« Jacques Van Melkebeke » : différence entre les versions

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{{Infobox Biographie2|légende=Jacques Van Melkebeke dans les années 1960.|charte=scénariste de bande dessinée}}
'''Jacques Van Melkebeke''', né le {{Date de naissance|12|décembre|1904}} à [[Ville de Bruxelles|Bruxelles]] et mort le {{Date de décès|8|juin|1983}} dans la même ville, est un [[Artiste peintre|peintre]], [[illustrateur]], [[journaliste]], [[écrivain]], et [[scénariste]] de [[bande dessinée]] [[Belgique|belge]].
 
Enfant du quartier populaire des [[Marolles (Bruxelles)|Marolles]] aux origines modestes, Jacques Van Melkebeke se passionne très tôt pour le [[dessin]], la [[littérature]] et le [[cinéma]], qui lui apparaissent comme des moyens de s'évader d'un quotidien misérable. Pendant sa scolarité, il se lie d'amitié avec [[Edgar P. Jacobs]], les deux hommes partageant leur goût pour le [[fantastique]], le [[cinéma expressionniste]], les mythes et les mystères des civilisations anciennes ou disparues. Élève de l'[[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles|Académie royale des beaux-arts]], Jacques Van Melkebeke rêve d'une carrière de peintre, sans toutefois pouvoir vivre de son art. Durant l'[[entre-deux-guerres]], il gagne péniblement sa vie en pratiquant la [[Retouche d'image|retouche photographique]] et en réalisant divers travaux d'illustration. Ses œuvres sont [[Exposition artistique|exposées]] pour la première fois au [[Palais des Beaux-Arts (Bruxelles)|Palais des Beaux-Arts]] en 1939.
 
En {{date-|juin 1940}}, il rejoint la rédaction du ''[[Le Soir|Soir]]'', journal [[Le Soir volé|contrôlé par la propagande nazie]] dès les premiers jours de l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation allemande de la Belgique]]. Jacques Van Melkebeke y tient la page destinée aux enfants, avant d'assister [[Hergé]] pour la création du supplément ''[[Le Soir-Jeunesse]]''. Il collaboreparticipe d'ailleurs à l'écriture de plusieurs ''[[Les Aventures de Tintin|Aventures de Tintin]]'', en particulier ''[[Le Secret de La Licorne]]'' et ''[[Les Sept Boules de cristal]]'', apportant au dessinateur un grand nombre de références littéraires et culturelles que ce dernier intègre à ses [[Scénario de bande dessinée|scénarios]].
 
Devenu [[journaliste]] par opportunisme plutôt que par attrait pour l'actualité et la politique, Jacques Van Melkebeke multiplie les contributions dans plusieurs titres de presse, notamment au ''[[Le Nouveau Journal (Belgique)|Nouveau Journal]]'' qui lui confie sa rubrique artistique. Son activité pour différents quotidiens propagandistes et [[Collaboration en Belgique|collaborationnistes]] lui vaut d'être inquiété à la [[Libération de la Belgique et des Pays-Bas|Libérationlibération du pays]] : épargné par les [[Épuration et répression à la libération en Belgique|expéditions punitives]] menées contre les personnalités aux comportements jugés inciviques pendant l'occupation, il est finalement arrêté et incarcéré une première fois à la fin de l'année 1944, avant d'entrer dans la clandestinité. Premier [[rédacteur en chef]] du journal ''[[Tintin (périodique)|Tintin]]'' en 1946, il est rattrapé par la justice et de nouveau incarcéré à la prison du [[Petit-Château (Bruxelles)|Petit-Château]] entre {{date-|octobre 1947}} et {{date-|novembre 1949}}.
 
Après sa libération, Jacques Van Melkebeke reprend ses activités sous couvert d'anonymat. Il travaille alors dans l'ombre des grands créateurs de la [[bande dessinée franco-belge]], contribuant notamment aux aventures de ''[[Corentin (bande dessinée)|Corentin]]'' de [[Paul Cuvelier]] ou à la série ''[[Hassan et Kaddour]]'' de [[Jacques Laudy]] dont il écrit plusieurs scénarios. Surtout, il assiste son ami {{nobr|Edgar P. Jacobs}} dans l'élaboration méthodique des scénarios de ''[[Blake et Mortimer]]'', servant notamment de modèle au personnage de [[Philip Mortimer]]. En parallèle, il poursuit ses activités de peintre, sans toutefois accéder à une certaine forme de reconnaissance malgré quelques expositions ponctuelles.
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Jacques Alexandre Van Melkebeke naît le {{Date-|12 décembre 1904|en bande dessinée}}{{sfn|Mouchart|2014|p=7-11}} dans l'appartement à l'étage du [[cabaret]] « Chez Jacques », situé dans la [[rue des Alexiens]], au cœur du quartier populaire des [[Marolles (Bruxelles)|Marolles]] à [[Bruxelles]]{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}{{,}}<ref name ="VanMelkLambiek">{{Lien web|langue=En|nom=Bas Schuddeboom|url=https://www.lambiek.net/artists/v/van-melkebeke_jacques.htm|titre=Jacques Van Melkebeke - Jacques Alexander, George Jacquet, J.-P. Kime (12 December 1904 - 8 June 1983, Belgium)|site=[[Lambiek]]|date=14 octobre 2023|consulté le=21 novembre 2023}}.</ref>. L'établissement est tenu par Jacques Olbrechts, marié à Eulalie Thijs, une [[Maroquinerie|piqueuse de bottines]] ayant deux filles d'un premier mariage. La cadette, Alphonsine, s'éprend d'Évrard Van Melkebeke, le fils d'un [[ébéniste]] de la même rue. De leur union naît Jacques, surnommé {{citation|l'avorton}} par sa grand-mère Eulalie, qui voit ce mariage d'un mauvais œil{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}.
 
Pour s'éloigner de sa belle-famille, Évrard Van Melkebeke s'établit avec sa femme et son fils dans un magasin de papier peint de la rue du Parc Élisabeth, dans lela quartier[[Commune (Belgique)|commune]] de [[Koekelberg]], où il exerce la profession de tapissier{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}. Quelques années plus tard, Alphonsine Van Melkebeke quitte son mari et revient s'installer avec Jacques chez ses parents, rue des Alexiens{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}.
 
Jacques Van Melkebeke fréquente d'abord un établissement scolaire tenu par les [[Religieux de Saint-Vincent-de-Paul|Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul]], avant de rejoindre à la rentrée de 1910 l'école communale {{numéro|10}} de la rue de Rollebeek{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}. Ses camarades et son institutrice remarquent ses prédispositions pour le dessin mais à la maison, l'enfant grandit dans l'indifférence voire l'hostilité de ses grands-parents{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}. Ses résultats scolaires déclinent à partir de la claseclasse de troisième. Élève peu rigoureux et manquant d'intérêt pour les [[mathématiques]], Jacques Van Melkebeke ne se satisfait pas non plus des cours dispensés en dessin, où les travaux sont notés pour leur propreté et non pour leur originalité{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}. Placé en fond de classe, l'enfant doit également composer avec sa [[myopie]], que des lunettes aux montures en acier bon marché peinent à compenser{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}.
 
==== Un {{citation|ketje}} de Bruxelles épris de lecture ====
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Jacques Van Melkebeke est décrit comme un enfant espiègle : {{citation|ses premières années ressemblent à un [[Roman (littérature)|roman]] de [[Charles Dickens|Dickens]] ponctué de gags à la ''[[Quick et Flupke]]''}}, selon l'expression de son biographe [[Benoît Mouchart]]{{sfn|Mouchart|2014|p=17}}. Amateur de [[farces et attrapes]], il fréquente régulièrement le « Palais des cotillons », un magasin de la [[Rue du Lombard (Bruxelles)|rue du Lombard]] où il achète notamment de la [[poudre à éternuer]] qu'il se plaît à répandre dans les salles de spectacles{{sfn|Mouchart|2014|p=17-20}}. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par le [[cirque]] et les projections cinématographiques en plein air de la [[place de Brouckère]]{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}}. L'enfant trouve ainsi refuge contre la misère de son enfance dans la [[littérature]] et le [[cinéma]]<ref name ="VanMelkLambiek"/>. Il affectionne particulièrement les [[western]]s de [[Joë Hamman]], les [[péplum]]s comme ''[[Quo vadis ? (film, 1913)|Quo vadis ?]]'', ''[[Les Derniers Jours de Pompéi (film, 1908)|Les Derniers Jours de Pompéi]]'' ou ''[[Marc-Antoine et Cléopâtre]]'', mais également les adaptations cinématographiques des aventures de [[Zigomar]] ou [[Fantômas]]. Un film le marque profondément, l'adaptation d'un roman de [[Jules Verne]], ''[[Les Enfants du capitaine Grant (film, 1914)|Les Enfants du capitaine Grant]]'', projeté à l'Excelsior{{sfn|Mouchart|2014|p=17-20}}.
 
Jacques Van Melkebeke s'évade également de son quotidien à travers la [[lecture]], une activité qu'il pratique pendant des heures entières, comme cédant à une {{citation|boulimie de livres}}. Sa mère lui achète une édition du ''[[Éditions Larousse|Larousse des écoles]]'' mais son choix se porte davantage sur des ouvrages de fiction. Délaissant les livres de la bibliothèque de son école, il se procure de nombreux romans de la bibliothèque municipale par l'intermédiaire d'une locataire de son immeuble de la [[rue des Alexiens]]. C'est ainsi qu'il se passionne pour ''[[Les Trois Mousquetaires]]'' d'[[Alexandre Dumas]], ''[[L'Île du docteur Moreau]]'' d'[[H. G. Wells]], les aventures de [[Rouletabille]] ou ''[[L'Épouse du Soleil]]'' de [[Gaston Leroux]], ou encore les ''[[Voyages extraordinaires]]'' de [[Jules Verne]], en particulier ''[[Les Enfants du capitaine Grant]]'', dont il apprend par cœur certains passages{{sfn|Mouchart|2014|p=17-20}}. Les fictions d'[[Arthur Conan Doyle]], [[Gustave Le Rouge]], [[Paul Féval]], [[Michel Zévaco]], [[Émile Gaboriau]], [[Thomas Mayne Reid]], [[James Fenimore Cooper]], [[Charles Dickens]] et [[Erckmann-Chatrian]] complètent son imaginaire{{sfn|Mouchart|2014|p=17-20}}.
 
