Utilisateur:Dominic Mayers/Un conservatisme wikipédien enrichi par le progressisme

Descartes par la "raison innée", Kant par les "a priori" et Popper par les "discussions critiques" ont rejeté l'idée que le progrès s'appuie entièrement sur des sources externes de manière mécanique. Ils opposèrent leur thèse à un conservatisme dogmatique qu'ils craignaient dans les paradigmes académiques, religieux ou politiques de leur époque. Dans ces thèses, la raison innée, les apriori et les discussions critiques sont nécessaires à l'appréciation des connaissances actuelles et à leur progrès: les sources externes ne suffisent pas. Les empiristes tel John Locke s'opposèrent à ces thèses rationalistes[note 1].

L’essai présente un débat de type conservatisme/progressisme qui généralise le débat empirisme/rationalisme observé depuis plus de 400 ans dans l'histoire de la science. Conservatisme et progressisme sont des philosophies ou théories de la connaissance, et non des moyens de classer et de juger les Wikipédiens en deux groupes que l'on nommeraient les conservateurs et les progressistes. Si on parle de conservateurs ou de progressistes, c'est par rapport à un contexte ou c'est simplement une manière de décrire une philosophie en l'incarnant dans des personnes.

L'essai propose qu'un conservatisme majoritaire avec son application systématique, possiblement dogmatique, de règles, telles les règles de proportion juste et de ton impartial soit au premier plan sur Wikipédia, tandis que le progressisme, à l'instar de la légende "E pur si muove", soit harmonieusement caché dans les pages internes de discussion. Tant que le conservatisme permet une collaboration simple pour la majorité, il est inutile de s'y opposer. L'accent est mis au lieu sur l'importance de la discussion critique dans les pages réservées à cette fin.

L'essai explique le débat conservatisme/progressisme afin d'amener une meilleure institutionnalisation (c'est-à-dire, intégration dans nos règles) de la discussion critique, car autrement celle-ci risque de ne pas être bien conduite dans les pages de discussion et même perçue comme une perturbation de Wikipédia.

Concepts de base

modifier

Avant de définir le conservatisme et le progressisme il faut premièrement présenter une vision du processus de création ou découverte de lois. L’essai utilise le terme « loi » dans son sens le plus large qui englobe à la fois les lois éthiques et les lois de la nature.

Unification des lois éthiques et des lois de la nature

modifier

Une loi peut être éthique, par exemple ne pas voler la propriété d'autrui, ou de la nature telle la loi de la gravitation universelle de Newton. Ces deux notions de lois ont en commun qu'elles ne sont pas, ni l'une ni l'autre, ni totalement arbitraire ni totalement absolue. Si des parents dictent à leurs enfants la règle de ne pas mettre sa main sur le feu, cela n'est pas totalement arbitraire, même si ça demeure leur choix. De la même manière, la loi de la gravitation universelle n'est certainement pas arbitraire, mais elle n'est pas non plus absolue. Ce n'est pas seulement qu'on sait maintenant, grâce à Einstein, qu'en tant que loi universelle, elle est fausse, seulement approximativement vraie à faible vitesse et faible masse ou courbure de l'espace-temps. La loi est arbitraire d'une manière bien plus choquante. Même en tant qu'approximation, il n'y a aucun moyen de prouver logiquement cette loi universelle, c'est-à-dire, au niveau d'un langage, à partir d'énoncés qui décrivent les observations. Il faut ajouter à cela qu'on ne peut être absolument certain de la validité des énoncés d'observation. Donc, il y a eu un arbitraire dans l'adoption de la loi de la gravitation universelle de Newton.[note 2]

Dans l'essai, uniquement cette propriété des lois de ne pas être totalement arbitraires ni dogmatiquement absolues sera utilisée. Le fait que l'arbitraire dans les lois éthiques semblent plus fondamentale que dans les lois de la nature, ne fera que rendre l'essai plus pertinent. On sera donc justifié d'utiliser une notion générale de loi qui unifie ces deux sens du terme.

Les trois types de lois wikipédiennes

modifier

Les lois wikipédiennes sont éthiques, pas des lois de la nature. On les divisent en trois types.

  1. Lois à propos des sources. Il est question alors de leur fiabilité. On dira, par exemple, que si une source est contredite par trop de sources primaires, elle n'est pas fiable.
  2. Lois à propos de l'usage correcte des sources. Il est question alors des règles telles la neutralité de point de vue et la vérifiabilité.
  3. Lois sur le contenu comme tel. Il est question alors de pertinence. On dira , par exemple, qu'un point de vue religieux n'est pas pertinent dans un article portant sur les mathématiques.

Il y a un certain arbitraire dans ces trois types de lois. Ce sont des choix de la communauté. Cela ne veut pas dire que ces lois sont totalement arbitraires et qu'il n'y a pas de place pour une discussion rationnelle pour gérer l'arbitraire qui existe en elles.[note 2]

La raison a priori sous chaque type de lois

modifier

Pour chaque type de lois, il existe les lois en tant que telles et le jugement qui a été utilisé pour découvrir ou créer ces lois et qui demeure nécessaire à leur appréciation et application correcte. Ces deux niveaux, les lois et le jugement, coexistent. Le conservatisme minimise l'importance du jugement. Le progressisme, au contraire, valorise le jugement, mais comme le jugement est utilisé pour établir et appuyer les lois, le progressiste ne rejette pas pour autant l'importance des lois. Descartes appela ce jugement la raison ou le bon sens. On l'appellera la raison a priori afin de la distinguer de la raison a posteriori qui se trouve dans l'application mécanique des lois.

Le progressisme reconnaît la nécessité d’une raison a priori à la fois pour la création des lois et pour leur évaluation et application appropriée par la suite.

Conservatisme/progressisme

modifier

Le conservatisme et le progressisme sont des philosophies à propos de la manière "correcte" de traiter des sources d'information. Ces philosophies diffèrent par le rôle donné à la raison a priori, par leur vision de ce niveau et par l'objectif du traitement des sources.

Le conservateur minimise l'importance de la raison a priori dans le traitement de l'information. Par exemple, lorsque les sources sont des documents (pas des instruments scientifiques), il considère que maîtriser la langue de ces sources est suffisant. Pour que cela soit possible, l'objectif du traitement sera ajusté en conséquence. Par exemple, l'objectif sera que le résultat du traitement soit une "retranscription" de ce qui est dans les sources. Dans le cas de sources complexes, il peut être nécessaire de lire plusieurs sources pour maîtriser le sujet, mais, d'un point de vue conservateur, cela reste au niveau des sources et ne demande pas particulièrement la raison a priori. En d'autres termes, pour le conservateur, la manière correcte est mécanique, comme, par exemple, la lecture d'un texte peut être considérée mécanique.

La croyance en une méthode mécanique qui utilise uniquement les sources externes comme ressource et minimise l'importance de la raison a priori est ce qui caractérise le conservatisme. Le conservateur dira qu'il n'y a rien de plus rationnel que d'utiliser les lois. Il voit le niveau de la raison a priori comme un niveau mystérieux, métaphysique, philosophique, etc. qui n'a pas sa place dans la méthode.

Ce n'est pas la précision dans la formulation des lois qui caractérise le conservateur. Le conservateur peut, au contraire, se contenter de règles informelles en autant qu'on puisse les appliquer de manière mécanique. Cela peut sembler contradictoire, mais il n'y a pas de contradiction car les règles peuvent être considérées bien établies en pratique tout en étant informelles.

Le progressiste n'adopte pas la vision simple ou simpliste du conservateur. Entre autre, il considère un objectif plus complexe. Par exemple, dans le contexte Wikipédien, il considère la tâche de rejeter les sources non fiables et de déterminer les contenus pertinents. Cela va au delà d'une simple retranscription d'un texte. Le progressiste considère de plus que les connaissances a priori requises ne sont pas nécessairement accessible de manière mécanique à partir des sources disponibles. En plus, le progressiste considère que certains contenus de la raison a priori peut interférer négativement dans le traitement des sources. Tout cela rend l'usage d'une méthode nécessaire. Par exemple, pour Descartes, la méthode du doute est requise pour bien utiliser ce qu'il appelle la raison ou le bon sens. Pour Popper, c'est la discussion critique.

Le rejet de la croyance en une méthode mécanique qui utiliserait seulement les sources externes pour atteindre l'objectif est ce qui caractérise le progressisme.

Nous sommes tous des progressistes

modifier

Personne ne croit vraiment en une manière totalement mécanique de découvrir les lois en science ou d'écrire un article sur Wikipédia. Une personne aura une tendance conservatrice dans certaines circonstances, mais nous sommes tous des progressistes à différents degrés.

Conservatisme/progressisme par un exemple: l'inventeur du basketball

modifier

James Naismith est connu comme l'inventeur du basketball. Toutes les encyclopédies ayant une entrée sur lui le disent. Pourtant, il ne s’agit pas d’une loi scientifique qui a été testée à maintes reprises et qui est donc fortement fondée sur les technologies et les observations associées. C’est un fait isolé, qui, d’une manière ou d’une autre, est devenu important. La prémisse principale derrière ce fait est que les documents originaux et les témoignages qui servent à le vérifier sont fiables. Si nous ne leur faisons pas confiance, tout s’effondre. Dans le cas d’une loi scientifique, n’importe qui peut refaire les tests, mais pas ici. C’est encore plus fragile que cela, car il n’y a aucun moyen de dire avec certitude que quelqu’un n’a pas inventé le même jeu auparavant. Peut-être que des documents montrant que quelqu'un d'autre a inventé le jeu ont été détruits. Pour accepter le fait, il faut prendre pour prémisse que rien de tel ne s'est produit. Conformément à ces prémisses. l'entrée Wikipédia sur James Naismith dit qu'il est "l'inventeur du jeu de basketball". [note 3]

Cette histoire n’illustrerait pas grand-chose si les sources ne remettaient pas en question les prémisses qui la sous-tendent. Les habitants de État de New York, en particulier de Herkimer ont adopté un paradigme complètement différent : ils s'appuient sur des sources différentes avec une histoire différente. Dans cet autre paradigme, il est faux que Naismith ait inventé le jeu seul. Pour certains, l'inventeur n'est pas Naismith, mais Lambert Will de Herkimer.[1]

Le progressisme n'est pas nécessairement associé avec la vision que Lambert Will a inventé le basketball. Il peut être associé avec la vision que Naismith est l'inventeur. Ça dépend plus de l'attitude envers le paradigme actuel que du paradigme lui-même. Progressisme et conservatisme sont des philosophies sur le rôle de la raison a priori et non des points de vue sur le contenu des sources. Si un Wikipédien a vécu à Herkimer et pense qu'on peut utiliser une méthode générale simple et mécanique pour déduire à partir des sources que Lambert Will est l'inventeur, il n'est pas un progressiste, mais un conservateur. La philosophie progressiste dit qu'aucune méthode générale peut déduire cela mécaniquement des sources seulement, ça prend un autre élément qui vient, par exemple, avec la discussion critique.

Ni les progressistes ni les conservateurs sont ceux qui ont nécessairement raison au niveau du contenu. Les conservateurs, surtout lorsqu'ils sont majoritaires, peuvent en principe et ont possiblement souvent raison de suivre les sources qu'ils jugent les meilleures. C'est peut-être le cas lorsqu'il est écrit dans l'article que James Naismith est l'inventeur du basketball.[note 3] En particulier, les conservateurs peuvent avoir raison de rejeter une attribution qui relativiserait un contenu clairement affirmé dans toutes les encyclopédies. Un progressiste accepte cela car il pense, par définition, que rien n'est fixé dans les sources par une méthode générale mécanique, y-compris la nécessité d'attribuer.

Le progressiste pense que les conservateurs ont tord de prétendre que leur point de vue se trouve de manière évidente et mécanique dans les sources, mais cela est une opposition au niveau de la philosophie, pas au niveau du contenu lui-même. Le progressiste dit seulement qu'on doit rester ouvert à la discussion critique en page de discussion pour utiliser la raison a priori. Il s'oppose aux intimidations, aux abus de pouvoir, etc., mais, dans le cadre d'une discussion saine où chacun donne ses arguments, il accepte que l'article donne le point de vue tel que compris par la majorité, car il comprend qu'il n'existe pas de méthode mécanique.

La solution à l'autoritarisme et aux abus de pouvoir

modifier

Pour être pratique, la solution apportée par le progressisme doit s'appuyer sur les lois ou la méthode telle les discussion critiques qui sert à établir ces lois. La raison a priori en elle-même semble trop abstraite et informelle pour constituer une solution pratique. L'idée de l'essai est donc de valoriser la discussion critique et indirectement les lois ou règles wikipédiennes, mais de la bonne manière qui est basée sur une compréhension correcte du rôle de la raison a priori.

Retournons à l'exemple de l'inventeur du basketball. Pour défendre le point de vue que James Naismith est l'inventeur, certains argumenteront que les règles wikipédiennes demandent clairement de respecter le contenu des encyclopédies et autres sources fiables. Ils ajouteront que les sources qui défendent la cause de Lambert Will ne sont pas fiables ou de proportion trop faible pour être considérées.

Il existe un autre perspective qui juge cette première perspective comme étant biaisée, irrespectueuse des règles wikipédiennes. Dans cette autre perspective, les règles demandent de ne pas affirmer le point de vue que Naismith est l'inventeur comme une vérité, mais de l'attribuer plutôt à la grande majorité des sources.

L'une ou l'autre de ces perspectives est conservatrice si elle n'inclut pas une compréhension correcte de l'importance de la discussion critique. Un progressiste n'est pas simplement celui qui veut la discussion critique, car même un conservateur dogmatique pourrait insister pour qu'on entende sa critique. Le progressiste est celui qui comprend le rôle de la raison a priori.

Une majorité conservatrice qui agit de bonne foi

modifier

Supposons qu’une majorité conservatrice adopte de bonne foi la première perspective, celle dans laquelle Naismith est connu comme l’inventeur du basketball, et que le conservatisme y soit si intense que, de bonne foi, toute discussion à ce sujet est considérée comme perturbatrice. On considérera séparément ci-dessous le cas d'une majorité mal intentionnée.

Ceux qui ont adoptés l'autre perspective, celle ou Lambert Will est l'inventeur, ont deux manières de répondre à ce conservatisme dogmatique. La première est de considérer que la discussion critique est nécessaire et d'ignorer ou feindre d'ignorer que celle-ci est vue comme perturbatrice. Dans cette première manière, lorsqu'on réalise, possiblement dans un grand désarroi, que celle-ci est perçue comme une perturbation, il est naturel de chercher des explications. L'explication sera, par exemple, que la majorité n'a pas suivie les règles de Wikipédia et que la faute est sur l’ambiguïté dans les règles. La difficulté avec cette explication est que, par définition, les conservateurs à qui on s'oppose considèrent que les règles sont claires. Selon eux, les règles ne sont peut-être pas claires dans le texte officiel, mais elles le sont en pratique. Ces conservateurs pourront même accuser leur opposant de jouer avec les règles. De manière générale, le problème avec cette première manière est qu'elle ignore l'aspect conservateur et ses conséquences: utiliser directement la discussion critique va rencontrer une opposition.

Devant de telles explications des difficultés reliées à la vision conservatrice majoritaire, la réaction conservatrice minoritaire est simplement de voir cela comme un défi à résoudre directement, sans faire appel à des explications profondes. Le conservateur minoritaire ne voit pas l'utilité  d'approfondir la question en termes de raison à priori et de progressisme. La difficulté avec cette vision conservative simpliste est qu'elle ramène à la première manière de répondre au conservatisme majoritaire, celle qui consiste à entrer dans la discussion critique la tête la première.

