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Cet article a pour but de retracer l'histoire des zoos humains dans les grandes lignes afin de mieux en comprendre les mécanismes. Il est certain que cette pratique représente une part sombre de l'histoire occidentale mais elle renvoie à son temps. Les exemples de traitements inhumains sont nombreux mais cet article ne se fait pas pour but de les énumérer. Il s'agit ici de montrer comment les zoos humains participent à l'entreprise coloniale occidentale mais aussi à la construction du racisme (encore en vigueur dans nos sociétés) et de l'identité occidentale. Ils sont également un instrument d'analyse des mentalités de la période allant du 19ème siècle aux années 1930. Dans la forme, les zoos humains connaissent certaines évolutions mais la pratique la plus connue et la plus développée reste celle des villages noirs itinérants qui sont également présentés lors des Expositions universelles européennes. Si ces exhibitions humaines se développent et perdurent, c'est d'abord dû à un fort engouement des anthropologues qui profitent de ces expositions pour étudier ces nouvelles populations peu connues dans un contexte de positivisme scientifique propice à l'accumulation de savoirs sur les différents peuples et d'essort du Darwinisme. Le grand public y trouve également son compte, les visiteurs sont fascinés par cette nouvelle altérité et se massent pour admirer les mises en scènes rabaissantes et humiliantes en vigueur dans ces zoos. De plus, il est intéressant de constater que les zoos humains, légitimés par le racisme scientifique de l'époque participent pleinement à la politique coloniale européenne et à la construction de l'identité occidentale avec comme référent négatif l'homme noir, alors assimilé à la sauvagerie. Enfin, on remarque que cette pratique perdure jusqu'à la fin du 20ème siècle voire même le début du 21ème siècle sans que cela ne choque. Aujourd'hui cette part de l'histoire occidentale demeure peu connue mais resurgit occasionnelement notamment lorsque les Etats ayant abrité ces exhibitions humaines restituent les ossements de figurants décédés lors des expositions à leur pays d'origine.


Présentation générale : modifier

Qu’appelle-t-on “zoo humain” ? modifier

Les zoos humains naissent au milieu du 19ème siècle en Europe et en Amérique. Dans ces zoos les visiteurs découvrent, parmi des animaux exotiques, “des hommes aux mœurs bizarres et aux rites quelque peu effrayants”.[1] Ainsi, c'est dans ces zoos que les populations occidentales font la connaissance du sauvage, c'est exhibitions humaines permettent un premier contact entre les Occidentaux et l'Autre. A l'origine, ces expositions humaines s’organisent autour de trois objectifs distincts à savoir distraire, informer et éduquer les visiteurs. En effet, au début du 19ème siècle lorsqu’on se rend “au village nègre” d’un jardin zoologique, non seulement on y rencontre la diversité, cet Autre qui est exposé mais surtout, on y apprend la place de chacun dans l’ordre mondial. On y apprend la place de l’Autre dans ce nouvel ordre divisé en deux humanités hiérarchisées, l’Occident étant au sommet. Ainsi, dans ces zoos, on dresse implicitement une barrière entre celui qui est vu et celui qui voit. [2]


Il faut également préciser que les modes d'exhibitions employés par les zoos humains évoluent. D'abord passives, ces expositions d'êtres humains deviennent de plus en plus actives et ce dans le but de mieux ancrer les populations exhibées dans la sauvagerie et ainsi justifier le degré supérieur des Occidentaux. Les populations présentées dans ces zoos sont progressivement contraintes à se mettre en scène au travers de pratiques jugées primitives par les critères occidentaux à l'instar des danses traditionnelles, la pratique de jeux ou de sports et même la musique. Les exhibitions désormais actives marquent un tournant dans l'histoire des zoos humains, à partir de ce moment-là, l'indigène exhibé, totalement sorti de son contexte d'origine est désormais assigné à la place d'inférieur, de membre d'une population à coloniser, à civiliser afin de le faire passer du stade de sauvage que l'on exhibe pour le divertissement à celui de sujet des Empires coloniaux. [2]


Très concrètement, on peut parler des zoos humains comme d'un moyen d’exhiber la “diversité raciale” sous un vernis scientifique en faisant de ces exhibitions des scènes ethnographiques à portée éducative et scientifique.[2]

Origine des zoos humains modifier

Dès le 17ème siècle en Europe, on constate l'existence, dans les grandes villes, de jardins zoologiques abritant différentes espèces rares ou exotiques. Ils se développent au siècle suivant comme annexes des muséums, ils ont alors pour fonction de présenter les diverses espèces vivantes, on y trouve donc dans un premier temps des collections d’animaux. Or, depuis le 18ème siècle, l'humain est devenu un objet scientifique à part entière et les anthropologues et autres savants se retrouvent rapidement confrontés à un problème de taille : le manque de sujets d'étude vivants. C'est à ce moment-là que les zoos humains apparaissent (sous la forme d'expositions ethnographiques). Désormais on expose des êtres humains et plus seulement des animaux. Ces zoos répondent dans un premier temps à une exigence scientifique à savoir celle de preuves vivantes venant corroborer les théories basées sur l'étude des crânes et sur les récits d'expéditions scientifiques. [3]Ces premiers zoos sont à la disposition des savants qui mènent des études sur les populations exposées mais aussi du grand public afin qu’il s’instruise par le divertissement. On peut faire remonter la pratique de l'exhibition de populations exotiques au 15ème siècle puisque dès les premières expéditions occidentales vers l'Inde et les Amériques, les explorateurs ramènent des autochtones pour les exhiber dans les plus grandes cours d'Europe ou dans les cabinets de curiosité (plus tardivement). On peut citer par exemple les Indiens Tupi présentés au roi de France en 1550. Néanmoins, c'est véritablement au 19ème siècle que la pratique se généralise. C'est particulièrement le cas à Londres qui abrite un certain nombre d'exhibitions de ce genre (comme la Vénus hottentote en 1810, des Indiens en 1817, des Lapons en 1822, des Esquimaux en 1924, des Guyanais en 1939, etc.)[4]


Outre l'aspect scientifique, bien avant le 19ème siècle, on assiste déjà à des exhibitions d'êtres humains dans le cadre de cirques ambulants en Europe et en Amérique. On expose alors des individus difformes, aux caractéristiques physiques ou mentales hors normes (nains, femme à barbe, homme-tronc, etc.) pour divertir les foules. La grande nouveauté survient dans la seconde moitié du 19ème siècle et réside dans la manière d’exposer, à la fois théâtrale et scientifique, des hommes “différents et inquiétants pour ce qu’ils signifient en termes de race”[5]. Avec l'avènement des zoos humains dont les expositions sont basées sur la "race", l'Occident établit une hiérarchie raciale scientifique ayant pour étalon l’Européen. Cette infériorisation des populations exposées dans les zoos est indissociable de la quête d’identité qui touche les populations occidentales d’Europe. Cette exhibition de l’Autre devient fondamentale, elle est porteuse d’un message : l’Autre est placé dans une hiérarchie, à la place d’abord du déviant, de l'anormal puis en tant que “représentant des races inférieures”[5]. Ainsi, dans le deuxième tiers du 19ème siècle, par le biais des zoos humains, on assiste à une évolution de ce que désigne l’altérité.

Affiche pour The Greatest Show on Earth (Le spectacle le plus grandiose sur Terre) par Barnum et Bailey, en 1897.

Dans leur organisation, les zoos humains s’inspirent du Musée américain fondé en 1841 à New York par Phineas Taylor Barnum. Dans ce show, il présente les freaks (phénomènes), des individus aux caractéristiques physiques remarquables ou atypiques. A cette exhibition il associe des conférences scientifiques, c’est la naissance d’un nouveau genre de spectacle. Cette mise en scène est rapidement reprise par les cirques ambulants aux Etats-Unis. L’Europe, quant à elle, s’inspire de ce modèle pour créer selon ses codes, sa propre forme d’expositions "plus zoologique, plus coloniale, plus ethnique"[6]. Néanmoins, c’est en Allemagne que naît véritablement la forme contemporaine des zoos avec l’influence de Carl Hagenbeck aussi appelé le “roi des zoos”. Ce dernier reprend les bases de Barnum concernant les modalités d'exhibition mais c’est le premier à proposer une exposition anthropozoologique mêlant animaux et êtres humains en mettant en scène une famille de six Lapons accompagnée d'une trentaine de rennes en 1874 à Hambourg. [6] Le succès de cette première exhibition conduit Hagenbeck à envoyer des hommes au Soudan égyptien en 1876 afin d’en ramener des animaux et des Nubiens pour renouveller l’attraction.[7] Hagenbeck conquiert peu à peu l'Europe avec ses exhibitions ethnographiques, les Européens sillonnent alors l'Asie mais surtout l'Afrique à la recherche de populations toujours plus exotiques. Des millier d'hommes, de femmes et d'enfants sont finalement acheminés vers le continent européen et vers les États-Unis pour alimenter les zoos humains. Hagenbeck se spécialise dans ces expéditions et, avec sa ménagerie qu'il fonde à Hambourg, il devient le principal fournisseur d'animaux et populations exotiques pour l'Occident (par exemple, l'un de ces premiers clients est le directeur du Jardin d'Acclimatation de Paris où sont implantés les premiers zoos humains de la capitale)[8].

