Utilisateur:Bruno RACINE/Brouillon
Forme juridique |
- Association loi 1901 - ONG, Organisation non gouvernementale - Agréée association complémentaire de l'enseignement public |
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Fondation | 1902 |
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Président | Philippe Dole 2020 |
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Présidents |
++Monde économique E Alain Cadix 2016-2020 Roger Mongereau 2015-2016 Etienne Bessac 2012-2015 Jacques Lair 2006-2012 Raymond Ravenel 1997-2006 Henri Longeot F 1995-1997 Maurice Catalan 1978-1986 Henry Court F Charles Portet E Albert Lecompte E 1977-1978 ++Monde politique P Alfred Jules-Julien 1977-1952 Édouard Herriot 1930-1952 Gustave Dron 1912-1930 Modeste Leroy 1908-1912 Émile Maruéjouls 1902-1908 +Monde de la formation F |
Membres | Un millier d'adhérents en moyenne ces dernières années |
Bénévoles | Une centaine |
Publication | Revue Avenirs professionnels |
Publications |
NEWSLETTER de l'AFDET Brèves d'AFDET |
L’Association Française pour le Développement de l’Enseignement Technique (AFDET), fondée en 1902 à Paris et disposant de la reconnaissance d’utilité publique par décret du 22 janvier 1936, a pour objectif, aux termes de ses statuts, la valorisation et le développement des enseignements technologiques et professionnels, de l'apprentissage, de l’orientation scolaire et professionnelle et de la formation continue dans le cadre de la formation tout au long de la vie. Elle a joué un rôle notable dans la naissance du système de l'apprentissage et dans les grandes périodes de l’histoire de l’Enseignement professionnel en France, comme l’analyse l’ouvrage fondateur de Claude Hui « L'AFDET et l'Enseignement technique - 1902 - 2002 : une histoire partagée »[1], et selon les grands cycles économiques qui influent sur l’évolution de l’organisation et des pratiques de la formation professionnelle.
Au début du XXe siècle, l'AFDET, qui s'est créée en 1902 pour rattraper le retard accumulé par la France en matière d’apprentissage, a joué un rôle majeur dans la longue élaboration de la loi sur l'Apprentissage en France votée en 1919, dans le contexte des fortes oppositions entre les cultures académique et économique d'alors. Cette loi, dite loi Astier, pose les principes de base de l’organisation de l’apprentissage en France. Elle consacre la responsabilité de l’Etat en matière d’enseignement professionnel, dont celle du ministère du Commerce et de l’Industrie auquel il était rattaché aux termes de cette loi.
Dans l'entre-deux guerres, l’enseignement technique est rattaché au ministère de l’Instruction publique par un sous-secrétariat d’Etat à l'Enseignement technique. Son histoire est depuis associée à ce ministère, qui prendra le nom de ministère de l’Éducation nationale à partir de 1932 dans le gouvernement d’Edouard Herriot, président de l’AFDET de 1930 à 1952. Cette période, jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale, est marquée par le développement de l'apprentissage et de l'Enseignement technique. Á partir 1936, le Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP), issu de la loi Astier, devient le critère de référence pour définir le statut d'ouvrier professionnel. Les conditions de la guerre amènent à développer par décret du 21 septembre 1939 les centres de formation professionnelle accélérée.
Dans les Trente Glorieuses, entre 1945 et 1975, l'essor sans précédent du développement économique en France pendant cette trentaine d'années est accompagné d’un même essor de la formation professionnelle scolaire et de l’apprentissage en CFA, ces deux voies de formation professionnelle initiales en France étant étroitement cloisonnées. L'AFDET soutient les conseillers de l'enseignement technique, créés en 1946, acteurs bénévoles servant de liens entre l'école et le monde professionnel. Elle critique l'orientation vers la scolarisation de l’enseignement technique pratiqué au sein des collèges d'enseignement technique, sans prendre en compte ses spécificités. L’organisation deviendra celle du collège unique en 1973 avec la loi Haby, puis dans les lycées professionnels à partir de 1977.
Après le choc pétrolier de 1973, s’ouvre une période d’une quarantaine d'années, caractérisées par la mondialisation et le développement des nouvelles technologies, et en France par une rapide désindustrialisation[2] et une forte croissance du chômage en France. La loi Delors de 1971 y répond dans le domaine de la formation continue des adultes, l’AFDET appuyant la formation professionnelle des adultes associée au nouveau rôle des régions en 1984. En formation initiale, la création en 1979 des « séquences éducatives en entreprises » a initié le développement de l’alternance sous statut scolaire et la porosité croissante entre les deux mondes éducatif et économique. L’AFDET s’y implique fortement, tout en agissant pour l’introduction des technologies dès le collège et pour la formation des maîtres. Mais la déprofessionnalisation des programmes et des méthodes pédagogiques accompagnant la voie professionnelle scolaire conduit à une dévalorisation de l'enseignement technique et de sa vocation à former des personnes qualifiées. D’où la forte propension des jeunes à s’orienter vers la voie générale et technologique au détriment de l’apprentissage des métiers techniques, et l'orientation sélective et hiérarchisée subie par de nombreux élèves. L’AFDET critique ces tendances dans les débats sur la place de l'Enseignement technique dans le système de formation au tournant du siècle.
Au cours de la période récente au XXIe siècle, la prise de conscience des effets de la désindustrialisation, « entre 1995 et 2015, la France s’est vidée de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel », a conduit à des politiques structurantes visant la réindustrialisation des territoires. En 2014 est engagée au plan local la dynamique nationale des Campus des Métiers et des Qualifications reliant le tissu éducatif et les filières professionnelles, puis en 2018 celle des Territoires d'industrie, alliant le tissu industriel et les collectivités locales. Parallèlement, est votée la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018, transformant les conditions de l'apprentissage. Le document d'orientation[3], qui lui a servi d’arrière-plan, expose les intentions gouvernementales. Conjointement se met en place la réforme des lycées professionnels développant l’alternance et la complémentarité des deux voies de production de la qualification. Des débats existent sur la réalité de la rupture réalisée. L’AFDET soutient activement ces initiatives en faisant des propositions. En 2020 elle engage une nouvelle stratégie intitulée « Qualifications Campus Territoires d'industrie » pour répondre à l'impératif de qualification et de réindustrialisation des territoires par la convergence de ces deux dynamiques nationales. Cette politique s'inscrit dans la perspective du projet France 2030. L'AFDET accompagne d'autre part cette politique par son action auprès des jeunes en difficulté[4] avec le projet de Mentorat qu'elle anime dans le cadre du projet national 1 jeune, 1 solution de France Relance.
Début du XXe siècle, l'AFDET et la loi Astier sur l’apprentissage
modifierLa crise de l'apprentissage à la fin du XIXe siècle
modifierProcessus historique du XIXe siècle, la révolution industrielle ayant fait basculer une société à dominante agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle, est née en Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle. Elle s'est diffusée dans une première vague à la Belgique et à la France au début du XXe siècle. Moins brutal en France qu'au Royaume-Uni, Fernand Braudel parle, en ce qui concerne notre pays, d'un processus plus progressif d'industrialisation. Il est caractérisé par le passage à l'usine mécanisée, l'augmentation de la croissance et de la productivité, le développement de la mécanisation, des transports et des télécommunications, l'exode rural et l'urbanisation avec le développement d'une classe ouvrière. La région du Nord de la France, jouera un rôle important dans cette industrialisation et la naissance de l'AFDET en 1902. Elle en est un symbole, dans l'imaginaire populaire avec ses bassins miniers, accompagnant le boom ferroviaire, avec le textile, mais aussi les grèves ouvrières et le travail des enfants...
Cette transformation économique et sociale est marquée par un décalage très important entre la formation d'une élite pour les niveaux supérieurs de formation des établissements nationaux publics et privés créés au XVIIIe et début du XXe siècle et les besoins croissants d'ouvriers ayant un minimum de formation et de techniciens qu'appelait le système manufacturier. Les pouvoirs publics ne se préoccupent pas de ces niveaux, laissés à des initiatives locales de communes ou d'origine patronale, religieuse ou associative. La perception d’une crise de l’apprentissage en France apparaît dès les années 1830 en France, précise la Chronologie de l’enseignement technique de Gérard Bodé[5]. Les premières législations sur l’enseignement primaire, loi Guizot de 1833, tente de pousser à l’ouverture d'école primaire supérieure pour les enfants voulant s’engager vers le commerce et l’industrie. La loi du 22 février 1851 crée le contrat d'apprentissage faisant obligation à l'employeur de donner à l'apprenti souvent analphabète le temps d'acquérir les notions élémentaires de lecture, écriture, calcul. Mais sans contrôle, dix ans plus tard, la loi n'est appliquée qu'à 1% environ de l'effectif ouvrier[6]. Les réflexions sur l’enseignement destiné aux jeunes se poursuit avec la loi Duruy en 1965 pour un enseignement secondaire plus pratique. Mais le retard de la France en matière industrielle apparaît lors de l'Exposition universelle de Paris en 1867, notamment dans le domaine de l'apprentissage comparée à l'Allemagne où se forme une main d'œuvre qualifiée dans les ateliers écoles. La défaite dans la Guerre franco-allemande de 1870 rend encore plus manifeste le besoin de transformation.
L’instauration de la troisième République crée un contexte plus favorable avec les lois Jules Ferry de 1881 relatives à l’instruction gratuite, laïque et obligatoire. La construction d’un premier réseau d’écoles d’enseignement technique se développe, dans le contexte de l’affrontement des deux ministères du Commerce et de l’Industrie et de l’Instruction publique pour obtenir la tutelle de cet enseignement, comme le souligne Gérard Bodé[5]. La loi du 11 décembre 1880 est considérée comme le premier texte de l'enseignement technique français. Créant les «écoles manuelles d'apprentissage» à l'initiative des communes, départements, professions, associations, qui peuvent être subventionnées par les deux ministères, elle marque une évolution de l’État à l’égard de l’enseignement technique. Par son décret d'application du 30 juillet 1881, elle distingue deux catégories d'établissements techniques, l'une à l'origine des premières écoles nationales professionnelles (ENP) à l'initiative du ministère du Commerce et de l'Industrie, l'autre concerne les écoles primaires supérieures professionnelles initiée par le ministère de l'Instruction publique, Jules Ferry étant ministre. Elle engage un embryon d'organisation de l'apprentissage, placé sous la double tutelle des deux ministères précités, avec un contrôle par une inspection générale de l'enseignement industriel installée au ministère du Commerce et de l'Industrie[7]. En 1895, ce dernier transforme son bureau de l'enseignement technique en direction de l'enseignement technique. Patrice Pelpel et Vincent Troger, note à cet égard, la naissance de « la première administration nationale spécifiquement en charge de la formation ouvrière scolarisée et dotée d'un budget autonome »[8].
Sous l'influence d'Alexandre Millerand, alors ministre du Commerce de juin 1899 à juin 1902, les premières écoles nationales professionnelles sont rattachées au ministère du Commerce et de l'industrie par la loi de finances du 23 avril 1900. Par la loi de finances du 26 janvier 1892 sont créées les Ecoles pratiques de commerce et d'industrie (EPCI) auxquelles sont rattachées les écoles primaires supérieures les plus professionnelles. L'enseignement professionnel court organisé par l'Etat est né[9]. Les EPCI ou ENP sont nettement plus orientées vers la connaissance concrète d'un métier ainsi que le montrent les lourds horaires d'enseignement professionnel, pratique et théoriques La loi du 27 décembre 1900 place les écoles professionnelles de la Ville de Paris sous l'autorité du ministère du Commerce et de l'industrie. Ainsi, au début du XXe siècle, comme l'explique Françoise Meylan, tout l'enseignement technique industriel et commercial, de l'apprentissage aux écoles d'ingénieurs, ressort du ministère du Commerce et de l'Industrie, disposant d'un corps enseignant spécifique, en liaison étroite avec les milieux professionnels[10].
Création de l’AFDET en 1902
modifierLa période décrite dans l'article Grande dépression (1873-1896) est une période de ralentissement économique mondial entre 1873 et 1896, qui démarre par un épisode brutal, la crise bancaire de mai 1873. Cette longue période est à raccorder aux profondes mutations industrielles d'alors. Elle aggrave, dans les années 1890, la « crise de l’apprentissage » déjà présente en France au cours du XIXe siècle. Au début du XXe siècle la scolarisation y est limitée à la formation des élites ouvrières. En 1900, pour 900000 jeunes de moins de 18 ans employés dans le commerce et l'industrie sans formation préalable, au total 65000 suivent un enseignement professionnel[11]. C’est dans ce contexte et pour y répondre qu'un groupe de responsables politiques, d’industriels et de hauts fonctionnaires, décident de fonder l’Association Française pour le Développement de l’Enseignement Technique (AFDET)[12].
La création de l’AFDET intervient, le 25 juin 1902, dans ce contexte de crise de l'apprentissage, un an presque jour pour jour après la promulgation de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association, appelée loi 1901. Elle rassemble dès sa fondation des acteurs et responsables intéressés à l’enseignement technique, personnalités politiques, hauts fonctionnaires, parlementaires, représentants du monde économique de l’artisanat et de la grande entreprise, dont la puissante UIMM (Union des Industries métallurgiques et minières) et de grandes entreprises commerciales et bancaires, formateurs de tous niveaux. Le ministre des Travaux publics en exercice, ancien ministre du Commerce et de l’Industrie et député de l’Aveyron, Émile Maruéjouls[13], est élu président de l’association. Le ministre du Commerce et de l’Industrie en exercice est président d’honneur. De nombreuses Écoles supérieures et d’associations d’anciens élèves de d’Écoles prestigieuses sont parmi les membres fondateurs.
C'est le cas de l'Ecole Nationale Professionnelle d'Armentières près de Lille, dont le directeur, Edmond Labbé, membre de l'AFDET, deviendra directeur de l'Enseignement technique de 1915 à 1933. Edouard Herriot, président de l'AFDET de 1930 à 1952, s'adressant à lui lors de la fête en son honneur lors de son départ à la retraite, déclara : «La résurrection de l'enseignement technique, c'est votre œuvre ; ce n'est pas l'œuvre d'un autre, c'est votre création. C'est vous qui avez donné vie à cet enseignement et qui l'avez mis dans un tel état qu'à l'heure actuelle, il est à l'abri de tout danger». L’influence de l’AFDET auprès des directions de l’enseignement technique au ministère du Commerce et de l’Industrie est réelle. Elles nomment des membres de l’association comme inspecteurs bénévoles de l’enseignement technique. Le Nord joue un rôle de premier plan dans la construction d’un enseignement technique structuré et nombre de ses institutions et personnalités adhèrent à l’AFDET, apportant leur expérience à la réflexion sur l’écriture d’une loi sur l’enseignement technique.
Dès l’origine, l’AFDET se constitue comme un lieu de débats fondés sur l’expérience de ses membres permettant de construire des préconisations consensuelles en direction des pouvoirs publics relatives à la promotion de la formation professionnelle. Elle s’engage résolument dans une indépendance significative de l’enseignement professionnel vis-à-vis de du système éducatif de l’enseignement général. Elle développe sa réflexion sur les sujets touchant à la formation professionnelle sous statut scolaire, en apprentissage et en formation continue, dans les domaines industriel et commercial, mais aussi sur l’avancement des sciences et de l’apprentissage des langues. Dès sa création et jusqu’à aujourd’hui sa méthode fondamentale de travail sera de mener des enquêtes de terrain, élaborées avec ses membres, lui permettant de construire sa réflexion et ses positions, en y associant les acteurs de base, de la formation et des entreprises, et favoriser les adhésions à l’association, comme l'analyse le livre de Claude Hui.
La lente élaboration d’une loi sur l’apprentissage
modifierL’AFDET s’engage dès sa création dans la lente élaboration d’une loi sur l’apprentissage, selon sa méthode, s’appuyant sur un travail d'enquête, préparant le travail législatif avec les acteurs locaux. Ce travail législatif sera initié en 1905 par le projet de loi du ministre du Commerce et de l’Industrie Fernand Dubief et conduit, depuis son origine, par le rapporteur de ce projet loi, Placide Astier, membre fondateur de l’AFDET. Mais le peu d’empressement de voir réglé le problème de l’apprentissage des jeunes, bien que moins de 10% des jeunes de 13 à 18 ans sont accueillis dans les établissements techniques de tous niveaux, nécessite plusieurs relances de la part de l'AFDET.
Un Congrès de l’apprentissage déterminant à Roubaix (1911)
modifierFinalement, du 2 au 5 octobre 1911 se tient un Congrès de l’apprentissage déterminant à Roubaix, organisé par l’AFDET à l’occasion de l’exposition internationale du Nord de la France. Le Congrès de Roubaix en 1911, sous la présidence d’honneur du ministre du Commerce et de l’Industrie, et de Gustave Dron, vice-président de la Chambre des députés, donnent «une signification et une portée considérables à cet évènement[14] avec les 103 propositions élaborées par les différentes sections du Congrès[15] ». Edmond Labbé, Inspecteur général de l’enseignement technique, fait adopter neuf vœux, dont la limite de la scolarité obligatoire sera fixée à 13 ans au minimum ; les jeunes âgés de moins de 18 ans, employés dans le commerce et l’industrie seront obligés de fréquenter les cours d’apprentissage qui seront institués autant que possible dans la journée de travail ; les certificats de fin d’apprentissage seront remis après examens de délivrance des diplômes constatant la capacité professionnelle des enfants.
L’élan donné par le Congrès de Roubaix interrompu par la guerre de 1914-1918
modifierDans la foulée de la dynamique du Congrès, la direction de l’AFDET se mobilise pour qu’enfin la question de la formation des enseignants de l’enseignement technique soit résolue. Finalement, malgré maintes discussions sur le budget de l’enseignement technique, après l’intervention du Ministre du Commerce et de l’Industrie soutenant les propositions de l’AFDET, les crédits sont inscrits et votés dans un article de la loi de finances le 27 janvier 1912.
Gustave Dron devient le nouveau Président de l’AFDET en 1912. Il est membre du Conseil supérieur de l’enseignement technique et du Conseil de la Ligue de l’enseignement, et il s’est beaucoup investi dans le Congrès de Roubaix, en présentant notamment aux congressistes son action dans sa ville de Tourcoing pour l’organisation de la formation professionnelle des jeunes et des ouvriers en étroite collaboration avec les chefs d’entreprises. Pendant ce temps, l’AFDET et Placide Astier se dépensent sans compter contre l’insuffisance des budgets pour l’enseignement technique et l’obligation des cours de perfectionnement. Ils préparent un nouveau Congrès à Lyon en aout 1914.
Le déclenchement de la Première guerre mondiale va reléguer au second plan les questions de l’organisation de l’enseignement technique. Le président Gustave Dron s’emploie dans sa ville de Tourcoing, occupée par les Allemands, à protéger les populations. Il est bientôt arrêté pour résistance et déporté en Lituanie. Il ne sera libéré qu’après l’Armistice de 1918. Placide Astier et l’AFDET continuent le combat pour l’apprentissage, notamment en faveur de l’orientation professionnelle des jeunes filles et pour la formation professionnelle des femmes qui remplacent maintenant massivement les hommes dans les usines et dans l’agriculture. Placide Astier rappelle dans des cycles de conférences de la Ligue de l’Enseignement que la force économique de l’Allemagne, avant la guerre et pendant la guerre, est due à la qualité de la formation de sa jeunesse. 500 000 jeunes suivent des cours professionnels, alors qu’en France seuls 100 000 jeunes sont concernés.
Création de l'École Normale de l’Enseignement technique (1912)
modifierDans la foulée du succès du Congrès de Roubaix, l’ENET, École Normale de l’Enseignement technique, est créée par décret du 26 octobre 1912. Elle s’installe temporairement dans les locaux de la nouvelle École des Arts et Métiers dans l’attente de ces propres locaux à Cachan … en 1956 ![16]. Fondée en 1912, pour former les professeurs de l'enseignement technique, l'École normale de l'enseignement technique (ENET) devient « supérieure » en 1932 (ENSET), puis intègre en 1985 le cercle prestigieux des grandes écoles en se transformant en École normale supérieure[17].
La formation des maîtres est un enjeu essentiel pour le développement de l'Enseignement technique. L'AFDET s'en est préoccupée tout au long de son histoire depuis 1902. L'article « La formation des maîtres de l’Enseignement technique » retrace cette histoire.
La loi Astier sur l’apprentissage (25 juillet 1919)
modifierL’arrivée de la paix favorise la reprise des activités en France et le retour au premier plan de la question de l’apprentissage. Rentré de captivité, Gustave Dron annonce à l’AFDET en janvier 1919 la demande faite par le ministre du Commerce, Etienne Clémentiel, que celle-ci reprenne son bâton de pèlerin pour répondre à la situation nouvelle de l’après-guerre. Pendant la guerre nombre d’entreprises ont dû faire appel à une main d’œuvre inexpérimentée qui a nécessité de créer des cours de perfectionnement, et l’obligation de formation est maintenant devenue plus largement nécessaire. Les conditions sont favorables pour que la Chambre des députés vote enfin la loi d’Astier déjà approuvée au Sénat plus de deux ans auparavant. Placide Astier est mort le 6 mars 1918, mais la loi reprend sans grand changement le projet que n’ont cessé de porter les parlementaires, membres de l’AFDET, Fernand Dubief en 1905, Placide Astier et Modeste Leroy, Gustave Dron en 1909. Ce dernier dira en 1924 de cette loi[18], « cette malheureuse loi a été ballotée de commissions en commissions, de comités en comités. En a-t-elle connue des inscriptions pour la forme, mais en pure perte, à l’ordre du jour de la chambre des députés ou du sénat ? L’on ne trouvait jamais le temps d’aborder la discussion d’une loi aussi utilitaire ».
La loi pose les principes de base de l’organisation de l’enseignement technique en France[19] : la combinaison d’un enseignement théorique, général et technique avec une formation pratique pour un métier. « Pour la première fois en France l’enseignement technique prend un caractère officiel et affiche la responsabilité de l’État dans ce domaine. La loi dépasse le cadre de l’apprentissage et met en place une structure de l’enseignement technique industriel et commercial avec des écoles publiques ou privées et des écoles de métiers[1] sous statut scolaire, ainsi que des cours professionnels pour les apprentis et les salariés. Ces établissements publics ou privés qui ont un enseignement industriel ou commercial sont placés sous l’autorité du ministère du Commerce et de l’Industrie. Chaque établissement est dirigé par un conseil d’administration et un conseil de perfectionnement composé majoritairement pour ce dernier de représentants de l’industrie et du commerce ». La loi institue surtout des cours professionnels gratuits , qui peuvent être dispensés par des communes, des départements ou des entreprises, pour tous les jeunes gens et jeunes filles de moins de 18 ans employés dans l’industrie ou le commerce. Un diplôme, le certificat d’aptitude professionnel (CAP), organisé par les départements, sanctionne l’enseignement suivi, via un examen, mi scolaire et mi professionnel, avec des jurys constitués d’un nombre égal de représentants de la profession et de l’enseignement technique. Ce diplôme est un moyen de régulation de l’apprentissage par la certification, tant sur le plan du contenu de formation que sur celui de la définition des qualifications[2]. Pour éviter un rejet de la loi, la loi remet à plus tard l’adoption de dispositions financières, nombre de chefs d’entreprises étant hostiles à la création d’une taxe. Cette taxe d’apprentissage sera instaurée en 1925.
Toutes les préconisations que l’AFDET a élaborées depuis sa création se retrouvent dans la loi du 25 juillet 1919. Il faut maintenant convaincre que l’intérêt pour les métiers techniques se construit dès l’école primaire en introduisant un enseignement manuel dans les programmes. Il reste à faire appliquer cette loi tant attendue, l’AFDET y reste très attachée.
[1] L’organisation des EPCI et des écoles de métiers est précisée par un décret du 12 juillet 1921
[2] Histoire du système éducatif, Vincent Trojer et Jean-Claude Ruano-Bordbalan, p 86, Que sais-je (PUF)
L'entre-deux guerres, l’Enseignement technique intégré dans l’Instruction publique
modifierLe tournant de 1920
modifierSix mois après le vote de la loi Astier qui maintenait la tutelle de l’enseignement technique au ministère du Commerce et de l’Industrie, par un décret du 20 janvier 1920, l’Enseignement technique est placé sous la tutelle du Ministère de l’Instruction publique, par Alexandre Millerand, devenu Président du Conseil du 20 janvier au 23 septembre1920, puis président de la République de cette date jusqu'au 11 juin 1924. Sur cette question centrale, qui a engagé l'histoire de l'enseignement technique en France sur le siècle en lui donnant ses caractéristiques particulières, plusieurs auteurs ont apporté leurs points de vue et des explications.
L'éducatif prend le dessus sur le professionnel
modifierFrançoise Meylan, dans son article[20] sous le titre 'Le tournant de 1920 : le retour définitif au ministère de l'Instruction publique', fait part du revirement de la position d'Alexandre Millerand, qui affirmait en 1903, ayant été ministre du Commerce de juin 1999 à juin 1902, « il serait déplorable que, comme parfois des personnes imprudentes ou trop pressées en ont manifesté l'intention, l'Université se proposât d'absorber l'Enseignement Technique. L'Université n'y gagnerait rien et l'Enseignement Technique risquerait d'y perdre tout, je veux dire l'originalité qui est sa force et sa raison d'être ». Elle explique qu'il y avait un courant d'opinion, perceptible depuis le début du siècle, qui militait en faveur du rattachement au ministère de l'Instruction publique, qu'alors le ministre du Commerce s'y était nettement opposé, mais que les temps avaient changé vingt ans après. Gérard Bodé fait part « de cette décision, aux motivations purement politiciennes, semble-t-il, (qui) intègre définitivement l’enseignement technique dans le ministère en charge de l’éducation »[21] .
Claude Hui rend compte des débats ardents à la Chambre et au Sénat, et à l'AFDET, qu'a suscité le revirement d'Alexandre Millerand[22]. Ce dernier s'en explique dans un article de la revue en 1920 rappelant ce qu'il avait dit lors d'une conférence sur la question de l'apprentissage organisée par l'AFDET le 4 juin 1907, sous sa présidence. Après avoir dénoncé le développement du machinisme et l'extrême division du travail comme causes de la dégradation de l'apprentissage, il rajoutait : « le jour viendra où l'enseignement technique sera réuni dans une même maison qui groupera tout ce qui, en France, est relatif à l'enseignement ». Il notait alors qu'à ses yeux, pour l'instant, le ministère du Commerce était le mieux placé pour gérer cet enseignement, tout en précisant que ce dernier « conserve cet enseignement technique pour le donner à l'Université le jour où il sera, comme nous l'espérons, assez fort pour ne pas craindre d'être étouffé ; il fera alors son entrée dans l'Université, sans risquer d'y perdre ce qui est son caractère et son originalité ».
Pour Alexandre Millerand, commente Claude Hui, c'est une question de poids de l'enseignement technique, entre l'Enseignement technique et l'Université, d’équilibre entre les deux ministères. Vingt ans après, la loi Astier venant d'être votée et devenu Président du Conseil, sans doute pense-t-il, que le moment de l’intégration de l’enseignement technique dans l'instruction publique se trouve possible. Il assortit cette intégration sous tutelle de l’Instruction publique par la création d'un sous-secrétaire d’État d'une part, en l'équilibrant par la présidence du Conseil supérieur de l’enseignement technique confiée au ministre du Commerce et de l’industrie. Pierre Coupat, ancien ouvrier et syndicaliste qui a participé activement au Congrès de Roubaix, devient le premier sous-secrétaire d’État. Edmond Labbé, l’un des fondateurs de l’AFDET, sera pendant 14 ans, le Directeur de l’enseignement technique.
L’AFDET proteste de ce revirement par les interventions à la Chambre des députés de ses présidents successifs. Modeste Leroy craint que « la puissante maison universitaire ne replonge dans l’ombre ce qui venait de monter à la lumière ». Gustave Dron, tout en appréciant la création du sous-secrétaire d’État, fait part de son désaccord à ce rattachement au ministère de l’Instruction publique « dont le but et les méthodes dans le passé visaient plus particulièrement la culture générale au détriment de l’éducation technique ». La protestation est relayée par les Chambres de commerce qui estiment que l’enseignement technique doit être régional et adapté dans chaque région aux nécessités du commerce et de l’industrie.
L’application de la loi Astier se met en place progressivement[23]. La profession en est le pivot et le centre de tout l’enseignement, technique, moral et civique, où le patronat doit s’investir totalement dans la formation. La revue insiste : « un enseignement technique bien compris, basé sur de solides principes scientifiques ou artistiques est un excellent instrument de culture générale ». Mais les pressions pour supprimer le Sous-secrétariat d’État à l’enseignement technique, pour des raisons budgétaire, se manifestent. En mai 1924, il est supprimé. Les réactions sont immédiates de la part de l’AFDET, comme dans le monde industriel, et l’association obtient la préservation du Sous-secrétariat d’État[24].
Une évolution de l'Enseignement technique vers l’Éducation nationale
modifierPréfigurant la construction de l'Enseignement technique dans le ministère qui deviendra l'Education nationale, la revue de l’AFDET, « la Formation Professionnelle », publie des articles présentant la place que pourrait prendre l’enseignement technique dans un grand ministère de l’Éducation nationale. Après l’école primaire, quatre années d’études de 6ème, 5éme, 4ème et 3ème, seraient organisées pour l’enseignement primaire supérieur ou professionnel, vers les carrières libérales par les études classiques, vers l’industrie par l’enseignement industriel, vers le commerce par l’enseignement commercial, vers l’agriculture par l’enseignement agricole. Des brevets d’études secondaires sanctionneraient ces quatre années dans chacun de ces domaines. Un baccalauréat en 3 ans sanctionnerait, dans ces divers enseignements, le 3éme degré de l’enseignement. L’AFDET reproche au projet que ces divers enseignements ne soient pas tous réunis dans un même ministère, alors qu’il n’y a que l’enseignement technique qui soit réuni dans le ministère de l’Instruction publique[25].
Depuis 1905, l’AFDET milite pour la création d’une taxe sur l’apprentissage. Lors de son assemblée générale de 1925, elle apprend par Monsieur Eyrolle que le Conseil supérieur de l’enseignement technique a adopté la demande de cette taxe d’apprentissage. La taxe d'apprentissage est instituée par la loi de finances du 13 juillet 1925. Pour la première fois, suite à un long combat, l’enseignement technique est défini, doté d’un statut juridique et dispose d’une assise financière par les lois de 1019 et 1925.
Lors de la fête des 25 ans de l’AFDET, Edouard Herriot, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts, exprime la spécificité de l'Enseignement technique : « il n’y a aucune espèce de contradiction entre l’enseignement technique et la culture générale. Il y a plusieurs moyens de parvenir à la culture. Il y a un premier moyen qui consiste à concevoir ou à recevoir un certain nombre d'idées générales ..., puis de projeter ces idées sur la réalité. ... Il y a un autre moyen qui est celui sur lequel se fonde l'enseignement technique, c'est la méthode qui consiste à observer, à comparer, à regarder, à ne pas se fier seulement aux livres, à ouvrir les yeux sur le merveilleux spectacle de la nature et de l'industrie et par comparaison, par rapprochement des idées, par analogie, de place en place, de degré en degré, à s'élever jusqu'aux idées générales que l'on retrouvera et que l'on recréera par ces méthodes. Je salue par avance le moment où le développement de l’enseignement technique, à tous les degrés, nous aura créé une culture nouvelle qui, sans faire aucun tort à la culture ancienne de la France, lui donnera des hommes d’un type nouveau et d’une valeur d’esprit … comme un Pasteur ou d'un Berthelot, c’est-à-dire à n’avoir rien à envier à la culture de qui que ce soit[26]». Il conclut en insistant sur le rôle joué par l’AFDET pour faire entrer la réalité de l’enseignement technique dans les esprits.
La loi Astier de juillet 1919 est suivie par la création de la taxe d’apprentissage en 1925, censée donner les moyens de développer l’enseignement technique. Il faut néanmoins attendre la fin des années 1930 pour que les dispositions législatives rencontrent – sans toujours suffire – la multiplication des établissements, la recrudescence des élèves et la simplification des structures autour notamment des centres d’apprentissage.
Edouard Herriot, Président de l’AFDET (1930-1952)
modifierLe ministère de l’Instruction publique devient ministère de l’Éducation nationale (1932)
modifierAu décès du président Gustave Dron, Édouard Herriot[27] est élu Président de l’AFDET le 23 octobre 1930. Il le restera jusqu’en 1952. Ancien ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts (juillet 1926-novembre 1928), il est maire de Lyon de 1905 jusqu’en 1957, à l’exception de la période de la seconde guerre mondiale. Président du Conseil à trois reprises, durant son gouvernement, en 1932, le ministère de l’Instruction publique devient ministère de l’Éducation nationale[28]. Il est membre du parti radical socialiste, dont il deviendra président à de nombreuses reprises de 1919 à 1957.
Lors du Congrès international de l’enseignement technique, organisé à Paris sous le patronage de l’AFDET en septembre 1931, il est décidé de créer un bureau de l’enseignement technique, qui deviendra, grâce à l’adhésion du BIT Bureau international du Travail, le Bureau international de l’enseignement technique[29], chargé d’étendre et de promouvoir l’enseignement technique au niveau international.
Édouard Herriot ne cesse d’intervenir pour le renouvellement de la culture générale par l’enseignement technique. « L’enseignement technique constitue une autre culture générale, culture par induction qui se dégage par l’examen des rapports nouveaux établis par la science des faits. Cette nouvelle source de culture qui a non seulement son utilité mais aussi sa grandeur, deviendra à son tour la culture traditionnelle[30]». «C’est l’enseignement technique qui doit rénover la culture parce qu’enfin à reproduire toujours une culture générale par déduction, culture qui se projette sur le monde au lieu d’en recevoir les enseignements, on risque, au moins dans certaines parties, … de dire toujours la même chose et ainsi de développer un ordre abstrait qui est peut-être parallèle à l’ordre réel mais qui n’en retient pas toujours tous les enseignements. En observant les faits, les enchaînements, leurs successions, en remontant du particulier au général on voit s’élaborer des idées nouvelles. Je crois et je le répète que l’enseignement technique est appelé à renouveler largement la culture générale : car enfin on doit aboutir à la formation de l’homme ; l’essentiel de toute éducation et de toute instruction doit porter sur les valeurs du sujet agissant, la valeur du sujet pensant[31]». Edmond Labbé, directeur général de l’Enseignement technique depuis 14 ans, rajoute : « l’enseignement technique est le fils cadet de l’enseignement scientifique, distinct de lui, vivant de lui, l’enrichissant à son tour car il est bien vrai que la science produit la technique[32]».
Concernant l'entrée de l'enseignement technique au sein de l'Instruction publique, l'AFDET, en désaccord, s'est mobilisée régulièrement dès 1920 pour l'unité de l'enseignement technique et pour défendre l'existence du sous-secrétariat d'Etat à l'enseignement technique, plusieurs fois remis en cause[33]. Concernant l'entrée de l'enseignement technique au sein de l'Education nationale, l'AFDET est partagée sur cette organisation. Nombreux sont ceux qui critiquent la dispersion des formations entre différents ministères et espère un ministère unique traitant de la formation professionnelle dans son ensemble. Mais, contrairement à la volonté des responsables du Front populaire de constituer une école unique, l'AFDET souhaite que soit maintenue une organisation d'enseignement rassemblant les différents niveaux de qualification professionnelle de l'entrée dans le secondaire jusqu'aux Ecoles d'Arts et Métiers au sein de la Direction générale de l'enseignement technique[34].
L'AFDET dans les congrès internationaux d'avant-guerre
modifierAprès le congrès de l'apprentissage si déterminant de Roubaix d'octobre 1911, se tient en juillet 2026 à Charleroi le premier Congrès international depuis la guerre. L'AFDET y contribue activement notamment pour une loi rendant obligatoire l'enseignement professionnel[35].
Sous le patronage de l'AFDET a lieu à Paris du 24 au 26 septembre 1931 un Congrès international de l'enseignement technique. 36 nations y participent. Edouard Herriot prononce le discours inaugural sur l'évolution du concept de culture générale. Le Bureau international du travail y reconnaît l'AFDET et désigne son directeur général, Albert Thomas, pour suivre les travaux de l'association[36].
Le Congrès international de Barcelone en mai 1934 a été préparé par un Congrès national de l'enseignement technique les 13 et 14 avril 1934 à Paris. Parmi les thèmes abordés, l'enseignement de la technologie, l'apprentissage et les mesures à prendre contre le chômage des jeunes notamment. Les rapports rédigés sur la base de questionnaires sur ces thèmes, pour lesquels Edouard Herriot incite l'AFDET à faire l'inventaire de la Maison France en matière de formation professionnelle, précisent ainsi la doctrine française. La dernière année de la scolarité obligatoire doit être pour les jeunes une excellente préparation à la vie professionnelle tout en prolongeant l'enseignement général. L'apprentissage pratique est extrêmement difficile à réaliser lorsqu'il est soudé à la production, et nécessite une coopération avec la pratique des ateliers scolaires ou dans les cours professionnels. Les 8 rapports ainsi préparés sont présentés à Barcelone. Il en ressort des conclusions visant à rendre obligatoire les contrats écrits d'apprentissage, que celle-ci soit contrôlée, que les industriels fassent partie des conseils de direction des écoles techniques supérieures[37].
L'AFDET en plein essor dans les années 30
modifierAu 1er janvier 1932 l'association compte plus de 14000 membres, au 1er novembre 1935 elle revendique 15090 adhérents. En 1939 il existait 73 sections départementales regroupant vingt mille membres[38]. En 1936, l’AFDET est reconnue d’utilité publique. Cette reconnaissance, qui est l’aboutissement d’une demande de sa part déjà effectuée en 1911, lui permet désormais de recevoir des dons et des legs[39]. En 1938, la revue de l’AFDET « La Formation Professionnelle » change de nom pour s’appeler « L’Enseignement Technique ».
L’orientation professionnelle, une priorité de l’AFDET
modifierL’orientation professionnelle est une priorité de l’AFDET depuis sa création[40]. 1938, création d’un réseau national de l’orientation professionnelle (décret-loi du 24 mai 1938). Ce décret est l’aboutissement d’une démarche initiée par le décret du 26 septembre 1922 considéré comme l’acte de naissance des Offices de l’orientation professionnelle. Dans chaque département, un secrétariat à l’orientation, rattaché à l’Éducation nationale, est chargé, sous l’autorité du Préfet, de délivrer aux jeunes de 14 à 17 ans employés dans l’industrie et le commerce des certificats d’orientation professionnelle[41]. La revue de l’AFDET «La Formation Professionnelle» participe au travail de pédagogie nécessaire délivré par ces centres d’orientation.
Le livre de Claude Hui fournit une documentation pour l'article détaillé sur l'orientation professionnelle et l'AFDET aux chapitres et pages suivantes : p. 495-496
L’enseignement technique et l’AFDET à la veille et pendant la guerre de 39-45
modifierUn bilan de l’offre de formation est présentée dans la revue en 1939. La progression de l’enseignement technique supérieur est significative, de même dans le second degré (avec 40 ENP, 165 EPCI, les écoles de métiers, les sections techniques des Écoles primaires supérieures et les cours complémentaires). Par contre, seuls 12% des jeunes de moins de 18 ans actifs dans l’industrie et le commerce sont inscrits dans des cours complémentaires. Malgré le chemin parcouru, les objectifs de la loi Astier en 1919 sont loin d’être atteints. La loi Astier a plus servi le développement des formations scolaires que l’apprentissage en entreprise. Le CAP est un diplôme rare[42]. Mais, depuis 1936, le CAP est devenu le critère de référence pour définir le statut d'ouvrier professionnel. Les conditions de la guerre amènent à développer par décret du 21 septembre 1939 les centres de formation professionnelle accélérée.
Comme au début de la guerre de 1914, l'AFDET se trouve désorganisée à partir de 1940. Mais la guerre ne diminue pas l'importance des nouveaux problèmes qui se posent, la résorption du chômage, le ralentissement de branches entières d'activités. L'AFDET tente d'apporter sa contribution à la solution de ces problèmes. La revue continue de paraître. Des exemplaires sont envoyés aux prisonniers de guerre en Allemagne. Même si l’AFDET a pu maintenir des relations relatives à l’enseignement technique, l’association a vécu au ralenti pendant ces années d’occupation.
Par la loi du 4 octobre 1943, le projet de confier à l'Etat le monopole de l'organisation des examens et de la délivrance des diplômes professionnels et techniques est voté[43]. L’AFDET valide cette décision. Cette loi de 1943, validée à la Libération, constitue la référence législative sur laquelle va se fonder toutes les créations de diplômes dans le champ de la formation, jusqu’à l’accord interprofessionnel du 1er mars 1989, instituant les certificats de qualification professionnelle(CQP)[44]. La revue AFDET fait état de la loi Carcopino du 15 août 1941 qui transforme les écoles pratiques de commerce et d’industrie (EPCI) en collèges techniques et les écoles primaires supérieures en collèges modernes[45].
1944-1974, les Trente Glorieuses, la scolarisation des formations professionnelles
modifierLe document d'orientation[3] adressé par la ministre du travail, Muriel Pénicaud, aux partenaires sociaux lors de la négociation de la transformation de la formation professionnelle en novembre 2017 décrit ainsi « la première des deux grandes phases de transformation économique et sociale profonde qu'a connu la France après 1945. Les Trente glorieuses ont permis un développement économique sans précédent[46], fondé sur la fin de l’économie paysanne traditionnelle remplacée par une agriculture plus intensive, l’essor de l’industrie fordiste de masse et l’installation des services comme premier pourvoyeur d’emplois du pays ». Cette grande période a marqué profondément le système de formation professionnelle en France.
L’organisation des formations professionnelles scolarisées dans l'immédiat après-guerre
modifierLa situation d’urgence dans laquelle se trouve la France après la Libération entraine une scolarisation de l’apprentissage de plus en plus forte. La loi Astier devait mettre un terme à la crise de l’apprentissage, c’est un échec pour l’apprentissage traditionnel, organisé dans les entreprises. La période qui s’étend de 1944 à 1971 est marquée par un essor considérable de l’enseignement technique en même temps que par son intégration complète dans le système éducatif. Fermés après l’invasion allemande, les collèges techniques et modernes rouvriront pour résorber le chômage des jeunes et les adultes. 860 établissements préparant au CAP après trois ans de formation professionnelle sont créés et forment 60 000 jeunes. L’AFDET va accompagner ce développement et aider à la construction d’un enseignement technique allant du CAP au BTS et même au-delà[47].
Sous le régime de Vichy et à la Libération, l’enseignement technique et professionnel a vu s’accroître nettement le rôle de l’État. Entre 1941 et 1943, plus de 850 centres dits de « formation professionnelle», « d’apprentissage » ou de « jeunesse » sont ouverts, dont 125 contrôlés par l’enseignement technique et dans lesquels on délivre une véritable formation professionnelle. Malgré la divergence idéologique, ce nouveau réseau d’écoles professionnelles et une législation profondément renouvelée sont repris et généralisé après la Libération : le consensus domine quant à l’intervention de l’État dans l'économie et dans l'organisation scolarisée de l'enseignement technique.
Le plan Langevin-Wallon, publié en 1947 à l’issue des travaux de la commission, prévoit dès 1946 de constituer les centres d’apprentissage et les autres établissements de l’enseignement technique en deux filières de l’enseignement secondaire, l’une dite « pratique », l’autre « technique », en donnant à chacune les moyens d’une large extension. Si ce plan n’est pas adopté, la nouvelle organisation se dessine dans l'après-guerre.
La formation des ouvriers et employés qualifiés se fait dans les centres de formation professionnelle créés en 1939, qui deviennent centres d'apprentissage, premier échelon de l’enseignement technique, rattachés à la direction de l'enseignement technique de l'Education nationale par le décret du 18 septembre 1944. Ces centres forment les élèves sous statut scolaire à temps plein. Ils sont au nombre de 850 et comptent alors 65000 élèves. Ils constituent le niveau élémentaire de la formation professionnelle scolaire. Les maîtres sont formés dans cinq écoles normales nationales d'apprentissage (ENNA - Ecole normale nationale d'apprentissage) créées en 1945. La formation des cadres de maîtrise se fait dans les anciennes Ecoles pratiques (EPCI), qui prennent l'appellation depuis 1941 de collèges techniques, dans les sections techniques de collèges ou de lycées, ou dans les écoles de métiers et dans les écoles privées. Les ingénieurs et cadres supérieurs du commerce le sont dans des Grandes Ecoles spécialisées[48].
Les techniciens sont formés dans les Ecoles nationales professionnelles (ENP), qui deviendront les lycées. La création en 1946 d’un baccalauréat technique accessible aux élèves des ENP et des collèges techniques marque symboliquement la stabilisation de la formation délivrée par ces établissements au niveau du technicien. De 1945 à 1960, l’effectif des ENP, des collèges techniques (ex EPCI) et des écoles publiques assimilées passe d’environ 70 000 élèves à 138 500, soit un quasi doublement, sans compter l’enseignement privé et les sections techniques maintenues dans les lycées. Cette extension n’est pas seulement quantitative : l’enseignement technique étend son champ d’intervention vers des secteurs professionnels demeurés jusqu’en 1939 presque totalement étrangers à ce phénomène, comme le secteur du bâtiment, et dans une moindre mesure l’artisanat ou le textile industriel.
La politique de l’État est désormais résolument favorable à la scolarisation des apprentissages. Avec les centres d’apprentissage, réorganisés en tant que premier échelon de l’enseignement technique, les collèges techniques et les écoles nationales professionnelles connaissent une évolution qui les érige en écoles de niveau secondaire accueillant de futurs techniciens.
L'AFDET se remet en état de marche et se tourne vers l'Education nationale
modifierL'AFDET, qui a maintenu au ralenti son activité pendant la guerre, se remet en marche avec difficulté dans l'après-guerre. Son secrétaire général, Raoul Mortier, qui occupe cette fonction depuis 1930, reprend contact avec les inspecteurs et directeurs de l'enseignement technique avec l'appui d'Albert Buisson, directeur général de l'Enseignement technique. Un décret du 28 mars1946 définit le statut des inspecteurs principaux et des inspecteurs de l'enseignement technique, et en même temps, sans concertation, il annonce le remplacement des inspecteurs départementaux, fonctionnaires, par des conseillers de l'enseignement technique (CET). Cela suscite un grand mécontentement au sein de l'AFDET. Ces inspecteurs avaient la mission de liaison entre la profession et l'Enseignement technique. Ces bénévoles qui ont aidé à la construction de l'Enseignement technique sont reconnus dans les établissements, car ils apportent la réalité de l'entreprise. Nombre d'entre eux adhéraient à l'association. L'association participe chaque année à partir de 1948 aux congrès de l'Enseignement professionnel.
En décembre 1951, le secrétaire général de l'AFDET, Raoul Mortier, décède, et Edouard Herriot, annonce qu'en raison de son état de santé il n'est plus en mesure de présider l'association. Albert Buisson, directeur général de l'Enseignement technique et vice-président de l'AFDET, souhaite vivement la reprise de l'activité de l'association, car l'Enseignement technique a multiplié par quatre ses effectifs et de nombreux problèmes nécessitent de réunir les professionnels pour travailler avec l'Administration à leur porter des solutions. « L'AFDET se tourne vers l'Education nationale qui, dans cette période, est la seule en mesure de répondre aux besoins exprimés par les entreprises ». Pour tenir ce rôle, l'AFDET doit être un élément coordinateur. Albert Buisson souligne à cet égard le fonctionnement des Commissions Nationales professionnelles consultatives (CNPC), crées en 1948, qui réunit des représentants des professions[49].
La décision de supprimer le Conseil supérieur de l'Enseignement technique, où siégeaient des représentants des professions, est l'occasion pour l'AFDET et son vice-président Alfred Jules-Julien qui assure l'intérim, de s'exprimer à l'occasion de l'assemblée générale de l'association qui adopte un vœu à l'adresse du ministre. « L'AFDET réunie en assemblée générale à Paris le 27 juin 1952, considérant que l'Enseignement technique ne peut valablement remplir sa mission qu'en s'appuyant solidement sur la profession, regrette que les pouvoirs du Conseil supérieur de l'Enseignement technique qui comprenait un nombre importants d'employeurs (20) et de salariés (20) aient été transféré en 1945 au Conseil supérieur de l'Education nationale qui ne comprend en son sein aucun membre de la profession ; déplore que de ce fait des questions importantes qui engagent l'avenir du Commerce et de l'Industrie soient tranchées exclusivement par des universitaires en l'absence de toute voix autorisée de la Profession ; émet le vœu que le Conseil supérieur de l'Enseignement technique, prévu par la loi du 25 juillet 1919 soit reconstitué dans les délais les plus rapides[50]».
Le Conseil d'administration qui suit cette assemblée générale de juin 1952 élit comme nouveau Président de l'AFDET, Alfred Jules-Julien. La flamme de la renaissance de l'AFDET est rallumée. Elu député radical-socialiste du Rhône en 1931, Alfred Jules-Julien a été sous-secrétaire d'Etat à l'enseignement technique de 1936 à 1938, puis ministre des postes et chargé de la radiodiffusion française de 1938 à 1940. Il se prononce contre la demande d'armistice et n'accorde pas les pouvoirs constitutionnels au Maréchal Pétain. Pendant la période de l'occupation, il s'abstient de toute activité politique. Il ne revient au parlement qu'en 1946 et devient vice-président de l'Assemblée nationale jusqu'en 1955. Il se consacre alors à l'animation de plusieurs associations. Il restera Président de l'AFDET de 1952 à 1977[51].
L'AFDET et la défense de l'Enseignement technique dans les réformes de l'enseignement scolaire
modifierL'AFDET et ses sections revendiquent toujours « la mise en place d'un secrétariat d'Etat à l'Enseignement technique, seul capable de dresser un état permanent des besoins et des débouchés et d'assurer l'unité pédagogique et administrative de l'enseignement professionnel[52]». Le gouvernement de Pierre Mendès-France nomme Joseph-Pierre Lanet comme secrétaire d'Etat à l'Enseignement technique de juin 1954 à février 1955. Lors de l'assemblée générale de l'AFDET de novembre 1955 est débattu de la réforme de l'enseignement et de la place qu'y prendra l'Enseignement technique.
L'AFDET s'inquiète d'une conception de l'ennoblissement de l'enseignement technique qui n'aboutirait qu'à un renforcement de la scolarisation académique et qui tendrait à la généralisation excessive de la préparation au baccalauréat au détriment de la formation technique. Elle critique la tendance de nombreux chefs d'établissement de réserver les sections professionnels aux moins bons de leurs élèves. Le Président Jules-Julien se prononce contre l'implantation des sections techniques dans les lycées classiques : « Nous ne voulons pas qu'elles deviennent des sections de décantation où l'on dépose des éléments jugés inassimilables ailleurs[53]».
La réforme Berthoin du 6 janvier 1959
modifierLes réformes scolaires sont un long processus[54]. La situation dans les années 1950 est la suivante. À cette époque, le primaire et le secondaire ne désignent pas des étapes successives de la scolarité des élèves mais deux types d’enseignement et d’établissement existant parallèlement. En comptant la voie professionnelle, il existait donc trois filières après l’école élémentaire :
- L’enseignement primaire supérieur dispensé pendant quatre ans après le certificat d’études de la sixième à la troisième, soit dans des écoles primaires supérieures (EPS), soit dans des cours complémentaires.
- L’enseignement secondaire, dispensé dans des lycées, qui offrait, après le primaire, un premier et un second cycles allant de la sixième à la terminale.
- Les centres d’apprentissage accueillaient les élèves pendant trois ans après l’école élémentaire.
En 1941, le ministre Jérôme Carcopino a transformé les EPS en collèges modernes et les a intégré dans l’enseignement secondaire. En 1959, les changements de structures se poursuivent avec la réforme Berthoin[55]. Pour faire face aux besoins économiques, le ministre Jean Berthoin prend deux mesures importantes : il fait passer la scolarité obligatoire de 14 à 16 ans et réforme l’organisation du système éducatif. Les Cours Complémentaires deviennent ainsi des Collèges d’Enseignement Général (CEG) et les Centres d’Apprentissage, des Collèges d’Enseignement Technique (CET) : il existe quatre possibilités : deux filières générales, courte ou longue, et deux filières techniques, courte ou longue.
L’enseignement technique et professionnel se fond dans un système éducatif « unique » avec les collèges d’enseignement technique qui prolongent l’enseignement technique court des centres d’apprentissage, les lycées techniques pour l’enseignement technique long, et les lycées techniques d’État, nouvelle désignation des écoles nationales professionnelle. Un cycle d’observation de deux ans (6ème, 5ème) commun à toutes les sections est mis en place dans le but d’orienter les élèves à la fin de ce cycle vers l’enseignement qui leur convienne le mieux selon leur mérite et non selon leur origine sociale.
