« Archéologie durant le Troisième Reich » : différence entre les versions
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L''''archéologie''' connaît une évolution propre '''durant le [[Troisième Reich]]''', à l'image de toutes les disciplines universitaires. Enjeu politique important, le contrôle de la recherche archéologique constitue aux yeux des [[Nazisme|nazis]] un moyen de valider leur propre vision de l'Histoire. Ainsi, les principaux responsables politiques et idéologiques du mouvement nazi, puis du Troisième Reich<ref group="N">De [[Unification allemande|1871]] à [[Actes de capitulation du Troisième Reich|1945]], le nom officiel de l'État allemand est ''{{langue|de|texte=Deutsches Reich}}''. Par commodité, il sera désigné simplement par le terme {{langue|de|texte=Reich}} par la suite.</ref>, ont été amenés à définir, avec la complicité des archéologues, leur propre vision de l'[[archéologie]].
Durant le [[Troisième Reich]], les archéologues et les structures universitaires qui les organisent ont été l'objet de multiples sollicitations de la part des idéologues et des raciologues du [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|NSDAP]] et de la [[Schutzstaffel|SS]]. Basée sur les travaux de [[Gustaf Kossinna]] et le manifeste de Hans Reinerth, rédigé en 1932, la réforme de la recherche archéologique est lancée dès les premiers jours du Troisième Reich et cette transformation a développé des effets jusque dans les années 1970 dans le champ de l'archéologie universitaire ouest-allemande.
Cependant, si la fin de la [[Seconde Guerre mondiale]] sonne le glas des ambitions européennes de la recherche archéologique allemande, elle ne semble pas remettre en cause les carrières des chercheurs allemands impliqués durant le Troisième Reich. Longtemps ignorée, la collusion entre les archéologues professionnels et les institutions du régime nazi fait l'objet, depuis quelques années, de [[Histoire de l'archéologie|recherches historiques]] approfondies, tout en n'ignorant pas le caractère multiforme et inégal de cette collusion.
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{{article détaillé|pangermanisme}}
[[Image:Gustaf Kossinna by Bruno-Dietrich Sassnick.jpg|vignette|redresse|[[Gustaf Kossinna]], l’un des archéologues ayant exercé une forte influence sur les archéologues allemands de l'entre-deux-guerres.]]
Fortement influencés par [[Gustaf Kossinna]], les archéologues allemands de la période admettent sans le discuter le fait que l'on puisse, à partir des traces laissées par les civilisations passées, déterminer l'identité culturelle de ce groupe humain{{sfn|Demoule|2015|p=173}}. De plus, les principaux archéologues allemands de la fin du {{s|XIX|e}} sont impressionnés par les travaux du [[Cartographie|cartographe]] {{Lang|de|texte=völkisch}} [[Friedrich Wilhelm Putzger]] : celui-ci propose le Nord de l'Europe, dans sa configuration tardive de la [[Glaciation de Würm|glaciation de Wurm IV]], comme berceau de la [[race nordique]]<ref group="N">Les travaux de Putzger sont utilisés dans les années 1930 comme outils de propagande dans le Reich.</ref>{{,}}{{sfn|François|2014|p=185}}.
De plus, dans les années précédant le [[Première Guerre mondiale|premier conflit mondial]], les pangermanistes s'intéressent de près à la [[protohistoire]]{{sfn|Schnapp|2003|p=102}}.
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[[File:Hans Reinerth.jpg|vignette|redresse|Hans Reinerth obtient le renvoi d'archéologues en désaccord avec ses conclusions.|gauche|alt=portrait photographique en noir et blanc.]]
Constitué en grande partie par des chercheurs nés au début du {{s-|XX
En mettant à leur disposition des moyens importants, le régime mis en place à partir de 1933 bénéficie de la sympathie des archéologues, jeunes et moins jeunes{{sfn|Schnapp|2003|p=103}}.
Ces jeunes chercheurs perçoivent l'avènement du Troisième Reich et
== Nouveaux acteurs et acteurs institutionnels ==
[[Image:Ahnenerbe.svg|vignette|redresse|L'emblème de l'Ahnenerbe.]]