Les "villages nègres" modifier

Dans l'étude des zoos humains, on dégage une pratique charnière entre les expositions ethnographiques du commencement (dans les jardins zoologiques, à disposition des scientifiques) et les expositions universelles ou coloniales qui recréent des villages d'Afrique ou d'Asie. Entre ces deux grandes tendances, on assiste à une forme d'exposition intermédiaire, à la fois dernière trace des expositions à caractère scientifique et aperçu des expositions universelles futures ; il s'agit des "villages nègres". On les connait également sous le nom de villages noirs, canaques, sénégalais, annamites ou encore villages mauresques (en fonction des ethnies qu'ils présentent). Ces villages sont des reconstitutions des villages traditionnels que l'on trouve en Afrique subsaharienne notamment, les visiteurs y viennent non seulement pour s'instruire mais aussi pour y admirer l'illustration de la différence. On y recrée l'exotisme des villages d'origine des populations exposées notamment en y montrant les pratiques artisanales, les tenues traditionnelles ainsi que par une reconstitution partielle de l'habitat traditionnel. Il faut comprendre que ces villages n'ont pas les mêmes objectifs que les expositions anthropozoologiques antérieures, ici on est dans l'instrumentalisation de ces villages au service d'une idéologie selon laquelle l'Occidental est civilisé et l'exhibé non, il doit le devenir et ça passe par la colonisation. [9]


Ces exhibitions ne sont pas toujours officielles et le plus souvent elles sont organisées par des imprésarios privés qui déplacent leur troupe itinérante au gré des contrats qu'ils signent en Europe. Ils s'occupent eux-même d'aller prélever des populations exotiques (à l'instar des Français qui s'approvisionnent beaucoup au Sénégal) pour les présenter ensuite sur le continent et le plus souvent, sur place, ils travaillent avec des intermédiaires qui les aident à créer une troupe homogène réunissant femmes, hommes, enfants, vieillards et animaux pour illustrer pleinement la diversité. Les populations sont ensuite engagées et signent un contrat qui les amène à sillonner l'Europe pour cinq à vingt ans selon les troupes. Il faut comprendre que ces indigènes sont le gagne pain des organisateurs, ils sont la plupart du temps assez bien traités bien que des abus existent. Toujours à la recherche de plus de profit, les organisateurs privés des zoos humains itinérants ne manquent pas d'idées pour attirer les foules, il fréquent par exemple qu'ils enrôlent dans leurs troupes des femmes en début de grossesse afin de pouvoir exhiber une naissance dans leur village nègre ce qui leur permet d'augmenter le prix des entrées. En outre, il arrive couramment que les imprésarios trichent sur la nationalité des populations qu'ils exposent, des Javanais deviennent des Birmans, des Sénégalais des Togolais, etc. en fonction du contexte des pays où il exposent, des demandes de la populations ou encore des modes et demandes scientifiques.[8]


En Europe, le premier village de ce type voit le jour lors de l'Exposition universelle de Paris en 1889. Aux États-Unis, il faut attendre 1893 et l'Exposition de Chicago pour rencontrer ce type d'exhibition. Progressivement ces villages se diffusent, rien qu'à Paris, on peut en dénombrer une quarantaine entre 1890 et 1931. En France aussi, ces villages itinérants se diffusent de plus en plus et ce jusqu'au milieu du 20ème siècle.

Liste non exhaustive des villes abritant un village noir itinérant : [9]

  • Marseille (1890,1906,1922).
    Zoo humain à Rennes en 1929.
  • Strasbourg (1891, 1924).
  • Lyon (1894, 1897, 1899, 1914).
  • Bordeaux (1895, 1904, 1907).
  • Rouen (1896, 1929).
  • Rochefort (1898).
  • Dijon (1898, 1908).
  • Tours, Montpellier, Châtellerault et Poitiers (1899).
  • Avignon (1899, 1907).
  • Brest (1901, 1913, 1928).
  • Lille (1902, 1904).
  • Limoges (1903, 1929).
  • Reims et Chambéry (1903).
  • Nantes (1904, 1924).
  • Arras et Troyes (1904).
  • Orléans et Cherbourg (1905).
  • Toulouse, Calais et Auxerre (1908).
  • Nancy et Le Havre (1909).
  • Clermont-Ferrand (1910).
  • Roubaix et Le Mans(1911).
  • Sète (1922).
  • Grenoble (1925).
  • La Rochelle (1927).
  • Nice (1931).

La France n'est pas le seul Etat européen concerné puisque ces villages itinérants sillonnent l'Europe. En effet, Bâle et Zurich (Suisse), Berlin, Francfort et Dresde (Allemagne), Bruxelles (Belgique), Londres (Royaume-Uni) et Turin (Italie), ont abrité, en totalité, environ cinquante "villages nègres" itinérants.[9]

La mise en place de zoos dans le contexte de la colonisation: modifier

Des infrastructures au service de la politique modifier

La couverture du magasine, La Dépêche coloniale, avec le président français Armand Fallières qui visite l'Exposition coloniale du 8 juin 1907,entouré de M. Dubowsky [Le directeur du jardin colonial], M. de Lanessan, M. Godis, M. Lépine.

Les zoos humains concrétisent le discours racial en construction en Occident aux 19ème et 20ème siècles. Ce discours est alors la base même de l’existence de ces zoos. La mise en scène de populations indigènes infériorisées suffit à faire passer ce message qui la fonde et la légitime. “On fabrique alors des racistes et des colonialistes, par le spectacle et le ludique, sans même avoir besoin de l'énoncer [...]”. [10] Ces “Autres” que l’on présente dans les zoos humains sont importés, exhibés, mesurés, disséqués, spectacularisés pour servir les attentes d’un Occident qui se veut, au travers de ces expositions, “guide du monde” et garant d’une “civilisation supérieure”. [11]Pour les visiteurs, voir des populations derrière des barreaux réels ou symboliques suffit à expliquer la hiérarchie des races. Ainsi, les exhibitions participent à la diffusion d'un racisme de masse et populaire. De fait, à cette période les thèses scientifiques portant sur la hiérarchie des races sont largement inconnues du grand public, les zoos contribuent donc à diffuser ce racisme scientifique dans la société, la vulgarisation des ouvrages scientifiques étant inexistante.[12]D'un 19ème siècle marqué par la volonté occidentale de comprendre le monde, on passe naturellement à un 20ème siècle durant lequel l'Occident désire façonner le monde en concordance avec ses modèles, croyances, valeurs et intérêts.


En filigrane, les exhibitions des zoos humains permettent à l’Europe colonisatrice, ainsi qu’aux Etats-Unis, de légitimer leur volonté de conquête. C’est dans ce contexte que les expositions d’humains dits “exotiques” autrement appelées expositions ethnographiques (pour mettre en avant l’aspect scientifique originel de ces expositions) s’implantent et se diffusent. En effet, ce genre d’expositions débute en 1850 en Angleterre puis se généralise en Europe. A l’origine, comme nous l’avons dit, ces expositions sont motivées par un engouement scientifique et par la perspective de divertissement qu’elles génèrent. Néanmoins, les différents intérêts finissent par se confondre et l’Occident finit par ériger une “frontière” invisible entre “deux humanités, dont l’une est d’essence supérieure”. [13] Cette humanité dite supérieure a la possibilité et même le devoir de coloniser la seconde humanité, alors pensée comme inférieure (elle-même peut et doit être colonisée). Indirectement, ce sont les expériences menées par les savants, donc l’intérêt scientifique, qui cautionnent et valident ce nouvel ordre mondial divisé en deux humanités et ce jusqu’en 1890. [13]Il faut souligner que les exhibitions humaines ayant lieu dans le cadre des zoos humains s’adaptent aux différents contextes nationaux. Chaque État colonisateur utilise ces expositions pour “exhiber ses projets sociaux” [14]. Le projet colonial d’un pays illustre sa grandeur. Ainsi, ces zoos, en se basant sur les normes et codes racistes de l’époque selon lesquels l’Occident est plus civilisé et donc se doit de coloniser les populations pensées inférieures (que l’on présente dans les zoos), montrent la potentialité du projet colonial tout en permettant aux puissances occidentales de construire leur vision du monde basée sur leur supériorité. Avec l’arrivée des Expositions universelles, les villages noirs deviennent un moyen pour le pays organisateur de montrer sa puissance, ses capacités de domination ainsi que ses compétences pour coloniser et administrer une colonie. Néanmoins ce n’est pas la priorité de tous les Etats coloniaux, le Royaume-Uni et l’Espagne, par exemple, donnent pour buts premiers à ces exhibitions humaines la distraction et l’information bien que partout le message prôné via les zoos humains soit implicite et identique : cet “Autre” qui est exhibé ne sera jamais l’égal de l’Occidental. [14]


L’exhibition de populations perçues exotiques rencontre un franc succès et joue un rôle non négligeable dans l’entreprise coloniale occidentale. Cela permet aux Européens de se confronter “au sauvage”, qui de fait existe (puisqu’il est exposé), ce qui les motive à soutenir et à investir dans la politique coloniale. Les Etats s’appuient donc sur l’engouement que rencontrent les zoos humains et les intègrent dans le discours colonial notamment au travers des Expositions universelles ou Exposition coloniales qui débutent dès 1890 dans les grandes capitales européennes. Les zoos humains viennent finalement légitimer la colonisation. On peut citer par exemple l’Exposition universelle de Bruxelles de 1897 dans laquelle est intégré un village congolais. Le but pour la Belgique est alors de montrer la rentabilité de sa colonie au travers des objets exposés mais également de montrer la population qui peuple cette partie de l’Afrique alors peu connue. La vie quotidienne des Congolais est reconstituée, on présente des pirogues, des objets et activités traditionnels. Les exhibés sont vêtus sommairement pour ancrer cette idée du sauvage qui circule en Occident et ainsi renforcer les stéréotypes racistes. Néanmoins, on a un second village dont l’objectif est tout autre, dans cette deuxième entité la Belgique veut montrer qu’elle a oeuvré pour civiliser les populations locales. Ce second village est animé par un prêtre belge, il est majoritairement peuplé d’enfants christianisés, habillés à l’occidentale, etc. Le but est de montrer que ces populations sont “adaptables”, elles peuvent être civilisées comme le montre l’exhibition de ces exemples réussis d’acculturation. [8]


Les zoos humains jouent également un rôle important dans la construction de l’identité nationale des puissances occidentales. En effet, ils permettent de montrer le référent négatif de l’identité occidentale : l’homme noir, non civilisé que l’on expose. De plus, les villages nègres servent à montrer que l'Occident est passé à la civilisation. Dans cette logique, après leur diffusion en Europe et aux Etats-Unis, les zoos se développent dans certains Dominion à l’instar de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, l’Inde et l’Afrique du sud. Abriter de tels zoos humains devient en quelque sorte un rite de passage vers le monde moderne. Ces nouveaux zoos implantés dans des colonies blanches font que ces territoires rejoignent désormais la modernité mondiale et ce que l'Occident perçoit comme le monde civilisé. [8]


Néanmoins, une fois les colonies installées, les villages nègres n’ont plus la même fonction ni les mêmes objectifs. L’exhibition de “l’Autre” ne participe plus seulement à la diffusion du discours raciste mais permet surtout la diffusion de l’organisation mondiale souhaitée par l’Occident. Dorénavant, l’idée est aussi de mettre en avant les ressources des colonies (à côté des populations coloniales). Les Expositions universelles (à l’instar de celle de Paris en 1900) recréent des sortes d’Empires coloniaux miniatures, chaque colonie possède son pavillon à côté duquel les colonisés logent dans des habitats traditionnels : fini les enclos et les barrières, on instaure un sentiment de liberté comme si le but était d’amener le visiteur visiter cette colonie.[8] A partir des Expositions coloniales des années 1920, les évolutions dans l’organisation des zoos humains continuent. Désormais on montre dans les villages noirs des activités traditionnelles mais surtout les visiteurs peuvent avoir des contacts avec les exhibés qui, à leur tour, deviennent des exposants (d’activités et d’objets). La raison principale de cette transformation c’est la transformation de la politique coloniale. En effet, une fois la conquête de nouveaux territoires achevée, exhiber des sauvages en conservant les codes racistes et rabaissants des villages nègres antérieurs, revient tout simplement à admettre l’échec de la mission civilisatrice (présentée comme la première motivation de l’entreprise coloniale). [8]Bien que plus humaines et éthiques, on reste dans le cadre d’exhibitions de populations qui peuvent s'avérer dégrandates.

Légitimer la colonisation et la domination occidentale par la science modifier

La science joue un rôle majeur dans la mise en place des expositions humaines dans le cadre des zoos et expositions coloniales. C'est notamment le cas de l’anthropologie physique de l’époque, qui, en reprenant le principe des collections naturalistes caractéristiques des Lumières, établit le concept de « hiérarchies cognitives civilisationnelles » en se basant sur les particularités physiques et physiologiques des groupes humains. Ainsi, les premières infrastructures mettant en scène ces populations exotiques sont légitimées par les savants car ils permettent d’illustrer de façon ludique les analyses scientifiques qui sont faites.[10] Il est vrai, les zoos humains collaborent avec de nombreux anthropologues, ethnologues et scientifiques qui recueillent des témoignages ethnographiques et prennent des mesures anthropométriques des exhibés. Ces zoos font figure de laboratoires à ciel ouvert qui servent aux savants de tout l’Occident. Les populations présentées servent de source d'informations dans divers domaines (langue, musique et surtout en anthropologie). Jusque dans les années 1950, l’encyclopédie allemande Brockhaus comporte des « planches descriptives des types raciaux » réalisés à partir des portraits des figurants de ces « ethno-shows ». [15]


Les principaux bénéficiaires de ces zoos humains sont les musées, qui, grâce à ces expositions humaines créent des collections anthropologiques via lesquelles ils récoltent de nombreux objets ethnographiques. Dans ces expositions, les savants eux-mêmes peuvent interroger les personnes exhibées afin d’avoir plus d’informations sur ces objets (inconnus des occidentaux) qu’ils utilisent et qui sont exposés avec eux. [16]Les scientifiques font des recherches et publient des thèses abordant entre autres la différenciation des Occidentaux face aux Indigènes. C’est le cas notamment de Johann Friedrich qui en 1775 sort une thèse De generis humani varietata nativa qui énonce la présence de cinq populations distinctes avec chacune leur continent respectif et des pigmentations qui leurs sont associées.[17] C’est ainsi qu’un monde hiérarchisé prend forme et se cartographie petit à petit. Johann Friedrich s’arrête surtout sur des caractères morphologiques qui attisent la fantaisie du destinataire tels que des grandes lèvres, un petit front, etc. Dans cette thèse, il apparait que les individus les plus beaux viennent du Caucase et que toutes les autres populations seraient le résultat d’une dégénérescence de ceux-ci. Quelques années plus tard dans la continuité des travaux précédents, Lorenz Oken met en place en 1812 dans Esquisse d’un système d’anatomie, de physiologie et d’histoire naturelle une classification des populations. Il associe à la pigmentation cutanée des Hommes à une hiérarchie de valeurs historico-évolutives et sensorielles, c'est la genèse du racisme scientifique qu'illustrent les zoos humains.[18]


Le positivisme scientifique marque le 19ème siècle, cette tendance avance qu'un Etat doit détenir un maximum de savoirs, le savoir étant assimilé au pouvoir. Ainsi les anthropologues et scientifiques cherchent des informations sur les « autres races »[8] afin de renforcer le pouvoir de leur pays. De plus cette accumulation de savoirs sur des populations mal connues donne aux savants une impression de contrôle sur celles-ci. À cela s’ajoute le Darwinisme qui avance l’idée d’évolution et de sélection naturelle. Tout ceci s’insère dans une logique de classification, de hiérarchisation des races par l’Occident qui domine cette hiérarchie. Les exhibés, venant principalement d’Afrique subsaharienne deviennent alors les chaînons manquants de l’évolution, entre le singe et l’Homme. C’est cette légitimation scientifique qui permet de rabaisser les indigène et justifie aussi par la même occasion l’esclavage et la colonisation. Ces théories scientifiques deviennent l’essence même de la politique coloniale occidentale. [8]

La découverte de “l’Autre”, un divertissement modifier

Au milieu du 19ème siècle émerge la vogue de l’exotisme chez toutes les classes de la population. Parallèlement, on s’intéresse aux comportements et différentes coutumes des indigènes que l’on peut observer au sein des différents zoos humains et Expositions coloniales.[19] Ce siècle marque également une période d'exode rural important, ces nouvelles populations, en arrivant en vlle ont besoin de distractions mais aussi d'éducation. Les populations rurales nouvellement établies en ville sont fascinées par l’exotisme des indigènes qui leur était inconnu jusque-là ; c’est la découverte d’une nouvelle culture. Les zoos humains servent également un mythe disparu, celui de l'homme vivant en harmonie avec les animaux (en quelque sorte, l'homme sauvage). Ces spectacles sont donc vendus comme le vestige d'un monde disparu à jamais. [12]

Les danseuses Foulahs de Siguiri, à l'Exposition Coloniale de Paris en 1931

Les Occidentaux font donc la découverte de "l'Autre", alors exhibé dans des cages ou des enclos. Les zoos humains constituent le premier regard occidental sur l'altérité qu'incarnent les "peuples dits étranges"[20] de l'Empire. La diffusion de "l'Autre" au travers de ces exhibitions humaines a un impact énorme sur les sociétés occidentales et ces exhibitions s'intègrent dans une propagande coloniale omniprésente basée sur des images et des textes notamment présents sur les affiches publicitaires ventant la venue d'un village noir. Toutes ces images imprègnent l'imaginaire des Occidentaux.[20]


Ce qui contribue à faire perdurer le succès de ces zoos c’est tout simplement la diversité et l'exostime des corps exposés. Ces corps nouveaux, inconnus jusque-là, intéressent à la fois les savants et le grand public, totalement fasciné par les populations exhibées. Les scientifiques et notamment les anthropologues font des individus exhibées dans les zoos humains, des “spécimens” à étudier alors que les visiteurs trouvent dans la vision de ces nouvelles populations au corps différent, un moyen de se divertir.[2] Les zoos humains permettent également d'éduquer les visiteurs de façon ludique, au travers de ces expositions ils apprennent à connaître les ethnies qui peuplent le monde, leurs modes de vie, etc. Mais surtout, les Occidentaux, au travers de la mise en scène dégradante de ces nouvelles populations (en majorité issues de l'Afrique subsaharienne), intègrent la hiérarchie des races diffusées par le racisme scientifique.

La perception contemporaine de ces zoos en métropole et dans les colonies modifier

La vision métropolitaine, le succès des zoos humains, la fascination pour l’Autre modifier

Les Curieux en extase ou les Cordons de souliers. Représentation de la Vénus Hottentote

Le succès des zoos humains se marque par des spectacles de masse comme en témoigne la célèbre Vénus Hottentote exhibée en Angleterre puis en France dès 1810, bien qu'elle soit antérieure à cette pratique elle illustre parfaitement les exhibitions humaines. Son physique fascine, elle attire les foules et attise la curiosité occidentale.[12]


