« Architecture gothique » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|gothique}}
[[Image:Abbeville 23-09-2008 15-22-11.JPG|vignette|220px|[[Église Saint-Vulfran d'Abbeville]] (1488–{{s-|XVII}}).]]

L{{'}}'''architecture gothique''' est un [[Architecture|style architectural]] d'origine [[France|française]] qui s'est développée à partir de la seconde partie du [[Moyen Âge]] en [[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]]. Elle apparaît en [[Île-de-France]] et en [[Picardie|Haute-Picardie]] au {{s-|XII}}. Elle se diffuse rapidement au nord puis au sud de la [[Loire]] et en [[Europe]] jusqu'au milieu du {{s-|XVI}} et même jusqu'au {{s-|XVII}} dans certains pays. L'esthétique gothique et ses techniques se perpétuent dans l'architecture française au-delà du {{s-|XVI}}, en pleine période classique, dans certains détails et modes de constructions. Enfin, un véritable renouveau apparaît avec la vague de l'[[historicisme]] du {{s-|XIX}} jusqu'au début du {{s-|XX}}. Le style a alors été qualifié de [[Style néogothique|néogothique]].
 
== Nom et étymologie ==
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{{clr|left}}
 
== Le gothiqueGothique primitif ou protogothique : 1130-1180 ==
{{article détaillé|Occident au XIIe siècle}}
[[Fichier:Basilica Saint Denis ambulatory.JPG|gauche|vignette|upright|Déambulatoire de la [[basilique Saint-Denis]].]]
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</center>
 
== Le gothiqueGothique classique : Chartres contre Bourges 1180-1230 ==
<gallery mode="packed" heights="140" caption="[[Cathédrale Notre-Dame de Chartres]] (1194-1230)">
image:Chartres cathedral.jpg|[[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|Chartres]]
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Dès l'époque de [[Philippe II Auguste|Philippe-Auguste]], à la fin du {{s|XII}}, la [[Royaume de France|monarchie française]] s'affirme avec une expansion de son pouvoir et de son territoire : faisant suite à sa rivalité avec [[Plantagenêt|les Plantagenêts]], l'[[Aquitaine (ancienne région)|Aquitaine]] et la [[Normandie]] sont rattachés à la [[France]] dès le début du {{s|XIII}}, l'achèvement de la [[croisade des Albigeois]], en 1229, se termine par l'annexion du [[comté de Toulouse]] en [[1271]]<ref>Le Roy Ladurie (Emmanuel), ''Histoire de France des régions'', Seuil, 2001, {{p.|284}}.</ref>. Le [[Saint-Empire romain germanique|Saint Empire romain germanique]] perd également son prestige au profit du [[Roi de France]] à la suite de la [[bataille de Bouvines]]. La [[France]] s'impose ainsi comme la première puissance de l'[[occident chrétien]] qui se manifestera par les deux [[croisade]]s du règne de [[Louis IX|Saint-Louis]] et la fondation à [[Paris]] de la première [[université]] d'Europe.
 
=== Les caractéristiquesCaractéristiques ===
Le ''gothique classique'' ouvre ce qu'on appellera au {{s-|XIII}}, le « ''Siècle des cathédrales'' » : Il correspond à la phase de maturation et d'équilibre des formes (fin {{s|XII}}-1230 environ). Des centaines d'églises sont construites ou modifiées dans les villes et villages ou pour les monastères en tenant compte des nouveaux principes dès la fin du {{s-|XII}}. Dans les cathédrales, le rythme et la décoration se simplifient et l'architecture s'uniformise : l'élan vertical est de plus en plus prononcé tandis que l'[[Arc-boutant|arc boutant]], qui enjambe les bas-côtés pour transmettre la poussée de la voûte centrale, devient un organe essentiel. Son utilisation systématique permet à ''[[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|Chartres]],'' la création régulière grâce à la ''[[Croisée d'ogives|voûte sexpartite]]'' et l'abandon du principe de piles alternées très marqué à [[Sens (Yonne)|Sens]]. C'est dans le [[domaine royal]] de la [[Capétiens|dynastie capétienne]] en pleine affirmation que le style trouve son expression la plus classique<ref>Branner Robert, ''St. Louis and the Court style in Gothic architecture'', Londres, A. Zwemmer, 1965 {{ISBN|0-302-02753-X}}.</ref>.
 
