« Première dynastie de Babylone » : différence entre les versions

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La famille est une institution bien connue par les sources juridiques de la période paléo-babylonienne. Elle est en général nucléaire et monogame, formée par un mariage qui voit une femme passer de l'autorité paternelle à l'autorité conjugale, en rejoignant la résidence de son époux. Le mariage<ref>B. Lion, « Mariages paléo-babyloniens typiques et atypiques », ''Anabases'' [En ligne], 22 | 2015, mis en ligne le 20 octobre 2018, consulté le 21 août 2023. URL : http://journals.openedition.org/anabases/5398</ref> donnait lieu à l'échange d'une dot (''šeriktum'', ''nudunnum'') que l'épouse emportait dans sa nouvelle famille, constituée en général de mobilier lui servant à exercer son rôle de maîtresse de maison. L'époux offrait en retour un « cadeau d'épousailles » (''terhatum''), parfois accompagné d'un présent de l'époux à l'épouse (''biblum''). Dans les familles riches, ces échanges pouvaient être importants, et parfois impliquer des propriétés foncières ou des esclaves. Le mari peut prendre une seconde femme si la première ne lui donne pas d'héritier, la nouvelle épouse étant subordonnée à la première. Dans le cadre familial, l'autorité patriarcale est claire : il peut avoir des concubines, il est le seul à pouvoir répudier l'autre tandis que son épouse est mise à mort si elle le rejette ; en cas d'adultère de celle-ci, c'est son mari qui décide si celle-ci doit être mise à mort ou épargnée<ref>{{harvsp|id=HAM|Charpin|2003|p=223-226}}. {{harvsp|id=JOA2|Joannès|2006|p=158-160}}</ref>.
 
{{encadré texte|align=center|width=|texte=« Sabitum (est la) fille d'Ibbatum. Ibbatum son père l'a donnée à la maison d'Ilushu-ibni son beau-père, en tant qu'épouse de Warad-kubi son fils. 2 lits, 2 chaises, 1 table, 2 paniers, 1 meule, 1 mortier, 1 vase-doseur, 1 vase à moudre, tous ces objets qu'Ibbatum a donné à Sabitum sa fille, elle les a emportés dans la maison d'Ilushu-ibni son beau-père. Ibattum a reçu son cadeau d'épousailles de dix sicles d'argent, (puis) après l'avoir embrassée, il a noué (l'argent) sur la frange de l'habit de sa fille Sabitum ; il fut ainsi rendu à Warad-kubi. Si jamais Sabitum dit à son mari Warad-kubi : «  (Tu) n'es pas mon mari  », on l'attachera et on la jettera dans l'eau. Et si jamais Warad-kubi dit à son épouse Sabitum : «  (Tu) n'es pas ma femme  », il payera un tiers de mine d'argent pour le divorce. Emuq-Adad, son frère, doit être responsable de ses paroles. ''(Cinq témoins, dont le scribe. Date : 15 Tishri, année inconnue, règne d'Ammi-ditana.)'' »|légende=Un contrat de mariage paléo-babylonien<ref>À partir de la traduction de J. J. Finkelstein dans {{en}} J. B. Pritchard (dir.), ''Ancient Near Eastern Texts Relating to Old Testament'', Princeton, 1969, p. 544</ref>.}}
 
La loi s'assure également du respect inflexible du fils envers son père. Si le père n'avait pas d'enfant pour assurer sa subsistance une fois âgé, il pouvait en adopter un, qui dispose des mêmes droits que les éventuels enfants qui viendraient à naître<ref>{{harvsp|id=HAM|Charpin|2003|p=229-231}}</ref>. Les transmissions d'héritage se font suivant différentes coutumes selon les lieux : de façon égalitaire entre les fils à [[Sippar]], avantage à l'aîné à [[Larsa]] ou [[Isin]]. On peut ajouter qu'en plus d'être bien souvent une unité économique pratiquant la même activité de père en fils, la famille était aussi une unité religieuse, pratiquant un culte domestique avec des dieux-patrons spécifiques, et rendant un culte à ses ancêtres qui sont souvent enterrés sous le sol de la résidence familiale<ref>{{harvsp|id=HAM|Charpin|2003|p=232-234}}</ref>.
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=== Cultes et personnel religieux ===
[[Fichier:Worshipper Larsa Louvre AO15704.jpg|thumb|L'« [[adorant de Larsa]] », statuette en [[cuivre]] d'un homme en position de prière offerte au dieu [[Amurru (dieu)|Amurrum]], règne de [[Hammurabi]], [[musée du Louvre]]. L'inscription de dédicace dit : «  À Amurrum, son dieu, pour la vie de Hammurabi, roi de Babylone, et pour sa propre vie, Lu-Nanna, [''(titre)''], fils de Sîn-le'i, a façonné une statuette de cuivre (en attitude) de suppliant, le visage plaqué or, et la lui a vouée pour (qu'elle représente) son serviteur<ref>{{harvsp|id=HAM|Charpin|2003|p=116-117}}</ref>.  »]]
 
Le lieu principal d'exercice du culte est le temple, résidence terrestre de la divinité, qui y est présente sous la forme de sa statue qu'elle passe pour habiter réellement. Cette dernière se trouve dans la pièce principale du sanctuaire, le « saint des saints » ou ''cella''. À la période paléo-babylonienne, c'est de plus en plus une salle de disposition barlongue dans laquelle l'autel ou la niche où se trouve la statue fait face à l'entrée, qui ouvre sur une cour intérieure organisant la circulation dans le bâtiment. Cette disposition reste dominante jusqu'à la fin de la civilisation babylonienne<ref>J. Margueron, « Sanctuaires sémitiques », dans ''Supplément au Dictionnaire de la Bible'' fasc. 64 B-65, 1991, col. 1126-1127, et 1165-1173 pour la description des temples de Basse Mésopotamie de la période paléo-babylonienne qui ont été mis au jour.</ref>. C'est là qu'ont lieu la majorité des rituels du culte des divinités qui « résident » dans le temple. Dans ce dernier où à sa proximité, on trouve un ensemble de pièces et de bâtiments servant à l'exercice du culte : des bureaux, des magasins, des cuisines, plus loin des ateliers, les résidences du personnel cultuel qui peut être regroupé dans un même quartier. Les principaux complexes sacrés sont dominés par une [[ziggurat]], monument à degrés dont la symbolique et la fonction exactes restent obscures.
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Elle est douce de lèvres, sa bouche est vie,<br />Les rires s'épanouissent sur ses traits ;<br />Elle est splendide, des perles reposent sur sa tête,<br />Ses couleurs sont belles, ses yeux sont bigarrés et chatoyants. »|légende=Début de l'''Hymne à Ishtar'' du roi [[Ammi-ditana]]<ref>M.-J. Seux, ''Hymnes et prières aux dieux de Babylonie et d'Assyrie'', Paris, 1976, p. 39-40</ref>.}}
 
La littérature de la période paléo-babylonienne reprend l'héritage sumérien, notamment les traditions de la période de la [[troisième dynastie d'Ur]] (2112-2004) et ses hymnes dédiés à des souverains et à des sanctuaires<ref>{{harvsp|id=JOA2|Joannès|2006|p=173-174}}</ref>. Sous les rois d'[[Isin]] et de [[Larsa]] ayant précédé la domination babylonienne, des œuvres nouvelles sont encore rédigées en sumérien. La conquête des villes de culture sumérienne sous Hammurabi, et en particulier celle de Larsa, s'accompagne d'un transfert forcé de leurs lettrés, mis au service du conquérant, qui a sans doute joué un rôle important dans l'essor culturel de Babylone qui s'ensuit<ref>{{de}} D. Charpin, «  Babylon in der altbabylonischen Zeit: eine Hauptstadt von vielen … die als einzige übrig blieb  » dans E. Cancik-Kirschbaum, M. van Ess et J. Marzahn (dir.), ''Babylon : Wissenkultur in Orient und Okzident'', Berlin, 2011, p. 77-90.</ref>.
 
Sous Hammurabi et ses descendants, la littérature en akkadien prend le dessus, même si on conserve les genres littéraires sumériens. Le [[Code de Hammurabi]] est par exemple l'héritier de recueils de jurisprudence rédigés en sumérien, et consiste en un véritable hymne à la gloire du roi et de son sens de la justice. Des hymnes aux dieux sont rédigés sous les rois paléo-babyloniens : la ''Prière aux dieux de la nuit'' et l{{'}}''Hymne à Ishtar'' du roi [[Ammi-ditana]]. Des textes épiques réfléchissant sur les limites de la condition humaine, et notamment l'impossibilité d'accéder à la vie éternelle et l'inéluctabilité de la mort, sont mis au point à partir de mythes plus anciens : le ''[[Mythe d'Etana]]'', le ''[[Mythe d'Adapa]]'', et la fameuse ''[[Épopée de Gilgamesh]]'' dont une première version est datable de cette époque, ou encore la ''Ballade des Héros des temps jadis'', connue par une version sumérienne et une autre akkadienne. On peut y ajouter le mythe d’''[[Atra-hasis]]'' (le «  Supersage  »), qui comprend la plus ancienne version attestée du mythe du [[Déluge]], sans doute développé à la [[période d'Isin-Larsa]], au cœur d'un vaste récit rassemblant plusieurs mythes relatifs aux relations entre hommes et dieux. Le genre des [[listes lexicales]] connaît une floraison à cette époque, et est très représenté dans les corpus de textes scolaires, où apparaissent notamment des listes bilingues sumérien/akkadien aidant à l'apprentissage de la première langue. On y trouve les versions anciennes, encore non fixes, de principales listes canoniques mises au point à la période médio-babylonienne<ref>{{en}} J. E. Taylor, « Babylonian lists of words and signs », dans {{harvsp|id=LEI|Leick (dir.)|2007|p=433-437}}</ref>.
 
=== Sciences ===
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<gallery caption="Statuaire en métal de la période paléo-babylonienne">
Fichier:Four-faced god, Ishchali, Isin-Larsa to Old Babylonia periods, 2000-1600 BC, bronze - Oriental Institute Museum, University of Chicago - DSC07383.JPG|thumb|Dieu à quatre visages. Probablement originaire d'Eshnunna. Musée de l'Oriental Institute de Chicago.
Fichier:Lamma Goddesses, Iraq, Isin-Larsa period, 2000-1800 BC, bronze, baked clay - Oriental Institute Museum, University of Chicago - DSC07287.JPG|Déesse protectrice. Musée de l'Oriental Institute de Chicago.
Fichier:Arte sumerio Berlín. 03.JPG|Statuette d'orante. [[Pergamon Museum]].
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<gallery caption="Glyptique">
Fichier:Lapis lazuli seal king pouring an offering to Shamash.jpg|[[Sceau-cylindre]] avec impression, représentant un roi versant une libation devant Shamash, qui tient l'anneau et le bâton symbolisant l'équité. [[Ur (Mésopotamie)|Ur]], v. 1900 av. J.-C. [[British Museum]].
Fichier:Seal Presentation to the divinity-MBA Lyon-IMG 0094.jpg|thumb|[[Sceau-cylindre]] en [[hématite]] avec impression de la période de la première dynastie de Babylone, représentant une scène de présentation d'un individu à une divinité, [[Musée des beaux-arts de Lyon]].
Fichier:Cylinder seal,ca. 18th–17th century B.C. Babylonian.jpg|[[Sceau-cylindre]] avec empreinte représentant une scène de présentation d'un fidèle devant [[Ishtar]] ({{-sp|XVIII|e|-|XVII|e}}). [[Metropolitan Museum of Art]].
</gallery>
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* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Béatrice| nom1=André-Salvini (dir.)| titre=Babylone| lieu=Paris| éditeur=Hazan - Musée du Louvre éditions| année=2008| isbn=| id=EXPO}}
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Dominique| nom1=Charpin| lien auteur1=Dominique Charpin| titre=Lire et écrire à Babylone| lieu=Paris| éditeur=Presses Universitairesuniversitaires de France| année=2008| isbn=| id=CHA}}
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Francis| nom1=Joannès (dir.)| titre=Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne| lieu=Paris| éditeur=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]]| collection=Bouquins| année=2001| isbn=| id=DIC}}
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Francis| nom1=Joannès| titre=Les premières civilisations du Proche-Orient| lieu=Paris| éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]| année=2006| isbn=| id=JOA2}}
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=== Période paléo-babylonienne ===
 
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Dominique| nom1=Charpin| lien auteur1=Dominique Charpin| titre=Hammu-rabi de Babylone| lieu=Paris| éditeur=Presses Universitairesuniversitaires de France| année=2003| isbn=| id=HAM}}
* {{Ouvrage| langue=de| prénom1=Dominique| nom1=Charpin| lien auteur1=Dominique Charpin| prénom2=Dietz Otto| nom2=Edzard| lien auteur2=Dietz Otto Edzard| prénom3=Marten| nom3=Stol| titre=Mesopotamien| sous-titre=Die altbabylonische Zeit| lieu=Fribourg et Göttingen| éditeur=Fribourg Academic Press et Vandenhoeck & Ruprecht| collection=Orbis Biblicus et Orientalis 160/4| année=2004| isbn=| id=ALT}}
* {{chapitre| langue= en| prénom1= Raymond| nom1= Westbrook| titre= Old Babylonian Period| titre ouvrage= A History of Ancient Near Eastern Law vol. 1| auteurs ouvrage= Raymond Westbrook (dir.)| lieu= Leyde| éditeur= Brill| collection= Handbuch der Orientalistik| année= 2003| passage= 361-430| id = WES}}