Henri Suso (vers 1295/97–1366) ou le Serviteur de la Sagesse éternelle

Avec Tauler, Suso est le principal disciple de Maître Eckhart. Des trois grands mystiques rhénans de l’école dominicaine allemande du XIVe siècle, c’est le seul à avoir été proclamé bienheureux, tardivement il est vrai, puisqu’il fallut attendre 1831.

Suso se distingue aussi par l’attention qu’il porte aux images et par sa volonté d’imiter le Christ souffrant. Enfin, de tous les mystiques rhénans, c’est celui dont la vie nous est la mieux connue, grâce à son autobiographie, rédigée avec l’aide de sa « fille spirituelle » Elsbet Stagel. Né vers 1295/97, à Constance ou dans ses environs, un 21 mars, jour de la fête de saint Benoît, il est mort le 25 janvier 1366 à Ulm, où il a été enterré dans l’église des frères prêcheurs. C’est par vénération pour sa mère que le jeune Heinrich von Berg choisit de porter son nom de jeune fille, Sus latinisé en Suso. Entré chez les dominicains de Constance dès l’âge de 13 ans, il connaît ses premières expériences mystiques à 18 ans et s’inflige pendant plus de 20 ans de terribles mortifications, jusqu’à ce que, voyant un chien jouer avec un morceau d’étoffe, il comprenne qu’il faut accepter les épreuves qui viennent de l’extérieur plutôt que de se les infliger volontairement. Après avoir suivi l’enseignement de Maître Eckhart à Strasbourg et à Cologne, il assiste avec douleur au début de son procès et revient vers 1327 à Constance pour y être professeur au sein du studium dominicain. C’est à cette époque qu’il rédige le Petit Livre de la Vérité, ouvrage d’inspiration eckhartienne, qui lui vaut presque aussitôt des ennuis avec les autorités de son ordre. Spéculatif et mystique, plus accessible que son maître, Eckhart, mais aussi un peu rebutant en raison de son dolorisme, ce Serviteur de la Sagesse éternelle – comme il aimait à s’appeler – est un témoin exemplaire de la spiritualité chrétienne de la fin du Moyen Age.