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|}
 
== Le gothiqueGothique rayonnant : 1230-1380 ==
=== Le {{s-|XIII}} : le siècle des cathédrales ===
<gallery mode="packed">
Rozeta Paryż notre-dame chalger.jpg|Rose de la façade nord de [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]].
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Le pilier est le plus souvent [[pilier fasciculé|fasciculé]], c'est-à-dire entouré de multiples colonnettes rassemblées en faisceau. Contrastant avec la tendance du pilier fasciculé, tout un groupe de cathédrales et grandes églises adoptent cependant des piles cylindriques à l'imitation de la [[cathédrale Saint-Étienne de Châlons]].
 
=== Le {{s-|XIV}} : vers une rupture ? ===
<gallery mode="packed">
Basilique Saint-Urbain de Troyes, South-East View 20140509 1.jpg|[[Basilique Saint-Urbain de Troyes]].
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Le [[triforium]] ajouré en [[Claire-voie (architecture)|claire-voie]], généralisé dès le milieu du {{s-|XIII}}, se voit réduit par l'espace croissant réservé à l'ouverture des fenêtres hautes. Cette évolution est visible dans la technique de l'[[arc-boutant]] : on s'aperçoit que les seules parties qui travaillent sont l'[[Extrados (architecture)|extrados]] qui transmet la poussée des [[Croisée d’ogives|voûtes]] et l'[[Intrados (architecture)|intrados]] qui la soutient. Les parties intermédiaires et les [[écoinçon]]s, se voient ainsi de plus en plus évidés, ajourés de [[Rosace (architecture)|rosaces]] ou de trèfles à quatre lobes ([[Basilique Saint-Urbain de Troyes|Saint-Urbain de Troyes]])<ref name=":4" />.
 
== Le gothiqueGothique international : l’âge des princes, 1380-1420 ==
{{Article détaillé|Gothique international}}
 
Ligne 458 ⟶ 460 :
Au cours de cette période, si l'architecture gothique, désormais au service de la propagande politique, reste fidèle aux formes du {{s|XIV}}, elle s'engage pourtant sur des voies audacieuses dont les éléments nouveaux, au rôle déterminant, seront pleinement exploités au siècle suivant<ref name=":6" />.
 
=== Les caractéristiquesCaractéristiques ===
[[Fichier:Interior of St. Vitus Cathedral Prague 01.jpg|gauche|vignette|Chœur de [[Cathédrale Saint-Guy de Prague|Saint Guy de Prague]] (1344-1420) par [[Mathieu d'Arras|Matthieu d'Arras]] puis [[Peter Parler|Peter paler]].]]
Entre la fin du {{s mini|XIV}} et le début du {{s|XV}}, le gothique international<ref>Du nom de la huitième exposition tenue sous les auspices du Conseil de l'Europe au [[Kunsthistorisches Museum]] de Vienne du 7 mai 1962 au 31 juillet 1962. [http://www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/culture/events/1962_fr.asp Lire en ligne]. Page consultée le 4 juillet 2012.</ref> est une phase transitoire de l'[[art gothique]] témoignant de la proximité de caractères présents dans l’art de régions parfois fort éloignées, de l’Europe occidentale. Pouvant s'exprimer à l'échelle d'une cité<ref name=":6" />, c'est un art brillant pliant les formes traditionnelles de l'architecture au rythme d’une écriture souple, tout en privilégiant les courbes et le raffinement : art de cour, il témoigne du goût prononcé de la société princière pour les fastes et le cérémonial. Certains historiens de l'art ont parfois remis en doute son caractère international<ref name=":7">{{en}} Définition du « style gothique international » sur le site de la Web Gallery of Art. [http://www.wga.hu/tours/gothic/definiti.html Lire en ligne]. Page consultée le 4 juillet 2012.</ref>, préférant même le considérer, « ''à de nombreux égards, [comme] non réellement pertinent […] dans la mesure où il tend à aplanir les différences comme les détails de la transmission [artistique]'' »<ref>{{en}} Luke Syson et Dillian Gordon, ''Pisanello : Painter to the Renaissance Court'', Londres, National Gallery Company, 2001, {{p.|58}}. {{ISBN|978-1857099324}}.</ref>, préférant désigner ce mouvement comme un ''style aristocratique'', terme qui le définit également avec justesse<ref>{{en}} Ingo F. Walther, Robert Suckale, Manfred Wundram, ''Masterpieces of Western Art: A History of Art in 900 Individual Studies from the Gothic to the Present Day'', Taschen, 2002, {{p.|22}}. [https://books.google.co.uk/books?id=O7YSKD3scdcC&pg=PA22&dq=International+Gothic+Gothic+art+Burgundy,+Bohemia,+France++Italy&as_brr=3&sig=ACfU3U0uIHJQDrAyeEBjyEetb3hzBOJAXg#PPA22,M1 Lire en ligne]. {{ISBN|3-8228-1825-9}}.</ref>.
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La dominante monumentale marquant l'ensemble de la production artistique de l'époque dont la sculpture, apparaît avec netteté lorsque [[Philippe III le Hardi|Philippe le Hardi]], fait appel en 1383, au maître d’œuvre [[Claus Sluter]] pour réaliser près de [[Dijon]] le chantier de sa [[chartreuse de Champmol]]. Les quelques éléments sculptés qui nous sont parvenus, montrent cette volonté d'accompagner à nouveau l'architecture. Par ailleurs, la Vierge à l'enfant au pilier central du portail, reflète la tradition de l'époque sous influence flamande : jambe d'appui et jambe libre, drapé en volutes, sensation de tension, d'énergie et de « dialogue » entre la Vierge et son enfant.
 
