Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Édesse (chrétienne)

Up

L'article en cours d'écriture: Édesse (chrétienne)

Édesse, urḥa en syriaque, Şanlıurfa en turc, al-Ruhâ en arabe, était la capitale de l'Osroène, un petit État d'abord indépendant (132 av. J.-C. - 216 ap. J.-C.), devenu province romaine en 214, puis incorporé au diocèse d'Orient, de 244 aux Omeyyades.

Aspects historiques modifier

Une dynastie arabe d'origine vraisemblablement nabatéenne règne à Edesse de -92 à +216[1].

Vers 204, Abgar IX se convertit au christianisme. C'est, dans l'histoire du christianisme, le premier roi chrétien. À la suite de cette conversion, le christianisme syriaque se développa autour d'Édesse et de nombreux monastères furent construits, en particulier celui de la colline, le Torâ d-Ourhoï.

En 216, sous le règne d'Abgar X Severus Bar Abgar (IX), l'empereur Romain Caracalla s'empara définitivement du petit royaume, qui devint une province romaine. Cependant on a trouvé des monnaies au nom d'un Ma'Nu IX Bar Abgar(X) Severus et d'un Abgar XI Farhat Bar Ma'Nu avec sur l'autre face la tête de l'empereur romain Gordien III le Pieux, ce qui laisse supposer aux spécialistes que les Romains laissèrent encore quelque temps des souverains en place.

En 262, le roi des Perses sassanides Chahpuhr Ier occupa brièvement Édesse puis l'abandonna du fait de l'arrivée du roi de Palmyre Odenath II venu défendre la ville. Celui-ci, allié de l'empereur romain Gallien, avait en charge la défense de ses territoires en Orient.

Bassin Ayn-i Züleyha

À partir de 250, Édesse, où le christianisme avait bien progressé, accueillit les chrétiens chaldéens, chassés de Perse par les Sassanides.

Dans la ville même existaient des sources (auxquelles les Grecs donnèrent le nom de kallirroé) qui sont encore connues aujourd'hui. Les carpes sacrées toujours élevées dans le bassin (Ayn-i Züleyha), sont la manifestation de la légende du miracle d'Abraham. Selon celle-ci, ce serait à cet emplacement que le roi d'Assyrie Nimrod aurait jeté Abraham dans une fournaise qui se changea aussitôt en eau poissonneuse.

En 605, Édesse devint à nouveau perse puis fut reprise par l'empereur byzantin Héraclius. Le syriaque édessénien resta la langue pour la littérature et l'Église, ainsi que celle des grands écrivains comme par exemple Jacques de Nisibe, Éphrem le Syrien et plus tard Jacques d'Édesse.

Éléments d'histoire ecclésiastique modifier

La légende d'Abgar date probablement de l'époque du début du christianisme à Édesse, dans la première partie du IIIe siècle.

En 384, la ville est visitée par Égérie, qui y décrit ses nombreux sanctuaires.

Quand Nisibe fut cédée par les Byzantins aux Perses en 363, Éphrem le Syrien quitta sa ville natale et s'installa de l'autre côté de la nouvelle frontière, à Édesse où il fonda une école théologique fameuse. Celle-ci est concurrente, à certains égards, de l'école d'Antioche; sous l'évêque Rabbula, par exemple, elle prit le parti de Cyrille d'Alexandrie contre Nestorius.

Mais la tendance s'inversa sous son successeur Ibas, au point que l'école d'Antioche se voit accusée de nestorianisme. C'est ce qui entraîna sa fermeture provisoire en 457, puis de manière définitive en 488, sous l'empereur Zénon. Les enseignants et leurs élèves quittèrent alors Édesse et retournèrent dans la ville de leur fondateur, à Nisibe, où ils furent au point de départ de l'Église dite "nestorienne"[2]

A contrario, à partir de cette époque et jusque bien après la conquête arabe, l'Église miaphysite se développa à Édesse, qui est comme le centre spirituel historique de l'Église syriaque.

