Système des us et coutumes

Le système des us et coutumes est une modalité du droit mexicain des élections municipales, qui permet à certaines communes autochtones d'organiser la nomination de leurs représentants suivant leurs propres règles. Le nom officiel de ce dispositif est Sistemas Normativos Internos (SNI, systèmes normatifs internes).

La place centrale de Cherán en 2011, qui a obtenu cette année-là le statut de municipalité régie par les us et coutumes.

Ce système s'enracine dans les arrangements historiques conclus entre autochtones et colons, selon lesquels les Espagnols s'engageaient à respecter dans une certaine mesure l'autonomie de leurs alliés[1]. Cette indépendance de fait de certaines communes a été reconnue dans le droit en 1995 comme exception au système général du municipio libre[2]. Cette innovation, faisant suite à la réforme constitutionnelle de 1992 que certains ont qualifiée de néolibérale[3], est partie due en réaction au soulèvement de l'armée zapatiste de libération nationale. Il est majoritairement utilisé à Oaxaca, dont la Constitution le prévoit à l'article 25[4] et où 418 communes sur 500 bénéficient de ce régime.

Cela a été considéré par certains comme une victoire pour le mouvement indigéniste[5], tandis que d'autres personnes ont argué que cela allait porter aux droits individuels des femmes autochtones, qui quant à elles défendent globalement l'indépendance autochtone en portant de manière secondaire leurs propres revendications d'égalité des femmes[6]. L'efficacité de ce système est débattue[7]. Au sein des municipalités, tout le monde n'est pas d'accord sur les manières de désigner l'ayuntamiento, il y a des conflits, des discriminations et des tensions[8],[9]. Les femmes sont souvent dissuadée de se porter candidates aux postes importants, et siègent peu dans les assemblées, mais cela a tendance à changer[10], et une proportion non négligeable des personnes accédant aux charges communales par ce système sont des femmes[11]. Le cas d'Eufrosina Cruz, qui s'est présentée à des élections du système des us et coutumes et a subi des pressions pour se retirer parce qu'elle est une femme, a particulièrement attiré l'attention des débats politiques nationaux, avec l'argument que ces pressions portant atteinte à ses droits politiques sont contraires à l'égalité des genres garantie par la Constitution fédérale[12].

Par ailleurs, le système des us et coutumes à Oaxaca a pu être dans une certaine mesure instrumentalisé à des fins de pouvoir politique dépassant l'échelle communale[13], plutôt en faveur du conservatisme[14].

Les communes du système des us et coutumes ont notamment le droit en vertu de la Constitution mexicaine d'adopter des réglementations spéciales sur le tequio (es), une forme de chantier collectif[15]. L'écrasante majorité de ces communes est très pauvre, ce à quoi tentent de remédier les différentes politiques d'aménagement du territoire mises en place par les conseils communaux du système des us et coutumes[16].

Il existe différentes causes d'invalidité des élections en vertu du système des us et coutumes[17].

Depuis les années 2010, il existe aussi un second statut accordant davantage d'autonomie, appelé municipio indígena[18]. Cela est dû à des revendications politiques des populations autochtones réclamant de pouvoir s'organiser sans être considérées comme subordonnées au droit national[19], d'où la considération que le système des us et coutumes serait insuffisant[20].

