Utilisateur:Siberian Ant/Bāb (chef religieux)

Le Báb, né Siyyid ʿAlí Muḥammad Shírází le 20 octobre 1819 à Shiraz en Iran, et mort fusillé le 9 juillet 1850 à Tabriz, est le fondateur du babisme, une religion qui a émergé au milieu du XIXe siècle au sein de l'islam chiite. En 1844, á l'âge de 25 ans, il se déclara être le Báb, c'est-à-dire la « Porte » ou « Passerelle » vers l'Imam caché, une figure messianique attendue dans le chiisme duodécimain. Cette proclamation marqua le début d'un nouveau cycle religieux, qui, affirmait-il, libérerait les énergies créatrices et les capacités nécessaires à l'établissement de l'unité et de la paix mondiales[1].

Il se désignait lui-même par le titre de «Báb», c'est-à-dire la « Porte » ou « Passerelle » vers l'Imam caché[note 1], une figure messianique attendue dans le chiisme duodécimain, bien qu'il ressorte du contexte qu'il entendait par ce terme une revendication spirituelle très distincte de toutes celles qui y étaient auparavant associées dans l'islam[3]. Il a proclamé que le but central de sa mission était de préparer la venu d'un messager plus grand que lui – celui promis par les grandes religions du monde ; il désigne ce libérateur promis comme « celui que Dieu rendra manifeste »[4].

Le Báb a composé de nombreuses lettres et livres dans lesquels il a présenté les idées d'un nouvel ordre social et la promesse de l'arrivée prochaine d'un nouveau messager divin. Les bahá'ís le revendiquent comme prédécesseur de leur propre religion. Bahāʾ-Allāh, le prophète fondateur de la religion baha’ie, était un de ses disciples et annonça être la réalisation de sa prophétie concernant « Celui que Dieu rendra manifeste ».

Le Báb a toujours discuté de sa propre révélation et de ses lois dans le contexte de la révélation à venir. Contrairement aux religions précédentes, qui faisaient sporadiquement allusion aux figures promises, l'objectif principal du Bayan, le texte fondateur de la foi babie, était de préparer l'arrivée du Promis[5].

Il fit face à l'opposition du clergé orthodoxe et du gouvernement, qui finit par l'exécuter ainsi que des milliers de ses partisans, connus sous le nom de Bábís[6] [note 2].

Ses restes furent cachés et transportés jusqu'à ce qu'ils soient enterrés en 1909 dans le sanctuaire construit pour eux par 'Abdu'l-Baha sur les pentes du mont Carmel.

L'adhésion au Báb en tant que messager divin a survécu jusqu'aux temps modernes sous la forme de la foi bahá'íe, qui compte 8 millions de membres, [9] dont le fondateur, Baháʼu'lláh, a affirmé en 1863 être l'accomplissement de la prophétie du Báb. La majorité des babis se sont convertis et sont devenus bahá'ís à la fin du 19ème siècle[10]. Les bahá'ís le considéraient comme une manifestation de Dieu, comme Adam, Abraham, Moïse, Zoroastre, Krishna, le Bouddha, Jésus, Mahomet et Baháʼu'lláh[11].

Biographie

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Enfance

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Le Báb est né le 20 octobre 1819 (1 Muharram 1235 AH / 27 Mehr 1198 SH ), à Shiraz, et reçut le nom de ʿAlí Muḥammad. [12] Il était un Sayyid, c'est-à-dire descendant de Mahomet, puisque ses deux parents faisaient remonter leur lignée à Husayn ibn Ali, petit-fils du prophète[13]. Son père, Muhammad Riḍá, était un marchand de classe moyenne et sa mère Fátimih, fille d'un éminent marchand de Chiraz. Son père est mort quand il était très jeune et son oncle maternel Hájí Mírzá Siyyid ʿAli, marchand aussi, l'éleva[14];[15].

À Chiraz, son oncle l'a envoyé dans une école primaire (maktab), où il est resté six ou sept ans[16]. D'une intelligence et perception reconnues, il ne se sentira pas à l'aise avec le système éducatif qu'il décrira comme monotone, archaïque, et cruel[17]. Il a plus tard demandé aux adultes de traiter les enfants avec dignité, de permettre aux enfants d'avoir des jouets et de jouer[18] et de ne jamais montrer de colère ou de dureté envers leurs élèves[19].

Entre 15 et 20 ans, il rejoint son oncle dans la maison de commerce familiale, axée sur le commerce avec l'Inde, Oman et Bahreïn, et commence donc à exercer comme marchand dans la ville de Bushehr, en Iran, près du golfe Persique[14]. Il était réputé pour son honnêteté et sa fiabilité[20]. Certains de ses écrits suggèrent qu'il n'aimait pas ce métier et qu'il se focalisait plutôt à l'étude de la littérature religieuse[16].

Mariage

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En 1842, à l'âge de 23 ans et conformément aux souhaits de sa mère, il épousa Khadíjih-Sultán Bagum (1822-1882), agée de 20 ans, fille d'un éminent marchand de Shiráz[21]. Leur unique enfant – un garçon nommé Ahmad – est décédé l'année de sa naissance (1843) [22]. Le jeune couple occupait une modeste maison à Chiraz avec la mère du Báb. Plus tard, Khadijih est devenu bahá'í[22].

Mouvement Shaykhi

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En 1790, plusieurs années avant la déclaration du Báb, Shaykh Ahmad (1753-1826) crea en Irak une école de pensée religieuse au sein de l’islam chiite. Ses disciples, connus sous le nom de Shaykhis, s'attendaient au retour imminent de la direction divine à travers l'apparition du Mahdi, de l'Imam caché, ou d'un adjoint de l'Imam caché. Shaykh Ahmad adopta une approche moins littérale des enseignements islamiques, en enseignant, par exemple, que ce n'est pas le corps matériel de Mahomet qui s'est envolé pendant son ascention (Mi'raj) [23] et que la résurrection des morts était de nature spirituelle[24]. Les idées de Shaykh Ahmad se sont entrechoquées avec celles des théologiens chiites orthodoxes de l'époque, et il a été déclaré infidèle en 1824[25].

Après la mort de Shaykh Ahmad, un de ses disciples, Siyyid Kazim Rashti (1793-1843), prit la direction de l'école. Il souligna l'importance de l'année 1260 AH (1844 après J.C.) comme date du retour du Mahdi, mille ans lunaires après la désaparition du douzième Imam[26]. En 1841, le Báb partit en pèlerinage en Irak et y resta sept mois, principalement à Karbala et dans ses environs[27], où il assista à aux classes de Kazim Rashti[27]. Avant son décès en décembre 1843, Kazim Rashti conseilla à ses partisans de quitter leurs foyers pour rechercher le Mahdi qui, selon ses prophéties, apparaîtrait bientôt[14]. L'un de ces disciples, Mullá Husayn, après avoir veillé pendant 40 jours dans une mosquée, se rendit à Chiraz, où il rencontra le Báb[28].

Personnalité et apparence

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Le Báb est généralement décrit comme doux, précoce ou doué d'une grande intelligence[12]. L'un de ses disciples contemporains l'a décrit ainsi :

« … très taciturne, [il] ne prononçait jamais un mot à moins que ce ne soit absolument nécessaire. Il ne répondait même pas à nos questions. Il était constamment absorbé par ses propres pensées et se préoccupait de répéter ses prières et ses versets. Il est décrit comme un bel homme à la barbe fine, habillé de vêtements propres, portant un châle vert et un turban noir[29] »

Un médecin irlandais qui l'a soigné d'une bastonnade l'a décrit comme « un homme d'apparence très douce et délicate, de taille plutôt petite et très clair de peau pour un Persan, avec une voix douce et mélodieuse qui m'a beaucoup frappé »[30].

La vie de chef religieux

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Peu de temps avant sa déclaration comme prophète, le Báb eut un rève un rêve dans lequel il buvait sept gouttes de sang coulant de la gorge lacérée de l'Imam Husayn – un martyr important et symbole de sacrifice dans l'islam chiite. C'est après ce rêve qu'il fut capable d'écrire ses propres versets et prières, se réclamant de l'inspiration divine[21];[20].

Déclaration de sa mission à Mullá Husayn

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La pièce où eut lieu la Déclaration du Báb le soir du 22 mai 1844, dans sa maison de Chiraz .

La première expérience religieusement inspirée du Báb, dont sa femme Khadijeh fue témointe, eu lieu la soirée du 3 avril 1844. Suite à l'évênement, Khadijeh cru dans la révélation du Báb et fut donc la première à le faire[31].

La date officielle de la déclaration de ʿAlí Muḥammad de sa mission est la nuit du 22 mai 1844, où Mullá Husayn, tout juste arrivé à Shiraz, fut invité par le jeune marchand chez lui [note 3]. Mullá Husayn lui parla de sa recherche du Promis, selon les instructions de Kazim Rashti, et ʿAlí Muḥammad prétendit être ce Promis[16]. Il répondit de manière satisfaisante à toutes les questions de Mullá Husayn et écrit en sa présence, avec une extrême rapidité, un long commentaire sur Sourate de Joseph, connu sous le nom de Qayyúmu'l-Asmáʼ et considéré comme la première œuvre révélée du Báb[14]. Lors de cette nuit, il pris aussi le titre de Báb (« La porte »). Mullá Husayn fut le premier à accepter les affirmations du Báb[14];[16]. La date a été adoptée comme jour saint bahá'í et marque le début du calendrier.

Lettres du Vivant

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Mullá Husayn devint le premier disciple du Báb. En cinq mois, dix-sept autres disciples de Kazim Rashti reconnurent le Báb comme une manifestation de Dieu[32]. Parmi eux se trouvait une femme, Fátimih Zarrín Táj Barag͟háni, une poète, qui reçut plus tard le nom de Táhirih, la Pure. Ces 18 disciples devinrent plus tard connus sous le nom de Lettres du Vivant.

Voyages et emprisonnement

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Après que les dix-huit Lettres des Vivants l'eurent reconnu, le Báb et Quddús, une des Lettres du Vivant, partirent en pèlerinage à La Mecque et Médine, les villes sacrées de l'Islam[16]. À la Kaaba de La Mecque, le Báb prétendit publiquement être le Qa'im promis[33]. Il écrivit au chérif de La Mecque, le gardien de la Kaaba, proclamant sa mission. Après leur pèlerinage, le Báb et Quddús retournèrent à Bushehr, où ils se virent pour la dernière fois.

Le Báb demanda a Quddús de le devancer à Shiraz et de commencer à proclamer sa mission. Cela attira l'attention du gouverneur, Husayn Khan, qui arrêta, tortura et expulsa Quddús de la ville[34]. Il fit arrêter et convoqua le Báb à Chiraz en juin 1845. L'Imam-Jum'ih de Shiraz (imam de la prère du vendredi) l'interrogea sur ses affirmations. Le Báb nia être le représentant du Qá'im ou un de ses intermédiaire auprès des fidèles et, demandé à le faire, répéta plus tard la même chose devant une congrégation à la mosquée Vakil[35].

Le Báb fut assigné à résidence au domicile de son oncle jusqu'à ce qu'une épidémie de choléra éclate dans la ville en septembre 1846[16]. Une fois libéré, il partit pour Ispahan. Là, beaucoup sont venus le voir chez l'Imam-Jum'ih de la ville, qui avait gagné son amitié. Après une réunion informelle au cours de laquelle le Báb débattait avec le clergé local et montrait sa rapidité à produire des vers de façon instantanée, sa popularité monta en flèche[36].

Après la mort du gouverneur d'Ispahan, Manouchehr Khan Gorji, qui le soutenait, la pression du clergé de la province conduisit le Shah Mohammad à ordonner au Báb en janvier 1847 de se rendre à Téhéran[37]. Cependant, à la fin du voyage, l'escorte d'arrêta a peu de distance de Téhéran. Après avoir passé plusieurs mois dans un camp à l'extérieur de Téhéran, et avant que le Báb puisse rencontrer le Shah, le Premier ministre Haji Mirza Aqasi envoya le Báb à Tabriz, dans le nord-ouest du pays, pour y être incarcéré[16].

Après 40 jours à Tabriz, le Báb fut transféré à la forteresse de Maku, dans la province d'Azerbaïdjan près de la frontière turque. Pendant son incarcération, le Báb commença son œuvre la plus importante, le Bayán persan, qui resta inachevée. En raison des pressions du gouvernement russe et de la popularité croissante du Báb à Maku, le gouverneur de Maku lui-même se convertissant le premier ministre le transféra à la forteresse de Chihriq en avril 1848[14].

Procès à Tabriz

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En juin 1848, le Báb fut amené de Chihriq à Tabriz pour y être jugé pour apostasie devant un jury composé de membre du clergé islamique. En chemin, il passa 10 jours dans la ville d'Urmia, lors desquels a été réalisé le seul portrait connu de lui. Une copie a ensuite été envoyée à Baháʼu'lláh et est conservée dans les archives internationales du Centre mondial bahá'í[38].