Pour l'AFDET, la création du Haut Comité de l'orientation et de la formation professionnelle et l'exposé des motifs de la loi publiée le 7 janvier 1959 à ce sujet correspond aux attentes de l'AFDET en « substituant à l'orientation du hasard et du préjugé une orientation fondée sur la pleine observation des aptitudes ». Mais des inquiétudes et des vifs débats existent en son sein au regard des évolutions introduites dans la loi. « Les adhérents constatent sur le terrain que, si autrefois l'entrée en centre d'apprentissage pouvait représenter une promotion pour le fils d'ouvrier qui, lui, s'était formé sur le tas, il n'en est plus de même pour l'entrée en collèges techniques, nouvelle appellation des centres d'apprentissage : ceux-ci ne semblent recueillir que les enfants qui ne peuvent suivre l'enseignement général donné dans les collèges classiques et modernes ».
Pour lutter contre cette tendance, certains pensent, y compris au sein de l'AFDET, que la promotion passe par une plus grande intégration de l'enseignement technique dans le système éducatif, le débat est vif avec ceux qui craignent qu'il ne se passe l'inverse[56]. La suite semble donner raison à ces derniers. « En 1960, la direction de l'Enseignement technique, qui disposait encore d'une grande autonomie au sein de l'Education nationale, est placée sous l'autorité d'une direction générale de l'organisation et des programmes, puis, en 1962, elle est totalement supprimée. De réforme en réforme, l'enseignement technique est de plus en plus intégré dans le système éducatif général. Le processus engagé en 1920 est arrivé à son terme ». « Le résultat en est que le pourcentage d'élèves choisissant les filières techniques diminue au profit des sections générales[56]».
L'AFDET souligne « l'innovation considérable » que constitue la « mise en place à la rentrée 1962 de l'enseignement de la technologie dans les classes de 4ème et 3ème moderne ». Cela permet aux élèves de développer des qualités nouvelles comme la recherche de la précision dans la mise au point des mécanismes, tout en leur ouvrant les portes de l'enseignement technique long. L'AFDET salue l'entrée en 1962 de l'enseignement technique au Concours général pour les élèves de terminales mathématiques et technique par une épreuve de construction mécanique. Cette ouverture sera élargie en 1981 aux baccalauréats de technicien, et en 1995 aux disciplines des baccalauréats professionnels[57].
L’AFDET confrontée aux réformes des années 1960
modifierLa réforme Fouchet-Capelle[58] de 1963 vise à corriger les procédures d’observation et d’orientation de la réforme Berthoin. Elles sont étendues aux quatre années du premier cycle secondaire et l’orientation tendra à être reportée à la fin de la 3ème pour un maximum d’élèves, mais un palier subsistera encore en fin de 5ème. Par ailleurs, les Collèges d’Enseignement Secondaire (C.E.S) sont mis en place, à côté des Collèges d’Enseignement Général (CEG) qui perdurent et des « petits lycées » de moins en moins nombreux. Désormais, les CES comprennent trois filières :
- celle de l'enseignement général long (classique ou moderne long) aboutissant aux lycées et sanctionné par le baccalauréat ;
- un enseignement général court complété d'une classe complémentaire ou conduisant à l'enseignement professionnel en deux ans (CET) ;
- un cycle de transition (6ème et 5ème) suivi d'un cycle terminal pratique.
La préparation de ces évolutions sont présentées à l'AFDET par le directeur des enseignements techniques et professionnels, Marcel Reverdy, qui vient de succéder à Albert Buisson[59]. Il est prévu des éléments de technologie, d'initiation au dessin industriel et des travaux pratiques pour les 4è et 3è modernes. Ceux qui ne pourront y rentrer seront pris en charge dans des classes d'accueil. La suppression des 4è et 3è industrielles et commerciales dans les lycées techniques doit permettre un enseignement général plus étendu et la spécialisation professionnelle ne se fera qu'au niveau de la seconde. « Certains administrateurs estiment que l'enseignement technique va obtenir, de fait de la réforme, ses lettres de noblesse. Ce point de vue n'est pas partagé par tous ceux qui craignent la perte de spécificité qui en faisait sa marque de fabrique[60]».
En 1963, l'assemblée générale de l'AFDET adopte le vœu que le diplôme de technicien (classes terminales des lycées techniques) reçoivent dès que possible l'équivalence du baccalauréat. En 1964, l'assemblée générale de l'AFDET adresse au ministre Fouchet de l'Education nationale la demande que « l'Enseignement technique soit doté d'un statut qui établisse la liste hiérarchisée des établissements dépendant de son autorité ; que le recrutement de ses élèves soit assuré en qualité et en quantité par une organisation méthodique ; que les programmes des études demeurent établis, à chaque niveau, en collaboration avec la profession, en vue de satisfaire aux besoins de l'économie et d'aider à la promotion maximum des élèves ; que, compte tenu de l'insuffisance du recrutement dans les lycées techniques soient étudiées les conditions dans lesquelles pourraient être rétablies les classes de 4è et 3è industrielles qui ont assuré, dans le passé, un recrutement de qualité[61]».
Le ministre répond au banquet qui suit l'assemblée générale qu'il n'est plus possible de cloisonner les études et de séparer l'enseignement technique de l'enseignement général, qui méritent la même dignité. Il ne mésestime pas le risque de voir les élèves s'engouffrer tous vers l'enseignement général qui bénéficie toujours de son prestige traditionnel, et de négliger les lycées techniques. Il constate, de ce point de vue, que pour 110 000 candidats au baccalauréat général, il n'y a que 11 000 candidats au baccalauréat mathématiques et technique et au brevet de technicien.
Concernant la mise en place d'examen d'entrée sélectif dans ces cursus, le ministre estime que les établissements qui ont mis des examens très sélectifs n'ont pas choisi la bonne solution, car pour lui cela risque surtout, maintenant, de diminuer le recrutement. Il souligne qu'avec l'entrée en vigueur du nouveau régime d'orientation de tels examens devaient disparaître. Beaucoup de membres de l'AFDET considèrent que cela risque d'abaisser le niveau des élèves admis par les conseils de classe.
La création des BTS dans les lycées et des IUT dans l'université
modifierLe Brevet de technicien supérieur (BTS) a été créé par un décret du 26 février 1962[62]. Il existait toutefois auparavant un titre de technicien supérieur breveté, créé par le décret n° 59-57 du 6 janvier 1959, dont l'AFDET demandait l'équivalence avec le baccalauréat. Elle soutenait le maintien du diplôme dont la qualité était reconnue par les entreprises. Depuis 2018, la France compte annuellement plus de 260 000 élèves de section de technicien supérieur (STS).
Les Instituts Universitaires de Technologie (IUT) apparaissent, quant à eux, en 1966[63]. En octobre 1965 s'ouvrent les quatre premiers IUT, à titre expérimental. Ils sont créés à Rouen (spécialité chimie), Nancy (spécialité biologie appliquée), Paris (spécialité électronique) et Toulouse (spécialité construction mécanique). Au sein de l'AFDET existait la crainte d'une concurrence avec le BTS. Les IUT accueillent aujourd'hui[64] 116 800 étudiants dont 32,1% de bacheliers professionnels ou technologiques.
La loi Delors du 16 juillet 1971, 52 ans après la loi Astier
modifierLa loi sur l'enseignement professionnel et l'apprentissage des lois du 16 juillet 1971 constitue « le premier acte législatif dans ce domaine depuis 52 ans», indique Pierre Billecocq, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Education nationale, en référence à la loi Astier de 1919 organisant l'apprentissage en France). Avec ces lois, « l'école a pour finalité première de permettre l'insertion dans notre société qui est de plus en plus dominée par le fait scientifique et par la technique », déclare le président Lecompte, lors de l'assemblée générale du 15 février 1972 du CNCET au sein de l'AFDET. Il rajoute, « Désormais les enseignements scolaires et universitaires ont pour objet de dispenser les connaissance de base incluant les données scientifiques et techniques, de préparer à une qualification et à son adaptation au cours de la vie professionnelle ... Le temps d'une culture qui se voulait essentiellement jeu de l'esprit et qui ressentait comme un affront tout éventuel soupçon d'utilitarisme est donc révolu[65]».
La loi du 16 juillet 1971, dite loi Delors, porte organisation de la formation professionnelle continue en France. Elle permet au salarié de bénéficier, à son initiative, d’un congé de formation rémunéré. Elle oblige également les entreprises de plus de 10 salariés à participer au financement des actions de formation pour un taux de 0,80% de la masse salariale brute pour les entreprises de plus de dix salariés . La loi Delors[66], fondatrice du système de formation professionnelle continue, pose le principe d’un financement privé de la formation, créant ainsi un marché de la formation répondant aux lois de l’offre et de la demande. Mais le secteur public et les professions indépendantes en sont exclus.
L'AFDET se félicite des quatre grands objectifs visés par la loi : acquisition d'une culture correspondant aux réalités actuelles ; prise en compte des perspectives de débouchés ; mise en place aux divers niveaux de qualification de la formation nécessaire à l'exercice d'une profession, notamment pour les jeunes en les préparant à leur insertion dans la vie active ; obtention pour tous d'une qualification, puis possibilité de perfectionnement et de promotion par la reprise d'études au cours de la vie active[67].
L'évolution vers le collège unique et la Réforme Haby de 1975
modifierLa réforme Haby[68] de 1975 unifie les structures administratives du premier cycle en supprimant la distinction entre CES et CEG, qui deviennent tous des collèges. Elle vise à rassembler tous les élèves d’une classe d’âge dans un lieu unique (Cf. le collège en France) et à les scolariser dans des structures plus indifférenciées. Les élèves de CM2 sont admis de droit au collège et répartis indistinctement dans les classes de 6ème et 5ème mais les dédoublements sont systématiquement supprimés dans les classes de moins de 24 élèves et les actions de soutien et d’approfondissement, prévues pour certains élèves, vont vite disparaître. Le diplôme national du Brevet des collèges, qui remplace le BEPC sanctionne la formation acquise.
L’idée de la réforme est d’orienter les élèves en fonction de leurs aptitudes en fin de 3ème vers l’enseignement général, technique ou professionnel[69]. Cependant, un palier d’orientation reste maintenu en fin de 5ème vers l’enseignement professionnel court (pour préparer un certificat d'aptitude professionnelle (CAP). Des filières subsistent longtemps, ce sont les classes pré-professionnelles de niveau (CPPN) et les classes préparatoires à l’apprentissage (CPA)[70].
La réforme n’entrera en application qu’en 1977, le collège unique est vite confronté à des difficultés persistantes, conduisant à des aménagements successifs dans une structure unique maintenue : hétérogénéité des élèves (niveau scolaire et origine sociale), difficultés de gestion et d’adaptation à ces nouveaux élèves, inégalité croissante entre les établissements, progression des incivilités dans les établissements, non préparation des enseignants, ambiguïté des objectifs du collège unique qui accueille tous les élèves jusqu'à 16 ans et en prépare certains à des études longues. Des aménagements vont être régulièrement décidés pour tenter de corriger ces difficultés[71].
A noter, lors de l'assemblée générale de 1978 de l'AFDET, l'intervention de l'ancien ministre, Eugène Claudius-Petit, très critique sur le nombre d'enfants qui abandonnent leurs études en cours de scolarité, ne sachant à peine lire, écrire et compter, ou qui ne peuvent tolérer de rester assis sur les bancs de l'école et qui doivent attendre 16, 17, 18 ans faute d'avoir appris plus tôt un métier[72].
L'analyse de ses résultats quant à ses conséquences pour l'Enseignement technique sur le long terme est l'objet de débats, d'autant plus nécessaire pour les transformations de la voie professionnelle et de l'apprentissage du début du XXIème siècle.
Les conseillers de l'enseignement technique dans le développement de l'AFDET (1946-2017)
modifierLes conseillers de l'enseignement technique (CET) occupe une place importante dans l'histoire de l'enseignement technique et de l'AFDET dont beaucoup étaient membres. Ils ont été créés par un décret du 28 mars 1946, en remplacement des inspecteurs départementaux de l'enseignement technique, fonctionnaires qui jouaient un grand rôle bénévole dans la construction de cet enseignement par la liaison qu'ils assuraient, outre leurs tâches administratives, avec les professions. Maintenant détachés de ces tâches, ils conservent la mission de liaison entre la profession et l'Enseignement technique. Représentants qualifiés d'une branche d'activités professionnelles et nommés par le ministre ou les recteurs, les CET concourent à la concertation permanente entre l'Etat et les organisations professionnelles[73]. Les conseillers de l'enseignement technologique assurent notamment la présidence des jurys des C.A.P. et des B.E.P. Ils sont appelés, en raison de leur vécu professionnel et de leur réseau relationnel, à apporter leur concours aux actions d'information sur les métiers en faveur des collégiens et des lycéens[74].
Plusieurs périodes sont à distinguer dans la liaison de l'AFDET et des CET. La période de création des CET en 1946 jusqu'en 1980. Nombre de CET se retrouvent dans les valeurs que défend l'AFDET et celle-ci les accueille. Ils servent de lien entre l'école et le monde professionnel et participent à la liaison de l'AFDET avec les établissements. Certains considèrent néanmoins que, du fait de leur nomination par le ministre de l'Education nationale qui leur a confié une mission particulière, ils sont dans une situation différente des autres adhérents. Ils demandent et obtiennent la création d'un comité national des conseillers de l'enseignement technique (CNCET) en 1957[75]. Mais des tensions se poursuivent entre l'AFDET et le Conseil national des CET dans les années 1981-1986, aboutissant à une scission en 1984. Nombre de CET restent au sein de l'AFDET, qui persiste à défendre leur rôle et leur nomination régulière auprès du ministère. Mais aux termes du décret n° 2017-960 du 10 mai 2017, les Conseillers de l'Enseignement Technologique (CET) sont remplacés par les Conseillers Entreprises pour l'École a précisé leurs missions[76].
1974-2014, l’AFDET et l'ouverture de l'école au monde économique et technologique qui se désindustrialise
modifierLes trente voire quarante années suivant les Trente Glorieuses et le premier choc pétrolier de 1973 constituent la deuxième grande phase de la profonde transformation de la France note le document d'orientation[3]. Elles ont vu le taux de croissance divisé par deux, puis par trois, l’affaiblissement substantiel de l'appareil de production et le développement d’une économie de services polarisée entre prestations à haute valeur ajoutée et services peu rémunérés[77]. Elle est marquée, dans le contexte de l’émergence des nouvelles technologies, par deux aspects dominants : une accélération de la mondialisation et une forte désindustrialisation, avec un chômage en France passant de 600 000 chômeurs en 1975 à 2,9 millions en 2014 ; mais aussi, parallèlement, une porosité progressive, croissante et durable entre les deux mondes économique et éducatif jusqu'alors séparés[78]. Initiée par la création en 1979 des « séquences éducatives en entreprises » engageant le développement de l’alternance sous statut scolaire, cette période marque l'ouverture de l'école au monde économique et technologique.
Ces évolutions du système de formation professionnelle se sont produites dans le cadre de l’organisation de cet enseignement dans la période florissante des Trente Glorieuses. Mais, dans le contexte de la longue crise découlant du premier choc pétrolier, marquée par la désindustrialisation, l’orientation vers la scolarisation de l’enseignement technique avec le collège unique, a conduit, à une « déprofessionnalisation des programmes et des méthodes pédagogiques », et à la forte propension des jeunes à s’orienter vers la voie générale et technologique au détriment de la voie professionnelle dont la vocation est de former des personnes qualifiées. Cette désaffection pour l’enseignement technique conduit à l'orientation sélective et hiérarchisée subie par de nombreux élèves relégués sur des voies jugées secondaires et dévalorisées par les familles et les jeunes eux-mêmes, aboutissant à l'augmentation du nombre de jeunes sans diplôme et sans qualification[79]. L’approche du centenaire de l’enseignement technique et de la création de l’AFDET offre l’occasion de débats et de bilans sur l’évolution du système de formation professionnelle face aux mutations économiques et technologiques.
L’AFDET et l'ouverture de l'école au monde économique et technologique
modifierL’AFDET s’est profondément investie dans cette ouverture, avec un renouvèlement de ses présidents issus du monde économique, autour des grands thèmes de la période : l’alternance sous statut scolaire ; l’enseignement des technologies dans les collèges et la formation des maîtres ; l'apprentissage et la formation professionnelle continue associés au nouveau rôle des régions ; l’orientation professionnelle.
Des représentants du monde économique président maintenant l'AFDET
modifierLe tournant des années 1975, marqué par l’ouverture de l’école vers le monde économique, est aussi significatif pour l'AFDET. Dans cette période, les présidents de l'AFDET proviennent essentiellement du monde économique, rompant avec la succession de présidents, représentants éminents du monde politique depuis 1902 avec la création de l'AFDET et son action dans le développement de l’Enseignement technique.
En note : Les premiers présidents de l'AFDET, éminents représentants du monde politique, sont ainsi : Émile Maruéjouls (1902-1908) avait été Ministre des Travaux publics, ancien ministre du Commerce et de l’Industrie et député de l’Aveyron[80]. Modeste Leroy (1908-1912) député de l'Eure. Gustave Dron (1912-1930), député, maire et sénateur de Tourcoing[81]. Edouard Herriot (1930-1952) maire de Lyon de1905 jusqu’en 1957, à l’exception de la période de la seconde guerre mondiale, a été ancien ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts, Président du Conseil à trois reprises ; c'est durant son gouvernement, en 1932, que le ministère de l’Instruction publique devient ministère de l’Éducation nationale. Alfred Jules-Julien (1952-1977), député (Radical) du Rhône (1931-1942, 1946-1955), sous-secrétaire d'Etat à l'enseignement technique en janvier 1936 à avril 1938, élu vice-président de l'Assemblée nationale en 1951.
En note : Les présidents de l'AFDET à partir de 1975 proviennent essentiellement du monde économique. En dehors du triumvirat nommé en 1977-1978 composé de Henry Court venant du monde de la formation, Charles Portet, Albert Lecompte viennent du monde économique ; Maurice Catalan (1978-1986) est Président du groupe d'impression Danel du Nord de la France ; Henri Longeot (1986-1987, puis 1995-1997), Inspecteur Général honoraire des Sciences et Techniques Industrielles au Ministère de l'Éducation Nationale ; Roger Martin (1987-1992) est Président du groupe Saint-Gobain ; Jacques Combelles (1992-1995) est directeur des services généraux de Télémécanique ; Raymond Ravenel (1997-2006) est l'ancien PDG de Citroën et président de l'association internationale des constructeurs automobile ; Jacques Lair (2006-2012), président de la commission formation de la Fédération française du bâtiment (FFB), membre titulaire du Haut Comité éducation-économie-emploi ; Etienne Bessac (2012-2015) est ancien chef de département de la société Dassault et ancien Président de la société des Ingénieurs Arts et Métiers ; Roger Mongereau (2015-2016) est ancien Vice-Président national CGPME en charge des territoires ; Alain Cadix (2016-2020) est ancien DRH de Dassault Aviation ; Le nouveau président de l'AFDET, Philippe Dole (2020- ), est Inspecteur Général des Affaires Sociales honoraire (IGAS), ancien directeur général du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP).
Les séquences éducatives en entreprises en 1979 ouvrent l'alternance sous statut scolaire
modifierPendant la période de l’après-guerre et jusque dans les années 1970 existait une frontière étanche entre la voie générale et la voie professionnelle, et dans cette voie, les élèves des CET et des LEP se formaient uniquement dans les établissements scolaires, ils n'allaient jamais en entreprises. A l'inverse, les apprentis se formaient en entreprises. 83% des élèves des collèges de l'époque (CET) étaient orientés au sortir de la classe de 5ème dans la voie professionnelle et le Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), 17% vers la voie générale[82]. Ce n'est qu'à la toute fin des années 1970, avec Christian Beullac, ancien patron de Renault et Ministre de l'Éducation nationale de 1978-1981, que cette frontière, qu'il qualifia d'«incroyable cloisonnement»[83], s'est ouverte progressivement, avec la circulaire de 1979 instituant les séquences éducatives en entreprises, à titre expérimental[84].
Cette ouverture entre ces deux mondes jusqu'alors séparés, s'est progressivement réalisée avec le développement de l'alternance sous statut scolaire et de passerelles entre les CAP, le BEP et la première d'adaptation, la création du bac professionnel. Le premier Bureau du partenariat au sein du Ministère de l'Éducation nationale n'est apparu qu'en 1994. Le Haut comité éducation économie emploi (HCEEE) est créé en 2000[85]. Composé d’experts dans le domaine de la relation formation-emploi, de représentants des partenaires économiques et de représentants de l’ensemble des administrations concernées, il est essentiellement chargé de recueillir les informations nécessaires à l’adaptation des formations à l’évolution des métiers. L'entreprise peut maintenant intervenir sur le système éducatif et professionnel.
En note : L’apprentissage dépendait de l’Éducation nationale depuis le décret du 18 septembre 1944 du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) présidé par Charles de Gaulle qui a transformé les centres de formation professionnelle (CFP) existants en centres d'apprentissage (CA) et transféré leur tutelle de l'ex-direction de la Jeunesse (sous l'État français de Philippe Pétain) à la direction de l'enseignement technique de l'Education nationale. Ces centres d'apprentissage sont devenus collèges d'enseignement technique (CET) en 1959 avec la réforme Berthoin. Le nombre de leurs élèves (garçons et filles) passe de 60 000 en 1945 à 203 340 en 1960 soit une progression de 238,9% en quinze ans pour les centres d'apprentissage publics.
Les collèges d’enseignement technique deviennent en 1976 des lycées d'enseignement professionnel (LEP) dans lesquels sont créées à partir de 1985, pour les élèves titulaires d'un Brevet d'études professionnelles (BEP), des sections en deux ans préparant aux baccalauréats professionnels dits « bacs pro ». Le baccalauréat professionnel pose en 1985, pour la première fois à l’Éducation nationale, le principe d’une formation en entreprise intégrée dans le cursus de formation. L’alternance sous statut scolaire entre enfin pleinement à l’Éducation nationale et se développe. Puis, en 1986, les lycées d'enseignement professionnel (LEP) deviennent des lycées professionnels (LP) préparant en quatre ans aux baccalauréats professionnels (bacs pro) qui, à partir de 2009, peuvent être préparés directement en trois ans sans passer par la préparation préalable d'un BEP.
La loi sur l'alternance école entreprise
modifierUn avant-projet de loi sur l'alternance école entreprise[86] est présenté à l'assemblée générale de l'AFDET de 1978 par le secrétaire d'Etat auprès du ministre du Travail, Jacques Legendre. André Bruyère, vice-président de l'association, fait part des orientations du Ministre de l'Education nationale, Christian Beullac, d'ouvrir davantage les établissements sur la vie professionnelle et sur la formation continue. Aux enseignants, il propose d'offrir deux mois de stage en entreprise, notamment à ceux qui sont en formation. Aux jeunes en cours de scolarité, il s'agit de leur donner une meilleure information sur les métiers et la vie professionnelle.
Sur les 250000 jeunes quittant le système éducatif sans formation professionnelle véritable, 100000 vont en apprentissage, et sur les 150000 restants, 70000 quittent les LEP sans avoir obtenu leur diplôme, 80000 quittent le collège après la 3ème ou le lycée avant le bac. Les trois raisons données sont les lacunes de l'orientation, le découragement dû aux difficultés scolaires, la coupure entre l'école et la vie. Les préconisations proposées par l'AFDET répondent à ces trois facteurs d'échecs : mettre les enseignements à leur portée pour assurer des progrès continus ; repenser la formation pour faciliter l'acquisition des bases nécessaires manquantes ; accroître le temps passé aux enseignements professionnels[87][88].
L'AFDET se mobilise pour les séquences éducatives
modifierLa mobilisation de l'AFDET pour les séquences éducatives et le développement des relations entre les entreprises et le système éducatif pour promouvoir la formation en alternance est importante. Le ministre de l'Education nationale, Christian Beullac, exprime, lors du banquet suivant l'assemblée générale, entouré de nombreuses personnalités, toutes les attentes qu'il assigne à l'application de la loi. C'est un appel à l'AFDET pour qu'elle produise des propositions et contribue à la réussite de la «formation des jeunes, priorité nationale de la prochaine décennie»[89]. La revue de l'AFDET de janvier 1981 présente la synthèse nationale des réunions régionales qu’elle organise.
En mars 1981, l'AFDET présente les résultats de l'enquête au ministre Christian Beullac qui répond «en matière de formation professionnelle, l'école et l'entreprise ont des rôles complémentaires à jouer. Il faut replacer l'école face à ses finalités économiques et l'entreprise face à ses finalités sociales. L'Education nationale doit s'ouvrir aux réalités de la vie socioéconomique. L'entreprise doit cesser de se désengager de ses responsabilités de formation professionnelle sur le seul système éducatif[90].
L’AFDET et l'ouverture de l'école au monde technologique
modifierLes technologies dès le collège et la formation des maîtres
modifierLa période est marquée par un sujet récurrent, l'échec scolaire des jeunes. Créées en 1982 à la suite du rapport de Bertrand Schwartz sur l’insertion des jeunes, les missions locales[91] et les PAIO (Permanences d'Accueil, d'Information et d'Orientation) sont des structures associatives, intégrées aux mairies. Leur réseau compte 690 PAIO. Elles ont pour mission d'accueillir les jeunes de 16 à 25 ans et de les aider à résoudre l'ensemble des difficultés qu'ils rencontrent, aussi bien au niveau professionnel que social. Henri Longeot, administrateur de l'AFDET, est chargé par l'AFDET d'enquêter sur la situation. Selon lui, un tiers des élèves de collège serait en situation de rejet ou d'échec. Un petit nombre se retrouve en apprentissage ou dans les sections de lycée d'enseignement professionnel préparatoires au CAP. 75% sont écartés sans formation. A ceux-là, il faut ajouter ceux qui, rentrés en CAP, abandonnent en cours de route. Henri Longeot estime dans son rapport que les sections AFDET pourraient avoir un rôle jouer au sein des PAIO qui regroupent les acteurs concernés, CIO, Greta, AFPA, LEP et d'autres associations spécialisées. Elles pourraient informer les jeunes sur les emplois et les formations locales.
Face à l’insatisfaction générale concernant le fonctionnement du collège, l'AFDET préconise l'introduction d'une formation technologique, polytechnique, obligatoire pour tous, de la 6ème à la 3ème, voire au-delà. Elle propose en plus des trois heures, des options complémentaires notamment, d'abord pour les élèves qui vont en LEP ou en CPPN (classes préprofessionnelle de niveau), puis dans les CFA, dans les centres AFPA et même dans les entreprises qui se trouvent autour du collège, par des conventions précisant les conditions d'alternance. Cela permettrait au collège de sortir de son isolement et de travailler avec les forces économique locales[92]. Au niveau des lycées, l'AFDET préconise, à tous les niveaux de sorties des formations professionnelles, des périodes d'adaptation à l'emploi, structurées et organisées en fonction des emplois prévisibles. Outre la pédagogie de projet, valorisant le travail de l'élève, Henri Longeot préconise que l'élève présente son dossier technologique au jury lors de l'examen. Si les professeurs savent développer cette pédagogie, il sera possible de substituer à l'école de la sélection la pédagogie de la réussite, conclut-il.
Ces mesures sont présentées au représentant du ministre qui souligne les enjeux de la situation de l'appareil de formation en 1982[93]. Sur les 758000 sortants, 60% des jeunes n'atteignent pas un niveau de qualification supérieur au CAP ou au BEP. [100000 au niveau VI et Vbis, 369000 au niveau V (CAP) et 117800 au niveau IV ; 88900 au niveau III et 82000 aux niveaux II et I pour le post bac]. Des formations complémentaires, post-diplômes, sont mises en place pour réduire l'écart entre les compétences nécessaires pour les emplois proposés. C'est le seul moyen, dit-il, pour répondre rapidement au besoin des entreprises, en regroupant les formations autour de grandes familles de métiers tout en évitant une inflation permanente de diplômes et de formations de plus en plus pointues. Le président Catalan de l'AFDET souligne que ce qu'attendent les entreprises, ce sont des jeunes aptes à apprendre un métier et non pas forcément connaissant un métier en sortant de l'école.
La formation technologique et la formation des maîtres
modifierLors de l’assemblée générale de l’AFDET de 1985, le représentant du ministre de l'Education nationale, Jean-Pierre Chevènement (19 juillet 1984 - 20 mars 1986) présente les rénovations prévues par le ministre. L'introduction d'une initiation technologique dans le primaire, celle d'une formation technologique moderne de la 6ème à la 3ème, la mise en place dans 400 LEP d'une voie parallèle aux 4ème et 3ème de collège avec une formation technologique renforcée, la transformation de la classe de seconde avec l'option TSA (Technologie des systèmes automatisés) installée dans tous les lycées. Il annonce la création du baccalauréat professionnel de deux ans après le BEP. Des formations complémentaires pourront être créées localement en prolongement des formations technologiques et professionnelles[94]. Henri Longeot, vice-président de l'AFDET, fait l'analyse du projet de loi-programme en préparation. L'AFDET a toujours soutenu le développement de la technologie en collège et sa poursuite en seconde. Il soutient l'option TSA généralisée dans tous les lycées. Il appelle de ses vœux une orientation, choisie en connaissance de cause, en fin de seconde après une formation technologique de cinq années donnée à tous. Il souhaite l'ouverture de classes expérimentales de 4ème pour la remise à niveau d'élèves volontaires rencontrant des difficultés scolaires[95]. Mais la généralisation de la technologie dans les enseignements communs de seconde de tous les lycées, acceptée par le ministre lors d'un échange avec l'AFDET, n'est pas validée pour des raisons de budget. L'association bataille pour l'introduction de la technologie en seconde dans le tronc commun. Mais la technologie des systèmes automatisés (TSA) n'apparaît au Bulletin Officiel de l'Education nationale que pour les établissements qui dispensent un enseignement technologique industriel en terminale[96].
La formation des enseignants de l'enseignement technique en IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) s'avère conforme aux craintes émises par l'AFDET quand elle estimait que les IUFM seraient incapables de former des professionnels qualifiés, aptes à être des professeurs techniques préparant des élèves au CAP, BEP, Bac pro, Bac technologique, BTS. L'obligation de licence universitaire définie uniquement par des universitaires est totalement inadaptée aux besoins des enseignements professionnels, de même que l'absence de pédagogies différentiées aux formations technologiques et professionnelles. Ce n'est pas qu'avec des heures de cours que les élèves peuvent réaliser leur projet technique. L'AFDET demande l'embauche de contractuels ou de professeurs associés venus des entreprises, de même dans les formations continues de salariés dans les Greta[97]. L'AFDET juge sévèrement la situation causée par l'uniformisation des formations des IUFM et la politique d'abandon développée par le ministère de l'Education nationale à l'égard des formations de niveau V, CAP et BEP. A plus ou moins long terme, ce sera la mort de l'enseignement technique. La note de l'AFDET ne laisse pas indifférent l'administration qui demande la mise en place d'une mission[98].
L'AFDET et le collège unique : technologie, orientation, pédagogie
modifierLe président Jacques Combelles revient dans la revue de janvier 1992 sur l'organisation du collège unique et sur le rôle des technologies. Pour lui, «privilégier le modèle unique des collèges pour que tous les enfants soient traités de la même façon aboutit en fin de compte à créer plus d'inégalités qu'il n'en efface». En raison de la sélection par l'abstraction et de la pédagogie déductive généralisée, le dispositif génère de plus en plus d'exclus des voies «royales» et relègue les enfants sur des voies jugées secondaires et dévalorisées par les familles et les jeunes eux-mêmes. La prolongation de la scolarité obligatoire dans ces conditions, au lieu de faire les corrections nécessaires, accroît le nombre des exclus. Pour lui, le modèle unique est donc inadapté et impropre à fournir des solutions. Il faut rompre avec ce dernier si on veut traiter des causes. Il défend l'idée que l'égalité des chances repose sur une trilogie : technologie, orientation, pédagogie. L'orientation doit s'appuyer sur l'identification des potentialités de chaque enfant. L'orientation est indissociable de la technologie et de la pratique effective, dans tous les enseignements, d'une pédagogie intégrale et interactive, visant à l'égalité des chances pour tous[99]. L'AFDET ne cesse d'affirmer la complémentarité des deux voies de formation en France. «Nous rejetons la présentation des faits qui prétend que l'enseignement technique initial avec alternance d'une part et l'apprentissage d'autre part sont des formules concurrentes devant s'éliminer l'une l'autre. Alternance et apprentissage ne sont pas opposées mais complémentaires, chaque solution ayant ses champs d'application privilégiés et la population des jeunes en difficulté ou non est bien trop diverse et variée pour croire qu'une seule formule d'enseignement professionnel doive lui être proposée»[100].
Les questions d'orientation des jeunes par le système éducatif constituent toujours un grand souci pour l'AFDET. Elle constate une méconnaissance de la richesse des voies professionnelles et technologiques par les parents, les élèves et les professeurs. Le président Combelles appelle à les informer sur la spécificité de la pédagogie du projet technique. Au lieu de mettre en valeur les voies professionnelles et technologiques comme voies de promotion, elles sont toujours représentées comme des voies de deuxième niveau. L'orientation doit être la recherche d'une voie qui convient à chacun, compte tenu de ses goûts, de ses aptitudes et de l'offre locale et non plus la sanction basée sur les seuls résultats des contrôles et des notes obtenues. La logique du dispositif doit être au développement, dans chaque collège, de contacts directs entre les élèves et l'extérieur, dépassant le stade de la conférence et des forums des métiers. L'AFDET peut être un partenaire recherché pour identifier l'entreprise et les métiers qu'elle offre[101]. Cf. {{Article détaillé|Les réformes de l'orientation}}.
En ce qui concerne la formation des enseignants, les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont créés110, suite au vote en juillet 1989 de la loi d'orientation sur l'éducation du ministre de l'Education nationale, Lionel Jospin. Ces établissements publics à caractère administratif doivent assurer une formation et une culture professionnelle commune à tous les enseignants du primaire et du secondaire. L'AFDET continue de s'inquiéter des projets de formation des enseignants qui conduiraient à les traiter tous de la même façon. Ne va-t-on pas assister progressivement à la disparition des professeurs techniques ayant une qualification professionnelle reconnue ? La formation de ceux-ci doit se faire sur la base de la réalisation de projets techniques réels en liaison avec les entreprises.
En septembre 1994, l'AFDET répond à la demande d'avis formulée par le ministre de l'Education nationale (1993-1997), François Bayrou, lors de la présentation des 158 propositions qui constituent un nouveau contrat pour l'école. Elle souhaite que soient affirmées la spécificité et la légitimité de la filière technique : «sa vocation ne peut se concevoir que dans l'objectif d'une préparation à des activités professionnelles proposées aux différents niveaux de qualification en fonction des goûts et des possibilités de chacun». Elle joint à cette note au ministre les recommandations de l'OCDE concernant le changement nécessaire de la formation des enseignants du technique qui doivent avoir une expérience professionnelle acquise en dehors du système scolaire. De même concernant des conditions d'accès aux formations et établissements supérieurs, l'OCDE préconise de donner une nette priorité aux candidats sortants d'une filière professionnelle. «C'est une condition essentielle si la France veut réellement, au niveau du secondaire, rendre 'compétitives', les filières professionnelles par rapport par rapport aux filières générales et technologiques». En 1994, François Bayrou fait part de la création du concours général des métiers qui s'adresse aux élèves et aux apprentis des baccalauréats professionnels, qui constitue une avancée vers l’égale dignité des cursus scolaires.
Le 26 mars 1991, l'AFDET est admise comme organisation non gouvernementale (ONG-ONU). Cette qualité lui permet d'être associée aux travaux des instances internationales. Un représentant de l'association est désigné comme membre de la Commission de la République française pour l'UNESCO.
Les nouveaux rôles des régions dans la formation professionnelle
modifier1981, création d’un ministère de la formation. Marcel Rigout est ministre de la formation professionnelle du 23 juin 1981 au 19 juillet 1984. Il s'agit du premier ministère de la formation professionnelle en titre, antérieurement, il n'y avait que des Secrétariats d'Etat en charge de la formation professionnelle[102]. L'AFDET se félicite de cette création. Ce ministère est intégré au ministère du Travail. Il est accompagné au ministère de l'Education nationale d'une mission des enseignements technologiques et professionnels et de la formation continue des adultes. Le ministre de l'Education nationale est Alain Savary (22 mai 1981 - 17 juillet 1984).
La loi du 7 janvier 1983 relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l’État transfert aux régions la mise en œuvre des actions d’apprentissage et de formation professionnelle continue. L'AFDET doit elle aussi évoluer pour prendre en compte ces nouveaux échelons régionaux de la décision en matière d'apprentissage et de formation continue. Des mesures sont à prendre pour passer de l'échelon départemental où sont basées les sections à l'échelle régionale qui devient incontournable. Au conseil d'administration de juin 1983, le président Catalan demande que les représentants régionaux soient les animateurs de la vie de l'AFDET de leur propre région, que les structures AFDET se rassemblent pour agir sur leur environnement régional en lien avec les actions, réflexions et projets de l'AFDET nationale. Chaque Région sera suivie par un membre du bureau national[103].
Organisation par l'AFDET d'un colloque sur l'entrepreneuriat en 1984. Sous le patronage et avec la présence d'Alain Savary, ministre de l'Education nationale, se tient le colloque intitulé «Des hommes pour entreprendre et entreprendre pour quoi faire ?» Les intervenants s'interrogent sur diverses questions au cœur du sujet et de l'actualité : Que faut-il réellement acquérir pour entreprendre ? Quelle place dans l'enseignement dans cet objectif face aux évolutions technologiques ? Quel homme ou femme former pour entreprendre ? Avec quelle pédagogie ? Les questions des séquences éducatives en entreprises, les projets que doivent réaliser les bacheliers techniciens et les techniciens supérieurs, les projets d'action éducative (PAE), l'introduction de la technologie au collège, la formation continue et l'entrepreneuriat sont abordées. Le ministre Savary loue le travail de l'AFDET et souhaite que les rapports des groupes de travail qui lui ont été communiqués alimentent les débats avec les services du ministère, «Rien n'est pire que les colloques sans suites»[104].
L'apprentissage et les régions
La loi quinquennale du 20 décembre 1993 quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle accorde aux conseils régionaux un statut nouveau en inaugurant la décentralisation de la formation professionnelle des jeunes. Par son article 57, elle permet de créer des sections d'apprentissage dans les lycées technologiques et professionnels. Malgré les réticences, l'objectif est d'en créer 500 pour 50 en 1997. Dans cette période l’association se mobilise sur ces thèmes.
Décidé en janvier 1993, le Livre de l'AFDET sur l'emploi se veut un nouveau regard sur l'enseignement technologique et professionnel pour répondre aux problèmes posés par l'emploi. Il s'adresse aux leaders d'opinion et aux décideurs, et devient un document de référence, notamment pour les conseils régionaux en charge de l'élaboration des schémas de formation pour la période 1994-1998[105]. Il insiste sur la formation spécifique des professeurs de technologie en vue de leurs responsabilités en matière d'orientation des jeunes et de lutte contre l'échec scolaire. Cette formation initiale et continue des enseignants doit intégrer une formation lors de stages en entreprise, Le recrutement se ferait, soit en IUFM à partir d'élèves ayant déjà une formation professionnelle (BTS, DUT ou DEUG de technologie industrielle), soit par le recrutement de professionnels de haut niveau dans les entreprises formés comme ingénieur de formation de même niveau qu'ingénieur de production.
L'AFDET ne cesse d'affirmer la complémentarité des deux voies de formation en France. «Nous rejetons la présentation des faits qui prétend que l'enseignement technique initial avec alternance d'une part et l'apprentissage d'autre part sont des formules concurrentes devant s'éliminer l'une l'autre. Alternance et apprentissage ne sont pas opposées mais complémentaires, chaque solution ayant ses champs d'application privilégiés et la population des jeunes en difficulté ou non est bien trop diverse et variée pour croire qu'une seule formule d'enseignement professionnel doive lui être proposée».
La place de l'Enseignement technique dans le système de formation en débat
modifierLe tournant du siècle avec les célébrations des cent ans de l’Enseignement technique est le temps des grands colloques et de bilans sur la place de l'Enseignement technique dans le système de formation professionnelle en France.
Trois thématiques occupent une place importante dans ces débats. D’une part la question de la place de l’apprentissage dans le système de formation en France qui avait été au cœur de la création de l’AFDET et qui semble un siècle après n’être pas vraiment résolue. D’autre part la question de la transformation du lycée professionnel dans son objectif de production de la qualification dans son rapport avec le tissu économique et le développement local. Le développement des mutations technologiques en cette fin du XXème début du XXIème siècle impose enfin une transformation de l’enseignement professionnel et technologique. A ces deux questions de fond se rajoute, dans le contexte de la désindustrialisation, la question persistante de l’échec scolaire et de son rapport à la réforme du collège unique, et de l'orientation qui sera abordée dans la dernière partie.
La question de la place de l’apprentissage dans le système de formation en France est abordée dans les trois évènements de la fin du XXème siècle : le centenaire l’Enseignement technique de 1987 célébrant la création des Ecoles nationales professionnelles (ENP), l’analyse du président Longeot de l’AFDET sur le système de formation professionnelle en France de 1995, et le centenaire de la création de l’AFDET en 2002.
Le centenaire de l'Enseignement technique en 1987
modifierLa perspective de pouvoir préparer les diplômes par la voie de l’apprentissage, autrement que par l’alternance sous statut scolaire, se dégage lors de la célébration du centenaire des Ecoles Nationales Professionnelles en 1997[106]. Nicole Catala, secrétaire d'Etat chargée de la formation professionnelle, a été invitée par l’AFDET à l’issue de son assemblée générale visant la préparation d'un colloque en décembre 1987 pour le centenaire de l'enseignement technique. Nicole Catala présente les grandes lignes de l'histoire de cet enseignement avec la création des ENP, la loi Astier et la mise en place des CAP. Elle souligne la qualité du réseau de grande valeur constitué de milliers d'établissements technologiques et professionnels, dont les CFA, centres de formation des apprentis, et affirme la nécessité de développer cet enseignement dont la France a besoin[107].
Elle indique avoir autorisé, à titre expérimental, dans un projet de loi de revalorisation de l'apprentissage, la préparation d'autres diplômes que le CAP par voie d'apprentissage. Elle réaffirme l'existence de deux voies de formation initiale, solidaire et complémentaire, dans le respect de leur spécificité. Elle y apporte ses réflexions et propositions notamment pour que soient clairement affichés les objectifs des deux filières de formation, l'apprentissage et la formation sous statut scolaire. Mais aussi que soit vérifiée la compétence pédagogique des maîtres d'apprentissage au travers de formation. Lors de l'assemblée générale de novembre 1987 est élu le nouveau président de l'AFDET, Roger Martin, ancien président-directeur général de la compagnie de Pont-à-Mousson.
Lors du colloque qui célèbre les cent ans de la constitution des Écoles Nationales Professionnelles (ENP), les 1er et 2ème décembre 1987[108], le ministre de l'Education nationale, René Monory, intervient en notant comme un signe positif pour l'AFDET d'avoir à sa tête un ancien grand chef d'entreprise, prouvant que la barrière psychologique existant entre les deux mondes de l'Education et de l'entreprise s'estompe progressivement. Il rappelle qu'il vient de créer une direction de la prospective et de l'évaluation, car la production de la qualification dans la formation professionnelle nécessite une vision à long terme quant au résultat recherché. La question est évoquée du modèle de production de cette qualification en France comparativement à celui d'autres pays comme l'Allemagne et son système dual. Les entreprises françaises sont-elles prêtes à accueillir 800000 jeunes en système dual ? La question de la formation des enseignants et des maîtres d'apprentissage est très importante à cet égard.
Les propos du discours final prononcé par Nicole Catala confirment les grandes thématiques structurantes de l’Enseignement technique à la fin du XXème siècle. Elle souligne la coordination sérieuse nécessaire entre l'entreprise et la structure de formation, en apprentissage ou dans les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) instituée pour l'alternance sous statut scolaire. Et cela tout au long du processus de formation alternée, depuis la préparation en amont, pendant le stage et après, pour en retirer tout l'acquis, y compris lors de l'examen nécessaire l'acquisition du diplôme face au jury[109].
Suite à la réussite du colloque de 1987, l'AFDET met en chantier cinq études et recherches dont la revue d'avril 1989 rend compte. Elles portent sur l'enseignement de la technologie, l'orientation scolaire, les structures et méthodes pédagogiques. Un rapport s'attache à l'apprentissage dans ses différentes dimensions, dont la préparation du baccalauréat et du BTS par apprentissage. Ces divers rapports sont l'objet d'échanges avec les services du ministère[110].
Le 10 juillet 1989, le ministre de l'Education nationale, Lionel Jospin, fait voter la loi d'orientation sur l'éducation. Elle propose un projet global d'éducation, synthétise et consacre des solutions mises en œuvre de longue date par voie réglementaire ou administrative. La loi confirme nombre de dispositions déjà décidées et en cours d'application comme l'équipe pédagogique, le projet d'établissement, le rôle des personnels administratifs. Mais l'AFDET s'interroge toujours sur la décision permettant à tous les jeunes de collège une scolarité identique garante d'une égalité de traitement de chaque élève. Elle n'est pas persuadée de sa pertinence. Il apparaît que, pour certains élèves, les contenus d'enseignement tels qu'ils sont organisés, restent vide de sens, malgré tous les efforts pédagogiques des enseignants.
En ce qui concerne la formation des enseignants, les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont créés. Ces établissements publics à caractère administratif doivent assurer une formation et une culture professionnelle commune à tous les enseignants du primaire et du secondaire. L'AFDET continue de s'inquiéter des projets de formation des enseignants qui conduiraient à les traiter tous de la même façon. Ne va-t-on pas assister progressivement à la disparition des professeurs techniques ayant une qualification professionnelle reconnue ? La formation de ceux-ci doit se faire sur la base de la réalisation de projets techniques réels en liaison avec les entreprises.
L'activité de l'AFDET est dopée par la réussite du colloque et la diffusion de ses différents rapports. Le premier traite de l'enseignement de la technologie, le deuxième de l'orientation scolaire. D'autres études sont consacrées aux structures et méthodes pédagogiques. Un rapport s'attache à l'apprentissage dans ses différentes dimensions, dont la préparation du baccalauréat et du BTS par apprentissage. Ces divers rapports sont l'objet d'échanges avec les services du ministère. Pour répondre aux nouvelles obligations de l'association, le ministère de l'Education nationale, Lionel Jospin étant ministre, met à sa disposition deux personnes à mi-temps, dont un inspecteur de l'Education nationale, qui est chargé par le président de la liaison de l'AFDET avec le Haut Comité Education Economie.
Une analyse visionnaire de l'AFDET pour l'Enseignement technique en 1995
modifierLa revue de l'AFDET publie en 1995 l'analyse du président Longeot sur le système de formation professionnelle en France[111]. Revenant sur le bilan des actions de l'AFDET, Henri Longeot développe l’analyse de l’AFDET quant à la constitution difficile de l’Enseignement technique en France. Selon lui, le système de formation professionnelle en France s'est construit progressivement pendant le XXème siècle et a formé l'essentiel des techniciens, ouvriers employés qualifiés et les cadres de l'industrie et du commerce, avec une grande renommée et une efficacité reconnue, notamment entre les deux guerres. De par son histoire, il a cherché à construire un équilibre entre formation générale et formation professionnelle, entre formation sous statut scolaire et apprentissage, souvent opposées. Mais si la formation scolaire a eu des aspects positifs, elle a engendré nombre d'aspects négatifs. Côté positif, la mise en place de passerelles entre les différentes voies, le développement d'une pédagogie de projet, liant l'action et la réflexion, l'introduction des branches professionnelles au sein des CPC pour élaborer des programmes de formations qualifiantes. Mais les aspects négatifs demeurent l'orientation sélective et hiérarchisée subie par de nombreux élèves. L'intégration des formations techniques dans les établissements d'enseignement général et l'uniformisation des structures ont conduit à une déprofessionnalisation des programmes et des méthodes pédagogiques répondant aux critères de d'enseignement général au détriment de l'enseignement technique et de sa vocation à former des personnes qualifiées. La même critique s'applique à la formation des maîtres.
Les mesures préconisées par l'AFDET, depuis longtemps pour certaines, concernent celles qui peuvent être mises en place sans bouleversement : développement de l'alternance et d'un partenariat réel école entreprise. Une deuxième catégorie engage l'avenir et ces mesures peuvent être mises en place par l'Education nationale : mise en place de la technologie dans le cursus scolaire, obligatoire jusqu'à la seconde. La troisième catégorie présente une modification des structures : transformer les lycées en Instituts de formation pro allant du CAP au BTS, sous statut scolaire, apprentissage et formation continue, avec la création d'un ministère de la formation professionnelle[112].
Pour autant, le président Longeot ne partage pas le point de vue des responsables politiques et des professionnels qui ne veulent prendre en compte que l'apprentissage. Il prend l'exemple de l'Allemagne qui a analysé les défauts du système dual et cherche à l'améliorer et à le compléter pour l'adapter à la situation économique et sociale nouvelle. De même la France doit prendre ce qui marche et changer ce qui pose problème dans les deux systèmes de formation professionnelle. Il suggère, pour redynamiser le recrutement des élèves, de revenir à la situation d'avant 1960, période où les formations techniques et professionnelles étaient autonomes. A l'époque, il y avait un concours d'entrée et la sélection allait dans le sens inverse de la sélection actuelle. Il fallait avoir des résultats satisfaisants pour entrer dans l'enseignement technique[112]. Au regard des réformes de l’apprentissage conjuguées à celles des lycées professionnels 25 ans plus tard, l'analyse globale apparaît visionnaire.
L'Enseignement professionnel et technologique au centenaire de l’AFDET (2002)
modifierEn 2000, l'AFDET décide de commémorer à Lyon le centenaire de sa création en 1902. Le choix de Lyon est un hommage aux deux anciens présidents originaires de cette ville, Edouard Herriot (1930-1952) et Alfred Jules-Julien (1953-1977). A eux deux, ils ont présidé l'AFDET pendant 47 ans ! Lyon est aussi le berceau historique de nombreuses filières françaises, la chimie, l'industrie de la papèterie, du textile et de l'habillement, de la plasturgie, de l'industrie électrique, du froid et de la santé. Elle est réputée pour ses innovations, la photo des Frères Lumière, la soie notamment. La compétence de la main d'œuvre lyonnaise est reconnue. Avec ces centres de recherche et son développement dans les technologies de pointe revitalisant les industries traditionnelles, l'image de Lyon est dynamique et attractive.
Le colloque se tiendra le 14 novembre 2002 dans les locaux de l'Ecole Normale Supérieure sous le patronage du Président de la République, Jacques Chirac. Son intitulé est: «L'Enseignement professionnel et technologique : une clé pour demain». Il rassemble plus de 500 participants de la région et de toute la France. Un fascicule est distribué à tous les participants sous le titre «propositions d'actions pour l'Enseignement technique». Il souligne « les trois défis qu'affrontent les enseignements technologiques et professionnels : le défi économique et social d'une formation professionnelle organisée tout au long de la vie, en phase avec les évolutions techniques ; le défi des mutations institutionnelles et territoriales en vue d'une organisation et d'une gestion efficaces ; le défi culturel d'une meilleure reconnaissance et intégration dans le système éducatif »[113].
Parmi les propositions, certaines sont repérées par les médias : la mise en place d'un enseignement technologique obligatoire en classe de seconde, un certificat de capacités pratiques sanctionnant les actions concrètes développées par l'élève au cours de sa scolarité, des ateliers d'insertion, proche du compagnonnage, pour les collégiens en rejet de l'école. L'idée de création d'instituts de formation professionnelle[114] lancée en 1992 par l'AFDET se retrouve en partie dans les lycées des métiers créés par Jean-Luc Mélenchon, alors ministre délégué à la formation professionnelle. Ces instituts répondraient à des problématiques de territoires, associant formation initiale (statut scolaire et apprentissage) et formation continue, branches professionnelles et entreprises. Leur champ d'intervention irait du CAP à la licence professionnelle, comme les lycées des métiers, mais contrairement à ces derniers ils constitueraient un cadre fédérateur d'acteurs sous une forme associative territoriale faisant jouer les synergies en matière de réflexion, de coordination et d'actions au service de la formation professionnelle dans un secteur donné et dans un territoire délimité. Cette idée sera en partie reprise en 2013 avec la création des Campus des Métiers et des Qualifications par appels à projets du ministère de l'Education nationale, les conseils régionaux y étant associés[115][116].
Les échos du colloque dans la presse régionale et nationale soulignent l'action de l'AFDET pour lutter contre «l'image négative de l'enseignement technique dans certaines filières qui aboutit à un manque de jeunes diplômés dans des secteurs qui recrutent. La journée devrait permettre de renforcer son rôle de lien entre le monde de l'entreprise et le monde de l'enseignement, ce qui est sa vocation première» (le Progrès).
La synthèse des préconisations de l'AFDET pour le XXIème siècle ou actes du centenaire seront réalisés par une commission et donneront lieu à un nouveau livre blanc publié en 2007. Il fait suite au précédent de 1993. Depuis les évolutions technologiques et sociales ont continué. Le nouveau Livre blanc s'en inspire et fait part de ses préconisations esquissées lors du colloque de Lyon.
Vers l’adaptation des formations aux mutations des métiers
modifierDans cette période de bilan, ce sont aussi des points de vue proches du terrain et des territoires qui se sont exprimés, annonçant des transformations plus profondes du lycée professionnel qui sont attendues face aux défis de la société du XXIème siècle.
Vers un recentrage des diplômes autour de familles de métiers
modifierLors de l'assemblée générale de mars 1997 un débat s’est engagé avec des personnalités du ministère, sur le développement de l'Enseignement technique. Pour le représentant du ministère, Jean Figarella, il s'agit d'opérer un «recentrage des diplômes autour d'une famille de métiers, l'adaptation à un métier précis pouvant se faire à partir de formations complémentaires d'initiative locale, de mentions complémentaires ou de contrat de qualification»[117]. Cette proposition sera mise en œuvre dans les réformes du lycée professionnel des années 2020. Il rajoute qu'entre deux préconisations pour l'Enseignement technique, comme celles souvent défendues par l'AFDET de séparer les lieux de la formation générale et ceux de la formation technologique et professionnelle, et celle de maintenir associés l'enseignement général et l'Enseignement technique dont on espère la valorisation, il ne souhaite pas choisir et opte pour l'action en proximité avec le terrain. La proximité du terrain, dit-il, permet l'adaptation des formations initiales aux besoins des entreprises. Elle permet d'assurer une régulation au niveau d'un bassin d'emploi, de suivre les évolutions technologiques et de cerner les besoins en formation initiale et en formation continue. La communication avec les acteurs de l'orientation, dont les professeurs de collège, s'en trouve renforcer pour l'action des acteurs locaux permettant d'avoir la connaissance des taux de réussite, les choix de poursuite d'études, la diversité de l'insertion professionnelle.
L'orientation des diplômes vers l'insertion professionnelle
modifierEn avril 1997, c’est Raymond Ravenel, que l'AFDET élit comme président (1997-2006). Ancien PDG de Citroën et ancien président de l'association internationale des constructeurs automobile, son élection marque un tournant important pour la visibilité de l'AFDET[118]. Le président Ravenel présente son programme de travail basé sur les réflexions de l'AFDET à partir de plusieurs rapports parus en 1998. Elles seront communiquées à Claude Allègre, ministre de l'Education nationale et Ségolène Royal, ministre déléguée à l'enseignement scolaire[119].
Parmi ces rapports, celui du recteur de Rennes, William Marrois[120], retient l’attention du président Ravenel. Il expose à ses yeux des principes directeurs d’orientation et de pratiques souhaitées par l'AFDET : un partenariat avec les représentants du monde économique pour élaborer les diplômes correspondant aux besoins identifiés de l'économie ; la mise en place des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) négociées avec les entreprises pour favoriser l'acquisition des compétences professionnelles ; l'orientation prioritaire des diplômes vers l'insertion professionnelle, tout en favorisant l'adaptabilité par la formation tout au long de la vie et la poursuite d'études pour certains titulaires ; l'écriture des diplômes en référentiels dissociant formation et certification, l'accès à la certification se faisant par différents modes de formation ou la validation des acquis de l'expérience (VAE) ; le caractère national du diplôme garant de la mobilité géographique et interprofessionnelle ; la pédagogie de l'alternance donnant plus de place à l'individualisation de la formation (démarche inductive, projets en relation avec les entreprises, travaux pratiques individualisés) ; l'affirmation du rôle des conseils régionaux dans la construction de la politique régionale de formation professionnelle[121].
L'AFDET propose une politique de formation en alternance assumée par les entreprises pour les BEP et les baccalauréats technologiques, avec des stages et non plus seulement préprofessionnels. Une année supplémentaire en alternance, avec des stages de 6 à 8 mois, permettant d'atteindre la professionnalisation nécessaire à un emploi, est souhaitée pour les élèves de BEP qui ne souhaitent pas continuer en bac pro, ou en BTS après un bac technologique[122]. 25 ans plus tard, les annonces du Président de la République sont : « développer les temps de stage d’au moins 50 % et mieux les rémunérer, recruter davantage de professeurs issus du monde professionnel… développer 'les temps de stage d’au moins 50 %' et mieux les rémunérer, recruter davantage de professeurs issus du monde professionnel »[123]
L’accélération des réformes au tournant du siècle
modifierLe développement technologique induit des conséquences importantes dans les politiques de formation. Les nouvelles technologies poussent à l'ouverture de l'école sur l'environnement économique. Il s'agit d'anticiper sur les besoins et les compétences futures. Par exemple, le baccalauréat professionnel doit correspondre à un profil valorisé d'ouvrier technicien. Les formations des quinze dernières années ont ainsi évolué : rénovation du contenu des CAP et BEP, création du baccalauréat professionnel, ouverture de tous les diplômes par la voie de l'apprentissage. En 1998, plus de 600000 diplômes professionnels (CAP, BEP, bacs pro, brevets de techniciens, BTS, DUT) ont été délivrés. L'ENSET École normale supérieure de l’enseignement technique devient l'École normale supérieure Paris-Saclay à la rentrée 2016.
Ces évolutions demandent un partage partenarial. Les milieux professionnels reconnaissent à l'école, à des degrés divers, la capacité de faire acquérir les compétences technologiques. Mais les compétences professionnelles relèvent de la pratique, de l'expérience acquise dans la vie réelle, avec de nouvelles compétences comportementales et relationnelles. Celles-ci passent par l'autonomie, le sens de l'organisation, le travail en équipe, l'aptitude à communiquer, ce que l'école est mal préparée à dispenser. Cela nécessite, comme le demande l'AFDET, une pédagogie par projet sur la base de supports industriels réels, accompagnée de stages en entreprises, le renforcement des acquis en sciences fondamentales et appliquées. L'orientation des élèves nécessite aussi de la part des enseignants, outre leur rôle de diffuseur de technologie, une connaissance du marché de l'emploi[124].
Nombre de structures nouvelles illustrent le dynamisme de la période pour s’adapter au bouleversement technologique.
La licence professionnelle (1999)
modifierLa création de la licence professionnelle[125] paraît au BOEN (Bulletin officiel de l'Éducation nationale) du 9 décembre 1999. Cette licence à vocation professionnelle s'inscrit dans la nouvelle architecture, dite LMD Licence Master Doctorat, des diplômes de l'enseignement supérieur proposée par la commission Attali qui a remis son rapport au ministre de l'Education nationale Claude Allègre[126]. C'est l'occasion d'un débat au sein de l'AFDET. Les BTS actuels sont appréciés par les entreprises et les jeunes qui trouvent facilement un emploi. Ce nouveau diplôme de l'enseignement supérieur[127] vise aussi l'insertion professionnelle immédiatement après l'obtention du diplôme, tout en s'inscrivant dans la poursuite d'études. Le président Ravenel formule trois critiques à cet allongement : plus un jeune rentre tard dans l'entreprise, plus il rencontre de difficultés à s'intégrer ; souvent la poursuite d'études n'est que la conséquence d'un non choix ou d'une peur d'entrer dans la vie active ; enfin passer de deux à trois ans augmente le coût. Le débat conclut que les entreprises sont en attente des résultats de ces nouvelles formations[128]. Un bilan du rapport Attali a été fait 20 ans après dans le blog Universités 2024, Un blog pour réfléchir sereinement sur l'Université française de demain, par Jean-Michel Catin[129].
Création des lycées des métiers en 2001
modifierLa revue de l'AFDET publie en 2000 un interview du ministre délégué à l'enseignement professionnel, Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier vise à mettre sur pied une véritable voie des métiers, du secondaire au supérieur, favorisant la lisibilité des filières et des diplômes, la fluidité des parcours et assurant par là une meilleure crédibilité à la voie professionnelle auprès des jeunes, des familles et des entreprises. L'AFDET se félicite de cette orientation susceptible de désenclaver la voie professionnelle qui connaît une baisse de ses effectifs. Les besoins de main d'œuvre qualifiée vont s'amplifier à la fin de la crise économique, et l'enseignement professionnel sera alors de plus en plus sollicité, dit le ministre. Les métiers du XXIème siècle requerront un haut niveau de connaissances générales et technologiques. Les efforts de rénovation du CAP au BTS et à la licence professionnelle bénéficieront, ainsi tirés par le haut à l'ensemble de la filière professionnelle. A la rentrée 2000, 195 licences professionnelles sont en projet pour pallier à l'insuffisance de formations au niveau II.
Le label «lycée des métiers» est attribué aux établissements dont le pilotage, les actions et les projets répondent aux exigences d’un cahier des charges très précis en 8 critères, dont une offre de formation du CAP au post-bac dans un même secteur d’activité et des coopérations entre établissements ; un accompagnement de publics de statuts différents (élèves, apprentis et stagiaires de la formation continue) ; de nombreux partenariats avec les milieux économiques, professionnels, associatifs pour organiser l’accueil et la formation des publics. Il constitue un indicateur d'excellence pour les voies technologique et professionnelle par la mise en place d’une organisation et d’une démarche collective d’amélioration continue. Ce label national est attribué pour une durée de 5 ans par le recteur de l'académie.
Après s'être interrogée sur l'intérêt des licences professionnelles, l'AFDET estime dans la revue du 4ème trimestre 2001 que les orientations de Jean-Luc Mélenchon pour l'enseignement technique vont dans le bon sens. Elle apprécie que le CAP soit positionné comme le premier niveau de qualification professionnelle et salue la mise en place progressive du lycée des métiers. Des membres de l'association sont appelés à participer aux commissions de labellisation[130].
Création de la Commission nationale de la certification professionnelle 2002
modifierLe président Ravenel interviewe en 2000 Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits de la femme et à la formation professionnelle, sur le projet de loi de modernisation sociale portant sur l'apprentissage et la validation des acquis. Elle constate la stagnation du nombre d'apprentis aux niveaux V et IV dans des secteurs en pénurie de main d'œuvre qualifiée alors qu'il augmente aux niveaux supérieurs. A cet égard, le projet de loi vise à clarifier les responsabilités dans la professionnalisation des jeunes. Elle propose la création d'un instrument rassemblant toutes les certifications, accessible à tous. En janvier 2002 est créée par la loi de modernisation sociale, la Commission nationale de la certification professionnelle. L'analyse de ses travaux a été l'objet d'un rapport de l'AFDET sur les certifications en 2021[131].
La création du Capet, certificat d’aptitude au professorat de l'enseignement technique
modifierLe combat de l'AFDET, depuis de nombreuses années, pour promouvoir l'enseignement de la technologie à tous les niveaux du secondaire devient progressivement réalité. Pour elle, ce n'est pas une vulgarisation des sciences. Généralisée au milieu des années 1980 dans tous les collèges, la technologie intègre les évolutions majeures du milieu socio-économique pour permettre aux jeunes de s'initier aux pratiques industrielles et commerciales contemporaines, comme l'expliquent dans la revue deux professeurs de l'ENS de Cachan et de l'université. Cela a été possible grâce au soutien financier des conseils généraux d'alors, en charge des collèges. Mais aussi par la constitution d'un corps de professeurs spécialisés par la reconversion des professeurs d'éducation manuelle et technique. La création du Capet, Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement technique, a rattaché les professeurs à l'enseignement technique.
La technologie de l'information est maintenant devenue une discipline d'expérience, d'action et de raisonnement. Elle vise la maîtrise des multiples usages de l'ordinateur. Mais le manque de temps alloué empêche la réalisation des apprentissages collectifs des usages de l'ordinateur. L'AFDET met en garde la tendance de certains à vouloir aligner le temps de formation sur celui de l'enseignement général et à envisager la généralisation du baccalauréat en trois ans. Elle émet des doutes sur la possibilité pour tous les élèves orientés en BEP de suivre avec profit directement en bac pro. Ceux-ci pouvaient parvenir au baccalauréat professionnel en quatre ans (deux ans pour le BEP, et deux ans supplémentaires pour le bac pro). D'où la crainte de l'AFDET d'abandons plus nombreux pour les scolaires et pour les apprentis[132].
L'AFDET, association complémentaire de l'enseignement public en 2001
modifierEn application du décret du 6 novembre 1992 relatif aux relations du ministère de l'Education nationale avec les associations qui prolongent l'action de l'enseignement public, l'AFDET sollicite un agrément national pour une durée de cinq ans. La demande argumentée exposant les pratiques de l'association est acceptée par arrêté du 28 août 2001, après examen par le conseil national des associations complémentaires de l'enseignement public. Cet agrément permet à l'association d'intervenir dans les établissements auprès des élèves. L'information est rapidement diffusée auprès des adhérents, des recteurs et des DAET (Délégué académique aux enseignements techniques[133]), et des partenaires d'entreprises.
Dans le même temps, l'association négocie la signature d'une convention cadre Education nationale-AFDET qui permet d'être inscrit sur une ligne du budget du ministère. La négociation se tient avec le représentant du ministre de l'Education nationale, Jack Lang, et le président de l'AFDET, Raymond Ravenel. Elle est finalement signée le 24 avril 2002 et prend effet au premier janvier de la même année. Au moment où l'AFDET va célébrer son centenaire, la signature de cette convention représente une véritable reconnaissance morale de l'association et un encouragement au développement de son activité tant au niveau national que territorial[134].
Le prolongement des réformes au début du XXIème siècle
modifierLa première quinzaine années du XXIème siècle, aggravée par la crise de 2008, reste marquée par la poursuite de la lutte contre le chômage de masse dans un contexte des mutations technologiques et d’aggravation[135] de la désindustrialisation de la France. Les grandes thématiques concernant la formation engagées fin du XXème siècle ont été appuyées par l'AFDET au XXIème siècle dans cette courte période.
La complémentarité des deux voies de formation professionnelle
modifierLe colloque qu'organise l'AFDET en mars 2007 met l'accent sur «La complémentarité des voies de formation sous statut scolaire et en apprentissage»[136]. Plutôt que de jouer la concurrence entre ces deux voies, mieux vaut les stimuler toutes les deux pour répondre aux besoins des jeunes et du monde économique. Il s'interroge aussi sur la cohérence de l'offre de formation dans chacune des régions et sur le rôle régulateur que peut jouer l'Etat, alors que la compétence de la formation professionnelle est dévolue aux conseils régionaux. Ces questions seront l'objet des importantes réformes issues de la loi Avenir professionnel de septembre 2018 et du bilan de leur application, auquel participera l'AFDET en 2022.
La généralisation de la préparation du baccalauréat professionnel en 3 ans (2007)
modifierL'annonce, fin 2007, de la généralisation de la préparation du baccalauréat professionnel en trois ans[137], par le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, est l'objet d'une note de l'AFDET. Jusque-là, le bac pro se préparait en deux ans après un BEP (brevet d'études professionnelles). Il fallait donc 4 ans (2+2) pour l’obtenir. Avec la réforme[138], les deux années de BEP sont remplacées par une seconde professionnelle dont le contenu est réaménagé. Favorable à l'assouplissement de ce parcours de formation, l'AFDET fait part de quelques réserves sur une généralisation rapide de cette nouvelle norme qui aurait des conséquences sur l'ensemble du système de formation professionnelle. Elle décide de l'organisation d'Assises de la formation professionnelle sur ce thème. Un colloque se tient en novembre 2008 sur «La généralisation du baccalauréat professionnel en 3 ans». Il réunit plus de 400 personnes. Le ministre Xavier Darcos y participe. Les questions sont nombreuses : le bac pro conservera-t-il son niveau de qualification en passant de 4 années à trois ans ? Que deviendront les jeunes qui avaient 2 ans pour acquérir les bases du BEP et ne souhaiteront pas continuer jusqu'au bac pro ? Le BEP doit-il être supprimé ? Jean-Luc Cénat, président du conseil d'orientation de l'AFDET, tire les conclusions du colloque. Il insiste sur le besoin de mesurer les conséquences de cette généralisation du bac pro en 3 ans pour le niveau V. Le CAP reste la base de ce niveau V, permettant l'accès à une qualification professionnelle pour son bénéficiaire. Il appelle à la vigilance pour qu'aucun jeune ne reste au bord de la route. De fait le BEP continue d'exister et reste de niveau V[139].
La revue L'étudiant[140] publie en avril 2012 ces éléments : «En 2008, la réforme est mise en place pour 45.000 élèves en seconde professionnelle. Et dès la rentrée 2009, la généralisation du baccalauréat professionnel en trois ans est une réalité pour toutes les secondes professionnelles. Elle concerne alors 200.000 élèves. En 2011, les premiers élèves issus de la réforme passent leur baccalauréat. L’un des principaux effets de cette réforme est le boom du nombre de candidats : plus de 45.000 candidats supplémentaires, soit une augmentation de 36 % par rapport à l’année précédente. Aussi, les perspectives de poursuites d’études se multiplient pour ces bacheliers, pour la plupart vers des BTS».
La formation professionnelle initiale et continue et les territoires
modifierLa formation continue est un des thèmes sur lequel l'AFDET approfondit sa réflexion en janvier 2012 lors d'un colloque, qu'elle organise avec l'AGEFOS, intitulé «La formation tout au long de la vie». La dimension territoriale est importante pour répondre aux besoins de formation professionnelle initiale et continue, tant au niveau du bassin d'emploi, qu'au niveau régional. C'est là que peuvent se retrouver tous les partenaires pour définir les besoins en formation des jeunes et des adultes salariés ou en recherche d'emploi. C'est là aussi que l'AFDET a approfondi ses réflexions dans des colloques en 2012 sur des thèmes comme «le développement de l'esprit d'entreprendre» ou sur la «lutte contre l'échec scolaire»[141].
La formation des professeurs aux enseignements technologiques
modifierUn autre grand thème est abordé par l'AFDET dans un colloque en novembre 2014, la formation des professeurs des enseignements professionnels et technologiques. L'AFDET a bien accueilli la création des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (Espé). Mais elle s'interroge sur la formation spécifique nécessaire pour les enseignants des domaines technologiques et professionnels. Suite au colloque une note est adressée au ministre[142].
L'AFDET a poursuivi son action face aux évolutions technologiques, aux grandes questions économiques et sociales issues de la mondialisation dominante de l'économie du début du XXIème siècle, auxquelles tentaient de répondre les réformes du système éducatif dans un contexte toujours marqué par la désindustrialisation de la France. Le Livre blanc s'attache à donner à l'enseignement technologique et professionnel un rôle visant à agir pour la réindustrialisation .
Fin des Conseillers de l'Enseignement technique (CET), les Conseillers Entreprises pour l'école (CEé) (2017)
modifierEn tant qu'experts du monde professionnel dans le secteur qu'ils représentent, les conseillers de l'enseignement technologique (CET) visent à rapprocher le système éducatif et son environnement économique, dans le domaine des formations professionnelles et technologiques initiales. Ils assurent la présidence des jurys des C.A.P. et des B.E.P. Ils sont nommés pour 6 ans. Ils constituent des ressources pour l'éducation à l'orientation. La nomination des conseillers de l'enseignement technologique[143] intervient au 1er janvier 2010. Au cours de la période qui suit le centenaire de l'association jusqu'à 2016, l'AFDET continue d'œuvrer en faveur des conseillers de l'enseignement technique. Elle organise des réunions d'information sur leur rôle et leur missions par rapport aux branches professionnelles. Grace au partenariat de l'AFDET avec AGEFA-PME elle réalise et diffuse un memento sur la pratique de l'activité bénévole du CET. Une évaluation des missions des CET est réalisée en 2016 en prolongement d'un an de leur mandat.
Le décret du 10 mai 2017 acte la fin des CET et instaure les conseillers Entreprises pour l'école[144] (CEé). Ce dernier est désigné par son organisation professionnelle et nommé par le recteur d'académie. L'AFDET n'est plus sollicitée pour proposer des candidats aux nouvelles fonctions de CEé. Celles-ci sont considérablement réduites à l'aide à «l'information, l'aide à l'orientation et la découverte du monde économique et professionnel de la 6ème à la terminale». Les premières remontées des sections montrent que les branches professionnelles ne sont pas pressées de répondre aux demandes des académies pour proposer des candidats[145]. L'article détaillé consacré au conseillers de l'enseignement technologique et l'AFDET vise à approfondir cette tranche d'histoire.
L'AFDET et la certification professionnelle en blocs de compétences
modifierPour la première fois, en 2014, la notion de blocs de compétences est mentionnée dans un texte législatif, loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale (article l.6323-6-ii[146]). En 2015, sous l'impulsion de Michel Blachère, Françoise Amat, Françoise Berho, Yveline Ravary et Alain Mamessier, membres de l'AFDET, est engagée une étude sur la notion de blocs de compétences dans le système français de certification. Ce dernier est construit dans une logique d'acquisition d'une qualification complète basée sur les savoirs et les savoir-faire. L'étude interroge les acteurs de la certification professionnelle sur les relations entre blocs de compétences et certifications afin d'alléger la pratique d'acquisition de la qualification par ces blocs de compétences. Ce travail aboutit à un document AFDET-CEREQ publié en 2017 sous le titre «Les blocs de compétences dans le système français de certification professionnelle : un état des lieux»[147].
L'orientation des jeunes
modifierL'orientation des jeunes, toujours parmi ses premières préoccupations, est l'objet de nouvelles mesures. En juillet 2008, le ministère publie une circulaire pour mettre en place un parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF) au collège. L'AFDET mobilise ses sections pour suivre ces actions qui se mettent en place dans quelques collèges. En 2016 ce parcours devient le Parcours Avenir. Il vise à permettre à l'élève, dès ses premières années au collège, de commencer à emmagasiner des informations pour construire progressivement son orientation, pour choisir la voie qu'il souhaite emprunter à la fin du collège. Les enquêtes des sections montrent que les notes scolaires de l'élève continuent d'être le critère de son orientation. L'AFDET transmet au ministère de l'Education nationale ses recommandations : avoir un horaire dédié pour l'orientation, avec un contenu structuré et progressif, avec des professeurs formés pour encadrer les élèves. Ce n'est que dans les réformes ultérieures des années 2018 et au-delà que commenceront à percer ces idées de l'importance de l'orientation, basée sur une information construite tout au long de la scolarité au collège et au lycée prenant en compte toutes les potentialités du jeune[148].
XXIème siècle, les enjeux de réindustrialisation et qualifications, l'engagement de l'AFDET
modifier« La désindustrialisation française est un moment majeur de l’histoire et pourtant elle est couverte d’un halo de mystère. Elle a commencé dans les années 1970 mais s’est brutalement accélérée à l’aube des années 1970. Entre 1995 et 2015, le pays s’est vidé de près de la moitié de ses usines et du tiers de son emploi industriel. De nombreuses communes et vallées industrielles ont été rayées de la carte. Bouleversement comparable dans ses conséquences à l’exode rural des années 1960 ! », écrit Nicolas Dufourcq[149]. Si l’on en juge Louis Gallois dans son témoignage sur la désindustrialisation dans ce même ouvrage, « c’est le chemin de croix de l’industrie française de 1990 à 2016 », « le début de la prise de conscience de l’accélération de la désindustrialisation, c’est 2018 » avec le lancement du programme d’investissement d’avenir (PIA) en 2010, dont il a eu la charge en 2012 étant devenu commissaire à l’investissement, suivi du rapport Gallois en novembre, qui a eu un vrai impact, parce que l’opinion était enfin prête à l’entendre. Face à cette désindustrialisation qui frappe et fragilise les territoires, des politiques structurantes ont été prises. Ainsi ont été mises en place, à partir de 2014, la dynamique des Campus des Métiers et des Qualifications associant l’Education nationale, les régions et les acteurs économiques des filières pour développer les qualifications. Suivra en 2018 la dynamique nationale des territoires d’industrie initiée avec le Conseil national de l’industrie.
La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République, dite «loi Peillon» du nom du ministre qui l'a proposée, «prévoit de valoriser l'enseignement professionnel, notamment par le développement de Campus des métiers et des qualifications, permettant d'offrir, dans le cadre d'un partenariat renforcé entre l'Etat et la région, une large gamme de formations professionnelles, technologiques et générales, dans un champ professionnel déterminé. Chaque campus se forme en effet dans un domaine d'activité bien identifié, pôle de compétitivité régional, soutenu par la région. Le décret crée le label « campus des métiers et des qualifications » qui est délivré à un réseau d'acteurs mettant en œuvre ce partenariat. Le réseau peut regrouper, par voie de convention, des lycées généraux, technologiques ou professionnels, des centres de formation d'apprentis, des établissements d'enseignement supérieur, des organismes de formation continue, des entreprises, des laboratoires de recherche. Il offre des conditions d'hébergement et de vie sociale[150].
L'AFDET se félicite de la création du label Campus des Métiers et des Qualifications, et du processus conjoint de labellisation des projets de campus des métiers et des qualifications par le recteur d'académie et le président du conseil régional, après consultation du conseil académique de l'éducation nationale et du comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles. Le président de l’association, Alain Cadix (2016-2020), met l’accent sur cette priorité en indiquant le sens de son action : «L'AFDET doit indéfectiblement poursuivre sa mission qui est de contribuer à adapter notre dispositif d'enseignement technique dans sa diversité et son intégralité aux enjeux sociaux et économiques du pays et à le faire mieux connaître. Son action s'inscrit d'abord sur les territoires où la Loi déplace les responsabilités naguère détenues par l'Etat central. Il demeure que l'AFDET doit rester un interlocuteur incontournable des ministères et des organisations à vocation nationale. C'est pourquoi ses actions doivent rester coordonnées entre les différents niveaux »[151].
