Utilisateur:Yfournier/Brouillon

Essai de création d'un Brouillon n°2 :Utilisateur:Yfournier/Brouillon2

Une des premières dynasties industrielles en France

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Les Schneider sont une famille dont des représentants de quatre générations (1837-1960) ont créé puis développé un empire industriel qui trouve son origine dans les établissements du Creusot. Quatre générations se sont succédées à sa tête, de père en fils : Eugène 1er (1836-1875), Henri (1875-1899), Eugène II (1899-1942), Charles (1942-1960). Il constitue le premier groupe industriel français d’importance internationale au XIXème siècle. Ce développement est possible grâce à l’adaptation permanente des outils de production au marché et à la création d’un système social environnant qui permet de soutenir cette expansion.

L’histoire a montré que le succès de cette aventure qui s’est déroulée sur 133 ans doit beaucoup aux qualités exceptionnelles des 4 générations de dirigeants, attestée par de nombreux témoignages familiaux et dans le milieu des affaires.

Des traits communs se distinguent au-delà des différences de personnalités :/Malgré leur absence de formation technique les deux fondateurs suivent des cours au Conservatoire de Arts et Métiers à Paris. Ils sont travailleurs, méthodiques jusqu’à la maniaquerie, autoritaires, colériques. Le reflexe dynastique imaginé par Eugène 1er est une école d’apprentissage dure mais fructueuse. Tous ces dirigeants connaissent les fondamentaux de leurs activités industrielles, même quand ils en mettent en œuvre de nouvelles. Ils sont aussi curieux de l’évolution du monde industriel autour d’eux, grâce à des séjours à l’étranger et au réseau de correspondants qu’ils mettent en place dès le milieu du XIXème siècle. Ils sont manifestement une « vision à long terme » dont la mise en œuvre est facilitée par la longueur exceptionnelle des « règnes ».

L’implantation des Schneider au Creusot

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L’industrie métallurgique était implantée dans la région du Creusot-Montcenis depuis la fin du XVIIIème siècle. De multiples entrepreneurs se sont succédé sans parvenir à pérenniser l’activité métallurgique. Les Schneider s’y sont intéressés en 1835, grâce à leur connaissance de la situation financière de ces sociétés au Creusot et l’opportunité apportée par les débuts du développement du chemin de fer, inventé en Angleterre, et dont le potentiel permettait d’espérer un développement en France, puis à l’étranger.

Objectifs industriels

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Sécurité d’approvisionnement (minerais charbon et fer, eau, énergie)

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Les ressources de proximité (mines de charbon du Creusot, de Montchanin et minerai de fer de Mazenay) s’avèrent très vite insuffisantes, Schneider est contraint de rechercher d’autres sources d’approvisionnements par acquisitions ou prises de participations : Decize-la-Machine, Montaud, Brassac et plus tard La Campine en Belgique pour le charbon, l’île d’Elbe, Espagne, Algérie puis Droitaumont pour le minerai.

De même les besoins considérables en eau industrielle ont amené la Schneider à construire de multiples barrages-réservoirs, également nécessaires pour alimenter la ville en pleine expansion.

Enfin quand l’électricité remplace la vapeur –fin XIXe siècle- Schneider se positionne en client privilégié : Le Creusot est plus tard relié en ligne directe au barrage de Génissiat.

Logistique de transport et de livraison (Chantiers de Chalon et Canal du Centre)

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L’existence du Canal du Centre lors de l’acquisition par les Schneider est l’occasion d’imaginer une liaison Le Creusot Chalon pour assurer les débouchés de la production qui doit croître de façon importante. Les tronçons manquants sont construits (voie de chemin de fer vers la rigole de Montchanin) et financés par Schneider. Un établissement industriel est tout naturellement créé à Chalon en 1839 pour y accueillir les fabrications de batellerie et de charpentes métalliques.

Amélioration constante de l’outil industriel

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Les deux frères Alphonse et Eugène mettent en œuvre immédiatement une action de modernisation de l’outil industriel. La modernisation des hauts fourneaux, les fours à puddlage manuel puis mécanique, le marteau pilon, les ateliers de mécanique, la substitution de l’acier à la fonte pour les pièces vitales des locomotives ne sont les exemples emblématiques de la première période de leur action. Cette action d’innovation sera poursuivie par Eugène après la mort d’Adolphe en 1942, puis par Henri dans le domaine de la métallurgie (procédés Bessemer et Thomas, presse hydraulique). L’intégration verticale (métallurgie et mécanique) permet de fluidifier le processus industriel et d’amortir les crises conjoncturelles.

Le développement interne de certaines de ces innovations (locomotive) permet de rattraper l’Angleterre et même d’y remporter des succès commerciaux dans leur pré carré. Cette politique d’innovation interne s’affaiblit au XXème siècle qui voit la société se tourner plus volontiers vers des acquisitions de licences.

Formation des ouvriers et cadres

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Il n’y a pas de passé industriel significatif dans la région du Creusot. Il faut donc recruter la main d’œuvre dans la campagne environnante et la former sur place. Ce mouvement de concentration est à l’origine de la création de la ville autour de l’usine. Il nécessite des écoles de formations qui s’adressent à tous les niveaux de compétences, du manœuvre jusqu’à l’ingénieur. Elles sont intégralement financées et organisées par les Schneider, qui favorisent la création d’une école de « contremaîtres » à Cluny en 1891, qui devient école d’ingénieurs en 1901 (ENSAM). Ces écoles constituent également un point de fixation et de fidélisation du personnel en complément de la politique du logement.

Les évolutions du marché sous la dynastie Schneider

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Les évolutions du marché : Le chemin de fer (1837-1870)

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Le marché du chemin de fer
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Il constitue le premier débouché de la période qui va jusqu’en 1870. C’est lui qui motive le développement et la mise au point de la locomotive « La Gironde » construite dans un temps record après l’arrivée des Schneider (1838).

La construction métallique de ponts et de gares (pour accompagner le chemin de fer) et les sociétés d’équipement.
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Le corollaire immédiat réside dans la nécessité de proposer des structures en charpentes métalliques (ponts et gares) qui seront fabriquées à Chalon (expédition plus facile dans le monde entier). Elles nécessitent de créer des sociétés d’équipement locales et internationales indispensables pour leur mise en place.

Génie civil

Un prolongement naturel est constitué des travaux de génie civil, qui sont indispensables à l’implantation, des ponts. Une association avec le constructeur.

La construction navale

Dans les mêmes chantiers de Chalon, on construit des bateaux métalliques de rivière puis de mer, équipés de chaudières à vapeur qui supplantent progressivement les bateaux en bois et la navigation à voile. Un marché militaire apparaît à la fin du XIXème siècle et au début du XXème avec les bateaux cuirassés et les sous-marins. Tous ces marchés constituent un important débouché pour les tôles du Creusot.

Les évolutions du marché : L’armement (1870-1918)

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La défaite de 1870 constitue un choc pour les dirigeants de l’époque en particulier en ce qu’elle a montré la supériorité allemande des canons en acier. Adolphe Thiers se tourne naturellement vers les Schneider pour leur demander de développer cette technologie et de l’améliorer pour régénérer un avantage militaire.

Canons en acier suite à la guerre de 1870
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Ceci conduit à la mise au point par l’Armée du canon de 75 mm, à culasse à vis et amortisseur de recul vers 1897, mais qui bénéficie des avancées dans le développement d’un acier suffisamment résistant par Schneider. La rivalité entre le corps des artilleurs et Schneider est résolue par un partage des fabrications, cette dernière ne travaillant que sur les gros calibres (canons et munitions). A partir de 1884, la libération de l’exportation d’armes incite Schneider à créer les ateliers d’armement capables de réaliser la finition par usinage des pièces forgées et ébauchées. Ils se développent rapidement jusqu’à la guerre 1914, essentiellement grâce à l’exportation.

Les munitions
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Les munitions sont un complément évident des canons et leur production génère rapidement des chiffres d’affaire considérables en cas de conflit. Celle-ci est répartie dans un grand nombre d’usine sur le territoire et ne représenterons jamais une part significative des fabrications au Creusot.

Les blindages
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Ce sont les blindages qui font la réputation de Schneider avant les canons, par la mise au point des aciers au nickel. Ce succès est le véhicule de la renommée internationale de la Société.

Les évolutions du marché (1918-1940)

La fin de la guerre se traduit par une contraction du marché militaire. Henri Schneider a vu le potentiel de la nouvelle technologie de l’équipement électrique, mais c’est Eugène II son fils qui la mettra en œuvre. Les tentatives timides d’entrée dans l’automobile et l’aviation qui émergent au début du siècle sont sans lendemain.

La construction électrique
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Bien que l’électrification des ateliers débute au tournant du siècle, Scheider n’a pas intégré cette technologie pour un développement interne et a acquis des licences se fabrication auprès des divers constructeurs en particulier Westinghouse. Seules les applications sur les métiers de base sont véritablement développées : les fours électriques et les locomotives électriques.

Les aménagements fluviaux et maritimes
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L’entre-deux guerres voit le développement d’aménagement portuaires et fluviaux (écluses, conduites forcées, turbines hydroélectriques) dans lesquels Schneider prend toute sa part aussi bien au Creusot qu’à Chalon.

Les évolutions du marché (1940-1960)

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La disparition d’Eugène II en 1942 fait peser sur son fils Charles (écarté de la gestion jusqu’à sa mort) l’écrasante charge de reconstruire l’usine et la ville du Creusot après les bombardements qu’elles ont subi.

La reconstruction
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Elle est effectuée relativement rapidement grâce aux aides gouvernementales et américaines. La reconstruction du pays et les 30 glorieuses redonne un coup de fouet à la production dans tous les domaines. Le tissu commercial encore présent permet de renouer avec l’exportation. L’absence de moyens financiers et de volonté industrielle fait se tourner la Société vers des acquisitions de licences tous azimuts en provenance de l’étranger.

Le nucléaire civil et militaire
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Le seul nouveau domaine dans lequel Schneider se développe est le nucléaire. Dès les années 50, le CEA confie au Creusot les gros équipements de ses réacteurs de recherche et de production plutonigène. Cette expertise précieuse lui permet de créer la société Framatome en 1958 en association avec Westinghouse, partenaire ancien.

La recherche des nouvelles technologies

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Le règne d’Eugène 1er est caractérisé par la recherche endogène d’améliorations techniques, aussi bien dans le domaine de l’élaboration de la fonte et de l’acier, que dans les techniques d’exploitation des gisements houillers et ferreux. De véritables innovations sont créées comme le marteau pilon, le puddlage mécanisé et la conception originale de locomotives. Elles seront le fait d’ingénieurs brillants recrutés dans les Grandes Ecoles françaises ou chez la concurrence. Une inflexion est nette sous le règne d’Henri qui achète les brevets des procédés Bessemer et Thomas. Cette tendance s’accentuera avec Eugène II et Charles (technologies électriques avec Ganz et Westinghouse, turbines et compresseurs, moteurs diesel)

Ces apports extérieurs sont scellés dans des alliances industrielles qui se font et se défont au gré des circonstances géopolitiques et des équilibres concurrentiels. Les bureaux d’études réalisent des adaptations, tout en restant inventifs dans le domaine de la traction ferroviaire

La recherche et développement autonome, telle qu’elle s’est développée dans d’autres groupes industriels au XXème siècle a été négligée ou est restée embryonnaire, ce qui a été un facteur de déclin de la Société.

La construction de l’outil industriel

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La production sidérurgique

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La Fonte

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Les matières :
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Le charbon provient, au départ, essentiellement des mines du Creusot. Il est de bonne qualité et les couches de houille ne sont pas (ou peu) grisouteuses.

En 1836 Eugène Schneider augmente la production de charbon en modernisant les méthodes d’exploitation.  Les machines à vapeur permettent de mouvoir les cages d’extraction, d’actionner la ventilation des galeries (aérage), et de remonter en surface les eaux (épuisement).

Mais les tonnages issus des gisements du Creusot ne suffisent plus et les Schneider acquièrent les houillères de Montchanin et Longpendu.  En 1869, ils acquièrent les houillères de Decize (la Machine, département de la Nièvre), puis complètent l’approvisionnent auprès de Montceau les Mines (Chagot) .

Des voies ferrées sont construites entre les lieux d’extraction et l’usine.

Le coke est produit par carbonisation de la houille dans des fours dont la capacité unitaire est d’environ 3 tonnes. La cuisson du « pain » de coke demande 24 heures.

Au plus fort de la production de l’usine, années 1880, on compte 155 fours, accolés en ligne droite et produisant quotidiennement 300 tonnes de coke. La cokéfaction fournit également des gaz combustibles, servant au chauffage même du four, l’excédent étant utilisé dans les chaudières de production de vapeur.

Les minerais :
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Dans la première moitié du XVIII ème siècle, le minerai provient essentiellement de Mazenay et Change, situés à une trentaine de kilomètres du Creusot.  Ce minerai est un oolithe ferrugineux, qui contient 25 à 27 % de fer, donc un minerai « pauvre ». De plus, après sa réduction dans le haut fourneau, il donne une fonte contenant de 1 à 2 % de phosphore, ce qui pose problème lorsque on transforme la fonte en acier.

Aussi les Schneider font-ils appel, pour les fabrications de qualité, à d’autres minerais (Espagne, Pyrénées…) plus riches en fer et d’une plus grande pureté (P et S)

Les fondants sont ajoutés à l’enfournement du haut fourneau pour obtenir un laitier fluide au moment de la coulée. Ils dépendent des teneurs en autres oxydes accompagnant le minerai (SiO, Al2 O 3). C’est, en général de la castine (un carbonate de calcium) qui est approvisionnée par le canal du Centre.

Les réfractaires. En 1842 les Schneider acquièrent l’usine de Perreuil, une ancienne forge. Le lieu est parfaitement situé, près du canal du centre, ainsi que sur la ligne de chemin de fer Chagny-Nevers, ce qui lui permet de recevoir toutes les matières nécessaires : sable (silice) argile (silico-alumineux) et houille (pour la cuisson des briques). Ils n’hésitent pas à en faire une véritable usine de production de réfractaires et de briques pour tous les fours du Creusot (puddelage , réchauffage , fours à coke , cubilots,  creusets , hauts fourneaux ….etc ..) Vers la fin du XIX ème siècle, cette usine produit annuellement de l’ordre de 18 000 tonnes de produits.

Les Hauts Fourneaux
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Dès 1836, les Schneider sont à l’affut de tous les perfectionnements que l’on peut apporter aux processus sidérurgiques pour rattraper le retard technique par rapport à l’Angleterre.   L’énergie des machines à vapeur va servir à comprimer l’air soufflé dans les tuyères (300 CV). Le gaz de « gueulard » recueilli à la sortie du haut-fourneau sera utilisé pour chauffer les briques du récupérateur de chaleur (cowpers) qui permettront ensuite de préchauffer l’air injecté, améliorant les opérations de « réduction » du minerai, ainsi que le bilan thermique global. Enfin l’accroissement des dimensions du fourneau augmente sa production et son rendement.

Ainsi, vers les années 1880, l’usine dispose de 5 hauts fourneaux, dont 4 en activité.

Leur hauteur est de 20 mètres, celle des cowpers est de 15 mètres.  Les matières introduites au sommet du haut fourneau sont acheminées en wagonnets et monte-charges hydrauliques.

Chacun produit environ 100 tonnes de fonte par jour : pour cela il est enfourné 300 tonnes de minerai et fondants, 100 tonnes de coke.  L’enfournement est étudié pour obtenir de la fonte, soit pour le Bessemer-Thomas, soit pour les fours Martin, soit pour le moulage …

L’acier

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Comme dans l’histoire générale de l’acier, deux grandes périodes marquent l’évolution de la technique de production de l’acier au Creusot.

Durant la première période, le Puddlage est la décarburation de la fonte obtenue au Haut Fourneau pour obtenir le fer. Mais la température de la fonte, puis du fer, obtenue au cours de cette opération n’atteint jamais les 1520 °C, température de fusion du fer pur : on travaille un matériau solide ou visqueux (Jusque vers 1860 ...)

Dans la seconde période, les inventions de Bessemer et de Martin permettent de franchir ce « cap » de température et d’obtenir l’acier liquide : c’est une révolution dans la « sidérurgie ».  (après 1860)

(l’acier au creuset, mis au point par Huntsman vers 1800, dans des creusets contenant, au départ, 15 kg d’acier…procédé développé ensuite par les anglais en accroissant la taille des creusets, puis par Krupp, fut très rapidement délaissé après les inventions de Bessemer et Thomas, à l’exception de l’élaboration de quelques nuances d’aciers fortement alliés)

Le Puddlage
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Cette technique anglaise datant de 1784, fut introduite au Creusot par Manby et Wilson.

Le four à puddler est un four à réverbère où la fonte est disposée sur la sole, chauffée par les flammes d’un foyer séparé, fonctionnant au charbon.

C’est ainsi que la fonte liquide est oxydée par les gaz de combustion (CO 2, O2) et perd son carbone et les autres éléments oxydables (Si, Mn, P…)

Le travail du puddleur consiste à brasser ce magma (de l’ordre de 200 kg) de fonte, fer, oxydes, en l’exposant aux flammes (oxydantes), jusqu’à l’obtention du fer pur :  le puddleur, à l’aide de ringards, sort une masse de 25 à 30 kg de fer qu’il place immédiatement sous le marteau pilon pour le « cinglage », c’est à dire la soudure des particules de fer entre elles et l’expulsion des oxydes.

Au Creusot, une équipe de puddleurs pouvait réaliser 20 charges en 24 heures :  un métier difficile et épuisant, entre l’effort physique et l’exposition à la chaleur. C’est pourquoi, vers les années 1870, le Creusot créa le four à puddler mécanique.  Le brassage de la fonte et l’exposition aux gaz de combustion était réalisé dans un énorme cylindre rotatif, dont la carcasse métallique était refroidie à l’eau.

Le puddlage fut le seul moyen de production de masse pour l’obtention du fer jusqu’aux années 1880.  

En 1863, il y avait 150 fours à puddler (La Tour Eiffel est presque entièrement réalisée en fer puddlé).

L’obtention d’acier liquide par les procédés Bessemer, Thomas, Martin …permettant de traiter des quantités importantes à un meilleur coût …détrôna rapidement la technique du puddlage.

