Traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la république de Corée

traité de 1953 entre les États-Unis et la Corée du Sud
Traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la république de Corée
Description de l'image The Sigining ceremony of the ROK-U.S. Mutual Defense Agreement.png.
Type de traité Traité bilatéral
Signé
Washington, États-Unis
Effet
Parties
Parties États-Unis Corée du Sud
Signataires John Foster Dulles Yung Tai Pyun

Le traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la république de Corée, en coréen 대한민국과 미합중국간의 상호방위조약 (hangeul), 韓美相互防衛條約 (hanja), est un traité entre la Corée du Sud et les États-Unis signé le , deux mois après la signature de l'armistice de Panmunjeom, qui met un terme aux combats de la guerre de Corée. L’accord engage les deux pays à s’entraider si l’un ou l’autre fait face à une attaque armée externe et permet aux États-Unis de stationner des forces militaires en Corée du Sud en consultation avec le gouvernement sud-coréen.

Historique du traité modifier

Conformément aux accords passés à Potsdam entre les Alliés, l'Union soviétique déclare la guerre au Japon le et dès le lendemain ses troupes entament leur avance en Mandchourie et dans le nord de la Corée[1]. L'URSS accepte la proposition des États-Unis que le 38e parallèle soit la ligne de délimitation des zones d'occupation soviétique (au Nord) et américaine (au Sud), malgré le refus des Américains de créer une zone d'occupation soviétique dans la partie nord de l'île japonaise d'Hokkaidō. Les forces russes achèvent d'occuper la zone qui leur est dévolue avant la fin , tandis que les premières troupes américaines ne débarquent en Corée qu'à la mi-septembre. L'administration militaire d'occupation se met en place sous le nom d'US Army Military Government in Korea (USAMGIK). Sous les auspices des Nations unies, des élections ont lieu dans la zone Sud le qui amènent au pouvoir Syngman Rhee, soutenu par les Américains. La république de Corée, usuellement appelée Corée du Sud est proclamée le , mettant ainsi fin à l'occupation américaine. Les Soviétiques dénoncent les menées de l'ONU et des États-Unis qu'ils considèrent illégitimes car notamment contraires au principe acté précédemment d'instaurer un État coréen unifié, et organisent en riposte la création de la Corée du Nord, proclamée le . Les États-Unis n'accordent pas aux questions coréennes une importance primordiale et commencent à retirer leurs troupes. Leur retrait s'achève le . Le déclenchement de la guerre de Corée par l'attaque des forces communistes du Nord le bouleverse durablement la politique américaine dans la région[2],[3],[4].

Les États-Unis s'engagent massivement dans le conflit durant trois ans. La guerre de Corée prend fin par la signature de l'armistice de Panmunjeom le . La ligne où le front s'est stabilisé en 1951, très proche du 38e parallèle, devient de façon durable la frontière entre les deux États coréens. Le contexte géopolitique d'ensemble en Asie de l'Est a tourné à l'avantage des communistes, au pouvoir en Chine et en Corée du Nord, et à l'offensive en Indochine face aux Français. La Corée du Sud est devenue un maillon essentiel de la politique d'endiguement du communisme des États-Unis en Asie. Aussi, négocient-ils avec Syngman Rhee un traité de défense mutuelle qui oblige les États-Unis à intervenir en cas d'attaque armée contre la Corée du Sud et légalise le maintien d'importantes forces américaines sur le sol sud-coréen[3].

Le traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la république de Corée est signé le à Washington par les ministres des Affaires étrangères, John Foster Dulles et Yung Tai Pyun. Le traité entre en vigueur le après échange des instruments de ratification.

Durant la guerre froide, les forces américaines en Corée (USFK) représentent environ 40 à 50 000 hommes, des effectifs à peine inférieurs à ceux des forces américaines au Japon (USFJ)[5]. Le traité est complété par la signature le d'un accord relatif aux installations, aux zones et au statut des forces américaines[6].

Depuis la guerre de Corée et la pérennisation de l'existence de deux États coréens qui en est résultée, la Corée du Sud est d’une importance capitale pour Washington pour le maintien de l'équilibre géopolitique en Asie de l'Est. Aussi l’influence américaine sur la république de Corée est-elle considérable et s’étend à presque tous les aspects de la vie coréenne. Au fil des années, l'alliance militaire, le partenariat économique et les relations politiques étroites entre les deux pays ont fait des États-Unis un acteur incontournable du cours des événements en Corée du Sud[7].

