« Pythagore » : différence entre les versions

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Sur la vie de Pythagore, on a de nombreux documents, mais souvent tardifs.<ref>Diogène Laërce, ''Vies et doctrines des philosophes illustres'', écrit vers 200, livre VIII, trad., Le livre de poche, 1999, p. 939-979. Porphyre, ''Vie de Pythagore'' écrit vers 270, trad., Les Belles Lettres, 1982. Jamblique, ''Vie de Pythagore'', écrit vers 310, trad., Les Belles Lettres, 1996. Extraits dans ''Pythagore. Un dieu parmi les hommes'', Les Belles Lettres, "Aux sources de la tradition", 2002, 220 p.</ref> Certains savants (dont Edmund Zeller et André-Jean Festugière), hypercritiques, nient tout ou partie des informations, en particulier les voyages en Égypte et en Chaldée, qui seraient plutôt des lieux communs littéraires d'époque tardive (II{{e}} s., III{{e}} s.).
 
Pythagore, naît à [[Samos]], une île des [[Sporades]], en Asie Mineure, en -569 (ou vers -580606 selon Diogène Laërce, ou-590 selon Jamblique, -606580 selon Porphyre)<ref>Sur l'incertitude de la date de naissance de Pythagore : Edmund Zeller, ''La philosophie des Grecs'', trad., t. 1, p. 296.</ref>, et il meurt en -494 à Métaponte, en Italie.
 
Son père, Mnésarque<ref>Hérodote, IV, 95.</ref>, ciseleur de bagues, et sa mère, Parthénis, la plus belle des Samiennes, descendraient tous deux du héros Ancée, fils de Zeus, qui avait fondé la ville de Samos. Ce Mnésarque de Samos interroge la Pythie de Delphes sur un voyage ; la Pythie lui répond que "sa femme était enceinte et mettrait au monde un enfant qui l'emporterait en beauté et en sagesse. De ce moment, il changea le nom de sa femme de 'Parthénis' en 'Pythaïs' [la pythienne], il appela son fils 'Pythagore' [Πυθαγόρας, prédit par la Pythie], pour la raison qu'il avait été annoncé par le dieu pythien."<ref>Jamblique, ''Vie de Pythagore'', § 7.</ref>Plus tard, Pythagore dira qu'il est la réincarnation d'Aithalidès (fils d'Hermès), d'Euphorbe (héros de la guerre de Troie), d'Hermotime de Clazomènes (chamane apollinien), et de Pyrrhos (un pêcheur de Délos), et qu'il se souvenait de ces incarnations antérieures.<ref>Diogène Laërce, VIII, 4-5, p. 943-944. Porphyre, ''Vie de Pythagore'', § 45.</ref>
 
Pythagore était athlète.<ref>Saint Augustin, ''Lettres'', III, 137, 3. Lucien, ''Le coq'', 8.</ref> Selon une tradition, Pythagore participe aux [[Jeux Olympiques antiques|jeux Olympiques]] à l'âge de 17 ans. Ce serait la 57° olympiade (-552) (et non la 48°, -588, selon Ératosthène). Il remporte toutes les compétitions de [[pugilat]]<ref>[http://www.olympic.org/fr/games/ancient/index_fr.asp Jeux Olympiques de l'Antiquité]</ref> (sport de l'Antiquité comparable à la [[boxe]]).
 
À 18 ans, en -551, il quitte Samos. Il va, dit la légende, s'instruire à Lesbos auprès de Phérécyde de Syros (vers -585/-499).<ref>Diogène Laërce, VIII, 2, p. 940. Porphyre, ''Vie de Pythagore'', § 55.</ref>, un sage, le premier à enseigner que l'homme a deux âmes, l'une d'origine terrestre, l'autre d'origine divine. Que les philosophies se ressemblent, c'est sûr ; que les hommes se soient rencontrés, c'est incertain.
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Troisième initiation. Certaines traditions ajoutent qu'il est expulsé comme esclave ou prisonnier d'Égypte à Babylone, par Cambyse II, roi de Perse venu conquérir l'Égypte en -525. Il serait alors allé "chez les Chaldéens et les Mages". Cet épisode est beaucoup moins attesté que le voyage en Égypte, et les dates posent problème, surtout quand Antiphon prétend que Pythagore est resté 22 ans en Égypte (de -547 à -525 ?) et 12 ans à Babylone (de -525 à -513 ?).<ref>Antiphon, cité par Porphyre, ''Vie de Pythagore'', § 7.</ref> Il est impossible qu'il ait rencontré Zoroastre (comme le voudrait Porphyre), car le prophète iranien enseignait en -594 environ.
 
