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Carte du territoire de la république populaire de Chine.

Les perspectives de la Chine comme superpuissance potentielle font fréquemment débat[1],[2],[3],[4],[5]. Selon Geoffrey Murray, dans son ouvrage China, the next superpower (La Chine : la prochaine superpuissance), « la Chine émerge sans à-coups pour devenir l'une des superpuissances du XXIe siècle[a] », du fait de son développement économique, politique, et militaire, appuyé par l'importance de sa population et la force de sa civilisation[6]. David L. Shambaugh développe une thèse similaire dans son ouvrage Greater China: the next superpower?, publié par Oxford University Press, mettant en évidence le poids de la Chine dans le monde, diaspora comprise, ainsi que la force de son économie, de sa culture, et de sa politique[7].

Les atouts de la Chine sont en effet nombreux : son économie connaît chaque année l'une des plus fortes croissances au monde. Elle est par ailleurs le pays le plus peuplé de la planète (avec plus de 1,3 milliard d'habitants) et le troisième plus grand par la superficie. Outre qu'elle dispose de l'armée la plus grande du monde ainsi que de l'arme nucléaire, la Chine est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui lui confère une influence diplomatique très importante.

La Chine est actuellement la deuxième puissance économique mondiale[8]. D'après la Banque mondiale, la Chine pourrait devenir la première puissance économique de la planète en dépassant les États-Unis entre 2020 et 2030[9]. Elle est également une puissance spatiale depuis 2003 où elle a envoyé pour la première fois un homme dans l'espace. La Chine peut par ailleurs s'appuyer sur sa présence dans de nombreuses organisations, notamment l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis le 1er janvier 2002 ou encore l'Organisation de coopération de Shanghai.

Au-delà même de sa puissance démographique, économique, politique et militaire, la Chine s'appuie sur sa culture, riche, ancienne et répandue dans toute l'Asie-Pacifique qu'elle a influencée, adossée à ses cinq mille ans d'histoire. Le chinois (mandarin), avec plus d'un milliard de locuteurs, est aujourd'hui la langue la plus parlée dans le monde[10].

Cependant, la Chine présente un certain nombre de faiblesses majeures, qui pourraient handicaper sa montée en puissance : le pays présente des risques d'explosion sociale, liés à l'inégalité entre régions côtières et villes d'un côté, arrière-pays campagnard de l'autre[11]. De l'aveu même des dirigeants chinois, les huit cents millions d'agriculteurs que compte encore le pays obligent à considérer la Chine comme étant toujours un pays en voie de développement. Les tensions nées de cette situation sont accrues par les inégalités sociales et la corruption notoire de certains hauts fonctionnaires. Par ailleurs, le pays reste encore très dépendant de l'étranger pour sa technologie comme pour ses exportations. Enfin, les approvisionnements énergétiques ou l'impact de la croissance sur l'environnement ne sont pas aujourd'hui totalement maîtrisés.

Concept de « superpuissance » modifier

Les dirigeants des « superpuissances » à la conférence de Yalta : Churchill, Roosevelt, et Staline.

Les origines du concept modifier

Le terme « superpuissance » est apparu pour la première fois dans le domaine politique[b] en 1944, avec un ouvrage de W.T.R. Fox intitulé Les Superpuissances (The Super-Powers). Le sous-titre du livre était Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union soviétique[12], assimilant donc les « superpuissances » aux nations qui allaient, l'année d'après, négocier le sort du monde à Yalta.

Prééminence conjointe des États-Unis et de l'Union soviétique modifier

En 1980, W.T.R. Fox s'est interrogé sur la raison qui l'avait amené à inclure la Grande-Bretagne dans son livre de 1944, car un consensus s'était rapidement dégagé pour considérer que seuls les États-Unis et l'Union soviétique pouvaient être qualifiés de « superpuissances » : outre l'idée qui prévalait encore en 1944 sur le fait que l'Europe, et en particulier la Grande-Bretagne (auréolée de sa victoire sur l'Allemagne et de sa participation à la conférence de Yalta), constituaient le cœur du monde, et que l'Empire britannique apparaissait encore pérenne et semblait conserver à la Grande-Bretagne une immense importance géopolitique[12].

C'est sans doute l'irruption de l'arme atomique en 1945, qui fait évoluer le concept de superpuissance vers « la capacité à détruire la planète au moyen d'une guerre nucléaire » (the ability to wreak global destruction through nuclear warfare) qui établit la prééminence des États-Unis et de l'Union soviétique, au moment où l'Empire britannique perd de sa superbe[12].

Les États-Unis, superpuissance unique modifier

Après la disparition du rideau de fer et la dissolution de l'Union soviétique en 1991, les États-Unis restent la seule superpuissance au monde[13]. Ainsi, après les attentats du 11 septembre 2001, la Maison-Blanche peut-elle déclarer que les lois internationales ne sauraient en aucun cas être une contrainte pour la seule superpuissance mondiale[14].

Remise en cause des États-Unis comme superpuissance unique modifier

Les États-Unis sont donc la seule et unique superpuissance mondiale, dans les domaines économique, militaire, et culturel, pendant les années 1990. Seul pendant cette période, le Japon apparait à même de contester un jour peut-être cette hégémonie[15] (au moins sur le plan économique). Mais, dès la fin de la décennie, la Chine apparaît déjà comme susceptible de défier à terme le monopole des États-Unis[15].

Puissance actuelle de la Chine modifier

Comparée à d'autres puissances importantes du monde, telles que le Japon (doté d'une forte économie, mais relativement faible sur le plan militaire, et pourvu de ressources naturelles très limitées), ou l'Union européenne (première puissance économique mondiale, mais sans unité politique ni militaire), la Chine se caractérise par sa présence parmi les principaux pays du monde dans pratiquement tous les domaines[16].

De plus en plus d'observateurs américains considèrent la Chine comme étant déjà une superpuissance ou à un niveau très proche d'une superpuissance[17],[18],[19].

Puissance géographique modifier

Puissance démographique modifier

Puissance militaire modifier

Puissance politique, géopolitique et diplomatique modifier

Puissance économique et financière modifier

Secteur primaire modifier

Secteur secondaire modifier

Secteur tertiaire modifier

Commerce modifier

Finance modifier

Puissance technologique modifier

Domaine spatial modifier

Puissance culturel modifier

Langue modifier

Patrimoine culturel modifier

Musique modifier

Cinéma modifier

Sport modifier

Médias modifier

Puissance énergétique modifier

Developpement modifier

Faiblesses de la Chine en tant que « superpuissance » modifier

À la question de savoir si la Chine est aujourd'hui une superpuissance, les dirigeants chinois eux-mêmes, par la voix de Wen Jiabao, Premier ministre de la république populaire de Chine, ont souligné le 23 septembre 2008 :

« Avec ses 800 millions d'agriculteurs et ses douzaines de millions de personnes qui vivent dans la pauvreté, [la Chine] reste un pays en voie de développement et n'est pas encore une superpuissance[20]. »

De même, une étude récente du journal Huanqiu Shibao (Global Times) de Pékin tend à montrer que les Chinois eux-mêmes ne considèrent la Chine comme une superpuissance que du fait de sa population et de sa superficie, et que la seule véritable superpuissance, de leur point de vue, est les États-Unis[20].

Parmi les problèmes auxquels la Chine doit faire face, et qui sont susceptibles de remettre en cause son statut de superpuissance potentielle, se trouvent des risques de troubles sociaux massifs, la corruption, l'absence d'une protection sociale suffisante, l'insuffisance des ressources énergétiques nécessaires à la croissance, les mouvements migratoires massifs des campagnes vers les régions urbaines, et de nombreux autres problèmes[21].

Société à deux vitesses modifier

De même que la politique extérieure de la Chine est axée sur la théorie du « développement pacifique » (peaceful development), telle qu'exposée par Zheng Bijian, elle recherche la paix et l'harmonie dans sa politique intérieure, dans la pure tradition confucéenne, de façon à parvenir à un « développement harmonieux », tel que discuté lors des réunions du Comité Central en octobre 2005[11].

Les campagnes et le monde agricole modifier

Le développement économique actuel ne bénéficie guère qu'à 300 ou 400 millions d'habitants, moins du tiers de la population. Les campagnes vivent dans un autre monde.

Corruption modifier

Beaucoup de gens en Chine pensent que l'on ne fait pas fortune en travaillant dur et en se montrant inventif, mais en étant un fonctionnaire corrompu[22]. Les fonctionnaires locaux ont en Chine un pouvoir considérable, dont ils abusent par une corruption mal contrôlée.

Un exemple majeur de cette corruption massive est apparu lors de la construction du barrage des Trois Gorges, projet dont la fin était prévue pour fin 2009, et qui a bouleversé la vie de un à deux millions de personnes. Leur indemnisation a donné lieu à un très grand nombre d'abus, tels que non indemnisation des populations déplacées, économies sur la qualité de construction des maisons destinées aux personnes relogées, surévaluation du nombre de personnes déplacés pour pouvoir percevoir du gouvernement des sommes plus importantes et non redistribuées, etc[23].

D'autres exemples abondent : ainsi, le vice-maire de Pékin, responsable des projets de construction pour les jeux Olympiques de 2008, fut arrêté en 2006 pour corruption massive. Le « numéro 2 » de la Marine chinoise a été limogé pour « crimes économiques », sur dénonciation de sa maîtresse. À l'automne de 2006, c'est Chen Liangyu, le secrétaire du Parti communiste de Shanghai, et membre du Politburo, qui a été limogé avec ses complices pour une énorme affaire de corruption touchant aux caisses de retraites de Shanghai[24].

Liu Xiaobo, rédacteur de la charte 08 et prix Nobel de la paix 2010, évoque en janvier 2004 la corruption dans les médias chinois. Selon Liu, certains journalistes chinois reçoivent des « indemnités de déplacement » afin de rédiger des articles mettant en avant les produits d'une entreprise ou les réalisations d'un homme politique. Liu Xiaobo considère que la corruption politique est la plus importante. Celle-ci serait due au « monopole du pouvoir qui engendre la corruption »[25].

Dans le classement de perception de la corruption établi par l'ONG Transparency International, sur l'année 2015 la Chine est 83e sur 167, la France étant 23e[26]. Elle est donc en plein milieu du classement.

Agitation sociale modifier

Les campagnes chinoises voient chaque année se dérouler des centaines de mouvements de protestation, pour protester contre leur situation, le pouvoir des fonctionnaires locaux, leurs abus, ou les élections locales truquées ; le gouvernement gère ces mouvements en les admettant lorsqu'ils ne sont que locaux, et en les réprimant brutalement chaque fois qu'ils tendent à prendre un caractère plus général[27].

Dans les entreprises, les conditions de travail génèrent un malaise d'autant plus grand que les syndicats libres sont interdits[27] ; les accidents de travail atteignent également des proportions considérables, avec 53 000 ouvriers tués sur leurs lieux de travail, dans les six premiers mois de la seule année 2002[27].

Les plus de 100 millions de paysans-ouvriers ou "nongmingong" (农民工, nóngmíngōng), jeunes immigrés des campagnes arrivés pour travailler dans les villes, apparaissent être au cœur de cette agitation sociale, de par le décalage entre la société de consommation à laquelle ils contribuent et les conditions sociales et salariales peu développées[28].

Inégalités sociales modifier

Le coefficient d’inégalité des revenus est exprimé par le coefficient de Gini, où 0 représente l'égalité complète entre toutes les personnes, et 1 l'inégalité totale, avec une seule personne qui dispose de la totalité des revenus. Le coefficient de Gini de la Chine est « mauvais » puisqu'il avoisine 0,5. Le gouvernement chinois avait fixé la cote d'alarme aux alentours de 0,40, seuil franchi dès 1994. À titre de comparaison, le coefficient de Gini des États-Unis est de 0,41, celui du Royaume-Uni, ainsi que de la France en 2004, est de 0,36, et celui de l'Allemagne, de 0,28[29].

Ma Kai, responsable de la planification économique de la Chine en 2004, a dit alors que l'écart de richesse croissant entre les régions côtières et les villes d'une part, et l'arrière-pays de l'autre, était de nature à causer des troubles sociaux et mettre en danger l'autorité du gouvernement sur l'ensemble du pays[11].

Malgré un niveau de vie moyen encore bas, la république populaire de Chine compte près d'un million de millionnaires en euros en 2010, d'après le Quotidien du peuple en ligne[30].

De la campagne à la ville des inégalités subsistent modifier

Le Huji ou le « hukou »[31] est un permis de résidence citadin. C'est un système d'enregistrement des foyers, qui mélange le livret de famille et le permis de résidence. Il a été créé en 1958 sous Mao Zedong pour contrôler les flots de la population. Le « hukou » attache et relie chaque citoyen chinois à la province dont il est originaire. Cela empêche les travailleurs de migrer avec leur famille dans les provinces où l'économie est en pleine extension. C'est une discrimination géographique qui est la source de mécontentement croissant. En Chine, quand les statistiques disent qu'il y a 52,6 % d'urbains, seul 35 % possède le « hukou ». Il y a des zones ou les individus sont semi-intégrés mais ce sont les gouvernements locaux qui décident qui intégrer selon leurs intérêts.

