« Réunification allemande » : différence entre les versions

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{{autre4|la réunification des deux Allemagnes en 1990|l'unification allemande de 1871|Unification allemande}}
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{{Infobox Événement historique
| nom = Réunification allemande
| image = Bundesarchiv Bild 183-1990-1003-400, Berlin, deutsche Vereinigung, vor dem Reichstag.jpg
| légende = Le drapeau de l'Allemagne réunifiée est hissé le {{date|3 octobre 1990}} devant le [[palais du Reichstag|Reichstag]].
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| evt1 titre = Chronologie
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| evt1-1 = [[Chute du mur de Berlin]]
| evt1-2 = Plan de [[Helmut Kohl]] en dix points sur la réunification
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| evt1-4 = [[Élections législatives est-allemandes de 1990|Élections législatives libres en RDA]]
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| evt1-8 = Signature du [[Einigungsvertrag|traité d'unification]] entre la RFA et la RDA
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| evt1-11 = [[Traité 2+4]] concernant les aspects internationaux de la réunification
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| evt1-18 = Jour de la réunification
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}}
 
La '''réunification allemande''' ({{lang-de|{{lang|de|''deutsche Wiedervereinigung''}}, ou dans les lois<ref>https://dejure.org/gesetze/BauNVO/26a.html Baunutzungsverordnung §26a</ref> allemandes ''Herstellung der Einheit Deutschlands''}}) est le processus qui, d'{{date|octobre 1989}} à {{date|octobre 1990}}, a conduit à l'intégration de la [[République démocratique allemande]] dans la [[Allemagne de l'Ouest|République fédérale d'Allemagne]], laquelle était constituée alors par les [[Land (Allemagne)|''Länder'']] formant ce qui était appelé l'[[Allemagne de l'Ouest]].
 
En [[allemand]], ces événements sont désignés par les mots ''{{lang|de|deutsche Einheit}}'' (unité allemande) ou, plus rarement, ''{{lang|de|Wiedervereinigung}}'' ({{citation|réunification}}) ou, de façon plus neutre, ''{{lang|de|Wende}}'' (« tournant »). Le terme figurant sur les textes officiels est ''Beitritt der DDR zum Geltungsbereich des Grundgesetzes der BRD'' (« Accession de la RDA à la zone de validité de la [[Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne|Loi fondamentale de la RFA]] »), loi mise en vigueur le {{date|23 août 1990}} par le [[Chambre du peuple (Allemagne)|Parlement de la RDA]]. La réunification allemande fut effective le {{date|3|octobre|1990}}.
 
== Division de l'Allemagne ==
[[Fichier:Berliner Mauer mit Panzersperren (Liesenstraße-Gartenstraße 1980).jpg|vignette|redresse=1.5|Le [[mur de Berlin]] à l'emplacement du passage du [[S-Bahn de Berlin|S-Bahn]] en [[1980]].]]
{{Article détaillé|Occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale}}
L'occupation de l'[[Allemagne]], la [[guerre froide]], la crise du [[blocus de Berlin]] et le [[plan Marshall]] entraînent en [[1949]] la création de deux États idéologiquement rivaux : la [[Allemagne de l'Ouest|République fédérale d'Allemagne]] (''{{lang|de|Bundesrepublik Deutschland}}'' ou RFA) en {{date|mai 1949}}, et la [[République démocratique allemande]] (''{{lang|de|Deutsche Demokratische Republik}}'' ou RDA) en {{date-|octobre 1949}}. L'Allemagne fédérale rejette toutefois la légitimité de la République démocratique allemande. L'[[Union soviétique]] est d'ailleurs tentée d'abandonner celle-ci dans les mois qui suivent la mort de [[Staline]] en {{date|mars 1953}}. Mais les [[Insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est|troubles qui éclatent en RDA en juin de la même année]] mettent fin à cette idée.
 
En [[1961]], le gouvernement de la RDA construit le [[mur de Berlin]], destiné à empêcher la fuite des habitants de l'Allemagne de l'Est vers la RFA. Le mur et la [[frontière interallemande]], symboles de la division du pays, resteront [[rideau de fer|étroitement surveillés]] et quasiment étanches jusqu'au mois de {{date|novembre 1989}}.
 
== Chronologie ==
=== Mouvements populaires en RDA ===
{{Voir aussi|Histoire de la République démocratique allemande#Le déclin et la chute (1975 - 1990)}}
 
En 1989, malgré les difficultés économiques et sociales croissantes auxquelles doit faire face le régime de la RDA, la perspective d'une réunification des deux Allemagnes paraît encore lointaine. Le {{date|11|juin|1989}}, le futur chancelier fédéral [[Helmut Kohl]], déclare que les chances d'une réunification sont inexistantes alors que le secrétaire général du comité central du [[Parti socialiste unifié d'Allemagne|SED]] (Parti communiste est-allemand), [[Erich Honecker]], promet que le mur de Berlin durera encore {{nobr|100 ans}}<ref>19 janvier 1989.</ref>. Pourtant, depuis le {{date|2 mai 1989-}}, [[Frontière entre l'Autriche et la Hongrie|la frontière]] entre la [[Hongrie]] et l'[[Autriche]] est ouverte et de nombreux Allemands de l'Est utilisent cette possibilité pour rejoindre la République fédérale.
 
Le mécontentement populaire est-allemand grandit et le {{date|4 septembre 1989-}} environ {{nombre|1200|personnes}} défilent à [[Leipzig]] pour réclamer des réformes et notamment la liberté de circulation vers l'ouest. C'est le début des « [[manifestations du lundi]] » (''Montagsdemonstrationen'') qui auront lieu dans plusieurs villes jusqu'en {{date|mars 1990}}. [[Mikhaïl Gorbatchev]] avait déjà indiqué le {{date|6 juillet 1989-}} que l'[[Union soviétique]] n'interviendrait pas pour réprimer les mouvements qui agitent la RDA. Un tournant est atteint le {{date|9|octobre|1989}} avec la première véritable manifestation de masse qui réunit environ {{nombre|70000|personnes}} toujours à Leipzig. Peut-être pour ne pas prendre la responsabilité d'un bain de sang, les responsables locaux ordonnent aux différentes forces de sécurité (''[[Stasi]]'', ''[[Volkspolizei]]'' et [[Nationale Volksarmee|NVA]]) de ne pas interrompre le défilé. [[Egon Krenz]] déclarera plus tard avoir personnellement donné cet ordre. Dès lors, le nombre des manifestants ne cessera d'augmenter les deux lundis suivants pour atteindre respectivement {{nombre|120000|personnes}} le {{date|16 octobre-}} et {{nb|320000}} le {{date|23 octobre 1989-}}.
 
Le {{date|18|octobre|1989}}, peu après les célébrations du {{40e|anniversaire}} de la RDA, Honecker est contraint de démissionner par le [[Bureau politique|Politbüro]] du [[Parti socialiste unifié d'Allemagne|SED]], qui nomme Krenz pour lui succéder. Cette démission ne suffira cependant pas à calmer les manifestants dont les revendications de réforme du système politique ont pris entre-temps un tour de plus en plus radical et incluent entre autres la réunification avec la République fédérale. Finalement, le Conseil des ministres de la RDA démissionne à son tour le {{date|8 novembre 1989}}, suivi le lendemain par le Politbüro.
 
=== Chute du mur de Berlin ===
{{Article détaillé|Chute du mur de Berlin}}
En 1989, les ressortissants est-allemands sont de plus en plus nombreux à quitter la RDA via la [[Tchécoslovaquie]] et la [[Hongrie]]. Ces pays, complètement débordés par l’afflux des réfugiés, accentuent la pression sur le régime est-allemand. C’est pourquoi, le matin du {{date|9 novembre 1989}}, Egon Krenz, le chef du SED, réunit en cellule de crise les membres du Politbüro pour élaborer un projet de loi qui doit faciliter les voyages. Il demande au porte-parole du gouvernement, [[Günter Schabowski]], de rendre public ce projet le jour même, lors d’une [[conférence de presse]] retransmise en direct par la télévision et la radio est-allemandes<ref>Source : émission ''Karambolage'' de la chaîne [[Arte|ARTE]], diffusée le 9 novembre 2008, consacrée à la chute du mur ; le texte est de Jeanette Konrad.</ref>.
 
La conférence débute à {{nobr|18 heures}}. Face aux membres du gouvernement, une centaine de journalistes allemands et étrangers. Schabowski commence par évoquer des sujets généraux : {{citation|Pour résumer ce qui a été dit aujourd’hui au comité central […] discussion intense du camarade Krenz}}.
 
Il faut attendre {{nobr|50 minutes}} pour qu’un journaliste italien pose la seule question dont la réponse intéresse les citoyens de la RDA : vont-ils pouvoir voyager librement ? Schabowski répond : {{citation|Nous connaissons le désir, le besoin de la population de voyager, voire de quitter la RDA}}. Pendant plus de trois minutes, Schabowski tourne autour du pot. Puis, à {{heure|18|56}}, il conclut de façon presque anodine : {{citation|Nous avons donc décidé aujourd’hui de prendre une disposition qui permet à tout citoyen de la RDA de sortir du pays par les postes-frontières de la RDA}}.
 
Soudain, les journalistes se réveillent et demandent des précisions : {{citation|Dès maintenant ?}}. Schabowski, incapable de répondre, se penche alors sur le document et lit : {{citation|Les voyages privés à l’étranger pourront être autorisés sans conditions particulières ou raisons familiales. Les autorisations seront délivrées rapidement}}.
 
Question d’un autre journaliste : {{citation|À partir de quand ?}}. Schabowski : {{citation|Pour autant que je sache… immédiatement… sans délai}}.
 
Schabowski ignore que les voyages devaient faire l’objet d’une demande préalable de [[Visa (document)|visa]]. Un journaliste insiste : {{citation|C’est valable aussi pour [[Berlin-Ouest]] ?}}. Schabowski : {{Citation|Oui, oui… les départs pourront s’effectuer par tous les postes-frontières de la RDA vers la RFA, y compris vers Berlin-Ouest}}.
 
À {{nobr|19 heures}} précises, Schabowski clôt la conférence de presse, laissant en suspens de nombreuses questions, et rentre chez lui.
 
Tout s'accélère alors. À {{heure|19|30}}, les informations de la télévision est-allemande annoncent : {{citation|Les demandes de voyages privés à l’étranger peuvent être faites dès à présent sans motif particulier}}. De l’autre côté du mur, dès {{heure|20}}, la télévision de l’ouest annonce : {{Citation|Selon Schabowski, les citoyens est-allemands désireux de sortir du pays ne sont plus obligés de passer par la Tchécoslovaquie}}.
 
À {{heure|20|30}}, les premiers citoyens de la RDA se dirigent vers les postes-frontières, qui restent fermés, car les soldats ne sont au courant de rien.
 
À {{heure|20|45}}, le Politbüro reste enfermé en cellule de crise à [[Berlin-Est]] et n'est pas informé de ce qui se passe. La nouvelle parvient à [[Bonn]], au ''[[Bundestag]]''. La séance plénière est interrompue. Les députés se lèvent et entonnent spontanément l’[[Deutschlandlied|hymne national]].
 
À Berlin, une foule toujours plus nombreuse se rassemble aux postes-frontières. Les soldats reçoivent enfin des ordres. Pour calmer le jeu, ils doivent laisser passer quelques personnes. Mais la situation leur échappe complètement. À {{heure|22|45}}, les informations de l’Ouest annoncent : {{citation|Ce 9 novembre est un jour historique. La RDA a annoncé que ses frontières étaient désormais ouvertes à tous. Les portes du mur sont grandes ouvertes}}.
 
Au même moment, les soldats est-allemands qui ne sont plus en mesure de contrôler la foule ouvrent effectivement les postes-frontières. À {{heure|0|02}}, tous les postes-frontières de Berlin sont ouverts. Durant la nuit, des dizaines de milliers d’Allemands de l’Est peuvent accéder librement à la partie ouest de la ville. Le lendemain, le gouvernement de la RDA en est encore à se demander si l’armée peut reprendre le contrôle des frontières<ref>Karambolage, ''La chute du mur de Berlin pour ceux qui n'y étaient pas''. Émission du 9 novembre 2009</ref>.
 
=== Le chemin vers l'unité ===
{{Article connexe|Élections législatives est-allemandes de 1990}}
Le {{date|13 novembre 1989}}, la [[Chambre du peuple (Allemagne)|Chambre du peuple]] (''Volkskammer''), le Parlement de la RDA, élit [[Hans Modrow]] au poste de [[ministre-président]]. Gorbatchev déclare que la réunification est une question que les Allemands doivent régler entre eux. La mention du rôle particulier du SED (''Sozialistische Einheitspartei Deutschlands'', « Parti socialiste unifié d'Allemagne »), est retirée de la constitution, ce qui ouvre potentiellement la voie à des élections libres et à une véritable opportunité d'accession au pouvoir des autres partis politiques. À partir du {{date|7 décembre 1989-}}, le nouveau gouvernement dirigé par Modrow accepte de discuter avec les nouveaux groupes d'opposition et les Églises lors d'une « [[Table ronde (Allemagne de l'Est)|table ronde centrale]] ». D'autres « tables rondes » sont formées à l'échelon communal. Les principales revendications des opposants portent sur la démocratisation du régime, la tenue d'élections libres et la dissolution du [[Ministère de la Sécurité d’État (RDA)|ministère de la Sécurité d’État]] (''Ministerium für Staatssicherheit'', plus connu sous l'acronyme de « Stasi »). La réunification allemande n'est cependant pas à l'ordre du jour.
 
Le {{date|18|mars|1990}}, se tiennent les [[Élections législatives est-allemandes de 1990|élections]] pour la ''Volkskammer''. Autant à l'est qu'à l'ouest, de nombreuses discussions portent sur le calendrier et les modalités d'une réunification. Après la victoire des conservateurs de l'« [[Alliance pour l'Allemagne]] » (''Allianz für Deutschland'' - coalition de trois partis conservateurs : [[Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (RDA)|CDU de l'Est]], [[Union sociale allemande|DSU]] et [[Demokratischer Aufbruch|DA]]), le processus en faveur d'une réunification rapide en utilisant l'article 23 de la [[loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne]] est enclenché. Cet article permet à un [[Land allemand|''Land'' allemand]] de faire une déclaration unilatérale d'adhésion au domaine d'application de la loi fondamentale lorsque celle-ci n'était pas en vigueur lors de son adoption en 1949. La loi du {{date|22|août|1990}} consacre donc la reconstitution des anciens ''Länder'' dissous par la réforme territoriale de [[1952]] et qui avaient été remplacés par 15 [[Districts en République démocratique allemande|''Bezirke'' (districts)]]. Ainsi, sont recréés les ''Länder'' de [[Brandebourg]], [[Mecklembourg-Poméranie-Occidentale]], [[Saxe (Land)|Saxe]], [[Saxe-Anhalt]] et [[Thuringe]], tandis que [[Berlin-Est]] est joint à [[Berlin-Ouest]] pour former le ''Land'' de [[Berlin]].
 