Quatrième initiation : Pythagore se rend en Crète, dans l'antre de l'Ida, haut lieu ésotérique, sous la conduite, dit-on, d'Épiménide de Crète, et des initiés du Dactyle (magicien), Morgès.<ref>Diogène Laërce, VIII, 3, p. 942. Porphyre, ''Vie de Pythagore'', § 16-17.</ref> Cinquième initiation : il va en Thrace, pour rencontrer les orphiques. Sixième initiation : il rencontre "Thémistocléa, la prêtresse de Delphes."<ref>Diogène Laërce, VIII, 8 et 21. Porphyre, ''Vie de Pythagore'', § 41.</ref>
 
Il revient à Samos une seconde fois. Il commence à enseigner dans un amphithéâtre à ciel ouvert, l'[[Hémicycle]], sans grand succès.
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Il fonde son école à [[Crotone]] en -532. C'est une communauté, quasiment une secte, à la fois philosophique, scientifique, politique, religieuse, initiatique. Il fonde d'autres communautés dans les villes d'Italie et de Grèce : Tarente, Métaponte, Sybaris, Caulonia, Locres, et, en Sicile, Rhégium, Tauroménium, Catane, Syracuse. Il ne semble pas qu'il veuille fonder une fédération politique des cités du golfe de Tarente (Tarente, Métaponte, Sybaris, Crotone, dans le talon de la botte Italie).
 
En -510, une révolution populaire à Sybaris, sous la conduite d'un orateur démocrate, Télys, massacre des pythagoriciens, et 500 aristocrates, vont se réfugier à Crotone. Une guerre s'ensuit entre Sybaris et Crotone, recommandée - selon Diodore de Sicile - par Pythagore. L'aristocratie de Crotone, sous la conduite de Milon de Crotone, l'emporte avec 100000 hommes contre 300000 : elle massacre à son tour la population et rase Sybaris.<ref>Diodore de Sicile, ''Bibliothèque historique'', XIIXI, 9-10. Geneviève Tabouis, ''Sybaris. Les Grecs en Italie'', Payot, 1958.</ref>
 
Il s'inquiète du progrès du parti démocratique. "Il annonça à ses disciples qu'un soulèvement allait éclater"<ref>Apollonios, ''Histoires merveilleuses'', 6 : ''Les présocratiques'', "Pléiade", p. 57.</ref>, et de partir pour Métaponte, port de la Lucanie, toujours sur le golfe de Tarente. Sans doute il y trouve une communauté pythagoricienne déjà installée. Il a des disciples qui deviendront illustres, dont Philolaos, Archytas de Tarente, Alcméon, Hippase de Métaponte.<ref>Jamblique, ''Vie de Pythagore'', § 104.</ref> "Les habitants de Métaponte appelaient sa maison 'le temple de Déméter', sa ruelle 'temple des Muses'."
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Pythagore meurt à Métaponte en -494 (ou -497). Cicéron témoigne : "Je suis allé avec toi à Métaponte. Je n'ai pas accepté de me rendre chez notre hôte avant d'avoir vu le lieu où Pythagore est mort et où il avait son siège."<ref>Cicéron, ''Des fins des biens et des maux'' (-45).</ref>
 
En -440 se produit un événement considérable, amalgamé par certains historiens à la guerre de -510. Un noble de Crotone, Cylon de Crotone, gouverneur de Sybaris, fomente un complot. Il veut se venger de Pythagore qui l'avait jugé inapte à suivre les enseignements de l'école. Il soulève la population contre les pythagoriciens, partisans d'un régime aristocratique et conservateur. Le feu est mis à la maison de Milon de Crotone où sont réunis 40 pythagoriciens. Deux seulement réussissent à se sauver : Lysis de Tarente et Archippe de Tarente.<ref>. Polybe, ''Histoires'' (vers -150), II, 39. Diodore de Sicile, ''Bibliothèque historique'' (-Ier s. av. J.-C.), X, 11. Diogène Laërce (vers 200), VIII, 39, p. 971. Porphyre, ''Vie de Pythagore'', § 54-56. Jamblique, ''Vie de Pythagore'', § 248-251.</ref> Ces persécutions conduisent à la dispersion des membres de l'[[école pythagoricienne]], et marquent le commencement du déclin de l'influence pythagoricienne en [[Italie]]. Le dernier bastion sera [[Tarente]], avec [[Archytas de Tarente]], stratège, philosophe, mathématicien, inventeur, mais aussi ami et sauveur de Platon en -388 et -361. Les versions qui soutiennent que Pythagore serait mort dans l'incendie de la maison de Milon ou tué, lors de sa fuite, devant un champ de fèves qu'il refusait, par tabou des fèves, de traverser, semblent fragiles.
 
Il semble que, sur le modèle des degrés initiatiques séparant acousmates (auditeurs) et mathématiciens (sachants), la communauté pythagoricienne se soit divisée en deux branches de spécialistes : les Acousmates, au sens de "littéraires", et les "Mathématiciens", au sens de "scientifiques".<ref>Jamblique, ''La science mathématique commune. De communi mathematica scientia'', édi. U. Klein, Leipzig, Teubner, 1975, p. 76 ; W. Burkert, ''Lore and Science in Ancient Pythagoreanism'' (1962 en all.), Cambridge (Mass.), 1972, p. 192-208.</ref> Hippase était à la tête des Mathématiciens.
 
La légende (surtout chez Porphyre et Jamblique) attribue à Pythagore des pouvoirs merveilleux : il apprivoise une ourse, à Olympie il fait descendre un aigle du ciel, il connaît ses existences antérieures, il prédit la révolution à Crotone, il prédit la quantité de poissons que vont ramener des pêcheurs, il charme et guérit par sa musique, il entend l'harmonie des sphères, il commande à la grêle et aux vents, etc.
 
== La communauté pythagoricienne ==
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