« Piles gallo-romaines de Betbèze » : différence entre les versions

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{{Infobox Monument}}
{{En cours|intro=Article en chantier dans le cadre du [[Wikipédia:Wikiconcours/mars 2024|Wikiconcours de mars 2024]] ([[Wikipédia:Wikiconcours/mars 2024/Équipes/Équipe 11|équipe 11]]).}}
}}
{{ébauche|archéologie|Rome antique|Gers}}
{{Infobox Monument}}
 
LaLes '''pilepiles gallo-romaineromaines de Betbèze''' estsont unedeux ancienneanciennes tourtours gallo-romaineromaines en pierre, aussi appeléeappelées [[Pile (monument)|pilepiles]], situéesituées sur la commune de [[Mirande]], dans le [[département français]] du [[gers (département)|Gers]], en [[France]].
 
L'une, généralement appelée {{nobr|pile 1}} dans la bibliographie, est conservée sur une partie de son élévation. La {{nobr|pile 2}}, voisine, est arasée au niveau de ses fondations. Ces deux monuments, liés chacun à un enclos funéraire, signalent la présence d'une nécropole forte d'un moins une trentaine de sépultures et fréquentée entre le {{s-|I}} et le {{sap-|IV}}.
== Localisation==
La pile est située à {{unité|2|km}} au nord-est du chef-lieu communal de Mirande, dans un site de vallée sur la rive droite de la [[Baïse]]{{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=254}} à moins de {{unité|500|m}} du cours d'eau{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=36}}.
 
== Localisation ==
Un autre monument du même type, situé à proximité immédiate, est arasé au niveau de ses fondations mais ses ruines sont signalées au milieu du {{s-|XIX}}{{Sfn|Lauzun|1898|p=23}}.
le département du [[gers (département)|Gers]] compte à lui seul douze piles, presque toutes localisées à l'ouest d'[[Auch]]. Huit de ces monuments funéraires gallo-romains sont partiellement conservés au {{s-|XXI}}, quatre ont disparu{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=13}}.
 
LaLes pilepiles estde Betbèze sont situéesituées à {{unité|2|km}} au nord-est du chef-lieu communal de [[Mirande]], dans un site de vallée sur la rive droite de la [[Baïse]]{{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=254}} à moins de {{unité|500|m}} du cours d'eau{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=36}}. Les deux monuments, distants d'une vingtaine de mètres l'un plus au nord, l'autre plus au sud et légèrement décalé vers l'est{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=37}}, sont établis à la même altitude de {{unité|149|m}}, au fond de la vallée, tournant le dos à la rivière.
 
Aucun habitat antique susceptible d'être associé à ces piles n'est identifié aux environs{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=196}}.
 
== Historique et études archéologiques ==
Des sépultures antérieures à la construction de pileces piles sont observées sur le site. Si leles monumentmonuments en luieux-mêmemêmes ne peutpeuvent être datédatés avec précision, les sépultures présentes dans l'les enclos à sonleur pied s'échelonnent de la seconde moitié du {{sap-|I}} à la fin du {{s-|IV}},{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=36}}. ceLe quichronologie indiquedu lasite périodepourrait pendantcomprendre laquelleune phase initiale de construction vers la pilefin adu pu{{s-|I}}{{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=45}}, êtreune phase de reconstruction plus hypothétique vers le construite{{s-|III}}, puis une phase d'abandon, mieux datée, dans le dernier quart du {{s-|IV}}{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=36152}}. Même si les deux monuments et leurs enclos associés présentent de fortes similitudes (forme et dimensions), maisrien plusne probablementprouve versqu'ils lesoient débutstrictement contemporains<ref>{{Article|auteur=Fabrice Couvin|et alii=oui|titre=Note sur la découverte d’un petit monument funéraire à proximité d’une villa, à La Chapelle-Vendômoise (Loir-et-Cher)|périodique=[[Revue archéologique du Centre de cetla intervalleFrance]]|tome=LVII|année=2018|page=15|url=https://journals.openedition.org/racf/pdf/2969}}.</ref>.
 
Le premier signalement de ceces monumentmonuments semble dater de 1856<ref>{{ouvrage|auteur=[[Justin Cénac-Moncaut]]|titre=Voyage archéologique et historique dans l'ancien comté de Comminges et dans celui des Quatre-Vallées|année=1856|éditeur=Th. Telmon|pages totales=170171|passage=3031 (note 1)|url=https://books.google.fr/books?id=y4LjxJphWIcC&pg=PA30PA31#v=onepage&q&f=false}}.</ref> et l'érudit et homme politique local [[Justin Cénac-Moncaut]] propose alors à l'État, devant le mauvais état des monuments, de racheter les terrains où se trouvent les piles<ref>{{Article|auteur=[[Jules Quicherat]]|titre=Communication de M. Cénac-Moncaut|périodique=Revue des sociétés savantes de la France et de l'étranger|année=1863|page=487-488|url=https://books.google.fr/books?id=A3FEAQAAMAAJ&pg=PA487}}.</ref> mais le propriétaire refuse de vendre<ref>{{Article|auteur=Jacques Lapart|titre=Bulletin académique de l'année 2003-2204|périodique=Mémoires de la [[Société archéologique du Midi de la France]]|année=2004|tome=LXIV|page=233|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580302g/f235}}.</ref>. [[Philippe Lauzun]] fait part de cette information dans son « Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers » (1898){{Sfn|Lauzun|1898|p=23}}.
 
Des campagnes de fouilles sont conduites et des relevés sont organiséseffectués entre 1965 et 1968 par le bureau archéologiqued'architecture antique du Sud-Ouest sous la direction de [[Jean Lauffray]] et [[Georges Fouet]]<ref name="G66">{{Article|auteur=[[Michel Labrousse]]|titre=Midi-Pyrénées|périodique=[[Gallia (revue)|Gallia]]|tome=XXIV|numéro=2|année=1966|pages=435-436|url=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1966_num_24_2_2454}}.</ref>{{,}}<ref name="G68">{{Article|auteur=[[Michel Labrousse]]|titre=Midi-Pyrénées|périodique=[[Gallia (revue)|Gallia]]|tome=XXVI|numéro=2|année=1968|pages=542-543|url=https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1968_num_26_2_2511}}.</ref>.
 
Jacques Lapart et Catherine Petit (''Carte archéologique de la Gaule - le Gers (32)'', 1993) et Pascale Clauss-Balty (''Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France'', 2016) font le point sur les connaissances sur le sujet. Dans ce dernier ouvrage, un chapitre spécifique est consacré à la synthèse des fouilles{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=129-155}}.
 
== Description ==
[[Fichier:Mirande - piles de Betbèze plan.svg|vignette|Plan des piles de Betbèze.]]
Le complexe se compose de deux piles et de deux enclos associés. La {{nobr|pile 1}}, ainsi dénommée par convention dans le bibliographie, est celle dont les vestiges sont encore apparents. La {{nobr|pile 2}}, au sud de la précédente, n'est plus visible.
 
=== Pile 1 ===
Le massif de fondations du monument lui-même, épais de {{unité|0.76|m}}, mesure {{dunité|3.40|3.05|m}}. Au-dessus, le soubassement mesure {{tunité|3.17|2.78|1.14|m}}. Il est surmonté d'un podium de {{tunité|2.94|2.56|3.12|m}}. L'étage supérieur, qui n'est conservé que sur {{unité|0.32|m}}, est établi sur plan rectangulaire de {{dunité|2.85|2.50|m}}{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=36}}.
 
Les restitutions qui sont faites de cette pile suggèrent un monument haut d'environ {{unité|8|m}}, pourvu d'une niche à fond plat{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=186}} surmontée d'un arc en plein cintre sur sa face orientale et coiffé d'une toiture en pyramide ou, plus probablement en raison du plan [[massif barlong|barlong]] de la pile, en [[bâtière]]{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=134}}. La technique de construction, courante pour ce type de monument, fait appel à un noyau en {{latin|[[opus caementicium]]}} recouvert d'un [[parement]] en {{latin|[[opus vittatum]]}}{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=36}} ; aucun [[pilastre]] ne semble décorer les angles du podium dont l'[[entablement]] est simple{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=184}}.
 
La pile est adossée au fond d'un enclos trapézoïdal dont l'entrée, large de deux mètres dans l'axe du monument, est tournée vers l'est ; elle est encadrée de pilastres{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=130}}. Cet enclos mesure {{unité|12.95|à=13.30|m}} sur {{unité|16.65|à=17.75|m}} et son mur est haut de {{unité|1.90|m}}<ref name="G66"/>{{,}}{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=36}}.
 
Les fouilleurs identifient deux états de construction du site. Du premier état subsiste la pile elle-même ainsi que le mur oriental de l'enclos. Dans un second temps ({{s-|III}}), les autres murs de l'enclos sont reconstruits et un dispositif, peut-être une galerie couverte, paraît adossé intérieurement aux trois murs libres de l'enclos. L'existence de cette galerie, ne reposant que sur des indices ténus, est très discutée{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=131}}.
 
=== Pile 2 ===
Hormis le massif de fondations mesurant {{dunité|3.10|2.65|m}}, aucun vestige de cette pile ne subsiste et aucune restitution de son élévation ne peut être proposée{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=134}}.
 
Comme dans le cas de la {{nobr|pile 1}}, le monument principal est adossé au mur occidental d'un enclos qui s'ouvre à l'est. Ce dernier, là encore trapézoïdal, mesure {{unité|15.00|à=16.20|m}} sur {{unité|13.00|à=12.70|m}}. Deux phases consécutives de construction, non confirmées, sont suggérées{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=134}}.
 
=== Sépultures et mobilier archéologique ===
Ce sont au total trente-et-une sépultures qui sont découvertes, dans les deux enclos ou à leur proximité immédiate, sachant que les fouilles n'ont pas été exhaustives sur tout ce périmètre{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=152}}. Vingt-sept sont des sépultures à incinération, quatre sont des inhumations. Dans l'un et l'autre cas, les sépultures sont généralement réalisées dans des fosses creusées dans le substrat, sans vestige retrouvé d'urne (sauf pour trois des incinérations mais l'urne a pu être volontairement brisée et déposée près des cendres{{Sfn|Lapart|2002|p=24}}) ou de cercueil ou sarcophage. Tout au plus, les fosses d’incinération sont-elles parfois recouvertes d'une pierre de protection{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=135-136}}. L'une des sépultures (incinération), placée au pied de la {{nobr|pile 1}} dans l'axe de l'enclos, pourrait être celle à l'origine de la construction de cette pile et de son enclos en raison de sa position privilégiée et de son ancienneté par rapport à d'autres structures{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=137}}.
{{média externe|image1=[https://www.persee.fr/renderIllustration/acths_0000-0001_2002_act_126_1_T1_0029_0000_1.png Homme tenant un lièvre] sur le portail [[Persée (portail)|Persée]].}}
Les fouilles ont mis au jour plusieurs statues dans ou autour de l'{{nobr|enclos 2}} ; elles sont confectionnées en calcaire tendre d'origine local{{Sfn|Lapart|2002|p=27-29}} et d'une facture « maladroite »<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Nicole Lemaître]]|titre=Religion et politique dans les sociétés du Midi|volume=126, partie 2|éditeur=éditions du CTHS|année=2002|pages totales=320|isbn=978-2-7355-0534-0|passage=34}}.</ref>. L'une d'elles, dont seule la partie supérieure est retrouvée, représente un homme tenant un lièvre dans ses bras ; une autre est celle d'un homme, mais la tête manque ; une troisième figure la tête d'un aigle ; une quatrième est celle du corps très mutilé d'un lion ; enfin, une dernière représente la tête d'un sanglier{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=147-150}}.
 
Près d'une vingtaine de monnaies sont retrouvées, la plus ancienne étant un [[Dupondius de Nîmes]] (période [[Auguste|augusto]]-[[Tibère|tibérienne]]) et les plus récentes émises sous le règne de [[Claude II le Gothique]]{{Sfn|Lapart|Petit|1993|p=254}}. De nombreux objets sont retrouvés : fragments de céramique, [[fibule]]s, porte-flambeaux, ainsi que de nombreux clous provenant peut-être des bois de récupération utilisés pour les [[bûcher funéraire|bûchers funéraires]]{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=146}}.
 
== Fonction==
La présence de ld'enclos et les nombreuses sépultures retrouvées dans tet autour de ce dernerceux-ci ne laissent aucun doute sur la foncionfonction dudes monumentmonuments. IlLes s'agitdeux d'unpiles sont des [[mausolée]]s, ou plus probablement des [[cénotaphe]]s car ils ne renferment sans doute pas de sépulture, destinédestinés à perpétuer le souvenir d'une ou plusieurs des personnes dont les sépultures se trouvent sur le site. Les fouillesstatues surretrouvées, lemême sitesi deleur lavaleur secondesymbolique pile,reste disparueà préciser, ontsont donnébien lesdes mêmesobjets résultats et conduisent auxà mêmesvocation conclusionsfunéraire{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=152}}.
 
Les fouilles montrent que les deux piles, et peut-être une troisième non localisée à proximité, sont les éléments d'une [[nécropole]] étendue et fréquentée pendant plus de trois siècles{{Sfn|Clauss-Balty|2016|p=153}}{{,}}{{Sfn|Sillières|Soukiassian|1993|p=302}}, qui ne se limite sans doute pas à ces piles et leurs enclos{{Sfn|Sillières|Soukiassian|1993|p=304}}.
 
== Références ==
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== Voir aussi ==
{{Autres projets
|commons = Category:Piles gallo-romaines de Betbèze
}}
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
 
* {{Ouvrage|auteur=Pascale Clauss-Balty|directeur=oui|titre=Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France|lieu=Pau|éditeur=Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour|collection=Archaia|numéro dans collection=III|année=2016|pages totales=231|isbn=978-2-3531-1063-6|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Jacques Lapart|auteur2=Catherine Petit|titre= Le Gers|éditeur= Académie des inscriptions et belles-lettres |collection= [[Carte archéologique de la Gaule]] |numéro dans la collection= 32 |lieu= Paris |année= 1993 |pages totales= 354 |isbn= 2-8775-4025-1|plume=oui}}.
* {{Chapitre|auteur=Jacques Lapart|titre=Les sculptures en calcaire trouvées dans les piles gallo-romaines de Betbèze à Mirande (Gers) d’après le carnet de fouilles inédit de Georges Fouet|titre ouvrage=Religion et politique dans les sociétés du Midi. Actes du 126e126{{e}} Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Terres et hommes du Sud », Toulouse, 2001|lieu=Paris|éditeur=Éditions du CTHS|année=2002|pages totales=323|isbn=978-2-7355-0534-0|passage=17-35|url=https://www.persee.fr/doc/acths_0000-0001_2002_act_126_1_4898|plume=oui}}.
* {{Article|auteur=[[Philippe Lauzun]]|titre=Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers|périodique=Bulletin Monumental|lieu=Caen|éditeur=Henri Delesques imprimeur-éditeur|année=1898|tome=LXIII|pages=5-68|doi=10.3406/bulmo.1898.11144|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Auguste-François Lièvre]]|titre=Les fana ou vernemets (dits piles romaines) du sud-ouest de la Gaule|lieu=Paris|éditeur=E. Thorin|année=1888|pages totales=29}}.
* {{Article|auteur1=Pierre Sillières|auteur2=Georges Soukiassian|titre=Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches|titre numéro=Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992)|année=1993|page= 299-306|périodique=Supplément à la [[Revue archéologique du Centre de la France]]|numéro=6|url=https://www.persee.fr/doc/sracf_1159-7151_1993_act_6_1_942|plume=oui}}.
 
=== Articles connexes ===
* [[Pile (monument)]]
* [[Rite funéraire de la religion romaine]]
 
=== Liens externes ===
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{{Palette|Monuments funéraires romains}}
 
{{Portail|Rome antique|archéologie|Gers}}
 
[[Catégorie:Pile (monument)|Betbèze]]
[[Catégorie:Mirande]]
[[Catégorie:Monument funéraire romain en France]]