Utilisateur:Xenophôn/Ruscisme

Un MT-LB russe détruit avec un symbole "Z" lors de l' invasion russe de l'Ukraine en 2022 . Le symbole Z était largement utilisé par les forces armées russes et les Russes pro-guerre dans le monde entier, et il a été comparé à la croix gammée fasciste [1] [2] [3] [4] [5] [6]

Ruscisme (russe : Рашизм, prononcée [rɐˈʂɨzm] ; mot-valise composé de "Russie" et de "fascisme", aussi connu sous le nom de "rashism" en anglais ( russe : Русизм ) est un terme visant à désigner une idéologie [7] fasciste promue par la politique de Vladimir Poutine en Russie. Il repose sur la combinaison entre l'affirmation selon laquelle la Russie est devenue un État fasciste associé aux discours idéologiques autour de la Grande Russie ou reposant sur l'idée de la " mission civilisatrice spéciale" de la Russie, avec Moscou en tant que troisième Rome[8] [9]. C'est aussi une affirmation utilisée pour identifier les partisans de l'agression militaire russe contre l'Ukraine.

Histoire du terme

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Les premières apparitions de ce terme semble remontrer à la première guerre de Tchétchénie lors de laquelle, le phénomène a été décrit comme ' русизм ' (anglais : russisme ) par le président de la République tchétchène d'Itchkérie Dzhokhar Dudayev, [10] comme une manifestation de l'idéologie d'extrême droite montante. Selon Dudayev, le russisme est une variété d'idéologies haineuses basées sur le chauvinisme grand-russe. et qui se distinguerait par un mélange de fascisme, de racisme et de nationalisme avec un important recours à la violence, à la fois envers les êtres humaines et la nature.

Le terme aurait continué à être employé en Europe de l'Est, pendant la guerre russo-géorgienne . Le terme ' рашизм ' (English: Rashism ) a commencé à être plus employé lors l' annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Fédération de Russie[11],

Timothy D. Snyder estime que l'idéologie de Poutine et de son régime a été influencée par le philosophe Ivan Ilyin[12][13] [14] . Vladislav Inozemtsev, académicien russe, considère que la Russie est un État fasciste naissant, [15] Tomasz Kamusella, universitaire polonais faisant des recherches sur le nationalisme et l'ethnicité, et Alister Heath, journaliste au Daily Telegraph, décrivent le régime politique russe autoritaire actuel comme le fascisme de Poutine [16]. Maria Snegovaya estime que la Russie dirigée par Poutine est un régime fasciste[17] [18].

Invasion russe de l'Ukraine en 2022

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Les termes rashisme et rashiste sont d'usage courant parmi les élites militaires et politiques d'Ukraine, ainsi que par les journalistes, les influenceurs, les blogueurs, etc[19]. Par exemple, Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, préconise l'utilisation du mot dans le sens du fascisme russo-poutinien, pour décrire l'agression de la Russie contre l'Ukraine. Il a également déclaré que le ruscisme est bien pire que le fascisme.

"Aujourd'hui, je voudrais appeler tous les journalistes à utiliser le mot "ruscisme", car c'est un nouveau phénomène dans l'histoire du monde que M. Poutine a créé avec son pays - des "ruscistes" modernes qui ne sont pas très différents des fascistes. Je vais vous expliquer pourquoi : parce qu'avant il n'y avait pas une telle opportunité de détruire des villes avec autant de bombes aériennes, un tel équipement, il n'y avait pas une telle force. Maintenant, absolument d'autres capacités et ils les utilisent comme inhumains." — Oleksi Danilov [20].

Le 14 avril 2022, la Verkhovna Rada d'Ukraine a reconnu la Fédération de Russie comme un État terroriste doté d'un régime néonazi totalitaire et a interdit sa propagande, ainsi que la propagande de l'acte d'agression russe contre l'Ukraine[21].

Promoteurs

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Aleksandr Dugin, a été décrit comme un idéologue du ruscisme

Fasciste russe[22] Alexander Dugin dans son livre Fondamentaux de géopolitique : l'avenir géopolitique de la Russie, qui a eu un impact significatif sur les élites militaires, policières et de politique étrangère russes, a soutenu que l'Ukraine devrait être annexée par la Russie car :

"l'Ukraine comme un État n'a aucune signification géopolitique, aucune portée culturelle particulière ou signification universelle, aucune unicité géographique, aucune exclusivité ethnique, ses ambitions territoriales certaines représentent un énorme danger pour toute l'Eurasie et, sans résoudre le problème ukrainien, il est en général insensé de parler de politique continentale. L'Ukraine ne devrait pas être autorisée à rester indépendante, à moins qu'il ne s'agisse d'un cordon sanitaire, ce qui serait inadmissible" [23].

Le livre a peut-être eu une influence sur la politique étrangère de Vladimir Poutine, qui a finalement conduit à l' invasion russe de l'Ukraine en 2022 .

En 2017, Yulia Strebkova a indiqué que le ruscisme en combinaison avec l' ukrainophobie constitue le vecteur ethno-national de la doctrine idéologique néo-impériale russe plus large du « monde russe » [24].

Lors de l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, lorsque les victimes des massacres dans l' oblast de Kiev ont été découvertes,[25] le site Internet de l'agence de presse d'État russe RIA Novosti a publié un article « Ce que la Russie devrait faire de l'Ukraine » par L'agent politique russe Timofey Sergeitsev, qui était perçu comme justifiant un génocide ukrainien. Il appelle à la répression, à la désukrainisation, à la déseuropéanisation et à l' ethnocide du peuple ukrainien [26].

Selon l'expert d'Oxford sur les affaires russes, Samuel Ramani, l'article "représente la pensée dominante du Kremlin "[27]. Selon Euractiv, Sergeitsev est "l'un des idéologues du fascisme russe moderne"[28]. Le chef du ministère letton des Affaires étrangères, Edgars Rinkēvičs, a qualifié l'article de "fascisme ordinaire"[29].

Caractéristiques

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Le politologue Stanislav Belkovsky soutient que le ruscisme est déguisé en antifascisme, mais a un visage et une essence fasciste [30] Le politologue Ruslan Kliuchnyk note que l'élite russe se considère en droit de construire sa propre "démocratie souveraine" sans référence aux normes occidentales, mais en tenant compte des traditions russes d'édification de l'État. Les ressources administratives en Russie sont l'un des moyens de préserver la façade démocratique, qui cache le mécanisme de manipulation absolue de la volonté des citoyens [31].

Le politologue russe Andrey Piontkovsky soutient que l'idéologie du ruscime est à bien des égards similaire au nazisme, les discours du président Vladimir Poutine reflétant des idées similaires à celles d' Adolf Hitler .

Selon Alexander J. Motyl[32], historien et politologue américain, le fascisme russe présente les caractéristiques suivantes :

  • Un système politique non démocratique, différent à la fois de l'autoritarisme traditionnel et du totalitarisme ;
  • Étatisme et hypernationalisme ;
  • Un culte hypermasculin du chef suprême (accent mis sur son courage, son militantisme et ses prouesses physiques) ;
  • Soutien populaire général au régime et à son chef.

Selon le professeur Oleksandr Kostenko, le ruscisme est une idéologie qui « repose sur des illusions et justifie l'admissibilité de tout arbitraire au nom des intérêts mal interprétés de la société russe. En politique étrangère, le ruscisme se manifeste notamment en violation des principes du droit international, en imposant sa version de la vérité historique au monde uniquement en faveur de la Russie, en abusant du droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, etc.

En politique intérieure, le ruscisme se traduit par des violations régulières des droits de l'homme à la liberté de pensée, la persécution des membres du "mouvement dissident", l'utilisation des médias pour désinformer leur peuple.

Voir également

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Références

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  1. (en-US) Marayev, « Rashism or why russians are the new Nazi » [archive du ], VoxUkraine, (consulté le )
  2. (uk) « The letter Z is a symbol that the rashists chose by chance, like Hitler in his time, a solar sign of Hinduism, said on the air of Radio NV marketing Andrii Fedorov. », nv.ua (consulté le )
  3. (uk) « "Ordinary russicism": Putin openly and consistently imitates Hitler », Radio Svoboda (consulté le )
  4. « Ordinary ruscism. As one letter captured and nazificated Russia », www.pravda.com.ua (consulté le )
  5. (uk) « Z is a Nazi symbol of self-destruction », armyinform.com.ua (consulté le )
  6. (uk) « New swastika: why the Russians chose the letter Z », bukinfo.com.ua (consulté le )
  7. (en-US) Marayev, « Rashism or why russians are the new Nazi » [archive du ], VoxUkraine, (consulté le )
  8. « Fascism and the New Russian Nationalism », Communist and Post-Communist Studies, vol. 31, no 1,‎ , p. 1–15 (ISSN 0967-067X, DOI 10.1016/S0967-067X(97)00025-1, JSTOR 48609343)
  9. (en-US) Motyl, « Is Putin's Russia Fascist? » [archive du ], Atlantic Council, (consulté le )
  10. (en) Chechnya, « I warned my people the Russians would use planes and tanks against us, but that we would triumph because of the spirit of our nation » Accès libre, sur The Guardian, (consulté le )
  11. (en) Roman Sohn, « 'Ruscism' is threat to European stability » Accès libre, (consulté le )
  12. (en) Timothy Snyder, « Understand Putin by understanding his favourite thinkers » Accès libre, sur The Economist, (consulté le )
  13. Nikiforuk, « Meet the Face of Global Fascism », The Tyee, (consulté le )
  14. « Timothy Snyder: "God Is a Russian" » [archive du ], Yale MacMillan Center - Russian, East European, & Eurasian Studies, Yale University, (consulté le )
  15. Inozemtsev, « Putin's Russia: A Moderate Fascist State by Vladislav Inozemtsev », Center for Transatlantic Relations (consulté le )
  16. Kamusella, « Putin's Fascism », wachtyrz.eu (consulté le )
  17. (en-US) « Is Putin's Russia Fascist? », Atlantic Council, (consulté le )
  18. (en-US) Snegovaya, « Is it Time to Drop the F-Bomb on Russia? Why Putin is Almost a Fascist » (consulté le )
  19. (en) Vladlen Marayev et Julia Guz, « Rashism or why russians are the new Nazi » Accès libre, sur https://voxukraine.org, (consulté le )
  20. (uk) « Danilov pour l'utilisation du mot "ruscisme" pour décrire l'agression de la Russie contre l'Ukraine », sur ukranews.com, (consulté le )
  21. « le parlement ukrainien a reconnu la Russie comme un etat terroriste et a interdit les symboles z et v », (consulté le )
  22. « Le Raspoutine de Poutine. Chantre d'un fascisme panslave, l'ultranationaliste Alexandre Douguine est un conseiller occulte du chef du Kremlin. Son but ? Annexer une partie de l'Ukraine et reconstituer l'empire russe.— Article publié dans le Nouvel Observateur le 30 avril 2014 » [archive du ], (consulté le )
  23. « Aleksandr Dugin's Foundations of Geopolitics », Demokratizatsiya: The Journal of Post-Soviet Democratization, Institute for European, Russian and Eurasian Studies (George Washington University), vol. 12, no 1,‎ , p. 41 (ISSN 1074-6846, OCLC 222569720, lire en ligne [archive du ])
  24. « Intersectional Stigmatization: the Phenomenon of Queer Spirituality in Ukraine », Українознавчий альманах, vol. 20,‎ , p. 103-108 (lire en ligne, consulté le )
  25. William Audureau, Assma Maad, Pascaline David et Pierre Breteau, « Massacre de Boutcha : ce que l’on sait sur la découverte des corps de civils », sur Le Monde, (consulté le )
  26. (en) Chris Brown, « A Kremlin paper justifies erasing the Ukrainian identity, as Russia is accused of war crimes » Accès libre, (consulté le )
  27. « 'Genocide masterplan': Experts alarmed after Kremlin intellectual calls for 'cleansed' Ukraine », news.yahoo.com
  28. Rukomeda, « The whole world can observe the clash of civilization and anticivilization », www.euractiv.com,
  29. (uk) « Звичайний фашизм, - глава МЗС Латвії щодо статті "Що Росія має зробити з Україною" », Цензор.НЕТ (consulté le )
  30. (ru) « Путин будет захватывать новые территории, чтобы проложить путь к Балканам - эксперты », ТСН.ua,‎ (consulté le )
  31. « Західна аналітична група » [archive du ],‎ (consulté le )
  32. (en) Alexander J. Motyl, « Putin's Russia as a fascist political system », (consulté le )

Bibliographie

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