Dès 1933, Hans Reinerth souhaite organiser la centralisation des recherches sur le [[Peuple indogermanique nordique|passé germanique]] de l'[[Europe]] mises en œuvre dans le Reich, afin de permettre un financement direct par le Reich, au niveau national{{sfn|Olivier|2012|p=78}}. Cependant, ce projet de centralisation est mis à mal par l'existence de plusieurs organismes
=== Les acteurs institutionnels ===
[[File:Wiegand-Haus.jpg|vignette|L'Institut archéologique allemand (la Villa Wiegand, siège de l'Institut) se rapproche de la SS pour continuer d'exister.|gauche|alt=Villa Weigand]]
Les organismes institutionnels régissant l'archéologie du Reich parviennent à se maintenir mais leurs actions sont rapidement reprises en main par les responsables nazis, et dirigées en fonction des objectifs politiques du Reich
L'[[Institut archéologique allemand]], fondé à Berlin en 1829, intervient principalement à l'extérieur du Reich, se cantonne à des recherches historiques, essentiellement l'[[Archéologie classique|archéologie gréco-romaine]] ; afin de compléter son spectre de recherche, est rapidement
Parallèlement, les archéologues universitaires connaissent des années fastes ; en effet, on compte sept [[Chaire universitaire|chaires]] d'archéologie non classique en [[1933]], 15 en [[1936]], et 25 en [[1942]], créant un appel d'air pour les étudiants ({{unité|3|doctorants}} en [[Préhistoire|pré]]- et [[protohistoire]] en 1934, 19 en 1944), promettant ces derniers à des carrières universitaires de premier plan. Dans le même temps, des départements d'archéologie sont créés dans les universités des territoires annexés, à [[Université de Strasbourg|Strasbourg]], à [[Université Adam-Mickiewicz de Poznań|Posen]], et à [[Université Charles|Prague]]{{sfn|Olivier|2012|p=89}}.
À la suite de la [[Bataille de France|conquête de l'Ouest de l'Europe]], au printemps 1940, des sections archéologiques au sein de l'administration militaire sont mises en place, notamment en [[Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|France]]{{sfn|Olivier|2012|p=123}}. Elles travaillent sous le contrôle de l'Institut archéologique allemand, dans le cadre d'un vaste programme de recherche validé par le [[ministère de l'Éducation du Reich]]{{sfn|Olivier|2012|p=134}}. Dans les départements annexés, en [[Alsace-Lorraine|Alsace-Moselle]], des ordonnances des [[Gauleiter]], [[Robert Wagner (gauleiter)|Robert Wagner]] en Alsace et [[Josef Bürckel]] en Moselle, définissent en {{nobr|[[Seconde Guerre mondiale : janvier 1941|janvier]] et en {{date|juillet 1941|guerre mondiale}}}} le patrimoine archéologique de leur [[Gau (NSDAP)|Gau]] respectif comme des {{citation|archives de l'histoire du peuple allemand}} puis mettent en place des services compétents pour leur exploitation scientifique : en Alsace, rattachée au Gau du [[pays de Bade]], le service archéologique voit arriver des archéologues badois fidèles au régime ; en Moselle, d'autres proches du régimes organisent le service local d'archéologie{{sfn|Olivier|2012|p=98}}. Dans ce cadre légal, l'archéologie régionale connaît un essor sans précédent et tend à se professionnaliser, tandis qu'une forme d'[[archéologie préventive]] est mise en place et encouragée{{sfn|Olivier|2012|p=99}}.
=== Les instituts du NSDAP ===
{{
[[Image:Bundesarchiv Bild 146-1969-067-10, Alfred Rosenberg.jpg|vignette|redresse|gauche|Alfred Rosenberg est chargé de la vulgarisation des recherches initiées sous la houlette du NSDAP.|alt=Alfred Rosenberg]]
Autour du [[Reichsleiter]] [[Alfred Rosenberg]], chargé officiellement à partir de 1934 de la recherche au sein du [[NSDAP]], se met en place une critique de l'archéologie classique, au profit d'une archéologie conforme aux idéaux raciaux du nazisme, directement inspirée des présupposés de
Concurrent de Rosenberg pour le contrôle de l'idéologie du parti, [[Heinrich Himmler|Himmler]], [[Reichsführer-SS]], partisan de la [[renordification]] du peuple allemand, souhaite donner à sa vision de l'antiquité germanique un vernis scientifique{{sfn|François|2015|p=21}}. Pour cela, il développe lui aussi un organisme de recherche lié à la [[Schutzstaffel|SS]], la ''{{Lang|de|Studiengesellschaft für Geistesurgechichte Deutsches Ahnenerbe}}''<ref group="T">Société pour l'étude de l'histoire spirituelle de l'héritage ancestral allemand.</ref> intégré dans un premier temps au [[RuSHA]]{{sfn|Longerich|2010|p=270}}. Son rapide essor et sa réputation de sérieux scientifique
Dans un premier temps, Himmler s'appuie sur des personnalités à la réputation
Enfin, en 1938, les divers centres de recherche archéologique dépendants de la SS sont réorganisés et systématiquement placés sous le contrôle de l'{{Lang|de|texte=Ahnenerbe}}{{sfn|Longerich|2010|p=271}}.
