Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Onias III

Le grand prêtre Onias III (hébreu חוניו), fils de Simon (probablement Simon le Juste) est un grand prêtre du Temple de Jérusalem au IIe siècle av. J.-C.. Il est le dernier des grands prêtres légitimes, car considérés comme descendants de la lignée de Sadoq. Onias III est déposé en -175. Son frère Jason qui est imposé par Antiochus IV, est considéré comme un usurpateur.

Biographie modifier

Onias III est vraisemblablement le fils de Simon le Juste, et non d'un hypothétique Simon II comme le prétend Flavius Josèphe[1]. L'auteur du deuxième livre des Maccabées s'attache à décrire Onias comme un homme bon et recherchant la justice[2]. Il semble qu'il ait adopté un parti pro-lagide[3] contrairement à son père, pro-séleucide[4]. Sa politique pro-lagide se reflète dans ses liens avec Hyrcan le Tobiade, un grand partisan du parti égyptien. Onias garda même l'argent déposé par Hyrcan dans le Temple de Jérusalem.

Onias, en tant que grand prêtre, concentrait dans ses mains à la fois une charge religieuse et un pouvoir politique civil dont étaient exclus ceux n'appartenant pas à la lignée des grands prêtres. Lorsque Simon le Benjamite (de la tribu de Benjamin, donc pas de la descendance d'Aaron), intendant du Temple, cherche à obtenir une charge plus importante et qu'Onias lui refuse, il dénonce Onias au pouvoir séleucide. Il met au courant Apollonius, le gouverneur de Syrie et de Phénicie, qu'Onias dispose de réserves d'argent importantes en plus du trésor du Temple (l'argent déposé par Hyrcan notamment). Il convainc le gouverneur séleucide qu'il doit récupérer cet argent pour éviter qu'Onias ne s'en serve pour financer le parti pro-lagide contre le souverain séleucide Séleucos IV. L'action de Simon conduit à l'envoi à Jérusalem du général Héliodore pour inspecter le trésor du Temple. La suite des événements après l'arrivée à Jérusalem d'Héliodore n'est pas claire, mais il semble qu'il échoue et qu'il rentre à Antioche les mains vides[3].

La situation politique d'Onias est délicate : sa position en tant que dirigeant est affaiblie car contestée, le gouverneur de Syrie montre son intention d'intervenir dans les affaires intérieures de la Judée et le danger d'une guerre civile à Jérusalem devient imminent. Onias décide de se rendre à Antioche pour donner sa version des événements à Séleucos IV et pour renforcer sa position. C'est alors que Séleucos mourt, remplacé par son frère Antiochus IV (-175). Antiochus, engagé dans un conflit avec Rome (il était lui-même otage à Rome) et avec les souverains égyptiens, choisit de ne pas soutenir Onias, pro-lagide, et de vendre la charge de grand prêtre à Jason, le frère d'Onias. Onias est déposé en 174 av. J.-C.. À la suite de sa déposition, il semble qu'Onias s'enfuit à Sparte, avant de revenir à Antioche où il vit en exil. Il est assassiné à Daphné, dans la périphérie d'Antioche vers la fin 171 ou au début 170 av. J.-C.. Cet assassinat est évoqué dans le livre de Daniel (Da 9,26)[1].

Certains chercheurs considèrent[5] qu'il a été le fondateur de la mouvance des esséniens et voient en lui le « Maître de Justice » mentionnés dans les manuscrits de Qumrân. Les esséniens se sont toujours réclamés de leur fidélité à Sadoq, le grand prêtre de Salomon et donc premier grand prêtre, en date, du Temple. Les Oniades, cette famille à laquelle appartint Onias III, furent les derniers des sadocites connus. La communauté scientifique fut d'abord favorable à cette identification[5], puis l'a ensuite pratiquement abandonnée pour dater d'une époque plus récente l'apparition de la mouvance essénienne, mais sans parvenir à une proposition consensuelle. Selon une hypothèse, les Oniades auraient exercé le souverain pontificat de -159 à -152, période pour laquelle le nom du grand prêtre reste inconnu[6].

