« Pile gallo-romaine de Chagnon » : différence entre les versions

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{{ébauche|archéologie|Rome antique|Charente-Maritime}}
{{Infobox Monument}}
La '''pile gallo-romaine de Chagnon''' est une ancienne tour gallo-romaine en pierre, aussi appelée [[Pile (monument)|pile]], située sur la commune d'[[Aumagne]], dans le département de la [[Charente-Maritime]], en [[France]].
 
Construite, probablement au {{sp-|II|ou|III}} en bordure de la voie antique reliant {{latin|[[Limonum (ville romaine)|Limonum]]}} ([[Poitiers]]) à {{latin|[[Mediolanum Santonum]]}} ([[Saintes]]), elle est démolie en 1840 mais un dessin du milieu du {{s-|XVII}} conserve sa trace et des fouilles à la fin du {{s-|XIX}} permettent de retrouver son emplacement exact et de mettre au jour ses fondations.
 
Même s'il est difficile d'en savoir plus sur son aspect,il s'agit sans nul doute d'un monument funéraire comparable à d'autres piles.
== Localisation==
[[Fichier:Peutinger - Poitiers-Saintes.jpg|vignette|gauche|redresse=1.5|La voie Poitiers-Saintes sur la table de Peutinger.]]
Le monument, dans la {{latin|[[civitas]]}} des [[Santons]], se trouve implanté au carrefour de deux voies antiques. La première relie {{latin|[[Limonum (ville romaine)|Limonum]]}} ([[Poitiers]]) à {{latin|[[Mediolanum Santonum]]}} ([[Saintes]]) et figure sur la [[table de Peutinger]] ainsi que sur l'[[itinéraire d'Antonin]] ; elle est recouverte par la D129{{Sfn|Maurin|1999|p=50}}. La seconde, devenue la D228, lui est perpendiculaire{{Sfn|Clauss-Balthy|2016|p=82}}.
 
La pile et l'enclos qui l'entoure sont alignés sur ces deux voies qui se coupent à angle droit : côté ouest parallèle à la voie Poitiers-Saintes et côté sud parallèle à l'autre voie.
 
Elle occupe le sommet d'une petite côte (surélévation de {{unité|4|m}} environ) sur le tracé de la voie romaine{{Sfn|Lauzun|1898|p=55}}.
 
== Historique ==
Pour [[Camille Jullian]], la pile est élevée sous la dynastie des [[Antonins (Rome)|Antonins]]{{Sfn|Jullian|1896|p=51}} mais pour [[Louis Maurin (archéologue et historien)|Louis Maurin]], la pile, plus tardive, ne remonte qu'au {{sap-|III}}{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=84}}. Ces deux propositions s'inscrivent dans une fourchette plus large communément admise pour la construction des piles funéraires gallo-romaines : le [[Haut-Empire romain]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jacques Lapart|auteur2=Catherine Petit|titre= Le Gers|éditeur= Académie des inscriptions et belles-lettres |collection= [[Carte archéologique de la Gaule]] |numéro dans la collection= 32 |lieu= Paris |année= 1993 |pages totales= 354 |isbn= 2-8775-4025-1|passage=47}}.</ref>.
 
Le monument est dessiné par [[Claude Chastillon]] au milieu du {{s-|XVII}}{{Sfn|Jullian|1896|p=41}}. Ruinée plus tard, la pile est rasée en 1840{{Sfn|Maurin|1999|p=90}}.
 
Pendant l'hiver 1896-1897, le site de la pille est sommairement fouillé, ce qui permet de retrouver ses fondations et celles des structures qui l'accompagnaient, à l'emplacement indiqué par Claude Chastillon plus de deux siècles auparavant{{Sfn|Clauss-Balty|2016|page=82}}.
 
Dans la ''Carte archéologique de la Gaule - La Charente-Maritime (17)'' publiée en 1999 par Louis Maurin, deux pages sont consacrées à la pile de Chagnon{{Sfn|Maurin|1999|p=90-91}}. L'étude sur les piles funéraires du Sud-Ouest écrite en 2016 par Pascale Clauss-Balty dresse l'état des connaissance sur la pile de Chagnon et la compare aux autres monuments étudiés{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=82-84}}.
 
== Description ==
[[Fichier:Pile de Chagnon - plan.svg|vignette|Plan de la pile.]]
Le monument, dont le soubassement mesure {{dunité|10.20|10.48|m}}, s'inscrit au centre d'un enclos carré de {{unité|26.25|m}} de côté{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=83}}.
[[Fichier:Pile de Chagnon - décor.jpg|vignette|gauche|Élément décoratif retrouvé dans les fondations de la pile.]]
Il est directement construit presque directement sur le sous-sol rocheux, le massif de fondations ne mesurant que {{unité|0.50|m}} de hauteur ; celles-ci seraient partiellement constituées d'éléments décoratifs (chapiteaux, moulures...) provenant d'un édifice antérieur{{Sfn|Maurin|1999|p=90}}.
 
