Casablanca : à la (re) découverte de la vieille médina


Touristes de passage ou casaouis, tout le monde connaît la Vieille Médina de Casablanca avec ses ruelles étroites, ses bâtisses délabrées et sa mauvaise réputation. Que connaît-on vraiment de la "mère" de Casablanca ? Nous avons revisité pour vous cette mystérieuse médina, une vieille dame qui cache quelques trésors à deux pas de chez vous, suivez le guide !



La vieille médina
Plan de Casablanca
Plan de l'ancienne Medina

La Vieille Médina de Casablanca, aussi appelée "Ancienne Médina" par opposition au Quartier des Habbous considéré comme "la nouvelle médina", reste un mystère pour la plupart des Casablancais. On aperçoit quelques morceaux de remparts, on fait quelques affaires dans la partie touristique de la grande horloge, mais on n’ose rarement s’aventurer plus loin. Et pourtant, la médina cache quelques trésors insoupçonnés que l’on peut facilement apprécier en déambulant dans certaines parties. Mais pour apprécier les lieux, il est indispensable d’en connaître un peu l’histoire…

Il était une fois Anfa.

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On ne sait pas exactement à quelle date cette médina a été érigée. Certains parlent de l’époque romaine, d’autres des Zénètes (disparus au IXème siècle), on peut toutefois estimer ses premières fondations entre 900 et 1500 grâce aux différentes mentions dans des textes anciens comme ceux de Léon l’Africain (XVème siècle) qui parle de la petite ville d’Anfa. En revanche les historiens s’accordent sur le premier nom de cette petite ville, "Anfa", ensuite attaquée et détruite par les Portugais en 1468. Les ruines vont ensuite sommeiller pendant près de trois siècles avant qu’un certain Ben Abdallah ne s’y intéresse.

Dar Beida

Ancienne Ambassade d'Allemagne située Place de Belgique

"Dar Beida" l’européenne.

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C’est vers 1770 que Mohammed III Ben Abdallah, alors Sultan du Maroc, décide de reconstruire la ville et d’y installer différentes populations berbères d’Essaouira et d’Agadir, ainsi que des Bouaker de Meknès. Anfa, alors rebaptisée Dar Beida, correspond à la vieille médina que l’on connaît aujourd’hui à quelques hectares près. Le Sultan décide de renforcer certains murs donnant sur la mer et fait construire une place des canons (Sqala). La population n’est pas très importante puisqu’on compte seulement un millier d’habitants au milieu du 19ème siècle. Mais c’est sans compter l’intérêt que vont rapidement lui porter certains Européens qui voient dans cette ville portuaire l’opportunité de commercer avec le Maroc et l’Europe. Des Français, des Anglais, des Allemands et bien sûr des Espagnols s’installent à Dar Beida, ainsi que des juifs marocains de plus en plus nombreux qui viennent grossir la ville. La ville s’affirme alors en tant que comptoir européen d’Afrique du Nord, Casablanca est le premier port d’exportation du Maroc et la ville se peuple en conséquence. Dés son origine Casablanca est une ville issue de "chocs" de cultures et de sous-cultures… Début XXème ce sont quelque 20.000 personnes dont 15.000 musulmans, 4.000 juifs marocains et 1.000 étrangers qui peuplent la médina. Celle-ci se partage en trois quartiers qui sont le Mellah, le quartier juif, la Médina où cohabitent bâtiments administratifs, européens et commerçants. Enfin le Tnaker, le quartier des "laissés-pour-compte", sorte de marécage où les plus pauvres se construisent des baraques. Quartiers que l’on peu encore distinguer à l’heure actuelle, d’autant que la Rue du Tnaker existe toujours. Cette partie de l’histoire est la plus visible de nos jours, il suffit d’être attentif aux détails pour se replonger dans cette époque. Ouvrez grand vos yeux !

Rue Tnaker

Anfa à Casablanca.

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Au moment de l’apogée de Dar Beida, presque tout le Maroc est entré en dissidence ouverte, alors que l'autorité politique est en décomposition. Des révoltes grondent dans tout le pays, la France et l’Espagne ont peur pour leurs ressortissants et décident de dépêcher des troupes sur place en 1907.

La situation s’enlise et les répressions sont sanglantes. C’est alors que le souverain en place, Moulay Hafid, n'a d'autre alternative que d'en appeler à l'aide de la France pour imposer à tout prix son autorité. Le 30 mars 1912 est signé le traité de Fès, par lequel la France s'est imposée en douceur, quoiqu'inexorablement, au Maroc ; c'est désormais l'ère du Protectorat.

Boulevard

C'est donc par les villes que le colonialisme pénètre au Maroc.

Les Européens affluent, surtout les Français, mais aussi beaucoup de Marocains du pays tout entier continuent à venir tenter leur chance à Casablanca, choisie par Lyautey pour devenir la capitale économique du pays. Les Européens décident alors de construire leurs logements en dehors de la médina, et s’opère alors un changement décisif pour Casablanca. Les riches prennent la place des pauvres, et inversement… autrement dit les bâtisses cossues de la médina sont abandonnées par les Européens et Marocains plus aisés au profit des classes populaires qui investissent les lieux. Ce qui explique l’état actuel de la médina, très dégradée, habitée par une population marocaine pauvre dans des conditions déplorables.

Bab El Marsa

Bab El Marsa, porte située en contrebas de la Place Ahmed Bidaoui anciennement Place de l’Amiral Philibert

Bab lbhar

La vieille médina… de demain ?

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Le rythme de dégradation de la médina est marqué par plusieurs phases : abandon par les Européens et classe aisée marocaine, absence d’entretien et occupation inadéquate des lieux par des populations plus pauvres. Le tout accentué par une dégradation des infrastructures et des équipements socio-éducatifs, et un artisanat délocalisé. Les dysfonctionnements et les carences du tissu de la médina sont multiples.

Bab Marrekech

Parmi les conséquences les plus inquiétantes, on peut noter l’effondrement de certaines vieilles bâtisses en pisé (comme en 1996, 2001, 2008 et fin 2009) causées par de fortes pluies, entraînant la mort dans certains cas. “Nous avons tout perdu. Nous souffrons de cette situation depuis 1986. On nous ment tout le monde connaît cette situation mais personne ne fait rien”rapportent nos confrères d’Au Fait Maroc dans leur édition du 22/12/09. Sans parler de la surpopulation, pas d’accès à l’eau courante pour certains, mauvaise gestion des déchets, prolifération de rats et insectes indésirables, analphabétisme, violence, etc. Bref, un concentré de tous les problèmes d’urbanisme mal géré, voire pas géré du tout. Pour la préfecture des arrondissements Casa-Anfa, il serait temps de réhabiliter cette partie de la ville chargée d'histoire. Pour cela, l'Agence urbaine de Casablanca, la Chambre de commerce, d'industrie et des commerces, les associations Al Irfane, Carrières Centrales et Casa-Mémoire ont d'ores et déjà commencé à recenser les carences de cette zone. Mais pour l’instant aucun acte concret ne semble se profiler, car il reste à savoir qui pourrait financer cette réhabilitation… Le plus surprenant réside dans le fait que cette "vieille médina" n’est pas si vieille que ça, il s’agit même d’une médina plutôt contemporaine contrairement à celle de Fès ou Meknès datant du 9ème siècle. Mais Dar Beida, construite sur les ruines d’Anfa, a apparemment été bâtie selon les caractéristiques des médinas arabes avec des ruelles plutôt que des rues, des impasses plutôt que des places. Puis les constructions européennes sont venues s’implanter au cœur même de cette cité avec leurs édifices cossus et spacieux. Ce qui donne aujourd’hui un résultat assez surprenant, une médina traditionnelle dotée d’un mélange d’architectures de différents siècles et différentes origines. C’est toute la mémoire de Casablanca qui se trouve dans cette médina et en fait un lieu incontournable de l’histoire du Maroc contemporain… Alors sauvons-la !

Jamaâ Chleuh

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Jamaâ Chleuh

Jamaâ Chleuh, Construite en 1317 de l'Hégire (1899-1900) par Mohamed Sanhaji, originaire du Souss.

Le nom même de l'édifice et celui de son fondateur rappellent la présence dans le quartier des descendants des Haha qui avaient été installés par Sidi Mohamed ben Abdellah dans la ville reconstruite (après sa destruction par les portugais) pour lui servir de garnison.