== Le gothiqueGothique flamboyant : 1420-début {{s-|XVI}} ==
 
=== Galerie ===
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* [[Rouen]], [[Palais de justice de Rouen|palais de Justice]].
 
== Le styleStyle {{souverain-|Louis XII}} : transition entre art gothique et Première Renaissance, 1495-1530 ==
{{Article détaillé|Style Louis XII}}
<gallery mode="packed">
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{{clr|left}}
== Le Gothique des temps modernes : {{s2-|XVII|XVIII}} ==
<gallery mode="packed" caption="Cathédrales [[Cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne|Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne]] et [[Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes|Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes]]">
Fichier:Cathédrale Saint-Just de Narbonne - exposition Nord Ouest.jpg|[[Cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne|Narbonne]], nef amorcée au début {{s-|XVIII}}.
Ligne 705 ⟶ 707 :
Le succès du néo-gothique se prolongea jusqu'au début du {{s|XX}} dans de nombreux [[gratte-ciel]], notamment à [[Chicago]] et New York. En Europe, le monument le plus célèbre s'inspirant de l'héritage gothique tout en s'en démarquant très nettement dans le style organique propre à Gaudi est probablement la ''[[Sagrada Família]]'' à [[Barcelone]] (Espagne).
 
== Les différentesDifférentes formes locales ==
Au {{s|XII}}, les innovations de l'architecture du premier [[art gothique]], apparues simultanément à [[Basilique Saint-Denis|Saint Denis]] et à [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|Chartres]], sont en fait contemporaines de l'apogée de l'[[art roman]] et même, dans certaines régions (sud-est de la [[France]] et [[Saint-Empire romain germanique|Saint-Empire Romain Germanique]]) légèrement antérieures à la grande floraison [[Art roman|romane]]. Ainsi, observe-t-on un grand décalage entre la préciosité des formes [[Art gothique|gothiques]], en [[Île-de-France]] et dans certaines zones de l'[[Europe]] où la nouvelle esthétique s'impose ponctuellement, et la résistance plus ou moins forte de régions entières à toute innovation. Il est d'ailleurs parfois difficile d'apprécier une transition nette entre [[Art roman|roman]] et [[Art gothique|gothique]] tant ils coexistent ou se mêlent<ref name=":13" />.
 
Ligne 713 ⟶ 715 :
 
=== En France ===
==== Le gothiqueGothique angevin (milieu {{s-|XII}} - milieu {{s-|XIII}}) ====
<gallery mode="packed">
Le Mans Cathédrale Saint-Julien 423.jpg|[[Nef]] de la [[cathédrale Saint-Julien du Mans]] (1220).
Ligne 737 ⟶ 739 :
 
{{clr|left}}
==== Le gothiqueGothique normand (fin du {{s-|XII}} - début du {{s-|XIII}}) ====
{{Article détaillé|Architecture normande}}
<gallery mode="packed">
Ligne 772 ⟶ 774 :
Cette architecture a grandement influencé l'[[art gothique]] en [[Angleterre]], où la présence d'une [[Tour-lanterne|tour centrale]] est la règle. On la retrouve également en [[Espagne]], à la cathédrale de [[Burgos]], en [[Suisse]] à la [[cathédrale de Lausanne]] ou encore dans le [[gothique scaldien]] des [[Flandre (Belgique)|Flandres]]. En [[France]], la [[Picardie (ancienne région administrative)|Picardie]] et l'[[Artois (province)|Artois]], semblent les régions les plus perméables à l'[[Architecture médiévale en Normandie|influence normande]], notamment par l'adoption du [[chevet]] plat et de la [[Tour-lanterne|tour lanterne]] à [[cathédrale de Laon|Notre-Dame de Laon]] tandis que les cathédrales aujourd'hui disparues de [[Cathédrale Notre-Dame de Cambrai|Cambrai]] ou d'[[Cathédrale Notre-Dame-en-Cité d'Arras|Arras]] (non achevée) s'ornaient d'une [[Tour-lanterne|tour centrale]] à l'intersection de leurs [[Croisillon (architecture)|croisillons]].
 
==== Le gothiqueGothique méridional ====
{{Article détaillé|Gothique méridional}}
{{article connexe|Liste des édifices en brique du gothique méridional}}
Ligne 808 ⟶ 810 :
Si on applique essentiellement le terme de ''[[gothique méridional]]'' à des édifices de culte, églises et cathédrales, les principes de leur architecture peuvent se retrouver dans des bâtiments servant à d’autres usages : sobriété de la construction, absence ou limitation de la décoration sculptée, aspect massif, éléments de défense. On peut citer entre-autres certains hôtels particuliers et le [[Musée Saint-Raymond|collège Saint-Raymond]], à [[Toulouse]] et le [[palais de la Berbie]] d'[[Albi]].
 
=== Les écolesÉcoles en France ===
 
==== Île-de-France ====
Ligne 834 ⟶ 836 :
Les églises méridionales montrent une [[nef]] unique ou deux vaisseaux d’égale hauteur. Aux [[Arc-boutant|arcs-boutants]] on préfère des [[Contrefort|contreforts]] très saillants, entre lesquels on établit souvent de hautes [[Chapelle|chapelles]] latérales. Cette école régionale s’étend sur un vaste territoire, comprenant la [[Provence]], le [[Languedoc]] et la [[Catalogne]]. Elle produit une quantité de cathédrales : [[Cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras|Carpentras]], [[Cathédrale Saint-Étienne de Toulouse|Toulouse]], [[Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier|Montpellier]], [[Cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence|Aix-en-provence]], [[Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Clermont|Clermont-Ferrand]] et la plus célèbre, [[Cathédrale Sainte-Cécile d'Albi|Sainte-Cécile]] à [[Albi]].
 
== L'architectureArchitecture gothique hors de France ==
 
=== En Angleterre ===
Ligne 840 ⟶ 842 :
Contrairement au reste de l'Europe, le gothique anglais s'est développé en trois phases. On distingue le gothique « primaire », le gothique « curvilinéaire » et le gothique « perpendiculaire ».
 
==== Le gothiqueGothique primaire ====
[[Fichier:Salisbury Cathedral.jpg|thumb|[[Cathédrale de Salisbury]], exemple de style gothique primaire.]]
Le gothique primaire (ou « ''{{langue|en|Early English gothic}}'' ») se développe du {{s-|XII}} jusqu'en 1250..
Ligne 852 ⟶ 854 :
La [[cathédrale de Salisbury]] est un superbe exemple de ce style.
 
==== Le gothiqueGothique curvilinéaire ====
Il commence vers [[1250]] et va durer un siècle environ. Le gothique curvilinéaire (ou « ''decorated style'' ») se distingue par des baies gothiques très travaillées. Elles comprennent des [[meneau]]x qui séparent les différentes parties de la fenêtre. À l'intérieur du bâtiment, les colonnes sont plus fines et plus élégantes que celles du gothique primaire.
 
Ligne 862 ⟶ 864 :
Les intérieurs de cette période comportent souvent de hautes colonnes aux formes plus élancées et plus élégantes qu'au style précédent. Les voûtes deviennent plus complexes grâce à une augmentation du nombre de nervures.
 
==== Le gothiqueGothique perpendiculaire ====
{{loupe|Gothique perpendiculaire}}
[[Fichier:Fan-vaultings.jpg|vignette|upright|Voûtes en éventail de l'[[abbaye de Bath]].]]
Ligne 872 ⟶ 874 :
 
=== En Belgique et aux Pays-Bas ===
==== Le gothiqueGothique brabançon ====
{{Article détaillé|Gothique brabançon}}
Le style gothique brabançon est une variante que l'on retrouve dans plusieurs monuments situés sur le territoire du [[duché de Brabant|Brabant]] historique, c'est-à-dire en [[Belgique]] (provinces de Brabant et d'Anvers) ainsi qu'au sud des [[Pays-Bas]] (province de [[Brabant-Septentrional]]), et dans les régions avoisinantes. Né au {{s-|XIII}} sous l'influence du gothique français, le gothique brabançon ne tarde pas à acquérir des caractéristiques propres.
 
==== Le gothiqueGothique tournaisien ====
Le [[gothique tournaisien]] (parfois appelé gothique scaldien) est un style architectural gothique primitif ou romano-gothique de transition, typique de l'ancien [[comté de Flandre]].
 
==== Le gothiqueGothique mosan ====
{{Article détaillé|Gothique mosan}}
Le [[gothique mosan]] est le nom d'un style local de l'architecture gothique qui s'est développé dans la [[principauté de Liège]] du XIIIe au XVIe siècle.
Ligne 885 ⟶ 887 :
=== Dans le Saint-Empire romain germanique et l'État de l'ordre Teutonique ===
[[Fichier:Elisabethkirche Marburg von SW.jpg|vignette|[[Église Sainte-Élisabeth (Marbourg)|Église Sainte-Élisabeth de Marbourg]] (église-halle de pierre).]]
==== Le gothiqueGothique rhénan ====
S'inspirant du [[plan roman-rhénan]] hérité des cathédrales [[Architecture ottonienne|ottoniennes]] à deux chevets, cette forme architecturale, bien que souvent abandonnée à la période gothique, se retrouve dans certains édifices {{incise|principalement en [[Lorraine]]}}, mais également dans les régions voisines, comme l'Alsace, la [[Champagne-Ardenne]] ou encore la [[Franche-Comté]].
 
Ligne 897 ⟶ 899 :
Par ailleurs, le gothique rhénan a conduit plus tard à la construction de flèches audacieuses, comme celle de la [[collégiale Saint-Thiébaut de Thann]], ou celles de la [[cathédrale Notre-Dame de Strasbourg]]. Ces [[Tour (édifice)|tours]] dotées d'une flèche sont typiques de l'[[architecture]] [[Saint-Empire romain germanique|germanique]].
 
==== Le ''Sondergotik'' ====
[[Fichier:Église Sainte-Marie de Lübeck.jpg|vignette|gauche|upright|[[Église Sainte-Marie de Lübeck]] (briques, structure et plan basilical).]]
[[Fichier:Bazylika Mariacka DSC01870.jpg|vignette|[[Église Sainte-Marie de Gdańsk]] (église-halle de briques).]]
Ligne 910 ⟶ 912 :
L'église-halle comprend en général une nef et des bas-côtés de hauteur égale. Il y a aussi des églises-halles construites en pierre, notamment en [[Westphalie]]. De même, ce type d'église se rencontre fréquemment dans l'extrême Nord de la France ainsi qu'en Flandre et aux Pays-Bas. La [[cathédrale Notre-Dame de Munich]] et l'[[église Saint-Martin (Landshut)|église Saint-Martin de Landshut]], en Allemagne du sud, sont des églises-halles gothiques, édifiées en grande partie en brique.
 
==== Le gothiqueGothique cistercien ====
Les principes [[Bernard de Clairvaux|bernardiens]] de la simplicité, définis dans l'[[art cistercien]] bourguignons, sont ensuite exportés, notamment en Allemagne, Pologne et Italie, et maintenus dans la plupart des édifices durant toute l'époque gothique. Ils se caractérisent notamment par l'absence d'arcs-boutants.
 
Ligne 1 014 ⟶ 1 016 :
Né à l'époque des Croisades, l'art gothique a laissé quelques témoignages inattendus dans les pays du Levant, comme à Chypre<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Camille Enlart]]|titre=L'art gothique et la renaissance en Chypre : illustré de 34 planches et de 421 figures|lieu=Paris|éditeur=E. Leroux|année=1899|pages totales=416|isbn=|lire en ligne=http://1886.u-bordeaux-montaigne.fr/items/show/9111|consulté le=13 juin 2014}}.</ref> où les cathédrales latines de [[Nicosie]] ([[cathédrale Sainte-Sophie de Nicosie]]) et [[Famagouste]] ([[mosquée Lala Mustapha Pacha]]) furent ensuite converties en mosquées.
 
== Le chantierChantier de la cathédrale ==
 
=== La motivationMotivation ===
Entre le {{s-|XI}} et le {{s-|XIII}}, l’[[Occident]] connaît une prospérité économique régulière qui s’exprime par une forte croissance démographique. Celle-ci est particulièrement sensible dans les villes : lieux d’échange, de commerce et de rencontre, elles attirent les populations et concentrent les richesses. Cette population toujours plus nombreuse, que ne peut contenir la [[cathédrale]] romane devenue exiguë, explique généralement la dynamique du chantier gothique. Mais parfois, l’ouverture du chantier cathédral doit beaucoup à la rivalité des [[Évêque|évêques]] ou des [[Chanoine|chanoines]], chacun désirant surpasser son voisin par une cathédrale plus majestueuse, plus haute, plus vaste et surtout gothique.
 