Les personnes vivant à la campagne sont traitées de « tu » (bouseux). À l'encontre, les citadins bénéficient d'un certificat appelé hukou, qui est une condition d'accès à la protection sociale, à un logement et aussi à l'éducation. Les titulaires d'un hukou ruraux n'y ont pas accès.

Depuis les années 1950 avec l'apparition de la République, on a pu constater une amélioration des conditions de vie à la campagne : la nourriture y est abondante et relativement variée, écartant ainsi les risques de famine. De plus, les campagnes bénéficient d'habitation ayant de l'électricité. Néanmoins, les Chinois vivants dans les campagnes ne bénéficient pas de chauffage et doivent donc porter des vêtements épais. Ils ont peu d'équipement domestique : un autocuiseur pour le riz, des bouteilles thermos pour maintenir à température l'eau bouillie. Leurs réchauds sont alimentés par du charbon.

10 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et n'ont qu'un dollar par jour si ce n'est moins pour vivre. Leur mode de vie est spartiate et très différent des classes moyennes urbaines. Les revenus annuels disponibles par habitant ont augmenté. L'espérance de vie en Chine est inférieure ou égale à 70 ans en campagne, elle atteint des standards occidentaux autour de Shanghai et de Pékin. Le régime politique en Chine ne reconnaît pas l'égalité et la liberté des individus. Les décisions sont prises selon les intérêts de l’État. Le plus souvent, les individus qui sont intégrés par les gouvernements locaux ont des compétences particulières, des capacités d'investissement ou sont capables de se prendre en charge et donc ne coûtent pas d'argent à l’État. Ce n'est pas une logique d'État-providence, la discrimination est intégrée.

L’objectif affiché des pouvoirs publics est de mettre en place une urbanisation de qualité en transformant des bourgs en villes de petites tailles. Ils sont dans une logique de « quitter la terre sans quitter la campagne », c'est la priorité de la politique publique depuis 1980. Cependant, les droits des individus ne sont pas pris davantage en compte contrairement à ce que les autorités prétendent. De plus, les grandes villes attirent spontanément de nouveaux résidents qui seront sélectionnés par ailleurs.

Il n'y a pas de logement social pour les migrants. Le manque d'habitation pour ces personnes voulant passer de la campagne a la ville prouve le désintérêt et le désengagement de l’État. Certains villages accueillent des ouvriers ou des employés migrants mais leurs logements sont mal construits, une urbanisation[32] sauvage s'est développée autour notamment des usines Foxconn. Cependant, les pouvoirs publics ne semblent pas s'y intéresser. Tout cela est lié à la question du droit de la terre. Ce sont en fait des terres de non-droit, qui restent des terres collectives. Les autorités ne perçoivent pas de taxes pour ces enclaves rurales. Cela entraîne donc un désengagement total concernant les infrastructures et les équipements. Les paysans construisent donc des habitations illégales, et les divisent en chambres pour les travailleurs migrants. On retrouve une logique du capitalisme : tout le monde essaie de gagner le plus d'argent possible.

Certaines ONG tentent de convaincre les grandes firmes d'investir à long terme pour améliorer les conditions de vie des ouvriers. Mais cela ne fonctionne pas. Pour reprendre l'exemple de Foxconn, une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits électroniques à Zhengzhou, capital de la province de Hunan. Certains ouvriers disent qu'ils veulent vivre en ville mais qu'ils ne veulent pas abandonner leur « hukou » rural par peur du chômage. Mais ce n'est pas à eux que l'on propose le « hukou » urbain, c'est aux personnes semi-intégrés, qui disposent déjà d'un emploi stable, d'un logement décent, et qui cotisent depuis certain temps. La plupart réfléchissent longtemps avant de laisser leurs terres qui le plus souvent sont des assurances contre le chômage.

