Tramway de la Cité

Le tramway de la Cité est une ancienne ligne du tramway de Genève reliant la rue de la Monnaie à la rue d'Italie en passant par la Vieille-Ville. La ligne, dont les travaux débutèrent en 1900, fut ouverte en et fut définitivement fermée en quelques jours avant son ouverture officielle à la suite d'un accident survenu le qui vit un tramway échappant à tout contrôle dévaler la rue de la Cité pour s'écraser contre un fiacre en bas de la pente.

Tramway de la Cité
Image illustrative de l’article Tramway de la Cité
Réseau Tramway de Genève
Terminus Rue de la Monnaie - Rue d'Italie
Communes desservies 1 (Genève)
Histoire
Mise en service
Suppression
Exploitant Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE)
Infrastructure
Conduite (système) Manuelle (marche à vue)
Exploitation
Matériel utilisé Motrices Ce 2/2 nos 46-49
Dépôt d’attache La Jonction
Points d’arrêt 9
Longueur environ 1 km
Temps de parcours 10 min
Jours de fonctionnement N.C.
Fréquentation
(moy. par an)
N.C.

Histoire

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Chronologie

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  •  : Début des travaux ;
  •  : Début des essais ;
  •  : Ouverture provisoire de la ligne ;
  •  : Accident fatal sur la ligne ;
  •  : Fin définitive de l'exploitation ;
  •  : Jour où la ligne aurait dû être inaugurée officiellement ;
  • 1908 : Dépose des derniers rails.

Au début du XXe siècle, la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE) tout juste créée étudie les possibilités d'étendre son réseau dans tout le canton de Genève[1]. Certains magistrats émettent le souhait de voir naître une ligne régulière desservant la ville-haute afin de faciliter les déplacements au sein de la Cité tout en évitant les très encombrées rues Basses[1]. Une concession est accordée à la CGTE le dans ce but[2].

Après plusieurs mois d'études, les ingénieurs et les techniciens de la CGTE présentent un projet répondant à cette suggestion qui est accepté, non sans quelques hésitations des autorités, en raison du fort dénivelé de certaines rues[1] : le projet définitif prévoit une ligne à voie métrique et à voie unique empruntant des rues avec des dénivelés allant jusqu'à 11 %.

Construction de la ligne et exploitation éphémère

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La construction de la ligne, à voie unique, débute le et s'achève par une phase d'essais en [1]. Une autorisation d'ouverture provisoire est délivrée le mais l'ouverture officielle de la ligne n'est fixée qu'au suivant afin de s'assurer du bon fonctionnement de la ligne. Des doutes subsistent toujours par rapport aux fortes déclivités[1],[3].

Le tracé emprunte de nombreuses rues étroites, rendant la cohabitation entre piétons et tramways très difficile[3].

Le vers 16 h 30, une semaine à peine avant l'ouverture officielle de la ligne, un accident se produit rue de la Cité, dont les conséquences auraient pu êtres dramatiques[1] : le "wattman" perd le contrôle de la motrice, qui vient de quitter la place du Grand-Mézel, circulant alors à vide, se met à dévaler la rue de la Cité, section la plus raide de la ligne et ce, malgré l'activation du frein magnétique au maximum, puis du frein à main et des sablières. Il réussit à diminuer la vitesse tout en bas de la pente, avant le croisement avec les rails aujourd'hui empruntés par la ligne 12 du tramway mais ne peut éviter la collision avec un fiacre rue des Allemands (actuelle rue de la Confédération), dont le cocher réussit à sauter in extremis[3],[2]. Le bilan est miraculeux, puisque le seul blessé grave est... le cheval qui tractait le fiacre[1],[3].

La motrice, peu endommagée, est expertisée mais cela ne permet pas de trouver de défaillances au niveau du freinage, par contre d'autres "wattmens" indiquent que des défaillances du freinage ont eu lieu par le passé[1]. Cet incident est fatal à la ligne, qui est fermée définitivement à la fin de la période d'essai, soit le au soir[3], le Conseil d'État décide de suspendre officiellement l'exploitation trois jours plus tard[2].

Le , de nouveaux essais sont malgré tout menés en présence des autorités et des ingénieurs, sans suite[2]. Une reprise est régulièrement évoquée jusqu'au , date à laquelle son démantèlement est décidé[4],[5].

Les derniers rails furent enlevés en 1908 et il ne subsiste qu'un seul vestige de cette ligne[3] : un crochet de support de la ligne aérienne en façade de l'Hôtel de ville. Le matériel spécifique de la ligne reste toutefois dans le parc de la CGTE et il est engagé sur d'autres lignes puis il est déclassé en matériel de service durant les années 1920 et enfin détruit pendant les années 1950[2].

Il faut attendre 1982 pour retrouver une desserte en transport en commun de la ville-haute, avec la mise en service d'une ligne de minibus qui est numérotée 36 depuis 2001.

La ligne

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Caractéristiques générales

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Le parcours d'une longueur d'environ un kilomètre[6] s'effectue en 10 minutes, la fréquence est d'un tramway toutes les 24 minutes ; le prix d'un trajet est de deux sous[1]. La ligne est exploitée avec les motrices SIG/Westinghouse Ce 2/2 nos 46 à 49, au gabarit adapté par rapport à leurs homologues de la série nos 20 à 45 et équipée d'un frein magnétique Westinghouse afin d'assurer un freinage sécurisé adapté aux fortes déclivités de la ligne, tout en se passant d'une crémaillère[1],[2].

Le parcours à voie unique et à écartement d'un mètre présentait le tracé suivant[3] :

  • Rue de la Monnaie
  • Rue de la Cité (Pente de 11 %)
  • Grand-Rue - Rue de l'Hôtel-de-Ville
  • Place du Bourg-de-Four (avec un croisement)
  • Rue Verdaine (pente de 6 à 10 %)
  • Rue du Vieux-Collège
  • Rue d'Italie (terminus devant l'école supérieure).

Les stations

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Les stations étaient[1] :

  • Rue de la Monnaie (terminus) ;
  • Place du Grand-Mézel ;
  • Rue de la Pélisserie ;
  • Rue de l'Hôtel-de-Ville ;
  • Place de la Taconnerie ;
  • Place du Bourg-de-Four (près du Palais de Justice) ;
  • Angle des rues Verdaine et du Vieux-Collège ;
  • Rue d'Italie (terminus).

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j et k « Bus-Tram-Geneve - Tramway de la cité », sur bus-tram-geneve.ch (consulté le ).
  2. a b c d e et f « Genève, l'échec du tram de la Cité », sur notrehistoire.ch (consulté le ).
  3. a b c d e f et g « Feuille d'Avis Officielle de la République et canton de Genève », sur ceva.ch, (consulté le ).
  4. Kellett / Norman, Le tram à Bel-Air et environs in: La Plateforme no 58, p. 38; Gilbert Ploujoux / Bernard Calame / Gilbert Elmiger / Cédric Noir, Histoire des transports publics dans le canton de Genève, vol. 2 : Le XXe siècle (1re partie), Éditions du Tricorne, Genève, 2012, p. 160.
  5. André Klopman, Genève à travers la carte postale ancienne, Paris, Hervé Chopin, , 157 p. (ISBN 9782357202603), « La Haute-Ville » (p.18-19). Carte postale montrant le tram en bas de la rue de la Cité (avec la Tour de l’Île en arrière-plan), en ligne : Genève-Cité no 178.
  6. Longueur calculée par Google Maps, faute de sources

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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