Historicité des traditions 2 modifier

Texto de Mimouni

Enfin, relevons que les spécialistes du christianisme dans l'Empire iranien ont tendance à dire que l'absence de documents empêche de retracer avec exactitude l'histoire de sa pénétration dans cette région du monde. Ils acceptent de faire remonter cette pénétration dans cette région aux dernières années de la dynastie Parthe des Arsacides, qui a régné cinq siècle avant d'être chassée du pouvoir en 226, par la dynastie perse des Sassanides. Ils considèrent cependant que la christianisation de l'empire iranien pourrait remonter à la fin du IIe siècle: en se fondant sur la Tradition de l'église perse, ils estiment en effet que les premiers missionnaires seraient venus d'Édesse en Osroène où le christianisme est déjà bien implanté, devenant même religion d'état, dès le début du IIIe siècle, sous le règne du roi Abgar IX (179-214). Il y là une sorte de contradiction, provoquée sans doute par l'absence de documents attestant la présence de communautés chrétiennes dans l'espace perse avant la moitié du IIIe siècle, en dehors évidemment des données de la Tradition qui tente d'établir un lien entre le début du IVe siècle et les « origines », en faisant remonter la christianisation du pays à l'apôtre Thomas qui se serait arrêté à Séleucie-Ctésiphon au cours de son voyage vers l'Inde, ou encore à son disciple Addaïe (Thaddée), secondé par Aggaï et Mari — il convient de préciser que si la tradition attribue à Thomas ou Addaïe la fondation du siège patriarcal de Séleucie, c'est probablement dans le but de prouver que cette Église est bien, elle aussi, de fondation apostolique, à l'égal d'Antioche — Ce faisant les spécialistes de la question omettent les judéo-chrétiens elkasaïtes, qui sont attestés dans l'espace perse dès le tout début du IIe siècle et dont [/] les communautés sempblent relativement nombreuses et florissantes au IIIe siècle [/] du moins si l'on accorde crédit aux informtions en provenance de la Vita Mani du Codex Mani de Cologne.

Proposition

Selon la tradition des églises chrétiennes et notamment de l'église perse[3], les récits de la légende d'Abgar et de la Doctrina Addaïe sont anachroniques, car ils évoquent des faits (l'établissement de l'Église d'Édesse) qui ne surviennent que dans la seconde moitié du IIe siècle, le premier roi chrétien d'Édesse étant un Abgar régnant de 179 à 214. Selon Simon Claude Mimouni cet avis est bien souvent encore « l'avis des spécialistes du christianisme dans l'Empire iranien[4]. » Pour eux, « l'absence de documents empêche de retracer avec exactitude l'histoire de la pénétration du christianisme dans cette région du monde[4]». En se fondant sur la Tradition de l'église perse, ces spécialistes considèrent que cette christianisation pourrait remonter à la fin du IIe siècle, les premiers missionnaires seraient venus d'Édesse où le christianisme serait devenu religion d'état sous le règne d'un Abgar (179-214)[4].

Pour Simon Claude Mimouni, il y a là une sorte de contradiction, provoquée sans doute par l'absence de documents attestant la présence de communauté chrétienne dans l'espace perse avant la moitié du IIIe siècle, en dehors évidemment des données de la Tradition[4]. Celle-ci fait remonter la christianisation du pays à l'apôtre Thomas qui se serait arrêté à Séleucie-Ctésiphon au cours de son voyage vers l'Inde, ou encore à son disciple Addaïe (Thaddée), secondé par Aggaï et Mari[4].

Certains spécialistes insistent pour préciser que si la tradition attribue à Thomas ou Addaïe la fondation du siège patriarcal de Séleucie, c'est probablement dans le but de prouver que cette Église est bien, elle aussi, de fondation apostolique, à l'égal d'Antioche[5]. Pour Simon Claude Mimouni ces spécialistes omettent les judéo-chrétiens elkasaïtes, qui sont attestés dans l'espace perse dès le tout début du IIe siècle et dont le Codex Mani de Cologne montrent que ces communautés étaient florissantes au IIIe siècle[5]. Selon Simon Claude Mimouni, la documentation en notre possession permet d'avancer l'hypothèse que le mouvement elkasaïte a été fondé par Elkasaï, « à partir d'un groupe juif déjà existant ». Celui-ci pourrait être celui des Osséens et aurait été établi vers la fin du Ier siècle en Syrie sous domination parthe. Il est fort possible qu'Elkasaï, avant de fonder son propre groupe, ait été un judéo-chrétien ébionite[6].

François Blanchetière note que selon Flavius Josèphe[7] et des traditions rabbiniques le roi Izatès II d'Adiabène et sa mère Hellène se sont convertis au judaïsme et qu'ils furent enterrés à Jérusalem dans le Tombeau des Rois[8]. La Chronique d'Arbèles impute la première évangélisation à Addaïe à la fin du Ier siècle et les épiscopes d'Adiabène dès le début du IIe siècle portent des noms typiquement juifs[8]. Il ajoute toutefois que bien entendu, ces renseignements « ne peuvent pas être pris en toute certitude historique[8]. »