Quelles qu'en soient les motivations et aussi démesuré soit-il, le nouveau projet sera d’autant plus facilement accueilli par la population qu’elle aussi, tout comme le [[clergé]], participera à une émulation générale portée à son paroxysme le jour de l’inauguration. Pour l’occasion l’[[évêque]] ne manque pas d’inviter les [[Prélature|prélats]] des [[Diocèse|diocèses]] voisins : ils viendront souvent accompagnés de leurs [[Architecte|architectes]] attitrés, qui pourront s’inspirer de l’œuvre achevée, ce qui explique une certaine parenté entre beaucoup de cathédrales contemporaines.
 
=== Le financementFinancement ===
Aucun chantier cathédral ne peut être envisagé sans un financement à long terme car les travaux dureront à l’ordinaire plusieurs décennies : que les fonds viennent à manquer, le chantier s’arrêtera quelques mois voire des années. Parfois, écrasées pendant plusieurs générations sous le poids de leurs dettes, certaines cités, comme [[Beauvais]], devront laisser leurs [[Cathédrale|cathédrales]] inachevées ou reconsidérer avec plus de modestie leur projet initial. Ce financement, qui mobilise d’importants capitaux, implique un montage complexe, intégrant plusieurs sources de revenus, que doit gérer le [[Chapitre de chanoines|chapitre]], c’est-à-dire l’assemblée des [[Chanoine|chanoines]] ou la fabrique, constituée de [[Chanoine|chanoines]] et de personnalités civiles.
[[Fichier:Chartres-102 Boulangers.jpg|gauche|vignette|378x378px|Cette représentation de boulangers sur un vitrail atteste que cette corporation s'est montrée généreuse ([[Cathédrale Saint-Étienne de Bourges|cathédrale de Bourges]])]]
Ligne 1 034 ⟶ 1 036 :
C’est souvent par rivalité avec la ville voisine que la cité médiévale s’attache à construire. Il arrive parfois que la générosité de certains riches donateurs cherche à faire excuser une fortune dont l’origine n’est guère conciliable avec les préceptes chrétiens. Les [[Métier (corps)|corps de métiers]] qui généreusement financent l’installation de quarante-cinq [[Verrière (architecture)|verrières]] dans le déambulatoire de [[Cathédrale Notre-Dame de Chartres|Chartres]] n’en sont pour autant pas moins intéressés : en même temps qu’une œuvre pieuse, ils se font, à la manière de nos [[Mécénat|mécènes]] contemporains, une prestigieuse promotion commerciale puisqu’en admirant les splendides [[Vitrail|vitraux]], les fidèles ne pourront ignorer leurs noms et leurs activités. Mais cette générosité intense est aussi en grande partie désintéressée puisque suscitée par la ferveur de tout un peuple.
 
=== L'architecteArchitecte ===
[[Fichier:Reims Cathedral Hugues Libergier.jpg|vignette|Plaque tombale d'[[Hugues Libergier]] dans la [[Cathédrale Notre-Dame de Reims|cathédrale de Reims]] (Marne)]]
Souvent, à l'époque romane, l'[[architecte]] était un maître [[maçon]] qui travaillait de façon plus ou moins empirique, aux côtés de ses compagnons [[Tailleur de pierre|tailleurs de pierre]] dont il se distinguait par l'expérience et un sens de la coordination plus grand. Mais la construction d'une cathédrale est un chantier complexe : l'importance des travaux, la cohérence de l'édifice, son haut niveau de technicité impliquent un savoir important. Le maître maçon devient alors architecte et [[ingénieur]], et son statut évolue considérablement vers la fin du {{s-|XII}}.
Ligne 1 044 ⟶ 1 046 :
Ce statut privilégié peut être générateur de tensions entre le maître d'ouvrage et l'[[architecte]], surtout lorsque celui-ci est réputé et se voit confier la direction de plusieurs chantiers simultanés : [[Gautier de Varinfroy]] collabore ainsi à la construction des cathédrales de [[Cathédrale Saint-Étienne de Meaux|Meaux]] et d'[[Cathédrale Notre-Dame d'Évreux|Evreux]], [[Martin Chambiges]] à celles de [[Cathédrale Saint-Étienne de Sens|Sens]], [[Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes|Troyes]] et [[Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais|Beauvais]]. De ce fait, il ne peut être durablement présent sur chacun de ses chantiers, et ses absences auront des répercussions sur le déroulement des travaux. Les commanditaires s'emploieront alors à rédiger des contrats plus rigoureux, interdisant à l'architecte de diriger un autre chantier en dehors du [[diocèse]] sans l'autorisation de son [[Évêque catholique|évêque]] ou de son [[Chapitre de chanoines|chapitre]], ou d'entreprendre plusieurs chantiers en même temps. Mais ces contrats continueront à garantir aux intéressés des salaires et des avantages importants.
 
=== Les plansPlans et les modèles ===
À la différence de l'[[Architecture romane|église romane]] souvent construite de façon empirique, la cathédrale gothique est une œuvre dont la complexité ne supporte pas une telle approche : aux plans d'édifices romans tracés directement, grandeur réelle, sur un sol préalablement nivelé, l'architecte gothique oppose des projets planifiés et subtils, ou intervient la [[géométrie]], l'[[optique]], etc.
 
Ligne 1 053 ⟶ 1 055 :
Plans, [[Dessin|dessins]], [[Esquisse|esquisses]] ou [[Épure|épures]] sont le plus souvent tracés et conservés dans une salle réservée à l'architecte : c'est la « chambre aux traits », dont on connaît l'existence à [[Rouen]] et [[Paris]]. Avec les [[Gabarit (fabrication)|gabarits]] et les [[Môle (architecture)|môles]] qui, découpés dans le bois, donnent le profil grandeur réelle d'une base, d'une [[Ogive (architecture)|ogive]], d'une [[Nervure (architecture)|nervure]] ou d'un [[Arc (architecture)|arc]], ces documents graphiques constituent l'indispensable mémoire du chantier et ils permettent, malgré l'étalement prévisible des travaux dans le temps, une relative homogénéité dans l'architecture de la cathédrale.
 
=== Les métiersMétiers sur le chantier ===
 
==== Métiers de la pierre ====
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Néanmoins, en 1568, [[Philibert Delorme|Philibert de l’Orme]]<ref>{{Article|prénom1=Sergio Luis|nom1=Sanabria|titre=From Gothic to Renaissance Stereotomy: The Design Methods of Philibert de l'Orme and Alonso de Vandelvira|périodique=Technology and Culture|volume=30|numéro=2|date=1989|issn=0040-165X|doi=10.2307/3105105|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/3105105|consulté le=2022-05-17|pages=266–299}}</ref> décrivait le style architectural gothique comme «l’art moderne de la voûte». Même si la phrase est courte, elle partage implicitement tout le savoir-faire et les compétences développés à partir du milieu du {{S-|XII}}. {{Pas clair|Cette capacité à construire des édifices structurellement complexes avec le système de voûtes et d'arcs boutant, sans les outils de constructions moderne dont on dispose aujourd’hui|date=mai 2022}}. Cela a été permis grâce au développement de la [[stéréotomie]], à l’évolution des compétences et aux partage des connaissances, éléments qui ont permis aux artisans maçons de se spécialiser en architecte<ref>{{Article|prénom1=David|nom1=Turnbull|titre=The Ad Hoc Collective Work of Building Gothic Cathedrals with Templates, String, and Geometry|périodique=Science, Technology, & Human Values|volume=18|numéro=3|date=1993|issn=0162-2439|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/689724|consulté le=2022-05-17|pages=315–340}}</ref>.
 
=== L'ogiveOgive ===
{{Article détaillé|Ogive (architecture)}}
{{...}}
{{référence nécessaire|L'une des caractéristiques de l'architecture gothique est le transfert de la pression exercée par la voûte du mur vers des arcs. Le roman a pratiqué en fin de période la voûte d'arêtes, l'arête étant déterminée par l'intersection de deux voûtes; certaines de ces arêtes étaient déjà brisées. Ce système transférait déjà une partie de la pression de la voûte vers les piliers où aboutissaient les arêtes. Les pierres formant l'arête étaient cependant difficiles à travailler, les arêtes étaient souvent irrégulières. Dans un premier temps, on eut l'idée d'habiller ces arêtes de pierres travaillées séparément pour régulariser le tracé. Presque simultanément, on s'aperçut que l'alignement de pierres pouvait servir non seulement de décoration, mais aussi de support à la voûte elle-même. On les appela ogifs, puis ogives.}}
 
=== L’arcArc-boutant ===
[[Fichier:Architecture-gothique-infographie.jpg|upright=2.5|frameless|center|Quelques termes d'architecture.]]
<!--merci de ranger ces éléments par ordre alphabétique-->
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Enfin, il est souvent associé au système d'évacuation des eaux de pluie de la toiture, en portant sur leur sommet la rigole qui conduit les eaux de pluie vers les gargouilles comme pour la première fois à la [[cathédrale d'Amiens]].
 
=== L'arcArc brisé (ou en ogive) ===
[[Arc (architecture)|Arc]] dont la courbe inférieure est formée à partir de deux demi-arcs symétriques s’appuyant l’un sur l’autre.
<!--;[[Baie (architecture)|baie]] gothique : en attendant une définition-->
 
=== La culéeCulée ===
[[Contrefort]] massif maçonné supportant les [[Arc-boutant|arcs-boutants]], la culée est généralement couronnée par un [[Pinacle (architecture)|pinacle]]. Petite pyramide effilée sur plan carré ou polygonal, il n'est pas qu'une simple fantaisie ornementale: son but premier est de charger la [[Culée (construction)|culée]] pour « verticaliser » la ligne des pressions obliques émanant des grandes voûtes et transmises par la volée.
 
=== Le pinaclePinacle ===
Les [[Pinacle (architecture)|pinacle]]s sont des petits édicules au sommet des arcs-boutants. Parfois en plomb et de forme pyramidale de base polygonale (ou simplement une flèche ou pointe), ils servent en premier lieu à augmenter la masse des arcs-boutants pour améliorer l’équilibre des forces issues des murs. Ils sont parfois ajourés et ornés de fleurons servant de couronnement, ajoutant donc une fonction décorative.
 
=== Le triforiumTriforium ===
[[Galerie (architecture)|Galerie]], souvent voûtée, ouverte sur l'intérieur et aménagée latéralement au-dessus des bas-côtés de la [[nef]] d’une [[église (édifice)|église]]. Comme les arcs-boutants, le [[triforium]] fait partie des éléments qui contrebutent les poussées des voûtes. Il n'a aucune fonction liturgique ou de circulation dans l'édifice.
 
[[Fichier:Forbachchapste croixtympan.jpg|vignette|Tympan gothique de la [[chapelle Sainte-Croix de Forbach]].]]
=== Le tympanTympan ===
Le [[Tympan (architecture)|tympan]] est la surface verticale d'un [[fronton (architecture)|fronton]] remplissant le carré délimité par les corniches, ou la partie verticale d'un [[portail]], comprise entre le [[linteau (architecture)|linteau]] et un [[Arc (architecture)|arc plein-cintre]] ou une [[voûte d'ogive]]. Il est surmonté par des [[archivolte]]s.
 
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Il y a de grandes portes, les édifices sont à la fois hauts et fins, il y a des flèches souvent pointues et ciselées, des vitraux nombreux et colorés, représentant des scènes très complètes des évangiles, il y a des rosaces sur la façade des cathédrales, des statues sur des colonnes contre les murs à l'extérieur. Il y a aussi des sculptures, des [[gargouilles]] et des anges.
 
==== Les vitrauxVitraux ====
{{Article détaillé|Vitrail}}
Le style roman permettait des ouvertures limitées et des jeux de contraste entre [[ombre]] et [[lumière]].
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</gallery>
 
=== Le ferFer ===
[[Fichier:Abbaye de Fontenay axe du marteau pilon dans la forge.png|vignette|Reconstitution du [[marteau hydraulique]] de l'[[abbaye de Fontenay]].]]
L'utilisation du [[marteau hydraulique]], développé par les moines cisterciens de l'[[abbaye de Fontenay]] en 1220, permet de fabriquer des barres de plus de 3 cm d'épaisseur (ce que ne pouvaient pas faire les forges à bras) et augmente fortement la productivité. Il devient alors possible de produire les dizaines de tonnes de fer<ref>Cathédrale de Rouen : 15 t. Cathédrale de Troyes : 25 t. Cathédrale du Mans : 19 t.</ref> nécessaires à la construction d'une cathédrale ([[Tirant (construction)|tirants]], [[chaînage]]s, [[Vitrail#Le vocabulaire|barlotières]] des vitraux)<ref>{{Ouvrage | auteur1=Arnaud Timbert | titre=L'homme et la matière : l'emploi du plomb et du fer dans l'architecture gothique | éditeur=Éditions A&J Picard | année=2009 | isbn= | passage=79}}.</ref>.