Le soubassement est composé d'un noyau fait de pierres liées au sable et à la terre et [[parement]]é de moellons cimentés. L'élévation est mal connue mais devait faire appel elle aussi à un noyau en {{latin|[[opus caementicium]]}} avec un parement de blocs de grand appareil{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=83}}. Il est difficile de statuer sur l'existence d'une niche, dont aucune trace n'est discernable sur le dessin du {{s-|XVII}}, mais Louis Maurin indique qu'il n'y en avait pas, pas plus que de chambre funéraire dans la pile elle-même{{Sfn|Maurin|1999|p=90}}.
== Fonction==
 
Une unique brique portant des arcs de cercles de couleurs contrastées suggère que le parement de la pile aurait pu recevoir un décor comparable à celui de la [[pile de Cinq-Mars]]{{Sfn|Lièvre|1898|p=105}}.
 
L'enclos, dont le mur mesure {{unité|0.70|m}} d'épaisseur, comporte, aux deux extrémités de son côté ouest, un épaississement pouvant correspondre aux traces d'un portique tourné vers la voie romaine{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=83}}.
 
Parmi le nombreux [[mobilier archéologique]] mis au jour lors des fouilles, de deux tablettes de [[défixion]] en plomb destinées à être déposées dans les sépultures{{Sfn|Maurin|1999|p=91}} et d'une tête féminine en calcaire haute de plus de {{unité|50|cm}} et qui a été volontairement enfouie dans une cavité creusée dans le substrat rocheux{{Sfn|Jullian|1898|p=48-49}}, confirme la vocation funéraire du site{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=84}}{{,}}{{Sfn|Sillières|Soukiassian|1993|p=300}}.
 
== Fonction ==
Sur le dessin de Chastillon, la pile de Chagnon apparaît, avec la [[pyramide d'Authon-Ébéon]], sous le terme de « Les faniaulx : ruines entiques de Varèze au pays d'Augoumois ». Le nom « faniaulx » a pu être à l'origine d'une confusion sur le rôle de ces monuments, interprétés comme des fanaux, des phares. Le substantif « faniaulx » semble plutôt renvoyer à {{latin|[[fanum]]}} (temple ou monument religieux au sens plus large), même si cela n'exclue pas que le monument ait pu servir, ultérieurement, de repère géographique{{Sfn|Maurin|1999|p=90}}.
 
La pile de Chagnon est, selon toute vraisemblance, un tombeau gallo-romain, peut-être encore plus imposant que la [[tour de Pirelonge]] dans le même département{{Sfn|Clauss-Balty|2016|page=84}}.
 
== Références ==
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== Voir aussi ==
{{Autres projets
|commons = Category:Pile de Chagnon
}}
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
 
* {{Ouvrage|auteur=Pascale Clauss-Balty|directeur=oui|titre=Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France|lieu=Pau|éditeur=Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour|collection=Archaia|année=2016|pages totales=231|isbn=978-2-3531-1063-6|plume=oui}}.
* {{Article|auteur=[[Camille Jullian]]|titre=La question des piles et les fouilles de Chagnon (Saintonge)|périodique=Mémoires de la [[Société des antiquaires de France|société nationale des antiquaires de France]]|année=1896|tome=7, sér. 6|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k408247n/f49|pages=39-62|plume=oui}}
* {{Article|auteur=[[Philippe Lauzun]]|titre=Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers|périodique=Bulletin Monumental|lieu=Caen|éditeur=Henri Delesques imprimeur-éditeur|année=1898|tome=LXIII|pages=5-68|doi=10.3406/bulmo.1898.11144}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Auguste-François Lièvre]]|titre=Les fana ou vernemets (dits piles romaines) du sud-ouest de la Gaule|lieu=Paris|éditeur=E. Thorin|année=1888|pages totales=29}}.
* {{Article|auteur=[[Auguste-François Lièvre]]|titre=Les fouilles de Villepouge - Isis ou la magie en Saintonge au temps des Romains|périodique=Bulletin de la [[Société des antiquaires de l'Ouest]]|année=1898|tome=VIII, sér. 2|pages=101-118|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65710n/f106|plume=oui}}
* {{Ouvrage|auteur=[[Louis Maurin (archéologue et historien)|Louis Maurin]]|titre= La Charente-Maritime|éditeur= Académie des inscriptions et belles-lettres |collection= [[Carte archéologique de la Gaule]] |numéro dans la collection= 17/1 |lieu= Paris |année= 1999 |pages totales= 363 |isbn=978-2-8775-4061-2|plume=oui}}.
* {{Article|auteur1=Pierre Sillières|auteur2=Georges Soukiassian|titre=Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches|titre numéro=Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992)|année=1993|page= 299-306|périodique=Supplément à la [[Revue archéologique du Centre de la France]]|numéro=6|url=https://www.persee.fr/doc/sracf_1159-7151_1993_act_6_1_942|plume=oui}}.
 
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
{{liens}}
* {{Lien web|titre=Les Piles romaines de Pirelonge, de Chagnon et d'Ébéon|site=Mediolanum Civitas Santonum|url=http://mediolanum-santonum.fr/pirelonge-et-ebeon.html|consulté le=12/04/2024}}
 
{{Palette|Monuments funéraires romains}}