Le convertisseur Bessemer
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Les premiers essais du procédé furent réalisés en 1859 (soufflage par le fond d’air comprimé à travers la fonte liquide) et montrèrent rapidement la supériorité du procédé par rapport au puddlage. De plus la qualité des rails, dits « en acier fondu… », s’avéra bien supérieure à ceux en fer puddlé.

Eugène Schneider signe un contrat avec Bessemer en 1862, mais ne démarre l’installation qu’en 1870, avec deux convertisseurs de 6 tonnes. Elle est complétée, en 1874, par 4 convertisseurs de 8 tonnes.

Mais il faut partir d’une fonte à très faible teneur en phosphore, issue, non pas de minerais locaux, mais pyrénéens ou exotiques dont le coût est nettement supérieur.

Effectivement, avec un garnissage réfractaire du convertisseur « acide » (SiO2), et il n’est pas possible d’éliminer le phosphore lors de l’affinage d’une fonte phosphoreuse (minerais locaux).

Le métal ainsi obtenu aurait une fragilité excessive.

C’est pourquoi, au cours des années 1860 – 1880, les métallurgistes réalisèrent que, pour l’élimination du phosphore, il fallait combiner le P2O5 avec un laitier basique, à base de chaux.

Le convertisseur Thomas
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Ce fut Sydney Gilchrist Thomas qui trouva la solution : le revêtement du convertisseur ne pouvait être que de la chaux, ou de la magnésie. La dolomie (CaO , MgO) , obtenue par calcination de la roche carbonatée convenait parfaitement  , mais il fallait trouver  la technologie pour en faire un réfractaire industriel . Les essais fait en Angleterre, en 1879, confirmèrent l’excellence du procédé. De plus, le laitier obtenu en fin d’élaboration contient 17 à 20 % de P2O5 et constitue, une fois broyé, un engrais apprécié en agriculture.

Henri Schneider paya tout de suite 25 000 francs, le droit d’utiliser le procédé au Creusot

Le four Martin Siemens
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Martin (de Sireuil) a perfectionné le four à réverbère en introduisant les récupérateurs de chaleur décrits dans le brevet Siemens.  Ces récupérateurs de chaleur des fumées, constitués d’empilages de briques réfractaires, sont doubles. Ils sont, alternativement, soit en chauffage par les fumées sortant du four, soit en préchauffage du gaz et de l’air de combustion.

L’excellent rendement thermique de ce nouveau four et l’obtention d’une très haute température de flamme permettent, non seulement d’affiner la fonte liquide, mais aussi de partir d’une charge froide par exemple de ferrailles ou de chutes métalliques et d’en réaliser la fusion.

Eugène Schneider achète le procédé en 1873.  Mais, comme tous les autres fours métallurgiques de l’époque, la sole est réalisée en silice, ce qui ne permet pas la déphosphoration.

Mais, dès les années 1880, les progrès réalisés dans les garnissages basiques du Bessemer, sont appliqués au Four Martin, qui pourra utiliser les fontes phosphoreuses, et produire des aciers de qualité. Ainsi, dans les années 1890, le Creusot dispose de 4 fours Martin de 35 tonnes.

Mais la capacité de ce four de pouvoir utiliser des charges froides (ferrailles devenues plus abondantes avec le développement de la sidérurgie, riblons …)  déterminera l’avenir de la production d’acier au Creusot , tout en réduisant progressivement les apports de fonte , issue  des hauts fourneaux.

Les besoins d’aciers très importants durant la guerre 1914-1918 amèneront les Schneider à créer une nouvelle et importante aciérie Martin de 8 fours (6 de 60 tonnes et 2 de 30 tonnes), dans un nouvel emplacement proche du Creusot, au Breuil.

Les aciers alliés
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Au XIX ème siècle, le puddlage ne permettait d’obtenir que des « fers » à partir de la fonte : fers que nous appellerions aujourd’hui aciers extra-doux, aux performances mécaniques très modestes (28 kg /mm2).

Très tôt, les métallurgistes avaient compris que l’élément essentiel pour obtenir la dureté de l’acier était le carbone mais il n’était pas facile d’en contrôler la teneur, avant que furent au point les élaborations Bessemer et Martin.  (avec 0,75 % de carbone on obtenait 100 kg/mm2 )

Les anglais connaissaient l’influence du manganèse, mais c’est au Creusot que fut découvert et appliqué l’effet de « trempabilité » que le nickel confère à l’acier : ils réalisèrent ainsi, les premiers, des blindages de forte épaisseur.

Ce fut, ensuite, les propriétés du chrome et du molybdène qui furent découvertes et appliquées.

Ce n’est que bien plus tard qu’apparurent les aciers inoxydables.

Aujourd’hui, il existe une gamme infinie d’aciers spéciaux et l’on peut dire que, pour chaque emploi, un acier a été créé et optimisé.

Le four électrique
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L’atmosphère oxydante des fours Thomas ou Martin (O2, CO2…) convient très bien pour la décarburation de la fonte, mais pose problème dans l’élaborations des aciers alliés, lorsque les éléments ajoutés sont très oxydables (Si, Mn, Cr, Al …)

Au contraire, à l’intérieur d’un four électrique, on peut maintenir, au choix, une atmosphère oxydante ou réductrice, cette dernière étant essentielle pour des opérations de désulfuration ou d’addition d’éléments d’alliages très oxydables.  On dispose, également, d’un réglage aisé de la température du bain d’acier, ce qui est très important pour la coulée en lingotières.

D’où, le grand intérêt de ce four, pour les aciers spéciaux.

La première coulée issue d’un four électrique date de 1900 (Héroult, 2,5 tonnes)

2 fours électriques de 3,5 tonnes furent établis dans l’aciérie du Creusot, dans les années 1920. Ils venaient en appoint de 4 fours à creuset, de 34 creusets chacun !

Le développement de l’énergie électrique, en France, conduisit le Creusot à abandonner, dans les années 1970, les fours Martin de l’aciérie du Breuil, pour les remplacer par des fours électriques (2 de 80 tonnes et 1 de 60 tonnes), élaborant des « aciers spéciaux » à partir d’une charge froide, composée principalement de ferrailles du commerce et de « chutes » issues de la fabrication de l’usine.

