« Art en Catalogne » : différence entre les versions

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[[Fichier:Meister aus Tahull 001.jpg|vignette|[[Christ pantocrator]], abside de l'[[église Saint-Clément de Taüll]]'', original au [[musée national d'Art de Catalogne]].]]
L{{'}}'''art en Catalogne''' désigne l'art produit dans la communauté autonome de [[Catalogne]], en [[Espagne]]. Il a connu une évolution parallèle à celle de l'art européen, suivant à sa manière les multiples tendances qui ont marqué l'art occidental. L'art a été depuis toujours l'un des principaux moyens d'expression de l'être humain, qui s'en sert pour donner forme à ses idées, à ses sentiments et pour établir une relation avec le monde. Sa fonction peut s'orienter sur des critères aussi bien pratiques qu'ornementaux ; il peut avoir un contenu religieux ou tout simplement esthétique ; il peut être durable ou éphémère.
Tout au long de son [[Histoire de la Catalogne|histoire]], la Catalogne a accueilli diverses cultures et civilisations qui ont modelé sa conception de l'art et laissé un riche héritage. Chaque période de l'histoire a eu des caractéristiques concrètes et bien définies, communes à d'autres régions ou cultures, ou uniques et parfaitement différenciées, lesquelles ont évolué au fil du temps. Il en résulte des styles artistiques qui peuvent avoir une origine géographique ou temporelle ou se réduire parfois à l'œuvre d’un artiste, donnant lieu à des formes clairement définitoires.
L'art catalan est le fruit de l'amalgame social et culturel apporté par les différents peuples s'étant établis sur son territoire : aux premiers habitants [[Préhistoire|préhistoriques]] succédèrent divers peuples [[sorothaptique]]s ([[Celtes]] et [[Ibères]]), arrivés à l’âge des métaux ; ils se mêlèrent aux premiers colonisateurs issus des civilisations [[Mer Méditerranée|méditerranéennes]], les [[Grèce antique|Grecs]] ; puis vinrent les [[Rome antique|Romains]], qui firent de la Catalogne une nouvelle province de leur empire ; après la chute de celui-ci, la Catalogne fit partie du royaume des [[Wisigoths]] et connut plus tard l'invasion [[Islam|islamique]]. Le [[Moyen Âge]] marquera le début de la culture catalane comme entité propre et bien définie, avec sa propre langue, dérivée du [[latin]], et la formation du premier État catalan. Ce sera une époque faste pour l'art catalan, et le [[Art roman en Catalogne|roman]] et le [[Art gothique|gothique]] seront des périodes très fécondes pour le développement artistique de la principauté. À l'[[Époque moderne]], avec les liens forts avec l'[[Espagne]] et la succession de crises économiques et culturelles, l'art tombe en décadence, la [[Renaissance]] et le [[baroque]] n'étant pas des styles particulièrement remarquables dans l'histoire de l'art catalan. Enfin, depuis le {{s|XIX}}, avec la revitalisation économique et culturelle, l'art refleurit et le [[Modernisme catalan|modernisme]] est l'une des périodes les plus brillantes de l'art catalan. De même, au {{s|XX}}, les artistes catalans produisent différents styles qui se rattachent aux courants internationaux, avec des maîtres de premier ordre au niveau mondial tels que [[Salvador Dalí]], [[Joan Miró]] et [[Antoni Tàpies]].
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=== Art levantin ===
{{Article connexe|Art rupestre du bassin méditerranéen de la péninsule Ibérique}}
[[Fichier:064 Pintures de la cova dels Moros, exposició al Museu de Gavà.JPG|vignette|Peintures rupestres à [[El Cogul]], à {{unité|25 |km}} au sud de [[Lérida]].]]
Pendant l'[[épipaléolithique]] ({{nb|10000}}-{{nb|6500 ans}} [[avant le présent]]), les groupes de chasseurs-cueilleurs manifestèrent leurs croyances dans un art exclusivement pictural, l'[[Art rupestre du bassin méditerranéen de la péninsule Ibérique|art levantin]], dont la Catalogne possède d'excellents exemples, notamment dans les provinces de [[province de Lérida|Lérida]] et [[province de Tarragone|Tarragone]], leur présence étant plus éparse dans celle de [[province de Barcelone|Barcelone]]. C'est en Catalogne, sur la {{Lien|fr=Roca dels Moros (el Cogul)|langue=ca|trad= Roca dels Moros (el Cogul)|texte=Roca dels Moros}}, à [[El Cogul]], à {{unité|25 |km}} au sud de [[Lérida]], que fut découverte, en [[1908]], la première représentation de l'être humain dans la préhistoire occidentale{{sfn|Viñas i Vallverdú|Castells i Camp|1998|p=17}}.
Ces peintures ont toujours été trouvées dans des cavités ou [[abri sous roche|abris sous roche]] à l'air libre ; elles sont figuratives, minutieuses dans le détail, planes et monochromes. L'instrument utilisé est la plume d'oiseau, le tracé est caractéristique de l'art levantin. Les éléments iconographiques sont essentiellement des animaux et des humains, qui sont traités différemment : les premiers sont plus proches de la réalité, avec des détails très expressifs (par exemple, les cornes et les sabots) ; les représentations humaines reflètent une conception esthétique singulière : des individus au corps allongé et au thorax triangulaire, à la taille étroite, parfois même dessinés en un seul trait, dotés d'un dynamisme très caractéristique, exprimant action et mouvement. Les compositions picturales d'archers et d'animaux sont extraordinairement suggestives et sont toujours prises comme exemples paradigmatiques du monde préhistorique{{sfn|Viñas i Vallverdú|Castells i Camp|1998|p=15}}.
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L'architecture subit une profonde transformation, avec des formes plus légères, plus dynamiques, avec une analyse structurelle améliorée, qui débouche sur des édifices plus stylisés, avec plus d'ouvertures et, par conséquent, un meilleur éclairage. De nouvelles typologies apparaissent, comme l'[[arc brisé]] et la [[croisée d'ogives]], sont utilisés des [[contrefort]]s et des [[arc-boutant|arcs-boutants]] pour soutenir la structure de l'édifice, ce qui permet des espaces plus vastes et décorés de [[vitrail|vitraux]] et de [[rosace (architecture)|rosaces]]. La peinture n'est plus murale, mais s'exprime dans des [[retable]]s ornant les autels des églises<ref>{{ouvrage|langue=es|prénom=José María|nom=de Azcárate Ristori |titre=Historia del arte|sous-titre=El Gótico|passage=244}}.</ref>.
 
De superbes cathédrales sont érigées, comme celles de [[cathédrale Sainte-Croix de Barcelone|Barcelone]], [[Cathédrale de Tarragone|Tarragone]], [[Cathédrale Sainte-Marie de Gérone|Gérone]], [[Collégiale basilique de Sainte-Marie de Manresa|Manresa]], [[Cathédrale Sainte-Marie de Solsona|Solsona]], [[Cathédrale de Tortosa|Tortosa]], etc., de même que de grandes églises comme [[Basilique Sainte-Marie-de-la-Mer de Barcelone|Sainte-Marie-de-la-Mer]] et [[Église Santa Maria del Pi de Barcelone|Santa Maria del Pi]] à Barcelone, la {{Lien|Basílica de Santa Maria de Vilafranca|lang=ca|texte=basilique Santa Maria de Vilafranca del Penedès}}, l'[[église Saint-Jean-le-Vieux de Perpignan]], celle du [[monastère de Pedralbes]], etc. <ref name=gòtic>{{Lien web|langue=ca|url=http://www.xtec.es/~mpuigpe1/art_catala/gotic.htm |titre=Art català|sous-titre=Art gòtic|consulté le=27 novembre 2023}}.</ref>. L'architecture civile connaît elle aussi un épanouissement notable, surtout dans les palais et les édifices publics, comme le {{Lien| palau Reial Major|lang=ca|texte=Grand Palais royal}}, le [[Palais de la généralité de Catalogne|Palais de la généralité]], l'[[Hôpital de la Sainte-Croix]], les [[Drassanes|Arsenaux royaux]], la [[Loge de mer de Barcelone|Loge de mer]] et l'{{Lien|Casa de la Ciutat (Barcelona)|lang=ca|texte=hôtel de ville}} à Barcelone<ref name=gòtic/>.
La sculpture s'inscrit dans le cadre des ouvrages architecturaux et les formes gothiques permettent ici un style plus réaliste et détaillé que dans la sculpture romane ; la sculpture ne se développe pas seulement dans les portails, mais aussi dans les tombeaux, les retables, les chœurs et les autels. L'influence française est manifeste, surtout dans les premières années du gothique, de même que l'influence italienne et flamande, bien qu'apparaisse une série d'écoles autochtones qui développeront peu à peu un style propre{{sfn|Verrié|p=62}}.
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Il convient de mentionner ici à titre d'exemples les retables d'[[Anglesola]] et de [[Sant Joan de les Abadesses]], le sarcophage de [[Eulalie de Barcelone|sainte Eulalie]] à la [[cathédrale Sainte-Croix de Barcelone|cathédrale de Barcelone]], la tombe d'[[Elisenda de Montcada]] au [[monastère de Pedralbes]] et la sépulture de [[Jean d'Aragon (archevêque de Tolède)|Jean d'Aragon]] à la [[cathédrale de Tarragone]]{{sfn|Terés i Tomàs|1998|p=224-238}}. Parmi les premiers noms connus, on trouve l'artiste normand {{Lien|langue=es|Aloi de Montbrai}}, à qui l'on doit les sépultures de [[Pierre IV (roi d'Aragon)|Pierre le Cérémonieux]] et de [[Thérèse d'Entença]] à Poblet ; {{Lien|langue=ca|Jaume Cascalls}}, qui a aussi travaillé sur le panthéon royal de Poblet ainsi qu'à la cathédrale de Gérone (« Saint Charlemagne ») et sur le retable de [[Corneilla-de-Conflent]] ; et enfin {{Lien|langue=ca|Jordi de Déu}}, que l'on retrouve lui aussi à Poblet et qui est l'auteur des [[retable]]s des églises de [[Vallfogona de Riucorb]] et de [[Santa Coloma de Queralt]], ainsi que d'autres ouvrages à la cathédrale et à l'hôtel de ville de Barcelone{{sfn|Terés i Tomàs|1998|p=247-275}}.
 
Dans le [[gothique international]], on retiendra {{Lien|langue=ca|Pere Sanglada}}, auteur du chœur de la cathédrale de Barcelone ; {{Lien|langue=ca|Pere Oller}}, auteur du tombeau de [[Ferdinand Ier (roi d'Aragon)|Ferdinand I{{erIer}}]] au monastère de Poblet et du retable majeur de la [[cathédrale Saint-Pierre de Vic|cathédrale de Vic]] ; [[Pere Johan]], sculpteur renommé à qui l'on doit la façade Saint Georges de l'hôtel de ville et le retable majeur de la cathédrale de Tarragone ; et [[Guillem Sagrera]], qui a travaillé à [[Majorque]], Gérone, la Seu d'Urgell, Perpignan et [[Naples]]{{sfn|Terés i Tomàs|1998|p=279-304}}.
 
[[Fichier:Monestir de Sant Cugat - Retaule de Pere Serra.JPG|vignette|Peinture : « retable de Tous les Saints », au [[monastère Saint-Cucufa]], œuvre de [[Pere Serra (peintre)|Père Serra]].]]
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[[Fichier:Retaule Major de Santa Maria d'Arenys de Mar restaurat.jpg|vignette|gauche|Retable de Santa Maria d'[[Arenys de Mar]].]]
 
L'arrivée des Bourbons génère en architecture une série d'ouvrages militaires, comme les châteaux de [[Château de Montjuïc|Montjuïc]] et de [[Château de Sant Ferran|Sant Ferran]] à [[Figueras]], la [[Parc de la Ciutadella|Ciutadella]] de Barcelone et l'Université de [[Cervera]], ou encore des églises comme celle de Sant Miquel del Port a la [[La Barceloneta (Barcelone)|Barceloneta]] ([[1753]]) et la [[Nouvelle cathédrale de Lérida]] ([[1760]]){{sfn|Perelló Ferrer|1998|p=226-228}}. Un nouvel esprit d'innovation émerge dans les églises Sant Agustí Nou ([[1728]]) et Saint [[Philippe Néri]] ([[1721]]-[[1752]]) de Barcelone, dans la [[basilique de la Merci de Barcelone]] ([[1765]]-[[1775]]), de {{Lien|lang=ca|Josep Mas i Dordal}}, et dans le sanctuaire de la Mare de Déu de la Gleva à [[Les Masies de Voltregà]] ([[1763]]-[[1767]]). L'architecture civile est représentée notamment par le [[palais de la Virreina]] ([[1772]]-[[1778]]) et le palais Moja ([[1774]]-[[1789]]), de Josep Mas i Dordal{{sfn|Perelló Ferrer|1998|p=231-232}}.
 
La sculpture s'inscrit dans le travail des [[corporation]]s ou d'écoles et dynasties familiales comme les Tramulles, Grau, Costa, Pujol, Rovira, Sunyer i Bonifaç<ref>{{Lien web|langue=ca|url=http://www.xtec.cat/~mpuigpe1/art_catala/barroc.htm|titre=L'art català|consulté le=31 janvier 2024}}.</ref>. Le type d'ouvrage le plus courant est encore le retable. Citons ici celui du {{Lien|Retaule del Roser de Sant Pere Màrtir|lang=ca|texte=Rosaire de Saint Pierre Martyr}} à Manresa ([[1642]]), de {{Lien|Joan Grau (escultor)|lang=ca|texte=Joan Grau}}, celui du Rosaire de l'[[église Saint-Jacques de Perpignan]] ([[1643]]), de {{Lien|lang=ca|Llàtzer Tramulles}}, celui de Santes Creus ([[1647]]), de {{Lien|lang=ca|Josep Tramulles}}, et celui d'[[Arenys de Mar]] ([[1706]]-[[1711]]), de {{Lien|lang=ca|Pau Costa}}. D'autres œuvres importantes sont l'autel-[[baldaquin]] de Santa Maria del Mar ([[1772]]-[[1783]]), de {{Lien|lang=ca|Salvador Gurri}}, le chœur de la [[Nouvelle cathédrale de Lérida]] ([[1775]]-[[1779]]) et la litière de la Vierge à la cathédrale de Gérone ([[1773]]), de {{Lien|lang=ca|Lluís Bonifaç i Massó}}{{sfn|Triadó 4|1998|p=89-90}}.
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Vers le milieu du siècle, le [[Réalisme (arts)|réalisme]] s'impose, sous l'influence française, un mouvement qui revient à la stricte observation de la réalité et à l'expression naturaliste du monde qui nous entoure<ref>{{ouvrage|langue=ca|prénom=Pilar|nom=Vélez|titre=El llibre d'or de l'art català|sous-titre=Del neoclassicisme a l'Exposició Universal del 1888|passage=133}}.</ref>. L'artiste qui lance ce mouvement est [[Ramón Martí Alsina|Ramon Martí i Alsina]], auteur de portraits, de paysages et de cadres historiques de grandes dimensions (''Les Défenseurs de Gérone''). [[Joaquín Vayreda|Joaquim Vayreda]] s'est distingué comme paysagiste et fonda ce qu'on appellera par la suite l{{'}}''école d'Olot'' (''Troupeau dans le pré'', [[1881]]). {{Lien|lang=ca|Benet Mercadé}} excellait dans le portrait et les thèmes historico-religieux (''L'église de Cervara'', [[1864]]). {{Lien|lang=ca|Francesc Sans i Cabot}}, maître de la peinture historique (''Le Général Prim à la guerre d'Afrique'' [[1865]]), fut directeur du [[Musée du Prado]]. [[Modest Urgell]] est l'auteur de paysages à l’atmosphère mélancolique, notamment de plages et de cimetières solitaires. Enfin, un grand nom dans l'histoire de ce mouvement est celui de [[Marià Fortuny]], formé dans la veine des [[Mouvement nazaréen|Nazaréens]], auteur de tableaux historiques (''La Bataille de Tétouan'', [[1863]]) et de thèmes orientaux (''L'Odalisque'', [[1861]]). Dans le monde de l'illustration, on retiendra [[Apel·les Mestres]], qui, par le biais de la photogravure, crée un monde singulier de fées, fleurs et fous [[lutin]]s{{sfn|Trenc 3|1998|p=191-209}}.