Historicité des traditions 1 modifier

Selon la tradition de plusieurs églises chrétiennes[9], les récits de la légende d'Abgar et de la Doctrina Addaïe sont anachroniques, car ils évoquent des faits (l'établissement de l'Église d'Édesse) qui ne surviennent que dans la seconde moitié du IIe siècle, le premier roi chrétien d'Édesse étant un Abgar régnant de 179 à 214. Selon Simon Claude Mimouni cet avis est bien souvent encore « l'avis des spécialistes du christianisme dans l'Empire iranien[4]. » Pour eux, « l'absence de documents empêche de retracer avec exactitude l'histoire de la pénétration du christianisme dans cette région du monde[4]». Toutefois, une inscription sur la pierre tombale d'un chrétien de Rome qui avait fait un voyage dans le nord de la Mésopotamie vers la fin du IIe siècle montre son étonnement d'avoir trouvé des communautés chrétiennes dans chacune des villes visitées[réf. souhaitée]. En se fondant sur la Tradition de l'église perse, ces spécialistes considèrent que cette christianisation pourrait remonter à la fin du IIe siècle, les premiers missionnaires seraient venus d'Édesse où le christianisme serait devenu religion d'état douteux sous le règne d'un Abgar (179-214)[4].

Pour Simon Claude Mimouni, il y a là une sorte de contradiction, provoquée sans doute par l'absence de documents attestant la présence de communauté chrétienne dans l'espace perse avant la moitié du IIIe siècle, en dehors évidemment des données de la Tradition[4]. Celle-ci fait remonter la christianisation du pays à l'apôtre Thomas qui se serait arrêté à Séleucie-Ctésiphon au cours de son voyage vers l'Inde, ou encore à son disciple Addaïe (Thaddée), secondé par Aggaï et Mari[4]. Selon François Blanchetière, ce serait à ces milieux du « christianisme syriaque » de la région d'Édesse qu'il faut rapporter l'évangile de Thomas qui contient des éléments antérieurs à la tradition synoptique[10]. Ceux-ci « concevait la foi comme une Voie, une façon de vivre, rien d'abstrait ou de dogmatique[10]. »

Certains spécialistes insistent pour préciser que si la tradition attribue à Thomas ou Addaïe la fondation du siège patriarcal de Séleucie, c'est probablement dans le but de prouver que cette Église est bien, elle aussi, de fondation apostolique, à l'égal d'Antioche[5]. Pour Simon Claude Mimouni ces spécialistes omettent les judéo-chrétiens elkasaïtes, qui sont attestés dans l'espace perse dès le tout début du IIe siècle et dont le Codex Mani de Cologne montrent que ces communautés étaient florissantes au IIIe siècle[5]. Selon Simon Claude Mimouni, la documentation en notre possession permet d'avancer l'hypothèse que le mouvement elkasaïte a été fondé par Elkasaï, « à partir d'un groupe juif déjà existant ». Celui-ci pourrait être celui des Osséens et aurait été établi vers la fin du Ier siècle en Syrie sous domination parthe. Il est fort possible qu'Elkasaï, avant de fonder son propre groupe, ait été un judéo-chrétien Nazôréen-ébionite[6].

François Blanchetière note que selon Flavius Josèphe[11] et des traditions rabbiniques le roi Izatès II d'Adiabène et sa mère Hellène se sont convertis au judaïsme et qu'ils furent enterrés à Jérusalem dans le Tombeau des Rois[8]. La Chronique d'Arbèles impute la première évangélisation à Addaïe à la fin du Ier siècle et les épiscopes d'Adiabène dès le début du IIe siècle portent des noms typiquement juifs[8]. Il ajoute toutefois que bien entendu, ces renseignements « ne peuvent pas être pris en toute certitude historique[8]. »

Notes et références modifier

  1. Alfred-Louis de Prémare, Les fondations de l'Islam, Seuil, Paris, 2002, p.179
  2. Labourt, Le christianisme dans l'empire perse, Paris, 1904, 130-141.
  3. cf. Simon Claude Mimouni, op. cit., p. 229.
  4. a b c d e f g h i et j Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origines juives, éd. Albin Michel, Paris, 2004, p. 229.
  5. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origines juives, éd. Albin Michel, Paris, 2004, p. 230.
  6. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 212
  7. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 34s, cité par François Blanchetière, op. cit., p. 228.
  8. a b c d e et f François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Cerf, 2001 (ISBN 2-204-06215-4), p. 228.
  9. Notamenemt de l'église perse, cf. Simon Claude Mimouni, op. cit., p. 229.
  10. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Cerf, 2001 (ISBN 2-204-06215-4), p. 226.
  11. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 34s, cité par François Blanchetière, op. cit., p. 228.

Lien modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier