Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Chavouot et Boethusiens

Chavouot (hébreu : שבועות, Shavouot « semaines » ; grec : πεντηκόστη Pentekoste « cinquantième jour ») est l’une des trois fêtes de pèlerinage du judaïsme, prescrites par la Bible, au cours de laquelle on célèbre le début de la saison de la moisson du blé et, dans la tradition rabbinique, le don de la Torah sur le mont Sinaï. Elle a lieu au terme du décompte de l’omer, le 6e jour du mois juif de sivan (qui correspond, selon les années, au mois de mai ou juin du calendrier grégorien). Elle dure deux jours en diaspora mais un seul en terre d’Israël (et dans le judaïsme réformé).

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Le jour suivant Chavouot, appelé yom tavoua’h (hébreu : יום טבוח « jour de l’abattage »), a également un caractère quelque peu festif au cours duquel le deuil est interdit car c’est en ce jour que les offrandes de pèlerinage sont réalisées lorsque la fête a lieu à chabbat (les offrandes collectives ont priorité sur le chabbat mais non les offrandes des particuliers) (14) ; par ailleurs, Chavouot ne durant qu’un jour, les pèlerins disposent d’un délai d’une semaine pour s’acquitter de ces offrandes (15).

La controverse des dates modifier

Chavouot tombait, selon les Pharisiens, entre le 5 et le 7 sivan, en fonction de la conjonction lunaire des mois d’iyar et sivan. Cependant, si le judaïsme actuel (qui célèbre Chavouot le 6 sivan depuis la fixation du calendrier par Hillel II) se fonde sur cette tradition (16), elle était loin d’être universellement acceptée à l’ère du second Temple.

Le Livre des Jubilés prescrivait par exemple de l’observer le 15 sivan (17). Les Boethusiens arguaient quant à eux que Chavouot devait toujours avoir lieu un dimanche, cinquante jours après le premier chabbat qui suivait la Pâque car « Moïse, aimant les enfants d’Israël, avait » >Article original< « voulu leur donner un jour saint étendu en annexant la fête de Chavouot (qui a lieu sept semaines après le jour de l’offrande) au chabbat » (18).

La Septante, Flavius Josèphe et Philon d’Alexandrie partageaient l’interprétation pharisienne.

Cependant, certains pensent que c’est en raison de cette controverse que la Mishna et les Talmuds ne se réfèrent à Chavouot que par le terme d’Atzeret (19) ou son équivalent araméen Atzarta (hébreu : עצרת « assemblée solennelle », « fête de clôture » ou « cessation ») (20), en précisant qu’il s’agit de l’Atzeret shel Pessa’h afin de la différencier de Chemini Atzeret et du septième jour de la fête des azymes (atzeret shevi’i) (21).

Chavouot et le don de la Torah modifier

Alors que Chavouot ne possède pas, contrairement à Pessa’h et Souccot, de dimension historique dans la Bible hébraïque, les rabbins assurent que c’est en ce jour qu’eut lieu le don de la Torah, cinquante jours après l’Exode hors d’Égypte (24).

Cette tradition apparaît déjà en filigrane dans le Livre des Jubilés (c’est en ce jour que l’alliance sur le sang aurait été contractée avec Noé, renouvelée avec Abraham puis derechef avec Moïse), bien qu’à une date différente (25). Les rabbins pensent qu’elle a été donnée le 6 tandis que Rabbi Yosse penche pour le 7. La controverse a été décidée en sa faveur et la Torah aurait été donnée le 7 sivan de cette année. Toutefois, tous s’accordent sur le fait que la Torah a été donnée à Chavouot et comme la date de cette fête a été fixée dans le calendrier de Hillel II au 6 sivan, c’est en ce jour que le don de la Torah est commémoré24.

Dans le samaritanisme modifier

Les Samaritains, adeptes d’un mosaïsme non-juif, célèbrent également Chavouot le dimanche et l’observent par le second de leurs trois pèlerinages sur le mont Garizim. Les festivités commencent à la sortie du chabbat, par une dégustation de plats froids à base de fromage et de salades. Le pèlerinage a lieu le lendemain vers quatre heures du matin et suit le même parcours que ceux de Massot et Souccot (68, 69, 70).

Selon la tradition samaritaine, le don de la Torah a lieu le quatrième jour (mercredi) de la sixième semaine de l’omer, trois jours avant Chavouot, et donne lieu à un long office de prière, depuis mardi minuit jusque mercredi vers six heures du soir, au cours duquel les Dix commandements sont solennellement lus (71).

Dans la tradition des Beta Israël modifier

Les Beta Israël d’Ethiopie sont les dépositaires d’un judaïsme pré-rabbinique principalement basé sur la Bible, en voie de disparition depuis leur émigration massive en Israël et leur adoption du judaïsme orthodoxe.

Ils commençaient, probablement sous l’influence du Livre des Jubilés (72), le décompte de l’omer au septième jour de Pessa’h mais leur calendrier n’étant pas celui de Jubilés, ils célébraient la fête de la récolte (Ba’al Ma’rar), le 12 sivan (21). Les préparatifs commençaient trois jours auparavant par des ablutions dans le fleuve ; au jour de la fête, des prémices étaient apportées au masggid où elles étaient bénies par le prêtre. On s’invitait ensuite mutuellement à partager le repas de fête (73).

Une autre fête de la récolte, également appelée Ba’al Ma’rar ou Ba’al bikkourot, avait lieu cinquante jour après Souccot, du fait d’une saison des pluies typique des plateaux d’Éthiopie. Elle donnait lieu au même rite ; l’injera (une manière de grande crêpe) était typiquement consommée avec du lait et du beurre (74).

Échos de Chavouot dans le christianisme modifier

La Pentecôte chrétienne constitue une réinterprétation chrétienne de la perception pharisienne de Chavouot, l’Esprit saint descendant sur les apôtres comme Moïse descend du Sinaï avec les Tables de la Loi (21). Le thème principal de la Pentecôte est celui du « don des langues », des « langues de feu » qui descendent sur les apôtres. En d’autres termes, il s’agit de l’universalité du message évangélique, inspiré par le Paraclet.

Le délai de sept semaines est repris dans le christianisme, la Pentecôte étant célébrée cinquante jours après Pâques. Cette fête religieuse s’est constituée peu à peu, probablement entre le IIe et le IVe siècle (79).

Wikipédia.org

Notes et références modifier

1. Exode 23:16-17

2. Exode 23:17 & 34:26

3. Nombres 28:26

4. Exode 34:22 ; Deutéronome 16:10

5. Gugenheim 1992, p. 165

Lévitique 23:9-22 ; Nombres 28:26-31

7. Deutéronome 16:1-12 ; cf. Jewish Encyclopedia 1906 & Isaacs 1999

8. 2 Rois 4:42, Isaïe 9:2 & Jérémie 5:24 cf. Jewish Encyclopedia 1906

9. 2 Chroniques 8:12-13

10. Tobie 2:1-6, cf. Isaacs 1999

11. 2 Macchabées 12:29-32, cf. Isaacs 1999

12. cf. Sifrei Devarim, Rèè, piska 140, cité in Kitov 2008, p. 504

13. Mishna Bikkourim 3:2-5 & 8, d’après Gugenheim 1992, p. 165

14. T.B. Haguiga 18a ; voir aussi Michna Beroura 494:6

15. Cf. T.B. Haguiga 9a

16. a et b Gugenheim 1992, p. 164

17. Jubilés 16:1 & 46:4, cités in Jewish Encyclopedia 1906 mais selon Jubilés archive »>Article original 1:1, Moïse est monté sur la montagne le 16

18. T.B. Menahot 65a-b

19. Cf. Mishna Shevi’it 1:1, Roch Hachana 1:2, T.B. Haguiga 9a, 18a etc. Cf. Encyclopedia Judaica, « Azeret archive »>Article original » sur Jewish Virtual Library, 2008

20. T.B. Pessahim 42b & 68b ; voir aussi Flavius Josèphe, Antiquités judaïques vol. iii. chap. 10, § 6

21. a, b, c et d Jewish Encyclopedia 1906

22. a et b (en) Sybil Kaplan, « Shavuot foods span myriad cultures archive »>Article original ». Consulté le 6 juin 2011

23 a et b Kitov 2008, p. 512, Hote 2010, 494:56 & (he) Shmouel Pinhas Gelbard, Otsar Taamei Haminhaggim, t. 2 (Vessama’hta be’hagei’ha), Mif’al Rachi lire en ligne archive »>Article original« >Article original, p. 394

24. a et b T.B. Chabbat 86a-88a ; cf. T.B. Pessa’him 68b, Exode Rabba 31, Guide des Égarés III:41, Arbaa Tourim Orah Hayim 494, Choulhan Aroukh Orah Hayim 494:1, Maguen Avraham, introduction au siman 494 & Kitov 2008, p. 499

25. Jubilés 6:15-21 & 22:1, cf. Jewish Encyclopedia 1906 & Isaacs 1999

26. Isaacs 1999 ; cf. Weill 1948, CLXXXI, §2

27. Tour Bareket, cité in Kitov 2008, p. 505 ; cf. I. Greenberg, « The Covenant & God – God, too, is bound by this divine agreement archive »>Article original » sur My Jewish Learning. Consulté le 3 juin 2011

28. Weill 1948, CLXXXI, §1

29. Zohar, parashat Yitro, 78b, cité in Jewish Encyclopedia 1906

30. Rabbenou Behaye s.v. Lévitique 23:16

31. Aroukh Hashoulhan Orah Hayim 493:1 ; cf. Weill 1948, CLXXIX, §15

32. Kitov 2008, p. 505 & Hote 2010, 494:3

33. cf. Jewish Encyclopedia 1906 & Kitov 2008, p. 513-514

34. Kol bo, chapitre 52 ; Hid »a, Lev David, chapitre 31

35. Cf. Eliezer Waldenberg, Tzitz Eliezer, tome 14, chapitre 64:5

36. cf. Jewish Encyclopedia 1906 & Kitov 2008, p. 505

37. Kitov 2008, p. 506-509

38. Sefer Maharil, Hilkhot Shavouot, §2, cité in Maguen Avraham 494:5 mais voir Mishna Beroura 494:10 qui lie cette coutume au don de la Torah, cf. Hote 2010, 494:65

39. Cf. Mishna Beroura 494:10

40. cf. Jewish Encyclopedia 1906 & Kitov 2008, p. 530

41. Sefer Aboudraham, Tefillot Hapessa’h, cf. Kitov 2008, p. 530

42. Shaarei Teshouva sur Choulhan Aroukh Orah Hayim 494

43. Shayarei Knesset Hagdola sur Tour Orah Hayim 494, note 9:7

44. Hote 2010, 494:5-7

45. Tourei Zahav sur Choulhan Aroukh Orah Hayim 494 & Shnei Louhot Habrit 179b

46. Or Letzion, tome 3, chapitre 18, n°4 & Hazon Ovadia, yom tov, p.305, cités in Hote 2010, 494:9-10

47. Hote 2010, 494:11

48. Rem »a sur Choulhan Aroukh 494:3 ; voir Gugenheim 1992, p. 59

49. Hote 2010, 494:13-16

50. Mishné Torah, sefer zmanim, hilkhot yom tov 6:20 & Hazon Ovadia, yom tov, p. 319, cités in Hote 2010, 494:60

51. Rem »a sur Choulhan Aroukh 494:3

52. Darke teshouva 89:19 ; Hote 2010, 494:57-58

53. Hote 2010, 494:29 & 40

54. Maguen Avraham 494 ; voir Kitov 2008, p. 514 qui explique qu’ils ne dormirent pas par paresse mais par crainte de n’être pas assez dispos et que leur sommeil était surnaturel donc voulu par Dieu

55. Kitov 2008, p. 505 & 515, Hote 2010, 494:25-28

56. Hote 2010, 494:64

57. Hote 2010, 494:52-53

58. Kitov 2008, p. 505

59. Mishna Beroura 494:4, cf. Hote 2010, 494:19

60. Choulhan Aroukh Orah Hayim 494:1, cité in Hote 2010, 494:17

61. Kaf Hahayim 494:27, cité in Hote 2010, 494:18

62. Choulhan Aroukh Orah Hayim 494:2, cité in Hote 2010, 494:22

63. Levoush Orah Hayim 490:9, cité in Sperling 1956, simanim 588-589

64. Betzalel Stern, Betzel Ha’hokhma, tome 4, Jérusalem 1990, responsum n°120

65. Jewish Encyclopedia 1906 ; voir aussi (en) Shavuot (Feast of Weeks) archive »>Article original sur Karaite Korner. Consulté le 5 juin 2011 & 9 Classical Karaite Proofs on the Morrow of the Sabbath archive »>Article original sur Light of Israel. Consulté le 5 juin 2011

66. Kuzari, livre III, §41

67. (en) Mourad El-Kodsi, « Hag ha-Shabu’ot archive »>Article original » sur Kararite (sic) Jews of America. Consulté le 5 juin 2011

68. (he) Hag hashavouot archive »>Article original sur Hashomronim. Consulté le 5 juin 2011

69. Educational guide archive »>Article original sur The-Samaritans.com

70. (en) Alan D. Crown, The Samaritans, Mohr Siebeck, 1989 (ISBN 978-3161452376), p. 730

71. Encyclopedia Judaica, Samaritans, Macmillan Reference USA & Keter Publishing House, 2007 (ISBN 978-0028659459)

72. (en) Michaël Corinaldi, Tudor Parfitt (dir.) et Emanuela Trevisan-Semi (dir.), Jews of Ethiopia: The Birth of an Elite, Routledge, 2005 (ISBN 978-0415318389), « The Relationship Between the Beta Israel Tradition and the Book of Jubilees », p. 193-204

73. (en) Wolf Leslau, Falasha Anthology: Yale Judaica Series, vol. 6, New Haven & London, Yale University Press, 1951 (ISBN 0-300-03927-1), p. xxxi

74. Kay Kaufman Shelemay, Music, Ritual and Falasha History, Michigan State University Press, 1986, p. 50

75. a, b et c Wigoder 1993, p. 368-371

76. (he) Hag habikkourim bamekorot archive »>Article original sur Ganshmuel.org. Consulté le 6 juin 2011

77. (en) Irit Rosenblum, « Preparations for Shavuot in full swing archive »>Article original » sur Haaretz, 2004. Consulté le 6 juin 2011

78. (en) Uzi Silber, « A Diaspora Jew’s search for the Shavuot of yesteryear archive »>Article original » sur Haaretz, 2009. Consulté le 6 juin 2011

79. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le Christianisme des origines à Constantin, P.U.F., coll. Nouvelle Clio, 2006, p.448.