En sculpture, il convient de mentionner les frères {{Lien|Agapit Vallmitjana i Barbany|lang=ca|texte=Agapit}} et {{Lien|lang=ca|Venanci Vallmitjana}}, qui mirent en place un atelier de sculpture monumentale qui remporta un grand succès ; on peut voir leurs œuvres, entre autres lieux, à l'[[abbaye de Montserrat]] et au [[palais de justice de Barcelone]]. {{Lien|lang=ca|Andreu Aleu}} allie le réalisme au romantisme, comme par exemple dans son ''Saint Georges tuant le dragon'', sur la façade du palais de la Généralité ([[1857]]). [[Rossend Nobas]], élève des Vallmitjana, est l'auteur du célèbre monument de ''Rafael de Casanova'' ([[1888]]). {{Lien|lang=ca|Joan Roig i Solé}} est connu pour sa ''Femme au parapluie'' ([[1885]]), exposée au [[Parc zoologique de Barcelone|zoo de Barcelone]]. Méritent encore d'être mentionnés [[Josep Reynés]] (''Roger de Llúria'', 1885), {{Lien|lang=ca|Manel Fuxà}} (''Bonaventura Carles Aribau'', [[1884]]) et [[Rafael Atché]] (''[[Colonne Christophe Colomb (Barcelone)|colonne Christophe Colomb]]'', 1888){{sfn|Subirachs 3|1998|p=153-166}}.
L'architecture de la deuxième moitié du siècle a été marquée par le projet d'urbanisme de l'[[Eixample]] de Barcelone, d'[[Ildefons Cerdà]], qui apportait un élargissement substantiel de la ville de Barcelone selon une géométrie rationnelle, avec un tracé [[orthogonalité|orthogonal]]{{sfn|Navascués Palacio|1998|p=271}}. L'historicisme perdure et la mode de la diversification des styles s'impose, avec une influence de plus en plus marquée de courants artistiques exotiques, évoquant des styles aussi variés que l'[[arts de l'Islam|art islamique]], [[art persan|persan]], [[Art en Inde|hindou]] ou de l'[[Histoire de l'art asiatique#Art d'Asie de l'Est|Extrême-Orient]], ce qui conduisit à un amalgame désigné par le terme [[Éclectisme (architecture)|''éclecticisme'']]{{sfn|Navascués Palacio|1998|p=275-279}}. On commence à utiliser le [[fer]] dans la construction d'édifices avant tout civils, comme le [[mercat del Born|marché du Born]] ([[1873]]-[[1876]]), de [[Josep Fontserè]].
Mais le grand projet de cette période est sans aucun doute l'[[Exposition universelle de Barcelone de 1888]], qui impliqua la transformation à vaste échelle d'un immense terrain laissé par une citadelle détruite en [[1868]], le [[parc de la Ciutadella]]. L'ensemble du projet a été confié à [[Josep Fontserè]], mais les meilleurs architectes de l'époque y sont intervenus. Outre les édifices construits pour l'Exposition proprement dite (ou les réaménagements de l'ancienne citadelle), il convient de mentionner l'[[Arc de triomphe (Barcelone)|arc de triomphe]], à l’entrée du complexe, œuvre de [[Josep Vilaseca i Casanovas|Josep Vilaseca]], et la [[Colonne Christophe Colomb (Barcelone)|colonne Christophe Colomb]], qui devinrent des symboles de la ville de Barcelone{{sfn|Navascués Palacio|1998|p=277-278}}.
