A l’occasion de ma dernière exposition voici ce qu’à écrit Monsieur Olivier Wahl :

Exposer un artiste ce n’est pas seulement mettre des tableaux au mur, mais parvenir à partager une conviction avec le public. C’est un choix important pour un galeriste que de présenter un peintre. Cette décision constitue un engagement artistique qui se développe au delà des questions matérielles.

Qu’est-ce qui me touche dans le travail de Rafael Holguin ? Holguin est un peintre habile et gauche, arrogant et tendre. Il est entier dans son art. Sa façon oppose férocité et douceur. Il nous propose un monde curieux, tiraillé entre la fraîcheur et le désarroi. Etre froissé, être en effroi. Cette oeuvre ne se donne pas à la séduction, elle est au delà du faux-semblant et des minauderies. Voilà un peintre qui en vaut le détour parce qu’il s’exprime en vérité. Un homme au travail qu’il convient de suivre et de soutenir.

Le talent de cet artiste là, c’est l’honnêteté. Il partage avec nous son tâtonnement dans sa rencontre avec l’espace comme il se présente. Ses oeuvres nous disent la difficulté de l’amour en soi, de trouver la bonne distance, d’installer la juste limite entre les êtres et les choses.

Holguin est artiste dans son mouvement même d’exister. Il est peintre comme Dieu a distingué le ciel et la terre, les flots et les continents. Il oeuvre pour séparer les corps les uns des autres. Il travaille à la façon d’un musicien qui compose une symphonie, cherchant à faire un tout avec la multiplicité des tonalités.

On sent que chaque oeuvre compte vraiment pour lui. Chaque toile est entière, pleine. Chaque tableau est toute une histoire, le fruit de sa relation avec la vie. Holguin inscrit dans son art, le profond de son sentiment.

Dualité du sentiment. Effroi de l’autre, effroi du monde. Douceur des bras, de la chaleur, du partage. L’humanité s’élève entre tendresse et effroi. Mémoires des voyages. Mémoires des civilisations. Nos sentiments sont les fondements de la culture.

Holguin place son oeuvre au coeur. Elle surgit du coeur. Parfois lourd, parfois léger, il fait vibrer et danser les couleurs entre elles. Le coeur est le chef d’orchestre de cette oeuvre. Voici une peinture du rythme car le sentiment est avant tout affaire de rythme.

Olivier Wahl, mars 2007