Identification avec le Maître de Justice modifier

Certains chercheurs considèrent[5] qu'il a été le fondateur de la mouvance des esséniens et voient en lui le Maître de Justice. Les esséniens se sont toujours réclamés de leur fidélité à Sadoq, le grand prêtre de Salomon et donc premier grand prêtre, en date, du Temple. Les Oniades, cette famille à laquelle appartint Onias III, furent les derniers des sadocites connus.

L’hypothèse d’Émile Puech, et d'autres, selon laquelle les Oniades auraient exercé le souverain pontificat de -159 à -152, période pour laquelle le nom du grand prêtre reste inconnu, si même il y en eut un[7], est arbitraire. Au surplus, Jonathan qui les aurait évincés en -152 ne saurait être considéré comme un prêtre impie, même de la part des esséniens, qui furent plutôt favorables à l’insurrection maccabéenne. D’ailleurs un éloge du roi Jonathan, trouvé parmi les Manuscrits de Qumrân (4Q448), ne va pas du tout dans le sens de cette thèse, si même il ne l’infirme pas complètement.

On peut ajouter à ce qui suit
  • Onias III est florissant en -176 qui correspond à la date déduite par ce qui figure dans le Document de Damas : prise de Jérusalem par Nabuchodonosor + 390 ans + 20 ans pour le premier maître de Justice;
  • Il est appelé « le chef de l'Alliance » en 2 M 11, 22 (Mimouni p. 390

Les parallèles qu'on peut mettre en avant pour l'identification avec le Maître de Justice sont les suivants :

  • Le prêtre Onias III a subi la persécution et l’exil, comme il est dit avec insistance du Maître de justice dans les écrits trouvés à Qumrân.
  • Le prêtre Onias III a été assassiné « dans sa demeure d’exil »[8] (en -170), alors qu'il se trouvait à Daphné dans la Banlieur=e d'Antioche, à l’instigation d’un prêtre impie (qui serait alors Ménélas, comme il est dit en 2 M 4, 30-38), comme il est dit du Maître de justice.
  • Le Maître de justice fut zélé pour la Loi d'après l'Écrit de Damas (VI 2-11), de même qu'Onias III (cf. 2 M 3,1 - 4,38).
  • Les ennemis du Maître de justice voulaient adopter les mœurs étrangères, ou païennes, (É. de Damas I, 18-19), comme ceux d'Onias III (cf. 2 M 4,10-20).
  • Les ennemis du Maître de justice furent "les bâtisseurs du mur" (É. de Damas VIII 12.18) comme ceux d'Onias III (1 M 1,33-36).
  • Les ennemis du Maître de justice furent mus par l'appât du gain (Commentaire d'Habacuc VIII, 3-13) comme ceux d'Onias III (2 M 3-4).
  • Le Maître de justice fut exilé (Commentaire d'Habacuc XI, 6) de même qu'Onias III (2 M 4,33).
  • Le Maître de justice réprimanda ses ennemis avant sa mort (Hymnes P, IX, 8-9), de même qu'Onias III (2 M 4,33).
  • Le Maître de justice a survécu en esprit (Commentaire du Psaume 37, IV, 7-9), de même qu'Onias III (2 M 15,12-14).
  • Le Maître de justice est apparu après sa mort (Commentaire d'Habacuc XI, 6-8) de même qu'Onias III (2 M 15,12-14).
  • Le Maître de justice fut le "Prince d'une Alliance" d'après le livre de Daniel (11,22) comme Onias III, qui fut grand prêtre (2 M 3,1).
  • Le Maître de justice fut lié aux prophètes, d'après le Commentaire d'Habacuc (VII, 4-5), de même qu'Onias III qui fut lié au prophète Jérémie (2 M 15,13-16).
  • Le Maître de justice fut la victime d'un "vaticinateur" (É. de Damas VIII, 12-13 ; Commentaire d'Habacuc X, 5-13), comme Onias III fut victime de Jason (2 M 4,7-22).
  • Le Maître de justice fut victime d'un "prêtre impie" (Commentaire d'Habacuc IX, 9-10 ; XI, 2-6) comme Onias III fut victime du grand prêtre usurpateur Ménélas (2 M 4,23-38).
  • Ce "prêtre impie" est d'abord apparu sous un "nom de vérité" (Commentaire d'Habacuc VIII, 8-9) comme Ménélas apparut comme grand prêtre (2 M 4,24).
  • Ce "prêtre impie" fut mû par l'appât du gain (Commentaire d'Habacuc VIII, 3-13), exactement comme le fut Ménélas (2 M 4,23-50).
  • Ce "prêtre impie" fut victime de la "vengeance divine" "sur son corps de chair" (Commentaire d'Habacuc VIII, 16 - IX, 2), à l'instar de Ménélas, précipité dans une tour de cendres (2 M 13,3-8).
  • Le décès du Maître de justice fut suivi de la discorde civile (E. de Damas I, 20-21), de même que la mort d'Onias III (2 M 5,5-10).
  • Le décès du Maître de justice fut suivi d'une "vengeance divine", d'une "colère", sans doute une persécution (É. de Damas, II, 1 ; B, I, 31) comme le décès d'Onias III (1 M 1,64 ; 2 M 6,12-17).
  • Cette "vengeance divine" fut vraisemblablement la persécution d'Antiochus Épiphane (É. de Damas I, 17 - II, 1 et 2 M 5,11 - 9,29).
  • Une "souillure du Temple" fut consécutive à la mort du Maître de justice (É. de Damas, B, II, 23 ; Commentaire d'Habacuc XII, 8-9), comme à celle d'Onias III (1 M 1,36-64).
  • L'Écrit de Damas (I, 5-11) annonçait une période de 390 + 20 ans, après la déportation à Babylone, pour l'apparition du Maître de justice. (- 587 + 390 + 20 = - 177). Ce qui correspond au pontificat d'Onias III.
  • Le prophète Daniel (9,26) annonçait qu'un Oint serait supprimé après l'expiration de la 62e semaine d'années qui suivrait la prophétie de Jérémie, en 605 (cf. Jr 25,1.11). [- 605 + (62 X 7) = - 171]. Ce qui correspond exactement à l'assassinat d'Onias III, en - 170.
  • Le Maître de justice est apparu avant la révolte maccabéenne, pendant l'ère postexilique, avant -167, d'après I Hénoch XC, 8-13. De même qu'Onias III (2 M 8).

La communauté scientifique fut d'abord favorable à cette identification[5], puis l'a ensuite pratiquement abandonnée pour dater d'une époque plus récente l'apparition de la mouvance essénienne, mais sans parvenir à une proposition consensuelle.

Notes et références modifier

  1. a et b Mimouni 2012, p. 300
  2. Mimouni 2012, p. 330
  3. a et b Mimouni 2012, p. 304
  4. Mimouni 2012, p. 303
  5. a b c et d R. Groosens, Onias le Juste, le Messie de la Nouvelle Alliance.., Nouvelle Clio, 1-2, 1949-50, p. 336-353 ; H.H. Rowley, The Zadokite fragments and the Dead Sea Scolls, Oxford, 1952. The History of the Q. Sect., Bulletin of the John Rylands Library, 49, 1966-7, p. 203-292. Opinion d'Édouard Dhorme, d'après les CRRI, 1951, p. 99s. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « moretsedeq1 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  6. Écrits intertestamentaires, Gallimard, 1987, page XXI.
  7. Écrits intertestamentaires, Gallimard, 1987, page XXI.
  8. Commentaire d'Habacuc XI, 4-6.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier