-une-premiere-en-france-a-rochechouart/ |résumé= https://www.techno-science.net/forum/viewtopic.php?t=40618 |consulté le=<!-- 11/01/2020 --> }}.</ref>.
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La pierre est réputée pour la variété de ses couleurs et de sa texture, elle prend bien la lumière et possède des qualités de résistance à la température et au gel. Légère et riche en verre et en porosités, elle constitue aussi un très bon matériau calorifuge et se taille avec facilité<ref>{{Lien brisé |auteur= Conseil général des ponts et chaussées |titre= Mission sur l'histoire et la modernité du paysage des régions de France |date= 2004|pages= 194-196 |url= http://www2.equipement.gouv.fr/rapports/themes_rapports/environnement/1998-0216-01.pdf }} (ce document illustratif et romancé n'est pas une référence scientifique).</ref>{{,}}<ref name="2008koning34">{{harvsp |id= 2008koning | Köning-Francioli | 2008 |p= 34 }}.</ref>. Au Moyen Âge, des cercueils et sarcophages étaient taillés avec cette roche, plutôt que dans du granite, car sa légèreté facilitait leur transport sur de grandes distances. On a aussi remarqué lors des fouilles réalisées dans les anciens cimetières de Limoges que les corps placés dans les sarcophages en brèche sont bien conservés alors que ceux contenus dans les sarcophages en granite sont réduits en poussière<ref name="1860alluaud617">{{harvsp |id= 1860alluaud | Alluaud | 1860 |p= 617 }}.</ref>.
 
Les plus importants monuments réalisés avec des brèches d'impact sont à Rochechouart le [[Château de Rochechouart|château]] et l'église Saint-Sauveur, l'église de Pressignac, et des tombeaux dans l'abbaye Saint-Martial de Limoges{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
== De nos jours ==
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=== L'espace Météorite Paul-Pellas ===
[[Fichier:Espace Météorite, Rochechouart.jpg|thumb|<center>L'Espace météorite à Rochechouart.</center>]]
L'association ''Pierre de lune'' est chargée de la surveillance du patrimoine géologique de l'astroblème et de l'animation de l'espace Météorite [[Paul Pellas|Paul-Pellas]] à Rochechouart. Toutes les études doivent être entreprises de préférence en partenariat avec l'association qui, par sa connaissance des lieux, permet de faciliter les accès{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
=== La réserve nationale géologique ===
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Depuis le {{date|18 septembre 2008}}, le site est classé ''[[Liste des réserves naturelles nationales|réserve naturelle nationale]]'' sous l'appellation ''réserve naturelle nationale de l'astroblème de Rochechouart-Chassenon''<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Décret {{n°|2008-977}} du {{date-|18 septembre 2008}} portant création de la réserve naturelle nationale de l'astroblème de Rochechouart-Chassenon (Haute-Vienne et Charente) |site= legifrance.gouv.fr |url= http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019501902&dateTexte= |consulté le=<!-- 11/01/2020 --> }}.</ref>. Cette réserve de cinquante hectares est gérée par la communauté de communes « Porte Océane du Limousin<ref>{{lien web|url=http://www.reserves-naturelles.org/astrobleme-de-rochechouart-chassenon |titre=Astroblème de Rochechouart-Chassenon |site=Réserves naturelles de France}}, consulté le {{date-|13 octobre 2013}}.</ref> ». Le site a également été référencé ''{{langue|en|[[Réseau mondial des Géoparcs|European Geopark]]}}'' sous l'appellation ''Astroblème-Châtaigneraie limousine'' d'{{date-|octobre 2004}} jusqu'en {{date-|juin 2006}}<ref>{{Lien web |libellé= Lambert & Dupuy |langue= fr |auteur= C. Lambert |auteur2= O. Dupuy |titre= Astrobleme Chataigneraie Limousine |site= europeangeoparks.org |url= http://www.europeangeoparks.org/?page_id=1152 |consulté le=janvier 2020}}.</ref>.
 
Toute activité de recherche ou d'exploitation minière et tout prélèvement de roches ou de minéraux sont interdits sur le territoire de la réserve naturelle. Toutefois, des prélèvements effectués à des fins scientifiques ou dans le cadre de fouilles archéologiques peuvent être autorisés, y compris par forages ou sondages, après avis du conseil scientifique de la réserve. En raison de cette interdiction, la vente de minéraux en provenance de la réserve est désormais illicite si ces échantillons ont été prélevés après le {{date|18 septembre 2008}}, date du classement{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
Afin d'effectuer des prélèvements de minéraux, une autorisation préalable doit être obtenue auprès de la [[Délégation régionale à la recherche et à la technologie]] (DRRT) et de la [[Direction régionale de l'Environnement|Direction régionale de l'environnement]] (DIREN) du Limousin{{Réfnéc|date=28 juillet 2023}}.
 
== Quelques chiffres clés et éléments de comparaison ==