Cette période voit s'amorcer deux transformations majeures dans la voie professionnelle, dans lesquelles l’AFDET s’implique à ces différents niveaux : la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018 transformant les conditions de l'apprentissage, et conjointement la réforme des lycées professionnels, développant l’alternance et la complémentarité des deux voies de production de la qualification. Des débats existent sur la réalité de la rupture visée, comme l'exprime Vincent Troger dans une tribune du journal Le Monde du 24 septembre 2018 intitulée « La revalorisation de l’enseignement professionnel est un éternel recommencement »[152]. L’AFDET appuie ces initiatives, qu’elle appelle de ses vœux depuis longtemps, et fait des propositions d'amélioration. En 2020, elle engage une nouvelle politique face aux enjeux de la réindustrialisation et des qualifications qu’elle juge essentiels pour le pays.
La loi Avenir professionnel de 2018 transforme l'apprentissage
modifierElaborée par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel[153], dite loi Avenir professionnel[154], a représenté une césure pour l'apprentissage, en libérant la création et le développement de centres d'apprentissage[155]. Cette politique structurelle concernant l’apprentissage vise explicitement la désindustrialisation. Conjointement sont engagées aussi les réformes des lycées professionnels menées par le Ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dans les champs de l'apprentissage, de la formation et de l'orientation professionnelles. La loi du 5 septembre 2018 a également traité de l'orientation professionnelle, partagée entre l’Education nationale et les Régions. L’intervention sur ces transformations ont constitué les bases de l'action de l'AFDET dans cette période.
Ces trois grandes évolutions systémiques de la formation professionnelle en France sont analysées par l'AFDET en 2021-2022, trois ans après leur mise en œuvre. Ils font l'objet de rapports dans ces trois domaines de réforme : l'apprentissage, les lycées professionnels et l'orientation. Ces réformes sont analysées ici sous trois angles : leur élaboration, leur mise en œuvre trois ans après, et les propositions d'amélioration formulées par l'AFDET, complétées par le bilan dégagé par les partenaires sociaux. Des articles détaillés développeront dans ces trois domaines.
La transformation systémique de l'apprentissage, 99 ans après la loi Astier
modifierLes points clés de la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018
modifierLe rapport Sylvie Brunet a servi de document d'orientation[156] en novembre 2017 pour le débat parlementaire de la loi Avenir professionnel[157]. Il introduit le cadre de la loi votée le 5 septembre 2018. Depuis quelques années, note-t-il, notre pays, comme l’ensemble des pays de l’OCDE, est entré dans une troisième ère de transformation. La globalisation des marchés, le développement du numérique, de la robotique, la nécessité d’adapter les modes de production et de consommation à la préservation des ressources naturelles et au réchauffement climatique, entraînent une redistribution de la chaîne de valeur mondiale et une transformation des modes de production, de l’organisation du travail dans les entreprises et des compétences requises sur le marché du travail. Selon plusieurs études convergentes, environ 10% à 20% des emplois sont menacés de disparition par l’automatisation des tâches entraînée par la robotisation ou le numérique, autant seront créés, et 50% seront profondément transformés dans les dix ans qui viennent.
Face à cette troisième transformation, que l’on peut caractériser comme l’entrée dans l’économie de la connaissance, l’enjeu pour notre pays est triple : investir massivement dans la formation et les compétences, pour être collectivement capables de se hisser au sommet de la chaîne de valeur mondiale et d’impulser les changements de l’économie de la connaissance plutôt que les subir ; donner à chacun la liberté de choisir et la capacité de construire son parcours professionnel, pour créer ou saisir les différentes opportunités professionnelles qui se présentent ; protéger les plus vulnérables contre le manque ou l’obsolescence rapide des compétences et vaincre ainsi, enfin, le chômage de masse[156].
L'étude « les effets de la loi de 2018 sur le développement de l’apprentissage »[158] conduite par Roland Kastler, vice-président de l'AFDET, explique un des points clés de la loi. L’une des principales dispositions de la loi de 2018 est celle de l’organisation et de la gestion de l’Apprentissage dans le cadre de la libre ouverture des CFA et sections d’apprentissage, les Régions n’ayant plus le pouvoir juridique de contraindre à la création ou à la suppression de CFA, ni administrativement ni financièrement. Les CFA et sections d’apprentissage sont dès lors soumis au nombre et à la nature des contrats d’apprentissage proposés par les Entreprises, comme par leur capacité à intéresser et intégrer les jeunes apprenants par la qualité de leurs formations et services .
Cette loi a instauré la garantie de financement au contrat et supprimé les dispositions antérieures qui encadraient l’Apprentissage par des décisions administratives et financières arrêtées par les Régions quant à la création et au développement des CFA ainsi qu’à l’évolution année après année des formations par apprentissage (créations, fermetures, transformations). Ces décisions s’inscrivaient au demeurant dans le cadre d’une démarche préalable préparée par les Régions avec l’aide de l’Etat (Préfecture et Rectorat) en concertation avec les Branches professionnelles. Cette régulation avait comme objectif d’assurer cohérence et complémentarité entre la carte des formations par apprentissage et la carte des formations professionnelles initiales de même nature sous statut scolaire ou étudiant, puisque s’adressant aux mêmes publics et aux mêmes emplois visés.
Il s’agit donc de prendre désormais en compte les attendus de la loi de 2018 qui vise à développer en priorité l’Apprentissage et de manière massive en proposant aux jeunes de s’engager dans une voie de formation professionnelle alternative à la voie de formation professionnelle sous statut scolaire ou étudiante et ce, dans le cadre d’un contrat de travail de type particulier.[159] Ainsi, c’est la visée emploi qui est désormais encouragée en premier lieu, comme en témoignent les dispositions financières incitatives venant compléter la simplification administrative opérée en faveur de l’apprentissage plutôt qu’une concurrence «frontale» entre la voie de l’apprentissage et la voie professionnelle sous statut scolaire et étudiante qui serait désormais recherchée. Les différentes études du CEREQ sur les trente dernières années montre que la courbe d’évolution du nombre d’apprentis est parallèle et en synergie depuis 20 ans en France avec la courbe des emplois[160][161].
La position de l'AFDET dans l'élaboration de la réforme de l'apprentissage
modifierDans le cadre de la consultation sur la réforme de l’apprentissage, la mission d’étude, confiée à Sylvie Brunet par la ministre du travail Muriel Pénicaud, a auditionné l’AFDET le 11 janvier 2018. A la suite de la publication du rapport et des annonces gouvernementales par la ministre le 9 février, l’AFDET a adressé une note[162] à la ministre réaffirmant les principes fondateurs de l’apprentissage et mettant en évidence des points d’alerte pour maintenir l’apprentissage dans une logique de voie professionnelle initiale à égalité de valeur de la voie scolaire et sans créer d’ambiguïté avec le contrat de professionnalisation.
Pour la réforme de l’apprentissage, l’AFDET s'inspire des principes fondateurs suivants :
Inscription de l’apprentissage dans une véritable politique publique de formation professionnelle initiale répondant à une exigence éducative et à l’acquisition d’une véritable compétence professionnelle.
Organisation d’une offre de formation professionnelle initiale globale et cohérente dans une logique de territoire.
Sécurisation des parcours professionnels dès la formation initiale des jeunes en assurant la complémentarité entre l’apprentissage et la formation professionnelle sous statut scolaire ou étudiant.
Nécessité d’une adaptation rapide de l’offre de formation et de certification à l’évolution des besoins en compétences des entreprises.
Les points d’alerte notés par l'AFDET à ce stade de l'élaboration de la loi par la ministre du travail ont été pour partie pris en compte ultérieurement. Ainsi « le risque de ne pas prendre en compte la formation en alternance sous statut scolaire » a été entendu par le ministre de l'Education nationale. Il a profité de cette loi en élaboration pour engager la réforme des lycées professionnels et y inscrire notamment l'objectif de développer l'apprentissage dans les classes conjointement avec les élèves en alternance sous statut scolaire. L'objectif est d'atteindre cet apprentissage conjoint dans 50% des lycées professionnels dans un premier temps. L'apprentissage dans tous les lycées est le troisième des 12 points clés pour une voie professionnelle rénovée[163].
C'est aussi là une façon de parer au « risque d’installer une hiérarchie entre les voies de formation professionnelle initiale en faveur de l’apprentissage ». Plusieurs de ces 12 points sont une réponse à ce risque. Tout d'abord la création des Campus des Métiers et des Qualifications d'Excellence. Mais aussi la création d'un chef d'œuvre présenté au baccalauréat professionnel.
- « le risque de confondre dans un seul type de contrat, l’apprentissage, jusqu’ici considéré comme une des deux voies de formation professionnelle initiale (avec la voie scolaire) et le contrat de professionnalisation qui ne concerne ni les mêmes publics ni les mêmes objectifs ». Ce risque de confusion entre ces deux contrats de travail a été corrigé dans la loi.
L'AFDET détaille ses propositions à ce sujet. Elle demande « Un nouveau statut de l'apprenti » facilitant l’accès à l’apprentissage, notamment des jeunes avant 16 ans motivés par une formation en apprentissage auxquels les dispositifs de préapprentissage (DIMA, classes préprofessionnelles…) permettaient de répondre. Avec un accompagnement personnalisé et un référent pour chaque jeune. Le renforcement de l’information sur l’apprentissage et l'amélioration de l’orientation avec le Parcours Avenir et la responsabilité nouvelle des régions l'interrogent quant à sa mise en œuvre avec les équipes éducatives. La fluidité du parcours de formation de l'apprenti ou de l'alternant sous statut scolaire, avec la possibilité de changement de statut en cours de parcours est souhaité. A ce titre, l’AFDET soutient les solutions offertes par les Campus des métiers et des qualifications ou les lycées de métiers et plus largement par toutes les mises en réseau d’établissements. L’embauche d’apprentis tout au long de l’année par l'entreprise introduit de la souplesse nécessaire, ainsi que la prise en compte de la situation des jeunes dans la période préalable à la signature de leur contrat ou en rupture de contrat au-delà de 6 mois dans l’insertion professionnelle.
L’AFDET partage l’idée que l’entreprise est l’acteur fondamental du développement de l’apprentissage, de la formation par alternance et de la réussite des jeunes. A ce titre, elle souhaite rendre à terme nécessaire la certification des maîtres d’apprentissage, garantir la qualité pédagogique de l’offre de formation et la certification des CFA sous la responsabilité de la puissance publique, simplifier les procédures d’enregistrement du contrat, lever certains freins de nature organisationnelle et financière.
A propos de l'adaptation des formations par les CFA, l’AFDET souhaite que soient tranchées les options entre l’apprentissage au service de l’emploi et l‘apprentissage dans une logique de formation initiale à vocation éducative d'une part, et d'autre part éviter la confusion entre les contrats d'apprentissage à vocation éducative et certifiant, et les contrats de professionnalisation ayant vocation à insérer rapidement dans l'emploi. Ces deux formes de contrat ont leur pertinence et doivent coexister dans une logique de complémentarité[164], sans confusion. A propos du financement, l’AFDET approuve le souci de rendre le système plus simple, plus transparent et incitatif. Il est prévu que les régions disposent d’une dotation de 250 Millions d’euros pour l'apprentissage et d’une autre de 180 Millions d’euros par an pour les contrats de professionnalisation. Elle s'interroge, ces deux dotations seront-elles suffisantes pour répondre aux besoins des zones rurales ou sensibles et pallier l’absence de certaines branches aux niveaux national ou régional ? En raison du nombre de branches professionnelles et de la diversité de leur organisation, l’AFDET craint : une inégale implantation des CFA sur le territoire, une fragilisation des CFA interprofessionnels, une prise en compte insuffisante des besoins de formations transversales. Concernant l’offre de formation et de certification professionnelle, l'AFDET est globalement en phase avec les propositions du gouvernement qui reprennent pour une large part les réflexions contenues dans le dossier «les Blocs de compétences dans le système de certification français» produit en 2017 par l'AFDET en partenariat avec le CEREQ. L’organisation de passerelles, d’équivalences entre certifications devrait utiliser largement les blocs de compétences.
Bilan des 3 années de mises en œuvre et propositions d'amélioration de l'apprentissage par l'AFDET
modifierL'étude de l'AFDET intitulée « les effets de la loi de 2018 sur le développement de l’apprentissage »[158], publiée en juin 2021, produit une première analyse de la mise en œuvre de la loi, accompagnée de propositions d'amélioration, au regard des réalités au sein de différents territoires. Un document complémentaire sur le développement de l’apprentissage en lycées est annoncé. L'étude de l'AFDET formule sept propositions qui visent à être examinées dans leur globalité, et considérées de façon interactive, pour les évolutions de la loi dans le quinquennat 2022-2027.
Proposition n°1 : Pour une nécessaire adaptation des contenus et des durées de formation des apprentis selon leur âge. En France, c’est le choix de la certification professionnelle (diplôme professionnel (CAP, Bac Pro, BP, BTS), ou titre professionnel (délivré par les branches) qui détermine, notamment la durée du Contrat d’apprentissage.
Proposition n° 2 : Pour une nécessaire adaptation de l’organisation et des pratiques pédagogiques avec les apprentis selon leur âge et leur niveau d’autonomie : dates de recrutement, en septembre octobre pour les plus jeunes, tout au long de l'année pour les plus âgés avec des «sas» de formation en attendant la signature des contrats de travail.
Proposition n°3 : Pour une meilleure reconnaissance des Maîtres d’apprentissage.
Proposition n°4 : Pour une amélioration du dispositif de Certification Qualité des CFA. L’Apprentissage était considéré jusqu’en 2018 en premier lieu en tant qu’une voie de formation professionnelle initiale dans le cadre de Contrats de travail de type particulier (dit emploi-formation) sous une forme alternative à la voie professionnelle, scolaire ou étudiante (voir le Code de l’Education). Depuis 2018, il est considéré en premier lieu comme relevant du grand champ de « la formation professionnelle continue et de l’apprentissage » (voir le Code du Travail). Les deux démarches Qualité Qualiopi et Eduform relèvent donc de ces deux « cultures ». D'où le besoin d'évolution de la loi après évaluation.
Proposition n°5 : Pour une amélioration du Dispositif Inser Jeunes. il importe que les jeunes et leurs parents puissent disposer d'un nombre d'informations pertinentes et comparatives des résultats des CFA et des lycées.
Proposition n°6 : Pour une répartition de la taxe d’apprentissage qui ne pénalise pas les Formations professionnelles dispensées hors du cadre de l’apprentissage, part dite « hors quota » (essentiellement pour les formations professionnelles sous statut scolaire).
Proposition n° 7 : Pour une nouvelle fonction de concertation et de régulation -même relative- de la carte des formations professionnelles initiales par les Régions. L'AFDET propose d'Instaurer une concertation annuelle, associant les Partenaires sociaux, la Région et l’Etat (Préfet et Recteur académique) de chaque région pour cette gestion.
Un regard syndical sur les réformes de la période 2017-2022
modifierLes organisations syndicales CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, la CPME, l’U2P et le Medef ont réalisé un premier bilan de la loi 2018 en juillet 2021[165]. Pour les partenaires sociaux, « la valorisation de la voie professionnelle et le développement de l’apprentissage constituent une réussite indéniable » de la loi de 2018. Les chiffres de l’apprentissage en 2021 montrent 718 000 contrats d’apprentissage signés dans les secteurs privé et public[155].Toutefois, « des progrès restent à faire pour convaincre les entreprises et les salariés de s’investir conjointement dans le développement des compétences ». La crise sanitaire a notamment « mis en évidence le manque d’accompagnement des salariés et des entreprises face aux évolutions profondes et rapides des métiers ». Syndicats et organisations patronales formulent 49 mesures rassemblées en sept «thématiques stratégiques majeures» : alternance, compte personnel de formation, développement des compétences des salariés, simplification du système de certification, pilotage de la formation professionnelle, financement du système, et poursuite du chantier des transitions professionnelles.
Au 1 octobre 2021, les organisations syndicales publient un « accord-cadre national interprofessionnel pour adapter à des nouveaux enjeux la loi du 5 septembre 2018 »[166]. Ce document de 28 pages marque l’intention de peser collectivement dans le cadre du prochain quinquennat qui se prépare. Les partenaires sociaux reconnaissent les avancées en matière d’apprentissage de même que la démocratisation du compte personnel de formation. Cependant, «des progrès restent à faire pour permettre aux entreprises et aux salariés de s’investir conjointement dans le développement des compétences et des qualifications» soulignent-ils dans l’accord qui est désormais soumis à la signature des organisations professionnelles jusqu’au 15 novembre prochain.
Néanmoins des résistances syndicales à la loi de 2018 existent. Le syndicat de l'enseignement professionnel public, le de la FSU dénonce « L’apprentissage : plus que jamais un danger pour le Service Public d’Éducation »[167]. Critiquant la réforme qui « répond à une revendication régulière des organisations patronales en leur attribuant l’élaboration et la régulation des diplômes », il note que l’apprentissage « est désormais administré par les branches professionnelles. C’est une régulation du marché de la formation selon une logique d’offre et de demande. Cette loi instaure de fait, un système de concurrence entre les CFA privés et, les CFA publics et les lycées professionnels ». Il conclut « l’apprentissage tel que nous l’avons connu n’existe plus, ce système de formation a été totalement transformé pour permettre son développement dans les années à venir ».
Concernant l’enseignement professionnel initial, poursuit le SNUEP, le ministre Blanquer prépare les lycéen.nes à l’apprentissage par la mise en place des familles de métiers, «le développement de parcours adaptés» et «un accès à l’apprentissage dans tous les lycées professionnels» prévus par cette « réforme ». Avec la « transformation de la voie professionnelle scolaire », l’objectif, critique-t-il, est bien de « développer l’apprentissage à tous les niveaux, notamment dans les lycées professionnels à travers la mise en place du mixage des parcours et des publics, ainsi que dans l’enseignement supérieur grâce au développement d’un niveau de qualification court (diplôme d’établissement bac+1 labellisé « formation supérieure spécialisée ») dont le modèle économique devrait reposer sur les contrats d’apprentissage ».
Pour une régulation de la carte des formations professionnelles initiales
modifierFin 2021, plus de 3.000 organismes ou centres de formation opéraient par le biais du contrat d'apprentissage. Un chiffre qui aurait triplé depuis la loi "Avenir professionnel", selon la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). Couplée à une explosion du nombre d'effectifs d'apprentis, cette évolution a transformé l'équilibre des formations sur les territoires, posant la question de la concurrence entre filières[168].
Dans son livre blanc, « Vers une République de la confiance », Régions de France réclame la maîtrise de la carte des formations initiales de la voie professionnelle sous statut scolaire et par l'apprentissage[169]. Cette demande est appuyée par l'Association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET). D'utilité publique, cette association agréée par l'Éducation nationale, regroupant des acteurs du monde économique, de l'éducation et de la formation, invite également à une 'indispensable concertation visant la mise en cohérence, de l’évolution de la Carte des formations professionnelles initiales, scolaires, étudiantes'. Dans un rapport publié en juin 2021, elle recommande une concertation annuelle à l’échelle d’une instance spécifique, qui pourrait être, par exemple, le Crefop (Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles). Dans son rapport datant de mars 2022, l'association Inspecteurs de l’éducation sans frontières constate également que le pilotage régional des formations « évitait la concurrence ».
Certaines régions, bien que privées de la régulation du nombre de centres de formation d'apprentis, se montrent vigilantes quant à l'impact du développement de l’apprentissage sur les lycées professionnels. Compte tenu de l'attractivité de l'apprentissage, certaines régions s'intéressent au développement de l'apprentissage dans les lycées professionnels. «La question, maintenant, c'est de voir avec l'Éducation nationale comment certaines formations en voie scolaire pourraient s'ouvrir à l'apprentissage, pour maintenir l'offre sur le territoire et diversifier les voies de formation», estime Jérôme Baron[168]. De son côté, la Bourgogne Franche-Comté a lancé l'expérimentation «2+1», qui permet aux lycéens en bac professionnel d'effectuer une partie de leur formation en apprentissage, sans avoir à choisir entre les deux voies de formation. «Une réflexion s'impose sur le sort des lycées professionnels qui ne s'engageraient pas dans l'apprentissage pour au moins une partie des formations», estime aussi l'association IESF, pointant le risque qu'ils ne deviennent des établissements «accueillant uniquement des publics en difficulté». Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a manifesté l'ambition de faire «du lycée professionnel une voie d'excellence» en rémunérant les jeunes pour leurs périodes passées en stage. Mais il souhaite également faire le tri parmi les filières n'assurant pas de débouchés vers l'emploi[168].
Les réformes de la voie professionnelle scolaire et l'apprentissage
modifierC'est une caractéristique importante du renouvèlement souhaité de la formation professionnelle par le gouvernement, que les deux ministres en charge de la voie professionnelle soient associés dans cette réforme. D'une part la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui est à l'initiative de la loi Avenir professionnel transformant le système de l'apprentissage pour les adultes dans sa relation avec les entreprises et dans son financement. D'autre part le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, engagé parallèlement dans les réformes des lycées professionnels et de l'apprentissage en formation initiale [170]. C'est la première fois qu'existe cette unité des deux ministères autour d'un projet global de transformation. Dans cette mutation, l'initiative vient de l'extérieur de l'Education nationale, en même temps que cette dernière y a été étroitement associée dans différents volets de la réforme (apprentissage, orientation, ...). Chacun des ministères gardant ses prérogatives. Cette caractéristique, souhaitée par l'AFDET depuis sa création, est primordiale à ses yeux quant à pouvoir faire changer le système de la formation professionnelle en France.
Parallèlement à l'élaboration de la loi Avenir professionnel, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a confié une mission sur l'avenir de la voie professionnelle à une équipe menée par Céline Calvez, députée des Hauts-de-Seine, et Régis Marcon, chef étoilé. Le rapport « La voie professionnelle scolaire, Viser l’excellence »[171] a été remis au ministre le jeudi 22 février 2018. L'objectif de cette mission a été de « réfléchir à l'avenir de la voie professionnelle afin de la rendre plus attractive, de promouvoir la diversité des formes d'excellence, d'accroître son efficacité et de mieux accompagner les jeunes vers la réussite professionnelle ». Les principales propositions de la mission ont été reprises par le ministre.
Les principales étapes de la transformation de la voie professionnelle sont présentées par le Directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO), Jean-Marc Huart. A partir de la rentrée 2019, la classe de seconde rénovée est mise en place. Lieu d'innovation pédagogique avec la mise en place de la co-interventionentre des professeurs d'enseignement général et les professeurs des disciplines professionnelles, elle permet de mieux accompagner les élèves dans le choix d'orientation d'une part, et dans le choix spécifique du baccalauréat professionnel d'autre part. La seconde devient organisée en effet autour de familles de métiers[172]. A partir de la rentrée 2020, la classe de première est rénovée, puis la classe de terminale en 2021. Celle-ci propose des modules pour les élèves qui souhaitent poursuivre des études supérieures, et des modules d'insertion pour ceux qui souhaitent s'engager dans la vie active. L'attractivité de la voie professionnelle est développée par les campus des métiers et des qualifications devenant des lieux de formation et des lieux de vie, et d'innovation, dit le DGESCO. Ils regroupent des élèves, des apprentis et des étudiants. Ces campus fédèrent les acteurs d'un secteur professionnel dans le cadre d'un partenariat avec le monde professionnel et le conseil régional. Des campus d'excellence (CMQE), autour de cahiers des charges exigeants, renouvelleront à partir de 2021 les CMQ existants dans chaque académie.
Les points clés de la réforme sont résumés dans la page intitulée : Les 12 points clés de la réforme publiée par la Direction générale de l’enseignement scolaire. Elle précise que ces campus des métiers et des qualifications d'excellence, ancrés sur les territoires, seront constitués suite à des appels à projets dans le cadre de nouveaux Projets d'investissements d'avenir dotés de 50 MF en faveur de la voie professionnelle (PIA3). Le baccalauréat professionnel nécessitera la réalisation d'un chef d'œuvre[173]. L'apprentissage a vocation à être développé dans tous les lycées professionnels.
Le point de vue de l'AFDET dans l'élaboration de la réforme de la voie professionnelle scolaire
modifierPlusieurs sections AFDET ont suivi avec attention l'élaboration de la loi et des réformes du lycée professionnel en 2017 et 2018. Cela a donné lieu à des analyses et propositions adressées au ministre en 2018[174], à des publications[175] et à des séminaires et un colloque national le 21 novembre 2019[176].
Après la publication du rapport élaboré par Céline Calvez et Régis Marcon sur la réforme de la voie professionnelle scolaire, l'AFDET a adressé une note[174] au ministre de l’Education nationale datée du 19 mars 2018. Elle salue la volonté exprimée par le Ministre de transformer en profondeur la voie professionnelle et de le faire en lien avec la concertation sur l’apprentissage. Elle présente les principes qu’elle a toujours défendus d’une formation professionnelle scolaire intégrée dans un ensemble plus large associant l’apprentissage. Elle souligne l’intérêt d’aborder la question de la formation professionnelle initiale sans opposer ses deux voies d’accès (statut scolaire et apprentissage) mais plutôt en étroite complémentarité. Elle insiste pour que cette formation initiale soit comprise comme une première étape de la formation tout au long de la vie, la formation continue prenant le relais dans le parcours de vie professionnelle de l’individu.
L’AFDET propose une innovation majeure, celle d’un statut spécifique du jeune en formation professionnelle initiale scolaire. Elle propose, pour valoriser la voie professionnelle scolaire, de la situer à égalité avec la voie de formation initiale sous contrat de travail (apprentissage) en créant un statut spécifique pour le jeune de la voie professionnelle scolaire (hors contrat de travail), le valorisant par rapport aux autres lycéens.
Si l’AFDET est d’accord sur l’ensemble des thèmes abordés dans le rapport qui initie le processus d'élaboration de la loi, elle attire l’attention sur certains leviers dont la mise en place s’avère essentielle pour atteindre l’ambition d’une véritable transformation en profondeur, de la formation professionnelle scolaire. Ces points sont autant de références de la position de l'AFDET dans les débats concernant la mise en œuvre de la loi dans les domaines suivants.
Les débats sur la mise en œuvre de l'alternance sous toutes ses formes. Dans le cas du statut scolaire, l'AFDET souligne les points suivants : l'organisation et la préparation des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP), les relations entre les professeurs et tuteurs ou maître d'apprentissage et la pédagogie spécifique à l'alternance, les finalités de l'alternance et l'insertion professionnelle. La proposition de mise en place de modules en classe terminale est développée par l'AFDET, en distinguant les modules de préparation à l’entrée dans la vie active, à la poursuite d’études ou de spécialisation/approfondissement dans des cas spécifiques ou d'adaptation locales.
