Maison de Vigilance

Vocation

La Maison de Vigilance a pour but d'agir pour le désarmement nucléaire et de dénoncer l'existence des armes nucléaires comme la préparation d'un crime contre l'humanité. L'article 1 de ses statuts précise : " L'association a pour but de rappeler à l'opinion publique par tous les moyens non-violents, les menaces permanentes que fait peser sur la vie et l'humanité, la dissuasion nucléaire, ainsi que de faire connaître les moyens de se défendre sans se détruire." Ses moyens sont des présences non-violentes sur les sites liés aux armes nucléaires, des campagnes de sensibilisation de l'opinion publique à la nécessité du désarmement nucléaire, un lobbying de personnalités pour une remise en cause des armes nucléaires françaises et au niveau mondial, une solidarité avec les victimes des essais nucléaires, une volonté de mémoire des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki. La Maison de Vigilance approfondit la réflexion sur le problème du recours à la violence par les armes nucléaires et sur les moyens de créer une sécurité humaine sans le recours aux armes nucléaires.

La Maison de Vigilance se situe dans la dynamique mondiale d'élimination et d'interdiction des armes de destruction massive et travaille en partenariat avec toutes les associations concernées par ce sujet.

Histoire

1- Les précurseurs

Au début des années 1980, la mobilisation est forte en Allemagne contre l'installation des missiles Cruise et Pershing et SS20 soviétiques, et en France contre les essais nucléaires. A Bonn, le 10 mai 1981, la manifestation rassemble 300.000 personnes. En septembre 1981 commence en Angleterre le "Peace Camp" des femmes à la Royal Air Force Station de Greenham Common qui rassemblera jusqu'à 50.000 femmes deux ans plus tard. En France, le jour de l’Ascension 1982, les "Artisans de paix" organisent une marche silencieuse du Panthéon à l’Elysée. Des jeûnes sont organisés dès l'été 1982 à Taverny par un groupe constitué de Jean-Marie Muller, Etienne Godinot, Ernest Tuscher, Solange Fernex, René Macaire, Bruno de Commines. Dans cette dynamique de remise en cause, Solange Fernex, membre des Verts, organise au niveau mondial un "jeûne pour la vie" de 40 jours en 1983 (ref.1). A partir du succès de ces actions, l'idée d'une pérennisation de ce mouvement a émergé dans diverses communautés religieuses et mouvements pacifistes non-violents. La décision a été prise, en 1984, de s'implanter à Taverny, à 20 km de Paris, dans une maison, pour assurer une présence permanente et manifester une opposition devant la base de commandement de la Force nucléaire aéroportée française (ref.2).

ref 1  : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeûne_pour_la_Vie ref 2  : http://fr.wikipedia.org/wiki/Base_aérienne_921_Taverny

2- Les débuts de l'association" La Maison de Vigilance de Taverny"

L'achat d'une maison à Taverny a été fait en 1984 après la création d'une Société civile immobilière (SCI) comprenant une trentaine de porteurs de parts. Les personnalités qui ont porté ce projet sont Bruno de Commines, Solange Fernex, Marie-Claude Thibaud, Simone et Jacques de Bollardière, Christian Brunier, Alain Joffre .... De nombreuses autres personnalités se sont associées par leurs dons et leurs implications dans les actions, Jean Goss, René Macaire, Hervé Ott, Marc Sève, Serge Levillayer, Vincent Bony, Jean-Louis Cahu, Claude Richard-Molard, Odile Penet, Alain Véronèse, Jean Lasserre, Denis Stienne, Roland de Mareuil ... La "SCI Maison de Vigilance" et l'association "Maison de Vigilance de Taverny" ont mené une vie quasiment fusionnelle dans les objectifs et les actions, relations étroites qui ne se démentiront jamais. Les associations qui ont porté le projet sont le Mouvement pour une alternative Non-Violente (MAN), le Mouvement International de Réconciliation (MIR), les Réseaux Espérance, les Communautés de l'Arche, les Verts, Femmes pour la Paix (association créée par Solange Fernex en Suisse). Les actions ont consisté en des présences silencieuses régulières devant la Base de commandement de la Force nucléaire aéroportée de Taverny, l'organisation d'un jeûne de 4 jours de commémoration du 6 août (bombardement d'Hiroshima) au 9 août (bombardement de Nagasaki) à Taverny et enfin de nombreuses conférences à Taverny sur la non-violence et les armes nucléaires. La Maison de Vigilance a accueilli de nombreux groupes, dont la Marche des femmes de Paris à Greenham Common, pendant l'été 1984.

3- L'orientation après la fin de la guerre froide

A la fin de la guerre froide, l'espoir de voir une remise en cause des armes nucléaires a été vite dissipé. La Maison de Vigilance de Taverny a été confrontée à la modernisation générale des armes nucléaires, en particulier avec la campagne d'essais nucléaires reprise par le président Jacques Chirac, en 1995, après le moratoire de fait qu'avait institué le président François Mitterrand. Plusieurs personnalités se sont jointes au jeûne annuel qui regroupe, chaque année, deux à trois dizaines de personnes. Théodore Monod a eu une présence particulièrement régulière avec les jeûneurs depuis les années 1980. Sa personnalité a donné une visibilité médiatique importante et a contribué à transformer l'opposition des autorités à ces présences en une acceptation de dialogue avec les non-violents. Lors de ce jeûne annuel, des actions de sensibilisation de la population de Taverny étaient entreprises au marché de Taverny. La présence silencieuse devant la Base était le rituel quotidien. Solange Fernex et quelques autres militants de la Maison de Vigilance, en particulier Marie-Pierre Bovy de la Communauté de l'Arche, ont favorisé la naissance d'un collectif associatif "Stop Essais", en 1989, pour créer une dynamique associative de réflexion et agir au niveau international. "Stop Essais" a regroupé une vingtaine d'associations dans l'objectif de l'Abolition des armes nucléaires et a changé de nom pour s'appeler Armes nucléaires STOP après la fin des essais nucléaires français. La Maison de Vigilance de Taverny et Stop Essais/Abolition des armes nucléaires ont ainsi mené des actions communes et soutenu les vétérans des essais nucléaires français et les populations dans leurs demandes de reconnaissance et d'indemnisation.

4- Ré-orientation après les années 2000

Le décès de Théodore Monod (2000) et celui de Solange Fernex (2006) n'ont pas ébranlé la volonté des militants qui s'opposaient aux armes nucléaires. La réorganisation de l'armée décidée par le président Nicolas Sarkozy a modifié le rôle de la Base 921 de Taverny. En 2010, elle a perdu son rôle dans la Force nucléaire aéroportée. L'association "Maison de Vigilance de Taverny" et la "SCI Maison de Vigilance" ont alors décidé de quitter Taverny, de vendre la maison et de s'implanter à Paris pour y mener la plupart de leurs actions. L'association a changé de nom pour prendre celui de "Maison de Vigilance" sans référence à Taverny. Dans ces années 2000, de nouveaux militants se sont engagés de façon importante, citons Dominique Lalanne (Europe-écologie-Les Verts) et Jean-Pierre Dacheux (Mouvement pour une alternative non-violente), pour renforcer l'équipe dirigeante des années précédentes avec les fondateurs Bruno de Commines et Marie-Claude Thibaud. Après la vente de la Maison de Taverny en 2012, la SCI Maison de Vigilance a acheté des parts de l'immeuble du Centre international de culture populaire (CICP) à Paris où une centaine d'associations sont regroupées pour des objectifs altermondialistes, tiers-mondistes, pacifistes et écologistes, proches des préoccupations de l'association. Le nouveau siège social de l'association "Maison de Vigilance" est devenu, de ce fait, le 21ter rue Voltaire, Paris 11ème.

Vie de l'association Maison de Vigilance

L'association organise, chaque premier vendredi du mois, une présence devant le ministère de la Défense, 231 Boulevard Saint Germain à Paris. Cette action a commencé en 2005 et prend la forme d'une chorégraphie de personnes en noir avec des masques blancs pour interpeller l'opinion et capter l'attention. Des tracts sont distribués au personnel du ministère donnant les raisons de notre opposition aux armes nucléaires. De nombreuses associations se joignent à la Maison de Vigilance pour cette présence, entre autres, le Mouvement de la Paix, Pax Christi, les Réseaux Espérance, la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL), Armes nucléaires STOP, le Mouvement pour une alternative non-violente (MAN), le Réseau Sortir du nucléaire. Depuis 2011 cette présence se place dans le cadre de la campagne ICAN (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires) qui regroupe une soixantaine d'associations en France et travaille au niveau international pour un traité d'interdiction des armes nucléaires. Du 6 au 9 août de chaque année, l'association organise à Paris depuis 2005 un jeûne-action qui assure une présence au Mur pour la Paix, sur le Champ de Mars, face à la Tour Eiffel. Une exposition sur le bombardement d'Hiroshima donne l'occasion de dialogue avec les nombreux touristes qui passent par ce lieu. Des actions sont organisées sous la Tour Eiffel (die-in, concerts, chorégraphies,...) et dans divers endroits de Paris (Notre-Dame, Fontaine Saint-Michel, Beaubourg,...). Des conférences sont proposées à la Mairie du 2ème arrondissement, des films sont projetés pour favoriser des débats publics, des ateliers sur la non-violence sont ouverts aux militants qui le souhaitent. L'association Maison de Vigilance assure la responsabilité de ces événements avec Armes nucléaires STOP et le Réseau Sortir du nucléaire. En 2013, le jeûne-action a été couplé à deux autres, l'un en Angleterre à Burghfield (ref 3) devant l'usine des armes nucléaires anglaises et l'autre à Büchel en Allemagne (ref 4), devant la base de l'OTAN qui dispose d'armes nucléaires américaines. Une centaine de jeûneurs ont participé à ce triple jeûne-action dont environ 80 à Paris. L'association Maison de Vigilance est membre du collectif Armes nucléaires STOP (ref 5) et de la campagne ICAN (ref 6)

ref 3 : http://actionawe.org/ ref 4 : http://www.atomwaffenfrei.de/ ref5  : http://www.armesnucleairesstop.org ref 6 : http://icanfrance.org/

Notes et références

1- (Témoignages recueillis par) Solange Fernex, La Vie pour la vie : jeûne pour la vie: août-septembre 83, Ed. Utovie, Collection Pour que la joie demeure, 1985.

2- Silence N° 146 octobre 1991, "Installée depuis 1984, cette maison mène une action en profondeur face aux militaires du Poste de Commandement atomique de la France."

3- Théodore Monod, Révérence à la vie, Éd. Grasset & Fasquelle, 1999.

4- Elisabeth Schulthess, Solange Fernex, l'insoumise. Écologie, féminisme, non-violence, Collection Écologie, Ed. Yves Michel, octobre 2004.


Voir aussi : http://www.maisondevigilance.com Le blog du jeûne du 6 au 9 août : http://www.vigilancehiroshimanagasaki.com photos : https://plus.google.com/photos/113137942473092853019/albums?banner=pwa

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