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== Le {{XXe}} siècle ==
Le [[{{XXe siècle}}]] a été une époque de profondes transformations sociales, politiques, économiques, technologiques et culturelles. La Catalogne a vécu les épisodes dramatiques de la [[Guerre d'Espagne|Guerre civile espagnole]] et la répression de la dictature [[Espagne franquiste|franquiste]]. La [[Transition démocratique espagnole]] et la réinstauration de la [[Généralité de Catalogne]] avec son nouveau [[Statut d'autonomie de la Catalogne de 1979|statut d'autonomie]] ont revitalisé la culture catalane au cours des dernières décennies<ref>{{article|langue= |auteur1=Antoni Segura i Mas|titre=Entre autonomie et nation|périodique=Le Monde diplomatique|volume= |numéro= |jour= |mois=janvier|année=2006|pages=I et IV|lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/2006/01/SEGURA_I_MAS/13133}}.</ref>.
=== Noucentisme ===
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Le [[noucentisme]] constitue une tentative de renouvellement de la culture catalane, la rapprochant des innovations apportées en ce début de siècle tout en suivant une idéologie politique de revendication du [[catalanisme]] prônée par [[Enric Prat de la Riba]]. Le principal théoricien de ce mouvement sera [[Eugenio d'Ors|Eugeni d'Ors]], qui publiera dans le journal ''[[La Veu de Catalunya]]'' une série d'articles faisant l'éloge des travaux des jeunes artistes catalans de l'époque. Contrairement aux valeurs nordiques que défendait le modernisme, le noucentisme se tourne à nouveau vers le monde méditerranéen, vers la culture classique gréco-latine{{sfn|Montaner|1998|p=311}}.
L'architecture noucentiste a souvent côtoyé ou s'est mêlée au modernisme et, alors que persistent les tendances historicistes ou classicistes, il est difficile de la délimiter clairement <ref>{{ouvrage|langue=ca|prénom=Francesc|nom=Fontbona|titre=El llibre d'or de l'art català|sous-titre=El modernisme i el noucentisme|passage=187-188}}.</ref>. On retiendra ici les architectes {{Lien|lang=ca|Josep Goday}} ([[Bâtiment de Correos (Barcelone)|bâtiment des postes à Barcelone]], [[1926]]-[[1927]]), [[Nicolau Maria Rubió i Tudurí]] (jardins de [[Montjuïc]] et du [[Palais royal de Pedralbes]], église Notre-Dame de Montserrat de Pedralbes), [[Josep Francesc Ràfols]] (casa Méndiz, [[Vilanova i la Geltrú]], [[1925]]), {{Lien|lang=ca|Francesc Folguera}} (casal de Sant Jordi, Barcelone, [[1928]]-[[1932]]), {{Lien|lang=ca|Cèsar Martinell}} (cave d{{'}}[[El Pinell de Brai]], [[1917]]) et [[Rafael Masó i Valentí|Rafael Masó]] ([[Minoterie Teixidor]], [[1910]], [[casa Masó]], [[1911]]).
 
[[Fichier:050529 Barcelona 135.jpg|vignette|[[Palais national (Barcelone)|Palais national de Montjuïc]].]]
L'[[Exposition internationale de 1929]] fut un jalon important. Elle impliqua l'urbanisation des alentours de la colline de Montjuïc, selon un projet de [[Josep Puig i Cadafalch]]. On construisit pour l'exposition des édifices comme le [[Palais national (Barcelone)|Palais national de Montjuïc]] (l'actuel [[MNAC]]) et le [[Stade olympique Lluís-Companys]], de même que la [[Fontaine magique de Montjuïc|Fontaine magique]] de [[Carles Buïgas]], le [[Théâtre grec de Montjuïc|Théâtre grec]] et le [[Poble Espanyol]] ; il convient également de mentionner le [[Pavillon allemand de Barelone|Pavillon allemand]], œuvre de [[Ludwig Mies van der Rohe]], fleuron du [[Rationalisme (architecture)|rationalisme]]<ref>{{Lien web|url=https://www.city.cat/fr/barcelone/architecture/noucentisme|titre=noucentisme Barcelone|auteur=|année=|site=city.cat|consulté le=9 mars 2024}}.</ref>.
En peinture, on ne saurait omettre de mentionner l'artiste [[uruguay]]en [[Joaquín Torres García]], auteur d'œuvres d'un sobre classicisme, comme les fresques du salon de Sant Jordi au palais de la Généralité ([[1913]]-[[1917]]). [[Joaquím Sunyer|Joaquim Sunyer]], influencé par la peinture de [[Paul Cézanne|Cézanne]] et par son sens de la structure, ainsi que par le cubisme, a apporté une vision qui allie parfaitement tradition et modernité. [[Josep Maria Sert]] a adopté un style personnel, baroque, grandiloquent, qui laisse transparaître une influence goyesque, comme en témoignent ses grandes peintures murales qui ont remporté un franc succès au niveau international. {{Lien|lang=ca|Xavier Nogués}} a imaginé un monde ironique exprimé dans un muralisme idéalisant qui reflétait le populisme catalan. {{Lien|lang=ca|Josep Aragay}} a réalisé des œuvres de caractère réaliste, empreint néanmoins d’un certain goût pour le baroque. La [[gravure]], la [[xylographie]] et l'art de l{{'}}[[affiche]] sont également représentés par des artistes comme [[Francesc d'Assís Galí]], fondateur de l'{{Lien|Escola Superior dels Bells Oficis|lang=ca|texte=École supérieure des arts et métiers}}{{sfn|Barral i Altet6Altet 6|1998|p=255-261}}.
En sculpture, [[Josep Clarà]] est particulièrement remarqué ; il est l'auteur d'œuvres figuratives, solides et compactes, aux accents méditerranéens (''La Déesse'', [[1908]]-[[1910]]; ''Jeunesse'', [[1928]]). Le Roussillonnais [[Aristide Maillol]] sculpte des femmes aux formes pleines (''Méditerranée'', [[1902]]-[[1905]]). [[Manolo (sculpteur)|Manolo Hugué]] possède un style qui allie classicisme et primitivisme (''Bacchante'', [[1934]]). D’autres sculpteurs méritent d’être nommés, comme [[Frederic Marès i Deulovol|Frederic Marès]] (''Hommage à Barcelone'', [[1928]]), {{Lien|lang=ca|Enric Casanovas}} (''Monument dédié à Narcís Monturiol'', [[1918]]), {{Lien|lang=ca|Julio Antonio}} (''Tarragone aux héros de 1811'', [[1910]]-[[1919]]) et [[Apel·les Fenosa]] (''Guitariste'', [[1923]]){{sfn|Subirachs 4|1998|p=201-212}}. Est aussi digne de mention le projet collectif réalisé sur la [[:Commons:Plaça Catalunya (1929 Barcelona Universal Exposition)|place de Catalogne]] pour l'Exposition internationale de 1929, à laquelle participèrent les meilleurs sculpteurs de l'époque.
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=== Art informel ===
{{article connexe|Art informel}}
Mouvement d'après-guerre, il implique le rejet de la forme aux fins d'une meilleure liberté conceptuelle et d'une nouvelle symbiose avec le spectateur, suivant le concept d'« œuvre ouverte » formulé par [[Umberto Eco]]. Il comprend généralement des œuvres abstraites, où dominent la couleur et le substrat matériel. Incontournable ici l'artiste Antoni Tàpies, peintre de renommée internationale et premier grand rénovateur de l'art espagnol de l'après-guerre, principal représentant de la « peinture [[matiérisme|matiériste]], auteur d'une œuvre introspective, imprégnée d'une certaine spiritualité, mettant en jeu de petites figurations symboliques (''Zoom'', [[1946]]; ''Collage de croix'', [[1947]]; ''Ovale blanc'', [[1957]])<ref>{{ouvrage|langue=|prénom1=Stéphane|nom1=Ciancio|titre=Le corps dans la peinture espagnole des années 1950 et 1960|sous-titre=|éditeur=L'Harmattan|volume=|année=2005|pages totales=|passage=15-28|isbn=2-7475-8687-1|lire en ligne=}}.</ref>. [[Modest Cuixart]] combine la peinture matiériste avec celle de type gestuel, en créant des tableaux où il mélange l'[[Peinture à l'huile|huile]] avec des limailles de métaux pour donner à l'œuvre plus de brillant (''Omorka'', [[1958]]). {{Lien|langue=ca|Josep Guinovart}} réalise des tableaux de grand format en alliant différents matériaux, parfois transformés par le feu (''Àvila'', [[1963]]; ''Crist de les glòries'', [[1968]]). [[Albert Ràfols Casamada]] adopte le [[tachisme]], avec des tableaux aux grandes surfaces lisses, austères, dépourvues même de couleur (''Hommage à Schönberg'', [[1963]]). {{Lien|langue=ca|Joan Hernàndez Pijuan}} a un style expressionniste [[post-cubisme|post-cubiste]] à forte consonance sociale (''Pintura'', [[1959]]){{sfn|Barral i Altet6Altet 6|1998|p=261-313}}.
 
[[Fichier:Homenatge a Picasso.jpg|vignette|''{{Lien|Monument Homenatge a Picasso|langue=ca|texte=Hommage à Picasso}}'', d'[[Antoni Tàpies]], au [[parc de la Ciutadella]] à Barcelone.]]
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=== Art contemporain ===
{{article connexe|Art contemporain}}
La situation politique dans l'Espagne de la transition fait que le panorama artistique est différent de celui d'autres pays ; ici, des mouvements comme le [[pop-art]] ou l'[[hyperréalisme]] n'ont pas beaucoup de résonance. Ce n'est qu'à partir des {{lnobr|années 1980}} que s'amorce une certaine normalisation, avec l'apparition d'artistes qui se consacrent à l'[[art conceptuel]] alors à la mode, tels que [[Francesc Abad]] ou {{Lien|langue=ca|Jordi Benito}}, qui réalisent des actions ou des installations à forte valeur réflexive{{sfn|Barral i Altet6Altet 6|1998|p=333-334}}.
[[Fichier:Monumento a Ramon Llull.jpg|vignette|gauche|''Monument à Ramon Llull'', [[Montserrat (montagne)|Montserrat]], de [[Josep Maria Subirachs]].]]
À partir des {{lnobr|années 1980}} apparaissent les tendances postmodernes, qui consistent à réinterpréter des styles antérieurs afin de donner à l'artiste la liberté d'utiliser n'importe quelle technique, n'importe quel style, pour les transformer de manière personnelle ; l'un de leurs principaux représentants est [[Miquel Barceló]], artiste majorquin installé à Barcelone (''Big spanish dinner'', [[1985]], ''Saison des pluies'', [[1990]]). {{Lien|langue=ca|Joan-Pere Viladecans}} a adopté une peinture personnelle, caractérisée par un support en pâte à papier et des couleurs agressives (''La contagion du papillon'', [[1984]]). Le style de {{Lien|langue=ca|Ferran García Sevilla}} est figuratif, plein de signes et de symboles, et rappelle l'[[art premier|art primitif]], avec des gammes chromatiques vives (''Cent 18'', [[1987]]) {{sfn|Barral i Altet6Altet 6|1998|p=337-339}}.
 
En sculpture, le principal nom à retenir pour ces dernières décennies est celui de [[Josep Maria Subirachs]] : formé à l'école du Noucentisme, il évolua vers un style expressif et schématique pour finir dans l'abstraction ; il est l’auteur de la façade de la Passion de la [[Sagrada Família]], du ''Monument à Ramon Llull'' à l’[[abbaye de Montserrat]] ([[1976]]) et du ''Monument à Francesc Macià'' sur la [[place de Catalogne (Barcelone)|place de Catalogne]] à Barcelone ([[1991]]){{sfn|Subirachs 6|1998|p=280-281}}. Le Valencien [[Andreu Alfaro]] part de l'art informel pour évoluer vers un [[constructivisme russe|constructivisme]] géométrique s'inspirant d'[[Antoine Pevsner]] (''Chemins de la liberté'', [[1963]]). {{Lien|langue=ca|Xavier Corberó}}, formé à [[Londres]], nous a laissé des œuvres aux formes géométriques et organiques caractéristiques du [[minimalisme (art)|minimalisme]] (''Piano'', [[1965]]). {{Lien|langue=ca|Susana Solano}}, tout d'abord adepte d'une sculpture minimaliste, passe à une œuvre solide, à grandes dimensions, reflétant une sensation de claustration qui met en évidence la fragilité de l'existence (''Mer de Galilée'', [[1986]]){{sfn|Subirachs 6|1998|p=283-286}}.
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