En effet, le corps de l’Autre attire les foules qui se pressent au zoo pour admirer ces spécimens aux corps si exotiques et fascinants pour les Occidentaux peu familiers de cette forme de diversité. C’est donc un corps nouveau qui déclenche de nouveaux fantasmes chez les visiteurs et l’interdit de ce fantasme contribue à renforcer le désir envers le corps exotique des populations exposées.[21] Les corps exposés dans le cadre des villages noirs évoquent pour les visiteurs la sauvagerie mais aussi la beauté, doublée d’un érotisme troublant pour les bourgeois occidentaux du 19ème siècle. Les femmes noires par exemple, fascinent, elles sont souvent de très bonnes danseuses, séduisantes et sont forcées de se dénuder pour apparaître la poitrine nue ce qui réveille le désir des visiteurs. Les Occidentales qui assistent à ces expositions ne sont pas en reste en ce qui concerne le désir et la fascination pour le corps de l’Autre. En effet, beaucoup d’hommes noirs sont présentés quasiment nus, dans des scènes de lutte ce qui alimente les fantasmes de beaucoup de femmes. Par exemple, les Zoulous d’Afrique du sud étaient renommés pour leurs corps magnifiques.[8] Les corps sont aussi érotisés dans leur mise en scène, la beauté particulière de ces nouveaux corps est aussi accentuée par le mouvement particulièrement au travers de danses rituelles (aux antipodes des canons de la motricité occidentale). Toute cette gestuelle jusqu’alors inconnue, pratiquée par des populations aux corps nouveaux et exotiques partiellement ou complètement dénudés, attire et érige de nouveaux fantasmes chez les visiteurs. Ce fantasme pour le corps exotique (et pour l’exotisme en général) constitue un argument publicitaire majeur et un facteur non négligeable du succès des zoos humains. Pour bien comprendre que ces corps exposés (et tout ce qu’on leur attribue) fascinent, il est intéressant de rappeler qu’à cette époque, les normes bourgeoises assez strictes pénètrent dans les différentes couches de la société occidentale. Le corps sauvage exhibé dans les zoos échappe à ces normes, il est compris implicitement comme plus libre et c’est notamment cette liberté qui séduit et fascine les Occidentaux qui assistent aux expositions. A cela s’ajoutent les transgressions sexuelles et autres stéréotypes que l’on prête aux ethnies présentées dans les zoos (polygamie, inceste, vitalité et appétit sexuels démésurés, etc.) Cette image de moeurs dissolus et de sexualité débridée contribue à affirmer la frontière théorique entre l’Occidental civilisé et l’Autre, bestial et sauvage, tout en alimentant les fantasmes. [21]Ce voyeurisme est légitimité par le discours raciste de la hiérarchie des races, pour les visiteurs les populations exhibées ne sont pas des être pleinement humains et développés comme eux donc ils peuvent se permettre de les exhiber à la vue de tous.[8]


L’humiliation pour les populations exhibées modifier

La plupart des grandes villes qui accèdent à la modernité abritent des zoos humains, ainsi elles exposent ceux qui sont considérées par l’Occident comme des "sauvages". Les figurants sont présentés dans un environnement qui ressemble à celui de leur habitat (région d'où ils viennent), souvent dans de faux costumes (que l’on fait passer pour des habits traditionnels). De plus, les organisateurs inventent des danses, des chants et des rituels qu'ils imposent aux exhibés pour paraître plus attrayants mais aussi les plus étranges (et donc sauvages aux yeux des Occidentaux). Les zoos humains créent donc une fausse images des différentes colonies pour attirer le plus de visiteurs possible et conforter l’idée que le colonialisme est bon car il apporte la civilisation à des populations en retard. On peut également souligner que les figurants sont considérées comme de véritables bêtes de foires, c’est le cas par exemple lors de l’Exposition de Bruxelles en 1897. Les Congolais exhibés sont assimilés à des animaux exposés dans des zoos, les mesures sont dégradantes, ils sont séparés des visiteurs par des barrières et du grillage ; mais surtout, des pancartes portant l’indication « Ne pas donner à manger aux Congolais, ils sont nourris. » sont placardées le long de l’enclos ce qui ajoute à l’humiliation des exhibés.[12] Bien souvent, ces exhibitions sont également en lien avec le contexte colonial ; par exemple, si une population est conquise ou est défaite lors d’une guerre, ces évènements sont montés en spectacle. Les exhibés doivent rejouer ces évènements pour le plaisir des visiteurs.[8]

Les danseuses balinaises à l'Exposition Coloniale de Paris en 1931


Hagenbeck, pour trouver des figurants pour ses spectacles utilisent les mêmes circuits que pour le commerce d’animaux sauvages. Pour cela il dispose d’un carnet d’adresses suffisamment fourni lui permettant de se passer du réseau colonial. La plupart de ses recruteurs sont des chasseurs ou des intermédiaires dans la vente d’animaux. Les recruteurs à la recherche de figurants pour les spectacles de Hagenbeck ou d’autres imprésarios, privilégient des figurants dotés d’un physique ou talent peu commun (charmeurs de serpents, montreurs d’ours, acrobates, etc.) Ces figurants aux caractéristiques atypiques sont aussi accompagnés d’animaux pittoresques et exotiques. Ainsi, les spectateurs font une généralité de ces figurants hors normes et de leur(s) déformation(s) physique(s) ou talent(s) particulier(s). Toute la colonie peut être par exemple assimilée à un peuple de charmeurs de serpents ou autre. Cela contribue à rabaisser ces populations car elles possèdent des caractéristiques différentes ce qui les rapproche plus de la sauvagerie que de l’Occident civilisé. [22] Outre la fascination que génère les populations exhibées, elles génèrent également un sentiment de crainte. Les organisateurs contraignent les mobilités des populations qui sont de fait totalement mises en scène. Les exhibés sont présentés de sorte à ce qu'ils apparaissent totalement différents des Occidentaux et sont obligés de se conduire comme des "sauvages", ils ne doivent pas manifester de signes d'assimilation à la culture occidentale tant qu'ils sont exposés. De plus, les “sauvages” exhibés doivent restés à l'intérieur d’une partie précisément établie de l’espace de l’exposition sinon ils peuvent recevoir une amende ou une retenue sur leur “salaire”. Il est important que la frontière soit bien marquée entre le monde des sauvages et celui des Occidentaux qui viennent visiter le parc, cette frontière est une délimitation entre la sauvagerie et la civilisation, entre la nature et la culture.[23]


