« Chamil » : différence entre les versions

| charte = militaire musulman

| image = იმამი შამილი შვილებთან ერთად. ალექსანდრე როინაშვილი.jpg

| légende = L'Imam ShâmilChamil à la fin de sa vie. Photo d'[[Alexandre Roinachvili]].

'''ShâmilChamil''' ou '''ImâmImam ShâmilChamil''' (en [[avar]] : {{lang|av|Шейх Шамил}} ; en {{lang-tr|''Şeyh Şamil''}} ; en {{lang-az|''Şeyx Şamil''}}; en {{lang-ru|Имам Шамиль}} ; en {{lang-ar|الشيخ شامل}}), parfois écrit '''ChamilShamil''' ([[1797]]-[[1871]]), est un chef de guerre d'origine [[Avars (Caucase)|avare]], le plus connu des chefs de guerre qui dirigèrent les Tchétchènes et d'autres tribus du Caucase du nord dans les guerres qui les opposèrent à l'armée russe entre 1830 et 1860<ref>{{article|langue= |auteur1=Viatcheslav Avioutskii |titre=Nord-Caucase : un « étranger intérieur » de la fédération de Russie|périodique=[[Hérodote (revue)|Hérodote]]|volume= 1|numéro=104 |jour= |mois= |année=2002|pages= 92-118|lire en ligne= https://www.cairn.info/revue-herodote-2002-1-page-92.htm}}</ref>. Il appartient au peuple [[Avars (Caucase)|avar]]<ref name="Cahiers">{{article|langue= |auteur1= Frédérique Longuet-Marx|titre= Le Daghestan : islam populaire et islam radical|périodique=[[Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien]]|volume= |numéro= 38 |jour= |mois= |année=2004|pages= 73-112|lire en ligne= https://www.persee.fr/doc/cemot_0764-9878_2004_num_38_1_1743}}</ref>{{,}}<ref name="Libération"/>. Les motivations de ses combattants semblaient être à la fois une volonté d'indépendance et des raisons religieuses liées aux préconisations de guerre sainte de la [[Naqshbandiyya]], confrériemouvement [[Soufisme|soufi]] présenteradical présent notamment dans en [[Turquie]], en [[Asie centrale|Asie Centrale]] et dans le [[Caucase]] musulman ([[Tchétchénie]], [[Ingouchie]] et [[Daghestan]])<ref name="Cahiers"/>{{,}}<ref>Le muridisme est un mouvement politico-religieux d’inspiration soufie prônant l’obéissance inconditionnelle des disciples (murides) aux imams (murchides) qui sont leurs maîtres spirituels. Ce mouvement a inspiré la rébellion des montagnards caucasiens contre les russes. Il est donc bien antérieur au [[mouridisme]] sénégalais créé au début du {{s-|XX|e}} avec lequel il ne faut pas le confondre.</ref>.

[[Fichier:Timm, Vasilii Fedorovich. Shamil.jpg|vignette|droite|Portrait d'après nature de ShâmilChamil, dessiné le 6 octobre 1859 par [[Georg Wilhelm Timm|Vassili Timm]]<ref>Mariel Tsaroïeva, ''Peuples et religions du Caucase du Nord'', Karthala, 2011, {{p.|214}}</ref>.]]

ShâmilChamil naît en [[1797]] dans l'[[aoul]] de [[Guimry]] au [[Daghestan]]. Son père Dengau possède des terres, et sa position permet à ShâmilChamil, qui se démarquait déjà dans sa jeunesse par sa prouesse dans l'équitation et la maîtrise des armes, ainsi qu'à son ami [[Mohammed Ghazi]] (''Mollah Ghazi''), d'étudier, notamment l'arabe, la grammaire, la rhétorique et la logique. Il rejoint la [[Naqshbandiyya]] et s'impose comme un homme respecté et cultivé pour les peuples musulmans du [[Caucase]]<ref name="Libération">{{article|langue= |auteur1=Hélène Despic-Popovic |titre=Sur la trace des Avars, au cœur d’un Caucase de guerres et de légendes|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|volume= |numéro= |jour=5 |mois= janvier |année=2012|pages= |lire en ligne=https://www..fr/planete/2012/01/05/sur-la-trace-des-avars-au-coeur-d-un-caucase-de-guerres-et-de-legendes_786100/ }}</ref>.

À cette époque, la Russie cherche à s'étendre sur les terres [[Guerre russo-turque de 1806-1812|ottomanes]] et [[Guerre russo-persane de 1804-1813|perses]]. En réaction à l'invasion russe, les tchétchènes et les nombreuses tribus du [[Ciscaucasie|Caucase du nord]] s'unissent pour briser la loi russe dans ce qu'on appelle aujourd'hui la [[guerre du Caucase]]. Les premiers meneurs connus de cette résistance sont le tchétchène [[cheikh Mansour|Shaykh Mansour]] et le [[mollah]] avar [[Mohammed Ghazi|Muhammad Ghazi]]. ShâmilChamil est un ami d'enfance de [[Mohammed Ghazi|Ghazi]] et veut devenir son disciple et conseiller.

En [[1832]], [[Mohammed Ghazi|Ghazi]] meurt à la bataille de [[Guimry]], et ShâmilChamil est un des deux seuls mourides qui arrivent à s'échapper, mais il est gravement blessé. Il va alors se cacher et les Russes comme les murides pensent qu'il est mort. Une fois rétabli, il réapparaît et rejoint les combattants, alors menés par [[Gamzat-bek]]. Celui-ci se fait assassiner en [[1834]] par [[Hadji Murad]], ShâmilChamil le remplace alors comme chef de la résistance caucasienne et devient donc le troisième Imam du [[Daghestan]], après [[Mohammed Ghazi]] et [[Gamzat-bek]]<ref>{{ouvrage|langue=|auteur1=Lorraine de Meaux|titre=La Russie et la tentation de l'Orient|sous-titre=|éditeur=Fayard|volume=|année=2010|pages totales=436|passage=|isbn=9782213659275|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=uDHeZAsR3BAC&pg=PT17&lpg=PT17&dq=Imam+Chamil++avare+Caucase&source=bl&ots=cHSVras6cz&sig=ACfU3U0rTaj1EKO6MBbxOtRDTbBp-_YI9Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjxxJz2po3vAhVOx4UKHcS3CE44FBDoATAHegQIEBAD#v=onepage&q=Imam%20Chamil%20%20avare%20Caucase&f=false}}</ref>.

À l'été [[1839]], l'Imam ShâmilChamil et ses partisans (environ {{unité|4000|hommes}}, femmes et enfants) sont assiégés dans leur fort de montagne d'[[Akhoulgo]], niché dans une boucle de la rivière Andi-Koïssou, à une quinzaine de kilomètres de [[Guimry]]. Il faut huit jours aux Russes pour emporter la victoire. Le bilan est très lourd : près de {{unité|3000|soldats}} russes sont morts, les rebelles sont presque tous tués après des combats extrêmement violents, typiques de cette guerre, qu'en [[1858]], [[Alexandre Dumas]], à l'occasion d'un voyage dans le [[Caucase]], décrira comme ''{{Citation|une guerre sans merci, sans prisonniers, où tout blessé est considéré comme un homme mort, où le plus féroce des adversaires coupe la tête, où le plus doux coupe la main}}<ref>Alexandre Dumas, ''Impressions de voyage : Le Caucase'', Le Vasseur & Cie, s.d., {{p.|40}}, repris dans ''Chamil et la résistance tchétchène contre les Russes'', Nautilus, 2001, {{p.|24-25}}.</ref>.''

ShâmilChamil livre aux Russes son fils aîné Djemmal-Eddin en otage ({{date-|18 août 1839}}). Celui-ci grandira à la cour impériale et deviendra officier dans l'armée russe, avant d'être échangé contre des otages russes et rendu à son père ({{date-|11 mars 1855}})<ref>L'échange eut lieu le même jour que les funérailles du tsar [[Nicolas Ier (empereur de Russie)|Nicolas {{Ier}}]]. Lesley Blanch, ''Les sabres du Paradis'', Le cercle du nouveau livre, 1960, {{p.|458}}.</ref>.

L'Imam ShâmilChamil et une poignée de ses partisans, ainsi que sa famille, arrivent miraculeusement à s'échapper en Tchétchénie, juste avant la fin du siège. Après sa fuite, il est recueilli par des chefs de guerre tchétchènes qui grâce aux conseils des anciens le proclament Imam de [[Tchétchénie]] et du [[Daghestan]] . Une fois rétabli, sous peu, l'Imam ShâmilChamil accompagné de ces seigneurs de guerre tchétchènes et d'une armée retourne au [[Daghestan]] pour une reconquête. Ensemble, ils réussiront alors à soumettre les nombreuses tribus daghestanaises divisées, contre les Russes, prenant l'islam comme base de cette union. Il fit un usage efficace de techniques de guérilla, profitant de la nature du terrain montagnard, difficile d'accès et propice aux embuscades, et la résistance continua sous son commandement jusqu'en [[1859]]. Toutefois, l'armée russe prend l'avantage et, le {{date|25|août|1859}}, ShâmilChamil, accompagné de sa famille préfère se rendre aux Russes, ils sont emprisonnés dans l'[[aoul]] de [[Gounib]] ([[Daghestan]]). Pourtant quelques unités [[tchétchènes]] continueront la lutte après la reddition de ShâmilChamil.

Il est toujours honoré dans le [[Caucase]] pour sa résistance aux Russes, et est considéré comme un modèle par certains musulmans qui luttent encore aujourd'hui contre l'influence russe dans cette région.

Il est à noter que le [[Rabbi de Loubavitch]] enseigna au [[Hassidim]] une mélodie que ShâmilChamil a composée lors de son emprisonnement décrivant son désir de retrouver son statut préalable, cette mélodie est appelée ''Nigun Shamil'' et est une allusion au désir de l'âme précédemment unie à Dieu et actuellement emprisonnée dans le corps, qui désire ardemment s'exprimer librement à travers celui-ci<ref>{{lien web |langue=en |titre=Shamil |url=http://www.chabad.org/multimedia/media_cdo/aid/140724/jewish/Shamil.htm |site=chabad.org |consulté le=14-09-2020}}.</ref>.