Texte du traité modifier

Le traité comporte un préambule et six articles[8].

Le préambule expose deux considérations importantes. En premier lieu, les deux parties affirment « leur résolution commune de se défendre contre toute attaque armée venant de l'extérieur afin qu'aucun agresseur éventuel ne puisse entretenir l'illusion que l'une ou l'autre Partie est livrée à ses seuls moyens dans la région du Pacifique », ce qui élargit la portée de ce traité bien au-delà de la seule défense du territoire coréen tout en restant ambigu. En second lieu, le préambule fait état de la volonté des parties d'intensifier leurs efforts pour mettre sur pied un système plus vaste et plus efficace de sécurité régionale dans le Pacifique.

L'article premier, comme c'est le cas dans tous les traités similaires signés par les États-Unis durant la guerre froide, stipule que les parties « s'engagent à régler par des moyens pacifiques les différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées » et s'abstiendront « dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force d'une manière incompatible avec les buts des Nations Unies ou les obligations que l'une ou l'autre Partie a assumées envers les Nations Unies ».

L'article II engage les parties à se concerter « toutes les fois que, de l'avis de l'une d'elles, l'indépendance politique ou la sécurité de l'une ou de l'autre se trouvera menacée par une agression armée venant de l'extérieur », à prendre « les mesures appropriées pour empêcher une attaque armée ».

L'article III stipule que « chaque Partie reconnait que toute attaque armée dans la région du Pacifique contre l'une des Parties, dans les territoires actuellement soumis au contrôle administratif de l'une ou de l'autre [...], compromettrait la paix et la sécurité de son propre territoire et déclare qu'elle prendra les mesures nécessaires pour parer au danger commun ». La ratification du traité par les États-Unis est assortie de la réserve suivante relative à cet article III : « Les États-Unis d'Amérique considèrent qu'une Partie ne sera tenue, en application de l'article III du Traité susmentionné, de venir en aide à l'autre Partie, que dans le cas où cette autre Partie sera victime d'une attaque armée venant de l'extérieur. Aucune disposition du présent Traité ne sera interprétée comme obligeant les États-Unis à fournir une aide à la Corée sauf dans le cas d'une attaque armée contre un territoire dont les États-Unis auront reconnu qu'il a été légalement placé sous le contrôle administratif de la république de Corée »[8].

Par l'article IV, « La république de Corée accorde aux États-Unis d'Amérique, qui l'acceptent, le droit d'installer des forces terrestres, aériennes et navales sur le territoire de la république de Corée et dans les régions y adjacentes, aux conditions convenues entre les deux Parties ».

Notes modifier

Sources modifier

Références modifier

  1. F. Debyser, « La genèse de l'intervention russe contre le Japon d'après les documents américains du département de la Défense », Politique étrangère, no 6,‎ , p. 733-745 (lire en ligne)
  2. (en) Jinwung Kim, The Ashgate Research Companion to the Korean War, Routledge, (ISBN 978-1-315-61361-1, lire en ligne), South Korea
  3. a et b (en) Edward A. Olsen, Korea, the Divided Nation, Westport, CT, Praeger Security International, , 200 p. (lire en ligne), Chap. 4 - Liberation and Division
  4. Yeong Han Jae, « La Corée et les États-Unis : une relation particulière », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, no 34,‎ , p. 113-124 (lire en ligne)
  5. (en) « Global U.S. Troop Deployment, 1950-2005 », sur The Heritage Fondation,
  6. (en) « SOFA Documents », sur United States Forces Korea,
  7. (en) « US-Korea Military Alliance », sur Wilson Center Digital Archive,
  8. a et b Traité de défense mutuelle entre les États-Unis d'Amérique et la République de Corée 1953

Bibliographie modifier

  • Traité de défense mutuelle entre les États-Unis d'Amérique et la République de Corée. Signé à Washington, le 1er octobre 1953, vol. 238, ONU, coll. « Recueil des traités » (no 3363) (lire en ligne).
  • (en) Mark E. Manyin, U.S.-South Korea Relations, Congressional Research Service, (lire en ligne).

Compléments modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier