Todos caerán
Tous tomberont
L'eau-forte Todos caerán (en français Tous tomberont[1]) est une gravure de la série Los caprichos du peintre espagnol Francisco de Goya. Elle porte le numéro dix-neuf dans la série des 80 gravures. Elle a été publiée en 1799.
Interprétations de la gravure
modifierIl existe divers manuscrits contemporains qui expliquent les planches des Caprichos. Celui qui se trouve au Musée du Prado est considéré comme un autographe de Goya, mais semble plutôt chercher à dissimuler et à trouver un sens moralisateur qui masque le sens plus risqué pour l'auteur. Deux autres, celui qui appartient à Ayala et celui qui se trouve à la Bibliothèque nationale, soulignent la signification plus décapante des planches[2].
- Explication de cette gravure dans le manuscrit du Musée du Prado :
Y que no escarmienten los que van a caer con el ejemplo de los que han caído! pero no hay más remedio todos caerán.
(Ils sont incorrigibles ceux qui vont tomber malgré l'exemple de ceux qui sont tombés ! Mais il n'y a pas de solution, tous tomberont)[3].
- Manuscrit de Ayala :
Toda especie de avechuchos[4], militares, paisanos y frailes, revolotean alrededor de una dama medio gallina: caen, las mozas los sujetan por los alones, los hacen vomitar y les sacan las tripas.
(Toute sorte d'espèces de vilains oiseaux, militaires, paysans et frères volent autour d'une dame à demi poule : ils tombent, les filles les retiennent par les ailes, les font vomir, et leur arrachent les tripes)[3].
- Manuscrit de la Bibliothèque nationale :
Una puta se pone de señuelo en la ventana, y acuden militares, paisanos y hasta frailes y toda especie de avechuchos[4] revolotean alrededor : la alcahueta[5] pide a dios que caigan, y las otras putas los despluman, y hacen vomitar[6], y les arrancan hasta las tripas[7] como los cazadores a las perdices.
(Une pute se pose comme un appât à la fenêtre et accourent les militaires, les paysans et jusqu'aux frères et toute espèce de vilains oiseaux qui volent autour: la maquerelle demande à dieu qu'ils tombent, et d'autres putes les déplument, et les font vomir et leurs arrachent les tripes comme font les chasseurs aux perdrix)[3].
Les explications des manuscrits éclairent l'intention de cette scène et montrent comment la prostitution exploite la lascivité masculine. L'appât est un buste féminin avec une mouche à la mode à la fin du XVIIe siècle. Outre un militaire et un moine, parmi les vilains oiseaux paraît représenté Goya lui-même, juste derrière le leurre, ce qui semble nous dire que lui aussi s'est trouvé dans cette situation.
Technique de la gravure
modifierL'estampe mesure 215 × 144 mm sur une feuille de papier de 306 × 201 mm. Dans le coin supérieur droit, elle porte l'inscription 19. Goya a utilisé l'eau-forte et l'aquatinte brunie.
Le dessin préparatoire[8] (1797) est à la sanguine. Dans le coin inférieur gauche, il porte au crayon l'inscription 68. Le dessin préparatoire mesure 199 × 145 mm.
Catalogue
modifier- Numéro de catalogue G02124 de l'estampe au Musée du Prado.
- Numéro de catalogue D04210 du dessin préparatoire au Musée du Prado.
- Numéro de catalogue 51-1-10-19 de l'estampe au Musée Goya de Castres.
- Numéros de catalogue ark:/12148/btv1b8451745r et ark:/12148/btv1b84517465 de l'estampe chez Gallica.
Notes et références
modifier- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Todos caerán » (voir la liste des auteurs).
- Goya graveur : exposition, Paris, Petit Palais, 13 mars-8 juin 2008, Paris, Paris Musées, Petit Palais, , 350 p. (ISBN 978-2-7596-0037-3), p. 200.
- Helman, op. cit., p. 54.
- Helman, op. cit., p. 217.
- Avechucho : “Personne méprisable pour son physique ou ses habitudes” (Academia Española, Diccionario de la lengua castellana, Madrid, 1791).
- Alcahueta : “Qui sert d'intermédiaire pour la prostitution et les relations sexuelles” (Academia Española, Diccionario de la lengua castellana, Madrid, 1791).
- Vomitar : “Rendre gorge à celui qui refuse de donner ou payer ou retient indûment” (Academia Española, Diccionario de la lengua castellana, Madrid, 1791).
- Dans le Diccionario de la Academia Española, édition de 1803, figure la expression « sacar las entrañas » : “Faire dépenser à quelqu'un tout ce qu'il a.”
- dessin préparatoire de Todos caerán sur le site du musée du Prado.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (es) José Camon Aznar, Francisco de Goya, t. III, Saragosse, Caja de Ahorros de Zaragoza, Aragón y Rioja. Instituto Camon Aznar, , 371 p. (ISBN 978-84-500-5016-5).
- (es) Juan Carrete Parrondo, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Madrid, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN 84-604-9323-7), « Francisco de Goya. Los Caprichos ».
- (es) Rafael Casariego, Francisco de Goya, Los Caprichos, Madrid, Ediciones de arte y bibliofilia, (ISBN 84-86630-11-8).
- (es) Gabinete de Estudios de la Calcografía., Clemente Barrena, Javier Blas, José Manuel Matilla, José Luís Villar et Elvira Villena, Goya. Los Caprichos. Dibujos y Aguafuertes, Central Hispano. R.A.de Bellas Artes de San Fernando. Calcografía Nacional, (ISBN 84-604-9323-7), « Dibujos y Estampas ».
- (es) Edith Helman, Transmundo de Goya, Madrid, Alianza Editorial, , 238 p. (ISBN 84-206-7032-4).
- Pierre Gassier et Juliet Wilson, Vie et Œuvre de Francisco Goya, Fribourg, Office du Livre, .
- (es) F.J. Sánchez Catón, Goya Los Caprichos, Barcelone, Instituto Amatller de Arte Hispánico, .
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Le Caprice nº19 en grand format à la Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantes (recto-verso - exemplaire de la Biblioteca de Catalunya)
- Caprice nº19 au Musée du Prado
- Dessin préparatoire à la sanguine du Caprice nº 19 au Musée du Prado
- Les Caprices au Musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 19 au Musée Goya de Castres
- Le Caprice nº 19 chez Gallica (un des 2 exemplaires)
- (es) Brève analyse sur chaque Caprice (Miguel Moliné)