Les débats sur les parcours de formation, selon les secteurs d’activité et les familles de métiers. L'AFDET souhaite que soit facilitée la fluidité à trois niveaux au cours du parcours de formation : passage d’un statut de formation à un autre, passage d’un diplôme à un autre (même niveau ou non), reconnaissance des acquis à la sortie et avec la sécurisation des parcours. Ces débats sont reliés, pour les enseignants et les tuteurs ou maîtres d'apprentissage, à ceux sur les questions de mixité de statuts, de pédagogie de l'alternance, la place des enseignements généraux et des enseignements professionnels en rapport avec les diplômes professionnels de formation initiale dite de la co-intervention. Une évolution s’impose pour l’élaboration de leurs programmes (référentiels) mais aussi pour les pratiques pédagogiques qui doivent intégrer ces divers objectifs. L'AFDET insiste sur la démarche de projet, consubstantielle des formations professionnelles sous statut scolaire.
Le débat sur l'orientation des élèves. L’AFDET confirme la double finalité de la voie professionnelle initiale : permettre une insertion immédiate et l’accès à une formation de niveau supérieur. Du point de vue des élèves, elle propose que le passage obligatoire du jeune collégien par la « case entreprise » dépasse le strict stage de 3ème dont la durée et la portée limitées ne sauraient déterminer des choix de métiers. La découverte plus large du monde économique et du travail doit utiliser tout au long de la scolarité, toutes les ressources existantes et en particulier, inclure une approche territoriale.
L'encadrement pédagogique, comme le plaide de longue date l’AFDET, nécessite d’avoir des enseignants qui maîtrisent les savoirs, les savoirs faire et les savoir être relevant des métiers auxquels ils préparent ainsi que les codes des entreprises. Elle propose de diversifier le vivier de recrutement des enseignants en permettant plus facilement à des professionnels d’accéder à l’enseignement, et que la formation des enseignants leur donne une maîtrise de compétences pédagogiques adaptées aux diverses formes d’alternance, à la diversité des publics et à l’accompagnement individualisé des projets personnels des jeunes.
La voie technologique dans la réforme du lycée général et technologique
modifierL’AFDET est intervenue dans la réforme du lycée général et technologique en prenant acte de l’intérêt accordé à la voie technologique. Elle émet les préconisations suivantes :
L’organisation du système éducatif reste marquée par la hiérarchisation des séries au détriment notamment de la voie technologique. La voie générale est considérée le plus souvent comme la seule voie d’excellence. La voie technologique doit être positionnée à une place égale et son rôle majeur doit être reconnu dans son rôle spécifique.
La voie technologique associe le savoir et le faire, la conception et la réalisation ; elle oblige à soumettre les constructions intellectuelles à l’épreuve des faits. L’élève s’exerce au va et vient entre l’abstrait et le concret, le théorique et le pratique. Cela implique qu’elle ne soit ni exclusivement conceptuelle, ni exclusivement pratique. Sa spécificité technologique nécessite une diversité interne nécessaire basée sur de grands domaines.
Le projet relatif à la classe de seconde pour la voie industrielle où le seul horaire proposé d’une heure trente ne semble pas suffisant pour permettre de découvrir sa spécificité et sa diversité. La possibilité pour un élève de choisir, à titre dérogatoire, deux enseignements technologiques exploratoires doit devenir la règle ordinaire pour le domaine industriel.
Dans sa perspective d’élévation du niveau de qualification et de favoriser la mobilité professionnelle[177], il est important d'offrir aux bacheliers technologiques, dans la lignée de leurs études, l’accès aux différentes voies de l’enseignement supérieur sans les limiter aux seules sections de BTS : dans les Instituts universitaires technologiques, ou dans les classes préparatoires à option technologique.
L'impact de l'apprentissage dans les lycées, le point de vue des organisations syndicales
modifierLes résistances aux réformes du lycée professionnel sont diverses. Ainsi pour le secrétaire national SNUEP-FSU en charge des politiques éducatives, le rôle que le ministre assigne à la voie professionnelle est celui de « former des ouvrier.es et des employé.es 'tournes bouton'. Par ailleurs, la volonté globale du gouvernement de développer l’apprentissage, couplé à cette réforme de la voie professionnelle, est en train de transformer les lycées professionnels en « roue de secours » pour les contrats d’apprentissages rompus et pour les jeunes dont le patronat n’aura pas voulu s’occuper »[178]. En fait, les représentants des personnels sont partagés sur la réforme de la transformation de la voie professionnelle, engagée à la rentrée 2019. AEF Info fait le point en mars 2022 dans un article « Voie professionnelle : les syndicats enseignants évoquent une 'perte de sens de leur métier' au terme du quinquennat »[179].
Pour Olivier Beaufrère, secrétaire national éducation et pédagogie au SNPDEN-Unsa[180], Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale - Union nationale des syndicats autonomes, il s'agit d'un « projet important dans son ampleur », le lycée professionnel ayant été « pleinement animé par la transformation de la voie professionnelle ». « Sa mise en œuvre a toutefois été 'télescopée par la crise sanitaire', et nous avons 'besoin d’un cycle complet' afin 'de voir le fonctionnement d’ensemble' de la réforme pour en 'faire une analyse' et 'voir les leviers à actionner' pour l’affiner ». « La co-intervention permet une autre construction de l’équipe pédagogique, avec l’élève au cœur du dispositif ». « Le chef-d’œuvre est 'intéressant' en ce qu’il se concrétise, selon les familles de métiers, par la production d’un 'objet fini' ». Concernant les enseignants,« ils ont été interpellés par les programmes rénovés et les volumes horaires changés », admet Olivier Beaufrère. « Les 'temps de formation, d’accompagnement' que ces évolutions ont nécessité 'ont été là' », assure-t-il, et ce malgré le contexte sanitaire.
Pascal Vivier du Snetaa-FO[181], syndicat national de l'enseignement technique-Force ouvrière, « regrette le manque d’accompagnement et de formation des enseignants aux nouveautés introduites par la réforme ». Sur le fond, le représentant de la première organisation syndicale de la voie professionnelle juge que « la réforme a entraîné une 'vraie transformation de la pédagogie', notamment en passant de cours traditionnels à la co-intervention ». S''il n’y a donc pas eu de perte d’heures de cours', l’enseignant pointe toutefois le manque d’accompagnement, sur le terrain, aux 'pédagogies nouvelles'. À son sens, « la réforme s’est faite très vite, sans que les inspecteurs aient été formés eux-mêmes ». Pour ce chef d’établissement, « il nous faut encore du temps pour investir l’accompagnement personnalisé des élèves ». Aussi, il voit les PFMP, périodes de formation en milieu professionnel, « inchangées par la réforme, comme 'un levier à travailler' ». Le représentant du Snetaa poursuit : « Les différents aspects de la réforme ont été 'discutés, négociés, pour qu’elle ne nous soit pas négative en termes d’emplois' ». Aussi, il se montre satisfait qu’il y ait « autant d’ETP, Équivalents temps plein, qu’il y a 5 ans », alors que « la réforme initialement prévue par le ministre couplée à la refonte des grilles horaires devait conduire à la suppression de 1 800 emplois de PLP (Professeurs de lycée professionnel). En somme, "le taux d’encadrement est meilleur, mais on n’est pas plus heureux ».
Pour Axel Benoist, du Snuep-FSU[182], Syndicat national unitaire de l'enseignement professionnel-Fédération syndicale unitaire, « la réforme a fait l’objet d’un comité de suivi dont le fonctionnement est 'une vitrine' où seules les 'choses positives sont montrées' ». « Entre la "dégradation des conditions de travail des PLP et d’étude des élèves", c’est 'plutôt un mauvais bilan' », indique Axel Benoist, co-secrétaire général du Snuep-FSU. Selon lui, « Jean-Michel Blanquer n’a pas écouté les acteurs de terrain, tentant de 'mettre les représentants des personnels sur la touche'. 'Nous n’avons pas été confortés par ce ministre pendant le quinquennat', regrette-t-il ». Le sondage conduit par Harris Interactive pour le Snuep indique : « Les enseignants ont 'le sentiment d’une diminution horaire qui ne leur permet plus d’atteindre les objectifs de formation donnés par les programmes et référentiels' », rapporte Axel Benoist, qui complète : « La transformation de la voie professionnelle repose sur des dispositifs dont les PLP 'ne sont toujours pas convaincus', 'si à peine la moitié des PLP apprécient la co-intervention, un quart seulement est satisfait du chef-d’œuvre et des familles de métier' ». Concernant l'indemnité de professeur principal, nomination de professeur principal en Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté) et deux professeurs principaux en terminale, obtention de la VAEP (certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive), sur l’ensemble du quinquennat, le représentant du Snetaa reconnaît l’obtention de 'petites améliorations', y compris salariales. Mais, tempère-t-il, « on ne peut que regretter le gel du point d’indice et l’absence de revalorisation pour les professeurs ».
Philippe Dauriac de la CGT Educ’action[183] note que « l'’empilement' de nouveaux dispositifs 'contribue' à 'la perte de sens du métier' ». « Notre bilan est très sévère», indique le secrétaire national de la CGT Educ’action. Pour le représentant de la 2e organisation syndicale dans la voie professionnelle, «derrière le slogan d’une voie professionnelle 'd’excellence et d’avenir', Jean-Michel Blanquer a poursuivi le démantèlement de l’enseignement professionnel sous statut scolaire». L’introduction des deux nouveautés, la co-intervention et le chef d'oeuvre, « consacre la vision utilitariste du français et des mathématiques ». « La 'diminution drastique' des heures d’enseignement disciplinaires liée aux nouvelles grilles horaires appauvrit 'les contenus de formations' », balaie Philippe Dauriac.
D'un point de vue plus global, aux termes de son enquête, AEF Info note « un manque d'attractivité persistant » : « du côté des élèves, la réforme n’a pas suffi à enrayer la baisse des effectifs. Pascal Vivier, du Snetaa-FO, fait état de 30 000 lycéens professionnels en moins en 5 ans. Pour expliquer cette évolution, outre une 'sur-orientation vers le lycée général et technologique', il pointe le 'manque d’appétence des familles et des élèves' pour cette voie qu’il rapproche de l’absence de création de diplôme. 'Nous n’avons eu que des rénovations alors que France Compétences a validé 1 400 certifications au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), profitant en creux à l’apprentissage », regrette-t-il. « Il ne faudrait pas oublier la place des lycées dans l’apprentissage », renchérit Olivier Beaufrère du SNPDEN-Unsa. L’attention portée à la réforme du baccalauréat professionnel a peut-être entraîné un délaissement de l’apprentissage, interroge-t-il en substance. Or, pour lui, « il est important que, parallèlement aux CFA, le lycée reste central dans l’apprentissage ». Une position que ne partage pas le représentant de la CGT, Philippe Dauriac : « L’apprentissage se développe dans les EPLE par la mixité des publics », « un non-sens pédagogique qui conduit à l’annualisation de nos services et fragilise le statut ». Aussi, voit-il deux « freins importants » à son développement infra bac : « absence d’entreprise pour l’accueil selon les territoires et réticences du patronat à recruter des jeunes non productifs pour l’entreprise ». « La volonté de développer l’apprentissage au niveau du CAP et bac au détriment de la voie scolaire est une impasse », résume-t-il.
De même l'enquête d'AEF Info traduit « une perte de sens unanime ». Après 'les gilets jaunes, les stylos rouges et deux ans de pandémies', « les enseignants de LP sont éreintés », dit Pascal Vivier, évoquant leur 'perte de sens total de leur métier'. « D’après le sondage du Snuep, les enseignants considèrent, à 66 %, que les dispositifs de la réforme génèrent une perte de sens du métier. Ils éprouvent 'un manque criant de reconnaissance et d’écoute de l’éducation nationale », complète Axel Benoist. Selon lui, les élèves évoquent également « une diminution de sens ».
L'enquête souligne en conclusion : « Perçu par la société dans son ensemble comme 'un lycée de la relégation', 'l’enseignement professionnel ne survivra pas si on le laisse en l’état', met en garde Pascal Vivier. À son sens, il faut désormais 'une vraie réforme, pas une contre-réforme', conduite 'avec les professeurs'. 'Pour que les choses se mettent en œuvre, il faut travailler avec la profession et mieux prendre en compte ce qu’on porte', renchérit Axel Benoist ».
Analyse AFDET et propositions d'amélioration de la voie professionnelle scolaire trois ans après
modifierL'analyse de l'étude de l'AFDET sur l'évolution de la mise en œuvre de la réforme de la voie professionnelle scolaire et ses propositions d'amélioration est précisée dans l'{{Article détaillé|Réformes de la voie professionnelle scolaire et apprentissage}}.
La formation des maîtres et des formateurs des enseignements technologiques et professionnels
Si des principes analogues à tous les types de formation doivent être respectés et si une culture commune doit être dispensé à tous les enseignants, des solutions spécifiques aux domaines technologique et professionnel sont à mettre en œuvre. L’AFDET dans ses préconisations propose des mesures indispensables pour la qualité des formations professionnelles et technologiques des jeunes et des adultes dans leurs diverses voies[184].
Les réformes de l'orientation et l'AFDET
modifier{{Article détaillé|L'AFDET et les réformes de l'orientation}}
La commission Orientation, pilotée par Roland Kastler, a émis son Projet de rapport de l'AFDET sur l’information sur les métiers et l’orientation[185] en juillet 2022. Historiquement l'AFDET s'est beaucoup investie depuis son origine dans la réalisation d'une politique de l'orientation professionnelle comme le montrent les sections qui lui sont consacrées dans l'article. Notons à cet égard la création du Haut Comité de l'orientation et de la formation professionnelle et exposé des motifs de la loi du 7 janvier 1959[186]. Les propositions de l'AFDET sont formulées en novembre 2013[187]. L'AFDET a pris position en 2014 sur l’information et l’orientation des jeunes à tous les niveaux de la scolarisation et en particulier au collège, « Pour réussir au collège le renforcement de la compétence à s’orienter et le développement d’une culture économique et de l’esprit d’entreprendre» : les conditions du succès[188].
La réindustrialisation engagée en France et les politiques de l'AFDET
modifierC’est avec la crise du Covid 19 que s’est opérée la prise de conscience massive des dégâts de la désindustrialisation, déjà connus sur l'emploi, mais touchant alors la souveraineté du pays. Le changement engagé est indiqué dans le document d'orientation de 2017. Ce tournant semble avoir ouvert en France une nouvelle phase longue de renaissance industrielle, appelée de ses vœux par de nombreuses personnalités comme Louis Gallois, ou l'UIMM interpellant le gouvernement par ses «15 propositions pour le quinquennat 2022-2027 - La réindustrialisation de la France doit devenir une priorité nationale».
La part de l'emploi industriel dans la totalité des emplois en France est passée de 29% en 1975 à 13% en 2019, induisant la perte de près de 3 millions d’emplois (Source : INSEE) aggravant les fractures sociales et territoriales[189]. En conclusion de la Conférence nationale de l’industrie en 2011, une sonnette d'alarme avait déjà retenti : « L’industrie française atteint aujourd’hui un seuil critique, au-delà duquel elle est menacée de déstructuration ». Réindustrialisation et qualifications, ces deux besoins fondamentaux semble bien structurer dès lors un nouvel horizon pour la France après les 40 dernières années de désindustrialisation[190].
Au début de l'année 2020, alors que la crise sanitaire mondiale du covid 19 faisait prendre conscience massivement du besoin de réindustrialisation en France, l'AFDET y a répondu par la proposition d'une nouvelle politique intitulée Qualifications Campus Territoires d'industrie. Cette stratégie a été validée par le nouveau conseil d'administration élu le 15 octobre 2020 et l'élection du nouveau président de l'AFDET, Philippe Dole. Le cinquième chapitre présente la politique de l'AFDET et le début de sa mise en œuvre sur les territoires dans le cadre du plan de relance 2020-2022 de 100 milliards d’euros, France Relance, mené par le gouvernement Jean Castex.
Cette tendance majeure est à l'origine de plusieurs décisions gouvernementales stratégiques : la création des Campus des métiers et des qualifications en 2013, les réformes structurelles de l'apprentissage et de la voie professionnelle avec la loi Avenir professionnel de septembre 2018 et la réforme des lycées professionnels, la construction des Territoires d'industrie engagée en 2018.
Cette succession de changements fondamentaux ouvrent de nouveaux horizons dont l'AFDET s'est emparée en proposant en 2020 une nouvelle politique intitulée Qualifications Campus Territoires d'industrie (QCTI), proposée par Bruno Racine, secrétaire de la section AFDET de Paris, à laquelle Philippe Dole a donné immédiatement son appui avec le Président Alain Cadix. L'élection de Philippe Dole comme président de l'AFDET, en succédant à Alain Cadix qui ne se représentait pas à l'Assemblée Générale du 31 septembre 2020 et au CA du 15 octobre a validé cette politique. Cette dernière vise à stimuler la production de nouvelles qualifications demandées par les entreprises sur les territoires, en contribuant à faire converger les deux dynamiques nationales, celle des Campus des Métiers et des Qualifications créée par le ministre de l'Education nationale en partenariat avec les Régions, et celle des Territoires d'industrie initiée en 2018 par les ministères de l'Economie et des Finances et celui de l'Industrie avec les Régions, les collectivités territoriales et les tissus économiques locaux. L'AFDET présentait début 2022 au cabinet du ministre de l'économie et des finances, Bruno Le Maire, un démonstrateur de cette politique visant à s'inscrire dans le projet France 2030. L'AFDET accompagne d'autre part cette politique par son action auprès des jeunes en difficulté avec le projet de Mentorat qu'elle anime dans le cadre du projet national 1 jeune, 1 solution de France Relance.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, par son annonce du 12 octobre 2021, engageait la réindustrialisation du pays avec le plan d'investissements France 2030. Ces perspectives, appuyées par l'UIMM interpellant le gouvernement par ses « 15 propositions pour le quinquennat 2022-2027 - La réindustrialisation de la France doit devenir une priorité nationale », semblent engager une perspective durable en ce sens.
Dynamiques nationales de développement et réindustrialisation territoriale
modifierEn novembre 2012 est rendu public le Pacte pour la compétitivité de l'industrie française, également appelé rapport Gallois, que le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, a confié à Louis Gallois. Dans sa lettre de mission datant du 11 juillet 2012, l'objectif est de « préparer un pacte productif ambitieux en faveur de la compétitivité de notre industrie» pour « mettre en œuvre des mesures fortes permettant de lever les freins à notre compétitivité ». Selon le rapport : « La reconquête de la compétitivité industrielle doit donc être considérée comme la priorité économique de notre pays, elle conditionne tout le reste ». Dans cette perspective, l’État lui-même doit jouer un rôle de stratège, d’éclaireur de l’avenir indique le rapport par sa Proposition 3 : créer un Commissariat général à la stratégie et à la prospective, lieu d’expertise et de dialogue social. Le Commissariat général à l'investissement, créé en vue du pilotage du Programme d’investissements d’avenir et chargé de veiller à la cohérence de la politique d’investissement de l’État[191] devrait avoir trois priorités techniques et industrielles , dont la Proposition 20 : donner au Commissariat général à l'investissement la mission de porter trois priorités techniques et industrielles : (1) les technologies génériques, (2) la santé et l’économie du vivant et (3) la transition énergétique.
Parmi les propositions, le rapport Gallois appelle à «une formation répondant aux besoins de l’industrie». Plus précisément, certaines propositions correspondent aux souhaits de l'AFDET. Proposition 14 : systématiser la présence des entreprises dans la gouvernance de l’enseignement technique et professionnel au niveau des établissements (Conseils d’administration), des Régions (établissement des cartes de formation) et au niveau national. Proposition 15 : doubler le nombre de formations en alternance sur la durée du quinquennat. La formation continue, trop focalisée sur l’adaptation des salariés à leur poste de travail, devrait être plus orientée vers le développement de leurs capacités et de leur potentiel d’emploi. Tout salarié devrait pouvoir progresser d’au moins un niveau de qualification au cours de sa vie active. Dans sa Proposition 13, il est recommandé de donner aux Régions la responsabilité de coordonner l’action des différentes structures régionales chargées de promouvoir l’innovation et le développement de l’industrie, ainsi que d’animer le dialogue social.
Par ailleurs, avec la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République, sont créés les campus des métiers et des qualifications (CMQ). La gouvernance des campus, avec les filières économiques concernées, est partagée entre le ministère de l'Education nationale et ses représentants académiques, et les conseils régionaux. Comme le précise l'Arrêté du 26 septembre 2019 Relatif au cahier des charges national pour l’obtention ou le renouvellement du label « campus des métiers et des qualifications[192]», un comité d’orientation stratégique des campus de la région est composé du recteur de région académique-chancelier des universités ou de son représentant, du président du conseil régional ou de son représentant, d’un représentant des filières économiques concernées, du chef de l’établissement support (ou du représentant de la structure juridique porteuse, le cas échéant) et du directeur opérationnel de chaque campus. Il se réunit une fois par an. Ce faisant, les CMQ contribuent au développement territorial par la formation des qualifications des jeunes en formation initiale et des moins jeunes en formation continue dans les filières dans lesquelles ils agissent avec leur établissement support et le réseau d'établissements associés.
Le numéro 3 de la revue Avenirs professionnels de l'AFDET titre «Les CMQ structurent l'offre de formation» en précisant en quoi les campus des métiers et des qualifications se veulent un principe structurant de l'offre de formation territoriale ou nationale[193]. Offre de formation parfaitement ancrée dans les besoins économiques du territoire, parfaitement identifiés, qualifiés et stratégiques, les CMQ doivent contribuer, aux termes du cahier des charges de labellisation, à la transformation de la voie professionnelle, à l'élévation du niveau de qualification des élèves, apprentis, étudiants, à l'amélioration de leur insertion professionnelle par les liens qu'ils tissent avec les entreprises, et conséquemment au développement socio-économique du territoire dans un secteur déterminé. 11 critères de labellisation d'un CMQ sont précisés, auxquels sont rajoutés les critères des campus des métiers et des qualifications d'Excellence[192] définis par arrêté du 6 septembre 2019 .
Le 22 novembre 2018, le Premier Ministre, Edouard Philippe, annonçait la mise en place d'une nouvelle dynamique nationale, le programme des Territoires d'industrie[194]. Préparés dès novembre 2017 autour du Conseil National de l'Industrie, par les ministères de l'économie, de l'industrie et de la cohésion territoriale, avec les Régions, les entreprises et les collectivités territoriales, le programme réunissait à cette date 124 territoires d'industrie. Chacun est constitué de deux référents industriels, des représentants des collectivités locales et de l'Etat sur les bassins économiques identifiés pour leur potentiel industriel. Ils sont pilotés au niveau des régions par les représentants des Conseils régionaux. Le programme des Territoires d'industrie a publié le 2 janvier 2020 un guide méthodologique pour accélérer le développement des territoires à forte dimension industrielle [195]. Un bilan à trois ans a été publié en octobre 2021 préparant une prolongation du dispositif jusqu'en 2026[196].
Initiative Qualifications Campus Territoires d’Industrie de l’AFDET
modifierDe l'idée de la stratégie Qualifications Campus Territoires d’Industrie ...
modifierEn avril 2020, alors que la crise sanitaire mondiale du covid 19 commençait, Bruno Racine, secrétaire de la section de Paris de l'AFDET, prenait connaissance de l'existence du programme Territoires d'industrie. Son expérience professionnelle depuis 30 ans dans le champ des relations école entreprise et du développement territorial dans les réseaux associatifs de la DATAR (délégation à l'aménagement des territoires et de l'action régionale) lui a permis de prendre immédiatement conscience du lien entre les besoins de qualification des territoires, les capacités des CMQ et de leurs réseaux d'établissements de formation professionnelle de production de ces qualifications, et de leur potentiel de réponse en matière d'ingénierie des compétences à la demande des entreprises et des projets des territoires d'industrie. C'est ainsi qu'est née l'idée et la proposition d'une stratégie pour l'AFDET visant à favoriser le développement des qualifications pouvant répondre aux besoins et des demandes des Territoires d'industrie avec les Campus et les réseaux d'établissements de formation. Cette idée et cette stratégie ont été immédiatement partagées par Philippe Dole, puis par Alain Cadix, Président de l'AFDET. Ce dernier, qui ne se représentait pas à la présidence de l'association, invita les délégués régionaux AFDET à ce qu'au moins trois régions échangent sur la proposition intitulée projet Qualifications Campus Territoires d'industrie (QCTI) expliqué dans l'article de Bruno Racine dans le numéro 3 de 2020 dans la revue Avenirs professionnels[197].
Les trois premiers comités régionaux AFDET qui se sont inscris dans cet échange furent ceux de Normandie, Occitanie ouest et Pays de la Loire. Ces échanges permirent de préciser les fondements du projet basés sur l'analyse des données, collectées région par région, des projets des Territoires d'industrie et de la connaissance des orientations des CMQ. Ces éléments constituent les fiches binômes CMQ - TI réalisées pour chaque région. Cette base de données régionalisées ont montré les convergences potentielles entre les projets des TI dans le domaine des Ressources Humaines (construction de Gestion Prévisionnelle Emplois Compétences sur les Territoires - GPECT, recherche de qualifications dans tels domaines, construction de CMQ sur telle filière, ...) et les capacités des CMQ et de leurs réseaux écoles entreprises. L'Assemblée générale de l'AFDET se tint le 30 septembre 2020 avec les élections pour le renouvellement du Conseil d'administration, où furent élus Philippe Dole et Bruno Racine, initiateurs de cette politique nouvelle. Le 15 octobre le Conseil d'administration a élu Philippe Dole, comme nouveau Président de l'AFDET[198], successeur d'Alain Cadix. Cette élection valida ainsi le projet QCTI, comme projet de l'AFDET. Le Président nomma Bruno Racine, Délégué national AFDET en charge des Campus des métiers et des qualifications et du projet Qualifications Campus Territoires d'industrie. Celui-ci devint ainsi le projet de l'AFDET, dans le contexte de la prise conscience progressive des manques en matière de souveraineté dans le domaine de la santé et de l'urgence de la réindustrialisation en France.