L'implantation des usines Foxconn[33] a bouleversé la géographie locale, les villages ont éclaté. Il y a une concentration très fortes de jeunes, dans l'usine la discipline règne mais à l'extérieur, c'est la loi du plus fort. Liu Yang, 27 ans, originaire de Sanmenxia, la région des rives du fleuve Jaune à l'ouest de Zhengzhou, dit d'ailleurs « Après le travail cela a l'air joyeux, mais il ne faut pas se fier aux apparences ». Les ouvriers ne peuvent pas compter sur la police en cas de problèmes, une petite mafia contrôle les plus faibles. Pour les Chinois venant travailler ici c'est une désillusion totale. Un ouvrier de 36 ans, nommé Wang, dit : « Je pensais faire venir ma femme et mon fils mais c'est impensable ». Cet ouvrier vient d'un comté rural d'Anyang. Il a quitté un travail pénible et sale pour Foxconn, mais son dortoir est à deux heures de bus et lui coûte 800 yuans, soit 97 euros. Il ne lui reste que 1000 yuans, soit environ 121 euros. C'est moins qu'à l'aciérie où il gagnait 3000 yuans. « Ce sont des voleurs », dit-il.

La réforme du « hukou » à Shijiazhuang, capitale de la province du Hebei, offre la possibilité aux immigrés d'obtenir un « hukou » urbain sans abandonner leurs terres, c'est le symbole de l'échec de la politique d'intégration des pouvoirs publics.

En Chine, la discrimination ethnique est très présente, il y a même des politiques d'intégration forcées. Les inégalités[34] sociales ont augmenté. Le coefficient de Gini est passé de 0,30 en 1982 à 0,45 en 2002. Les estimations actuelles de certains spécialistes tournent autour de 0,6, ce qui ferait de la Chine un pays aussi inégalitaire que, par exemple, le Brésil.

Les rivières et les nappes phréatiques sont très polluées. La pollution atmosphérique des grandes villes atteint souvent des seuils critiques ; le sinologue Xavier Paulès relève que « Le sublime ciel bleu hivernal de Pékin, lui, n'illumine plus que les romans de Lao She ». L'industrialisation et l'urbanisation « dévorent » les terres arables.

Dépendance de l'étranger modifier

Dépendance à l'égard des groupes internationaux pour la technologie modifier

Le niveau technologique des exportations chinoises n'est absolument pas cohérent avec le développement économique actuel du pays. La raison de cette situation est le fait que ce sont les groupes étrangers qui sont à l'origine du raffinement technologique de ces exportations, comme l'analyse une étude de 2006, portant sur la période 1998-2005[35].

Dépendance à l'égard des groupes internationaux pour les exportations modifier

Les exportations chinoises sont majoritairement contrôlées par les grands groupes internationaux. Ainsi, 60 % des exportations chinoises vers les États-Unis sont contrôlés par des groupes étrangers, ou — plus précisément — sont réalisées par des sociétés chinoises contrôlées par des capitaux étrangers[36].

Autres défis à surmonter modifier

Vieillissement de la population modifier

Pyramide des âges en Chine en 2015.

La population chinoise vieillit : la part des 60 ans et plus est passé de 7,5 % de la population totale en 1950 à 10,9 % en 2005[37]. Le vieillissement est plus accentué qu'en Inde, où les plus de 60 ans représentent 5,9 % de la population[37]. Mais il reste inférieur à celui de l'Europe où 17,3 % des habitants ont plus de 60 ans[37].

Ce vieillissement est cependant la résultante d'une politique voulue et assumée, au travers de la politique de l'enfant unique, qui a prolongé les efforts du gouvernement chinois pour limiter une natalité et une croissance démographique jugées trop fortes jusqu'aux années 1970, où le nombre d'enfants par femme est passé de 5,75 à 2,75 enfants[38].

Maîtrise de l'environnement modifier

La Chine connaît des problèmes environnementaux majeurs. La forêt y avait déjà fortement régressé il y a huit mille ans, ce qui a engendré des problèmes de désertification, d'érosion et dégradation des sols, ainsi que d’inondations, qui ont empiré avec l’industrialisation et la croissance démographique.

Crise de l'eau modifier

Le pays possède à peu près la même quantité d'eau que les États-Unis, mais sa population y est cinq fois supérieure. Le manque d'eau se fait particulièrement sentir dans le Nord, très aride, où vit près de la moitié de la population de la Chine et où la demande en eau excède de loin l'approvisionnement naturel.

Le réchauffement de la planète accélère le retrait des glaciers qui alimentent les principaux cours d'eau chinois, tout en hâtant l'avancée des déserts, qui absorbent actuellement plus de 300 000 ha de prairies chaque année.

Toutefois, rien n'a davantage précipité la crise de l'eau que trois décennies de croissance industrielle débridée. Dans sa course pour devenir la prochaine superpuissance mondiale, la Chine ne se contente pas de pomper sans limite ses rivières et ses nappes phréatiques ; elle pollue aussi ce qu'il reste d'eau de manière si irréversible que la Banque mondiale a sonné l'alarme en évoquant des « conséquences dramatiques pour les générations futures ». L'utilisation massive de pétrole et surtout de charbon est source d'une pollution importante. L’explosion de la croissance économique s’est traduite par de nouvelles pressions sur les ressources non renouvelables. De nombreuses villes sont en permanence couvertes d’un nuage de pollution.

Biodiversité modifier

La Chine est un des dix-sept pays mégadivers, c'est-à-dire identifiés par le Centre de surveillance de la conservation de la nature du programme des Nations unies pour l'environnement comme l'un des plus riches de la planète en termes de biodiversité. Toutefois c'est aussi un des quatre pays pour lesquels un nombre important d'espèces de mammifères sont menacées de disparition du fait de la destruction de leur habitat. Le cas le plus emblématique est probablement le panda géant, qui a été choisi comme symbole par le World Wide Fund for Nature et dont la rareté est telle qu'en offrir est gage d'alliance.

Protocole de Kyōto modifier

La Chine a ratifié le protocole de Kyōto en 2002[39].

La Chine a d’abord refusé le protocole de Kyōto mais en 2007, Wen Jiabao a annoncé vouloir en 2010 atteindre les objectifs du onzième plan quinquennal : réduire de 20 % la consommation d'énergie par unité de produit intérieur brut et de 10 % l'émission de principaux polluants. Des programmes de reboisement, de protection de la nature, la suppression des lampes à incandescence , le développement des toilettes sèches, la multiplication des panneaux solaires sur le plateau tibétain, un parc éolien important et un projet de ville « haute qualité environnementale » témoignent des efforts faits. La flotte de pêche chinoise prend en revanche une part croissante en matière de surpêche.

Pollution, impacts sur la santé et sur l'économie modifier

Pourtant, malgré le discours officiel, la Chine a ravi en 2007 aux États-Unis le titre de premier producteur de gaz à effet de serre[40]. Au début des années 2030, la Chine pourrait en produire à elle seule deux fois plus que la totalité des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques réunis. Ce qui n'est pas si surprenant puisqu'elle a construit en 2006 cinq centrales à charbon par semaine[41].

Cette pollution entraîne des risques à terme pour la santé de la population qui ont été évalués à un chiffre de 750 000 morts par an (cancers, maladies pulmonaires…) ; le sujet est si sensible, et en même temps si difficile à quantifier, que la Chine a demandé à la Banque mondiale d'omettre désormais ces estimations[42].

Le coût économique annuel de ces problèmes d'environnement pourrait se révéler énorme, de l'ordre de 160 milliards de dollars par an, à comparer avec l'excédent commercial record de la Chine, qui était en 2006 de 177 milliards de dollars par an[42].

Ces problèmes environnementaux sont avec la surpopulation le grand défi de la Chine moderne.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Citation originale : [...] China is steadily emerging as a superpower for the next century
  2. Le mot lui-même est en effet apparu pour la toute première fois en 1926, au sujet de l'interconnexion des systèmes de production d'électricité.

Références modifier

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  19. Yes, China Has Fully Arrived As A Superpower
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  29. Shirk 2007, p. 30-31.
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  31. Harold Thibault, « La lente réforme du "hukou" le passeport intérieur », Le Monde,‎
  32. Brice Pedroletti et Chloé Froissart, « En Chine une urbanisation à deux vitesse », Le Monde,‎
  33. Brice Pedroletti, « "Apple City la face sauvage de l'urbanisation chinoise », Le Monde,‎
  34. Xavier Paulès, « Inégalités sociales et crise écologique », Documentation photographique, no 8093,‎ , p. 60-61
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  40. Le 13 juin 2008, l'agence néerlandaise d'évaluation environnementale relevait que la Chine était passée devant les USA en tant que plus gros contributeur de CO2.
  41. Le Monde.fr : La Chine en passe de devenir le premier émetteur de gaz à effet de serre
  42. a et b China Reportedly Urged Omitting Pollution-Death Estimates sur le site du New York Times (consulté le 9 septembre 2009)

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

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