Koubba de Sidi Belyout

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Édifiée à la fin du siècle dernier au nord de l'ancienne médina, la koubba du marabout de Sidi Belyout, saint protecteur de la ville, domine un petit cimetière.

Koubba de Sidi Belyout

Dégoûté par la médiocrité des hommes, Sidi Belyout se serait crevé les yeux et serait allé finir ses jours en ermite dans la forêt parmi les bêtes sauvages. Les fauves auraient gardé sa dépouille jusqu'à son ensevelissement. Aussi, on le surnomma Abou Louyout (père des lions).

A côté du sanctuaire, coule une fontaine chargée de sortilèges : selon la légende, quiconque boit de son eau revient un jour à Casablanca.

Sanctuaire de Sidi Kairouani

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A côté de la rue de Tnaker, le sanctuaire abrite la sépulture du premier patron de la ville, Sidi Allal el-Kairouani, et la tombe de sa fille, Lalla Beïda. La légende remonte au XIVe siècle : Sidi Allal el-Kairouani serait parti de Kairouan en bateau pour rejoindre le Sénégal, mais son navire s'échoua au large de Casablanca. Il aurait été recueilli par des pêcheurs de la ville. A la mort de sa femme, il demanda à sa fille unique de le rejoindre. A son tour, elle fit naufrage et se noya. Sidi Allal l'enterra face à la mer et demanda à être enseveli près d'elle. Le sanctuaire aurait pris le nom de Maison la Blanche en hommage à Lalla Beïda, réputée pour la blancheur de sa peau.

Le mellah

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Le mellah

Le mellah, l'ancien quartier juif, situé du côté opposé au rivage, n'était pas aussi strictement limité qu'il ne l'était dans la plupart des villes marocaines. Le quartier fut détruit en partie dans les années 30 lors de l'aménagement de la place de France, actuelle place des Nations-Unies, mais une synagogue fut construite en 1938, rue de la Mission.

La "Squala"

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La Sqala

En face du port de pêche. La Squala, bastion fortifié du XVIIIème siècle. Pointe ses vieux canons vers la mer. Il s'agit d'un des rares vestiges du royaume de Sidi Ben Abdallah. Reconstruite par ce dernier en 1769 pour compléter le dispositif défensif atlantique, la sqala est un bastion fortifié. La plateforme, que l'on peut visiter, offre une vue panoramique sur l'océan atlantique. Le nom Sqala (Sekkala, Scala) dans la langue des marins de toutes origines, dérive d'un terme latin devenu en français "Les échelles" et plus récemment l'escale. La sqala, par sa position intermédiaire entre la mer et la ville, assure surtout la défense de la Médina et menace les navires indésirables de la rade de Casablanca, écrit Jean-Luc Pierre dans son ouvrage "Casablanca et la France, XIXe-XXe siècle".

La vielle femme .. la richesse de son pays ?

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Fichier:Ilham.jpg
La vielle femme .. la richesse de son pays

Le 25/07/2007 à Casablanca (l’ancienne Medina) Maroc

Cette photo est située dans la vielle ville à Casablanca au Maroc : Cette femme réfère à ce quartier; ce quartier qui est appelé 《la vielle ville, l’mdina l’kadima à la marocaine 》 était toujours et il est encore le lieu où se rencontre plusieurs pauvres familles. Ce quartier est une richesse pour ces dernières. Le fait que l’artiste a choisis cette vieille femme qui porte plusieurs maisons sur son dos n’est pas anodin : la femme marocaine était toujours et elle est encore une notion de richesse pour sa famille ; c’est elle qui porte sur son dos tous les malheurs de tous les membres de sa famille. C’est ce qu’atrocement la photo assure. Les rides qui sont destinés sur le visage de cette richesse indiquent que ce quartier se trouve depuis très longtemps. Effectivement, ce quartier existe avant la colonisation de la France, et il existe encore.

Derrière ses rides, il y a une histoire ?

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  • La vieille femme avec une djellaba et un béquille..

La femme qui a inspiré l’artiste de cette photo est une veuve qui habite dans ce quartier… elle passe fréquemment par cette ruelle pour aller chercher de la nourriture. Non, elle n’est pas stérile, elle a 3 garçons qui ont laissé tomber la raison de leurs réussites après avoir réussir leurs vies .