« Pierre Soulages » : différence entre les versions
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noire, éclatent, fusent, transpercent l'obscurité et semblent ramper sous la sombre écorce.|[[André Fermigier]], ''Le noir n'est pas si noir'', in ''[[L'Obs|Le Nouvel Observateur]]'', {{date-|29 mars 1967}}}}
À partir de 1967, l'introduction du polyptyque permet au peintre d'agrandir de façon conséquente les dimensions de l'œuvre tout en rompant la continuité de la surface picturale. Il oblige le « regardeur » à prendre du recul pour élargir son champ visuel et il crée des lignes de forces supplémentaires{{sfn|Dyan|Amer|2021|p=21}}.
L'année suivante, il délaisse la couleur et ne travaille plus qu'avec le noir et le blanc, le noir ayant tendance à occuper une place de plus en plus importante dans la toile dont le format s'agrandit{{sfn|Wat|2009|p=20-21}}.
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==== Noir-lumière et Outrenoir ====
===== 1972-1978 =====
Retour pendant deux années du travail sur papier : eau-forte, lithographie et sérigraphie{{sfn|Encrevé|2003|p=160}}. De janvier 1974 à 1978, Soulages se remet à peindre sur toile, entamant une transition qui le conduira, au fil d'une lente progression de la couleur noire vers l'occupation totale de l’espace pictural, aux futurs Outrenoirs{{sfn|Dyan|Amer|2021|p=16}}. Sur cette période, dans des formats essentiellement petits et moyens, il revisite son œuvre de la décennie précédente tout en y apportant de la nouveauté{{sfn|Dyan|Amer|2021|p=16}} : jeu subtil de superpositions de matières et de couleurs, créant un sentiment de profondeur sur la toile grâce à un arrangement de tons sombres épais sur des tons clairs fluides{{sfn|Dyan|Amer|2021|p=16}}.
===== La rupture de 1979 =====
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Soulages a esquissé lui-même une typologie de ses tableaux, discernant {{"|trois voies du noir}} : {{"|1. Le noir sur un fond : contraste plus actif que celui de toute autre couleur pour illuminer les clairs du fond ; 2. Des couleurs, d’abord occultées par le noir, venant par endroits sourdre de la toile, exaltées par ce noir qui les entoure ; 3. La texture du noir (avec ou sans directivité dynamisant ou non la surface) : matière matrice de reflets changeants}}<ref name="CdA"/>.
L'outrenoir présente une variété d'effets : utilisation de couleurs comme le brun ou le bleu, mêlées au noir (ainsi d'avril 1987 à août 1988, Soulages peint 38 toiles toutes réalisées en intégrant le bleu et le noir{{sfn|Dyan|Amer|2021|p=42}}.
) ; utilisation du blanc en contraste violent avec le noir et parfois du blanc sur l'entière surface de la toile (trois monochromes blancs peints en 2012<ref group=alpha>Il s'agit de ''Peinture {{Dunité|102|130|cm}}, {{date|21 mars 2012}}'', ''Peinture {{Dunité|92|81|cm}}, {{date|26 mars 2012}}'' et ''Peinture {{Dunité|55|46|cm}}, {{date|23 avril 2012}}'' cités par [[Éric de Chassey]] dans l'ouvrage ''Les derniers Soulages: 2010-2022'' {{p.}}33, {{date-|2023}}.</ref>).
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Depuis ses débuts, à côté de sa pratique de la peinture sur toile, Soulages élabore une œuvre parallèle et complémentaire sur papier à l'aide de différents médiums (l'[[encre de Chine]], la gouache, le brou de noix, le [[fusain]] ou encore la [[mine de plomb]])<ref group="F" name="andral">{{opcit}}</ref>. Il a d'abord recours au papier parce que c'est un support banal, bon marché (tout autant que le brou de noix) et qu'il peut se permettre de le gâcher sans regret, lui qui dans les années d'après-guerre est désargenté. Le papier a aussi plusieurs autres avantages : ses formats sont tout prêts et contraints (l'artiste peut se lancer sans préalable, au contraire de la toile qui impose de fabriquer le châssis ou de préparer le support), il interdit le repentir et, le travail se faisant nécessairement vite, favorise la spontanéité et permet ainsi d'effectuer un nombre important de peintures dans une même journée<ref group="F" name="andral" />.
Ces « peintures sur papier » (l'expression a été choisie par Soulages lui-même<ref group="F" name="andral" />), dont le nombre est estimé entre sept et huit cents œuvres<ref group="F" name="andral" />, constituent un ensemble unique au sein de sa production, qui s'étend de [[1946]] à [[2004]]. La plus grande partie a été peinte de 1946 à 1978, période où elle se développe parallèlement à la peinture sur toile mais indépendamment d'elle<ref group="F" name="andral" />, l'année 1977 étant particulièrement prolifique puisqu'il réalise près d'une centaine d'œuvres sur ce support pour seulement trois peintures sur toile{{sfn|Dyan|Amer|2021|p=53}}. À la suite de sa découverte de l'Outrenoir en 1979, Soulages délaisse le papier jusqu'en 1997{{sfn|Dyan|Amer|2021|p=48}}.
Elles ont fait l'objet de plusieurs expositions : à la [[Galerie de France]] en 1963 (''Peintures sur papier'' du {{date|19 mars}} au {{date|20 avril}}) et en 1977 (''Bronzes et peintures sur papier'' du {{date|8 novembre}} au {{date|30 décembre}}), au [[Musée Picasso (Antibes)|Musée Picasso]] d'[[Antibes]] du {{date|2 avril}} au {{date|26 juin 2016}}, intitulée ''Soulages. Papiers'', présentant quatre-vingt-seize de ces œuvres<ref group="F" name="andral" /> et en 2018-2019 au [[musée Soulages]] de [[Rodez]], intitulée ''Pierre Soulages, œuvres sur papier - Une présentation'', réunissant cent dix-sept d'entre elles.
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