L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat

film français sorti en 1896
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L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat, ou L'Arrivée d'un train à La Ciotat, est un film français réalisé par Louis Lumière en 1895, sorti en .

L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat
Réalisation Louis Lumière
Sociétés de production Société Lumière
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Documentaire
Durée 50 secondes
Sortie 1896

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Contrairement à une idée reçue, le film n'est pas au programme des 10 films composant la projection du , dans le Salon indien du Grand Café, place de l'Opéra à Paris[1].

Plaque commémorant le tournage du film, apposée en 1942 dans la gare de La Ciotat.
Plaque commémorant le tournage du film, apposée en 1942 dans la gare de La Ciotat.

Synopsis

Le film montre un train arrivant en gare de La Ciotat, ville proche de Marseille. La famille Lumière possédait une résidence à La Ciotat, ce qui explique le choix de cette gare plutôt que d'une autre.

Dans la diagonale du champ s'appuyant sur la ligne de fuite d'une voie ferrée, des voyageurs en habit du dimanche attendent sur le quai. Un bagagiste s'approche de la caméra. Au fond, une locomotive à vapeur apparaît, son image grossit. Ralentissant, elle disparaît à notre regard par la gauche. Les wagons s'immobilisent. Des voyageurs en descendent, d'autres s'apprêtent à monter ou s'attardent sur le quai, les curieux regardent par les fenêtres des wagons, certains remarquent la caméra et la fixent du regard (Louis Lumière se trouvait derrière son cinématographe et actionnait lui-même la manivelle aux yeux de tous).

Fiche technique

Analyse du film

La tradition veut que lors de la projection, l'image d'un train qui se dirige vers lui ait terrifié le public, criant et se précipitant à l'arrière de la salle voire dehors. Le journaliste Hellmuth Karasek rapporte dans Der Spiegel : « Ce court métrage a eu un impact particulièrement durable ; oui, il a provoqué la crainte, la terreur, et même la panique ... ».

Cette affirmation est désormais considérée comme faisant partie du véritable mythe que représente ce film. L'historien du cinéma Georges Sadoul évoque un sursaut des spectateurs et aucunement un recul de frayeur[2]. Le "grand écran" des premières projections privées était en vérité une simple « toile fine tendue entre deux portes »[3], et affichait donc des dimensions modestes qui ne pouvaient pas provoquer la terreur du public.

Publicité pour les projections du Salon indien, dessinée par Marcellin Auzolle

Les projections publiques le furent sur un écran de mêmes dimensions. Mais si l'étonnement du public devant la locomotive s'avançant vers lui devint un atout publicitaire, la principale attraction de ces projections était bien Le Jardinier et le petit espiègle, la première fiction sur pellicule photographique (Émile Reynaud ayant réalisé les véritables premières fictions du cinéma en dessin animé), rendue célèbre grâce à une affiche montrant les réactions enthousiastes du public face à l'écran.

Louis Lumière, photographe talentueux, a positionné sa caméra telle qu'elle puisse renforcer le côté spectaculaire de l'entrée d'un train en gare. Il aurait pu, plus pauvrement, filmer sur le côté, latéralement, à 90° de la voie (c'est ce que choisit Georges Méliès en 1904, dans Le Voyage à travers l'impossible). Mais il a préféré, par expérience de photographe, utiliser la diagonale du champ et la profondeur de champ (il était le premier à le faire), une expérience qu'il renouvelle pour d'autres sujets (La promenade des autruches par exemple), et que retiendront les cinéastes anglais et américains[4].

Certains historiens ont pensé que ce film de 50 secondes, dont il existe plusieurs versions (liées à l'usure prématurée du négatif originel utilisé pour le tirage des copies) contient (à lui tout seul) un florilège des différents cadrages du cinéma : plan d'ensemble, plan américain, plan rapproché, gros plan, et même un très gros plan. Mais il faut préciser que cette étonnante variété découle d'un concours de circonstances et non d'une recherche esthétique voulue par Louis Lumière. Les voyageurs qui descendent du train s'approchent par curiosité de ce drôle d'appareil photographique dont l'opérateur — bien connu des gens de La Ciotat — active une manivelle. Ils passent devant l'objectif et modifient obligatoirement la variété des cadres. Pourtant, il faut bien reconnaître que cette prise de vues est riche d'émotions, malgré son caractère non intentionnel, car elle est, sans le savoir, précurseur du plan subjectif, tel que l'Anglais George Albert Smith en découvrira le principe en 1900, avec son film La Loupe de grand-maman[5].

Versions ultérieures du film et hommages

Notes et références

  1. « La première séance publique payante », sur le site de l'Institut Lumière.
  2. Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours, Paris, Flammarion, , 719 p., p. 20.
  3. Édouard Waintrop, « Les Images animées de Monsieur Louis Lumière », Libération, no 4306 (supplément),‎ , p. 2 (numéro spécial célébrant le 22 mars 1895, année française de l’invention du cinéma).
  4. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, coll. « Cinéma », , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 101-102.
  5. Briselance et Morin 2010, p. 65-66.

Annexes

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Articles connexes

Lien externe