Dans la nuit du 22 au {{date|23|août|1990}}, la ''Volkskammer'' décide la déclaration de l'adhésion avec effet le {{date|3 octobre 1990}}. Il est à remarquer que cette date est unilatéralement décidée par le Parlement de la RDA sans consultation du gouvernement ou du Parlement de la RFA. Le {{date|14 octobre 1990}}, les premières élections régionales dans les nouveaux ''Länder'', destinées à constituer les [[Landtag en Allemagne|''Landtage'']], confortent la mainmise sur la RDA des partis conservateurs réunis au sein de l'[[Alliance pour l'Allemagne]], seul le Brandebourg donnant une majorité au [[Parti social-démocrate (RDA)|SPD de l'Est]]<ref name="Schneilin">{{Lien web|auteur1=[[Anne Saint Sauveur-Henn]]|auteur2=[[Gérard Schneilin]]|titre=La mise en œuvre de l'unification allemande (1989-1990)|url=https://books.google.fr/books?id=SkOCK8lSB3AC&pg=PA65&lpg=PA65&dq=%C3%A9lections+r%C3%A9gionales+allemandes+en+1990&source=bl&ots=Ik8P0ZSkdm&sig=0vT3jAVlVfrY3PVoEptkPCi6r2k&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi9oNWFw7vLAhWJNhoKHUUwBMUQ6AEIMTAE#v=onepage&q=%C3%A9lections%20r%C3%A9gionales%20allemandes%20en%201990&f=false|page=65|éditeur=Publications de l'Institut d'allemand (PIA)|date=1998|isbn=2-910212-11-4|consulté le=12 mars 2016}}.</ref>.
 
=== Réunification ===
[[Fichier:EinigungsvertragBRD-DDR.JPG|vignette|300px|Les deux exemplaires du traité d'unification à Berlin.]]
{{Article connexe|Einigungsvertrag|intégration de la République démocratique allemande dans la Communauté économique européenne|géopolitique des années 1990}}
 
Les modalités de la réunification sont fixées par le [[Einigungsvertrag|traité d'unification]] (''Einigungsvertrag'') signé à Berlin le {{date|31|août|1990}} et ratifié le {{date|20 septembre 1990-}} par la ''[[Chambre du peuple (Allemagne)|Volkskammer]]'' de l'Est avec 299 contre 80 votes et par le ''[[Bundestag]]'' de l'Ouest avec 442 contre 47 votes. Avec le [[Traité de Moscou (1990)|traité des 2+4]] (Traité de Moscou), un traité de paix entre les deux États allemands et les quatre puissances victorieuses de la [[Seconde Guerre mondiale]] ([[États-Unis]], [[France]], [[Royaume-Uni]] et [[Union soviétique]]) signé à [[Moscou]] le {{date|12|septembre|1990}}, la totalité du territoire allemand (comprenant Berlin) devient pleinement souverain au moment de la réunification qui intervient le {{date|3|octobre|1990}}. À cette date, la [[Constitutions de l'Allemagne de l'Est#La constitution de 1974|constitution de la RDA]] devient caduque, remplacée sur l'ancien territoire est-allemand par la [[Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne]].
 
Enfin, le [[Traité sur la frontière germano-polonaise]] signé le {{date|14|novembre|1990}} à [[Varsovie]] fixe les limites de l'Allemagne réunifiée avec la [[Pologne]] sur la [[Frontière entre l'Allemagne et la Pologne|ligne Oder-Neiße]], frontière effective depuis 1945. L'Allemagne renonce donc définitivement aux anciennes provinces de [[Prusse-Orientale]], de [[Silésie]], de [[Poméranie orientale]] et à la partie du [[Brandebourg]] située à l'est de ces deux rivières.
 
[[Fichier:Pano-udl-1564.jpg|vignette|gauche|redresse=5|Le mercredi {{date-|3 octobre 1990}}, une foule se trouve sur l'avenue [[Unter den Linden]] pour fêter la réunification de la [[République démocratique allemande|RDA]] et la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]] avec des objets publicitaires de [[Pepsi-Cola]]… journée annonçant de nouvelles formes de consommation pour les Allemands de l'Est, avec l'arrivée d'un camion-poubelle.]]
{{clr|left}}
 
== Conséquences pratiques ==
=== La monnaie ===
Le traité monétaire signé à [[Bonn]] au [[Palais Schaumburg (Bonn)|palais Schaumburg]] (Chancellerie fédérale), le {{date|18|mai|1990}} entre la RFA et la RDA est le premier acte significatif de la réunification allemande. Celui-ci stipule qu'à partir du {{date|1 juillet 1990-}} suivant, le [[Deutsche Mark]] émis par la République fédérale d'Allemagne devient également l'unité monétaire de la République démocratique allemande. L'ancien [[Mark est-allemand]] (ou ''Ostmark''), non convertible, dont la parité théorique était d'1 DM mais qui se négociait à un niveau bien inférieur sur le marché libre, fut néanmoins échangé à parité (1:1).
 
=== Les privatisations ===
La mise aux normes des structures économiques est-allemandes à l'[[économie de marché]] nécessita la [[privatisation]] de {{nombre|14000|entreprises}} d'État et coopératives existantes (représentant 80 % de l'économie de la RDA). La supervision de ce processus fut confiée à un organisme de droit ouest‑allemand, la [[Treuhand|''Treuhandanstalt'']], qui siégeait à [[Berlin]] dans l'ancien bâtiment du ''[[Reichsluftfahrtministerium]]'' (« Ministère de l'Air du ''Reich'' » de [[Göring]]) et employait {{nombre|4000|personnes}}.
 
=== Les dettes publiques de la RDA ===
Les dettes est-allemandes furent transférées dès [[1994]] à un fonds spécial et réparties à parts égales entre l'État fédéral et les nouveaux ''Länder'' de l'est, les recettes des privatisations servant en partie au désendettement.
 
=== Le système de protection sociale ===
Le système de protection sociale ouest-allemand étant moins développé qu'en Allemagne de l'Est, la réunification suscite dès lors l'inquiétude au sein de la population de l'ex-RDA.
 
Ainsi, le journal [[El País]] note en 1990 : {{citation|[…] De nombreuses femmes éprouvent des craintes à l’égard des lois de la RFA ainsi que face au chômage et au démantèlement des services sociaux dont les mères ont jusqu’à présent bénéficié. En RDA, les mères au travail jouissent d’une garantie de places dans une crèche, de salaire et de préservation de leur emploi}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|titre=La révolution d'Octobre et les droits des femmes.|périodique=Lava Media|date=2018-01-14|lire en ligne=https://lavamedia.be/fr/la-revolution-doctobre-et-les-droits-des-femmes/#easy-footnote-3|consulté le=2018-01-31|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=es |auteur1=Reuters |titre=Mujeres de la RFA piden que se apliquen las leyes que protegen, a la mujer en la RDA |périodique=[[El País]] |date=19-06-1990 |lire en ligne=https://elpais.com/diario/1990/06/19/sociedad/645746403_850215.html |consulté le=21-11-2023}}.</ref>. Après la réunification, l'essentiel des structures sociales destinées à accueillir les enfants et les adolescents (crèches, jardins d’enfants, études dirigées, clubs de jeunes, colonies de vacances, etc) est progressivement démantelé<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Jay Rowell|titre=Les femmes sacrifiées de l'ex-RDA|périodique=Le Monde diplomatique|date=1997-05-01|lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/1997/05/ROWELL/4386|consulté le=2018-02-06|pages=}}</ref>.
 
=== Les entreprises publiques ===
==== Le transport ferroviaire ====
Jusqu'au {{date|1|janvier|1994}}, le transport ferroviaire au niveau national relevait des deux entreprises publiques qui existaient pendant la séparation : la ''[[Deutsche Bundesbahn]]'' à l'ouest et la [[Deutsche Reichsbahn (RDA)|''Deutsche Reichsbahn'' (DR)]] à l'est. Celles-ci fusionnèrent pour créer la ''[[Deutsche Bahn]]'' société anonyme dont le capital est détenu à 100 % par l'État fédéral.
 
==== Le transport aérien ====
Des deux sociétés nationales existantes, [[Lufthansa]] à l'ouest et [[Interflug]] à l'est, la seconde ne survécut pas à la réunification. Interflug cessa ses activités en [[1991]].
 
==== Les transports berlinois ====
Des deux sociétés dénommées ''[[Berliner Verkehrsbetriebe]]'' (Compagnie des transports berlinois), mais ayant deux sigles différents — BVG à [[Berlin-Ouest]] et BVB à [[Berlin-Est]] — seule la BVG obtint le monopole des transports dans le « Grand-Berlin ». Elle reprit donc l'exploitation des réseaux de BVB. Elle est depuis détenue à 100 % par le ''Land'' de [[Berlin]].
 
==== Les postes et télécommunications ====
Les sociétés chargées des postes et télécommunications : ''[[Deutsche Bundespost]]'' pour l'ouest et {{Lien|langue=de|trad=Deutsche Post (DDR)|fr=Deutsche Post (République démocratique d'Allemagne)|texte=Deutsche Post}} pour l'est, fusionnèrent le {{date|1 juillet 1990}}, pour créer trois entreprises publiques distinctes :
* ''Deutsche Bundespost Postbank'' : chargée de la banque postale et des services financiers ;
* ''Deutsche Bundespost Telekom'' : chargée des communications électroniques ;
* ''Deutsche Bundespost Postdienst'' : chargée du service postal fédéral.
 
=== La réunification de Berlin ===
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-1990-1003-400, Berlin, deutsche Vereinigung, vor dem Reichstag.jpg|vignette|redresse=2|Le drapeau de la RFA hissé devant le palais du ''Reichstag'', le {{date-|3 octobre 1990}}.]]
 
La réunification de la ville de [[Berlin]] intervint le même jour que la réunification du pays, le {{date|3|octobre|1990}}. [[Bonn]] qui fut capitale provisoire de République fédérale perdit donc ce statut au profit de celui de « ville fédérale » (''Bundesstadt''), statut unique octroyé à une ville allemande.
 
