Utilisateur:Leonard Fibonacci/Ventidius Cumanus

Article en anglais: en:Ventidius Cumanus
Article en cours Ventidius Cumanus

Ventidius Cumanus (Ier siècle) fut procurateur romain de la province romaine de Judée d'environ 48 à 52. Un désaccord entre les écrits de Flavius Josèphe et Tacite rend difficile de comprendre s'il régnait sur toute la Judée ou seulement sur la Galilée. Il pourrait avoir gouverné toute la Judée jusqu'en 51, puis n'avoir administré que la Galilée à partir de cette date, jusqu'à ce qu'il soit démis par l'empereur Claude.

En 49, il fait réprimer durement les protestations des juifs à la suite d'un incident provoqué par un soldat romain pendant la fête de Pessah. L'intervention de la légion fait des milliers de morts à Jérusalem. D'autres affrontements entre juifs et armée romaine ont lieu. Vers 50, parce qu'il refuse de juger les coupables du meurtre de pèlerins, dont un important Galiléen, la situation tourne à la guerre entre Juifs et Samaritains. Malgré les intervention de l'armée romaine et l'exécution de plusieurs dirigeants juifs, les affrontements durent une année et de nombreux juifs rejoignent les bandes de Zélotes, qui en représailles ravagent quelques villages samaritains. Ces bandes de Zélotes parviennent à s'opposer victorieusement à l'armée romaine et notamment à l'unité basée à Sébaste.

Selon E. Mary Smallwood, pour répondre à cette situation, le légat de la province romaine de Syrie, Ummidius Quadratus aurait détaché provisoirement la Samarie du reste de la province de Judée et l'aurait confiée à Antonius Felix, le temps de faire une enquête complète sur les plaintes des Juifs et Samaritains. Selon Tacite, il est ensuite estimé coupable dans l'arbitrage qu'Ummidius Quadratus rends entre lui et Antonius Felix, alors que la situation a encore dégénéré.

En 52, Cumanus est renvoyé devant l'empereur Claude, par le légat de Syrie Ummudius Quadratus. Celui-ci le juge responsable de la situation de violences dans la province et satisfait aux plaintes des Juifs, après avoir consulté Agrippa II. Il est alors démis de ses fonctions et envoyé en exil et Antonius Felix est nommé procurateur de la province romaine de Judée.

Quelques mois plus tard, la Judée est amputée des territoires qui constituaient l'ancienne tétrarchie de Philippe et Agrippa II en est nommé roi, alors qu'il était jusque là roi du petit royaume de Chalcis.

Procurateur de Judée

modifier
Judée, Galilée et Samarie au Ier siècle

On ne sait rien de Cumanus avant qu'il soit nommé procurateur de Judée en 48, pour succéder à Tiberius Julius Alexander.

Étendue de ses pouvoirs

modifier

Flavius Josèphe, la principale source au sujet de Cumanus, le présente comme régissant l'ensemble de la Judée jusqu'en 52, lorsqu'il a été remplacé par Antonius Félix. [2] Toutefois, pour Tacite Félix était déjà gouverneur de Samarie avant 52, tandis que Cumanus exerçait son pouvoir sur la Galilée (voir carte ci contre). [3] Tacite ne mentionne pas qui commande les autres régions de la province de Judée.

Cette divergence a conduit les historiens à émettre des avis différents sur la situation politique dans la province. Certains ont estimé qu'une meilleure connaissance de Flavius Josèphe sur les affaires juives justifiait que l'on favorise sa version[1]. Réciproquement d'autres ont fait remarquer que Tacite avait une excellente connaissance des attributions de postes aux fonctionnaires romains. Selon Flavius Josèphe, Felix devient gouverneur de Judée en 52[2], succédant à Ventidius Cumanus[3],[2] qui gouvernait la province depuis 47 ou 48[4]. Toutefois d'après Tacite, il aurait été dans un premier temps, procurateur des régions de Judée et de Samarie, pendant que Cumanus gouvernait encore la Galilée[5]. Selon E. Mary Smallwood, à la suite des importants affrontements qui se produisent entre Juifs et Samaritains (à partir de Pessah 51[6]), qui virent à une quasi guerre, confronté aux plaintes des deux parties et notamment aux plaintes des autorités juives contre Cumanus, le légat de Syrie, Ummidius Quadratus (en) aurait détaché provisoirement la Samarie du reste de la province et celle-ci aurait été confiée à Felix, le temps de faire une enquête complète[7].

Nombreux troubles et révoltes

modifier

Pendant le gouvernorat de Cumanus, de multiples affrontements ont lieu entre les Juifs et les armées romaines. Selon Christian-Georges Schwentzel, « ces mouvements ont en commun deux caractéristiques essentielles : une dimension messianique et une forte intolérance à l'égard de la domination romaine. Les Juifs espèrent qu'un roi sera suscité par leur Dieu pour chasser l'occupant[8]. »

En 49, lors des fêtes de Pessah, un soldat romain positionné sur l'un des portiques du Temple, montre son sexe à la foule des fidèles réunis pour les célébrations[8]. Cela déclenche des protestations qui se transforment en émeute. Cumanus fait intervenir la légion, causant des milliers de morts parmi la population affolée qui fuit dans les ruelles de la ville haute[8].

Une embuscade est tendue à un esclave de l'empereur dans la ville d'Emmaüs, (ou de Beth-Horon). Le convoi est pillé. Pendant les représailles romaines qui s’exercent sur les villages environnants, un soldat romain déchire ostensiblement un exemplaire de la Torah[9]. C'est un sacrilège suprême pour les juifs qui vont jusqu'à découper le nom de Dieu dans les vieux manuscrits pour le préserver de la destruction[10]. Cumanus parvient de justesse à éviter un nouvel embrasement en faisant tout de suite exécuter le coupable[9].

Affrontements entre Juifs et Samariatains

modifier

En 51, de violents affrontements se produisent entre Samaritains et Galiléens[6]. Une véritable situation de guerre entre Juifs et Samaritains s'installe après le meurtre de pèlerins[6] dont un important Galiléen[11], attaqués et tués près de Djenin.

« Là-dessus une foule considérable accourut de Galilée pour livrer bataille aux Samaritains ; les notables du pays vinrent trouver Cumanus et le supplièrent, s'il voulait prévenir un malheur irréparable, de se rendre en Galilée pour punir les auteurs du meurtre : seul moyen. disaient-ils, de disperser la multitude avant qu’on en vînt aux coups. Mais Cumanus, ajournant leur requête à la suite des affaires en cours, renvoya les suppliants sans aucune satisfaction[12]. »

À l'annonce du meurtre de ce personnage, « la plèbe » des juifs abandonnent les fêtes de pessah à Jérusalem et se précipitent vers Samarie « sans généraux, sans écouter aucun des magistrats qui essayaient de les retenir[13]. »

« Les brigands et les factieux avaient pour chefs Eléazar, fils de Dinæos, et Alexandre, qui, attaquant les cantons limitrophes du district d’Acrabatène (au sud-est de Sichem), massacrèrent les habitants sans distinction d'âge et incendièrent les bourgades[14]. »

Les grand-prêtres juifs demande justice à Cumanus. Mais celui-ci s'est laissé acheté par les meurtriers et refuse de prendre la défense des Juifs[9]. Les juifs en viennent à se faire justice eux-mêmes et malgré l'envoi des soldats de Sébaste, les troubles se poursuivent, car Cumanus s'obstine à ne pas vouloir condamner les coupables du meurtre. La répression romaine conduit un certains nombre de Juifs à rejoindre Jésus, fils de Damnaios, qui est qualifié de brigand (lestaï) par Flavius Josèphe c'est à dire un Zélote ou un membre du mouvement Galiléen. E. Mary Smallwood emploie le terme « terroristes ». Celui-ci dévaste avec sa bande plusieurs villages samaritains en Acrabatène et selon Tacite les troupes romaines envoyées par Cumanus sont vaincues.


Selon E. Mary Smallwood, à la suite des importants affrontements qui se produisent entre Juifs et Samaritains (à partir de Pessah 51[6]), qui virent à une quasi guerre, confronté aux plaintes des deux parties et notamment aux plaintes des autorités juives contre Cumanus, le légat de Syrie, Ummidius Quadratus (en) aurait détaché provisoirement la Samarie du reste de la province et celle-ci aurait été confiée à Felix, le temps de faire une enquête complète[7].

De violents affrontements se produisent entre Samaritains et Galiléens[6]. Cette situation de guerre entre Juifs et Samaritains intervient après le meurtre de pèlerins[6] dont un important Galiléen, attaqués et tués près du district d'Acrabatène. À l'annonce du meurtre de ce personnage, les juifs abandonnent les fêtes de pessah à Jérusalem et se précipitent à Césarée pour demander justice à Cumanus. Mais celui-ci s'est laissé acheté par les meurtriers et refuse de prendre la défense des Juifs[9].

Suite à une enquête menée par le gouverneur de la Syrie , Gaius Ummidius Durmius Quadratus , Cumanus a été envoyé à Rome pour une audience devant le empereur Claudius , qui le tenait responsable de la violence et l'a condamné à l'exil.

À deux reprises l'empereur Claude doit se prononcer directement pour rendre un arbitrage. À chaque fois l'empereur consulte Agrippa qui réside à Rome et suit ses conseils[15].

La région Palestine de 53 à 55[16] avant l'agrandissement des territoires d'Agrippa
  • Province romaine de Judée
  • Territoires sous l'autorité d'Agrippa II
  • Par la suite le territoire du royaume d'Agrippa est augmenté des villes de Tibériade, Tarichée (Galilée) et Julias (Pérée) ainsi que de leurs régions. (Les frontières, notamment celles du royaume d'Agrippa, sont approximatives, de même que la position précise de la Batanée, la Gaulanitide, l'Hauranitide, la Trachonitide et l'Iturée)

    Agrippa reçoit alors (53) les anciennes tétrarchies de Philippe le Tétrarque et de Lysanias.

    « L'empereur Claude « donna à Agrippa la tétrarchie de Philippe et la Batanée, en y ajoutant la Trachonitide et Abila, c'est-à-dire la tétrarchie de Lysanias, mais il lui enleva Chalcis qu'il avait gouvernée pendant quatre ans[17] ». »

    Notes et références

    modifier
    1. (en) Emil Schürer, The History of the Jewish People in the Age of Jesus Christ: Volume I, Edinburgh, revised English, , 459–460, n. 15 (ISBN 0-567-02242-0)
    2. a et b Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, p. 264, extrait en ligne
    3. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XII, 8 (247)
    4. Warren Carter, Pontius Pilate: Portraits of a Roman Governor, 2003, Minnesota, éd. Barbara Green, p. 44-45.
    5. Tacite, Annales, livre XII, 54, 1s.
    6. a b c d e et f (en) E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule: From Pompey to Diocletian: A Study in Political Relations, Brill, 2001, p. 265.
    7. a et b (en) E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule: From Pompey to Diocletian: A Study in Political Relations, Brill, 2001, p. 266.
    8. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 254.
    9. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 255.
    10. (en) E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule: From Pompey to Diocletian: A Study in Political Relations, Brill, 2001, p. 264.
    11. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XII, 3 (232).
    12. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XII, 3 (232-233).
    13. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XII, 4 (234).
    14. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XII, 4 (234-235).
    15. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, 2011, Paris, p. 254-255.
    16. Pour la carte de la Judée, voir Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, p. 43.
    17. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX, VII, 1.