Le procès, auquel assista le prince héritier Nassereddine, eut lieu en juillet 1848 et impliqua de nombreux membres du clergé local. Ils interrogèrent le Báb sur la nature de ses affirmations, de ses enseignements, et exigèrent qu'il produise des miracles pour prouver son autorité divine. Ils lui ont conseillé de renoncer à ses affirmations. Les rapports varient, mais une seule réponse se trouve dans les neuf sources de témoins oculaires, où le Báb déclare : « Je suis cette personne que vous attendez depuis mille ans »[39].

Exécution

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  1. Saiedi 2021, p. 36–38.
  2. de Bellaigue 2018, p. 135, 141.
  3. Hatcher et Martin 1998, p. 7.
  4. Lawson et Ghaemmaghami 2012, p. 19.
  5. Saiedi 2008, p. 344
  6. a et b Stockman 2020, p. 7.
  7. Hartz 2009, p. 29.
  8. Walbridge 2022, p. 339–362.
  9. Smith 2021, p. 509.
  10. de Bellaigue 2018, p. 140.
  11. Smith 2000, p. 231: "Manifestations of God".
  12. a et b Ghaemmaghami 2022, p. 17.
  13. Balyuzi 1973, p. 32.
  14. a b c d e et f Bausani 1999.
  15. Balyuzi 1973, p. 30-41.
  16. a b c d e f et g MacEoin 1988.
  17. Amanat 1989, p. 114.
  18. Saiedi 2008, p. 305.
  19. Saiedi 2008, p. 206.
  20. a et b de Bellaigue 2018, p. 141.
  21. a et b Ghaemmaghami 2022, p. 18.
  22. a et b Balyuzi 1981.
  23. Adamson 2009, p. 436.
  24. Smith 2000, p. 312.
  25. Britannica 2022c.
  26. Warburg 2006, p. 121-123.
  27. a et b Balyuzi 1973, p. 41.
  28. Balyuzi 1973, p. 13.
  29. Saiedi 2022, p. 31.
  30. Balyuzi 1973, p. 146.
  31. Afnan 2008, p. 20-22.
  32. BBC 2009.
  33. Balyuzi 1973, p. 71–72.
  34. (en) Omid Ghaemmaghami, « The Life of the Báb », dans The World of the Bahá'í Faith, Routledge, , 17–28 p. (ISBN 978-0-429-02777-2, DOI 10.4324/9780429027772-4, lire en ligne)
  35. Nabíl-i-Zarandí 1932, p. 151-155.
  36. Amanat 1989, p. 257.
  37. Amanat 1989, p. 258.
  38. Ghaemmaghami 2022, p. 24.
  39. MacEoin 1997.
La place de la caserne de Tabriz, où le Báb fut exécuté

Le 5 septembre 1848, Muhammad Shah décéda, et Nasseredine Shah accéda au trône. Au milieu des années 1850, le nouveau premier ministre, Amir Kabir[1], ordonna l'exécution du Báb. Le Báb fut ramené de Chehriq à Tabriz pour être fusillé par un peloton d'exécution. La nuit précédant son exécution, alors qu'il était conduit à sa cellule, un jeune Babi, Muhammad-Ali (appelé Anis), insista pour être fusillé avec lui. Il fut immédiatement arrêté et placé dans la même cellule que le Báb.

Le matin du 9 juillet 1850 (28 Sha'ban 1266 AH), le Báb fut emmené dans la cour de la caserne où il était emprisonné. Le Báb et Anis furent suspendus à un mur et un grand peloton d'exécution se prépara à tirer[2]. Des milliers de personnes se rassemblèrent pour assister à son exécution. De nombreux témoins oculaires, notamment ceux de diplomates occidentaux, relatent le résultat[note 4]. L'ordre fut donné de tirer. Les récits diffèrent sur les détails, mais tous s'accordent sur le fait que la première volée n'a pas réussi à tuer le Báb; les balles ont plutôt coupé la corde qui les suspendait au mur[note 5]. Un deuxième peloton d'exécution fut amené et un deuxième ordre de tirer fut donné. Cette fois, le Báb fut tué[2]. Les restes du Báb et d'Anis furent jetés dans un fossé et supposés mangés par des chiens, un acte condamné par Justin Sheil, alors ministre britannique à Téhéran[2].

Les restes du Báb furent clandestinement sauvés par une poignée de Babis puis cachés. Bien plut tard, les restes furent secrètement transportés selon les instructions de Baháʼu'lláh puis de ʿAbdu'l-Baha via Ispahan, Kirmanshah, Bagdad, Damas, Beyrouth, puis par la mer jusqu'à Acre en 1899[3]. Le 21 mars 1909, les restes du Báb furent enterrés dans le sanctuaire du Báb, érigé à cet effet par 'Abdu'l-Baha, sur le mont Carmel, dans l'actuelle Haïfa, en Israël. A l'heure actuelle, le sancturaire se trouve dans un complexe de terrasses et jardins completés en 2001, formant partie du Centre mondial bahá'í et ouvert aux visiteurs.

Enseignements et héritage

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  1. Effendi 1944, p. 52.
  2. a b et c MacEoin 1988.
  3. Effendi 1944, p. 273–289.

Un point fondamental de ses enseignements est l'accent mis sur l'avènement d'une figure messianique, qu'il appelle fréquemment « celui que Dieu rendra manifeste »[1]. Le Báb discute systématiquement de sa propre révélation et de ses lois dans le contexte de ce chiffre promis. Contrairement aux religions précédentes où les références aux figures promises n'étaient qu'occasionnelles et suggérées par des allusions, l'objectif principal du Bayan, le livre mère de la dispensation Bábí, est de préparer la voie à « celui que Dieu rendra manifeste »[2].

Au cœur des enseignements du Báb se trouve un appel à la réconciliation de tous les membres de la famille humaine, marquant l'avènement d'une nouvelle étape dans l'histoire humaine[3];[4]: « soyez comme les feuilles et les fruits du même arbre, afin que peut-être vous deveniez une source de réconfort les uns pour les autres… Il vous incombe à tous d'être un seul peuple indivisible… »[5]. Le Báb a ainsi mis l'accent sur une perspective éthique universelle, y compris l'impératif moral de ne faire aucune distinction entre croyants et non-croyants et de reconnaître les besoins objectifs des autres[6]. L’intention de ces enseignements était de jeter les bases « « de la transformation révolutionnaire de l’humanité »[7].

Il enjoint aussi d'amener toutes choses, qu'elles soient naturelles ou créées par l'homme, à un état de perfection, un processus consistant à imprégner toutes choses de beauté et rafinement[8].

Un autre enseignement est aussi l'amabilité, avec l'interdiction de causer du soucis aux autres, toujours dans la même perspective de perfection et de rafinement[9].

De cette manière, la civilisation elle-même devient une entreprise sacrée; une tâche qui ne peut être comprise, indique le Bab, qu'en fixant son « regard sur l'Ordre de Baha'u'llah »[10]. Comme le souligne Saiedi, « l'importance plus large des écrits du Báb réside dans leur relation inextricable avec ceux de Baha'u'llah… » [11].

Au niveau religieux, les enseignements du Báb proposent de nouvelles interprétations des notions de Dieu, de religion et de prophètes, et réinterprètent en conséquence les concepts religieux tels que le paradis, l'enfer et la résurrection[12], clarifie le concept de révélation progressive, de continuité et renouvellement de la religion[13]. Au niveau social, le Báb enseigne de moderniser l'éducation[14], améliorer le statut de la femme[15], abolir le sacerdoce[16], et mettre l'accent sur l'éthique[17], la recherche indépendante de la vérité et la noblesse humaine[16].

Principes centraux

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  1. le terme Báb (Modèle:IPAc-en; arabe : باب; significant "Porte" or "Door", is a reference to the deputy of the Hidden Imam[2]
  2. In three instances where Bábís were besieged and under attack by the Iranian army, they defended themselves. Eventually almost all of them were massacred. The Báb never permitted Jihad and taught his followers to be peaceful and not convert by the sword.[7][6][8]
  3. Mullá Husayn was met at the gate of Shiraz by the Báb, they knew each other from having met previously in Karbala.
  4. Sir Justin Shiel, Queen Victoria's Envoy Extraordinary and Minister Plenipotentiary in Tehran, wrote to Henry John Temple, 3rd Viscount Palmerston, the British Secretary of State for Foreign Affairs, on 22 July 1850, regarding the execution. The letter, is found in its original form as document F.O. 60/152/88 in the archives of the Foreign Office at the Public Records Office in London.
  5. Some accounts say Anís succumbed to death on the first volley, another that the Báb was dispatched by a sword. See Firuz Kazemzadeh, Kazem Kazemzadeh, and Howard Garey, "The Báb: Accounts of His Martyrdom", in World Order, vol. 8, no. 1 (Fall, 1973), 32. All accounts, even the Muslim ones, concur that the Báb survived the first volley.

Une croyance fondamentale des Bábí est le concept d’une religion continue et évolutive [18] selon laquelle Dieu se révèle progressivement à travers les prophètes et, à mesure que l’humanité progresse, les enseignements divins deviennent plus complets et plus sophistiqués. [19] Chaque religion surgit en réponse aux besoins sociaux spécifiques de son époque, dépassant sa prédécesseure et conduisant finalement à l'émergence d'une religion encore plus aboutie [20][13]. Ces prophètes sont considérés comme le reflet parfait de Dieu dans le monde[13]. Il souligne l'unité des prophètes, les comparant à des miroirs reflétant le même soleil (Dieu)[13].

De plus, le Báb affirme que la révélation divine est un processus continu, avec l'apparition de prophètes tout au long de l'histoire. [13]Le Báb réinterprète la résurrection non pas comme la fin du monde mais comme le déclin d'une ancienne religion et sa renaissance grâce à une nouvelle révélation. Il utilise la métaphore des saisons pour expliquer cette progression cyclique[12]. Il soutient que, tout comme un arbre meurt en hiver mais réapparaît au printemps, les religions connaissent également des périodes de déclin et de renouveau[12]. Ce concept englobe le changement historique et l’action humaine, promouvant une perspective tournée vers l’avenir[12]. Le Báb considère la religion comme un phénomène dynamique résultant de l'interaction entre la volonté de Dieu et la scène historique de l'humanité. Il rejette la vision traditionnelle de la religion comme une imposition absolue et immuable de la volonté de Dieu[13]. La religion, comme l'humanité, est une réalité dynamique et progressiste[13].

Contrairement aux religions antérieures avec des allusions occasionnelles à de futurs prophètes, livre de référence de la foi babíe, le Bayan, tourne autour d'une figure messianique plus grande que lui, appelée « Celui que Dieu rendra manifeste »[2]. Le Báb positionne sa propre mission comme préparant la voie à celle promise[1]. Ce personnage est décrit comme possédant tous les attributs divins et ayant une autorité égale à celle de Dieu[21]. Le Báb encourage une enquête indépendante pour reconnaître la personne promise sur la base de son caractère et de ses actions, et non de facteurs externes[22]. Il advertit les babís de ne pas le rejetter à l'heure de sa venue de la même manière que les croyants des religions précédentes s'opposaient aux nouveaux prophètes[22].

Le Báb met l’accent sur la capacité inhérente des humains à penser de manière critique et à s’engager dans une recherche indépendante sur la vérité[16]. Il abolit le clergé, qu'il considère comme une cause majeure de corruption religieuse[14], et met l'accent sur les paroles de la révélation, et non sur les miracles, comme véritable test de la légitimité d'un prophète. Il interdit la prière en congrégation dirigée par des religieux, expliquant que le culte ne nécessite aucune médiation humaine[16].

Le Báb prône fortement la rationalité, la science et une éducation efficace[14]. Il envisage une société bâtie sur des écoles bien organisées, l’enseignement de l’éthique, le respect des opinions diverses et la recherche scientifique. Il encourage l'apprentissage des sciences naturelles et propose des réformes pédagogiques comme l'élimination des sujets archaïques et l'utilisation d'un langage plus simple[14].

Il encourage l'éducation des femmes et les considère comme les égales des hommes aux yeux de Dieu[23]. La foi babie a considérablement amélioré la vie des femmes par rapport aux normes en vigueur[15];[24]. Il traite généralement les femmes et les hommes de manière égale dans ses lois[15], allégeant les fardeaux imposés par la loi islamique[15]. Il décourage la polygamie, interdit le mariage forcé et le concubinage et accorde aux femmes un plus grand contrôle sur leur vie[24]. Son soutien à Táhirih, une disciple de premier plan qui a défié les normes sociales de l'époque, par exemple en enlevant son voile en public, illustre encore davantage son engagement en faveur de l'amélioration des droits des femmes[15].

Le Báb met l’accent sur le pardon, la gentillesse et le fait de faire du bien aux autres, même à ceux qui vous font du tort. Il prône l'amélioration personnelle, la préservation de l'environnement et la création d'une société belle et prospère[17]. Il interdit la violence et promeut la coexistence pacifique par la gentillesse et les manières douces[14]. Dans l'ensemble, le Báb envisageait une communauté centrée sur l'unité, l'amour, le service et le rejet de la violence[17].

Succession

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  1. a et b Saiedi 2008, p. 1
  2. a et b Saiedi 2008, p. 344
  3. Lawson 2012, p. 135–157.
  4. Saiedi 2021, p. 35.
  5. the Báb.
  6. Saiedi 2021, p. 37.
  7. Lambden 2010, p. 301–304.
  8. Saiedi 2008, p. 314.
  9. Saiedi 2008, p. 322.
  10. Saiedi 2000, p. 294-295.
  11. Saiedi 2000, p. 28.
  12. a b c et d Amanat 2017, p. 239.
  13. a b c d e f et g Saiedi 2021, p. 34.
  14. a b c d et e Abdolmohammadi 2024, p. 102–126.
  15. a b c d et e Momen 2012.
  16. a b c et d Saiedi 2021, p. 36.
  17. a b et c Stockman 2020, p. 9.
  18. Amanat 1989, p. 245.
  19. Saiedi 2008, p. 254
  20. Saiedi 2008, p. 256
  21. Smith 2013, p. 180.
  22. a et b Saiedi 2008, p. 290–291
  23. Keddie 1981, p. 46.
  24. a et b Zabihi-Moghaddam 2023, p. 705.

En raison de la position sociale importante de Baha'u'llah, une figure babie de l'époque, et du fait qu'un arrêt de mort avait déjà été émis contre lui (par Mohammad Shah, rendu inopérant para la mort du roi peu après), de grandes précautions furent prises pour éviter le mettant sous les projecteurs[1]. Même les lettres du Báb à Baha'u'llah étaient rédigées au nom de son jeune frère Mírzá Yahyá[2]. Le danger qui menaçait Baha'u'llah venait d'Amir Kabir, le premier ministre[3]. Bahá'u'lláh, Mirza Yahyá et l'un des secrétaires du Báb étaient parvenus à un accord selon lequel, afin de protéger Bahá'u'lláh, le jeune frère serait reconnu comme la figure de proue de la communauté babí et serait maintenu caché, hors de portée de tous[2];[1]. Cela laisserait Baha'u'llah plus libre pour poursuivre ses activités de babi dirigeant[1]. En conséquence, le Báb envoya une lettre à Mirza Yahyá le nommant à un poste de direction nominale en attendant l'apparition imminente du Promis, communément appelé « Celui que Dieu rendra manifeste » par le Báb[4];[5]. À l'époque, Mírzá Yahyá, encore adolescent, n'avait jamais fait preuve de leadership dans le mouvement babi et vivait toujours dans la maison de son frère aîné, Baháʼu'lláh[3].

Contrairement aux religions antérieures dans lesquelles les références aux futures figures promises étaient occasionnelles et seulement sous forme d'allusions et d'allusions, l'intégralité du Bayan, le livre mère de la dispensation Bábí, est essentiellement un discours sur une figure messianique, encore plus grande que lui-même, que le Báb se réfère à « celui que Dieu rendra manifeste ». Le Báb discute toujours de sa propre révélation et de ses lois dans le contexte de ce personage promis[6] puisque l'essence et le but de la propre mission du Báb, étaient de préparer le peuple à son avènement[7]. Il demande à ses disciples d'enquêter et de rechercher de manière indépendante celui promis, et de le reconnaître en fonction de sa propre réalité intrinsèque, de ses œuvres et de ses attributs, et non en raison de raisons extérieures à lui[8]. Il les avertit même de ne pas être privés de celui promis en argumentant contre lui à partir des œuvres du Báb, de la même manière que les adeptes des religions précédentes se sont opposés au prochain prophète en citant leurs saintes écritures[8]. De plus, le Báb parle de l'imminence de l'avènement du Promis et se réfère au moment de son avènement comme étant les années neuf et dix-neuf[9].

En 1863, dix-neuf ans après que le Báb eut déclaré sa mission, Baha'u'llah, en compagnie de ses compagnons en Irak, puis en 1866 à Edirne, prétendit publiquement être le personnage promis par le Báb[10]. La plupart des membres de la communauté babie l'ont accepté et sont devenus plus tard connus sous le nom de baha'is[11].

Pour un petit groupe de Bábís qui n'ont pas reconnu Baháʼu'lláh, Mírzá Yahyá est resté leur chef jusqu'à sa mort en 1912, et sont devenus connus sous le nom d'Azalis ou Azali Bábís. La succession des Azali reste controversée. Des sources bahá'íes rapportent que 11 des 18 « témoins » nommés par Mírzá Yahyá pour superviser la communauté bábí sont devenus bahá'ís, tout comme son fils. L'homme qui aurait été nommé par Mirza Yahyá pour lui succéder, Hadí Dawlat-Abádí, a ensuite publiquement renoncé à sa foi dans le Báb et dans Mirza Yahyá[12];[13].

Aujourd'hui, les bahá'ís comptent plusieurs millions d'adeptes, tandis que les estimations du nombre d'Azalís se situent généralement autour d'un millier en Iran[14];[15], et aucune de leurs organisations semble avoir cessé d'exister. [16]

La notion de « manifestations jumelles de Dieu » est un concept fondamental de la croyance bahá'íe, décrivant la relation entre le Báb et Baháʼu'lláh. Les deux sont considérés comme des manifestations de Dieu à part entière, ayant chacun fondé des religions distinctes (le babisme et la foi bahá'íe) et révélé leurs propres écritures saintes. Pour les bahá'ís, cependant, les missions du Báb et de Baháʼu'lláh sont inextricablement liées : la mission du Báb était de préparer la voie à la venue de Celui que Dieu rendra manifeste, qui apparaîtra finalement dans la personne de Baháʼu'lláh. Le Báb et Baháʼu'lláh sont vénérés comme des figures centrales de la foi bahá'íe. Un parallèle est fait entre Baháʼu'lláh et le Báb comme entre Jésus et Jean-Baptiste[17].

Commémorations dans la foi bahá'íe

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Dans le calendrier bahá'í, la naissance, de la déclaration et de la mort du Báb sont commémorés chaque année par les communautés bahá'íes[18].

Le mouvement babí a eu un impact majeur sur la pensée religieuse et sociale de l'Iran du XIXème siècle. Christopher de Bellaigue écrit :

« The Babi movement, which began in the 1840s, went on to become an important catalyst of social progressiveness in mid-nineteenth-century Iran, promoting interreligious peace, social equality between the sexes and revolutionary anti-monarchism... it went on to present a vision of modernity that was based on secularism, internationalism, and the rejection of war. It is this vision which has enabled it to survive to the present day - as Bahá'ísm - in pockets and communities peopled by five million souls, and which qualifies it for inclusion in any narrative about modernisation in the Middle East.[19] »

Abdu'l Baha résume l'impact du Báb : " Seul, il entreprit une tâche qui peut à peine être conçue... Cet Être illustre apparut avec une telle puissance qu'il ébranla les fondements des lois religieuses, des coutumes, des manières, de la morale et des habitudes de Perse, et a institué une nouvelle loi, une nouvelle foi et une nouvelle religion. » [20]

Écrits

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Le Báb affirme que les versets révélés par une manifestation de Dieu sont la plus grande preuve de sa mission et que les écrits du Báb comprennent plus de deux mille tablettes, épîtres, prières et traités philosophiques. Ces écrits font partie des écritures bahá'íes, en particulier ses prières, qui sont souvent récitées individuellement ainsi que lors de rassemblements de dévotion[21].

Les travaux du Báb ont également suscité l’intérêt et l’analyse des chercheurs. Elham Afnan décrit les écrits du Báb comme ayant « restructuré les pensées de leurs lecteurs, afin qu'ils puissent se libérer des chaînes de croyances obsolètes et de coutumes héritées »[22]. Jack McLean note le symbolisme nouveau des œuvres du Báb, observant que « l'univers des écrits sacrés du Báb est empreint de symbolisme. Les nombres, les couleurs, les minéraux, les liquides, le corps humain, les relations sociales, les gestes, les actes, le langage (lettres et mots), et la nature elle-même sont tous des miroirs ou des signes qui reflètent la réalité plus profonde des noms et des attributs (asmá va sifát) de Dieu"[21].

Les œuvres du Báb se caractérisent par une innovation linguistique, incluant de nombreux néologismes chaque fois qu'il trouvait les termes théologiques existants inadéquats[21]. L'association libre et la composition de type flux de conscience sont des caractéristiques marquantes de certaines œuvres[23]. Plusieurs érudits ont identifié la répétition continuelle de mots ou d'expressions particuliers d'importance religieuse comme une caractéristique distincte des écrits du Báb[24].

Le Báb a été critiqué pour son utilisation incohérente de la grammaire arabe correcte et incorrecte dans ses œuvres religieuses, bien que dans ses lettres arabes, il ait commis très peu d'erreurs[25]. Une des raisons de cette incohérence pourrait être la distinction entre ceux qui ne pouvaient pas voir au-delà de la forme extérieure des mots et ceux qui pouvaient comprendre le sens profond de son message[25]. Le Báb, dans son Traité de grammaire, a souligné que la grammaire arabe doit être enseignée comme un symbole extérieur de la grammaire spirituelle de l'univers[26].

Le Báb a déclaré qu'ils dépassaient cinq cent mille versets; le Coran, en revanche, compte 6 300 versets. Si l’on suppose 25 versets par page, cela équivaudrait à 20 000 pages de texte[27]. Cepandant, la plupart des écrits du Báb ont cependant été perdus. Nabil-i-Zarandí, dans La Chronique de Nabíl, mentionne neuf commentaires complets sur le Coran, révélés pendant l'emprisonnement du Báb à Maku, qui ont été perdus sans laisser de trace[28]. Établir le texte véritable des œuvres qui existent encore n'est pas facile et certains textes nécessiteront un travail considérable. D’autres, en revanche, sont en bon état ; plusieurs des œuvres majeures du Báb sont disponibles avec l'écriture de ses secrétaires[29].

Le département des archives du Centre mondial bahá'í détient actuellement environ 190 tablettes du Báb[30]. Des extraits de plusieurs ouvrages principaux ont été publiés dans la seule compilation en langue anglaise des écrits du Báb : Sélections des écrits du Báb.

Denis MacEoin, dans ses Sources pour la doctrine et l'histoire des premiers Bābī, donne une description de nombreux ouvrages ; une grande partie du résumé suivant est dérivée de cette source. En plus des œuvres majeures, le Báb révéla de nombreuses lettres à sa femme et à ses disciples, de nombreuses prières à des fins diverses, de nombreux commentaires sur des versets ou des chapitres du Coran et de nombreux khutbihs ou sermons (dont la plupart ne furent jamais prononcés). Beaucoup d’entre eux ont été perdus ; d'autres ont survécu dans des compilations[31].

La plupart des œuvres ont été révélées en réponse à des questions spécifiques posées par Bábís. Ce n’est pas inhabituel ; le genre de la lettre a été un moyen vénérable pour composer des textes faisant autorité dès l'apôtre Paul. Les trois quarts des chapitres du Nouveau Testament sont des lettres, ont été composés pour imiter des lettres ou contiennent des lettres en leur sein[note 1]. Parfois, le Báb révélait des œuvres très rapidement en les chantant en présence d'un secrétaire et de témoins oculaires.

Trois étapes

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Les écrits du Báb ont été décrits selon différentes typologies, notamment chronologiques et thématiques[32].

Le Báb lui-même a classé ses écrits en cinq modes : les vers divins, les prières, les commentaires, le discours rationnel – écrit en arabe – et le mode persan, qui englobe les quatre précédents[22].

Il semble que les thèmes évoluent avec le temps. Le Báb divise ses écrits en deux étapes : la première étape, où, à des fins de préparation et de prudence, les subtilités de ses affirmations et de ses enseignements étaient voilées et par conséquent non appréciées par le cœur et l'esprit des gens autour de lui; et une étape ultérieure, où il a déclaré ouvertement qu'il était non seulement le douzième imam promis de l'islam chiite, mais aussi un prophète qui a apporté une nouvelle religion mondiale, prophétisée par la Torah, l'Évangile et le Coran. [33] Cette nouvelle révélation, a-t-il affirmé, libérerait les énergies créatrices et les capacités nécessaires à l’établissement de l’unité et de la paix mondiales. [34]

Selon Nader Saeidi, les enseignements du Báb peuvent être compris comme comportant trois grandes étapes, chacune avec une orientation thématique dominante.

Ses premiers enseignements sont principalement définis par son interprétation du Coran et des hadiths, qui refondent les conceptions communes de la croyance théologique à la lumière d'une nouvelle herméneutique mettant l'accent sur l'unité de Dieu, de ses prophètes et de tous les peuples[32]. Plutôt que de révéler de nouvelles lois religieuses, la première doctrine babi « se concentre sur les significations intérieures et mystiques de la loi religieuse » et « transforme l'action rituelle en un voyage spirituel »[35].

Dans la deuxième étape, philosophique, le Báb donne une explication de la métaphysique de l'être et de la création. Il y aborde de nombreuses questions fondamentales en matière de religion, notamment la manière de reconnaître la vérité spirituelle, la nature de l'être humain, le sens de la foi, la nature des bonnes actions, les conditions préalables au voyage spirituel et la question de l'éternité ou de l'origine. du monde. La réalisation de la « vraie justice » dans le monde et le rôle central de la religion dans l’atteinte de cette justice constituent un autre objectif majeur de cette étape. Il explore même, dans son Traité du chant, la philosophie de la musique, « où comme toute autre action humaine, le chant devient moral ou immoral selon l’intention de l’acteur et la fonction de l’acte »[36].

Dans la troisième étape, législative, ses principes mystiques et historiques s'unissent [37] à mesure que les écrits du Báb acquièrent une conscience historique [38] et établissent clairement le principe de la révélation progressive[39]. La religion ne doit pas être comprise comme l’imposition sans fin de la Volonté de Dieu aux hommes, mais plutôt comme le « produit de l’interaction de la volonté de Dieu avec le stade historique du développement de l’humanité »[32]. À mesure que la compréhension et l’action humaines progressent, la religion évolue également.

En 1848, les enseignements du Báb changèrent avec l'abrogation claire de la loi islamique et l'introduction de son propre ensemble de doctrines et de pratiques[40]. Le Bayan persan, la principale œuvre du Báb durant cette période, proclame ouvertement la création d'une nouvelle religion. Le système juridique du Báb comprenait des détails sur le mariage, l'enterrement, le pèlerinage, la prière et d'autres pratiques qui semblent conçues pour un futur état Bábí ou qui doivent être mises en œuvre par Celui que Dieu doit rendre manifeste, le messager universel promis de Dieu qui est mentionné tout au long des écrits du Báb de qui dépendaient de l’approbation de ces lois. Leur importance résidait donc dans la signification spirituelle qu’elles symbolisaient : la reconnaissance du messager que Dieu enverrait prochainement[41].

Écrits avant sa déclaration

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Le Tafsir sur la sourate al-Baqara fut commencé par le Báb en novembre ou décembre 1843, soit environ six mois avant de déclarer sa mission. La première moitié fut achevée en février ou mars 1844 et la seconde moitié fut révélée après la déclaration du Báb. C'est la seule œuvre du Báb révélée avant sa déclaration qui a survécue intacte. Íl traite de l'autorité des Imám, élement clef des croyances shiite duodécimaines[42].

Chiraz, mai – septembre 1844

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  • Le premier chapitre du Qayyúmu'l-Asmáʼ (« Tafsir sur la sourate Yusuf »)[réf. nécessaire]</link> a été écrit par le Báb le soir du 22 mai 1844 lorsqu'il a fait sa déclaration à Mullá Husayn . L'ouvrage entier, qui compte plusieurs centaines de pages et est considéré comme une révélation par les bahá'ís, a nécessité quarante jours de rédaction ; c'est l'une des œuvres arabes les plus longues du Báb. Il a été largement distribué au cours de la première année du mouvement bábí, fonctionnant comme une sorte de Coran ou de Bible pour les bábís. Dans le livre, le Báb affirme être une Manifestation de Dieu, bien que cette affirmation soit dissimulée par d'autres déclarations selon lesquelles il est le serviteur de l'Imám caché. [43] Táhirih a traduit l’ouvrage en persan.
  • Sahífih-yi-makhzúnih, révélé avant son départ pour la Mecque en septembre 1844, consiste en un recueil de quatorze prières, principalement à réciter lors de jours saints et de fêtes spécifiques. Son contenu reste conforme aux attentes de l'islam. [44]

Pèlerinage, septembre 1844 – juin 1845

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Pendant les 9 mois et demi de pèlerinage à La Mecque, le Báb composa de nombreuses œuvres :

  • Khasá'il-i-sabʿih : Une œuvre composée par le Báb lors de sa traversée de retour à Bushehr après son pèlerinage, qui énumère quelques règles à suivre par la communauté bábí. Une copie du manuscrit existe probablement encore en Iran[45].
  • Kitáb-i-Rúḥ (« Livre de l'Esprit ») : Ce livre contient 700 ou 900 versets et a été écrit alors que le Báb revenait à Bushehr après son pèlerinage. L'original fut presque détruit lorsque le Báb fut arrêté. Plusieurs copies manuscrites existent[46].
  • Sahífih baynu'l-haramayn (« Traité entre les deux sanctuaires ») : cet ouvrage arabe a été écrit alors que le Báb voyageait de La Mecque à Médine au début de 1845 et répond aux questions qui lui ont été posées par un éminent dirigeant shaykhí[47].
  • Kitáb-i-Fihrist (« Le Livre du Catalogue ») : Une liste des œuvres du Báb, composée par le Báb lui-même après son retour du pèlerinage à La Mecque, le 21 juin 1845. Il s'agit d'une bibliographie de ses premiers écrits[48].

Bouchehr et Chiraz, mars 1845 – septembre 1846

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Le Báb était à Bouchehr de mars à juin 1845, puis à Chiraz.

  • Sahífih-yi-Jaʿfariyyih : Le Báb a écrit ce traité à un correspondant inconnu en 1845. Sur plus d'une centaine de pages, il énonce bon nombre de ses enseignements fondamentaux, notamment en relation avec certaines croyances Shaykhi[49].
  • Tafsír-i-Súrih-i-Kawthar (« Tafsir sur la sourate al-Kawthar ») : Le Báb a écrit ce commentaire pour Yahyá Dárábí (« Vahíd ») alors qu'il était à Shiraz ; c'est l'œuvre la plus importante révélée pendant la période de Chiraz. Bien que la sourate ne compte que trois versets, étant le plus court du Coran, son commentaire compte plus de deux cents pages. L'ouvrage a été largement diffusé et au moins une douzaine de manuscrits anciens existent [50];[51].

Ispahan, septembre 1846 – mars 1847

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  • Nubuvvih khásish : Cet ouvrage, d'une cinquantaine de pages, a été révélé en deux heures en réponse à une question du gouverneur Manouchehr Khan Gorji. Il aborde la prophétie particulière de Mahomet, un sujet important abordé dans les débats entre musulmans et chrétiens[52];[53];[54].
  • Tafsír-i-Súrih-i-va'l-ʿasr (Commentaire sur la sourate al-ʿAṣr ) : C'est l'un des deux ouvrages importants écrits par le Báb à Ispahan. Il a été rédigé spontanément et publiquement en réponse à une demande de Mir Sayyid Muhammad, le chef religieux de la ville ; une grande partie a été écrite en une seule soirée, au grand étonnement des personnes présentes[55].

Maku, fin de l'été 1847 – mai 1848

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  • Bayán persan : Il s'agit sans aucun doute de l'ouvrage le plus important du Báb et contient un résumé abouti de ses enseignements. Il a été composé à Maku à la fin de 1847 ou au début de 1848. L'ouvrage se compose de neuf chapitres intitulés váhids ou « unités », qui à leur tour sont généralement subdivisés en dix-neuf bábs ou « portes » ; la seule exception est la dernière unité, qui ne compte que dix bábs. Le Báb expliqua que ce serait la tâche de « Celui que Dieu rendra manifeste » d'achever l'œuvre; les bahá'ís croient que le Kitáb-i-Íqán de Baháʼu'lláh est l'achèvement du Bayán. Chaque unité commence par un résumé en arabe de son contenu, ce qui la rend plus facile à lire que de nombreuses œuvres du Báb. Des extraits de cet ouvrage sont publiés dans Sélections des Écrits du Báb ; ALM Nicolas a traduit l'intégralité de l'ouvrage en français en quatre volumes de 150 pages[56].
  • Bayán arabe : C'est le plus court et le moins important des deux Bayáns. Il se compose de onze vahids ou « unités », chacun avec dix-neuf bábs ou « portes ». Il propose un résumé succinct des enseignements et des lois du Báb. Il a été composé à Maku à la fin de 1847 ou au début de 1848[57].
  • Dalá'il-i-Sab'ih (« Sept preuves ») : Il existe deux ouvrages portant ce nom, le plus long en persan, le plus court en arabe ; tous deux furent composés en Maku à la fin de 1847 ou au début de 1848.

C͟hihríq, mai 1848 – juillet 1850

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  • Kitabu'l-Asmáʼ (« Le Livre des Noms ») : Il s'agit d'un livre extrêmement long sur les noms de Dieu. Il fut rédigé pendant les derniers jours du Báb à Chehriq, avant son exécution. Les différentes copies manuscrites contiennent de nombreuses variations dans le texte ; le livre nécessitera un travail considérable pour reconstruire son texte original[58].
  • Kitáb-i-panj sha'n (« Livre des cinq degrés ») : Composé en mars et avril 1850, c'est l'une des dernières œuvres du Báb. Le livre se compose de quatre-vingt-cinq sections disposées en dix-sept groupes, chacune sous le titre d'un nom différent de Dieu. Au sein de chaque groupe se trouvent cinq « grades », c'est-à-dire cinq types différents de sections : versets, prières, homélies, commentaires et pièces en langue persane. Chaque groupe était envoyé à une personne différente et était composé un jour différent. L’œuvre est donc une sorte de mélange de matériaux sans rapport. Certaines sections représentent une exposition plus approfondie des thèmes fondamentaux des enseignements du Báb ; d'autres consistent en de longues itérations des noms de Dieu et des variations sur leurs racines[59].

Voir aussi

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Remarques

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  1. a b et c Momen 2021, p. 42.
  2. a et b Cole 1998, p. 28.
  3. a et b Saiedi 2008, p. 349.
  4. Taherzadeh 2000, p. 92–93.
  5. Saiedi 2008, p. 344–345.
  6. Saiedi 2008, p. 344
  7. Saiedi 2008, p. 1
  8. a et b Saiedi 2008, p. 290–291
  9. Saiedi 2008, p. 348–57
  10. Smith 2000, p. 180-181.
  11. Amanat 2017, p. 246.
  12. Effendi 1944, p. 233.
  13. Momen 1991, p. 99.
  14. MacEoin 1987.
  15. Britannica 2011.
  16. Warburg 2006, p. 177.
  17. Buck 2004.
  18. Smith 2000, p. 182–183.
  19. de Bellaigue 2018, p. 140.
  20. Afnan 2019, p. 5.
  21. a b et c Martin 1995.
  22. a et b Afnan 2019, p. 3.
  23. MacEoin 1988b.
  24. Behmardi et McCants 2007.
  25. a et b McCants 2002.
  26. Saiedi 2008, p. 205.
  27. MacEoin 1992, p. 15.
  28. MacEoin 1992, p. 88.
  29. MacEoin 1992, p. 12–15.
  30. Universal House of Justice 2002.
  31. MacEoin 1992, p. 15–40.
  32. a b et c Saiedi 2021, p. 29–39.
  33. Lawson et Ghaemmaghami 2012, p. 15.
  34. Saiedi 2021, p. 36–38.
  35. Saiedi 2008, p. 30.
  36. Saiedi 2008, p. 34–35.
  37. Saiedi 2008, p. 27–28.
  38. Stockman 2010.
  39. Saiedi 2008, p. 241.
  40. MacEoin 1988.
  41. Warburg 2006, p. 144.
  42. MacEoin 1992, p. 46–47.
  43. MacEoin 1992, p. 55–57.
  44. MacEoin 1992, p. 59–60.
  45. MacEoin 1992, p. 61–63.
  46. MacEoin 1992, p. 61.
  47. MacEoin 1992, p. 60–61.
  48. MacEoin 1992, p. 65.
  49. MacEoin 1992, p. 66–67.
  50. MacEoin 1992, p. 71.
  51. Nabíl-i-Zarandí 1932, p. 174-176.
  52. MacEoin 1992, p. 76–77.
  53. Amanat 1989, p. 257.
  54. Nabíl-i-Zarandí 1932, p. 202–04.
  55. MacEoin 1992, p. 76.
  56. MacEoin 1992, p. 83–85.
  57. MacEoin 1992, p. 85.
  58. MacEoin 1992, p. 91–92.
  59. MacEoin 1992, p. 93–95.

Citations

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Notes et références

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Liens externes

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