Utilisateur:FERNANDES Gilbert/Brouillon2

Marie Madeleine
Sainte chrétienne
Image illustrative de l’article FERNANDES Gilbert/Brouillon2
Noli me tangere”, Marie Madeleine au tombeau, par Antoine Rivalz, Montauban,
musée Ingres-Bourdelle.
Apôtre des apôtres
Naissance date inconnue av. J.-C
peut-être Magdala
Décès Ier siècle 
Santa Bauma, grotte du massif de la Sainte-Baume, ou à l'emplacement de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
Vénéré à Basilique de Saint Maximin, Basilique de Vézelay, Sanctuaire de la Sainte-Baume
Vénéré par Église orthodoxe
Église catholique
Communion anglicane
Luthéranisme
Autres types d'Églises protestantes
Fête 22 juillet
Saint patron des cordiers, diocèse du Var

Marie Madeleine, ou Marie de Magdala, appelée aussi Marie la Magdaléenne (Μαρία ἡ Μαγδαληνή) dans les Évangiles, est une disciple de Jésus qui le suit jusqu'à ses derniers jours, assiste à sa Résurrection et qui a donné naissance à une importante figure du christianisme.

Elle est citée nommément huit fois dans les quatre Évangiles canoniques, plus que la plupart des apôtres[1]. L'Évangile selon Jean, écrit au plus tôt vers 80[2], en fait la première personne à avoir vu Jésus après sa Résurrection, chargée d'avertir les apôtres. Ce motif est repris dans une fin probablement ajoutée au IVe siècle à l'Évangile selon Marc.

L'Église de Rome considère, à partir de Grégoire Ier au VIe siècle, que Marie de Magdala ne fait qu'une avec Marie de Béthanie ainsi qu'avec la pécheresse qui oint le Christ de parfum[a]. Cette position est abandonnée en 1965 par l'Église catholique après Vatican II, sainte Marie de Magdala étant célébrée, comme dans l’Église orthodoxe, le 22 juillet, tandis que Marie de Béthanie l'est avec sa sœur Marthe le 29 juillet. L'Église orthodoxe, depuis Jean Chrysostome, fait la distinction entre ces personnages, de même que les Églises protestantes.

Personnage très présent dans le christianisme du Moyen Âge, elle est présentée comme modèle au fidèle par l’Église de ce temps. Face aux critiques du protestantisme, le Concile de Trente la remet en avant et renforce sa présence dans les arts figuratifs. A partir du XXe siècle siècle, différents courants et mouvements (féministes, gnostiques) se saisissent de son personnage et réinterprètent les texte originaux construisant une personnalité très différente de la figure présentée initialement. La littérature et le cinéma s'emparent également de ce personnage, faisant d'elle une figure de proue de nombreux combats sociétaux et spirituels.

Le nom "Magdala"

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Village de Al-Majdal vers 1900 (équivalent arabe de Magdala).

Le nom de Magdala vient de Magdal en araméen ou Migdal en hébreu et désigne une construction en forme de tour[3]. D'après les archéologues, Magdala est les nom araméen de « Migdal Nunaiya », « tour du poisson », qui était un gros bourg situé sur les bords du lac de Tibériade, connue dans l'Antiquité sous le nom de Tarichéia (là ou sèche le poisson). De grandes pêcheries y étaient installées et fournissaient la région en poisson[R 1],[4]. Le village actuel de Migdal est situés à 5 kilomètres de la ville de Tibériade, Magdala se situe en contre-bas des falaises d’Arbel[5],[6]. Les fouilles archéologiques entreprises à partir de 1970 par les Franciscains ont montré une ville riche et prospère, dotée de « bâtiments intéressants, dont une belle villa du Ier siècle, ornée de mosaïques »[R 2]. Après la révolte juive, les Romains prennent la ville dans un bain de sang. Flavius Josèphe relate que la population se réfugie sur le lac avec ses bateaux, mais Titus les poursuit et massacre la population, teintant le lac de couleur rouge[R 2]. Fin XIXe siècle, la ville florissante du Ier siècle est réduite à un petit hameau misérable d'une trentaine de maisonnettes nommé Al-Majdal[R 1].

De nombreux Pères de l'Église et écrivains chrétiens, utilisant l'étymologie de « magdala » (tour), écrivent des sermons dans lesquels Marie Madeleine est présentée comme une tour symbolisant allégoriquement la foi et l'orthodoxie[3].

La plus ancienne mention de la ville de Magdala semble se trouver dans le Talmud où elle est appelée Migdal Zab'ayya (Pesachim 4, 30d)[7] ou Migdal Nunia (Pesachim 46a)[8]. La Mishna, dont fait partie le traité Pesachim, a été promulguée par Rabbi Yehouda ha-Nasi vers 200-220[9].

Une traduction de Μαρία ἡ Μαγδαληνή que l'on trouve dans les Évangiles est « Marie la Magdaléenne ». Des critiques ont donc émis l'hypothèse que Marie la Magdaléenne était appelée ainsi car elle possédait des « tours », des châteaux[R 3]. Il a aussi été envisagé que l'un d'entre eux ait été situé près de Magdala et que c'est ce dernier qui aurait donné naissance à l'appellation Migdal que l'on voit apparaître dans la Mishna. En effet, les historiens spécialistes du judéo-christianisme estiment qu'après la défaite de la révolte de 66-70 et surtout après celle de Bar Kokhba et l'expulsion des Juifs d'une grande partie de la Judée (135), des nazôréens ou ébionites seraient venus s'installer dans la région[10],[11] et en particulier à Nazareth et à Kokaba, car les noms de ces lieux possédaient des résonances messianiques[12],[13].

Dans les Évangiles

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Les écrits les plus anciens évoquant Marie Madeleine sont les écrits bibliques, canoniques ou apocryphes, les autres écrits relatant des passages de sa vie sont postérieurs de près de 10 siècles.

Dans les Évangiles canoniques

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Marie de Magdala, la femme que Jésus a délivrée de sept démons, par Paolo Veronese.

« Marie de Magdala » en tant que telle n'est cité qu'à 3 moments particuliers dans les évangiles canoniques :

Enfin, si d'autres femmes, également nommées « Marie », sont bien identifiées dans les évangiles, comme « Marie, mère de Jésus » ou « Marie femme de Clopas »[B 1], voir Marie de Béthanie[B 2], d'autres passages bibliques n'indiquent pas précisément de quelle « Marie » il s'agit (comme dans Luc 23,49)[R 1]. Parfois le texte ne précise même pas le nom de la femme (comme la femme guérie d'un flux de sang[B 3], la Syrophénicienne[B 4], la pécheresse pardonnée[B 5] ou la femme adultère[B 6]). Ces personnages féminins vont parfois être agrégée à la personnalité de Marie Madeleine, suivant les commentateurs, et les époques[R 1],[R 6].

Dans les écrits apocryphes

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Un texte du codex de Berlin, écrit en copte à la fin du IIe siècle (selon Michel Tardieu), porte son nom : l’Évangile de Marie. Il s'agit d'un texte gnostique comprenant un dialogue entre le Christ et Marie de Magdala, celle-ci le restituant aux apôtres, suivi de dialogues entre Marie et eux.

Dans la Pistis Sophia, texte gnostique en copte datant de 350 environ, Jésus dialogue avec Marie Madeleine et les autres disciples.

L’Épître des apôtres[b],[14], l'Évangile de Pierre, l'Évangile de Thomas et l’Évangile de Philippe évoquent également Marie Madeleine. Dans ce dernier, elle devient la disciple préférée de Jésus.

Une représentation protéiforme

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L'historien Régis Burnet rappelle que « les saint n'ont pas de biographies, ils ont des hagiographies. Les saints ne sont pas des individus, ce sont des personnages littéraires [...] qui sont interprétés - reçus - selon les contextes ». Il ajoute que chaque époque « bricole » sa propre représentation, reprenant souvent les données narratives (qui viennent des évangiles) et la complète plus ou moins avec des légendes, et « en fonction des valeurs propres au temps et aussi en fonction des utilisations que l'on veut faire du saint, on élabore une interprétation de sa vie ». Le saint est alors utilisé pour illustrer une morale, une piété, servir d'exemple, servir de porte parole voir justifier des décisions[R 7].

C'est ainsi que le « visage » de Marie Madeleine a largement évolué dans l'histoire, au cours des siècles, y compris au sein de l’Église et du monde chrétien, mais surtout en dehors. Ce phénomène est complexifié par l'ajout de plusieurs figures ou personnages bibliques (Marie de Béthanie, la femme adultère, la pécheresse pardonnée) qui ont été combinées (ou non) avec le personnage de Marie Madeleine[R 8].

Les limites du texte

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Les informations données par les textes bibliques canoniques sur Marie Madeleine sont extrêmement limités. En se basant uniquement sur ces données évangéliques, Régis Burnet parvient à identifier de rares éléments biographiques du personnage biblique :

  • Elle serait (probablement) originaire de la ville antique de Tarichéia, connue des archéologues, ville assez riche (au Ier siècle) vivant du commerce du poisson[R 1].
  • L'évangéliste qualifie Marie Madeleine « libérée de sept démons », mais l'historien rapport que dans le contexte juif de l'époque, l'évangéliste « n'affirme pas que les démons sont des vices », mais que l'évangéliste décrit ici « une femme torturée par une puissance néfaste qui la dépasse »[R 2].
  • Enfin elle semble avoir été relativement fortunée pour pouvoir se mettre au service de la communauté des disciples du Christ. Le mot service utilisé par l'auteur grec donnera diaconie dans le christianisme[R 3].

Régis Burnet écrit que si l'on se base uniquement sur les passages biblique nommant explicitement « Marie de Magdala », alors il en résulte qu'elle est une femme « d'un certain niveau social, qui suit Jésus jusqu'à son supplice sur la croix. Sa fidélité est récompensée : elle fait partie des premiers à connaître la nouvelle de la Résurrection, et selon Jean, elle est gratifiée d'une apparition du Christ ressuscité qui convertit l'affection terrestre qu'elle éprouvait en appel à la mission évangélisatrice »[15],[R 9],[R 5].

Mais si l'on amalgame les différentes figures de femmes rencontrées, alors le visage de la magdaléenne se complexifie : c'est une femme d'un niveau social élevée, qui a connue une vie de débauche, et donc une mauvaise réputation, mais qui a vécu une conversion profonde. Amie intime de Jésus, elle obtient de lui un « miracle inouïe » : ramener à la vie un cadavre en décomposition. Présentant la fin prochaine de son ami, elle « l'oint d'un parfum de prix, comme dernier témoignage d'affection et de référence ». Elle suit ensuite Jésus jusqu'à son supplice sur la croix[R 9]. Régis Burnet conclu que « toute l'histoire de la figure magdalénienne hésite entre ces deux tableaux : l'un paraît plus fidèle aux données évangéliques, l'autre parle davantage au cœur »[R 9].

Marie Madeleine dans les traditions chrétiennes

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La tradition et l'iconographie chrétiennes s'appuient sur ces textes canoniques et apocryphes pour donner plusieurs visages de Marie de Magdala, d'abord l'épouse spirituelle du Christ (« Sponsa Christi ») et l'apôtre de la Révélation (« l'apôtre des apôtres », selon la formule d'Hippolyte de Rome)[R 10], puis à partir du IVe siècle la pécheresse reniée et bafouée mais repentie[R 2]. Le Moyen Âge s'empare ensuite de nombreuses légendes pour fabriquer une sainte[R 11].

En mélangeant différentes figures de femmes biblique, le moyen âge crée une figure riche et complexe pour Marie Madeleine. Régis Burnet écrit qu'elle est une « figure d'unité et de réconciliation, elle symbolise la recherche de l’Église en quête de sont Seigneur ; figure féminine de la prédication, elle justifie l’engagement des laïques et des femmes dans les œuvres de miséricorde ; figure de contemplation, elle sert de modèle au monachisme et aux ordres religieux dans leur recherche mystique ; figure de la confession, elle donne un statut social aux prostituées ; figure maternelle, elle assiste les lépreux et les pauvres ; figure de la repentance, surtout, elle s'affirme comme un signe d'espérance, espérance du pardon divin et espérance de la rémission des péchés »[R 12].

Les premières traditions : l'apôtre des apôtres

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Noli me tangere, Fra Angelico, XVe siècle, couvent San Marco.

Les Pères de l’Église soulignent son rôle de premier témoin de la Résurrection ; elle est pour cela désignée comme l'« apôtre des apôtres » par Hippolyte de Rome[16]. Du IIe siècle, les père de l'Eglise distinguent les différentes Marie et femmes cités dans les évangiles, n'attribuant à Marie Madeleine que les passages où Marie de Magdala est nommément citée[R 13]. Parmi eux nous pouvons citer Clément d'Alexandrie, Origène, Jean Chrysostome, Ambroise de Milan, ...[R 13],[c],[R 10].

Aujourd'hui, la critique contemporaine tend à associer intimement Marie de Magdala et son rôle de témoins de la Résurrection. Plusieurs auteurs écrivent qu'elle « forme le premier maillon de la chaine de transmission de l'annonce de la Résurrection »[17]. Mais cette position amène une controverse à l'époque moderne, certains commentateurs rationalistes ont utilisé cet argument[d] « pour jeter le discrédit sur la foi chrétienne dans son entier », comme Ernest Renan dans son ouvrage Vie de Jésus[e]. Cette accusation d'hystérie était déjà apparue au IIe siècle dans les écrits d'Origène Contre Clese[18]. Mais aujourd'hui, après la réévaluation des témoignages féminins faite par la recherche biblique, plusieurs auteurs[R 14] appuient que « le fait qu'une femme puisse avoir le rang de témoin dans une société patriarcale où son témoignage a seulement une valeur secondaire plaide en faveur de la véracité de l'histoire raconté »[R 10].

L'assimilation à une pécheresse

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Marie Madeleine méditant. par Jan Lievens.

L’Évangile de Luc rapporte une onction du Christ faite par une pécheresse (Lc 7,36-50) dans la maison d'un pharisien, alors que les autres évangiles relatent une scène semblable, mais en d'autres lieux Matthieu et Marc à Béthanie chez « Simon le lépreux »[B 7],[B 8], et Jean à Béthanie chez Marthe et Marie[B 9],[R 6]. C'est le pape Grégoire le Grand vers 591, qui le premier, dans deux de ses homélies (Homiliae in Evangelium 25), va associés ces quatre textes indiquant qu'il s'agissait de la description de la même scène, malgré leurs différences (lieu, onction sur la tête ou les pieds, auteur de l'onction). Il compose ainsi une figure plus complexe et plus riche pour Marie Madeleine. Il sera suivit par de nombreux exégètes, jusqu'au XXe siècle, qui conserveront à Marie de Magdala, les fonctions de « pécheresse et de pénitente » au cours des siècles[19],[20],[R 13].

Selon Jean Pirot, l'identification opérée dans le christianisme découlerait d'une erreur d'interprétation du passage de Lc 8,2 qui précise que Marie était possédée par sept démons. Il pense que cette « possession » n'était pas liée à l'idée de péché mais plutôt à une névrose, et considère d'une manière générale que les occurrences de possession par les « mauvais esprits » dans les Évangiles sont des métaphores pour désigner la maladie (physique ou nerveuse) plutôt que le péché[21],[R 2].

Selon Madeleine Scopello, « la Tradition chrétienne des premiers siècles s'est rapidement emparée [du personnage de Marie la Magdaléenne] en lui attribuant des actes accomplis et faits par d'autres femmes du cercle de Jésus : Marie de Béthanie, sœur de Lazare ; la prostituée anonyme repentie chez Simon le Pharisien ; ou encore la femme présente chez Simon le Lépreux. Ainsi, Marie Madeleine est devenue un personnage composite qui a pris consistance sous le pape Grégoire le Grand (590-604), puis a traversé les siècles avec une extraordinaire fortune »[22].

Madeleine repentante, par Le Caravage.

Pour Régis Burnet, c'est un soucis pastoral qui a poussé le pape Grégoire le Grand a créer de visage de « pécheresse pénitente » : pour ramener la paix dans l'ancien empire romain, envahit par les barbares et divisé en une multitude de royaumes concurrents se faisant la guerre, pour offrir un visage « de paix et de réconciliation » aux populations et aux dirigeant, mais aussi pour en faire un « héraut » de la vaste entreprise d'évangélisation de l'Europe et des royaumes barbares (dont le pourcentage de chrétiens reste faible). La « Marie Madeleine » crée par le pape sera ce visage « d'une église de paix qui entretient une relation amoureuse avec le Christ »[R 13]. Marie Madeleine devient alors « un visage positif », actualisant « la puissance de la pénitence », et dont le « pouvoir réside dans son amour, qui la purifie comme un feu brûlant ». Le pape va utiliser la métaphore de l'orfèvre qui clarifie l'or par le feu : « le brasier de l'amour purifie son âme comme dans un creuset ». Pour l'auteur[f], c'est l'union de « la femme de mauvaise vie » avec la femme dans le jardin au matin de la résurrection, « cette union des contraires » qui crée la conversion, donnant alors l'exemple aux hommes qui sont en guerre d'un changement de vie possible, et appelant à la purification des mœurs, grâce à l'amour[20],[R 15]. C'est parce qu'elle est une pécheresse repentie, qu'elle est faible et écrasée par sa faute, dépendant totalement du don de la la grâce divine, qu'elle « ne doit sa gloire qu'au Christ » qui lui pardonne : c'est le triomphe de la puissance divine qui se déploie dans sa faiblesse[R 16].

Retour du visage du disciple

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Le premier à rompre l'image de la « pécheresse repentante » du catholicisme, serait Jacques Lefèvre d'Étaples au XVIe siècle, dans son ouvrage De Maria Magdalena et tiduo Christi disceptatio[23], l'auteur fait une recherche des écrits des pères de l’Église qui sont favorable à « l'unicité du personnage » et ceux qui sont pour une « séparation des Marie ». Il montre qu'aucun argument (évoqué par ces auteurs) ne saurait convaincre, ni dans un sens ni dans l'autre, et que les textes évangéliques ne sont pas plus explicites. L'auteur penche pour une multiplicité des personnages. Son ouvrage provoque une forte réaction : dans les milieux protestants il est encensé car sa thèse sert de confirmation à leurs propres thèses (« dédain pour le culte des saints », « absurdité de la doctrine catholique »)[g], mais dans les milieux catholique, il reçoit une forte opposition qui va jusqu'à une condamnation officielle par le Collège de Sorbonne. Malgré cette condamnation, quelques auteurs catholiques[h] vont commencer doucement à évoquer la séparation des « trois Marie » jusque là fusionnées en une seule personne[R 15],[R 17].

Résurrection de Jésus.

Au tournant du XIXe et du XXe siècle, commence à se construire un visage « moderne » de Marie-Madeleine, comme « un retour aux origines ». Pour Régis Burnet, dans la lignée des recherches archéologiques qui commencent à se développer, et qui consistent à « retirer les couches de sédiment pour mettre au jour les vestiges anciens », les universitaires, théologiens et autres « amateurs de mystères » commencent à essayer de débarrasser « Marie Madeleine » des 18 siècles d'interprétation et de commentaires qui avaient sédimenté son image. L'auteur écrit que cela s'assimile à une « querelle entre anciens et les modernes », les modernes cherchant à revenir à une vérité première issue des textes originaux, les anciens, cherchant à conserver l'historique des commentaires et des réflexions élaborées au cours des siècles[R 18].

Le premier, au XXe siècle, à défendre la thèse de femmes, et de scènes, différentes relatées dans la bible, serait M.J. Lagrange[24]. Aujourd'hui cette distinction des personnes sont largement reprises dans les milieux d'étude biblique[R 6].

En 1969, le pape Paul VI décrète qu'elle ne doit plus être fêtée comme « pénitente », mais comme « disciple », l'Église préférant la mettre en valeur via le texte de Jean plutôt que celui de Luc. Cependant, l'identification de Marie Madeleine à Marie de Béthanie et à la pécheresse repentie reste le point de vue dominant dans la tradition populaire et chez des exégètes minoritaires[25]. Mais les recherches actuelles vont plutôt dans le sens de la distinction des deux Marie et certains pensent que l'interprétation de Grégoire le Grand « deviendra de plus en plus quantité négligeable »[26].

Tradition orthodoxe

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Icône orthodoxe orientale de Marie Madeleine en tant que Myrhophore.

Dans la tradition de l'Église orthodoxe, Marie de Magdala est considérée comme le premier témoin de la résurrection de Jésus et reçoit de lui « mission » pour annoncer aux apôtres sa résurrection[B 10].

La tradition orthodoxe rapporte qu'elle est allée reprocher à l'empereur Tibère la mort de Jésus, et lui annoncer sa résurrection. Devant le scepticisme de celui-ci, l’œuf qu'elle tenait en main se teint alors en rouge sang[27],[28].

Selon les traditions orientales, elle s'est retirée à Éphèse avec la Théotokos (Marie, la Mère de Dieu) et y est morte. Ses reliques ont été transférées à Constantinople en 886 et y sont conservées[R 19].

Elle est souvent représentée sur des icônes portant un vase d'onguent, non pas à cause de l'onction de la femme pécheresse, mais parce qu'elle était parmi ces femmes qui apportaient des parfums au tombeau de Jésus. Pour cette raison, elle est qualifiée de « Myrophore » (porteuse de myrrhe).

Marie de Magdala, outre sa fête propre le 22 juillet, est également honorée lors du dimanche des Myrophores qui correspond au troisième dimanche de la Pâque orthodoxe.

La légende dorée

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Les premiers écrits sur la vie de Marie de Magdala (après la Résurrection) dateraient du IXe siècle (ou du VIe siècle?)[i] : la Vita eremetica beatae Mariae Magdalenae[29]. Ce texte aurait probablement rédigé dans l'Italie méridionale, par des moines menant une vie recluse et voulant « justifier la vie d'ermite, et favoriser un courant encore très marqué par l'érémitisme exigeant des Pères du Désert ». Plusieurs auteurs[j] font remarquer le grand parallélisme de vie entre Marie l'Égyptienne et Marie de Magdala[k]. Ce noyau de vie post-évangile va s'enrichir doucement jusqu'au XIIe siècle : sous l'influence de Vézelay, la grotte où elle vécue est localisée près de Marseille, des miracles sont ajoutés durant la vie de la Sainte. La tradition provençale s'approprie alors le récit[30]. Deux sermons datés du XIe siècle vont compléter et figer le récit[R 20].

Au XIIIe siècle, Jacques de Voragine reprend dans La Légende dorée cette tradition provençale qui servira de ligne conductrice pour toutes les publications magdaléennes jusqu'au XIXe siècle[31],[R 21].

A noter que cette hagiographie, fait de Marie Madeleine « une sainte repentante » (par ses années passées dans la grotte de la Sainte-Baume), « une sainte mystique » (par ses nombreuses prières quotidiennes), et enfin « une sainte intercesseur » pour ceux qui l'invoquent (par ses miracles réalisés), ce qui fait d'elle une personnes « en phase avec la spiritualité du Moyen Âge »[R 21].

La tradition provençale

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Le Voyage de Marie Madeleine à Marseille, par Giotto (1320), couvent Saint-François, Assise.

Selon la tradition provençale, Marie-Madeleine (ou Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare) fuyant les persécutions d'Hérode, aurait trouvé refuge en Provence en compagnie de son frère et de sa sœur[32]. Après avoir débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer, les différentes personnes se séparent pour aller évangéliser la Provence. Après un temps d'évangélisation des populations locale, Marie-Madeleine serait allé se réfugier dans la une grotte du massif de la Sainte-Baume pour y vivre en ermite durant une trentaine d'année[l],[33]. Dans la grotte, la légende relate que sept fois par jour, elle était portée par les anges jusqu'au sommet des falaises, pour y prier. À sa mort, elle aurait été ensevelie à Saint-Maximin par saint Maximin, qui aurait fuit avec elle, et serait devenu le premier évêque d'Aix[m]. Devenu célèbre, son tombeau, qui se serait trouvé dans la crypte actuelle de la basilique, aurait été gardé par des moines cassianites (disciples de saint Cassien) venus de l'abbaye Saint-Victor de Marseille au IVe siècle pour veiller sur ce lieu de culte et y accueillir les pèlerins. A la fin du XIIIe siècle, ce sont des moines dominicains qui se voient chargés de la garde du tombeau par décret du pape[34],[35],[36].

Le fait que Marie de Magdala se soit déplacée jusqu'en Provence est une légende. Les traditions qui mentionnent ce voyage ne datent que du Xe siècle environ et identifient Marie de Magdala avec la pécheresse de Luc 7,36-50 et Marie de Béthanie, mais cette identification n'est plus en vigueur[37].

L'initiée gnostique

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Dans les textes gnostiques de la fin de l'antiquité (comme la Sophia[n] du IIIe siècle), les Actes de Philippe du Ve siècle), ou « l'évangile de Marie »[38] du IIIe siècle), les auteurs antiques font de Marie de Magdala une apôtre à part entière, voir la première des apôtre, une initiée par le Christ faisant preuve « de virilité » dans l'apostolat, plus que les autres apôtres. Elle devient « l'interlocutrice privilégiée de Jésus », voir un évangéliste à part entière[R 22].

« Des mouvements spiritualiste contemporains qui mêlent gnose, occultisme, spiritualité et réalisation de soi dans la sensualité ou la sexualité » se sont emparé des textes gnostiques et des études faites sur ces textes « pour leur donner une nouvelle actualité ». D'une initiée gnostique, Marie de Magdala devient au fils des études une amante, un double du Christ, une sorte « d'alter égo » du Sauveur[R 23], allant jusqu'à « l'union entre masculin et féminin en Dieu », qui se réalise « comme un grand acte d'amour entre l'âme pécheresse [...] et le Dieu masculin »[R 24].

Avec le temps, Marie Madeleine est donc passée de « celle qui reconnait le Christ ressuscité le matin de Pâques », à son amie, puis son amante, puis à l'épouse du Christ, enfin à la figure de l'initiée gnostique qui embrasse Jésus sur la bouche (rituel gnostique). Cette image a été renforcée par des ouvrages et des films représentant cette vision (comme La Dernière Tentation du Christ ou le Da Vinci Code)[R 25]. Mais cette image continue d'évoluer vers l'initiée parfaite, puis à l'égal du Christ, et enfin jusqu'à la déesse gnostique. Plusieurs églises gnostiques, qui se réclament parfois d'une origine apostolique[o] et vont jusqu'à imiter le rituel catholique des messes, tout en intégrant des éléments syncrétiques dans leur religion, élèvent Marie Madeleine au rang de divinité ou déesse cosmique[R 26],[p].

Théories diverses

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Régis Burnet soulève que différents auteurs, à des périodes historiques différentes, et en partant « des mêmes textes de références, des éléments biographiques identiques, pris dans des contextes différents » ces auteurs « conçoivent une interprétation quasiment opposée »[q],[R 16].

Dans cette « querelle entre Anciens et Moderne » qui vise à partir du XXe siècle à redéfinir un visage moderne de Marie de Magdala, uniquement à partir des textes biblique, les « amateurs de mystère » vont s'immiscer en spéculant que « si la tradition [a déposée] ce voile qui cache les images premières, c'est qu'il y a quelque chose à cacher », et donc que quelqu'un y a intérêt, et donc qu'il y a complot. Régis Burnet écrit que pour ces auteurs, « revenir en arrière consiste à ressusciter une vérité interdite »[R 18]. Ces spéculations « tournent autour de la prostitution », de cette image jugée aujourd'hui comme « avilissante »[R 16].

Le successeur de Jésus

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Une thèse venue « d'une fraction d'universitaires d'Outre-Atlantique » affirme que s'il y a si peu de place pour les femmes dans les évangiles, alors que leur présence au Tombeau et leur témoignage sur la résurrection (qu'elles sont les premières à voir) est si capital « c'est qu'il y a eu complot » et reformulation a posteriori des textes bibliques officiels pour que les apôtres puissent se donner « un rôle avantageux »[R 27]. Selon ces hypothèses, le role de Marie de Magdala aurait été minoré dans les évangiles, seul celui de Jean aurait « préservé » l'importance de Marie, car il serait venu « d'une frange très particulière de l’Église qui eu à se définir par rapport au courant majoritaire ». Jane Schaberg (en) va plus loin dans ses conjectures et affirme que « Marie Madeleine aurait été le successeur de Jésus »[39]. Esther de Boer et Ramon Jusino émettent l'hypothèse que Marie de Magdala serait l'auteur du 4e évangile : « le disciple que Jésus aimait »[40],[41]. Pour établir leur démonstration, les auteurs se sont appuyé sur les évangiles gnostiques apocryphes[R 27].

Si R. Burnet écrit qu'il « semble quasiment impossible de trancher les questions soulevées au vu du peu d'éléments [écrits originaux] actuellement disponibles », il conclue que ces différentes thèses d'exégètes révèlent « la place prééminente que certains exégètes contemporains sont prêts à faire à cette femme »[R 27].

L'épouse du Christ et le Graal

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La Madeleine à la veilleuse, par Georges de La Tour, musée du Louvre.

Dans Dieu homme et femme, les théologiens Jürgen Moltmann et Elisabeth Moltmann soutiennent que Marie de Magdala et Jésus étaient époux « en esprit », et posent donc la question d'une égalité fondamentale entre l'homme et la femme. Les dernières recherches exégétiques sur le lien entre Marie de Magdala et Jésus vont dans le sens de cette interprétation, comme le met en lumière l'exégète Xavier Léon-Dufour[42] : en Jean 20,16, Marie dit à Jésus « Rabbouni ». Ce mot est traduit par « maître » dans l'Évangile, mais Rabbouni est en réalité un diminutif de Rabbi et pourrait ajouter une nuance d'affection ou de familiarité. La quête aimante de Jésus par Marie de Magdala en Jean 20,11-16 renvoie au Cantique des cantiques 3,1-4.

L'idée de dépeindre Marie de Magdala sous les traits d'une épouse a été exploitée dans la littérature dès le milieu du XXe siècle. Dans son roman de 1951 La Dernière Tentation du Christ[r], qui montre un Jésus succombant à la tentation d'une vie simple, l'écrivain grec Níkos Kazantzákis fait intervenir le thème de l'union amoureuse entre les deux personnages.

Cette thématique a trouvé une fécondité dans le conspirationnisme contemporain : Marie Madeleine aurait eu des enfants avec Jésus, mais l'Église catholique aurait étouffé ces faits par la force et la terreur, et fait de Marie Madeleine une prostituée afin de condamner le désir charnel. C'est sous cet angle que la vie et le rôle de Marie de Magdala ont été exploités dans des livres destinés au grand public comme L'Énigme sacrée ou La Révélation des Templiers, sans valeur scientifique reconnue dans les milieux universitaires.

Régis Burnet écrit qu'en faisant de Marie Madeleine l'épouse du Christ et portant un enfant de lui, les auteurs font de cette femme un nouveau Graal, car « les chevaliers de la Table ronde conservaient le sang jaillit de la blessure faite sur la croix, de même que Madeleine a recueilli le sang du Sauveur en son sein : elle a porté sa descendance »[R 28]. Cette théorie est reprises par le romancier Dan Brown dans son thriller Da Vinci Code[s]. Il y fait de Marie Madeleine le symbole de la « féminité sacrée », en modifiant la définition du Graal lorsqu'il écrit : « Le Graal est littéralement l’ancien symbole de la féminité et le Saint Graal représente le féminin sacré et la déesse, qui bien sûr a disparu de nos jours, car l’Église l’a éliminée. Autrefois, le pouvoir des femmes et leur capacité à donner la vie était quelque chose de sacré, mais cela constituait une menace pour la montée de l’Église majoritairement masculine. Par conséquent, le féminin sacré fut diabolisé et considéré comme hérésie. Ce n’est pas Dieu mais l’homme qui créa le concept de “péché originel”, selon lequel Ève goûta la pomme et fut à l’origine de la chute de la race humaine. La femme qui fut sacrée, celle qui donnait la vie, fut transformée en ennemi »[43],[R 28].

Plusieurs personnes, dont les réalisateurs du téléfilm documentaire américain Le Tombeau de Jésus, utilisent cette théorie pour dire que Jésus et Marie Madeleine seraient enterrés au tombeau de Talpiot.

La mère de Jésus

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L'historien Thierry Murcia, auteur d'un ouvrage sur cette question[44], défend l'idée que Marie de Magdala serait en fait la mère de Jésus. Il développe différents arguments, notamment le fait que Magdela désigne « la tour » en araméen et que Megaddela signifie « la Magnifiée ». Il s'agirait donc d'un surnom élogieux visant à la distinguer, non d'un toponyme. Pour lui, il n'y aurait pas de contradiction entre les Évangiles synoptiques et celui attribué à Jean. Si, dans les premiers, la mère de Jésus n'est pas présente près de la croix, c'est parce qu'elle y est appelée Marie la Magdaléenne. Dans son schéma, il n'y aurait ni trois ni quatre femmes près de la croix de Jésus dans l'Évangile selon Jean, mais seulement deux qui seraient d'abord présentées puis nommées, mais dans un ordre suivant une figure de chiasme en forme de croix, schéma classique de type ABBA.

« Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère (A) et la sœur de sa mère (B), Marie, femme de Clopas (B), et Marie de Magdala (A). »

Cette tradition de Marie de Magdala mère de Jésus est très ancienne et on la retrouve dans plusieurs documents des premiers siècles qui étaient jusqu'ici laissés pour compte. Pour Thierry Murcia, cette tradition serait la plus ancienne que l'on aurait sur le personnage. Il écrit :

« La Marie de Magdala évangélique n’a jamais été une femme de mauvaise vie. Au contraire, même, puisque la tradition la plus ancienne l’identifie spontanément à la mère de Jésus, ce qui, le cas échéant, n’aurait pas été possible. “Magdala”, d’autre part, ne renvoie pas à sa ville d’origine. Il faut plutôt y voir une épithète élogieuse visant à la distinguer et à souligner son caractère éminent. Une fois passé en grec, Magdala, מגדלא (megaddela) – que l’on pourrait traduire par “la Grande”, “l’Exaltée” (au sens laudatif), “la Magnifiée”… – a tardivement été interprété (IVe siècle), à tort, comme un toponyme. Cette tradition qui voit en la Magdaléenne la mère de Jésus est attestée par de nombreux documents anciens d’horizons divers, internes et externes au christianisme. Et quoiqu’elle ait été largement ignorée jusqu’ici, il s’agit sans conteste de la plus ancienne et de la mieux étayée dont nous pouvons disposer concernant son état civil. »[44].

Une courtisane

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Bruckberger en fait une courtisane à la cours d'Hérode, admiratrice de Phryné[45] amie d'Hérodiadeet de Salomé[46]. L'auteur l'imagine chassée de la cours d'Hérode car atteinte de la lèpre. Abandonnée de tous, elle est guérie par le Christ, à la demande de son amie, Jeanne, épouse de Chuza, intendant d'Hérode. Marie Madeleine se tourne alors vers le Christ et y découvre la Sagesse qu'elle recherchait dans les écrits et philosophie greque[47].

Marianne Sawickl évoque également un rôle politique de Marie Madeleine dans le palais d'Hérode Antipas, construit à Tibériade, proche de Magdala[48],[R 3].

Le miroir de la société

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Dans son étude de l'évolution de l'image de Marie Madeleine au cours des siècles, Régis Burnet note que ses caractéristiques (que l'on peut identifier à partir des textes bibliques) reçoivent « une interprétation particulière dans le contexte idéologique de l'époque ». Ainsi la même caractéristique amènera une interprétation et une conclusion différente suivant l'époque et le contexte de pensée qui effectue cette analyse. Par exemple[R 29] :

  • la féminité : du début du christianisme jusqu'à ces derniers siècle, féminité implique péché, et péché de chair. La confusion des personnes avec la pécheresse repentit (et l’assimilation de pécheresse avec prostituée) entretenant cette « certitude ». De nos jours, féminité implique « oppression », car dans une société patriarcale, la femme est « forcément opprimée » par les hommes. A cela s'ajoute une notion nouvelle de « victime d'un complot »[R 29].
  • la fidélité : au moyen âge, la fidélité (au Christ) était la marque d'un christianisme parfait, la Madeleine était donc un modèle pour tous les chrétiens. De nos jours, la fidélité implique une initiation, car en étant fidèle, Madeleine a pu recevoir des « enseignements privilégiés », des révélations plus importantes, plus secrètes (c'est toute la thèse gnostique)[R 29].
  • la proximité : sa proximité est interprétée au Moyen Âge comme une marque de spiritualité, comme une marque d'amour mystique. Son amour pour le Christ était (pour cette époque) un amour mystique. Aujourd'hui, cette même proximité est interprétée comme un indice de sexualité. Après l'union mystique, c'est une union physique, sexuelle qui est évoquée et affirmée entre elle et le Christ[R 29].

L'auteur conclut que la figure de Marie Madeleine, « relativement discrète dans les évangiles », est d'une grande plasticité. Il dit « comme un miroir qu'on promènerai le long des routes de l'histoire, elle renvoie l'image de l’époque qui se l'approprie. Elle renseigne bien plus sur les dessins, les manipulations, les rêves de ses adorateurs que sur elle-même. [...] Elle est un miroir qui réfléchit les convulsions de la société qui la saisit ». Et « bien malin qui pourrait décider une fois pour toute qui elle fut vraiment »[R 7],[R 30].

Lieux de sépulture

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La tradition chrétienne a reporté plusieurs lieux de sépulture pour Marie Madeleine, suivant les périodes et les traditions hagiographiques.

Éphèse

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Grégoire de Tours (VIe siècle) place le tombeau de Marie de Magdala à Éphèse, en Asie Mineure : « Dans cette ville repose Marie-Madeleine, n'ayant au-dessus d'elle aucune toiture »[49],[R 19]. La dépouille de Marie Madeleine aurait reposé dans l'atrium précédant un sanctuaire, tradition typiquement éphésienne. Pour Grégoire de Tours, Marie la Magdaléenne et Marie la mère de Jésus seraient toutes deux mortes à Éphèse.

Cependant, cette tradition est récusée par des exégètes qui pensent que Marie de Magdala ne s'est pas rendue en dehors de la Palestine[50].

Dans la tradition orthodoxe, Marie de Magdala a bien été inhumée à Éphèse, et en 886, ses reliques ont été transférées à Constantinople où elles y seraient toujours conservées[R 19].

Jérusalem ou la Palestine

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Dans l'écrit médiéval « la geste des évêques de Cambrai », l'auteur évoque le transfert des reliques de Marie-Madeleine par le moine Badilon, qui les rapporte en Bourgogne (dans la basilique de Vézelay). Cet écrit daté de 1041 à 1043 est le seul écrit médiéval relatant le transfert de reliques de la sainte depuis la Palestine. Tous les autres écrits expliquant l'arrivée des reliques à Vézelay parlerons d'un transfert depuis la ville d'Aix-en-Provence[51].

Saint-Maximin

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Sarcophage de Marie-Madeleine (crypte de la basilique de St Maximin).

La tradition provençale établi le lieu de sépulture de Marie-Madeleine à Saint-Maximin, dans la crypte de l'actuelle basilique. Ce serait saint Maximin qui l'aurait inhumé dans un caveau, et aurait demandé a y être inhumé lui-même à sa mort[35],[36]. Des moines venus de venus de l'abbaye Saint-Victor de Marseille viennent s'installer au IVe siècle sur le site et y construisent un complexe religieux « pour veiller sur ce lieu de culte et y accueillir les pèlerins »[34],[35]. Les fouilles archéologiques et études par radar récentes ont montrées l’existence d'un complexe religieux autour de la crypte actuelle dès le début du VIe siècle[52],[53],[54].

Notoriété et culte

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Notoriété

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Elle est citée nommément huit fois dans les quatre évangiles canoniques[R 4] (mais jusqu'à 12 fois si l'on compte toutes les associations de personnages et de scènes qui ont parfois été fait[1]) soit plus que certains apôtres, mais elle reste un personnage secondaire de l'Évangile, bien qu'il « joua un rôle important dans la mentalité du christianisme occidental »[R 31]. L'Évangile selon Jean, écrit au plus tôt vers 80[55], en fait la première personne à avoir vu Jésus après sa Résurrection, chargée d'avertir les apôtres[B 11].

Dans l'ordre d'importances des saints chrétiens, elle est considérée comme la 5e personne du christianisme après Jésus-Christ, la Vierge Marie, Saint Pierre et Saint Paul. Les deux premiers n'ayant pas laissé de reliques sur terre[t] Les reliques de Pierre et Paul étant réputées être à Rome, le lieu déclarant détenir les reliques de Marie Madeleine se retrouvait automatiquement positionné comme un des tout premiers lieux de pèlerinages de la chrétienté[R 32]. Peter Brown a montré que le culte des saints dans le moyen âge exprimait « le plus souvent la réalisation des plus hautes aspirations spirituelles d'une époques et qu'il a joué un rôle essentiel dans le fonctionnement de la société en cimentant son unité. Ce faisant on révélait le rôle du saint ou du héros »[56],[R 32].

En Angleterre, les université d'Oxford et de Cambridge sont toutes deux issues d'un collège médiévale baptisé du nom de la sainte. Et en Angleterre, 187 églises lui sont dédiées[57].

En France, à Paris, la célèbre église de la Madeleine, construite au début du XIXe siècle, lui est consacrée[57]. De nombreuses autres églises et chapelles lui sont dédiées[u].

Après un apogé du culte du XIe au XIIIe siècle, suivi d'un rapide déclin, la Contre-Réforme remet en avant ce personnage du Nouveau Testament. Sa popularité se développe au point que déjà au XIXe siècle le père Lacordaire soulignait déjà sa grande notoriété[58]. Le XXe siècle voit la poursuite de cette lancée, au point que Régis Burnet écrit en 2008 : « on ne compte plus les ouvrages exégétiques, historiques, littéraires, hagiographiques qui traitent de ce personnage attachant du Nouveau Testament », et la « vogue récente du Da Vinci Code » n'y est pas étrangère[R 33]. Sa notoriété culturelle est maintenue au premier plan par une abondante production d'ouvrage de « cercles féministes universitaires », et la sortie de plusieurs films qui ont parfois fait scandale comme La Dernière Tentation du Christ, Mary, ou le Da Vinci Code[R 34]. Aux Etats-Unis, le mouvement des Feminist biblical studies a prit Marie Madeleine comme figure de proue. Plusieurs universités américaines disposent de chairs d'étude sur la « place des femmes dans les religions », où le personnage de Marie Madeleine tient une place importante. Elle « constitue un cas d'école inespéré pour illustrer la théorie du complot patriarcal », et elle est donc l'objet d'un grand nombre d'ouvrages à visées féministes[R 35]. Dans le catholicisme, des mouvements utilisent la figure de Marie Madeleine pour promouvoir le rôle de la femme dans l'Eglise, et en particulier l'ordination des femmes[R 36].

Durant l'antiquité

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Le culte de Marie-Madeleine semble apparaitre plus tardivement que pour la Vierge Marie. Son culte débute au VIe siècle en orient et au VIIe siècle en occident. Le martyrologe de Bède le vénérable (VIIIe siècle) note qu'elle est célébrée le 22 juillet, comme sainte[19],[R 37].

Mais très tôt les Pères de l’Église ont cités Marie Madeleine dans leur commentaires et hexégèses, comme Hippolyte de Rome (170-235) qui dans un commentaire du Cantique des cantiques compare Marie Madeleine à la femme qui recherche son amant (dans le cantique), il fait de nombreux parallèles entre la rencontre au jardin lors de la Résurrection et le texte du Cantique, mais aussi entre Ève au Jardin d’Éden et Marie Madeleine[R 37]. Des églises « dédiées à sa mémoire » sont rapportées par des pèlerins dès le IVe siècle en Palestine. La mémoire de ses reliques en orient est attestée depuis le VIe siècle et surtout au IXe siècle avec une translation de reliques par l'empereur byzantin Léon VI le Sage[R 19].

Au Moyen Âge

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La rédaction de son hagiographie au Moyen Âge, qui la place comme une pénitente-repentante, une mystique et un saint intercesseur fait d'elle une femme « en phase avec la spiritualité de ce temps ». Marie Madeleine se positionne comme le pendant opposé[v] (mais complémentaire) de la Vierge Marie, cette dernière offrant un modèle « quasi divin » et Madeleine, un modèle « plus humain ». A noter que Madeleine « regagne une sorte de virginité par sa pénitence » au point qu'elle est cité dans la litanie des saints en tête des vierges et des veuves[R 11].

Les franciscains et les dominicains, tous deux des ordres mendiants et prêcheurs la prennent pour sainte patronne au XIIIe siècle, plusieurs couvents et abbayes lui sont également consacrées. Ces moines la prennent pour exemple dans leur vie apostolique (elle est l’apôtre des apôtres), mais aussi pour leur leur vie contemplative (par sa vie érémitique à la Sainte Baume)[R 11]. De nombreuses congrégations de flagellant se sont également réclamées de son patronage[R 12].

La devotio moderna qui se développe au XIVe siècle va prendre Marie Madeleine pour étendard, cette dernière devenant « une sorte de patronne pour ce courant nouveau ». La bourgeoisie qui se développe et prend de l'importance cherche une« spiritualité » qui lui soit adaptée en « s'émancipant des pouvoirs seigneuriaux et ecclésiastiques traditionnels ». L’Église propose alors un « idéal laïque » à travers des œuvres de charité comme la fondation d’hôpitaux, de léproseries[w], etc... pour lesquels Sainte Marie-Madeleine va servir de saint patron[R 38].

Les femmes cherchant une certaine émancipation vont se mettre sous la protection de Marie Madeleine. Que ce soit les femmes de la bourgeoisie qui s'investissent également dans les œuvres de charité allant jusqu'à diriger des hôpitaux (ce sera le cas pour plusieurs d'entre eux), comme des prostituées qui veulent revenir vers une vie « normale », se racheter, et revenir dans la société. Plusieurs établissement dédiés à Madeleine sont construits, et parfois des monastères, qui accueillent des anciennes prostituées, mais aussi des femmes de la société, à égalité de traitement entre les deux[R 38].

La Madeleine sert aussi d'exemple, de modèle, pour les prédicateurs dans une « certaine condamnation de la richesse ». Comme elle était riche et qu'elle a tout quitté pour aller vivre pauvrement dans une grotte, une vie de pénitence, elle est prise comme exemple pour condamner les excès de la richesse, mais sans prendre le risque de condamner la richesse en elle-même. R. Burnet écrit que sur ce point les prédicateurs « bottent en touche » et préfèrent se contenter de condamner le fait qu'elle ait été « une femme riche ». Pour l'auteur, au moyen âge, « l'émancipation de la femme ne saurait aller jusqu'à l'indépendance financière »[R 12].

En 1215, le pape Innocent III, à l'issue du concile du Latran demande la « confession annuelle des péchés ». Là encore, c'est la madeleine qui va servir d'exemple et de modèle pour toutes l’Église par sa contrition[x], sa confession[y], la pénitence[z], et par l'absolution qu'elle a reçu[aa],[R 12].

Au temps de la Contre-Réforme

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Au cours des XVIe et XVIIe siècle, les pèlerinages à la Sainte Baume et Vézelay sont sur le déclin, mais l’Église catholique à l'occasion du Concile de Trente va mettre en avant la figure de Marie Madeleine, comme un argument face aux thèses de la réforme protestante. Pour contrer certaines attaques protestantes sur son hagiographie, celle-ci est légèrement revue pour faire l'impasse sur les miracles provençaux de la légende dorée (dans les représentations artistiques), mais pour contrer « un certain iconoclasme protestant », l’Église développe les représentations artistiques de la sainte, mettant en avant les points théologiques et de foi qu'elle souhaite développer chez les fidèles[R 39].

Les représentations artistiques sont également régulées par de nouvelles règles et recommandations : les tenues « trop » luxueuses sont bannies, la nudité de la sainte ne doit pas servir d'argument « pour en faire un tableau licencieux », la décence des scènes doit être préservée. Les scènes représentées sont des attaques directes sur les différents théologiques entre catholiques et protestants : mise en avant de la pénitence[ab], de la confession et de la contemplation[R 39].

A partir du XVIIe siècle, pour « moraliser la vie publique et les bonnes mœurs », des maisons spécialisées sont créés pour accueillir les prostituées repentantes souhaitant revenir « vers une vie normale ». Ces établissements sont placés sous le patronage de Marie Madeleine. Certaines femmes sont parfois enfermées de force[ac]. Le nom de « Madeleine » devient progressivement synonyme de prostituée. Certains de ces établissements vont perdurer (en Grande-Bretagne) jusqu'au XXe siècle[R 40].

Marie Madeleine devient également un modèle, un exemple pour de nombreux mystiques. Que ce soit Thérèse d'Avila qui dit « l'avoir prise pour référence », comme avant elle Brigitte de Suède[ad]. Pierre de Bérulle lui consacre un ouvrage[59] faisant d'elle « la seule véritable mystique », et soulignant ses qualités de « pénitence, ignorance et anéantissement »[R 41].

De nos jours

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Sa mémoire est fêté le 22 juillet, elle est commémorée par les orthodoxe, catholique, la communion anglicane, les églises luthériennes et d'autres églises protestantes[57].

Dans l’Église catholique, la mémoire de la sainte a été élevée au rang de fête par le pape François en 2016, soit le même rang que la fête des autres apôtres[60]. Elle est la sainte patronne du diocèse du Var[61].

Traditionnellement, Marie Madeleine est la patronne des cordiers, métier exercé par les lépreux[62],[ae].

Lieux de vénération

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Dans l'Antiquité et le haut Moyen Âge

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La première référence à un lieu de mémoire des reliques de Marie Madeleine remonte à Grégoire de Tours (VIe siècle) qui « affirme que l'on honorait ton tombeau à Éphèse », dans une basilique à ciel ouvert. En 899, l'empereur Léon VI le Sage organise la translation des reliques de Marie Madeleine à Constantinople[af]. Les reliques, avec celles de Lazare, sont déposées dans l'église En-Topoïs, située sous le Palais impérial, à l'embouchure du Bosphore[R 19].

Saint Maximin

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D'après la tradition provençale, le culte de Marie-Madeleine à Saint-Maximin, sur son tombeau supposé est très ancien. La tradition le fait remonter au IVe siècle, où des moines venus de l'abbaye Saint-Victor (Marseille) se seraient installé sur le lieu dès le IVe siècle pour veiller sur son tombeau et y accueillir les pèlerins[34],[35],[ag]. Vers 710, les moines qui ont en charge les reliques des saints auraient décidé de les cacher pour éviter leur pillage et destruction par les Sarrasins qui commencent à mener des raids en Gaule[35],[36],[ah]. Pour cacher, et protéger le corps de la sainte d'une éventuelle découverte et dégradation, le père Henri Lacordaire racontera au XIXe siècle que les moines ont interverti les corps présents dans les sarcophages, ainsi, ils auraient mis le corps de Marie-Madeleine (qui était dans un sarcophage d'albâtre), dans le sarcophage de Saint Sidoine qui était plus sobre, et mettant les reliques de l'évêque dans celui de la sainte[63]. Toujours d'après le père Lacordaire, les moines déposèrent un texte dans le caveau de la sainte indiquant la date du transfert, l'authenticité de la relique, et les motifs de ce subterfuge (protéger les reliques des sarrasins)[64].

Le culte de la sainte reste cependant vivace durant plusieurs siècles : des chroniqueurs relatent la venue régulières de pèlerins au XIIe et XIIIe siècle dans l'église où elle est inhumée, même si la localisation exacte de son tombeau dans le sous-sol de l'église est « perdu »[65],[66]. Vers l'an mille, cette église primitive est reconstruite et agrandie au détriment du baptistère ; restaurée vers 1200, elle devait être encore en place lors de la découverte des reliques présumées de Marie-Madeleine (en 1279)[67]. D'après le père Lacordaire, le souvenir du tombeau caché sous le sol de l'église a perduré, mais « la mémoire s'était abolit » du lieu exacte ou reposait la précieuse dépouille[68].

Sarcophage de Sainte Sidoine, retrouvé dans la crypte.

En 1279, le prince de Salerne, Charles II, fils du comte de Provence Charles Ier fait entreprendre des recherches pour retrouver les reliques de sainte Marie-Madeleine dans les sous-sols de l'église. Ces recherches aboutissent à la découverte d'une tombe paléochrétienne, la crypte actuelle (datée du VIe siècle), contenant des des sarcophages du IVe siècle renfermant des ossements qui auraient appartenu à la sainte[69]. Dans le sarcophage de Marie-Madeleine, les découvreurs rapportent la présence d'un écrit, daté du début du VIIIe siècle qui déclare que « le corps de Marie-Madeleine aurait été caché ici, dans la crainte des Sarrasins qui dévastaient la Provence »[70]. Mais Régis Burnet estime que ces documents authentifiant les reliques sont des faux[R 42].

Reliquaire de Marie-Madeleine (de 1860), installé dans une niche de la crypte de la basilique.

D'après le père Lacordaire qui relate la recherche et la découverte des reliques, la crypte contenait quatre sarcophages, et les moines avaient interverti deux dépouilles : celles de Marie-Madeleine avec celle de Sidoine, pour que, au cas où les sarrasins viennent à découvrir le sarcophage d'albâtre (originale) de Marie-Madeleine, ils confondent les reliques présentes avec celles de la sainte, et qu'ainsi ses propres reliques soient « plus protégées »[63].

Charles II devenu comte de Provence et roi de Naples, se rend en avril 1295 auprès du pape Boniface VIII apportant avec lui les procès-verbaux rédigés par les évêques de Provence authentifiant sa découverte[71]. Il obtient du pape des bulles qui accordent des indulgences aux visiteurs et certifient l'authenticité des reliques[71]. Le pape décide également de confier la garde de Saint-Maximin et de la Sainte-Baume aux frères prêcheurs de saint Dominique en lieu et place des moines bénédictins de l'abbaye Saint-Victor[71]. La diffusion du culte de la sainte et le pèlerinage sur son tombeau s'étendent largement.

Abbaye de Vézelay

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Vue de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay.

L'abbaye de Vézelay, fondée en 858, déclare à partir de 1040 posséder les reliques de la sainte. Plusieurs écrits successifs et contradictoires vont expliquer l'arrivée des reliques dans cette abbaye. Le premier est « la Geste des évêques de Cambrai », datée entre 1041 et 1043, d'un auteur inconnu[ai] qui écrit sobrement qu'un moine du nom de Badilon (qualifié de « saint homme de Dieu »), rapporta d'un voyage à Jérusalem les reliques de Sainte Marie-Madeleine[51]. Il n'aurait pas directement rapporté les reliques à Vézelay, mais après quelques pérégrinations en Bourgogne, les aurait laissé dans cette abbaye, avant de mourir. Dix ans plus tard, le pape Léon IX reconnaît officiellement la présence de ces reliques à Vézelay. En 1109, Hugues de Sainte-Marie, moine de Fleuri-sur-Loire[aj], écrit une « Histoire ecclésiastique »[ak] où il indique que Sainte Marie-Madeleine est enterrée dans l'église de Vézelay construite par Girart de Roussillon, mais ne précise pas l'origine des reliques, il indique juste la date de présence des reliques : 880. Mais à la même époque, le chroniqueur belge Sigebert de Gembloux écrit lui que c'est « Girard, comte de Bourgogne qui transféra le corps de la sainte à Vézelay, dans l'abbaye qu'il venait de fonder », lorsque la ville d'Aix (où elle était enterrée)[al] fut pillée par les Sarrasins. C'est le premier texte (qui nous soit parvenu) qui indique que les reliques de Marie-Madeleine viendraient de Provence. Or les historiens font noter l'incohérence historique de ce récit, entre le pillage d'Aix au début du VIIe siècle et la fondation de l'abbaye de Vézelay au milieu du IXe siècle[51]. Au cours du XIIe siècle, de nombreux autres récits vont se broder autour du seigneur Girart, puis du moine Badilon. Nous trouvons des chroniques d'origines germaniques qui indiquent le transfert des reliques depuis Aix en 745, ou 781 ou 789. Ces différents écrits servent de base aux rédacteurs suivants. La version de l'histoire qui sera au final la plus populaire (et diffusée) sera celle de « la légende de Badilon », ou le moine est missionné par le seigneur Girart pour « enlever les reliques de la Sainte » de la ville d'Aix (après son pillage par les sarrasins), et les rapporter à Vézelay (ce qui là aussi est incohérent historiquement). Cette version mixte la toute première version du récit, et les version de la « geste épique » à la gloire du comte de Bourgogne[72],[70],[73]. Pour Régis Burnet, la présence des reliques dans l'abbaye a été inventé de toute pièce au milieu du XIe siècle pour relancer le monastère qui périclitait et qui était sous la menace de l'abbaye de Cluny qui voulait « en prendre le contrôle ». Pour l'auteur, grâce à ce « subterfuge », en quelques décennies, les moines attirent une foule importante de pèlerins qui assurent la prospérité et l'indépendance économique de l'abbaye, la mettant à l'abri des prétentions clunisiennes[R 43].

D'après Victor Saxer[am], la version la plus probable est celle du bénédictin Hugues de Sainte-Marie qui écrit « qu'à partir de 880, les moines de l'abbaye de Vézelay prétendaient posséder les reliques de Sainte Marie-Madeleine », mais « comment elle était arrivée à les posséder, on ne le savait pas, ou du moins, on ne le disait pas »[74]. Régis Burnet abonde dans son sens en écrivant que les reliques présentées « officiellement » devant le légat du pape et le roi Saint Louis au XIIIe siècle, et qui feront l'objet d'une « reconnaissance officielle » sont des fausses[R 42].

Louis VII prend la croix à Vézelay en présence de l'évêque de Versailles et de saint Bernard. Miniature de Sébastien Mamerot (vers 1490).

Mais la découverte des « reliques » de Marie-Madeleine à Saint-Maximin en 1279, la reconnaissance officielle par le pape Boniface VIII, et leur garde confiée aux dominicains vont détourner les pèlerins de Vézelay, au profit de la Basilique de Saint-Maximin (mise en construction en 1295). Ce sera le début de long déclin de leur sanctuaire[70],[75]. Cela n'empêchera pas des joutes argumentées entre les dominicains et les bénédictins, pour justifier que « les vrais reliques » sont bien entre leur mains respectives[70].

Autres lieux de vénération

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D'autres reliques de Marie-Madeleine sont présentes dans la grotte de la Sainte-Baume, à l'abbaye de Vézelay (depuis 1876, suite à un don par les dominicains de Saint-Maximin), et à Rome, dans l’église San Giovanni Battista dei Fiorentini qui conserve un pied de Marie-Madeleine. A noter que les moines du Mont Athos, dans le monastère de Simonopetra, conserveraient « la main gauche de la sainte », mais qui viendrait d'Éphèse, selon une tradition orthodoxe. Cette tradition se trouve en contradiction avec la tradition provençale[76].

La guerre des reliques

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La « redécouverte » des reliques en Provence à la fin du XIIIe siècle et la garde du tombeau confiée aux dominicains va entraîner des « joutes argumentées » entre les dominicains et les bénédictins, pour justifier que « les vrais reliques » sont bien entre leur mains respectives. Comme en atteste le manuscrit du « Livre des miracles de sainte Marie-Madeleine »[an] rédigée au XIVe siècle, par Jean Gobi l'Ancien, troisième prieur du couvent de Saint Maximin[70]. Cette querelle va s'estomper avec l'affaiblissement du monastère bénédictin, et s'arrêter avec la Révolution française (qui fermera tous les couvents).

En 1781, à la demande de Louis XVI, une relique de la sainte détenue à Saint-Maximin est extraite et donnée au duc de Parme. Les conquêtes napoléoniennes en Italie provoquent le retour de la relique à Paris en 1810[ao]. Cette relique est alors récupérée et conservée par les carmélites de la rue de Vaugirard. En 1824 elles cèdent la relique à la paroisse de La Madeleine[76].

En 1876, le sanctuaire de Vézelay se fait offrir par la basilique de Saint-Maximin une relique de sainte Marie-Madeleine (présente à St Maximin). Au début du XXe siècle, c'est un fragment de la relique de la sainte, détenue depuis 1824[ap] à l'église de la Madeleine de Paris qui lui est également envoyée[76]. Le sanctuaire détient donc aujourd'hui « deux reliques de Marie-Madeleine » venant de Saint-Maximin.

Dans la culture

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Représentations picturales et sculpturales

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Marie Madeleine pénitente, par Titien.

Le culte magdalénien se développe à toutes les époques du Moyen Âge, en de nombreux pays d'Europe occidentale, où les communautés religieuses commandent des représentations iconographiques pour la décoration de leurs lieux de culte[77].

Dans l'art sacré, Marie Madeleine est très souvent représentée dénudée, avec les cheveux longs et dénoués, pour signifier son repentir et sa pénitence, comme les prostituées de Palestine (Donatello). Cette représentation permet de la rapprocher de Marie l'Égyptienne avec qui elle est liée à partir de l'époque moderne[78],[R 20].

  • La Tradition provençale de Marie Madeleine (XIIIe siècle), chapelle Saint-Érige à Auron (Alpes-Maritimes).
  • Icône peinte (180 × 90 cm) datée de 1225, représentant les scènes de la vie de la sainte autour de son portrait en pied, visible à l'Académie de Florence.
  • Peinture de la mort de Marie Madeleine, assistée de Marthe et saint Maximin, chapelle Saint-Érige à Auron (Alpes-Maritimes).
  • Peinture prédelle d'un Noli me tangere, œuvre du XVe siècle, basilique de Saint-Maximin.
  • Sculpture en pierre de sainte Marie Madeleine, v. 1310, église d'Écouis (Eure).
  • Marie Madeleine, de Piero della Francesca, duomo d'Arezzo, Toscane.
  • Sculpture de Francesco Laurana, cénotaphe du XVe siècle : Marie Madeleine portée par les anges, qui a contenu autrefois les reliques de Marthe. Église de Tarascon.
  • Retable de Lukas Moser : l'autel de la Madeleine, 1432, Tiefenbronn.
  • Le Vol sacré du moine Badilon[aq], à Aix-en-Provence - Arrivée du corps à Vézelay, manuscrit de la Geste de Girard de Roussillon, enluminé par le Maître du Girart de Roussillon en 1453.
  • La Vierge à l'Enfant entre sainte Catherine et sainte Marie Madeleine, 1490, peinture de Giovanni Bellini ; Gallerie dell'Accademia, Venise.
  • Marie Madeleine mise au tombeau, sculpture du XVIe siècle, église Saint-Volutien de Foix (Ariège).
  • Bas-relief en marbre, La Barque, 1500, La Vieille Major, Marseille.
  • Madeleine pénitente, sculpture en bois polychrome (1515-1520) attribuée à Gregor Erhart, aujourd'hui au Louvre.
  • Baptême du roi et de la reine de Marseille sous les yeux de Marie Madeleine, épisode du Miracle marseillais, 1525, église de Contes (Alpes-Maritimes).
Marie Madeleine pénitente, par Pedro de Mena (1664).

Si elle est représentée avant son repentir, elle est montrée en courtisane parée et fardée (son image se rapprochant de celle de Vénus durant la Renaissance). Son attribut le plus fréquent et le plus ancien, qui permet d'identifier le personnage à l'analyse d'une œuvre, est le vase à nard dont elle oint les pieds de Jésus chez Simon (et qu'elle apporte avec elle au Sépulcre). Plus tardivement seront ajoutés le miroir de courtisane (symbole de coquetterie), la tête de mort (devant laquelle elle médite lorsqu'elle se retire dans la grotte de la Sainte-Baume et qui rappelle sa méditation sur la vanité des choses) et la couronne d'épines. En dehors de rares exceptions (peinture Eva prima Pandora réalisée par Jean Cousin en 1550), ses cheveux sont toujours longs et dénoués. Sur les icônes orthodoxe on retrouve également l’œuf, symbole de résurrection[78],[R 39],[R 44].

A partir de la Renaissance, les scènes religieuses de représentation de la madeleine, vont progressivement prendre une touche plus sensuelle, tout en conservant les attributs « classiques ». Même si jusqu'au XIXe siècle les productions artistiques restent classiques sur les thèmes et scènes bibliques représentées, « les représentations de la femme de Magdala construisent une image beaucoup plus ambiguë, féminine, libérée, sensuelle »[R 44]. Par exemple, si dans les tableaux médiévaux, dans la scène du Noli me tangere, Marie Madeleine et le Christ sont relativement éloignés, à partir du XVIe siècle, les deux personnages se rapprochent jusqu'à presque se toucher. Ainsi Daniel Arasse commentant le tableau du Titien note qu'il ne comporte presque plus d'éléments religieux, et se présente « presque comme une rencontre amoureuse dans un paysage idyllique, au matin d'une belle journée ». Les représentation de la Madeleine pénitente, faiblement vêtue, voir dévêtue, montrent une Madeleine alangui, le dénuement servant d'excuse à « d'infinies variations sur un thème tout à la fois voluptueux, dévot, galant »[R 45]. Au XVIIe siècle, la mode fut de représenter les femmes de la cour en Madeleine, sous couvert de piété. Il était ainsi permis de les peindre dans un certain déshabillé (sous la représentation de Madeleine méditant dans la grotte). Louise de La Vallière et Madame de Montespan, maitresses du roi Louis XIV, furent représentées sous cette forme. Le XIXe siècle renforce cette tendance et les « peintres prétextent [la peinture] de Madeleine pour leurs études de nu ». Jean-Jacques Henner peint un grand nombre de « Madeleine aux seins nu », et Jules Lefebvre peint en 1876 une Madeleine absolument dévêtue couchée dans une position lascive, qui ressemble fort à l'Olympia de Manet ou à la Naissance de Vénus de Bouguereau[80],[R 45].

Musique

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  • En l'honneur de Marie Madeleine dont la fête est le 22 juillet, Marc-Antoine Charpentier a composé quatre œuvres dont trois sur un même texte :
    • Magdalena lugens voce sola cum simphonia, H.343, pour une voix, deux dessus instrumentaux, et basse continue (1686-87) ;
    • Pour Marie Madeleine “Sola vivebat in antris Magdalena”, H.373, pour deux voix, deux flûtes et basse continue (date inconnue) ;
    • Magdalena lugens, H.388, pour trois voix et basse continue (date inconnue).
    • Dialogus inter Magdalena et Jesum 2 vocibus Canto e Alto cum organo, H.423 (date inconnue).
  • Maddalena ai piedi di Cristo, oratorio de Antonio Caldara (1700).
  • La conversione di Maddalena, oratorio de Giovanni Bononcini.
  • Marie-Magdeleine, drame sacré en trois actes de Jules Massenet, sur un livret de Louis Gallet (1873).
  • Marie Madeleine, musique de Jeff Barnel, parue en 1983 et interprétée par Dalida. Marie Madeleine y est perçue comme la plus fidèle apôtre de Jésus lors de son retour[81].
  • Magdalene est le deuxième album studio de l'auteure-compositrice-interprète britannique FKA Twigs, sorti le 8 novembre 2019.
  • Magdalene est citée par le rappeur américain Mac Miller, plus précieusement dans le titre « Apparition » de son album Faces.
  • Marie-Madeleine apparaît pendant le premier acte de Tosca. Le peintre Cavaradossi lui donne par ailleurs les traits de Floria Tosca et provoque par conséquent l'indignation du sacristain.

Littérature

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Bas-relief de sainte Marie Madeleine élevée par les anges, cathédrale de Toruń, Pologne.

Bibliographie

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Marie Madeleine, fresque de Piero della Francesca à Arezzo.

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Ouvrages

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  • Alain Montandon, Marie-Madeleine : Figure mythique dans la littérature et les arts, Presses universitaires Blaise Pascal, , 413 p. (lire en ligne).
  • Esther A. De Boer, Mary Magdalene: Beyond the Myth, Londres, éd. SCM Press, 1997).
  • Elisabeth et Jürgen Moltmann, Dieu homme et femme, Éditions du Cerf, 1984 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Pirot, Trois amies de Jésus de Nazareth, Éditions du Cerf, 1986 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Georges Duby, Dames du XIIe siècle, tome 1 : Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres, éd. Gallimard, 1995, chapitre 2.
  • Jean-Yves Leloup, L’Évangile de Marie : Myriam de Magdala , éd. Albin Michel, 1997.
  • Élisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Âge, éd. Beauchesne, 1997.
  • Suzanne Tunc, Des femmes aussi suivaient Jésus. Essai d’interprétation de quelques versets des Évangiles, éd. Desclée de Brouwer, 1998.
  • Marianne Alphant, Guy Lafon et Daniel Arasse, L'Apparition à Marie-Madeleine, éd. Desclée de Brouwer, 2001.
  • Régis Burnet, Marie-Madeleine : De la pécheresse repentie à l'épouse de Jésus. Histoire de la réception d'une figure biblique, Cerf, , 153 p. (ISBN 978-2204-086875). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Thierry Murcia, Marie appelée la Magdaléenne. Entre traditions et histoire. Ier – VIIIe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Héritages méditerranéens », 2017.
  • Thierry Murcia, Marie-Madeleine : l’insoupçonnable vérité ou Pourquoi Marie-Madeleine ne peut pas avoir été la femme de Jésus, PDF, 2017, avec la participation de Nicolas Koberich.
  • Christian Doumergue, Marie-Madeleine, Grez-sur-Loing, éd. Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2010.
  • Ève Duperray, Georges Duby et Charles Pietri, Marie-Madeleine dans la mystique, les arts et les lettres, colloque Avignon, éd. Beauchesne, 1989 Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Vies médiévales de Marie-Madeleine, Introduction, édition du corpus, présentations, notes et annexes par Olivier Collet et Sylviane Messerli, Turnhout, Brepols, 2009.
  • Frédérique Jourdaa et Olivier Corsan, Sur les pas de Marie-Madeleine, éd. Ouest-France, 2009.
  • François Herbaux, Une femme culte. Enquête sur l'histoire et les légendes de Marie Madeleine, éd. Gaussen, 2020.

Articles

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  • Philippe André-Vincent, « Retour sur la “légende de Marie-Madeleine” », Provence historique, vol. 3, no 13,‎ , p. 159-188.
  • Karen King, « Canonisation et marginalisation : Marie de Magdala », Concilium, no 276,‎ , p. 41-49.
  • Thierry Murcia, « Marie de Magdala et la mère de Jésus », Revue des Études Tardo-antiques. Figures du premier christianisme : Jésus appelé Christ, Jacques “frère du Seigneur”, Marie dite Madeleine et quelques autres, no Supplément 6,‎ 2018-2019, p. 47-69 (lire en ligne, consulté le ). Textes de la session scientifique THAT, Paris-Sorbonne, 3 février 2018.
  • Victor Saxer (1918-2004), professeur et recteur de l'Institut pontifical d'archéologie chrétienne[am], a consacré de nombreuses études à Marie Madeleine, notamment :
    • Victor Saxer, « La “Vie de Ste Marie-Madeleine” attribuée au pseudo-Raban Maur, œuvre claravallienne du XIIe siècle », Mélanges St-Bernard, Dijon,‎ , p. 408-421 (lire en ligne, consulté le ).
    • Victor Saxer, « Les origines du culte de sainte Marie-Madeleine à Aix-en-Provence », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France,‎ 1954-1955, p. 148-151.
    • Victor Saxer, « Un manuscrit démembré du sermon d'Eudes de Cluny sur Sainte Marie-Madeleine », Scriptorium, vol. 8, no 1,‎ , p. 119-123 (lire en ligne, consulté le ).
    • Victor Saxer, « L'origine des reliques de sainte Marie Madeleine à Vézelay dans la tradition historiographique du Moyen Âge », Revue des sciences religieuses, nos 29-1,‎ , p. 1-18 (lire en ligne, consulté le ).
    • Victor Saxer, « Sermo in sollemnitate Sancte Marie-Magdalene », Mélanges de l'École française de Rome, vol. 104, no 1,‎ , p. 385-401 (lire en ligne, consulté le ).
    • Victor Saxer, « Les saintes Marie Madeleine et Marie de Béthanie dans la tradition liturgique et homilétique orientale », Revue des sciences religieuse, vol. 32, no 1,‎ , p. 1-37.
    • Victor Saxer, « Note sur l'origine d'un manuscrit de l'“Abbreviato” de Jean de Mailly : Paris, Mazarine 1731 », Analecta Bollandiana, vol. 94,‎ , p. 155-159.
    • Victor Saxer, « Les ossements dits de sainte Marie-Madeleine conservés à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume », Provence historique, vol. 27,‎ , p. 57-311.
    • Victor Saxer, « Marie Madeleine dans le Commentaire d'Hippolyte sur le Cantique des Cantiques », Revue bénédictine, vol. 101,‎ , p. 219-239 (ISSN 2295-9009).
    • Victor Saxer, « La Madeleine, figure évangélique dans sa légende jusqu'au XIIe – XIIIe siècle », Évangile et évangélisme,‎ , p. 198-220.
    • Victor Saxer, Le dossier vézelien de Marie Madeleine : Invention et translation des reliques en 1265-1267. Contribution à l'histoire du culte de la sainte à Vézelay à l'apogée du Moyen Âge, Bruxelles, Société des Bollandistes, , 290 p. (EAN 5552873650028).

Notes et références

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  1. Voir Le Repas chez Simon.
  2. On donne le nom d'Épîtres des apôtres aux lettres, écrites par les apôtres, que l'Église catholique a insérées dans le canon du Nouveau Testament. On peut les répartir en deux groupes : les épîtres de saint Paul et les épîtres catholiques (Serge Jodra, « Épîtres des apôtres », dans Imago Mundi, (lire en ligne)).
  3. Mais également Hilaire de Poitiers, Tertullien et Jérôme de Stridon. Voir les références bibliographiques sur Régis Burnet 2008, p. 38-39.
  4. La question soulevée par les opposants est « quelle valeur peut avoir un tel témoignage [de la Résurrection du Christ] venant d'une femme ». Voir Régis Burnet 2008, p. 50
  5. Ernest Renan reproche à Marie de Magdala d'avoir eu une trop forte imagination et que dans sa « passion amoureuse », elle a eu une hallucination au matin de Pâques.
  6. Cette même thèse est reprise par Claude Demissy, docteur en théologie et pasteur de l'Église réformée en Suisse.
  7. Parmi les auteurs ayant appuyé son étude nous pouvons citer Ulrich Zwingli ou Jean Calvin.
  8. Nous pouvons citer Jacques-Bénigne Bossuet ou Augustin Calmet qui évoquent discrètement la possibilité de personnages différents pour certaines scènes.
  9. Jacques Berlioz daterai ce premier écrit au VIe siècle (voir Jacques Berlioz 1997). Régis Burnet date le document du IXe siècle (voir Régis Burnet 2008, p. 75).
  10. Nous pouvons citer Benedicta Ward (en) ou Régis Burnet. Leurs ouvrages sont mis en référence dans l'article.
  11. Toutes deux sont des pécheresses/prostituées, elles connaissent une conversion radicale, elles partent au désert vivre une vie ascétique très dure, vivent nues, et rencontrent un prêtre avant de mourir. Voir Régis Burnet 2008, p. 75-77.
  12. Suivant les récits hagiographiques, cette durée de vie érémitique varie.
  13. La première chronique relatant cette vie érémitique en Provence daterait d'un ouvrage du VIe siècle, rédigé en Italie, et intitulé Vie érémitique. Voir Jacques Berlioz 1997. Le premier écrit médiéval est celui de Sigebert de Gembloux, autour de 1105. Voir Victor Saxer 1955, p. 5.
  14. L'auteur de la Sophia au IIIe siècle réécrit un texte gnostique antérieur Eugnostos en le christianisant. Voir Régis Burnet 2008, p. 60.
  15. Parmi les églises gnostiques nous pouvons citer « Les Eglises gnostiques de Marie-Madeleine », fondées par Robert Ambelain dans les années 1950, « l'Eglise gnostique de Sainte Marie-Madeleine » dirigée par Christine Payne-Towler, ou « l'Ecclesia Gnostiqca Mysteriorum » dirigée par Rosamonde Miller. Voir Régis Burney 2008, p. 143-144.
  16. A noter que la secte de « l'Ordre des Nazoréens », qui prône la réincarnation, le végétarisme, le gnosticisme, le manichéisme et la méditation, en fait même une divinité créatrice, vivant en couple avec Jésus. Voir Régis Burnet 2008, p. 145-147.
  17. L'auteur donne pour exemple Pierre de Bérulle qui au XVIIe siècle soulignes les qualités de « pénitence, ignorance et anéantissement » alors qu'Ingrid Maisch, au XXe siècle attribue à la même Madeleine les vertus de « courage, créativité et percévérance ».
  18. Porté à l'écran par Martin Scorsese en 1988.
  19. Porté à l'écran par Ron Howard en 2006.
  20. Le Christ étant monté au ciel lors de l’Ascension et la Vierge lors de l'Assomption, d'après les écrits et traditions chrétiennes.
  21. Comme par exemple la chapelle de la Madeleine (Finistère), ou l'église de Biot (Alpes-Maritimes).
  22. La Vierge Marie est vierge et le reste, Madeleine est pécheresse (prostituée), Marie est Mère de Dieu, Madeleine était possédée par des démons. Mais elles sont réunis par leur « grand amour » pour Jésus, amour de mère, amour de femme. Voir Régis Burnet 2008, p. 80.
  23. Rien qu'en Angleterre on compte 73 hôpitaux consacré à Marie Madeleine, souvent associé à Lazare. Voir Régis Burnet 2008, p. 84.
  24. Quand elle pleure ses péchés aux pieds du Christ. L'expression populaire est restée : « pleurer comme une madeleine ». Voir Régis Burnet 2008, p. 89.
  25. Quand elle pleure ses péchés aux pieds du Christ, en plein repas, au milieu de la foule. Voir Régis Burnet 2008, p. 89-90.
  26. La légende dit qu'elle fit pénitence en portant un cilice une partie de sa vie. Voir Régis Burnet 2008, p. 90.
  27. Lorsque le Christ lui dit, dans l’Évangile « que lui soient remis ses nombreux péchés », mais aussi « va, ta foi t'a sauvée ». Voir Régis Burnet 2008, p. 91.
  28. Les tableaux de « Madeleine pénitente » se multiplient avec des attributs spécifiques : les larmes, le vase de parfum, bijoux jonchant le sol, le crâne, la bougie, le cilice, la discipline ou le fouet, l'écuelle, la natte sur le sol, la bible ouvertes sur la page du Miserere mei. Voir Régis Burnet 2008, p. 95.
  29. Comme des filles de bonne familles placées pour cause de mœurs douteuses, ou des filles-mères en Irlande.Voir Régis Burnet 2008, p. 97.
  30. Nous pouvons aussi citer Margery Kempe ou Mathilde de Magdebourg.
  31. Depuis au moins le XVe siècle, le métier de cordier est le monopole des parias, considérés comme les descendants des lépreux : ils vivent dans des hameaux séparés, ont des lieux de culte ainsi que des cimetières qui leur sont réservés. (...) La chapelle de la Madeleine, aujourd'hui en Penmarc'h, leur est manifestement destinée. En effet, les toponymes « La Madeleine » sont synonymes de noms de lieux comme « La Maladrerie » (léproserie) et sainte Madeleine est la patronne des cordiers. Citation de Robert Gouzien 2012.
  32. Mais les sources documentaire d'époques n'indiquent pas d'où il les a extraites.
  33. Les fouilles archéologiques et études récentes confirment l'existance d'un lieu de culte important remontant à l'antiquité tardive.
  34. De 711 à 726, les troupes d'invasions musulmanes remontent du Maroc et conquièrent la péninsule ibérique. Elles poursuivent leur tentative de conquête sur la France de 719 à 759. La ville d'Aix fut pillée par leurs troupes au VIIIe ou IXe siècle. La date de 710 est peut-être légèrement sous-estimée. Il peut s'agir d'une erreur de lecture sur le manuscrit original. Pour Régis Burnet ce document est un faut car la technique de décompte des années utilisée ne date que de 735. Voir Régis Burnet 2008, p. 113.
  35. L'auteur de l'ouvrage est incertain et controversé. Voir Victor Saxer 1955, p. 2, note 1 .
  36. Le moine Hugues est bénédictin, comme les moines de Vézelay.
  37. Huges de Sainte-Marie rédigera également Mondernorume regum Francoru actus, vers 1109, et Francorum historia vers 1114, où il reprend cette histoire. Voir Victor Saxer 1955, p. 3 note 5.
  38. A noter que la ville de Saint-Maximin (où les reliques ont été « retrouvées ») est distant d'une quarantaine de kilomètres de la ville d'Aix.
  39. a et b Victor Saxer (1918-2004), était professeur et recteur de l'Institut pontifical d'archéologie chrétienne. Bien qu'étant un évêque catholique, il avait une position très critique sur l'authenticité des reliques de Marie-Madeleine présentes à Saint-Maximin. Voir sa fiche BNF et Philippe Maxence 2020.
  40. Ce manuscrit, égaré pendant plusieurs siècles, a été retrouvé en 1878. Mais il disparaît à nouveau pendant un siècle, avant d'être enfin acheté par la BNF et publié en 1994.
  41. La source ne précise pas si le retour de la relique était plus motivé par la relique elle-même ou par le reliquaire fait de métaux précieux.
  42. Cette relique avait été extraite de Saint-Maximin en 1781, à la demande de Louis XVI, pour être donnée au duc de Parme. Revenue à Paris en 1810 à la suite des conquêtes napoléoniennes, elle fut conservée par les carmélites de la rue de Vaugirard qui la cédèrent finalement à la paroisse de La Madeleine en 1824.
  43. Certains auteurs affirment qu'en 882 le moine Badilon aurait apporté de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à Vézelay, des reliques de la sainte. voir Vézelay.

Références bibliques

modifier

Références

modifier
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  2. Raymond E. Brown (trad. de l'anglais), Que sait-on du Nouveau Testament ?, Montrouge, Bayard, (1re éd. 1997), 921 p. (ISBN 978-2-227-48252-4), p. 377.
  3. a et b Maddalena Scopello, Femme, gnose et manichéisme: de l'espace mythique au territoire du réel, p. 11-12.
  4. (en) Yoram Tsafrir, Leah Di Segni et Judith Green, Tabula in Imperii Romani : Iuadea-Palaestina: Eretz-Israel in the Hellenistic Roman Byzantine Periods: Maps and Gazetteer, ‎ Israel Academy of Sciences and Humanities, (ISBN 978-9652081070), p. 173.
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  9. Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, PUF, , p. 148.
  10. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Cerf, , 592 p. (ISBN 2204062154), p. 122-123.
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  13. François Blanchetière 2001, p. 123.
  14. F. Bovon et P. Geoltrain, Écrits apocryphes chrétiens, t. I, Paris, Bibliothèque de La Pléiade, , 4096 p., p. 369-370.
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