Le programme structuré d'actions annoncé dans le numéro d'octobre 2020 de la revue[197] commença rapidement à se mettre en place. Le 9 décembre 2020 l’AFDET organisa une première Rencontre nationale de travail AFDET - CMQ en visio conférence. Elle rassembla une quinzaine de référents Campus désignés par les délégués régionaux de l’AFDET d’une dizaine de régions, et une dizaine de directeur.trice.s opérationnel.le.s de CMQ de quelques grandes filières (Construction, Mobilités et industrie du futur, Transport-Logistique, Textile Mode Cuir). Pour l’AFDET, il s’agissait de mieux identifier et caractériser ses relations de travail avec les Campus par région pour les amplifier ; pour les directeurs opérationnels, l’intérêt était aussi de mieux connaitre l’AFDET, ce qu’elle peut leur apporter et exprimer en retour leurs besoins et attentes à cet égard.
Les perspectives dans lesquelles s’inscrit l'AFDET ont été présentées dans l'introduction de cette rencontre nationale par son nouveau Président, Philippe Dole. «Dans le contexte de la grave situation économique et sociale à laquelle conduit la crise sanitaire, l’AFDET a pris deux orientations stratégiques : une proposition dans le cadre du futur PIA 4, Programme d’Investissement d’Avenir, de faciliter le rapprochement des Campus et des Territoires d’industrie pour favoriser les besoins de qualifications des jeunes notamment ; et liée à celle-ci, contribuer, à notre place, au travail engagé par les plateformes territoriales de transitions collectives annoncées par le Ministère du travail et de l’insertion professionnelle» sur les bassins de type Territoires d’industrie, pour éviter le chômage aux personnes touchées dans leur emploi grâce à l’organisation de transitions professionnelles. «L’objectif dans ce chemin est de pouvoir apporter notre appui avec vous, avec d’autres, dans le cadre des enjeux qui sont devant nous». Cette rencontre de travail nationale réunissant l’AFDET et des campus des métiers et des qualifications constitue une première marche dans ce chemin.
... à la mise en œuvre de la politique Qualifications Campus Territoires d'Industrie
modifierLa deuxième étape dans la mise en œuvre de la politique Qualifications Campus Territoires d'Industrie a été de construire tout au long de l'année 2021 un démonstrateur de cette politique QCTI en répondant à un appel à projets générique du PIA intitulé «Accompagnement et transformation des filières»[199]. L’action «Accompagnement et transformation des filières» du Programme d’investissements d’avenir vise à renforcer la compétitivité des filières stratégiques françaises par l’innovation, en particulier en soutenant la mise en place de plateformes numériques dans les filières, ainsi que des initiatives de mutualisation et de partage de données destinées au développement de traitement de données qu’elles soient spécifiques à une filière ou non. Parmi les nombreux domaines dans lesquels ces initiatives de mutualisation et de transformation des filières pouvaient être prises, l'AFDET choisit le domaine de l'accompagnement au développement des compétences et des qualifications qui est le sien, et plus globalement celui des Ressources Humaines. L'appel à projets concernant une ou plusieurs filières, la proposition de l'AFDET concernait d'une façon indistincte l'ensemble des filières présentes dans les territoires, et plus spécifiquement les filières stratégiques telles que définies dans les PIA 4[200]. Conformément à sa stratégie Qualifications Campus Territoires d'Industrie, l'AFDET spécifia sa proposition d'accompagnement RH à destination des partenaires des filières dans un ancrage dans les territoires, et plus spécifiquement dans les Territoires d'industrie. Le projet PIA 4 qu'elle propose aux acteurs des territoires s'intitule ainsi Accompagnement RH de la transformation des filières dans les Territoires d’industrie.
L’offre de l’AFDET (au travers de ce PIA 4 ou d’autres projets de ce type) s’adresse aux acteurs économiques et aux acteurs éducatifs et de formation des territoires. Elle vise à contribuer à la transformation des filières stratégiques des territoires (et notamment des Territoires d’Industrie) par l’accompagnement à l’orientation des jeunes, ou à l’évolution des compétences et des formations par un appui en matière d’ingénierie des ressources humaines. Cette offre concerne les CMQ et leur réseau d’établissements, les CFA industriel, des filières ou à des groupements d’entreprises, et les Territoires d’Industrie, par le rapprochement qu’elle facilite entre les tissus éducatifs et économiques. Elle contribue à la résorption des métiers en tension et à l’accompagnement des personnes dans les dispositifs de transitions collectives mises en place par le ministère du Travail.
Au cours de l’année 2021, l’AFDET et les comités régionaux des deux régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine ont présenté le projet de PIA 4 et tissé des liens d'une part avec la Mission éducation économie et campus du ministère de l'Education nationale[201] regroupant les CMQ, et d'autre part avec les académies de ces régions. De même se sont tissées au cours de ces présentations des relations avec l'Assemblée des Communautés de France (AdCF) et avec la Délégation aux Territoires d'Industrie. L’offre de l’AFDET a rencontré l’intérêt de plusieurs Territoires d’Industrie pilotes associés à des Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence. D’une part le Territoire d’Industrie pilote Lacq-Pau-Tarbes, à cheval sur les deux régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie, est porteur d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences territoriale (GPECT). Il est associé au CMQ de la Transition énergétique de Tarbes. D’autre part le Territoire d’Industrie pilote Aurillac-Figeac-Rodez, à cheval sur les deux régions Occitanie et Auvergne Rhône-Alpes, porte également une GPECT et est associé au CMQ d’Excellence de la filière Industrie du futur de Decazeville. Le TI et le CMQ sont associés au cluster d’entreprises Mecanic Vallée, regroupant environ 200 entreprises. Ces deux Territoires d'industrie ont adressé des lettres de soutien officielles au projet de PIA.
Des groupements d'entreprises (Aerospace Valley, GIFAS, ...) ont manifesté leur intérêt pour cette démarche, mais les seuils financiers (2 millions d'euros) demandés aux entreprises pour participer à ce PIA4 les ont dissuadé de s'engager. L'AFDET n'a pu déposer le projet à la date finale de dépôt de novembre 2021. Néanmoins, le contexte ayant évolué avec l'annonce par le Président de la République en octobre 2021 du plan d'investissements France 2030, l'AFDET s'est adressé au Ministre de l'économie et des finances, Bruno Le Maire, le sollicitant pour une présentation du projet Accompagnement RH de la transformation des filières dans les Territoires d’industrie. Avec le soutien officiel des deux Territoires d'industrie pilotes, associés aux CMQ d'Excellence dans les filières stratégiques de ce plan, un rendez-vous fut pris avec le cabinet. Le 8 février 2022, l'AFDET présenta au représentant du cabinet du ministre, conseiller Industrie 4.0, Europe, Territoires et Attractivité, et à celui de la Délégation aux Territoires d'Industrie le démonstrateur de cette politique QCTI.
Dans sa lettre du 1er mars 2022 de compte-rendu de cet entretien à l'intention du Conseiller, le Président Philippe Dole écrit : « Ainsi en 2021, avons-nous démontré la capacité d’initier sur les territoires le rapprochement Campus des métiers et des qualifications d'excellence et Territoires d’industrie pilotes, par le projet Accompagnement RH de la transformation des filières dans les Territoires d’industrie. Nous prolongeons en 2022 cette première étape en mettant en place des communautés RH sur le bassin Lacq-Pau-Tarbes reliant les établissements de formation et les entreprises pour produire les compétences et les qualifications au plus près des besoins. Dans cette perspective, l’AFDET renforce sa capacité d’ingénierie des compétences et d’interventions territoriales pour appuyer les CMQ dans leur réponse aux appels à projets Compétences et Métiers d’Avenir. De même nous appuyons un CFAI dans sa réponse à l’appel à projets « Territoires d’Industrie 4.0 : anticiper les compétences de demain » dans les filières stratégiques de son territoire, le nucléaire et l’industrie agroalimentaire notamment ».
Un bilan à trois ans du programme Territoires d'industrie ouvre la prolongation du dispositif
modifierÀ l’occasion des trois ans du dispositif Territoires d'industrie, le gouvernement, les associations régions de France et AdCF ainsi que France industrie ont publié un document [196] dressant un « point d’étape » de cette « usine à projets au cœur de la relance ». Le quotidien d’information des élus locaux, Maire info, du 13 octobre 2021 fait part de ce bilan à trois ans, sous le titre «Vers une prolongation du dispositif Territoires d'industrie»[202]. Ce programme « consiste à faire coopérer les pouvoirs publics (Etat, régions, intercommunalités, opérateurs publics) et les industriels d’un même territoire pour établir un diagnostic, élaborer une feuille de route et apporter des solutions concrètes et adaptées aux besoins du terrain et cohérentes avec les priorités de développement régionales». Il précise que quelques 1 800 projets ont été traités, avec cette année 1,3 milliard d’euros investis en soutien par l’État, en comptant les crédits accordés dans le cadre de France relance[203] et de France 2030[204]. Le document rappelle que le programme est articulé autour d’une méthode « originale et partenariale » : en effet, après l’identification des territoires concernés, la démarche consiste à gérer le programme de façon « décentralisée et déconcentrée », sous la houlette d’un « binôme élus/acteurs industriels ». Thierry Badel, au nom de l’AdCF (Assemblée des Communautés de France), explique dans le document que « l’élu est le plus souvent le vice-président délégué au développement économique de l’intercommunalité. L’industriel quant à lui, est choisi par l’élu et son équipe. (…) L’élu peut mettre autour de la table tous les acteurs du développement économique : son administration, les représentants de la région, de l’État… ce qui permet de trouver des solutions plus rapidement pour les industriels du territoire». Ces « binômes » ont élaboré « plus de 1 800 projets » en trois ans, précise le gouvernement, avec une forte implication des acteurs publics, puisque ceux-ci sont porteurs de 55 % des projets.
Côté financement, au bilan, le gouvernement a mis 884 millions d’euros dans la corbeille, les régions 569 millions d’euros, et les « opérateurs partenaires » (Ademe, Banque des territoires, BPI France…), 481 millions d’euros. Avec, à la clé, un peu plus de 27 000 créations d’emploi prévues. 209 dossiers concernent des projets de relocalisation et 82 des projets de formation et de « développement de compétences ». Environ un quart des projets soutenus ont « un impact sur la transition écologique » (énergies vertes, production de produits biosourcés, etc.).
Les réactions des acteurs du projet sont analysées. Le bilan publié par le gouvernement fait également état d’un assez important degré de satisfaction des lauréats quant à l’efficacité du dispositif Territoires d’industrie : 72% des lauréats estiment que le processus est « simple » et 88% « ont trouvé le délai de réponse rapide ou convenable ». La présidente de la région Bourgogne Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, explique cet engouement par le fait que le dispositif « s’appuie sur une bonne méthode que nous aimerions voir appliquée plus largement au service de la relance et, demain, du plan d’investissement France 2030. Une méthode fondée sur la confiance, où la décision est prise au plus près du terrain, entre la région et les services de l’État, en responsabilisant les acteurs locaux, élus et industriels, car ce sont eux qui connaissent le mieux les spécificités et les besoins de leur territoire. »
Après son entretien avec le cabinet du Ministre de l'économie et des finances validant le démonstrateur de sa politique QCTI, l'AFDET développe activement en 2022 sa capacité à coopérer avec les CMQ et les établissements de formation partenaires dans les projets des entreprises, des filières et des territoires d'industrie.
La transformation de la voie professionnelle dans le débat sur la réindustrialisation pour réussir France 2030
modifierLe bilan à trois ans du dispositif Territoires d'industrie a été publié en octobre 2021 préparant une prolongation du dispositif jusqu'en 2026[196]. Le 12 octobre 2021, le Président de la République annonçait le plan d'investissements France 2030, répondant «aux grands défis de notre temps, en particulier la transition écologique, à travers un plan d’investissement massif de 30 milliards d'euros pour faire émerger les futurs champions technologiques de demain et accompagner les transitions de nos secteurs d’excellence : énergie, automobile, aéronautique ou encore espace[205]». Ce plan sur 5 ans complète le plan de relance du gouvernement de 100 milliards en ciblant des filières stratégiques[206]. Avec le plan France 2030, ce sont aussi 2,5 milliards d’euros sur 5 ans fléchés dans les PIA (programme d'investissements d'avenir) vers la formation pour accompagner ces nouvelles filières industrielles. Le 10 décembre 2021, dans un interview[207], Louis Gallois proposait que « La France devrait faire de la réindustrialisation une priorité nationale ». Il précise en rapport avec les Territoires d'industrie : « L'Etat doit s'engager dans un aménagement du territoire qui soutienne les écosystèmes dynamiques locaux. L'étude que nous avons menée montre que des territoires se développent, créent de l'emploi industriel et démontrent que la réindustrialisation est possible[208]». Dans le journal Le Monde du 22-12-21[209], l'essayiste, Maroun Eddé, suite à plusieurs mois de travail et de réflexion pour l'Institut Montaigne, publie une tribune « Le plan France 2030 se heurtera inévitablement au mur des pénuries de compétences », et qu’il « est voué à l’échec, s’il omet le problème d’un système éducatif ne parvenant plus à former pour la science et l’industrie».
Dans un article[210] de réponse commune à ces points de vue, Bruno Racine, délégué national AFDET en charge du projet Qualifications Campus Territoires d'industrie, fait le lien entre ces deux analyses. Associée au Plan France 2030 qu'a présenté le Président de la République, la réindustrialisation demandée par Louis Gallois comme priorité nationale offrirait un véritable souffle au projet France 2030. Une énergie supplémentaire bien nécessaire pour faire face à ce que la tribune du Monde (22 décembre 2021) annonçait, l'échec de la réindustrialisation si elle omettait le problème du système éducatif français. En effet, l’AFDET partage l'analyse de l'essayiste: « Aucune politique industrielle ne peut fonctionner sans suffisamment d’ingénieurs et de techniciens ». Or le système universitaire français n’en forme plus assez. « Pas d’industrie, non plus, sans techniciens et ouvriers qualifiés ». Au lycée professionnel, les filières industrielles attirent de moins en moins. « Une politique industrielle qui omettrait d’investir dans la formation des enseignants … se condamne ». La perte d’une culture scientifique et d’une compréhension de ce qu’est l’industrie constitue un barrage supplémentaire à la réindustrialisation du pays.
Sans un puissant souffle inspirant l’ensemble du pays, sans donner à la réindustrialisation une priorité nationale, les efforts déjà engagés ne suffiront pas à faire face à ce défi immense, tel est le sens du message de Louis Gallois. «L'Etat doit s'engager dans un aménagement du territoire qui soutienne les écosystèmes dynamiques locaux», dit Louis Gallois. Ce sont là, dans ces Territoires d’Industrie, note l'AFDET, que se trouvent les gisements de compétences répondant aux besoins des entreprises ; c’est là qu’a été amorcée la dynamique des Territoires d’Industrie en 2018, associant entreprises et collectivités locales, pilotés avec l’appui des Régions et de l’Etat. Gagner cette bataille centrale de la qualification, précise l'association, nécessite de poursuivre la transformation de la voie professionnelle et de l’apprentissage, de développer la connaissance des métiers, le goût du travail et de l’industrie auprès des jeunes pour favoriser leur orientation et leur insertion ; de promouvoir la culture scientifique et technique et l’investissement dans la formation des enseignants. Répondre à ces enjeux d’innovation, de formation professionnelle sur les territoires eux-mêmes, nécessite d'encourager la mise en place des Campus des Métiers et des Qualifications d'Excellence reliant les établissements de formation professionnelle autour de filières professionnelles essentielles aux bassins d’emploi ; nécessite de mettre en œuvre une stratégie orientant les qualifications promues par les établissements et les CMQ vers les besoins et demandes des entreprises des Territoires. C’est la stratégie Qualifications Campus Territoires d’Industrie (QCTI) que promeut l’AFDET, visant à faire converger sur les territoires ces deux dynamiques nationales d'une centaine de Campus des Métiers et des Qualifications et les 146 Territoires d'industrie. C’est dans cette orientation, associant les territoires, que se joue la bataille de la qualification contre les pénuries de compétences, assure-t-elle.
Réformes de la voie professionnelle, rupture ou éternel recommencement
modifierVincent Troger dans une tribune du journal Le Monde du 24 septembre 2018 intitulée « La revalorisation de l’enseignement professionnel est un éternel recommencement » explique que « la continuité de ces réformes (du bac pro aux Campus des métiers et des qualifications) par tous les gouvernements) est en fait le symptôme de leur principal défaut. Elles ne s’inscrivent en effet dans aucun projet politique clairement formulé. Si elles répètent sans cesse les mêmes formules, c’est surtout en raison de ce que le politiste américain Paul Pierson a appelé la « dépendance au sentier », c’est-à-dire que chaque réforme s’inscrit dans les rails de la précédente parce qu’il est trop complexe et trop difficile de changer de direction ». Prenant comme critère, l'objectif qu’une minorité d'élèves des lycées professionnels, entre 15 % et 20 % d’entre eux, obtiennent un BTS ou trouvent un emploi dans lequel ils ont des perspectives de carrière, il conclut : « En s’inscrivant dans la suite des précédentes réformes, Il y a peu de chance que celle en cours n’infléchisse vraiment cette proportion, bien insuffisante pour faire des lycées professionnels la « voie d’excellence » qu’annonce Jean-Michel Blanquer. La formule risque de ne rester qu’un slogan de plus et la revalorisation de l’enseignement professionnel un éternel recommencement ».
L’enseignement professionnel, y compris l'apprentissage, ne peut être considéré isolément de la transformation de la société, y compris du changement systémique engagé par la loi Avenir professionnel vis-à-vis de l'apprentissage, et de son écho dans la voie professionnelle scolaire, comme l'analyse cet article. Il ne peut être séparé ou en dehors de l'aspiration massive aujourd'hui à la réindustrialisation du pays et des territoires et des politiques engagées qui associent cet enseignement à cet objectif et à la demande de qualifications qui touchent presque tous les secteurs. La période actuelle ne correspond plus à la situation des quarante dernières années marquées par la désindustrialisation. Le sentier n'est plus le même, n'en serait-ce que par la dynamique de l'apprentissage et la recherche dominante de qualifications à tous les niveaux de formation, et à fortiori au niveau de BTS.
L'article de la revue de juillet 2022 «Réindustrialiser les territoires et dynamiser les qualifications, un cercle vertueux pour la France » expose un point de vue quant à la façon dont l'AFDET apporte sa contribution face au défi du manque de qualifications sur les territoires[211].
L'AFDET et le mentorat
modifier{{Article détaillé|Le mentorat}} à créer.
L'AFDET est lauréat du plan 1 jeune, 1 solution[212] du ministère du travail et de l'emploi, dans le cadre de France Relance. Elle pilote ce projet intitulé Mentorat AFDET, qui vise à accompagner les jeunes éloignés de l'emploi par un mentor. Le mentorat est un engagement personnel pour le mentor comme pour le jeune mentoré, basé sur le volontariat de chaque côté, la confiance, la bienveillance et le respect mutuel. Le «binôme» que forment le mentor et le jeune pendant au moins six mois est encadré par l'AFDET, qui offre un cadre sécurisé pour chacun[213].
Notes et références
modifier- Claude Hui, L'AFDET et l'Enseignement technique - 1902 - 2002 : une histoire partagée, Paris, Collection AFDET Études, , 511 p. (ISSN 2556-3092), p. 21
- Nicolas Dufourcq, La Désindustrialisation de la France 1995-2015, Paris, Odile Jacob, , 384 p. (ISBN 2415002178)
- Ministère du travail, Réforme de la formation professionnelle : document d’orientation, Paris, Ministère du travail, (lire en ligne)Transmis aux partenaires sociaux pour la négociation de la transformation de la formation professionnelle (qui aboutit à la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018)
- Ministère du Travail et de l'Emploi, « Accompagner les jeunes - Plan 1 jeune, 1 solution », sur https://travail-emploi.gouv.fr,
- Service d’histoire de l’éducation (SHE) de la revue Histoire de l'éducation - BODÉ Gérard., « Chronologie de l’enseignement technique » [PDF], sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr/ http://histoire-education.revues.org/,
- Claude Hui, L'AFDET et l'Enseignement technique. 1902-2002 : une histoire partagée, Paris, Collection AFDET Etudes, , p. 11-14
- Françoise Meylan, « De l'école nationale professionnelle au baccalauréat de technicien ou l'évolution d'une filière de l'enseignement technique. », Formation Emploi. N.4, , p. 29-46 (DOI doi : 10.3406/forem.1983.1051, lire en ligne)
- Patrice Pelpel et Vincent Troger, Histoire de l'Enseignement technique, L'harmattan, coll. « Histoire et mémoire de la formation », , 340 p. (ISBN 2747514552), p. 53
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 11-14
- Françoise Meylan, « De l'école nationale professionnelle au baccalauréat de technicien ou l'évolution d'une filière de l'enseignement technique. », Formation Emploi. N.4, , p. 29-46 (DOI doi : 10.3406/forem.1983.1051, lire en ligne)
- L'AFDET et l'Enseignement technique, une histoire partagée, p. 17
- Claude Hui, L'AFDET et l'Enseignement technique. 1902-2002 : une histoire partagée, Paris, Collection AFDET ETUDES, , 511 p. (ISSN 2556-3092)
- « Émile Maruéjouls »
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 66
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 68-69
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 71-72 Histoire de la création d'une école normale de l'enseignement technique
- Gérard Bodé, « L'ENS Cachan. Le siècle d'une grande école pour les sciences, les techniques, la société. », sur https://hal.archives-ouvertes.fr/,
- Claude Hui, L'AFDET et L'Enseignement technique, p. 86
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 86-89
- Meylan Françoise, « De l'école nationale professionnelle au baccalauréat de technicien ou l'évolution d'une filière de l'enseignement technique. », Formation Emploi. N.4, , p. 29-46 - p 32 (lire en ligne)
- Gérard Bodé, « Chronologie de l'enseignement technique », sur http://rhe.ish-lyon.cnrs.fr,
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 60-63 - 90-93
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 95
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- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 103
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 112
- Édouard Herriot
- Pierre-Eugène Muller, « De l'instruction publique à l'éducation nationale [article] », Persée - Fait partie d'un numéro thématique : L'École en débats, année 1999, pp. 149-156 (lire en ligne)
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 118
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 120
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- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 90-91 ; p. 102-103
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- « Histoire de l'AFDET », sur https://www.afdet.org/
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- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 93-94 – 105 – 122 – 134 - 140
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 134
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- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 139
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 140
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 139
- De 1938 à 1973, une multiplication par 4,5, soit une croissance annuelle moyenne record de 5,9 % en France.
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 141-166 Chapitre VII Renaissance de l'AFDET et structuration de l'Enseignement technique
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 142-143
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 147
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 148
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- « 1959: La réforme Berthoin - Réformes de l'éducation nationale », sur sites.google.com (consulté le )
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- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 173-175
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 182-183
- « 1963: La réforme Fouchet-Capelle - Réformes de l'éducation nationale », sur sites.google.com (consulté le )
- Albert Buisson, fidèle soutien de l'enseignement technique et de l'AFDET, a été directeur de l'Enseignement technique de l'Education nationale de 1948 à 1960 (ibid p.143, 176).
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 178
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 189
- Brevet de technicien supérieur
- Institut universitaire de technologie
- https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2020/64/9/NF_synthese2019_2020_1312649.pdf [archive] Les effectifs dans l'enseignement supérieur en 2019-2020. 262 000 inscrits en STS et assimilés.
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 242-243
- « Formation continue en France », dans Wikipédia, (lire en ligne)
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 255
- Claude Hui, L'AFDET et l'Enseignement technique - 1902-2002 : une histoire partagée, p. 270-271 - chapitre XVI
- René Haby par lui-même. Un engagement pour la jeunesse. 1919-2003 [monographie] avec une préface de Xavier Darcos, Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, année 2008 4, 172 p.
- « 1975: La réforme Haby: "le collège unique" - Réformes de l'éducation nationale », sur sites.google.com (consulté le )
- « Le débat sur le collège unique »
- L'AFDET et l'Enseignement technique, p. 277
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- Bruno Racine, « Faire de la réindustrialisation, une priorité nationale pour réussir France 2030 en insufflant la transformation de la voie professionnelle », sur educavox.fr - Le média des acteurs de l'école,
- Bruno Racine, « Réindustrialiser les territoires et dynamiser les qualifications, un cercle vertueux pour la France », Avenirs professionnels n°8 - juillet 2022, , p. 56-57
- « Plan 1 jeune, 1 solution », sur travail-emploi.gouv.fr,
- « 1jeune-1solution, le mentorat »
Section de fin de pages
modifier§ Liens vers les autres projets
modifiercolloque national afdet : Construire son parcours individuel de formation tout au long de sa vie - 21 novembre 2019 - https://www.afdet.org/wp-content/uploads/2019/09/AFDET-Colloque-21-novembre-2019-programme-d%C3%A9finitif.pdf
Programme du Colloque - https://www.afdet.org/wp-content/uploads/2019/09/AFDET-Colloque-21-novembre-2019-programme-d%C3%A9finitif.pdf
§ Bibliographie
modifier- Claude Hui, L'AFDET et l'Enseignement technique : 1902-2002 : une histoire partagée, Paris, coll. « AFDET Études », , 511 p. (ISSN 2556-3092).
Agrément national au titre des associations éducatives complémentaires de l'enseignement public à l'Association française pour le développement de l'enseignement technique Afdet - https://www.education.gouv.fr/bo/19/Hebdo45/MENE1900428A.htm
Avenirs professionnels : la nouvelle revue de l’AFDET. Cette revue a remplacé en 2020 la revue L’enseignement technique que l’AFDET a publiée pendant des décennies.
Avenirs professionnels N°1 - https://www.afdet.org/wp-content/uploads/2020/03/AP-001-planches.pdf
Brèves d’AFDET n°1 - 1-2-2018 -
AFDET Newsletter - https://www.afdet.org/wp-content/uploads/2018/03/AFDET-Newsletter-janvier-2018.pdf
La revue L’enseignement technique -
§ Liste des ouvrages
modifierClaude Hui, L'AFDET et l'Enseignement technique - 1902 - 2002 : une histoire partagée, Paris, Collection AFDET Études, mars 2019, 511 p. (ISSN 2556-3092)
Ressources numériques en histoire de l'éducation
L'ensemble des articles de la revue est disponible en texte intégral sur :
- Le portail Persée (1978-1999) : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/revue/hedu(link is external)
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http://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/?q=histoire-education
CHRONOLOGIE DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE - http://rhe.ish-lyon.cnrs.fr/sites/default/files/bode_chronologie_et.pdf
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Catégories
modifier[[Catégorie:Formation professionnelle]] [[Catégorie:Entreprise ayant son siège en France]] [[Catégorie:Enseignement technique]] [[Catégorie:Orientation scolaire et professionnelle]] [[Catégorie:Pédagogie active]]