=== Concurrence entre instituts ===
Rapidement, la diversité des acteurs ayant des compétences dans le domaine archéologiques crée les conditions d'une concurrence acharnée
Dans les années 1930 et au début des années 1940, les deux organismes constituent le vivier de recrutement de l'archéologie universitaire ; en effet, les nominations des titulaires de chaires d'archéologie font l'objet d'une sélection basée également sur des critères idéologiques. Cependant, rapidement l'organisme de Himmler supplante le {{Lang|de|Reichsbund}} dans ce domaine
Dans les pays occupés par le Reich, cette concurrence prend la forme d'une course pour lancer un maximum de projets archéologiques. Cette concurrence se manifeste également par une émulation entre instituts, chacun tentant d'étendre au maximum le champ et l'ampleur de ses thèmes de recherche{{sfn|Olivier|2012|p=127}} : en [[Seconde Guerre mondiale : septembre 1940|septembre 1940]], Friedrich Holste et {{Lien|langue=de|trad=Kurt Tackenberg|fr=Kurt Tackenberg}}, archéologues de l'{{Lang|de|texte=Ahnenerbe}}, appuyés par Himmler, tentent d'obtenir le monopole, pour leurs équipes, de l'organisation des fouilles dans l'Ouest du Reich{{sfn|Olivier|2012|p=126}} tandis que Herbert Jankuhn, proche de Himmler, projette de mettre en œuvre des fouilles destinées à mettre en avant l'alignement astrologique des [[Alignements de Carnac|mégalithes de Carnac]], domaine réservé du {{Lang|de|texte=Reichsbund}}, dépendant de l'{{Lang|de|texte=Amt Rosenberg}}{{sfn|Olivier|2012|p=127}}. Cependant, au cours de l'année 1941, l'institut archéologique allemand, allié pour la circonstance à l'{{Lang|de|texte=Ahnenerbe}} obtient le contrôle sur les projets archéologiques en France et en Belgique occupée par le Reich, évinçant ainsi les instituts proches du {{Lang|de|texte=Reichsleiter}}{{sfn|Olivier|2012|p=128}}. Dans les territoires soviétiques occupés, le {{Lang|de|texte=Reichsbund}} rapatrie dans le Reich le matériel des musées de [[Kiev]] et de [[Karkhov]], alors que la SS s'empare des fonds des musées de [[Rostov-sur-le-Don]] ou [[Vorochilovsk]]{{sfn|Demoule|2015|p=199}}.
Les archéologues eux-mêmes tentent de tirer parti de cette concurrence, en se rapprochant, selon leurs affinités ou les perspectives de carrière offertes, de l'un ou de l'autre institut{{sfn|Schnapp|2003|p=104}}.
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== Activités des archéologues nazis ==
Les recherches menées par les archéologues allemands durant la période nazie sont menées afin de légitimer non seulement les ambitions hégémoniques du Reich sur le continent européen{{sfn|François|2015|p=48}}, mais aussi les projets raciaux élaborés dès les années 1920 et connaissant un début de mise en œuvre à partir de 1939{{sfn|Olivier|2012|p=46}}. Dès la [[Bataille de France|conquête de la France]], les [[Protohistoire|proto-historiens]] {{Lien|langue=de|trad=Friedrich Holste|fr=Friedrich Holste}} et {{Lien|langue=de|trad=Wolfgang Kimmig|fr=Wolfgang Kimmig}} se montrent partisans de vastes campagnes de fouilles et de recherches étendues au maximum des possibilités dans les pays occupés et plus particulièrement en France{{sfn|Olivier|2012|p=125}}.
En dépit du caractère brouillon des campagnes de fouilles, les résultats obtenus par les instituts de recherches dans le domaine de l'archéologie sont, selon [[Peter Longerich]], {{citation|remarquables}}, mais, n'ont pas permis la validation des théories historiques nazies{{sfn|Longerich|2010|p=273}}.
=== Thèmes de recherche et idéologie ===
Rapidement, se met en place une archéologie politique conçue pour, non seulement, justifier les prétentions hégémoniques du Reich sur le continent européen en mettant en avant une parenté culturelle entre les peuples qui ont occupé des espaces voisins du Reich, mais aussi pour poursuivre les chimères de certains dirigeants, notamment Himmler{{
Ainsi, la protohistoire constitue l'un des deux principaux champs d'investigation des instituts de recherche nazis{{sfn|Schnapp|2003|p=102}}.
[[File:Aerial image of Heligoland.jpg|thumb|Himmler cherche à démontrer que l'Atlantide se situe sur l'archipel d'Heligoland, en mer du Nord.|alt=Heligoland]]
Dès les années 1930, [[Heinrich Himmler|Himmler]], friand de théories sur l'[[mysticisme nazi#Les racines occultistes du nazisme|origine de la civilisation européenne]], ordonne la réalisation de recherches
L'occupation de larges territoires en Europe occidentale permet aux archéologues nazis de lancer de vastes programmes de fouille destinés à attester de la présence de populations {{citation|d'origine raciale aryenne}} sur une période comprise entre l'[[âge du bronze]] et les [[invasions « barbares »|invasions germaniques]], dans le Nord de la France{{sfn|Olivier|2012|p=134}}, en [[État indépendant de Croatie|Croatie]], en [[Territoire du commandant militaire en Serbie|Serbie]], en [[Histoire de la Bulgarie pendant la Seconde Guerre mondiale|Bulgarie]] ou en [[Grèce dans la Seconde Guerre mondiale|Grèce]]{{sfn|Demoule|2015|p=199}} ; ainsi, les travaux sur le mobilier de la [[culture des champs d'urnes]], sur des enceintes protohistoriques de l'[[âge du fer]] ou sur les réseaux urbains et routiers de la période romaine sont censés aboutir à la mise en valeur du caractère indubitablement germanique des populations s'étant succédé sur le territoire de la Gaule{{sfn|Olivier|2012|p=134}}.
Mais les régions immédiatement frontalières ne sont pas les seules à susciter l'intérêt des archéologues allemands ; des espaces géographiques plus éloignés intéressent également ces derniers, afin de déterminer, par exemple la future frontière entre le Reich et la France. Le passé germanique de la [[Histoire de la Bourgogne|Bourgogne]] est ainsi
=== Un outil de propagande ===
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L'intérêt des archéologues allemands pour les régions frontalières du {{langue|de|texte=Reich}} permet à Himmler et à ses subordonnés de justifier les prétentions territoriales du Reich sur l'ensemble des territoires européens.
Dans les départements annexés d'Alsace et de Moselle, les fouilles
En outre, de nombreuses actions de [[Vulgarisation scientifique|vulgarisation]] sont menées afin de souligner les origines germaniques des territoires
=== Fouilles dans le Reich ===
{{
[[File:2016 Externsteine 12.jpg|thumb|Le site des [[Externsteine]] est minutieusement fouillé sur ordre d'[[Heinrich Himmler|Himmler]], persuadé de l'existence d'un sanctuaire saxon.|alt=Externsteine]]
Dès les années 1930, de vastes programmes de fouilles sont planifiés, financés et entrepris.
Sous la férule de Himmler, des programmes de fouilles de sites germaniques sont systématiquement menés à bien, dans le Reich comme à l'étranger. Ainsi, dès 1935, Himmler ordonne la réalisation de fouilles dans l'ensemble du Reich : le site [[viking]] de [[Hedeby|Haitabu]], dans le Nord de l'Allemagne est minutieusement fouillé sous la direction d'[[Herbert Jankuhn]], un modèle du genre, qui lui permet de développer le concept de {{Lang|de|texte=Siedlungsarchäologie}}, l'archéologie de l'habitat{{sfn|Demoule|2015|p=198}}. À partir de la même année, Himmler, admirateur du [[duc de Saxe]] [[
À la fin des années 1930, le site des [[Externsteine]], situé à proximité du [[Wewelsburg]], centre spirituel SS voulu par Himmler, est fouillé sur l'ordre personnel du [[Reichsführer|Reichsführer SS]]. Sur la foi des récits de [[Karl Maria Wiligut]]<ref group="N">L'[[Occultisme|occultiste]] autrichien [[Karl Maria Wiligut]] se prétend un descendant d'antiques rois germaniques et exerce à ce titre une grande influence sur Himmler.</ref>, Himmler espère y trouver les traces du sanctuaire [[Saxe primitive|saxon]] d'[[Irminsul]] mis à sac d'abord par les [[Wotanisme|tenants du culte à Wotan]] en 460, par les Francs en 772{{sfn|Longerich|2010|p=290}}{{,}}{{sfn|Goodrick-Clarke|2010|p=327}} ; ainsi, en 1934, 1935, puis en {{date-|avril 1937}}, Himmler ordonne la réalisation de fouilles assez précises sur le site, donnant comme consigne, pour la campagne de fouilles de 1937, d'étudier en détail un bas relief médiéval peint sur une des parois du site, afin de déterminer si les motifs chrétiens représentés ne masquent pas une représentation [[Religion nordique ancienne|païenne]]{{sfn|Longerich|2010|p=290}}.
Les résultats en demi-teinte des recherches archéologiques menées sur le territoire du Reich à la demande expresse du Reichsführer, suscitent un fort scepticisme de la part des archéologues allemands, notamment les fouilles destinées à mettre au jour les restes de [[Henri Ier de Germanie|Henri {{Ier}}]]{{sfn|Longerich|2010|p=271}}.
=== Fouilles en Europe ===
Des campagnes de fouilles sont commanditées dans toute l'Europe, dès les années 1930. Cependant, à partir de 1940 et de la conquête de l'Europe, ces campagnes prennent un aspect systématique, facilité par l'annexion des régions concernées, le cas échéant.
Ainsi, le site d'[[Olympie]] est
Les [[Campagne de France (1940)|conquêtes allemandes de 1940]] facilitent la mise en place de programmes de fouilles coordonnées par l'{{Lang|de|texte=Ahnenerbe}} centrées sur le [[haut Moyen Âge]] et la période des [[Invasions barbares|grandes invasions]], afin de mettre en valeur le caractère germanique des populations implantées sur une vaste partie de la France et en Belgique{{sfn|Olivier|2012|p=126}}. Ces programmes de fouilles sont ensuite adaptés aux réalités locales par les bureaux archéologiques des autorités d'occupation allemandes, comme en Belgique, par exemple<ref group="N">Les services compétents auprès du commandement militaire à Bruxelles mettent en place des programmes de fouilles destinées à attester la présence germanique en 700 {{av JC}}</ref>{{,}}{{sfn|Hanoune|2004|p=202}}.
Réalisées pour le compte de l'[[Bureau Rosenberg|Amt Rosenberg]], les fouilles du [[Alignements de Carnac|site de
La [[protohistoire]]
La période romaine est confiée à l'[[Université du Reich de Strasbourg|université de Strasbourg]]. celle-ci se concentre sur les installations
Dans le [[Nord-Pas-de-Calais|Nord]] de la France, promis à une intégration au Reich, et confié aux autorités d'occupation en Belgique installées à Bruxelles, les projets archéologiques allemands bénéficient du vide institutionnel propre aux territoires français confiés à l'[[Administration militaire de la Belgique et du Nord de la France|administration militaire allemande en Belgique]]{{sfn|Hanoune|2004|p=203}}, ainsi que des projets d'aménagement du réseau routier, destiné à être relié à celui du Reich{{sfn|Hanoune|2004|p=202}}.
Ligne 123 :
Ce pillage concerne l'ensemble des territoires occupés par la Wehrmacht, de l'Atlantique au Caucase, des {{Lang|de|texte=Sonderkommandos}} spécialement mandatés par les instituts archéologiques opérant à grande échelle dans les musées des villes conquises, tandis que certains archéologues allemands renommés, [[Herbert Jankuhn]] notamment, font pression sur leurs collègues dans les pays occupés, afin d'offrir à des responsables ou des institutions archéologiques allemandes, certaines de leurs pièces les plus spectaculaires{{sfn|Schnapp|2003|p=106}}. Ces archéologues visitent systématiquement les collections publiques et privées, ainsi que les principaux sites afin de dresser la liste des items à transporter dans le Reich<ref group="N">Ces items sont ainsi placés de fait à la disposition des chercheurs allemands.</ref>{{,}}{{sfn|Hurel|2010|p=78}}.
En France et en Belgique occupée, la {{citation|mise en sécurité}} des découvertes archéologiques est justifiée par des préoccupations scientifiques : les responsables allemands présentent initialement ces
Dans d'autres régions occupées, en [[Crimée pendant la Seconde Guerre mondiale|Crimée]] notamment, de vastes programmes sont
Cette {{citation|mise en sécurité}} ne concerne pas les seuls objets découverts en [[Union
== L'après-guerre ==
Ligne 133 :
=== Dénazification ===
{{
Après la [[Actes de capitulation du Troisième Reich|fin de la guerre]], les archéologues n'ont pas fait l'objet d'un processus de [[dénazification]], notamment en raison de la faible priorité, aux yeux des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]], de cette tâche{{sfn|Olivier|2012|p=45}}. Cependant, après la fin du conflit, les archéologues allemands mettent en scène une opposition entre les {{citation|idéalistes}} et les profiteurs du régime, supposés proches de l'institut de Rosenberg{{sfn|Schnapp|2003|p=106}}.
En mars 1946, l'un des principaux acteurs de la mise en place et du développement d'une vision nazie de la discipline archéologique, l'{{citation|arriviste}} Hans Reinerth<ref group="N">Selon le mot d'[[Alain
=== Les archéologues face à leur passé ===
Ligne 144 :
En 1949, lors de la première réunion de l'ensemble de la communauté des préhistoriens allemands de l'Ouest et du Sud du pays, à [[Ratisbonne]], non seulement Hans Reinerth est rejeté par ses collègues, mais le rejet du nazisme par les archéologues est également réaffirmé{{sfn|Olivier|2012|p=222}}.
Dans les années 1970, cependant, quelques
== Traductions, notes et références ==
Ligne 156 :
{{Références|taille=20}}
==
=== Bibliographie ===
* {{Article |langue=en|prénom1=Bettina |nom1= Arnold|titre=The past as propaganda|sous-titre=totalitarian archaeology in Nazi Germany|périodique=[[Antiquity (revue)|Antiquity]]|volume=64|numéro=244|mois= septembre|année=1990|pages=464-478|issn=0003-598X|e-issn=1745-1744|doi=10.1017/S0003598X00078376 |lire en ligne=https://www.academia.edu/358424/The_past_as_propaganda_totalitarian_archaeology_in_Nazi_Germany}}.
* {{Article |langue=en|prénom1=Bettina |nom1= Arnold|titre=« Arierdämmerung » |sous-titre=Race and Archaeology in Nazi Germany|périodique= World Archaeology|volume=38|numéro=1|titre numéro=Race, Racism and Archaeology|mois= mars|année=2005|pages=8-31 |issn=0043-8243|e-issn=1470-1375|jstor=40023592}}.