Il fréquente chaque dimanche le Vieux Marché de la [[place du Jeu de Balle]] pour dénicher à moindre coût de nouvelles lectures{{sfn|Mouchart|2014|p=17-20}} et découvre des ouvrages plus complexes comme ceux de [[Victor Hugo]], [[Alfred de Vigny]], [[William Shakespeare]] ou encore la ''[[Divine Comédie]]'' de [[Dante Alighieri|Dante]], mais aussi des lectures pour enfants comme les aventures de ''[[Buffalo Bill, le héros du Far-West (périodique)|Buffalo Bill]]'', de ''[[Nat Pinkerton]]'', des ''[[Les Pieds nickelés|Pieds nickelés]]'', ou les [[Roman-feuilleton|romans-feuilletons]] publiés dans ''[[L'Intrépide (périodique)|L'Intrépide]]'' ou ''[[Le Petit Illustré]]''{{sfn|Mouchart|2014|p=17-20}}.
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==== Rencontre d'Edgar P. Jacobs et entrée à l'Académie des beaux-arts ====
[[Fichier:Das Cabinet des Dr. Caligari.JPG|vignette|gauche|redresse|alt=Affiche colorée montrant un homme penché sur une femme allongée, dans un décor angoissant.|''[[Le Cabinet du docteur Caligari]]'', comme d'autres [[Cinéma expressionniste|films expressionnistes]], impressionne Jacques Van Melkebeke.]]
En 1916, Jacques Van Melkebeke entre au {{4e|degré}} commercial de l'école {{numéro|1}} de la rue des Sols, en vue d'obtenir un poste d'employé aux écritures{{sfn|Mouchart|2014|p=21-22}}. Il y rencontre [[Edgar P. Jacobs|Edgard Jacobs]], amateur comme lui de dessin. D'abord rivaux, les deux hommes se retrouvent dans la même classe en 1917 et nouent alors des liens d'amitié indéfectibles{{sfn|Mouchart|2014|p=25-28}}{{,}}{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=27-29}}. Bien que de caractères dissemblables, Jacobs étant plutôt réservé quand Van Melkebeke se montre volontiers frondeur, voire insolent, les deux amis partagent leur passion pour les [[arts plastiques]] et la fiction [[fantastique]]{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=31-35}}. Quand ils ne sont pas à l'école, ils se plongent dans les sept volumes du [[Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique|''Nouveau Larousse'']], fréquentent les musées du [[parc du Cinquantenaire]] ou assistent à de nombreux [[opéra]]s et projections [[Cinéma|cinématographiques]]{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=31-35}}.
 
Pendant l'été 1918, son grand-père meurt et Jacques Van Melkebeke devient l'homme de la maison. Il reçoit une montre et adopte la coiffure qu'il conserve toute sa vie, avec la raie sur le côté. Sa tenue vestimentaire est plus négligée, ce qui lui vaut les reproches de Jacobs qui déplore son absence de sens esthétique et son style [[bohème]]{{sfn|Mouchart|2014|p=29-33}}. Van Melkebeke affiche son goût pour le [[romantisme]] et une certaine esthétique macabre jusque sur les murs de sa chambre : il acquiert de sinistres objets décoratifs et recouvre son plafond de peinture noire constellée d'étoiles d'argent. Il se passionne alors pour les œuvres de [[Charles Baudelaire]], [[Edgar Allan Poe]] et [[Rudyard Kipling]]{{sfn|Mouchart|2014|p=29-33}}. Jacobs et lui découvrent les premiers films du [[cinéma expressionniste]] allemand, en particulier ''[[Le Cabinet du docteur Caligari]]'', dont l'atmosphère cauchemardesque les marquentmarque durablement{{sfn|Mouchart|2014|p=29-33}}.
 
[[Fichier:Académie Royale des Beaux-Arts, Bruxelles, 13 juin 1935.jpg|vignette|alt=Photographie montrant un groupe d'étudiants devant un bâtiment.|L'[[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles|Académie des Beaux-Arts de Bruxelles]] en {{date-|juin 1935}}.]]
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==== Premiers travaux et cours à l'école de Saint-Josse-ten-Noode ====
Ce travail répétitif lui convient peu et, le soir, il se consacre librement au dessin à la plume et à l'aquarelle en s'inspirant des œuvres de l'illustrateur anglais [[Arthur Rackham]]. Il examine également les ouvrages d'art de la bibliothèque de l'Académie, recopiant notamment des œuvres de [[Paul Cézanne]], [[Albrecht Dürer]] et [[Gustave Doré]]. Il étudie par ailleurs pendant plusieurs semaines ''L'Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique'' de l'[[égyptologue]] [[Gaston Maspero]]{{sfn|Mouchart|2014|p=33-35}}.
 
Jacques Van Melkebeke quitte la Compagnie des Indes au début de l'année 1923 et multiplie les expériences : il travaille pendant deux semaines dans une agence de dessin publicitaire puis une semaine en tant qu'assistant de Cuyck, le dessinateur-phare de la revue sportive ''Englebert Magazine''. Il découvre ensuite la [[Retouche d'image|retouche]] de [[film négatif]] et propose ses services aux photographes de la ville. Edgard Jacobs le rejoint dans cette activité qui leur octroie beaucoup de temps libre et leur permet de se réinscrire aux cours de jour de l'[[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles|Académie des beaux-arts]], désormais dirigédirigée par l'architecte [[Victor Horta]], pionnier de l'[[Art nouveau]]. Le soir, ils assistent également aux cours de l'école de dessin de [[Saint-Josse-ten-Noode]], sous la direction du peintre symboliste [[Henri Ottevaere]]. Ce dernier repère vite le sens de la composition de Van Melkebeke et lui propose de venir dessiner dans sa classe d'après des modèles vivants. Il s'initie alors au [[Nu (genre artistique)|nu féminin]] qui demeure l'un de ses sujets de prédilection tout au long de sa carrière{{sfn|Mouchart|2014|p=35-39}}.
 
À la rentrée 1923, ses progrès lui permettent d'intégrer la classe « Faune et flore » du peintre animalier Frans van Damme. Il y rencontre [[Jacques Laudy]], fils du portraitiste officiel de la [[Famille royale belge|famille royale]] [[Jean Laudy]]. Grand admirateur de l'[[Écosse]] [[Moyen Âge|médiévale]], Jacques Laudy est un jeune homme excentrique qui joue de la [[cornemuse]] à partir d'un instrument qu'il a lui-même fabriqué et qui refuse la technologie moderne. Les deux hommes nouent une solide amitié, partageant leur passion pour l'[[Paranormal|étrange]] et la [[métaphysique]]. Van Melkebeke lui présente Jacobs et les trois hommes forment alors un groupe d'amis inséparables, s'adonnant parfois au [[spiritisme]]{{sfn|Mouchart|2014|p=35-39}}.
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En parallèle de ses activités de peinture, Jacques Van Melkebeke s'initie au [[théâtre]] avec son ami [[Edgar P. Jacobs|Edgard Jacobs]] et campe quelques rôles de figurants, notamment dans ''La Malédiction'', la pièce en un acte écrite par ce dernier et dont l'action se déroule à bord d'un navire pirate{{sfn|Mouchart|2014|p=42-52}}. La troupe obtient quelques représentations dans l'agglomération bruxelloise mais son succès est très limité{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=53-55}}, aussi Van Melkebeke choisit d'abandonner la scène. En 1930, il effectue un voyage à [[Paris]] pour visiter le [[musée du Louvre]] et admirer les chefs-d'œuvre des grands maîtres de la peinture. De retour à Bruxelles, il suit les cours du peintre [[Alfred Bastien]] grâce au parrainage de l'[[Eau-forte|aquafortiste]] Désiré Naeyaert. À la fin de l'année, il remporte le concours de composition, ce qui lui permet pour la première fois de disposer d'un [[atelier]] et de disposer d'une bourse qui lui permet d'engager un [[Modèle (art)|modèle]] pour une durée de cent-cinquante heures. Il travaille comme assistant d'Alfred Bastien qui doit honorer de nombreuses commandes, et c'est ainsi qu'il réalise, avec l'aide de Jacobs, quatre [[diorama]]s sur le thème de la lutte contre le feu{{sfn|Mouchart|2014|p=42-52}}.
 
Pour compléter ses revenus, Jacques Van Melkebeke multiplie les tâches. Il travaille un temps avec son ami [[Jacques Laudy]] pour un constructeur de [[Modèle réduit|modèles réduits]], puis donne des cours particuliers de dessin par l'intermédiaire d'un autre de ses amis, {{Lien|langue=en|trad=Jean de Wouters|fr=Jean de Wouters|texte=Jean de Wouters}}. Il enseigne également l'[[histoire de l'art]] à l'école américaine {{nobr|Washington Hall}} de Bruxelles, un poste qu'il conserve jusqu'en 1940{{sfn|Mouchart|2014|p=42-52}}.
 
Sur le plan artistique, il prépare une série d'illustrations des œuvres de [[François Rabelais]]. L'un de ses amis, l'avocat anversois Bob Claessens l'encourage à présenter ses œuvres, et c'est chez la sœur de ce dernier qu'il rencontre Ginette Duchesne, la fille du premier officier belge mort pendant la [[Première Guerre mondiale]]. Cette dernière accepte immédiatement de poser pour lui, et leur relation devient amoureuse. Ils se marient le {{date-Date|8 janvier 1936}} et s'installent à [[Ixelles]], dans un appartement de l'immeuble situé au {{numéro|66}} de la rue de Florence{{sfn|Mouchart|2014|p=42-52}}. Grâce à son épouse, Jacques Van Melkebeke prend plus d'assurance en société. En 1937, il entre en [[Franc-maçonnerie en Belgique|franc-maçonnerie]], initié à la loge mixte du « Droit humain », mais peu sensible aux rituels maçonniques, il démissionne dans le courant de l'année 1938{{sfn|Mouchart|2014|p=42-52}}.
 
Sa carrière de peintre connaît une nouvelle évolution : en {{date-|mars 1939}}, ses œuvres sont exposées dans trois salles du [[Palais des Beaux-Arts (Bruxelles)|Palais des Beaux-Arts]] et reçoivent un accueil favorable. Le [[critique d'art]] Richard Dupierreux en dresse un compte-rendu élogieux dans ''[[Le Soir]]''{{sfn|Mouchart|2014|p=52-55}}. Dans le même temps, Van Melkebeke réalise quelques travaux pour la [[Presse écrite|presse]]. Sous le pseudonyme de {{nobr|Jack Obs}}, il assure ainsi la traduction du [[Roman policier|polar]] ''L'Homme insaisissable'' de l'auteur britannique [[Seamark]], agrémenté d'illustrations, pour le journal ''[[Spirou]]''{{sfn|Mouchart|2014|p=52-55}}.
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==== Premiers articles dans le « ''Soir'' volé » ====
[[File:Le Soir volé.jpg|vignette|redresse|alt=Une de journal.|''[[Le Soir]]'', journal « [[Le Soir volé|volé]] » sous l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|Occupation]].]]
L'[[Histoire de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|invasion de la Belgique par les troupes allemandes]] le {{date-Date|10 mai 1940}} plonge le pays dans le chaos. Alors que sa femme Ginette et leur fille Chantal suivent l'[[Exode de 1940 en France|exode]] et se réfugient à [[La Panne]] puis [[Berck (Pas-de-Calais)|Berck-Plage]], en France, Jacques Van Melkebeke répond aux appels de [[mobilisation]] générale et tente de rejoindre [[Ypres]], en vain. Il regagne [[Bruxelles]] le {{date-|28 mai}}, le jour de la capitulation belge. Le soir-même, il dîne chez son amie Suzanne Duchaîne, et cette dernière intercède en sa faveur quelques jours plus tard en l'incitant à rejoindre la rédaction du ''[[Le Soir|Soir]]''{{sfn|Mouchart|2014|p=57-59}}. Premier quotidien du pays en nombre d'exemplaires vendus, ''Le Soir'' poursuit sa publication, malgré le départ de l'ensemble de sa rédaction, sous l'impulsion de [[Collaboration en Belgique|journalistes collaborateurs]]. La [[propagande nazie]], contre la volonté des propriétaires du journal, en fait alors {{citation|un instrument privilégié de pénétration de l'opinion publique}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Assouline|lien auteur1=[[Pierre Assouline]]|titre=Hergé|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|collection=Folio|année=1996|pages totales=820|isbn=978-2-07-040235-9|passage=241-242}}.</ref>, ce qui lui vaut d'être surnommé « ''[[Le Soir volé]]'' » par une partie de la population{{sfn|Mouchart|2014|p=57-59}}. Pour Jacques Van Melkebeke, travailler au ''Soir'' est une opportunité car il ne dispose alors pour vivre que d'une allocation hebdomadaire de {{unité|50|francs}}, versée par le Secours Civil, une somme d'autant plus insuffisante qu'il doit entretenir sa mère, trop faible pour quitter le pays{{sfn|Mouchart|2014|p=57-59}}.
 
Il est engagé pour animer la page jeunesse du quotidien, contre une rémunération hebdomadaire de {{unité|600|francs}}{{sfn|Mouchart|2014|p=57-59}}. Il publie son premier article le {{date-|20 juin 1940}}, interpelant ses futurs lecteurs : {{citation bloc|Mes chers enfants, voici une page composée pour vous, dessinée pour vous. Chaque semaine, le jeudi, vous trouverez ici des choses amusantes, des contes, des images, surtout des images ! Nous nous promènerons ensemble dans le beau jardin des légendes, nous arrêtant de temps en temps plus longuement pour une histoire particulièrement passionnante. […] Avez-vous lu mon nom ? Un peu long, un peu difficile à prononcer, n'est-ce pas ? Eh bien appelez-moi Jacques, l'ami Jacques tout bonnement. Entendu ?|''[[Le Soir]]'', {{date-|20 juin 1940}}{{sfn|Mouchart|2014|p=61}}}}
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[[Fichier:Galerie de Traitres - Hergé2.JPG|vignette|alt=Photographie du visage d'un homme portant un costume et une cravate.|[[Hergé]] dans les {{nobr|années 1940}}.]]
Entre Hergé et Van Melkebeke, l'entente est parfaite. Ensemble, les deux hommes écrivent deux [[Pièce de théâtre|pièces de théâtre]] adaptées des ''Aventures de Tintin''. La première, ''[[Le Mystère du diamant bleu|Tintin aux Indes ou le Mystère du diamant bleu]]'', est jouée à partir du {{date-Date|15 avril 1941}} au [[Théâtre royal des Galeries]] de Bruxelles, et c'est lors de la première représentation que Van Melkebeke présente son ami [[Edgar P. Jacobs]] au créateur de Tintin. L'intrigue, inspirée des romans à énigmes anglais, conduit le héros sur la piste de voleurs d'un diamant entre l'[[Inde]] et la [[Syldavie]]. La deuxième pièce, ''[[Monsieur Boullock a disparu]]'', est jouée de {{date-|décembre 1941}} à {{date-|janvier 1942}}. Il s'agit alors pour Tintin de retrouver la trace de l'inventeur d'une machine à détecter la vérité pour reconnaître lequel des deux hommes prétendant être Monsieur Boullock, un milliardaire, dit vrai. La collaboration entre Hergé et Van Melkebeke est efficace : il leur faut deux semaines pour écrire la première pièce et moins de dix jours pour concevoir la deuxième{{sfn|Mouchart|2014|p=68-71}}.
 
==== Aux côtés d'Hergé ====
Entre-temps, la pénurie de papier conduit la rédaction du ''Soir'' à supprimer ''Le Soir-Jeunesse''. Hergé intercède auprès de [[Raymond De Becker]] pour que Jacques Van Melkebeke soit conservé. Ce dernier est alors engagé comme rédacteur fixe, au salaire mensuel de {{unité|3500|francs}}. Il s'occupe notamment des éphémérides, des programmes des spectacles, des [[Fait divers|faits divers]] ou encore de la chronique du cinéma, en collaboration avec Georges Pirsch{{sfn|Mouchart|2014|p=71-75}}. En parallèle, Hergé sollicite Van Melkebeke pour qu'il lui fournisse des éléments de scénario afin de bâtir les intrigues de ses [[Album de bande dessinée|albums]]. Ce dernier n'agit pas comme un véritable scénariste mais comme un interlocuteur privilégié qui permet au dessinateur de mûrir ses propres idées. Alors que le contexte d'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation allemande]] le pousse à éloigner son héros de l'actualité et du {{citation|sol réaliste}} sur lequel il construisait son récit, Hergé se tourne vers une œuvre plus littéraire. Van Melkebeke, qui détient une culture littéraire véritablement encyclopédique, devient le {{citation|référent culturel}} du dessinateur{{sfn|Mouchart|2014|p=71-75}}, notamment pour la période entre les albums ''[[Le Secret de la Licorne]]'' et ''[[Le Temple du Soleil]]''{{sfn|Peeters|2011|p=262-264}}.
 
Dans ''[[L'Étoile mystérieuse]]'', sa contribution est anecdotique mais elle se reflète dans les nombreuses références aux romans de [[Jules Verne]] qui ponctuent le récit, à savoir l'épisode de l'araignée qui passe sur l'objectif du télescope, inspiré de ''[[Hector Servadac]]'', ou les champignons qui poussent à grande vitesse, qui rappellerappellent ''[[Une fantaisie du docteur Ox]]''{{sfn|Mouchart|2014|p=76-77}}.
 
[[Fichier:Mercado Segunda Mano en Marolles - panoramio.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie d'une place à la fin d'un marché.|Le Vieux Marché de la [[place du Jeu de Balle]] aux [[Marolles (Bruxelles)|Marolles]], le quartier d'enfance de Jacques Van Melkebeke, accueille le début de l'intrigue du ''[[Le Secret de La Licorne|Secret de La Licorne]]''.]]
Le point de départ du ''Secret de La Licorne'' repose dans les conversations entre les deux hommes sur le monde des collectionneurs et des antiquaires, Jacques Van Melkebeke ayant l'habitude depuis de l'enfance de chiner au Vieux Marché de la [[place du Jeu de Balle]]. Hergé le dessine d'ailleurs au tout début de l'album parmi les visiteurs du marché, sous les traits d'un homme feuilletant un livre. À travers ce récit, Van Melkebeke pousse Hergé vers une plus grande complexité narrative. L'influence de Jules Verne se ressent une nouvelle fois dans l'intrigue, à travers les trois parchemins délivrant l'emplacement de l'épave de ''[[La Licorne (bateau)|La Licorne]]'', une référence aux ''[[Les Enfants du capitaine Grant|Enfants du capitaine Grant]]''. La séquence consacrée au [[Liste des personnages des Aventures de Tintin|chevalier de Hadoque]], qui constitue une véritable récit enchâssé, est probablement une trouvaille de Van Melkebeke, inspirée tant par son sujet que par son caractère littéraire d'une séquence du ''[[Le Maître de Ballantrae|Maître de Ballantrae]]'' de [[Robert Louis Stevenson]]{{sfn|Mouchart|2014|p=102-106}}.
 
''[[Les Sept Boules de cristal]]'' est considéré par certains spécialistes de la bande dessinée comme une œuvre collective dans la mesure où Hergé s'appuie largement sur Van Melkebeke et Jacobs pour composer son récit<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Michel Lafon (auteur)|Michel Lafon]]|auteur2=[[Benoît Peeters]]|titre=Nous est un autre|sous-titre=Enquête sur les duos d'écrivains|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=2006|pages totales=356|passage=270|isbn=978-2082105538}}.</ref>. Dans cet album, le dessinateur verse plus franchement qu'il ne l'a jamais fait vers le [[fantastique]], du fait notamment de sa collaboration avec les deux amis qui nourrissent l'œuvre d'abondantes références littéraires, picturales et cinématographiques{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=93-100}}{{,}}<ref name="labelle">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Vanessa|nom1=Labelle|titre=La représentation du paranormal dans les Aventures de Tintin|éditeur=[[Université d'Ottawa]]|nature ouvrage=thèse|année=2014|pages totales=148|format=pdf|isbn=|lire en ligne=https://ruor.uottawa.ca/bitstream/10393/31864/1/Labelle_Vanessa_2014_th%C3%A8se.pdf}}.</ref>. D'après [[Benoît Peeters]], spécialiste de l'œuvre d'Hergé, les références théologiques, comme l'idée de la transformation de l'eau en vin par le prestidigitateur dans la séquence du [[music-hall]], qui évoque l'épisode des [[Noces de Cana]] du ''[[Nouveau Testament]]'', estsont une idée fournie par Van Melkebeke{{sfn|Peeters|2011|p=262-264}}. De même, la composition de l'intrigue qui court à la fois sur cet album et sur son suivant, ''[[Le Temple du Soleil]]'', doit beaucoup à la lecture de ''[[L'Épouse du Soleil]]'', roman de [[Gaston Leroux]] paru en 1912, une des lectures préférées de Van Melkebeke pendant l'enfance{{sfn|Mouchart|2014|p=17-20}}.
 
==== Contributions diverses et ''Nouveau Journal'' ====
[[Fichier:Le Nouveau Journal - vendredi 15 août 1941 - édition ** - page 1.jpg|vignette|redresse|alt=Une de journal.|Quotidien collaborationniste, ''[[Le Nouveau Journal (Belgique)|Le Nouveau Journal]]'' (ici du {{date-|15 août 1941}}) accueille les contributions de Van Melkebeke.]]
Dans le même temps, Jacques Van Melkebeke prépare l'exposition de ses peintures à la galerie Breughel, au début de l'année 1942, qui rencontre un accueil favorable. À partir du mois de mars, il contribue à un nouveau magazine, ''Les Hommes au travail'', politiquement proche quedu [[Rex (parti politique)|mouvement rexiste]] de [[Léon Degrelle]]. Il y interroge des personnalités, rédige des articles de divertissement et propose quelques illustrations apolitiques{{sfn|Mouchart|2014|p=79-82}}. Il participe à un voyage de presse en Allemagne et en Autriche dont il relate les évènements à son retour dans ''Les Hommes au travail'', sous forme de chronique hebdomadaire, notamment sa visite du [[Musée d'Histoire de l'art de Vienne|Kunsthistorisches Museum]] de [[Vienne (Autriche)|Vienne]] ou les spectacles berlinois{{sfn|Mouchart|2014|p=83-85}}.
 
En {{date-|octobre 1942}}, Jacques Van Melkebeke est licencié par [[Raymond De Becker]] et quitte ''Le Soir'', mais ce dernier le recommande à l'agence propagandiste Belgapress qui l'engage aussitôt pour un salaire mensuel de {{unité|3700|francs}}. Il devient également chroniqueur artistique à [[Radio Bruxelles]] tandis qu'en {{date-|mars 1943}}, les éditions Maréchal réunissent ses articles consacrés au folklore du quartier des [[Marolles (Bruxelles)|Marolles]], parus l'année précédente dans ''Le Soir'', au sein d'un ouvrage intitulé ''Imageries bruxelloises'' et dont Hergé supervise la [[maquette]]. Le livre, qui rencontre un grand succès, est édité une seconde fois en septembre{{sfn|Mouchart|2014|p=87-88}}. Bien qu'il ait quitté ''Le Soir'', Jacques Van Melkebeke y contribue épisodiquement : ainsi en {{date-|janvier 1943}} est publié un court récit de [[Paul Kinnet]] et illustré par ses soins sous le [[pseudonyme]] de J.-P. Kime, ''Juck et Jimbo explorent l'histoire''{{sfn|Mouchart|2014|p=102-106}}. En avril, il quitte ''Les Hommes au travail'' pour rejoindre la rédaction de l'hebdomadaire satirique ''Voilà'', où il opère comme [[critique de cinéma]]{{sfn|Mouchart|2014|p=87-88}}.
 
Au printemps 1943, recommandé par son confrère Georges Marlier, il est engagé pour tenir la critique artistique du quotidien ''[[Le Nouveau Journal (Belgique)|Le Nouveau Journal]]'', dirigé par Paul Herten. Ce quotidien, qui tire à {{unité|50 000|exemplaires}}, est l'un des journaux de référence des milieux bourgeois et intellectuels francophones, ce qui représente une aubaine pour Jacques Van Melkebeke en dépit de son caractère [[Collaboration en Belgique|collaborationniste]]{{sfn|Mouchart|2014|p=89-91}}. Au ''Nouveau Journal'', Van Melkebeke développe ses réflexions sur l'art de manière radicale et sans compromis. Il rejette l'[[Art académique|académisme]] mais s'attaque également à la peinture moderne belge, en particulier le [[surréalisme]] qu'il juge comme un système conventionnel et non une révolution esthétique. Dans ses articles, il adopte un ton polémiste et se montre sévère à l'égard de grandes figures comme [[René Magritte]], [[Pablo Picasso]], [[Georges Braque]] et [[Raoul Dufy]], tandis que quelques peintres trouvent grâce à ses yeux, notamment [[James Ensor]] qu'il considère comme le plus grand artiste de son temps, [[Edgard Tytgat]], [[Alice Frey]], [[Vincent van Gogh]] ou encore [[Henri Rousseau]]{{sfn|Mouchart|2014|p=93-101}}.
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=== Après la Libération (1944-1952) ===
==== Arrestation puis lancement de ''Tintin'' ====
Après la [[Libération de la Belgique et des Pays-Bas|libération de la Belgique]] au début du mois de {{date-|septembre 1944}}, Jacques Van Melkebeke est épargné par les [[Épuration et répression à la libération en Belgique|expéditions punitives]] menées contre les personnalités aux comportements jugés inciviques pendant l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation]]. Il est toutefois interrogé sur ses activités par la [[Sûreté de l'État (Belgique)|sûretéSûreté de l'État]], la [[Police judiciaire (Belgique)|police judiciaire]] et des membres du [[Mouvement national belge]], avant d'entrer dans la clandestinité pour tenter de se soustraire à la justice{{sfn|Mouchart|2014|p=120-123}}. Il se cache un temps dans le grenier de l'appartement de son ami [[Edgar P. Jacobs]], situé sur l'avenue du Couronnement à Bruxelles, avant d'être finalement arrêté et placé en [[Détention provisoire|détention préventive]] au centre d'internement du [[Petit-Château (Bruxelles)|Petit-Château]] à la fin du mois d'octobre. Il profite notamment de son incarcération pour rédiger en {{date-|janvier 1945}} un [[mémorandum]] intitulé ''Notes sur mon activité pendant l'Occupation''{{sfn|Mouchart|2014|p=120-123}}.
 
[[Fichier:Tintin-chaque-jeudi.png|vignette|gauche|redresse|alt=Logo de journal sur fond blanc et jaune : TINTIN, avec comme sous-titre "CHAQUE JEUDI"|Logo du journal ''Tintin'' lors de sa création.]]
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Dans les numéros suivants, Jacques Van Melkebeke publie des textes tirés de ses lectures de jeunesse, comme ''L'art de planter un clou'' de [[Jerome K. Jerome]], ''La Redoute'' d'[[Alfred de Vigny]], ''La Pêche miraculeuse'' d'[[Erckmann-Chatrian]] ou encore ''Pour guérir un rhume'' de [[Mark Twain]]. Son passé ressurgit néanmoins et, craignant que la présence à la rédaction d'un « incivique » puisse compromettre la réputation du journal, [[Raymond Leblanc]] l'oblige à quitter son poste malgré les suppliques d'Hergé{{sfn|Mouchart|2014|p=127-129}}. Leblanc affirme d'ailleurs qu'il ignorait tout de la présence de Van Melkebeke au sein de la rédaction jusqu'à ce que son ami Pierre Ugeux l'en informe, ce que [[Pierre Assouline]] et [[Benoît Peeters]], biographes d'Hergé, contestent<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Geert|nom1=De Weyer|titre=La Belgique dessinée|lieu=Anvers|éditeur=Ballon Media|collection=Dragonetti|année=2015|pages totales=352|isbn=978-94-6210-220-0|passage=52}}.</ref>.
 
Van Melkebeke poursuit néanmoins son activité, clandestineclandestinement, pour le magazine : bien qu'il ne fréquente plus les bureaux de la [[Rue du Lombard (Bruxelles)|rue du Lombard]], il poursuit ses travaux depuis son propre atelier ou bien au domicile d'Hergé à [[Boitsfort]]{{sfn|Mouchart|2014|p=127-129}}. C'est d'ailleurs le dessinateur qui le rémunère lui-même, à hauteur de {{unité|8000|francs}} de salaire mensuel{{sfn|Mouchart|2014|p=127-129}}.
 
==== Van Melkebeke, modèle de Mortimer ====
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==== Difficultés financières et rupture avec Hergé ====
[[Fichier:Hergé, Premier plan, 1962, Radio-Canada, 6.jpg|vignette|gauche|alt=Image en noir et blanc extraite d'une interview filmée, montrant un homme souriant.|[[Hergé]] en 1962.]]
Après sa libération, les liens entre Jacques Van Melkebeke et Hergé se distendent, ce dernier préférant consulter désormais [[Albert Weinberg]] pour la construction narrative de ses récits{{sfn|Mouchart|2014|p=149}}. Par ailleurs, Van Melkebeke ne parvient pas à réunir la somme réclamée par l'État belge pour s'acquitter de son amende et régler les intérêts qui doivent compenser ses retards de paiement. Directeur de ''[[Tintin (périodique)|Tintin]]'', [[Raymond Leblanc]] avance finalement la somme. Pour le rembourser, Jacques Van Melkebeke commence à dessiner, en {{date-|avril 1951}}, une histoire en images pour ''{{lang|nl|Ons Volkske}}'', le supplément pour la jeunesse du quotidien [[Flamand (dialecte)|flamand]] ''{{lang|nl|Ons Volk Ontwaakt}}''. Cette bande dessinée de {{unité|35|pages}} est une adaptation comique de la vie de l'empereur [[Charles Quint]], que l'auteur signe sous le pseudonyme de Jean Jacquet. Elle est reprise dans le magazine ''Chez nous'', la version en langue française d{{'}}''{{lang|nl|Ons Volkske}}'', dont Van Melkebeke est nommé rédacteur en chef dès son lancement. Parue sous le titre ''Les Farces de l'Empereur'', l'histoire est diffusée du {{date-|7 mai 1956}} au {{date-|7 janvier 19541957}}{{sfn|Mouchart|2014|p=154-156}}.
 
Cette contribution ne suffit pas à résoudre ses difficultés financières, auxquelles s'ajoute la santé fragile de sa fille Chantal{{sfn|Mouchart|2014|p=154-156}}. La direction éditoriale de ''Chez nous'' le laisse d'ailleurs quelque peu indifférent, Van Melkebeke n'hésitant pas à qualifier le magazine, en privé, de {{citation|revue vaseuse pour demeurés analphabètes}}{{sfn|Mouchart|2014|p=179-181}}. Il sollicite néanmoins l'auteur fantastique [[Jean Ray (écrivain)|Jean Ray]], l'un de ses écrivains préférés, qui vit alors dans un grand dénuement, pour lui commander une série de contes et nouvelles dans un registre sentimental{{sfn|Mouchart|2014|p=179-181}}. Dans le même temps, Van Melkebeke réalise plusieurs maquettes pour le Club international du livre, apportant à ces éditions luxueuses quelques illustrations en [[trichromie]]{{sfn|Mouchart|2014|p=179-181}}.
 
=== Un homme de l'ombre (1952-1972) ===
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L'un des visiteurs de l'exposition, Max Kleiter, est séduit par les œuvres du peintre, au point de lui commander un grand nombre de travaux entre 1958 et 1983. Tout en continuant de peindre, Van Melkebeke gagne sa vie par l'écriture. À la demande de Kleiter, il écrit notamment des scénarios publicitaires pour la firme cinématographique {{nobr|Vandam Kh}}, et travaille comme rédacteur et scénariste pour l'agence de presse {{lang|en|International Feature Service}}, qui fournit de nombreux journaux en articles, dessins humoristiques et bandes dessinées. Dans les {{nobr|années 1960}}, Van Melkebeke conçoit le scénario de plusieurs [[Roman-photo|romans-photos]] pour les revues ''Libelle'' et ''Rosita'', assurant à la fois l'écriture des dialogues et des récitatifs et la mise en scène{{sfn|Mouchart|2014|p=186-187}}.
 
En 1967, toujours à la demande de Kleiter, il crée la bande dessinée humoristique '' Bi-Bip'' avec le dessinateur [[Jean-Pol]]. La série, qui met en scène deux extraterrestres qui étudient le comportement humain, rencontre un succès international et paraît simultanément en français dans ''[[Le Soir]]'' en en néerlandais dans ''[[Het Laatste Nieuws]]''. Les sept aventures créées par le duo sont également diffusées en [[Suisse]] dans ''L'illustré de Genève'', aux [[Pays-Bas]] dans ''Sjors'', en Espagne dans la revue ''DDT'', en [[Afrique du Sud]] dans ''[[Beeld]]'' et en Grèce dans ''Velos''. En 1972, deux albums sont édités en Allemagne sous le titre ''{{lang|de|Schlax + Co}}''{{sfn|Mouchart|2014|p=196-197}}. En 1971, par l'intermédiaire de l'agence Graph-Lit, Van Melkebeke reprend le scénario de la bande dessinée anglaise ''{{lang|en|The Wild Wonders}}'' de [[Mike Western]], parue dans l'hebdomadaire ''[[Valiant (revue)|Valiant]]''. Elle met en scène deux enfants sauvages ayant grandi sur l'île de Worrag à la suite d'un naufrage. Elle est traduite depuis 1967 dans le mensuel ''[[Safari (périodique)|Safari]]'' sous le titre ''Klip et Klop'' et parmi les vingt-deux épisodes inédits publiés par la revue, Jacques Van Melkebeke écrit une dizaine de récits originaux mis en image par le dessinateur espagnol Tomas Porto. L'auteur est pourtant déçu du résultat paru dans la presse dans la mesure où les éditions [[Mon journal|Aventures & Voyages]], qui diffusent la série, réécrivent ses textes avant l'impression, effaçant ainsi certaines subtilités humoristiques glissées par l'écrivain. Dans l'un des épisodes qu'il conçoit, ''L'Île aux maléfices'', Jacques Van Melkebeke reprend certains thèmes développés avec Hergé dans ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' et ''[[Le Temple du Soleil]]''{{sfn|Mouchart|2014|p=198-202}}. Durant l'année 1972, il écrit également quelques aventures de ''Johnny Cougar'' pour le mensuel ''{{lang|en|Captain Swing}}'', mises en images par le dessinateur espagnol Juan García Quiros, et des intrigues pour la série ''Belinda'', pour laquelle il met en avant son goût de l'épouvante{{sfn|Mouchart|2014|p=198-202}}.
 
Avec ''Sérafine'', Jacques Van Melkebeke répond à une nouvelle commande de Max Kleiter qui souhaite s'installer sur le marché de la [[bande dessinée érotique]]. Il conçoit alors l'ensemble de l'aventure, texte et dessins, en puisant dans l'imaginaire des contes orientaux. Le récit met en scène une femme [[Homoncule (alchimie)|homoncule]] dotée d'un grand pouvoir de séduction, attirant tour à tour une sorcière alchimiste, un chevalier vénitien et un sultan. Cette œuvre ne rencontre pas le succès attendu par Kleiter qui ne parvient à la diffuser que dans une revue néerlandaise des éditions ''{{lang|nl|Skorpioen}}''{{sfn|Mouchart|2014|p=202-203}}.
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=== L'artiste ===
==== Peintre de talent aux origines modestes et aux rêves de gloire contrariés ====
[[Fichier:PortraitBenoîtMouchart2009Le Carrousel, Jacques Van Melkebeke.jpg|vignette|gauche|alt=PhotographiePeinture enmontrant noirun ethomme blancà d'unchapeau hommetenant une jeune.|Biographe defille Jacquessur Vanses Melkebeke,genoux [[Benoîtsur Mouchart]]un évoquecheval lede parcoursmanège.|''Le dCarrousel'un', peintretableau talentueuxde àJacques l'ambitionVan Melkebeke en brisée1931.]]
SaLa culture et sesles talents de dessinateur de Jacques Van Melkebeke impressionnent ses contemporains, d'autant plus en raison de sonses origineorigines modestemodestes. Son ami [[Edgar P. Jacobs]], qui l'a connu pendant ses études, déclare : {{citation|Dessinateur étonnamment doué, lecteur infatigable, s'intéressant à tout, Jacques était le type même de l'autodidacte en culottes courtes}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom=Edgar P.|nom=Jacobs|titre=Un opéra de papier|sous-titre=Les mémoires de Blake et Mortimer|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1981|mois=décembre|jour=8|pages totales=190|isbn=2-07-056090-2|passage=28}}.</ref>. Rien ne semble prédestiner cet homme originaire d'un quartier pauvre de Bruxelles à embrasser une carrière artistique, une situation sociale qui le met longtemps mal à l'aise. Son biographe [[Benoît Mouchart]] évoque à ce titre la {{citation|violence symbolique}} qui s'abat sur Van Melkebeke malgré les efforts qu'il fournit pour s'extraire du milieu défavorisé qui l'a vu naître : {{citation|Entre la trivialité des [[Marolles (Bruxelles)|Marolles]] et les mondanités de la bourgeoisie bohème bruxelloise, le fossé est si grand que Van Melk a le sentiment de mener une double vie. Ballotté entre deux pôles sociaux, il n'arrive ni à rejeter l'un, ni à accepter l'autre}}{{sfn|Mouchart|2014|p=38-39}}.
 
[[Fichier:PortraitBenoîtMouchart2009.jpg|vignette|redresse|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme jeune.|Biographe de Jacques Van Melkebeke, [[Benoît Mouchart]] évoque le parcours d'un peintre talentueux à l'ambition brisée.]]
Jacques Van Melkebeke vit sa carrière artistique comme un échec, loin des rêves de gloire et de l'ambition qu'il formait dans sa jeunesse. Dans les {{nobr|années 1950}}, ses œuvres sont d'autant moins reconnues que son passé d'incivique et ses activités au sein de journaux collaborationnistes sous l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|Occupation allemande]] le rejettent au ban de la société. Ainsi, comme l'explique son biographe [[Benoît Mouchart]], {{citation|alors qu'il devrait être au faîte de sa maturité artistique, il est encore un peintre ne vivant pas de sa peinture, et un rédacteur anonyme n'éprouvant que de la répugnance pour les tâches subalternes qui lui permettent de payer son loyer}}{{sfn|Mouchart|2014|p=187-189}}. Cette situation est d'autant plus difficile pour lui que certains de ses proches bénéficient alors d'une reconnaissance et d'un statut social largement supérieur, bien que certains aient été aussi compromis par les années de guerre, comme [[Hergé]]{{sfn|Mouchart|2014|p=187-189}}. En 1986, le critique [[Thierry Groensteen]], qui reconnaît en lui un {{citation|peintre de talent}}, affirme que ce {{citation|scénariste qui fut toujours relégué dans l'ombre attend encore d'être réhabilité}}<ref>{{article|auteur=[[Thierry Groensteen]]|titre=Jacques Van Melkebeke|périodique=[[Les Cahiers de la bande dessinée]]|mois=mai|année=1986|pages=82|numéro=69}}.</ref>.
 
Malgré son travail de scénariste dans l'ombre de grands créateurs, Jacques Van Melkebeke a toujours considéré la bande dessinée comme un art mineur aux possibilités limitées, un {{citation|art hybride entre l'illustration et le roman, et non un moyen d'expression à part entière}}. Eu égard à ses talents de dessinateur, Benoît Mouchart regrette ainsi qu'il ne se soit pas engagé pluplus fortement dans cette voie : {{citation|En songeant à ses qualités de conteur et à ses dons de graphiste, on se prend à rêver de ce qu'il serait advenu s'il avait considéré la bande dessinée non comme une corvée alimentaire mais bien comme un art à part entière. Qui sait ? Van Melk aurait peut-être pu donner à son pays une œuvre assez forte pour lui permettre d'occuper une place de choix dans le Panthéon de la bande dessinée belge.{{sfn|Mouchart|2014|p=205-208}}}} Toutefois, sa volonté de ne pas signer les bandes dessinées qu'il contribue à faire naître ne tiennenttient pas qu'à la crainte de compromettre sa carrière pour un art mineur mais également à son passé d'incivique qui pourrait rejaillir négativement sur l'œuvre en question{{sfn|Mouchart|2014|p=196-197}}.
 
==== Inspirations et motifs ====
[[Fichier:Maurice de Maeterlinck, crop.jpg|vignette|gauche|alt=Portrait de trois quarts face d'un homme portant de fines moustaches.|Les œuvres du poète [[Maurice Maeterlinck]] inciteincitent Van Melkebeke à s'inspirer de ses rêves pour composer certains de ses tableaux.]]
Amateur de [[cirque]] depuis son plus jeune âge, ce [[spectacle vivant]] demeure l'une des principales sources d'inspiration pour ses peintures{{sfn|Mouchart|2014|p=13-17}} : {{citation|Je n'aime pas le cirque pour lui-même mais pour son caractère féerique. Les acrobates, les trapézistes, les chevaux galopants appartiennent pour moi à un monde qui n'est pas le nôtre. Il est permis d'y rêver bien à l'aise et d'abandonner ses soucis lorsqu'on en franchit le seuil}}<ref name="voila">{{article|titre=20 minutes avec Jacques Van Melkebeke, peintre, journaliste et ketje des Marolles|périodique=''Voilà''|date=24 juillet 1942}}.</ref>. Les portraits d'enfants tiennent aussi une place importante dans sa production : {{citation|Ce qui me touche profondément chez l'enfant, c'est qu'il accomplit le moindre acte avec une gravité infinie. Les gosses me révèlent la vie dans ce qu'elle a de plus spontané, de plus neuf et de plus pur. Les petites filles surtout me semblent capables de nous donner du monde une image à la fois profonde et réconfortante}}<ref name="voila"/>. En 1942, après l'exposition de ses œuvres à la galerie Breughel, l'État belge fait l'acquisition d'un portrait de sa propre fille, Chantal{{sfn|Mouchart|2014|p=80}}.
 
Les inspirations de Jacques Van Melkebeke sont variées : il réalise également des [[Peinture de paysage|paysages]], des [[Marine (peinture)|marines]], des évocations [[Bible|bibliques]] et mythologiques, mais également des [[Nu (genre artistique)|nus]] ou des illustrations de ses lectures comme ''[[Pantagruel]]'' et ''[[Gargantua]]''{{sfn|Mouchart|2014|p=52-54}}. Le critique d'art Richard Dupierreux souligne la {{citation|perfection incontestable}} et la {{citation|lumière surprenante}} de ses dessins, et croit déceler dans ses peintures un humour [[François Rabelais|rabelaisien]] {{citation|par sa verdeur, sa franchise, mais aussi par sa poésie et par le rêve dont il enveloppe, comme d'une surnaturelle clarté, les débauches de chair de ses gauloiseries opulentes}}{{sfn|Mouchart|2014|p=52-54}}.
 
La lecture des poèmes et des essais de [[Maurice Maeterlinck]] lui donne l'idée de consigner les rêves qui lui semblent mémorables dans des carnets{{sfn|Mouchart|2014|p=47}}. Il s'y adonne scrupuleusement à partir de 1928 mais ce n'est que dans les {{nobr|années 1960}} que ces {{citation|annales oniriques}} deviennent des sources d'inspiration pour ses tableaux. Les œuvres qu'il en tire se rapprochent du courant [[Surréalisme|surréaliste]] mais il choisit dans un premier temps de ne pas les rendre publiques, probablement parce qu'il avaita lui-même fermement critiqué ce mouvement quand il était critique artistique au ''[[Le Nouveau Journal (Belgique)|Nouveau Journal]]'' sous l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation]]{{sfn|Mouchart|2014|p=195-196}}. Pour [[Benoît Mouchart]], les toiles oniriqueoniriques de Van Melkebeke {{citation|comptent parmi ses œuvres les plus personnelles}} mais elles {{citation|offrent un terrible sentiment de déjà-vu lorsqu'il se décide enfin à les exposer}} en {{date-|octobre 1972}}, bien après les premiers succès des peintres surréalistes{{sfn|Mouchart|2014|p=195-196}}.
 
==== Réflexions sur l'art et regard critique ====
[[Fichier:Rene Magritte by Wolleh.jpg|vignette|gauche|alt=Silhouette noire d'un homme portant un chapeau et une cigarette aux lèvres se découpant sur un rideau bleu.|Figure du [[surréalisme]], [[René Magritte]] est vivement critiqué par Van Melkebeke.]]
Dans ses articles parus dans ''[[Le Nouveau Journal (Belgique)|Le Nouveau Journal]]'', dont il tient la critique artistique entre 1943 et 1944, Jacques Van Melkebeke développe des réflexions acerbes à l'égard de la peinture moderne belge, en particulier le [[surréalisme]] qu'il juge sévèrement{{sfn|Mouchart|2014|p=93-101}} : {{citation|Le rapprochement systématique d'objets saugrenus, l'utilisation lassante d'un attirail curieusement restreint, un peu de [[Sigmund Freud|freudisme]], des trucs monotones, une technique presque toujours bassement photographique, et voilà tout. Le surréalisme est pareil au monstre de [[Frankenstein ou le Prométhée moderne|Frankenstein]] : il vit, mais il sent le cadavre}}<ref>{{article|auteur=Jacques Van Melkebeke|titre=La peinture et l'imagination|périodique=[[Le Nouveau Journal (Belgique)|Le Nouveau Journal]]|date=15 juin 1943}}.</ref>.
 
Il se montre particulièrement virulent à l'égard de son compatriote [[René Magritte]], l'un des chefs de file du mouvement, qu'il compare à un simple dessinateur de publicité : {{citation|Ce spécialiste de la magie noire, officiellement en proie à tous les démons de l'inconscient, se révèle n'être somme toute qu'un assez médiocre tâcheron du mystère}}{{sfn|Mouchart|2014|p=93-101}}. Il lui adresse notamment de virulentes diatribes : {{citation|Vous êtes comique, un peu sale et surtout fort démodé… Vous êtes le fonctionnaire du non-conformisme !{{sfn|Mouchart|2014|p=93-101}}}}. Les peintres [[Cubisme|cubistes]] [[Georges Braque]] et [[Pablo Picasso]] font également partie de ses cibles, Van Melkebeke affirmant que ce dernier est {{citation|le type même de l'artiste inexorablement dénué de dons et qui, de surcroît, n'a absolument rien à dire}}{{sfn|Mouchart|2014|p=93-101}}.
 
[[Benoît Mouchart]] relève que ces positions à contre-courant révèlent que Jacques Van Melkebeke {{citation|tourne souvent le dos à la modernité}}, sans toutefois célébrer l'[[art académique]] qu'il rejette avec force. À l'inverse, il voue une grande admiration à [[James Ensor]], qu'il considère comme le plus grand artiste de sa génération, mais encense également des peintres disparus comme [[Vincent van Gogh]] et [[Henri Rousseau]]. Il reconnaît un certain mérite à des artistes moins réputés, peintres belges de sa génération comme Robert Meerbergen, Marcel Stobbaerts, [[Edgard Tytgat]], [[Alice Frey]] et [[Fernand Wéry]]{{sfn|Mouchart|2014|p=93-101}}.
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=== Le scénariste ===
==== Travail dans l'ombre des grands auteurs de la bande dessinée francophone ====
[[Fichier:Paul Cuvelier dédicace Bruxelles.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie d'un homme assis portant un costume, un béret, se tenant les yeux fermés.|[[Paul Cuvelier]], créateur de ''[[Corentin (bande dessinée)|Corentin]]'', en 1978.]]
À partir des {{nobr|années 1940}}, Jacques Van Melkebeke commence à travailler dans l'ombre de grands créateurs de la [[bande dessinée franco-belge]] : [[Hergé]] pour ''[[Les Aventures de Tintin]]'', [[Edgar P. Jacobs]] pour ''[[Blake et Mortimer]]'', [[Paul Cuvelier]] pour ''[[Corentin (bande dessinée)|Corentin]]'' ou encore [[Jacques Laudy]] pour ''[[Hassan et Kaddour]]''. Il n'agit pas pourtant comme un [[Scénariste de bande dessinée|scénariste]] au sens moderne dans la mesure où il ne signe aucune de ces aventures et que sa contribution se limite en général à l'apport de références culturelles ou d'éléments d'intrigue que les auteurs se réapproprient pour bâtir leur propre scénario. C'est le cas notamment avec Hergé et Jacobs, de sorte que [[Benoît Mouchart]] le présente avant tout comme {{citation|un interlocuteur à l'influence souterraine}} qui pourrait être qualifié de {{citation|scénariste maïeutique}}{{sfn|Mouchart|2014|p=109-110}}. Dans un entretien télévisé accordé à des journalistes de la [[Radio-télévision belge de la Communauté française|RTBF]] en 1979, Jacques Van Melkebeke décrit lui-même sa collaboration avec le créateur de Tintin : {{citation bloc|Je n'arrivais pas avec une histoire toute faite. Je venais parfois en disant : {{citation|On pourrait jeter tes personnages dans tel milieu ou les lancer dans telle aventure}}. Et ça accrochait ou pas. Mon rôle restait toujours auxiliaire, même lorsque l'idée de départ était de moi, parce que je n'aurais jamais eu cette idée sans les personnages et les possibilités graphiques de dessinateur. Auprès d'Hergé, je ne pense pas avoir joué le rôle d'un scénariste, mais plutôt celui d'un gagman qui aurait situé ses idées dans un contexte, ce qu'un gagman n'a pas à faire. […] Je ne veux pas nier ce travail, mais je ne tiens pas à me gonfler en prétendant avoir joué un rôle qui n'a jamais été le mien.|Jacques Van Melkebeke, entretien enregistré par Anne-Marie La Fère et Daniel Fano pour la [[Radio-télévision belge de la Communauté française|RTBF]] le {{date-|14 mars 1979}}{{sfn|Mouchart|2014|p=109-110}}}}
 
L'apport de Jacques Van Melkebeke dans la construction du scénario des aventures de ''[[Blake et Mortimer]]'' apparaît plus essentiel mais non décisif. À partir du thème général et du point de départ du récit décidé par Jacobs, les discussions menées par les deux amis permettent à l'auteur d'échafauder l'intrigue. Mais, si Van Melkebeke apporte ses suggestions, c'est bien Jacobs qui, en dernier lieu, décide du scénario{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=150-153}}. [[Benoît Mouchart]] affirme qu'il est difficile de démêler l'influence de Van Melkebeke sur le travail de Jacobs, tant les deux hommes sont comme {{citation|des sortes de jumeaux}}. Il explique que {{citation|l'auteur soumettait à son ami des désirs d'images, et Van Melkebeke l'aidait à trouver une structure narrative à ses récits}}<ref name="cahiersBD">{{chapitre|auteur=[[Nicolas Tellop]]|titre=Entretien avec Benoît Mouchart|titre ouvrage=titre=La Marque jaune|sous-titre ouvrage=Le chef-d'œuvre de Blake et Mortimer|éditeur=Les Cahiers de la BD|lien éditeur=Les Cahiers de la bande dessinée|mois=novembre|année=2020|passage=6-10|isbn=979-1096119400}}.</ref>. Le rôle de Van Melkebeke s'apparente donc à celui d'un [[script doctor]], comme il le reconnaît lui-même en 1979 dans un entretien accordé à la [[Radio-télévision belge de la Communauté française|RTBF]] : {{citation|Je ne veux pas nier ce travail , mais je ne tiens pas à me gonfler en prétendant avoir joué un rôle qui n'a jamais été le mien. Ce n'est pas de la modestie, c'est de l'honnêteté. Un scénariste occasionnel comme moi se modèle forcément en fonction de l'esprit du dessinateur. […] Jacobs est vraiment l'auteur de ''[[Blake et Mortimer]]'' ; il a toujours l'idée générale, qu'il rédige en [[synopsis]]. Ma présence se situe au moment où son histoire est déjà jetée dans les grandes lignes. Je ne lui donne que des suggestions et, quand je lui livre un prédécoupage, il retient l'esprit des situations et des dialogues pour se les approprier complètement{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=150-153}}.}}
 
Plus encore que les autres albums, ''[[La Marque jaune]]'' peut-être vu comme un {{citation|révélateur de l'amitié}} entre les deux hommes, dans la mesure où ceux-ci puisent de nombreux éléments de l'intrigue dans leurs références littéraires et cinématographiques communes. Benoît Mouchart le voit comme {{citation|le catalogue de toutes les passions qu'ils ont partagées ensemble jusque-là}}<ref name="cahiersBD"/>, et établit d'ailleurs un parallèle entre Jacques Van Melkebeke et le personnage du [[Jonathan Septimus|{{Dr|Septimus}}]], le savant fou de l'histoire : tout comme Septimus, qui signe son livre ''{{lang|en|The Mega Wave}}'' sous un [[pseudonyme]], Van Melkebeke, inquiété pour ses travaux sous l'[[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation allemande]], est mis à l'index après la guerre et réduit à un travail de l'ombre. Son influence sur bon nombre de dessinateurs est manifeste sans que sa participation soit révélée au grand jour. Ainsi la dédicace qui figure sur la page de garde de l'ouvrage et dans laquelle Mortimer reconnaît l'écriture de Septimus, découvrant ainsi sa véritable identité, apparaît comme {{citation|un miroir tendu à la relation entre Jacobs et Van Melkebeke, où ce dernier avance masqué, tout comme le savant fou dans le récit}}<ref name="cahiersBD"/>.
 
==== Attrait pour l'ésotérisme et le fantastique ====
[[Fichier:Comic wall Blake & Mortimer 2. Edgar P. Jacobs. Brussels.jpg|vignette|gauche|alt=Blake et Mortimer peints sur un mur de brique, le regard halluciné.|Détail de la fresque dédiée à ''[[La Marque jaune]]'' sur le [[parcours BD de Bruxelles]].]]
La collaboration entre [[Edgar P. Jacobs]] et Jacques Van Melkebeke pour les aventures de ''[[Blake et Mortimer]]'' est d'autant plus fructueusesfructueuse que les deux hommes partagent depuis l'enfance le même attrait pour le [[fantastique]]. Avides de mystères, ils se passionnent à la fois pour les [[Alchimie|alchimistes]] et les mythes des civilisations anciennes ou disparues, des éléments qui se retrouvent fort logiquement dans les albums de la série{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=31-35}}{{,}}<ref name="brethes">{{lien web|url=https://www.beauxarts.com/grand-format/le-mystere-de-la-grande-pyramide-les-secrets-du-chef-doeuvre-dedgar-p-jacobs/|titre=« Le Mystère de la Grande Pyramide » : les secrets du chef-d’œuvre d’Edgar P. Jacobs|site=''[[Beaux Arts Magazine]]''|auteur=Romain Brethes|date=15 novembre 2017|consulté le=15 janvier 2023}}.</ref>, de même que dans leur collaboration avec [[Hergé]] pour ''[[Les Sept Boules de cristal]]'' : à travers le malheur de l'[[Liste des personnages des Aventures de Tintin|expédition Sanders-Hardmuth]], la référence à la [[Malédiction du pharaon|malédiction de Toutânkhamon]], cet album est considéré comme l'œuvre la plus effrayante des ''[[Les Aventures de Tintin|Aventures de Tintin]]''<ref>{{Article|auteur1=[[Olivier Delcroix]]|titre=Le Tour du monde en 24 albums|périodique=Le Figaro hors-série|année=2004|pages=116}}.</ref>. Comme le soulignent [[François Rivière]] et [[Benoît Mouchart]], {{citation|longtemps avant les lecteurs de ''[[Planète (revue)|Planète]]'', ils s'étaient repus d'images d'architectures insolites, de stèles funéraires couvertes de signes cabalistiques, de costumes chamarrés qui, pour [Jacobs], s'apparentaient à ceux de l'opéra}}{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=147-149}}.
 
Avec [[Jacques Laudy]], ils pratiquent pendant leur jeunesse des séances de [[spiritisme]] et les trois hommes se font d'ailleurs la promesse que le premier à mourir devra envoyer aux autres, sous quelque forme que ce soit, une preuve de la survivance de son âme{{sfn|Mouchart|Rivière|2021|p=41-49}}. Toutefois, Jacques Van Melkebeke n'éprouve aucun sentiment religieux : son attrait pour le [[paranormal]], de même qu'une certaine forme d'[[ésotérisme]], s'accompagne d'un [[athéisme]] profond{{sfn|Mouchart|2014|p=21-22}}.
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Leur rupture intervient pendant l'année 1952, quelques mois après l'accident de voiture du dessinateur et de sa femme Germaine{{sfn|Peeters|2011|p=423-427}}. Grièvement blessée, cette dernière se rapproche alors de Bertje Jageneau, une [[Voyance|voyante]] néerlandaise qui aurait annoncé au couple, peu avant l'accident, qu'un danger les menaçait<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Thierry Smolderen]]|auteur2=[[Pierre Sterckx]]|titre=Hergé, portrait biographique|éditeur=[[Casterman]]|collection=Bibliothèque de Moulinsart|année=1988|passage=247-253}}.</ref>. Bertje Jagueneau, qui ne supporte pas les plaisanteries sarcastiques de Jacques Van Melkebeke, affirme avec la plus grande conviction que son influence sur Hergé est néfaste{{sfn|Peeters|2011|p=423-427}}. Un évènement [[paranormal]] aurait entraîné la rupture définitive entre les deux hommes : dans la maison de campagne d'Hergé, le portrait du créateur de Tintin peint par Van Melkebeke finit par se décrocher brusquement du mur, comme un symbole de {{citation|l'aura maléfique}} que le peintre exercerait sur le dessinateur{{sfn|Mouchart|2014|p=156-157}}. Le tableau est remisé, de même que tous les objets offerts par Van Melkebeke à Hergé{{sfn|Mouchart|2014|p=156-157}}.
 
Mais la rupture entre Hergé et Van Melkebeke a probablement plusieurs origines. Selon [[Benoît Peeters]], {{citation|il est probable qu'un malaise se soit installé entre les deux hommes, surtout depuis la sortie de prison de Van Melkebeke}} dans la mesure où, bien que leurs activités sous l'Occupation aient été semblables, Hergé finit lavé de tous soupçons quand Van Melkebeke continue de payer lourdement sa dette envers la justice et la société{{sfn|Peeters|2011|p=423-427}}. Par ailleurs, la collaboration entre Jacques Van Melkebeke et [[Jacques Laudy]] pour ''[[Hassan et Kaddour]]'', une série burlesque et naïve à l'imaginaire débridé qui déplaît fortement à Hergé, pousse ce dernier, usant de son rôle de directeur artistique, pourà l'écarter du sommaire de ''Tintin'' en 1952{{sfn|Mouchart|2014|p=179-181}}. Enfin, le couple très libre que forme le peintre avec Ginette Van Melkebeke représente une menace pour Germaine Remi : alors que son propre mari connaîtcommet certaines infidélités, l'influence de ce couple aux mœurs peu conventionnelsconventionnelles lui apparaît {{citation|délétère}}{{sfn|Peeters|2011|p=423-427}}.
 
Au début des {{nobr|années 1960}}, le dessinateur semble vouloir renouer les liens avec Van Melkebeke en recommandant sa fille Chantal auprès du producteur André Barret qui a pour projet de porter les ''Aventures de Tintin'' à l'écran{{sfn|Mouchart|2014|p=160-161}}. C'est d'ailleurs elle qui découvre le jeune [[Jean-Pierre Talbot]] sur une plage d'[[Ostende]], à qui sera confié le rôle du héros dans ''[[Tintin et le Mystère de la Toison d'or]]'' puis ''[[Tintin et les Oranges bleues]]''{{sfn|Peeters|2011|p=472}}. De même, Jacques Van Melkebeke semble ignorer qu'Hergé continue à le soutenir discrètement en achetant certaines de ses toiles à titre anonyme, notamment lors des expositions à la Galerie Lécuyer, située sur l'[[Avenue Louise]], face aux [[Studios Hergé]]{{sfn|Mouchart|2014|p=160-161}}. Finalement, les deux hommes ne renoueront jamais, et Van Melkebeke semble garder une rancœur à la suite de cette rupture. Il y fait allusion dans son livre ''LEesLes Énigmes de la survivance'', paru en 1972 : {{citation|J'ai pour ma part connu un monsieur présumé intelligent qui n'a pas hésité un seul instant à rompre avec un vieil ami sur le conseil d'une voyante qui avait détecté chez ce dernier une aura maléfique}}{{sfn|Peeters|2011|p=423-427}}.
 
=== Le journaliste ===
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== Hommages en bande dessinée ==
=== Van Melkebeke représenté par Hergé ===
Comme une sorte de dédicace ou de récompense pour son apport dans l'élaboration du scénario de plusieurs ''[[Les Aventures de Tintin|Aventures de Tintin]]'', Jacques Van Melkebeke est dessiné à plusieurs reprises par [[Hergé]], qui l'insère parmi les figurants de ses albums{{sfn|Mouchart|2014|p=103}}. Ainsi Van Melkebeke apparaît pour la première fois dans un {{lang|en|strip}} du ''[[Le Secret de La Licorne|Secret de La Licorne]]'' publié dans ''[[Le Soir]]'' le {{date-|17 juin 1942}} et repris dans la deuxième [[Planche (bande dessinée)|planche]] de l'album paru quelques mois plus tard. Il est représenté comme un homme feuilletant un livre devant l'étal d'un brocanteur du Vieux Marché de la [[place du Jeu de Balle]] à [[Bruxelles]]{{sfn|Mouchart|2014|p=103}}.
 
Van Melkebeke est de nouveau représenté lors du travail de refonte et de mise en couleurs des premiers albums de la série, opéré par Hergé et [[Edgar P. Jacobs]]. Il apparaît ainsi dans la première image de la première planche de ''[[Tintin au Congo]]'', parmi les journalistes recueillant les déclarations de Tintin avant son départ pour l'Afrique{{sfn|Mouchart|2014|p=103}}, puis dans la dernière image de la {{59e|planche}} du ''[[Le Sceptre d'Ottokar|Sceptre d'Ottokar]]'', parmi les hauts dignitaires qui assistent à la décoration de Tintin par le roi [[Muskar XII]]. Sa femme Ginette figure d'ailleurs à ses côtés dans cette même image<ref>{{article|titre=Une galerie de portraits tout à fait ressemblants|périodique=Géo|lien périodique=Geo (magazine)|titre volume=Hors-série|numéro=1H|titre numéro=Tintin, grand voyageur du siècle|lieu=Paris|mois=novembre|année=2000|passage=36-39}}.</ref>{{,}}{{sfn|Peeters|2011|p=262-264}}. Jacques Van Melkebeke est représenté une dernière fois dans ''[[Les Sept Boules de cristal]]'', un récit pour lequel il fournit de nombreux éléments de scénario. Il est dessiné derrière le [[général Alcazar]] parmi les passagers prêts à embarquer pour l'[[Amérique du Sud]]. Cette case, présente dans la {{57e|planche}} de l'album, est prépubliée dans ''[[Tintin (périodique)|Tintin]]'' le {{date-|14 novembre 1946}}{{sfn|Mouchart|2014|p=103}}.
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=== Bibliographie ===
==== Œuvres de Jacques Van Melkebeke ====
* {{Ouvrage|titre=Imageries Bruxelloises|éditeur=Marechal|année=1941|pages totales=201}}, ouvrage réédité en 1991 sous le titre {{Ouvrage|titre=Bruxelles au bon vieux temps|sous-titre=Imageries Bruxelloises|éditeur=Libro-Sciences|pages totales=204}}.
* {{Ouvrage|titre=Les Énigmes de la survivance|éditeur=[[Marabout (maison d'édition)|Marabout]]|collection=Univers secrets|numéro dans collection=397|année=1972|pages totales=320}}, ouvrage signé sous le [[pseudonyme]] Jacques Alexander.
 
==== Biographies et ouvrages consacrés à la bande dessinée ====
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Philippe Biermé]]|titre=Edgar P. Jacobs et les deux Jacques|éditeur=éd. Fondation Edgar P. Jacobs|année=2007|pages totales=126|isbn=978-2-9600681-0-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Benoît Mouchart]]|titre=À l'ombre de la ligne claire|sous-titre=Jacques Van Melkebeke entre Hergé et Jacobs|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Les Impressions nouvelles]]|année=2014|pages totales=221|isbn=978-2-87449-228-0|plume=oui|libellé=Mouchart 2014}} {{commentaire biblio|édition revue et augmentée de l'ouvrage {{Ouvrage|langue=fr|titre=À l'ombre de la ligne claire : Jacques van Melkebeke, le clandestin de la BD|lieu=Paris|éditeur=[[Vertige Graphic]]|année=2002|pages totales=175|isbn=978-2-908981-71-1|oclc=300741741|bnf=38912109|présentation en ligne=https://www.bedetheque.com/BD-AUT-Van-Melkebeke-Tome-1-A-l-ombre-de-la-ligne-claire-Jacques-Van-Melkebeke-le-clandestin-de-la-BD-25462.html}}.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Benoît Mouchart]]|auteur2=[[François Rivière]]|titre=Edgar P. Jacobs|sous-titre=Un pacte avec Blake et Mortimer|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Les Impressions nouvelles]]|année=2021|pages totales=384|isbn=978-2-87449-890-9|plume=oui|libellé=Mouchart et Rivière 2021}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Benoît|nom1=Peeters|lien auteur1=[[Benoît Peeters]]|titre=Hergé, fils de Tintin|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|collection=Champs biographie|année=2011|année première édition=2002|pages totales=642|isbn=9782081267893|oclc=52812831|plume=oui|libellé=Peeters 2011}}
 
=== Liens externes ===
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{{Portail|Tintin|bande dessinée francophone|Belgique}}
 
{{Article potentiellement bon|oldid=213184490|date=12 mars 2024}}
 
{{CLEDETRI:VanMelkebeke, Jacques}}
[[Catégorie:Tintin]]
[[Catégorie:Blake et Mortimer]]
[[Catégorie:Collaborateur du Journal de Tintin]]
[[Catégorie:Journaliste belge du XXe siècle]]
[[Catégorie:Scénariste belge de bande dessinée]]
[[Catégorie:Étudiant de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles]]
[[Catégorie:Peintre belge du XXe siècle]]
[[Catégorie:Collaborateur du Journal de Tintin]]
[[Catégorie:Nom de plume]]
[[Catégorie:Étudiant de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles]]
[[Catégorie:Tintin]]
[[Catégorie:Blake et Mortimer]]
[[Catégorie:Naissance en décembre 1904]]
[[Catégorie:Naissance à Bruxelles au XXe siècle]]