Dans ces troupes ethnographiques itinérantes, les Indigènes sont la plupart du temps sous contrat et rémunérés. Néanmoins, le terme rémunération cache en réalité le simple fait de bénéficier d’un logement et de nourriture pour la troupe. Les conditions de travail restent médiocres et les exposés savent qu’ils jouent la comédie, ce qui est dégradant pour eux et l’image de leur peuple. En 1915, en Suisse, certains Indigènes font même la grève et refusent de jouer la comédie tant qu’ils ne seront pas payés. Autre exemple de l’humiliation que subissent les troupes exhibées dans les villages noirs, l’obligation de parler le petit nègre.[8] En effet, certains des individus peuplant les zoos parlent couramment le français, néanmoins, pour correspondre à l’image que se font les visiteurs des populations africaines mais aussi pour éviter qu’ils ne se plaignent de leurs conditions de vie et ne deviennent source de conflit[24], on obligeait ces personnes à ne pas parler français mais ce dialecte humiliant.[8]

The beautiful Indian maidens. C'est le titre de cette affiche pour inciter les spectateurs à venir à un ethno-show d'indiennes en 1899.

Les affiches publicitaires précédant l'arrivée d'un zoo humain itinérant dans les villes contribuent elles aussi à l'humiliation que subissent les populations exhibées. Dans le cadre des villages noirs itinérants, les imprésarios multiplient ces affiches pour annoncer la venue de leur troupe.[8] Les affiches des expositions coloniales sont des outils privilégiés auprès de la population et dans la propagande coloniale, elles sont le principal support de la mise en scène des Indigènes.[25] Les affiches pour les expositions coloniales sont disposées partout dans les villes, elles attirent l’oeil des passants à l'aide de couleurs vives et représentations d'individus et objets exotiques à l'instar de guerriers sanguinaires munis de sagaies, de sorciers mystérieux, de femmes lascives aux seins nus, etc. Autant de motifs qui annoncent, pour le visiteur, un véritable « spectacle » et une troupe exceptionnelle. Elles affiches construisent des images graphiques qui répondent à l’attente du public. De plus, ces affiches sont porteuses de slogans humiliants pour les figurants exposés (par exemple «Toujours plus fort, toujours plus loin, toujours plus exotique, toujours plus sauvage») pour attirer le public. Les images tiennent un double discours, il faut à la fois faire venir des visiteurs pour rentabiliser l’investissement et illustrer la mise en scène de l’Autre exhibé. Les affiches donnent naissance à une contradiction des zoos humains, entre espace de connaissance (sur l’Autre) et espace de divertissement (de l’ordre du spectacle). La publicité joue alors un rôle important dans le succès des zoos humains et dans la forte affluence des spectateurs car elles sont vues par toute la population et sont compréhensibles de tous via les images et les slogans. [25]

  1. Bancel et al. 2004, p. 5.
  2. a b c et d Bancel et al. 2004, p. 13.
  3. Bancel et al. 2004, p. 12.
  4. Bancel et al. 2004, p. 8.
  5. a et b Bancel et al. 2004, p. 9.
  6. a et b Bancel et al. 2004, p. 11.
  7. Bancel et Blanchard 2000, p. 1.
  8. a b c d e f g h i j k l m et n Blanchard et Deroo 2002, 1'34-51'32.
  9. a b et c Bancel et al. 2004, p. 15.
  10. a et b Bancel et al. Lemaire, p. 6.
  11. Bancel et al. Lemaire, p. 5.
  12. a b c et d Zeitoun 2015.
  13. a et b Bancel et al. Lemaire, p. 12.
  14. a et b Bancel et al. Lemaire, p. 16.
  15. Thode-Arora 2011, p. 157.
  16. Bancel 2014, p. 157.
  17. Guérci 2011, p. 163.
  18. Guerci 2011, p. 165.
  19. Thode-Arora 2011, p. 156.
  20. a et b Bancel, Blanchard et Lemaire 2000, p. 1.
  21. a et b Bancel et al. Lemaire, p. 14.
  22. Thode-Arora 2011, p. 153.
  23. Bancel, Blanchard et Lemaire 2000, p. 4.
  24. Thode-Arora 2011, p. 158.
  25. a et b Blanchard 2008, p. 111.