* {{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Christian | nom1=Baechler |lien auteur1=Christian Baechler| titre=Guerre et extermination à l'Est | sous-titre=Hitler et la conquête de l'espace vital. 1933-1945 | lieu=Paris | éditeur=[[Librairie Jules Tallandier|Tallandier]] | année=2012 | pages totales=524 | isbn=978-2-84734-906-1 | bnf=42610550 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2017-4-page-127.htm}}{{nobr|. {{plume}}}}
* {{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Johann | nom1=Chapoutot | lien auteur1=Johann Chapoutot | titre=Le Nazisme et l'Antiquité | lieu=Paris | éditeur=[[Presses universitaires de France]] | collection=Quadrige | année=
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Paul |nom1=Demoule |lien auteur1=Jean-Paul Demoule |titre=Mais où sont passés les Indo-Européens ? |sous-titre=Le mythe d'origine de l'Occident |lien titre=Mais où sont passés les Indo-Européens ?|lieu=Paris |éditeur=Seuil |collection=La
* {{Article |langue=en|prénom1= James R. |nom1= Dow|titre=In Search of All Things Nordic, in South Tyrol (Italy) |sous-titre=The SS Ancestral Inheritance's Cultural Commission 1940-1943|périodique= The Journal of American Folklore|éditeur= University of Illinois Press|volume= 127|numéro= 506|
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Stéphane|nom1=François|lien auteur1=Stéphane François |titre=Les Mystères du nazisme|sous-titre=aux sources d'un fantasme contemporain|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=2015|pages totales=195|isbn=978-2-13-062457-8|bnf=443029235|présentation en ligne=https://www.puf.com/content/Les_mystères_du_nazisme_Aux_sources_dun_fantasme_contemporain}}{{nobr|. {{plume}}}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Nicholas|nom1=Goodrick-Clarke|lien auteur1=Nicholas Goodrick-Clarke|traducteur=Patrick Jauffrineau et Bernard Dubant|préface=Rohan Butler|titre=Les racines occultistes du nazisme|sous-titre=les aryosophistes en Autriche et en Allemagne, 1830-1935|titre original=The Occult Roots of Nazism : The Ariosophists of Austria and Germany, 1890-1935|lieu=Puiseaux|éditeur=[[Éditions Pardès|Pardès]]|collection=Rix|année=1989|pages totales={{XI}}-343|isbn=2-86714-069-2|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1989_num_68_2_1412_t1_0248_0000_2}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Nicholas|nom1=Goodrick-Clarke|lien auteur1=Nicholas Goodrick-Clarke|traducteur=Armand Seguin|titre=Les racines occultes du nazisme|sous-titre=les sectes secrètes aryennes et leur influence sur l'idéologie nazie|titre original=The Occult Roots of Nazism : Secret Aryan Cults and their Influence on Nazi Ideology|lieu=Rosières-en-Haye|éditeur=Camion blanc|collection=Camion noir|numéro dans collection=CN41|année=2010|pages totales=507|isbn=978-2-35779-054-4|plume=oui}}}}
* {{
* {{Article
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Legendre|directeur1=oui |prénom2=Laurent|nom2=Olivier|lien auteur2=Laurent Olivier|directeur2=oui |prénom3=Bernadette|nom3=Schnitzler|directeur3=oui |titre=L'archéologie nationale-socialiste dans les pays occupés à l'Ouest du Reich|sous-titre=actes de la Table ronde internationale Blut und Boden|lieu=Gollion|éditeur=Infolio|année=2007|pages totales=496|isbn=978-2-88474-804-9|bnf=41052921 |présentation en ligne=https://journals.openedition.org/archeomed/23025}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|prénom1=Peter|nom1=Longerich|lien auteur1=Peter Longerich|traducteur=Raymond Clarinard|titre=Himmler|sous-titre=l'éclosion quotidienne d'un monstre ordinaire|lieu=Paris|éditeur=Héloïse d'Ormesson|année=2010|pages totales=917|isbn=978-2-35087-137-0|bnf=42315520|présentation en ligne=https://networks.h-net.org/node/35008/reviews/79710/woltering-longerich-heinrich-himmler-life}}{{nobr|. {{plume}}}}
* {{
* {{Ouvrage
* {{
* {{Article
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur=Bernadette Schnitzler|titre=La passion de l'Antiquité|sous-titre=six siècles de recherches archéologiques en Alsace|lieu=Strasbourg|éditeur=Société savante d'Alsace|collection=Publications de la Société savante d'Alsace. Recherches et documents|numéro dans la collection=60|année=1998|pages totales=351|isbn=2-904920-19-6| plume = oui}}
=== Articles connexes ===
{{colonnes|
* [[Science sous le Troisième Reich]]
* [[Mysticisme nazi]]▼
* [[Peuple indogermanique nordique]]
* [[Richard Walther Darré]]
Ligne 186 :
* [[Hans Günther]]
* [[Ahnenerbe]]
*
* [[Musée des palafittes d'Unteruhldingen]]
▲* [[Mysticisme nazi]]
* ''[[Les Aventuriers de l'arche perdue]]''
* ''[[Indiana Jones et la Dernière Croisade]]''
}}
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