Bonjour Jean-Louis,

Tu m'as demandé si j'avais une autre histoire, je te fais suivre cette fable, intéressante sur bien des aspects :

- La nécessité de surmonter le conflit - La fragilité des accords - La pression de l'adversité - L'altérité - Gérer son avenir

LE CHAT ET LE RAT

Quatre animaux divers, le Chat grippe-fromage, Triste-oiseau le Hibou, Ronge-maille le Rat,

              Dame Belette au long corsage,
              Toutes gens d'esprit scélérat,

Hantaient le tronc pourri d'un pin vieux et sauvage. Tant y furent, qu'un soir à l'entour de ce pin L'homme tendit ses rets. Le Chat de grand matin

              Sort pour aller chercher sa proie.

Les derniers traits de l'ombre empêchent qu'il ne voie Le filet ; il y tombe, en danger de mourir ; Et mon Chat de crier, et le Rat d'accourir, L'un plein de désespoir, et l'autre plein de joie. Il voyait dans les lacs son mortel ennemi.

              Le pauvre Chat dit : Cher ami,
              Les marques de ta bienveillance
              Sont communes en mon endroit :

Viens m'aider à sortir du piège où l'ignorance

              M'a fait tomber. C'est à bon droit

Que seul entre les tiens par amour singulière Je t'ai toujours choyé, t'aimant comme mes yeux. Je n'en ai point regret, et j'en rends grâce aux Dieux.

              J'allais leur faire ma prière ;

Comme tout dévot Chat en use les matins. Ce réseau me retient : ma vie est en tes mains : Viens dissoudre ces nœuds. Et quelle récompense

              En aurai-je ? reprit le Rat.
              Je jure éternelle alliance
              Avec toi, repartit le Chat.

Dispose de ma griffe, et sois en assurance : Envers et contre tous je te protégerai,

              Et la Belette mangerai
              Avec l'époux de la Chouette. 

Ils t'en veulent tous deux. Le Rat dit : Idiot ! Moi ton libérateur ? Je ne suis pas si sot.

              Puis il s'en va vers sa retraite.
              La Belette était près du trou.

Le Rat grimpe plus haut ; il y voit le Hibou : Dangers de toutes parts ; le plus pressant l'emporte. Ronge-maille retourne au Chat, et fait en sorte Qu'il détache un chaînon, puis un autre, et puis tant

              Qu'il dégage enfin l'hypocrite.
              L'homme paraît en cet instant.

Les nouveaux alliés prennent tous deux la fuite. A quelque temps de là, notre Chat vit de loin Son Rat qui se tenait à l'erte (3) et sur ses gardes. Ah ! mon frère, dit-il, viens m'embrasser ; ton soin

              Me fait injure ; tu regardes
              Comme ennemi ton allié.
              Penses-tu que j'aie oublié
              Qu'après Dieu je te dois la vie ?

Et moi, reprit le Rat, penses-tu que j'oublie

              Ton naturel ? Aucun traité

Peut-il forcer un Chat à la reconnaissance ?

              S'assure-t-on sur l'alliance
              Qu'a faite la nécessité ?

Merci et bonne journée