Les structures institutionnelles des deux municipalités (le Sénat de [[Berlin-Ouest]] et le conseil municipal de [[Berlin-Est]]) avaient tenu leur première réunion commune au ''[[Rotes Rathaus]]'' (ancien hôtel de ville central) le {{date|12 juin 1990-}} précédent. La [[Constitution de Berlin]] votée pourtant par le Sénat ouest-berlinois le {{date|1|septembre|1950}} et valable pour l'ensemble du ''Land'', entra en application seulement au moment de la réunification de la ville (le même jour eurent lieu les premières élections municipales communes). [[Walter Momper]], tout juste nommé [[Bourgmestre-gouverneur de Berlin|Maire-gouverneur]] de Berlin-Ouest, deviendra le premier maire de la capitale allemande réunifiée.
 
La réunification de la ville permit également à l'essentiel des institutions fédérales de s'y installer de façon définitive, comme :
* la [[Président fédéral (Allemagne)|Présidence]] au [[Château de Bellevue (Berlin)|château de Bellevue]] ;
* la [[Chancelier fédéral (Allemagne)|Chancellerie]] dans un [[Chancellerie fédérale (Berlin)|nouveau bâtiment]] de {{unité|12000|m|2}} construit à cet effet ;
* le [[Bundesrat (Allemagne)|''Bundesrat'']] dans l'ancienne [[chambre des seigneurs de Prusse]] ;
* le ''[[Bundestag]]'' dans l'ancien [[Palais du Reichstag|palais du ''Reichstag'']].
 
Cependant, pour des raisons plus financières que politiques, de nombreux ministères, ambassades et autres institutions n'ont pas été transférés à Berlin et sont restés à Bonn.
 
=== Le ministère fédéral des Relations intra-allemandes ===
Le [[Ministère fédéral chargé des relations avec l'Allemagne de l'Est|ministère fédéral des Relations intra-allemandes]] qui fut chargé des relations entre les deux pays dans le cadre de la « politique allemande » (''Deutschlandpolitik'') du [[Gouvernement fédéral (Allemagne)|Gouvernement fédéral]] fut le seul à être dissous en 1991, ne trouvant plus dès lors son utilité.
 
=== L'armée ===
Une partie des effectifs de la ''[[Nationale Volksarmee]]'' (« Armée populaire nationale » de la RDA) fut intégrée dans la ''[[Bundeswehr]]'' (Armée fédérale ouest-allemande) lorsqu'ils présentaient des gages de respect de la constitution de la [[Allemagne de l'Ouest|RFA]]. Une sorte de « décommunisation » (par analogie avec la [[dénazification]]) eut alors lieu. Les officiers les plus haut gradés furent mis à la retraite d'office. Une partie de l'armement fut vendue ou donnée aux pays intéressés ([[Europe de l'Est|pays de l'Est]], [[Proche-Orient]], etc.). Le reste fut rebuté ou « occidentalisé », c'est-à-dire mis aux normes [[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]], et intégré dans la ''Bundeswehr'', par exemple les [[MiG-29]].
 
=== Le sport ===
Les fédérations sportives est-allemandes furent dissoutes et leurs structures intégrées à leurs homologues d'Allemagne de l'Ouest. Les championnats ouest-allemands furent réorganisés afin d'accueillir dans leurs rangs les anciens clubs de RDA.
 
Par exemple, le [[Championnat de RDA de football]] fut ainsi supprimé ; seuls les deux premiers clubs du [[Championnat de RDA de football 1990-1991|dernier championnat est-allemand]] ([[FC Hansa Rostock|Hansa Rostock]] et [[SG Dynamo Dresde|Dynamo Dresde]]) furent admis en [[Championnat d'Allemagne de football|Bundesliga]] pour la [[Championnat de RDA de football 1990-1991|saison 1991/1992]], ce championnat étant alors étendu à vingt clubs. Les autres clubs classés de la troisième à la sixième place de ce même championnat de RDA furent directement admis en [[Championnat d'Allemagne de football D2|Bundesliga.2]] : [[FC Rot-Weiss Erfurt]], [[Hallescher FC]], [[Chemnitzer FC]] et [[FC Carl Zeiss Iéna]]. Puis deux autres y furent admis à la suite de matches de barrages entre les clubs classés de la septième à la douzième place : [[VfB Leipzig]] et [[BSV Stahl Brandenburg]]. Les quatre clubs éliminés lors de ces barrages et les deux derniers du championnat intégrèrent l'[[Championnat d'Allemagne de football D3|Oberliga Nordost]].
 
Lors du [[Championnat du monde féminin de handball 1990]] disputé en novembre et décembre 1990, deux Allemagnes sont encore présentes lors de la compétition et c'est d'ailleurs l'[[Équipe d'Allemagne de l'Est féminine de handball|ex-RDA]] qui s'impose 25 à 19 face à l'[[Équipe d'Allemagne féminine de handball|ex-RFA]] lors de la petite finale à forte portée symbolique.
 
=== Cinéma ===
{{ref nec|La réunification allemande a ouvert de nouvelles perspectives pour les réalisateurs des deux côtés du mur, influençant profondément le cinéma allemand}}. [[Wolfgang Becker]], avec son film ''[[Good Bye Lenin!]]'' (2003), a illustré la nostalgie de l'Allemagne de l'Est et les défis culturels de la réunification. Le film mélange subtilement humour et mélancolie, offrant une perspective émotionnelle sur ces événements. {{ref nec|Cette période a également vu une diversification des histoires, enrichissant ainsi le cinéma allemand.}}
 
=== Théâtre ===
Le théâtre de l'Est, souvent axé sur la politique et la critique sociale, a fusionné avec celui de l'Ouest, plus orienté vers des sujets individuels et familiaux. Cette fusion a créé une nouvelle forme de théâtre qui aborde simultanément les questions politiques et les dilemmes personnels, reflétant ainsi la complexité de la société post-réunification<ref>{{lien web|url=https://doi.org/10.4000/books.septentrion.41217|titre=Politisations du théâtre des deux côtés du mur|site=Presses universitaires du Septentrion eBooks|consulté le=2023-12-01}}</ref>.
 
=== Musique ===
Des artistes comme [[Udo Lindenberg]]<ref>{{lien web|langue= en |url=https://www.deutschland.de/en/topic/politics/germany-europe/udo-lindenberg-and-german-unity|titre=Udo Lindenberg and German Unity|site=deutschland.de|date=07.07.2015}}</ref> et [[Kurt Weill]] ont montré {{ref nec|comment la musique pouvait refléter et influencer les réalités sociales et politiques. La réunification a permis l'émergence d'une scène musicale diverse, mélangeant les genres de l'Est et de l'Ouest, et enrichissant le paysage musical allemand.}}
 
=== Médias et Communication ===
Les médias et la communication ont joué un rôle important dans la culture post-réunification, façonnant l'opinion publique et influençant la culture contemporaine. {{ref nec|Cette richesse et diversité des médias en Allemagne contribuent à façonner l'opinion publique et à influencer la culture contemporaine}}<ref>{{lien web|url=https://www.deutschland.de/en/media-in-germany|titre=Media in Germany|site=deutschland.de|langue=en|consulté le=2023-12-01}}</ref>.
 
=== Identité nationale et Histoire ===
L'identité nationale et l'histoire, notamment la commémoration de l'Holocauste, sont au cœur de la culture allemande post-réunification. Cette commémoration représente un aspect crucial de l'identité nationale et de la culture en Allemagne<ref>{{lien web|url=https://www.dw.com/en/germany/s-1432|titre=Germany - DW News|site=dw.com|langue=en|consulté le=2023-12-01}}</ref>{{refins}}.
 
== Situation comparée entre l'ex-RDA et le reste de l'Allemagne ==
Menée au pas de charge, la réunification s'effectue par l'intégration de l'ex-[[République démocratique allemande|RDA]] dans le système politique, économique et social de l'Allemagne de l'Ouest, sans période de transition. Il en résulte un effondrement économique brutal et une hausse massive du chômage. En {{date-|juillet 1990}}, la production industrielle chute de 43,7 % par rapport à l’année précédente, de 51,9 % en août et de près de 70 % fin 1991, tandis que le nombre officiel de chômeurs grimpe d’à peine {{nb|7500}} en {{date-|janvier 1990}} à {{nombre|1,4|million}} en {{date-|janvier 1992}}, et plus du double en comptant les travailleurs au chômage technique, en reconversion ou en préretraite<ref name="Allemagne de l’Est, histoire d’une annexion">{{Article |langue=fr|auteur1=Rachel Knaebel et Pierre Rimbert |titre=Allemagne de l’Est, histoire d’une annexion |périodique=Le Monde diplomatique |date=novembre 2019 |lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/11/KNAEBEL/60911 |pages= }}</ref>.
 
Trente ans après la [[chute du mur de Berlin]], l’écart en termes économique, social ou même culturel persiste entre l’ex-RDA et l'[[Allemagne de l'Ouest|Allemagne de l’Ouest]], même s'il diminue régulièrement. Ainsi, alors que le [[Produit intérieur brut par habitant|PIB par habitant]] de la RDA représentait 43 % de celui de l’Allemagne de l'Ouest en 1990, le niveau des cinq Länder de l’Est est de 75 % de celui des Länder de l'Ouest en 2018. Le chômage demeure aussi plus important à l'Est où il atteint 7,6 % de la population en 2017 contre 5,3 % à l'Ouest<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Pierre Breteau |titre=Chute du mur de Berlin : trente ans après, 9 cartes sur le décalage persistant entre l’ex-RDA et le reste de l’Allemagne |périodique=Le Monde |date=6 novembre 2019 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/11/06/chute-du-mur-de-berlin-trente-ans-apres-9-cartes-qui-montrent-le-decalage-persistant-entre-l-est-et-l-ouest-de-l-allemagne_6018215_4355770.html |pages= }}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=de|auteur1=Deutscher Bundestag|titre=Jahresbericht der Bundesregierung zum Stand der Deutschen Einheit 2018|url=http://dip21.bundestag.de/dip21/btd/19/045/1904560.pdf|site=dip21.bundestag.de|date=26 septembre 2018|consulté le=6 novembre 2019}}</ref>.
 
[[Fichier:SoziodemographieDeutschlandsNachDerWiedervereinigung.png|vignette|centre|redresse=2.75|Ces cartes illustrent l'évolution [[démographie|démographique]] et [[économie (activité humaine)|économique]] des différentes régions d'Allemagne dans les années qui suivent la réunification. Carte de gauche : évolution démographique ; carte centrale : évolution de la proportion de salariés assujettis à l'assurance sociale ; carte de droite : évolution du taux de chômage.]]
 
[[Serge Berstein]] et Pierre Milza considèrent que le terme « réunification » peut être critiqué tant les deux anciennes Allemagnes semblent encore exister sous certains aspects (chômage supérieur à l'Est, salaires inférieurs, dynamiques de vote différentes…)<ref>{{Article|langue=fr|titre=Trente ans après la réunification allemande, neuf cartes montrent le décalage persistant entre l’Est et l’Ouest|périodique=Le Monde.fr|date=2019-11-06|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/11/06/chute-du-mur-de-berlin-trente-ans-apres-9-cartes-qui-montrent-le-decalage-persistant-entre-l-est-et-l-ouest-de-l-allemagne_6018215_4355770.html|consulté le=2021-12-22}}</ref>. Ils proposent de qualifier ce processus comme étant {{citation|l'absorption de la RDA par la RFA}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Serge Berstein|auteur2=Pierre Milza|titre=L'Allemagne de 1870 à nos jours|passage=" Chapitre 19 - La réunification allemande " : p. 263-288|lieu=Paris Montparnasse|éditeur=Armand Colin|collection=U|date=2014|pages totales=384|isbn=9782200285050|lire en ligne=https://www.cairn.info/l-allemagne-de-1870-a-nos-jours--9782200285050.htm|consulté le=22/12/21}}</ref>.
 
L'expression ''réunification allemande'' fait l'objet de critiques étant donné qu'il s'agit à proprement parler d'une annexion de la [[République démocratique allemande]] par la [[Allemagne de l'Ouest|République fédérale d'Allemagne]]<ref name="Allemagne de l’Est, histoire d’une annexion" />.
 
Dans un article consacré à l'historiographie de la RDA en France, l'historien [[Ulrich Pfeil]] estime que cette réduction de l'histoire de l'unification allemande à une liquidation de la RDA, à une « Annexion » est caractéristique d'un certain courant historiographique français, ainsi que de quelques personnalités politiques, comme [[Jean-Luc Mélenchon]], qui font l'impasse sur le fait que {{citation|ce sont beaucoup d'Allemands de l'Est eux-mêmes qui ont voulu se libérer de l'héritage physique et intellectuel de la RDA et des divers souvenirs désagréables du régime SED immédiatement après la chute du mur de Berlin}}. Pour Pfeil, il s'agit d'un {{citation|courant populiste de gauche dans les études historiques, qui instrumentalise l'histoire de la perte de la RDA et l'unité allemande dans leur lutte idéologique contre le « [[néolibéralisme]] »}}<ref name="Pfeil202004">{{de}} Ulrich Pfeil, [https://www.bpb.de/geschichte/zeitgeschichte/deutschlandarchiv/307645/die-ddr-als-zankapfel-in-forschung-und-politik#footnode48-48 « Die DDR als Zankapfel in Forschung und Politik »], ''bpb.de'', 9 avril 2020.</ref>.
 
== Célébrations ==
La célébration de la réunification est aujourd'hui la fête nationale allemande, le « [[jour de l'Unité allemande]] », célébrée le {{date|3 octobre}} en souvenir de la déclaration d'adhésion. Le {{date|9 novembre}}, date de la chute du [[mur de Berlin]] en 1989, avait également été proposé, mais cette date rappelle aussi de sombres épisodes de l'histoire allemande, comme la « [[nuit de Cristal]] » de [[1938]], ou le [[Putsch de la Brasserie|putsch]] avorté d'[[Adolf Hitler]] à [[Munich]]. C'est pourquoi elle ne fut pas retenue.
 
== Notes et références ==
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons=Category:German reunification|commons titre=Réunification allemande}}
 
=== Articles connexes ===
* [[Géopolitique des années 1990]]
* [[1989#Europe de l’Est|Chronologie de l'effondrement des régimes communistes]]
* [[Fonds RDA - Nouveaux Länder|Fonds RDA - Nouveaux ''Länder'']]
* [[Frontière intérieure allemande]]
* [[Histoire de la RDA]]
* [[Mur de Berlin]]
* [[Remodelage de Berlin]]
* [[République démocratique allemande]]
* [[République fédérale d'Allemagne]]
* [[Solidaritätszuschlag]]
 
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* [[Hélène Miard-Delacroix]], [http://cle.ens-lsh.fr/44506211/0/fiche___pagelibre/ ''La Réunification de l'Allemagne. Quelques précisions contre certaines idées reçues''] sur le site ''La Clé des langues'' (article d'un professeur à l'université Paris-IV).
 
{{Palette|Histoire de l'Allemagne|Guerre froide}}
{{Portail|relations internationales|Allemagne|République démocratique allemande|guerre froide|communisme|années 1990|années 1980}}
 
{{DEFAULTSORT:Reunification Allemande}}
[[Catégorie:Réunification allemande|*]]
[[Catégorie:1989 en Allemagne]]
[[Catégorie:1990 en Allemagne]]
[[Catégorie:1990 en politique]]
[[Catégorie:Pan-nationalisme]]