Références

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  1. Gabriela Georgina Mateos Gómez, « Los usos y costumbres en Tlaxcala: un ir y venir histórico », Ciencia jurídica, vol. 7, no 13,‎ , p. 123–141 (ISSN 2007-3577, lire en ligne, consulté le )
  2. (es) Luz Marina Ibarra Uribe et Martha Shirley Reyes Quintero, « Los sistemas de usos y costumbres y del municipio libre », Inventio, vol. 9, no 17,‎ , p. 23–28 (ISSN 2448-9026, lire en ligne, consulté le )
  3. Deborah Poole, « Los usos de la costumbre Hacia una antropología jurídica del Estado neoliberal », Alteridades, vol. 16, no 31,‎ , p. 9–21 (ISSN 0188-7017 et 2448-850X, lire en ligne, consulté le )
  4. Alejandro Anaya Muñoz, « La legalización de los usos y costumbres electorales en Oaxaca: implicaciones éticas de una política del reconocimiento », Anaya Muñoz, A. (2005). La legalización de los usos y costumbres electorales en Oaxaca: implicaciones éticas de una política del reconocimiento. Indígenas e indigenismo en el occidente de México, pp. 543-566,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Gabriela Canedo, « Una conquista indígena. Reconocimiento de municipios por usos y costumbres en Oaxaca (México) », dans La economía política de la pobreza, CLACSO, coll. « Colección CLACSO-CROP », (ISBN 978-987-1183-83-8, lire en ligne)
  6. consuelo sànchez, « la participación ciudadana en el gobierno local del estado de oaxaca. el caso de los municipios por usos y costumbres », Boletín de Antropología Americana, no 39,‎ , p. 119–144 (ISSN 0252-841X, lire en ligne, consulté le )
  7. Todd A. Eisenstadt, « Usos y Costumbres and Postelectoral Conflicts in Oaxaca, Mexico, 1995-2004: An Empirical and Normative Assessment », Latin American Research Review, vol. 42, no 1,‎ , p. 52–77 (ISSN 0023-8791, lire en ligne, consulté le )
  8. (es) Irma Maribel Nicasio, « Convergencias y divergencias organizativas y políticas en la designación de autoridades municipales por "usos y costumbres", en Ayutla de los Libres, Guerrero », Revista Mexicana de Estudios de los Movimientos Sociales, vol. 4, no 2,‎ , p. 136–147 (ISSN 2683-1740, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Todd A. Eisenstadt et Viridiana Ríos Contreras, « Discriminación y conflictividad en los usos y costumbres electorales en Oaxaca », Este país (México, D.F.), no 166,‎ , p. 33–37 (ISSN 0188-5405, lire en ligne, consulté le )
  10. Verónica Vázquez García, « Los derechos políticos de las mujeres en el sistema de usos y costumbres de Oaxaca », Cuicuilco, vol. 18, no 50,‎ , p. 185–206 (ISSN 1405-7778, lire en ligne, consulté le )
  11. (es) Dalia Barrera-Bassols, « Mujeres indígenas en el sistema de representación de cargos de elección: El caso de Oaxaca », Agricultura, sociedad y desarrollo, vol. 3, no 1,‎ , p. 19–37 (ISSN 1870-5472, lire en ligne, consulté le )
  12. (es) Jorge G. Castillo Vaquera et Mauricio I. Ibarra Romo, « Participación electoral femenina en contextos de usos y costumbres: el caso de Eufrosina Cruz », Veredas. Revista del Pensamiento Sociológico, no 24,‎ , p. 111–131 (ISSN 1665-1537, lire en ligne, consulté le )
  13. Kunle Owolabi et Lorena Murillo S., « ¿La legalización de los "usos y costumbres" ha contribuido a la permanencia del gobierno priista en Oaxaca? Análisis de las elecciones para diputados y gobernadores, de 1992 a 2001 », Foro Internacional, vol. 44, no 3 (177),‎ , p. 474–508 (ISSN 0185-013X, lire en ligne, consulté le )
  14. (es) Héctor GÓMEZ Peralta, « Los usos y costumbres en las comunidades indígenas de los Altos de Chiapas como una estructura conservadora. », Estudios Políticos,‎ (ISSN 2448-4903, DOI 10.22201/fcpys.24484903e.2005.5.37657, lire en ligne, consulté le )
  15. Francisco Martínez Sánchez, « Defensa jurisdiccional de los usos y costumbres », Revista del Instituto de la Judicatura Federal, vol. 1, no 9,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Ana Luz Ramos Soto, « Ordenamiento territorial del municipio gobernado por usos y costumbres (sistema normativo interno) », Investigaciones educativas en Iberoamérica, Centro de Estudios e Investigaciones para el Desarrollo Docente (CENID),‎ , p. 17–56 (ISBN 978-607-8435-05-0, lire en ligne, consulté le )
  17. Enrique Figueroa Ávila, « Hacia un sistema de causales de invalidez de las elecciones por sistemas normativos indígenas: el caso de Oaxaca », Revista Justicia Electoral, vol. 1, no 24,‎ , p. 19–63 (ISSN 0188-7998, lire en ligne, consulté le )
  18. Víctor Alfonzo Zertuche Cobos, « Los municipios por usos y costumbres de Oaxaca. Repensando la autonomía hacia el autogobierno », Alegatos,‎ , p. 175–198 (ISSN 2448-6655, lire en ligne, consulté le )
  19. Eduardo De la Crus Diaz, Georgina Isabel de León Vargas et Brajim Beetar Bechara, « La Lucha de los Pueblos y Comunidades Indígenas de Guerrero - México: por el Reconocimiento de sus Derechos a Elegir Autoridades Municipales Por usos y Costumbres una Mirada al Derecho comparado », Revista Jurídica Mario Alario D'Filippo, vol. 14, no 28,‎ , p. 238–252 (ISSN 2145-6054 et 2256-2796, lire en ligne, consulté le )
  20. Juan Carlos Martínez, « Los límites del reconocimiento de sistemas normativos y jurisdicción de los pueblos indígenas de Oaxaca », Alteridades, vol. 16, no 31,‎ , p. 49–59 (ISSN 0188-7017 et 2448-850X, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

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  • (es) Alejandro Anaya, Autonomía indígena, gobernabilidad y legitimidad en México: la legalización de los usos y costumbres electorales en Oaxaca, Universidad Iberoamericana, (ISBN 978-970-722-500-8, lire en ligne)
  • (es) Jorge Hernández Díaz, Ciudadanías diferenciadas en un estado multicultural: los usos y costumbres en Oaxaca, Siglo XXI, (ISBN 978-968-23-2627-1, lire en ligne)
  • Enrique Cabrero Mendoza, « Usos y costumbres en la hechura de las políticas públicas en México. Límites de las policy sciences en contextos cultural y politicamente diferentes », Gestión y Política Pública, vol. IX, no 2,‎ , p. 180–229 (ISSN 1405-1079, lire en ligne, consulté le )
  • Rafael de la Garza Talavera, Usos y costumbres y participación política en México, Tribunal Electoral del Poder Judicial de la Federación,, coll. « Derechos electorales para pueblos y comunidades indígenas », , Primera edición. éd. (ISBN 978-607-708-360-3)

Voir aussi

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Articles connexes

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