« Sur la scène intérieure » : différence entre les versions

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La narration de ''Sur la Scène Intérieure'' se compose d’une alternance de [[diégèse]] et d’[[exégèse]]. En effet, ce sont deux voix qui résonnent et se répondent : il y a celle de l’écrivain enfant, reproduite dans la plus fidèle spontanéité et naïveté souvent au présent, formant de petites anamnèses volontairement fragmentaires, à laquelle celle de l’écrivain adulte vient s’ajouter, celle qui commente et explique, contextualise et justifie. Ainsi, ce sont deux démarches d’écriture qui se juxtaposent et qui rendent compte de deux temporalités et deux prismes différents dans le récit : le temps de l’enfance réanimé, raconté frontalement et au premier degré, et l’a posteriori, le temps de l’analyse et du bilan. La narration joue ainsi sur deux registres : le premier est plus proche des sentiments, des sensations, il est affecté, c’est une narration à fleur de peau ; le deuxième est plus théorique, factuel, analytique, il a à voir avec le savoir et rend compte de choix d’écriture (approche réflexive). Marcel Cohen adopte le double visage du romancier et de l’historien<ref name=":3">{{Lien web |langue=Français |auteur=Didier Pinaud |titre=Les "dépôts de savoir" de Marcel Cohen |url=http://www.les-lettres-francaises.fr/2018/01/marcel-cohen-depot-de-savoirs/ |site=les-lettres-francaises.fr |date=21 janvier 2018 }}.</ref>.
 
Cette polyphonie s’analyse aussi formellement : les souvenirs de l’enfant sont inscrits en italiques, comme pour représenter une parole vacillante, incertaine et fragile ou pour suggérer que ces mots auraient pu être relevés dans un journal intime (l’italique suggère une écriture à la main, une police d’écriture moins conventionnelle et codifiée) ; et l’analyse distanciée de l’écrivain adulte est [[Transcription phonétique|retranscrite]] en caractères d’imprimerie. De plus, entre deux paragraphes, le blanc typographique voit défiler le temps de l’absence et du silence<ref name=":0" />.
 
Par ailleurs, si ces deux voix alternent et se juxtaposent, elles fonctionnent aussi ensemble et la narration est riche de cet entrelacs : l’on peut parler de récit diphonique (un chant où une seule personne chante à deux voix). Cela va aussi dans le sens d’une vérité, celle d’une histoire personnelle, qui cherche à se recomposer en se nourrissant d’une pluralité de sources, de points de vue.