L'autre manière, la deuxième, consiste à directement attaquer le conservatisme dogmatique en valorisant le progressisme au lieu de se contenter de plonger dans la discussion critique la tête la première. Elle va plus en détails dans les deux philosophies, par exemple, en les situant dans l'histoire. Cela ne demande pas que tous les wikipédiens comprennent les deux philosophies et collaborent. Ça demande seulement la collaboration d'autant de wikipédiens que nécessaire afin que le respect de la discussion critique soit institutionnalisé.

Une majorité mal intentionnée

modifier

Il reste à considérer le cas d'une majorité mal intentionnée. Ce cas peut-être vu comme une critique simple et directe de l'essai qui consiste à dire que le débat conservatisme/progressisme n'a simplement rien à voir avec le problème réel. Il y a trois réponses à cette critique. La moins intéressante des trois est que cela ne respecte pas la règle qui demande de supposer la bonne foi. La deuxième, un peu plus intéressante, est qu'une majorité de wikipédiens mal intentionnés parmi ceux qui écrivent un article n'invalide pas la solution proposée ci-dessus. Elle demeure valide car elle consiste en une institutionnalisation de la discussion critique dans l'ensemble de la communauté. La troisième réponse, la plus intéressante, rejette la notion qu'une majorité mal intentionnée n'a rien à voir avec le débat conservatisme/progressisme. Au contraire, la raison a priori doit être considérée comme la source de nos bonnes intentions, plus que les règles elles-mêmes, car ces dernières ont été déterminées par la discussion sans autre source que la raison a priori. Une personne vraiment mal intentionnée ne sera pas inspirée par ce rôle important de la discussion critique et de la raison a priori, mais aucun personne n'est entièrement mal intentionnée et la solution proposée ci-dessus sera effective à un certain degré. Cela peut sembler faible, mais l'autre option, la confrontation, ne fonctionne que si on est la majorité et cela n'est pas vraiment une solution.

Conservatisme/progressisme dans l'histoire

modifier

L’exemple de l’inventeur du basketball est simple. Les conservateurs et les progressistes sur Wikipédia ont probablement déjà leur opinion sur cet exemple. Néanmoins, il illustre le type d’opinions qui sont remises en question par les progressistes telles les meilleures sources à utiliser et l’organisation globale des différents domaines de connaissances ou points de vue. Le but de l’essai est de donner une perspective beaucoup plus large sur cette situation qui prévaut sur Wikipédia. Les mêmes mécanismes sont à l’œuvre depuis plus de huit siècles, peut-être même depuis que l’homme communique par le langage, mais l’essai ne couvre que huit siècles, particulièrement les quatre derniers dans lesquelles ces mécanismes se retrouvent dans le débat empirisme/rationalisme.

L’essai explique ce débat d’une manière qui peut être choquante: chacune des deux philosophies est présentée en utilisant sa propre perspective comme étant celle qui remporte le débat. Cette approche est choisie car elle permet de mieux comprendre le défi.

Le débat empirisme/rationalisme

modifier

Chaque discipline ou école de pensée utilise son propre langage et ses propres prémisses pour communiquer de manière significative sur ses préoccupations pratiques. Cela crée des frontières entre les disciplines ou les écoles. Les êtres humains brisent ces frontières, car ils ont en commun une même intelligence fondamentale.  Thomas Kuhn affirme que cela nécessite un changement de paradigme. Cela ne vient pas facilement.  Cette intelligence fondamentale doit transcender la déduction logique. Cela demande de l’intuition et de la créativité. C'est la raison innée chez Descartes[2], la connaissance a priori ou transcendantale chez Kant. Popper dit que cela vient à travers des discussions critiques. La nécessité de cette intelligence fondamentale pour comprendre le monde est proclamée par le rationalisme, mais historiquement rejetée par l’empirisme.

Des empiristes comme John Locke au XVIIe siècle et Bertrand Russell au XXe siècle rejettent les vues métaphysiques des philosophes qui leur sont contemporains ou antérieurs.  Locke rejette le concept métaphysique de raison présenté comme source de connaissance par Descartes. De même, Russell rejette fermement la notion de connaissance a priori ou transcendantale proposée par Kant.  De même, aujourd’hui, quand quelqu’un se dit empiriste, il veut dire qu’il utilise la méthode scientifique pour obtenir des lois qui sont des généralisations d’observations. L’empiriste laisse entendre que les connaissances métaphysiques ou les opinions religieuses ne jouent aucun rôle dans cette approche

D’un autre côté, les rationalistes ont en commun de suggérer que la connaissance ne s’acquiert pas uniquement par l’observation. Il faut une source intérieure de créativité, de vérité ou de raison pour découvrir de nouvelles lois scientifiques. Plus précisément, ils se définissent comme des opposants à la vision empiriste suivante. Dans cette vision, l’esprit possède une structure interne simple lockéenne qui est transformée par les observations conformément à des lois mécaniques simples et fixes. Si nous devions assimiler ces lois internes à la raison et à la créativité, ce ne serait pas de cet empirisme dont il est question, mais du rationalisme. Ainsi, cette vision empiriste dit que la croissance des connaissances s’explique par de simples lois internes fixes de l’esprit qui traitent des observations. David Hume est bien connu pour avoir expliqué les problèmes qui surviennent lorsque nous proposons de telles lois. De plus, aucune loi de ce type n’a été trouvée au cours des cent dernières années. Pourtant, ce point de vue a été proposé par certains empiristes comme Locke en tant que moyen de s’opposer au rationalisme. On peut ainsi dire que le rationalisme a gagné le débat, au moins contre cette définition de l'empirisme.

Cet empiriste rejeté peut être considéré comme dogmatique, car il fait des suppositions sévères sur l’esprit. C'est un outil dogmatique utilisé par les rationalistes pour suggérer des conclusions métaphysiques. C’est contradictoire, car les empiristes rejettent la connaissance métaphysique. De plus, la méthode scientifique elle-même est toujours utilisée, les lois scientifiques sont encore des généralisations d’observations individuelles et les connaissances métaphysiques sont encore considérées comme douteuses.  De cette manière, les empiristes n’ont pas perdu le débat et sont toujours bien vivants.  En d’autres termes, les rationalistes se sont définis comme les opposants à une certaine vision empiriste et ont remporté le débat associé. En réalité, les empiristes ne s’intéressent tout simplement pas à la connaissance métaphysique et ne vont pas plus loin que cela.  Dans cette perspective, ils n’ont perdu aucun débat.

La généralisation au débat conservatisme/progressisme

modifier

Les changements de paradigme dans la science ont rappelé aux philosophes que cet empirisme dogmatique échoue. Il est utile de considérer et de généraliser cet empirisme dogmatique défaillant, car même s’il n’est pas l'empirisme d'aujourd’hui, ça présente une caricature grossière de ce qui a existé dans l’histoire des sciences.  Cet empirisme dogmatique peut être généralisé à toute adoption dogmatique d'un langage et de prémisses utilisés pour explorer le monde. N'étant pas attaché à des observations empiriques, ce conservatisme est plus général.  Le progressisme dans cette vision généralisée est l’opinion selon laquelle, au contraire, il est nécessaire de régulièrement adopter de nouveaux langages et de nouvelles prémisses pour mieux comprendre le monde et qu'il n'existe pas de méthode mécanique simple pour cela.

Une utilisation anti-autoritaire de l'histoire

modifier

La solution proposée à l’autoritarisme et aux abus de pouvoir s'appuie sur le progressisme. La difficulté est que le progressisme s’applique également à lui-même, c’est-à-dire qu’il n’existe aucun moyen mécanique de convaincre quelqu’un que le progressisme est la bonne philosophie. De même, le progressisme s'applique au rationalisme et il n’existe aucun moyen mécanique de convaincre quelqu’un que le rationalisme est la bonne philosophie. C'est ainsi que chacune des deux philosophies, le conservatisme et le progressisme, comme cela est le cas pour l'empirisme et le rationalisme, est en mesure de gagner le débat selon sa propre perspective.

Par exemple, un conservateur critiquera la solution proposée en disant que Wikipédia est simple et on n'a pas besoin de philosophies. Celui-ci dira que la discussion critique est nécessaire, mais que cela aussi est simple et ne nécessite pas de philosophies. Pire encore, le conservateur dira que même la discussion critique, sauf pour des petits différents, n'est pas nécessaire. Si on voit des problèmes, celui-ci dira que c'est simplement qu'il existe des wikipédiens qui ne comprennent pas ce qui est pourtant simple. Cela est typique du conservatisme. Celui-ci gagne selon sa perspective en rejetant le progressisme qui utilise des aspects mystérieux, philosophiques, métaphysiques, etc.

Le progressiste ne peut répondre que selon sa perspective. Celui-ci dira qu'il est faux qu'une discussion critique de fond n'est pas nécessaire, mais dira aussi que la confrontation directe par la discussion critique au niveau des lois et leur application (les articles) n'est pas non plus la solution. Il faut au lieu combattre l'argument premier du conservatisme dogmatique qui est que tout est dans les sources et des règles mécaniques, un argument qui dit que toute autre ressource est mystérieuse, philosophique, métaphysique, etc. et peut être rejetée. Pour le progressiste, la notion de raison a priori est une manière de capturer de manière générale ce qui est rejeté par le conservatisme dogmatique.

Le but de considérer l'histoire est d'illustrer le rôle de la raison a priori, mais il faut garder à l'esprit qu'il n'y a aucun moyen mécanique de convaincre quelqu'un que le progressisme est la bonne philosophie. L'histoire ne sert ici qu'à éveiller la raison a priori du présent lecteur en rapport à l'autoritarisme et les abus de pouvoir. Le contraire aurait été surprenant: comment une approche autoritaire, qui tente de s'imposer logiquement au lieu de proposer, pourrait appuyer une philosophie qui nie que cela est possible. L'essai aurait pu utiliser une histoire totalement fictive pour atteindre son but et c'est un peu ce qu'il fait en présentant une caricature de cette histoire.

Le conservatisme aristotélicien du XIIe au XVIIe siècle et le progressisme de Descartes

modifier

La révolution scientifique du XVIIe siècle a marqué la fin de la scolastique aristotélicienne qui était une forme de conservatisme. Différentes formes de scepticisme avaient déjà remis en question la vision aristotélicienne[3], mais, comme l'a noté Edward Grant, malgré cela l'aristotélisme a demeuré l'enseignement dominant: « Depuis le moment où les œuvres d'Aristote sont entrées en Europe occidentale à la fin du XIIe siècle jusqu'à peut-être 1600, ou 1650, l'aristotélisme n'a pas seulement fourni les mécanismes d'explication des phénomènes naturels, mais servait de filtre gigantesque à travers lequel le monde était vu et représenté »[4].

La méthode du doute et la raison (a priori) était les outils de Descartes pour rejeter le conservatisme aristotélicien. Descartes décrit cette raison comme l'influence du divin en nous. Non pas à cause de cet aspect religieux, mais parce qu’elle s’oppose à une explication mécanique de la découverte scientifique, la notion de raison chez Descartes est progressiste. Descartes n’est pas explicitement opposé à l’empirisme dogmatique. Ce sont plutôt des empiristes comme John Locke[note 1], qui opposeront plus tard l'empirisme à la philosophie de Descartes, que Descartes lui-même oppose à l'aristotélisme. En opposition aux propositions probables de la dialectique aristotélicienne, Descartes associe à la certitude les lois qu'il propose, mais il sait qu'elles ne sont pas le mot de la fin.

Le conservatisme empiriste du XVIIe siècle au XXe siècle et le progressisme de Kant et Popper

modifier

La révolution scientifique du XVIIe siècle n'est pas en soi progressiste. Le progressisme se manifeste dans le rejet du paradigme actuel. Une théorie scientifique en elle-même n’est pas progressiste. C’est l’idée selon laquelle la théorie précédente n’était pas suffisante qui est progressiste. Une fois que nous adoptons et respectons dogmatiquement la nouvelle théorie, nous redevenons conservateurs.

De cette manière, la révolution scientifique du XVIIe siècle a donné naissance à une nouvelle forme de conservatisme. C’était une époque où nous pouvions utiliser les observations au télescope, au microscope et même à l’œil nu pour tester de nouvelles lois qui pouvaient être exprimées dans les nouvelles mathématiques de l’époque. La découverte de ces lois nécessitait quelque chose de similaire à ce que Descartes appelle « raison », mais des empiristes comme Locke pensaient qu'au contraire, les lois étaient découvertes à travers un processus systématique en grande parti guidé par des observations sans que rien de comparable à la raison de Descartes ne soit nécessaire[note 1]. Newton affirmait que ses lois pouvaient être logiquement déduites des lois de Kepler. Ce dogmatisme a amené au XVIIe ou XVIIIe siècle ses propres mythes et légendes comme la légende "E pur si muove". C’était une époque dogmatique, mais aussi de grands progrès pour la science. Cette attitude dogmatique a permis de se concentrer sur le paradigme actuel sans remettre en question ses fondements.

Le conservatisme des empiristes a été contesté par David Hume, connu pour avoir posé le problème de l'induction dans la « crise du siècle des Lumières », ce qui a conduit au rationalisme de Kant[5]. Environ cent ans plus tard au XXe siècle, une crise similaire chez l'empirisme logique a conduit au rationalisme critique de Popper. Popper dit que le rationalisme de Kant était limité, car il ne pouvait pas expliquer la théorie de la Relativité Générale d'Einstein, qui pouvait difficilement être anticipée par Kant. Néanmoins, Popper a été fortement influencé par Kant.

L'équilibre entre conservatisme et progressisme

modifier

Il serait peut-être juste de mentionner ici que la notion de raison chez Descartes était métaphysique et même associée à une preuve de l’existence de Dieu. Tout se passe comme si dès lors qu’on insiste pour s’interroger sur la source ou le fondement de la connaissance, il faut choisir entre le conservatisme dogmatique ou le progressisme métaphysique. Se contenter de poser la question en affirmant qu'on n'a pas de réponse est déjà une position à tendance progressiste. Il faut renier l'importance de la question pour éviter à la fois le conservatisme dogmatique et le progressisme métaphysique. Et même encore, on pourrait classifier un rejet systématique de la question comme une forme de dogmatisme. Le conservateur blâme le progressiste d'aller du côté de la métaphysique alors que le progressiste blâme le conservateur d'aller du côté du dogmatisme et de l'autoritarisme.

Un équilibre est requis. Par exemple, un tel équilibre se retrouve dans les maximes que Descartes partage dans son Discours de la méthode. Descartes décrit chaque maxime dans un long paragraphe. Seul un bref extrait est utilisé ci-dessous pour les présenter. Les trois premières sont conservatrices:

  • « Obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées et les plus éloignées de l’excès qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j’aurais à vivre. »
  • « Être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses lorsque je m’y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. »
  • « Il est certain que si nous considérons tous les biens qui sont hors de nous comme également éloignés de notre pouvoir, nous n’aurons pas plus de regret de manquer de ceux qui semblent être dus à notre naissance, lorsque nous en serons privés sans notre faute, que nous avons de ne posséder pas les royaumes de la Chine ou de Mexique. »

La quatrième est progressiste et présentée par Descartes « pour conclusion de cette morale »:

  • « Employer toute ma vie à cultiver ma raison, et m’avancer autant que je pourrais en la connaissance de la vérité, suivant la méthode [de doute] que je m’étais prescrite. »

Une caractéristique du conservatisme est le rejet du processus créatif qui pourrait remettre en cause son langage et ses prémisses figés. Le conservateur dit que les nouvelles connaissances doivent être trouvées dans certaines sources externes, et non dans la créativité interne appelée raison ou autre. Le conservateur a généralement certains critères pour déterminer les meilleures sources. Cela se voyait clairement dans le conservatisme aristotélicien, qui insistait sur le fait que les textes et commentaires aristotéliciens classiques devaient être utilisés dans les enseignements universitaires. Cela s’est vu d’une manière différente dans le conservatisme des empiristes qui insistaient sur le fait que la connaissance vient des observations, à l'aide bien sûr d'un processus interne, mais sans aucun recours à un mécanisme inexpliqué. Une autre caractéristique du conservatisme est qu’il entre toujours en crise, soit parce qu’il ne parvient pas à établir ses bases, soit parce qu’il est remis en question par un nouveau paradigme (ou les deux), et cette crise conduit à la récurrence d’une perspective progressiste. 

Le point de vue neutre selon Wikipédia

modifier

Dans le cadre restreint de Wikipédia, la compréhension du monde à travers les observations est remplacée par notre compréhension du monde à travers les sources : le monde, pour les Wikipédiens est vu à travers les sources, pas au travers de la technologie scientifique. Les arguments du débat empirisme/rationalisme ne sont pas tous valables lorsque les observations sont remplacées par des informations publiées, mais un aspect semble rester valable: il n’y a pas de chemin forcé ni de règles mécaniques d’un paradigme à un autre.

Wikipédiens, progressistes et conservateurs, n'observent pas, c'est-à-dire ne lisent pas, toutes les sources, mais seulement les parties jugées pertinentes dans les sources considérées fiables selon leur paradigme actuel. De cette manière, comme cela est le cas pour les observations scientifiques, ces quelques observations ou lectures Wikipédiennes jouent un rôle limitée en comparaison avec le rôle du paradigme actuel. Les lois universelles sont différentes. Dans un cas, ces lois portent sur les technologies scientifiques, les théories qui les gouvernent et les observations. Elles ne semblent impliquer aucune éthique. Dans l’autre cas, ces lois portent sur les sources, les règles wikipédiennes et le contenu. Ellles semblent impliquer l’éthique. Toutefois, la situation n’est pas fondamentalement différente.

Dans ce contexte wikipédien, un changement de paradigme nécessite un approfondissement de notre compréhension des sources. Les conservateurs affirment que tout approfondissement de notre compréhension doit s’appuyer uniquement sur les sources (certaines règles mécaniques étant ici implicites), et non sur la raison a priori. Les progressistes ne sont pas d'accord et soutiennent que les Wikipédiens ne peuvent lire toutes les sources en profondeur et doivent donc naviguer dans les sources et se situer par rapport à celles-ci. La compréhension dépend donc de deux aspects, les sources et aussi la position adoptée par les wikipédiens. Ils doivent juger de nombreux facteurs tels que la pertinence et la qualité des sources ce qui demande une raison a priori comme le dit le rationalisme et sa généralisation, le progressisme.

Un progressiste ajoute à cela que les règles pour utiliser les sources, par exemple la nécessité d'attribuer les points de vue, ne s'appliquent pas de manière entièrement mécanique. Les règles elles-mêmes peuvent être discutées par la communauté dans les pages dédiées à cette fin. Tout cela doit faire appel à la raison a priori.

De Descartes à Popper, les progressistes ont toujours reconnu l’importance des données empiriques. Descartes a appliqué sa méthode en optique, météorologie et géométrie. Kant a présenté sa philosophie comme une synthèse du vieux rationalisme et de l'empirisme. Les données expérimentales sont fondamentales dans la réfutabilité de Popper. De la même manière, le progressiste dans le cadre de Wikipédia affirme que la vérifiabilité dans des sources est nécessaire, mais il affirme que la raison a priori est aussi nécessaire.

L'’essai propose que le progressisme ne s’oppose pas tête baissée à une tendance conservatrice majoritaire et mette l'accent au lieu sur une institutionnalisation de la discussion critique afin qu'elle puisse être conduite de manière harmonieuse dans les pages de discussion dédiées à cette fin.

"Give due weight" (« Prendre dûment en considération ») en dehors de Wikipédia

modifier

La demande de « prendre dûment en considération » exigée en dehors de Wikipédia, par exemple en cours de justice, s'enligne bien avec le point de vue neutre sur Wikipédia. Pour un Wikipédien, l'équivalent de prendre dûment en considération les faits, comme un juge doit le faire, consiste à trouver les sources fiables pour le sujet en question et de les utiliser pour écrire un bon article. L'objectif du Wikipédien est proche de celui d'un scientifique: il veut décrire le monde en utilisant les sources publiées comme technologie d'exploration. En science, certains débats tournent autour des lois associées aux technologies disponibles. Sur Wikipédia, des débats similaires tournent autour de la question de savoir quelles sources sont fiables et comment elles le sont. Pour être neutres, les Wikipédiens doivent prendre dûment en considération tous les points de vue pertinents contenus dans les sources fiables. Une leçon similaire peut être tirer de l’analogie avec "not taking sides" (« ne pas prendre parti ») dans un contexte juridique.

Le deuxième sens de "give due weight" (« prendre dûment en considération ») sur Wikipédia

modifier

Bien sûr, les wikipédiens anglais comprennent le sens habituel de «prendre dûment en considération » ("give due weight") et s'ils lisent « prendre dûment en considération tous les points de vue  », ils comprennent qu'ils doivent leur accorder l'attention voulue, mais dans Wikipédia il y a une extension du sens : les wikipédiens comprennent également que la place accordée aux points de vue dans l'article doit correspondre à l'importance des points de vue dans les sources. Ce deuxième sens suggère une méthode mécanique pour évaluer la proportion dans les sources afin que nous puissions l'appliquer à l'article et en tant que tel, cet autre sens est plus conservateur. En particulier, dans la pratique et dans le texte de la règle, le principe de la proportion juste ne dit rien de la partie du processus éditorial qui concerne la recherche de l'information et de la question complexe de la fiabilité des sources et de la pertinence des contenu.

Conservatisme sans dogmatisme

modifier

La thèse principale de l’essai est que nous devons expliquer le progressisme au lieu de nous opposer tête baissée au conservatisme. Cependant, cette thèse ne va pas jusqu’à soutenir un conservatisme dogmatique.

Formes dogmatiques d'un rejet de la raison a priori

modifier

Une manière dogmatique de demander un processus éditorial simple est la suggestion que l'on puisse déterminer quels points de vue inclure et quelle place leur accorder dans l'article par une méthode simple d'analyse des sources, qui serait plus systématique et moins biaisé que la lecture et la compréhension habituelles de ces sources. Il s’agit là d’une généralisation de ce qui a été dit à propos de l’empirisme dogmatique. Il y a des wikipédiens qui veulent croire en une méthode magique, parce qu'ils ne sont pas à l'aise avec la complexité naturelle du processus éditorial nécessaire pour trouver les informations pertinentes à inclure. Si l’objectif est d’évaluer l’importance d’un contenu particulier dans l’article, il n’existe pas de méthode magique, car il faut faire preuve de jugement pour pondérer la fiabilité des sources et d’autres facteurs.

Un autre exemple serait d’affirmer qu’il existe une règle précise pour savoir quand une synthèse constitue un travail inédit. L'essai anglais What SYNTH is not dit qu'une telle règle n'existe pas. Par exemple, un tri innocent par ordre alphabétique d’une liste crée des relations qui ne se trouvent dans aucune source, mais affirmer un ordre alphabétique n'est pas un travail inédit. Une manière non innocente de trier la liste serait plus problématique. L'essai français Synthèse inédite dit que l'article ne doit pas « affirmer implicitement une conclusion qui n'est pas formulée thématiquement par la ou les sources citées » (caractères gras ajouté), mais cela fait référence à un autre type d'affirmations implicites. Pour bien illustrer la situation, l'exemple se voulait clairement un travail non inédit, même s'il affirme des relations non trouvées dans les sources. En général, un jugement moins évident est nécessaire pour déterminer quand une synthèse constitue un travail inédit.

Conclusion

modifier

De nombreux Wikipédiens possédant les talents requis pour créer de bons articles et améliorer ceux qui existent déjà sont bloqués, voire bannis, parce que la discussion critique n'est pas bien menée. Une meilleure compréhension de la raison a priori et donc de la discussion critique a pour but de réduire un conservatisme dogmatique qui peut-être présent autant parmi la majorité qui condamne que parmi la minorité qui est condamnée. L'essai reste à un niveau général et ne prend pas partie, car cela ne devient nécessaire que lorsqu'on analyse les cas individuellement. Cependant, en général, le progressisme favorise la tolérance, car le progressiste comprend qu’il n’existe pas de méthode mécanique et valorise la raison a priori et donc la discussion critique. Un conservateur dira que c'est simple et qu'aucune étude philosophique n'est requise, mais alors la seule option est de se lancer tête baissée dans une discussion critique avec cette conviction de simplicité. L'essai propose une réflexion plus approfondie afin de l'intégrer dans nos règles et surtout dans leur application pratique.

  1. a b et c Il faut rappeler le caractère caricatural de cet usage de l'histoire. Locke était autant opposé à la scolastique aristotélicienne que Descartes. Il rejetait la raison innée de Descartes, mais valorisait la capacité de réflexion que Dieu attribua aux hommes pour leur permettent de vivre dignement. Il combattait l'absolutisme et encourageait la tolérance.
  2. a et b Notons ici que les conservateurs auront plus de difficulté à accepter cette arbitraire dans les lois. C'est la nature du conservatisme de considérer les lois comme non sujettes à discussion.
  3. a et b L'entrée dit qu'il est surtout connu pour cela, pas simplement qu'il est l'inventeur du jeu. Cela fait une différence, mais pas une grosse différence, car la plupart des gens interprètent « le plus connu » comme signifiant qu’il s’agit d’un fait pour lequel il est le plus connu. Si les wikipédiens avaient voulu dire que certaines sources suggèrent une histoire différente, ils auraient dû écrire quelque chose comme « considéré par la plupart comme l'inventeur du jeu ».

Références

modifier
  1. « Lambert Will de Herkimer nominé au Naismith Memorial Basketball Hall of Fame »>
  2. (en) Shannon Dea, Julie Walsh et Thomas M. Lennon, The Stanford Encyclopedia of Philosophy, (lire en ligne), « Continental Rationalism »
  3. Margaret Matthews, « Renaissance Skepticism », dans Internet Encyclopedia of Philosophy (lire en ligne)
  4. (en) Edward Grant, « Aristotelianism and the Longevity of the Medieval World View », History of Science, vol. 16, no 2,‎ , p. 93–106 (ISSN 0073-2753, DOI 10.1177/007327537801600202, lire en ligne)
  5. Walter Donway, « Immanuel Kant and the “Crisis of the Enlightenment” »,