L’élaboration des aciers spéciaux au four électrique à sole basique permet  d’éliminer le phosphore  et le soufre  (les deux principaux éléments nocifs dans l’acier final) et d’ajuster avec précision les éléments d’addition  ainsi que la température de coulée .

Les scories
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La production de scories, issue de tous les processus métallurgiques (haut fourneau, fours de puddlage, convertisseurs, fours Martin …) devenait trop importante pour être stockée sur le site de l’usine : il fut nécessaire de trouver un lieu de décharge, peu éloigné du centre des activités. Ce fut le lieu-dit « Les Combes ». Pour y accéder, une voie ferrée fut construite. Une locomotive à vapeur remorquait, quotidiennement, les wagons de scories pour les déverser sur ce site.

(Actuellement, cette ancienne voie ferrée a été conservée, et un train touristique emmène les visiteurs, à la découverte de l’histoire ancienne du Creusot)

Par contre, les scories phosphatées issues des élaborations basiques Thomas ou Martin étaient finement broyées et vendues comme engrais (de l’ordre de 25 % de P2O5)

Le Laboratoire

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La nécessité de développer les matériels d’analyse chimique et de mesures mécaniques apparut dès les années 1870. Des métallurgistes de talent firent progresser rapidement les connaissances sur les propriétés des métaux, entre les années 1875 et 1885 :

Jean Barba pour l’essai de traction et l’essai de fragilité.

Floris Osmond crée, dans les années 1880 la métallographie microscopique : il est reconnu internationalement. Sa contribution pour établir le digramme « fer-carbone » fut importante.

Jean Werth découvre la trempabilité des aciers au nickel, développe les blindages.

Il est co-auteur avec Osmond de la « Théorie cellulaire des propriétés de l’acier ».

(L’utilisation des nouveaux aciers au nickel permirent, vers les années 1892, de réduire l’épaisseur des blindages de 45 cm à 25 cm).

Charles Walrand apporta une contribution importante dans la réalisation et la tenue des réfractaires basiques, à base de dolomie.

Le Forgeage

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Les marteaux pilons : François Bourdon
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Le marteau et la masse furent les premiers outils pour « cingler » à chaud, le mélange fer / scorie, afin de souder entre elles les différentes parties de « fer » et d’éliminer la scorie.

La première mécanisation fut un « martinet » (un marteau) actionné par un excentrique dont la rotation était fournie par un moulin à eau. La « masse tombante » pouvait être plus importante.

Ce fut François Bourdon qui eut l’idée de soulever cette « masse » à l’aide d’un piston, mu par la vapeur.  Son brevet déposé en 1841, devança de 2 mois le brevet de l’anglais Nasmyth .

Il fut le premier à réaliser l’outil industriel.  La masse tombante était de 2,5 tonnes et la hauteur de chute de 2 mètres.

D’immenses progrès furent apportés à la sidérurgie par cet appareil : la puissance de la frappe permettait de forger des pièces plus massives (et d’aborder le marché des locomotives et des moteurs marins), raccourcissait le temps de forgeage et donc du refroidissement du métal, diminuant le nombre de réchauffages appelés « chaudes ».  

En 1867, le Creusot dispose de 30 marteaux pilons à la forge et 24 dans les ateliers de construction.

Les ingénieurs conçurent, ensuite, des marteaux pilons de plus en plus puissants :  l’apogée (mondiale) fut réalisée au Creusot en 1877 avec le pilon de 100 tonnes à double effet. (la vapeur servant non seulement à élever la masse de 100 tonnes mais aussi à accélérer le descente ). Les vibrations   transmises par le sol lors du forgeage se transmettaient à plusieurs centaines de mètres dans la ville !

Les Presses
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Les progrès réalisés dans les pompes, les cylindres et les circuits hydrauliques « haute pression » permirent, aux environs des années 1890, de construire les premières presses hydrauliques qui apportaient une meilleure maitrise et précision lors de l’écrasement du métal.    

Un atelier de 300 m de long et 50 m de large fut construit pour loger des presses à forger de 1200 tonnes, 2000 et 3000 tonnes, ainsi que les presse à « gabarier » les blindages .

Au XXème siècle fut construit la presse de 10 000 tonnes qui permettait de forger des lingots pesant jusqu’à 100 tonnes.

Le perfectionnement de cette technique, avec les avantages qu’elle apportait, mit fin, progressivement aux marteaux pilons.

Le Laminage
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Dans le laminage, le métal subit une réduction d’épaisseur par écrasement entre deux cylindres.

Très rapidement, dès 1840, l’entrainement des cylindres fut réalisé par le moteur à vapeur, une révolution dans les ateliers du Creusot.

Ainsi, la puissance installée dans toute l’usine passa de 54 000 CV en 1846 à 320 000 CV en 1869).

La « Grande Forge à Laminoirs » (tel était le nom donné à l’époque) fut construite entre 1861 et 1867.   Une halle de laminage longue de 450 m comportant 5 travées sur une largeur de 100 m, fut construite.  En 1872, la puissance installée était de 6 500 chevaux – vapeur …et 3 500 ouvriers étaient affectés à ce service, pour alimenter 12 trains à fer et 11 trains à tôle.  (par « train » il faut entendre « cage »). Les publications de l’époque témoignent de l’étonnement et de l’admiration suscités par ces installations.

Bien entendu les produits à laminer étaient issus des fours à puddler.

Après les années 1880, ces laminoirs n’eurent aucun problème pour passer du fer puddlé au aciers Thomas et Martin.

Les nouveaux « trains à tôles »

La réussite métallurgique et technique dans le domaine des blindages amena les Schneider à produire des pièces de plus en plus épaisses et importantes.  

En 1900 les lingots de 40 tonnes étaient fréquents, et, pour les laminer il fallut créer de nouvelles cages de laminage (duos), plus larges et plus puissantes. De même, il n’était plus question de manipulation manuelle des produits …et des moyens mécaniques furent inventés.

Un nouvel atelier fut monté, appelé « Grande Forge à Laminoir » dont le moteur était une machine à vapeur de 6000 Chevaux !

La Fonderie

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Avant les années 1880, il ne s’agissait que du moulage de pièces en fonte.  Le Creusot disposait de trois ateliers de fonderies et un autre atelier spécialisé dans la préparation des sables et des terres de moulage. Le métal provenait, suivant l’analyse recherchée, soit des hauts fourneaux, soit de cubilots.

Il y avait, également, une petite fonderie de bronze et de cuivre, équipée de deux fours à réverbère pour la fusion du cuivre, auquel on ajoute, ensuite, l’étain.   (pour la fabrication des hélices de navire …)

Après la mise au point de production d’acier liquide Thomas et Martin (1880) une fonderie d’acier fut créée, qui se développa, au détriment des fonderies de fonte.

Dans les années 1880, la production annuelle des fonderies de fonte était de l’ordre de : 10 000 tonnes.

Les pièces fabriquées étaient les cylindres et cages de laminoirs, les pilons et presses, les lingotières pour « l’usage intérieur » et les pièces pour les marchés (locomotives, équipements navires…)

Les cubilots, alimentés en fonte de « première fusion », fournissent la fonte de « deuxième fusion », propre aux pièces mécaniques. Il s’agit, en général, de « fonte grise » contenant 2 % de silicium et 1,5 % de manganèse et dont le point de fusion est voisin de 1150 °C. On recherche le moins possible de soufre et de phosphore.

Le moule de coulée est constitué de sable siliceux auquel on incorpore un peu d’argile pour donner du liant à la pâte. On ajoute aussi un peu de poussier de charbon pour faciliter le dégagement des gaz lors de la solidification.  Ce mélange est « damé » dans un châssis, autour de la pièce en bois qui a été réalisée dans « l’atelier de fabrication des modèles ».

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le Creusot développa la « fonte malléable » obtenue par une « cémentation oxydante » à haute température (mais en phase solide) de la pièce en fonte grise qui perd, ainsi, son carbone et se transforme en « fer » adouci et moins fragile.

La soudure

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Au début du XXème siècle, la soudure, qui se résumait jusqu’alors aux procédés de forge, connait un bond technique grâce à l’invention en 1901 par Charles Picard du chalumeau oxyacétylénique qui fonctionne avec un mélange d’oxygène et d’acétylène, et qui, permettant d’atteindre une température de 4 000°C, donne le départ du soudage moderne.

En 1902, Schneider et Cie, en particulier les Chantiers de Chalon-sur-Saône (en charge de la construction navale, et de la production des ponts et charpentes), décident d’investiguer cette nouvelle technique de production, très prometteuse en termes de rentabilité pour l’assemblage entre pièces (ces assemblages étaient jusqu’à cette époque réalisées par rivetage).

Ils comparent en particulier la soudure oxyacéthylénique, mise au point par Picard, avec la soudure oxhydrique, développée par la Société « L’Oxhydrique française », qui a une usine à Montbard, et dont Schneider et Cie possède dix actions. Le procédé de soudure oxhydrique emploie un mélange d’oxygène et d’hydrogène, et avec ce procédé la température obtenue ne dépasse pas 2 300°C.

Les Chantiers de Chalon font souder par l’usine de Montbard, à titre d’essai, une nacelle qu’ils sont en train de fabriquer pour le Génie en tôles de deux millimètres. Ils font également des essais avec la soudure oxyacétylénique, afin de comparer les deux procédés. Ils constatent que le procédé oxhydrique est plus coûteux car il consomme beaucoup d’oxygène, et qu’avec le procédé à l’acétylène, les résultats sont tout aussi satisfaisants au point de vue résistance des soudures qu’avec le procédé oxhydrique.

A partir de Juillet 1903, ils choisissent donc de réaliser leurs opérations de soudure (réservoirs, réparation de tôles, profilés …) exclusivement avec le procédé oxyacétylénique qui convient autant à des tôles de faible épaisseur qu’à des tôles fortes de dix à quinze millimètres.

Par la suite, ils feront évoluer leurs opérations de soudure en adoptant régulièrement les évolutions de cette technique, comme par exemple la soudure à l’arc. Des développements continus seront mis en œuvre pour tenir compte de l’évolution des nuances de matériaux.

La construction mécanique

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L’outil industriel mis en place par les Schneider englobe toutes les étapes de l’industrie métallurgique, depuis les hauts fourneaux jusqu’à la construction mécanique. Les activités de construction mécanique nécessitent des moyens spécifiques importants, aussi bien comme soutien aux activités sidérurgiques (usinage de pièces forgées) que pour la production de matériel ferroviaire ou la production d’armes.

Les machines-outils

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Les ateliers de constructions mécaniques, embryonnaires en 1833, font ensuite l'objet d'un développement considérable, en particulier pour leur parc de machines-outils.

Achat de machines
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En mars 1837, les Schneider appellent à la direction de leurs ateliers de constructions mécaniques François Bourdon qui revient d’un séjour professionnel de trois ans aux Etats-Unis, où il a travaillé successivement comme ouvrier, contremaître, dessinateur et ingénieur. Bourdon dote l’usine de nouveaux ateliers et renouvelle complètement l’équipement creusotin à partir de 1839, faisant dans un premier temps venir d’Angleterre les machines et les outils les plus perfectionnés.

Conception et construction endogène
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Les machines-outils venues d’Angleterre servent de modèles aux ateliers de construction mécanique du Creusot, qui très rapidement conçoivent eux-mêmes dans leurs bureaux d’études, et construisent dans leurs ateliers, sous la direction de François Bourdon les machines-outils nécessaires à leurs besoins croissants en moyens d’usinage.

De plus, le brevet du marteau-pilon déposé par François Bourdon en 1841, ouvre aux Schneider un nouveau débouché, qui restera l’un de leurs domaines de prédilection, l’équipement industriel d’usines en outillage, dont les machines-outils.

Ainsi, quatre ans seulement après avoir importé d’Angleterre l’équipement des usines du Creusot, ils sont devenus à leur tour acteurs dans l’outillage de l’industrie française, démontrant ainsi le bien-fondé de leur idée selon laquelle la France peut se hisser au même niveau que la Grande Bretagne et même la concurrencer.

En 1867, les ateliers de construction au Creusot renferment 650 machines-outils, et 4.200 à la fin du siècle.

On peut donner comme exemples de construction de machines remarquables les machines-outils spécifiques à l'usinage et la finition de canons de tous calibres dans des ateliers d'artillerie spécialisés : l'atelier Nord, créé en 1888, consacré à l'usinage des canons et affûts de moyen et gros calibre, nécessite des machines-outils de dimension impressionnante, jusqu’à 15 m de course, pour forer, aléser, rayer les canons les plus gros et les plus longs.

De même, en 1900, les ateliers d’ajustage et de montage, destinés à la réalisation des locomotives, des machines à vapeur et des moteurs à gaz disposent de machines-outils de dimensions exceptionnelles, parmi lesquelles on peut citer un tour à plateau de 10m de diamètre, des tours et foreuses pouvant tourner et percer des arbres de 25m de longueur, ou une machine à tailler les engrenages coniques jusqu’à 3m de diamètre.

Ensuite, au cours de la période 1911/1914, les ateliers d'artillerie du Creusot connaissent les développements les plus importants pour se spécialiser dans l'usinage et le montage des gros canons, avec des machines-outils de plus de 50 m de longueur.

L’ajustage
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Toutes les pièces unitaires issues des ateliers de forgeage ou des laminoirs passent ensuite entre les mains des ajusteurs et des chaudronniers, qui les usinent, les mettent en forme et les rectifient ; on les réunit ensuite dans les ateliers de montage, où l’on n’a plus qu’à les assembler pour constituer des locomotives ou des puissantes machines, comme des machines marines ou des moteurs à gaz.

L’ajustage et le montage occupent des ateliers considérables où travaillent un millier d’ouvriers. Dans ces ateliers sont installés plus de cinq cent machines-outils de toutes sortes.

Ainsi, de 1838 à 1900, il a été construit au Creusot plus de 900 machines de différents types et plus de 2700 locomotives. Les machines marines à elles seules représentent plus d’un demi-million de chevaux : parmi elles figurent celles des cuirassés Redoutable (1874), Courbet (1875), Indomptable (1879), Formidable (1880), Magenta (1884), Charles-Martel (1891) et Charlemagne (1894), des croiseurs Chanzy (1889), Kléber (1898), Dupetit-Thouars (1898), Gloire (1899) …

L’artillerie

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La victoire prussienne de 1870 avait témoigné de la supériorité des canons Krupp, c'est-à-dire du rôle croissant de la puissance industrielle et métallurgique dans la conduite de la guerre.

C'est cette constatation de l'infériorité de l'artillerie française pendant cette guerre qui conduit le Président Thiers à s'entretenir avec Eugène Schneider en août 1871 de la possibilité de fabriquer des canons en acier au Creusot (c'était d’ailleurs renouer avec les origines de l'ancienne « fonderie royale » du Creusot qui avait coulé de nombreux canons de fonte et de bronze de type Gribeauval pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire).

Ateliers d’artillerie du Creusot

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La première étape concerne la mise au point d'un acier à canons et à blindages. Ensuite la Forge est équipée d'engins suffisamment puissants pour forger d'énormes lingots d'acier pour ces plaques de blindage et canons.

Jusqu'en 1888, Le Creusot fabrique surtout des éléments de canons ébauchés en acier, et dont l'usinage final et l’assemblage sont le plus souvent réservés aux arsenaux d'Etat.

Ce sont les perspectives de commandes étrangères, de plus en plus importantes après 1884, qui conduisent Schneider à créer en 1887 et 1888 les premiers ateliers d'artillerie au Creusot, pour y procéder à l'usinage et à la finition de canons de tous calibres, qui sont ainsi livrés complets.

L'atelier Nord, créé en 1888 (d'abord fort modeste, puisqu'il ne couvre que 3500 m2) est surtout consacré à l'usinage des canons et affûts de moyen et gros calibre, nécessitant des machines-outils de dimension impressionnante (voir plus haut). Il fournit également des tourelles en fonte durcie pour le Génie français.

La fin du siècle est marquée par de nouveaux développements. Pour faire face à l'accroissement prévisible des commandes, non seulement l'atelier Nord est agrandi, mais en 1897 et 1898 s'ajoute l'atelier Sud, orienté surtout vers la fabrication du matériel de campagne.

En 1900, ces ateliers s'étendent sur près de 3 hectares ; ils peuvent usiner et finir tous les types de canons, fabriquer pour le Génie des tourelles à éclipses et autres ouvrages cuirassés ; ils disposent des équipements les plus modernes, en particulier les ponts roulants électriques construits par les usines, avec la participation des ateliers d'électricité du Creusot.

C'est à la veille de la guerre, au cours de la période 1911/1914, que les ateliers d'artillerie du Creusot connaissent les développements les plus importants pour se spécialiser dans l'usinage et le montage des gros canons, des matériels de bord et de côte, et des tourelles assurant la protection de ces matériels. Etendus sur près de 6 ha, la surface des ateliers double encore entre 1900 et 1914, et l'outillage, avec un pont électrique de 120 t et des machines-outils de plus de 50 m de longueur, est encore plus puissant et plus perfectionné.

Ateliers d’artillerie du Havre et de Harfleur

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Schneider rachète en 1897 les ateliers d’artillerie du Havre, l’implantation de ces ateliers étant plus favorable que celle du Creusot, tant pour les approvisionnements en matières que pour l'expédition des pièces usinées, soit par chemin de fer, soit par mer, par suite des liaisons établies avec la gare et le port du Havre.

Au début du XXe siècle, au lieu de développer plus encore les ateliers du Havre, on préfère créer de nouveaux ateliers à Harfleur, en pleine campagne normande et réaliser des installations très modernes, qui ont mobilisé en quatre ans, de 1905 à 1908, des capitaux considérables.

En 1914, les ateliers d'Harfleur couvrent une surface presque comparable à celle de l'ensemble des ateliers du Creusot. Ils sont consacrés à la fabrication des matériels et des projectiles.

Bilan global des activités d'artillerie

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En 1913, l'ensemble des ateliers d'artillerie ne rassemble que 12 % de la main-d’œuvre totale, mais dégage plus de 30 % du chiffre d'affaires de la société.

Les seuls ateliers d'artillerie ont absorbé en 18 ans, de 1897 à 1914, près de 24 % du total des investissements.

Les ingénieurs de Schneider font par ailleurs preuve d’innovation : c'est en 1898 qu'est adopté par l'Artillerie française le fameux canon de 75 mm modèle 1897 à tir rapide.

L'Exposition de 1900 permet en outre de mettre en avant la qualité des armements Schneider. Le Creusot peut ainsi y proposer un système complet d'artillerie Schneider-Canet modèle 1900, mis au point par l'ingénieur Canet.

Ces innovations bénéficient plus encore des démonstrations « en grandeur nature » : ce sont les guerres qui ont fait la réputation des canons Schneider, d'abord celle des Boërs en 1899, face aux canons anglais Armstrong, puis les guerres balkaniques, face aux canons Krupp et Skoda.

Ensuite, la firme est fortement touchée par la crise du début du XXe siècle et le recul de la demande internationale.

Cela conduit la direction à mettre les ateliers du Havre « en veilleuse » afin de réserver une alimentation minimum à ceux du Creusot.

Les Polygones d’essai

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Pour les vérifications des matériels construits (incluant les blindages), pour la mise au point de nombreux matériels et leurs perfectionnements, pour les tirs d'essai, ainsi que pour les démonstrations des matériels d’artillerie devant la clientèle, la Société Schneider dispose de quatre stands de tirs d’essais, appelés « Polygones ».

Au Creusot, le manque d'espace oblige à se contenter des essais de tirs à courte portée dans le Polygone de la Villedieu, créé dès le début des fabrications militaires. Celui de Saint-Henri, de création plus récente, au début du XXe siècle, est destiné aux tirs indirects des obusiers.

Mais c'est sur les Polygones pour tirs à longue portée du Hoc et surtout de Harfleur (rachetés avec les ateliers du Havre en 1897) que l'on peut établir les tables de tir des divers matériels, et procéder aux essais à grande distance, jusqu'en mer.

Avant 1914, le grand nombre de tirs effectués chaque année, soit quelque 20 000 coups, témoigne de l'importance accordée à la méthode expérimentale, onéreuse sans doute, mais c'était le prix à la fois de la meilleure qualité et de la meilleure publicité.

Il y avait d'ailleurs une publicité encore meilleure pour affirmer la réputation des canons Schneider, c'était celle des guerres ... (voir plus haut).

La construction navale

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En 1839, en parallèle du développement des ateliers mécaniques du Creusot, Eugène Schneider crée, avec les compétences de François Bourdon, les Chantiers de construction de Chalon-sur-Saône, situés en bord de Saône, en face de l’arrivée du canal du Centre ouvert en 1793.

La construction fluviale est l’activité de départ des Chantiers de Chalon, dont l’implantation permet la production des unités fluviales à partir des matériaux (tôles, forgés …) et des moteurs fabriqués à l’usine du Creusot, puis acheminés par le canal du Centre. Dès 1839, Schneider obtient, de la part de la Marine Nationale, la commande de l’appareil propulsif de la corvette à vapeur « Pluton » (220 CV). La construction fluviale se développe ensuite grâce aux connaissances techniques que François Bourdon a acquises lors de ses périples aux Etats-Unis et en Angleterre.

Ainsi, de 1839 à 1894, plus de 80 unités fluviales voient le jour : bateaux (certains jusqu’à 140m de longueur), remorqueurs, chalands, grues flottantes, principalement destinés à la Saône, au Rhône, quelques-uns rejoindront la Moselle et le Rhin.

A partir de 1885 la construction navale prend un nouvel essor avec les fabrications militaires : les Etablissements Schneider et Cie abordent avec succès les études et l’exécution de torpilleurs et contre-torpilleurs pour la Marine. Les appareils moteurs et évaporatoires sont confiés aux Ateliers de Construction du Creusot, tandis que les Chantiers de Chalon exécutent les coques et l’armement. Ces petits navires (jusqu’à 38m de longueur), complètement terminés, descendent sur Toulon par leurs propres moyens.

Dans la période 1886-1914, les Chantiers fabriquent 93 torpilleurs et contre-torpilleurs, dont 30 pour des Clients étrangers.

En 1908, toujours à l’affût des inventions prometteuses, Schneider entre en contact avec un ingénieur du Génie Maritime, Maxime Laubeuf, qui a conçu les plans du Narval (120t en surface, 200t en plongée), prototype des submersibles, nom donné jusqu’en 1914 aux sous-marins français de haute mer. Chalon réalise les premiers sous-marins Schneider-Laubeuf, dont les dimensions réduites conviennent parfaitement à ses possibilités (premier lancement en 1910 du sous-marin L’Aguirre, d’une longueur de 46.25m, et d’un déplacement en surface de 300t, et en plongée de 440t).

De 1910 à 1912, il porte principalement ses efforts sur la fabrication des submersibles, et jusqu’en 1935, 16 sous-marins (certains jusqu’à 800t de déplacement en plongée) sortent ainsi des Chantiers Schneider à Chalon.

A partir de 1910, les fabrications militaires supplantent donc progressivement les fabrications fluviales civiles. La participation de Schneider et Cie à la Construction Navale Française sera toujours très active : tantôt leurs Etablissements collaborent avec les Arsenaux de l’Etat pour fournir à ces derniers les cuirasses, les machines motrices avec leurs chaudières, les appareils de manœuvre des canons … tantôt ils construisent eux-mêmes dans leurs Chantiers de Chalon. Lorsqu’il s’agira de navires trop grands pour la situation fluviale de Chalon, Schneider et Cie coopèrent avec les Chantiers de construction de Bordeaux.

Grâce à des aménagements de la Saône et du Rhône (amélioration des rives, construction de barrages et d’écluses, dragages, construction entre 1864 et 1871 du canal Saint-Louis permettant la communication entre le Rhône et le Golfe de Fos), la construction de bateaux militaires de plus en plus lourds aux Chantiers Schneider de Chalon à partir de 1886 a été possible. Des moyens spéciaux pour assurer le transfert des torpilleurs et des sous-marins entre Chalon et la Méditerranée sont également développés par les Chantiers. Trois docks flottants seront ainsi construits : deux chalands-docks en bois, et un chaland métallique.

En 1909, Schneider et Cie acquièrent l’anse du Creux-Saint-Georges, située sur la presqu’île de Saint-Mandrier, au sud de la rade de Toulon, qui offre aux bateaux un abri particulièrement calme, protégé contre les vents régnants. Ils y établissent une station d’essais où se rendent les submersibles aussitôt leur construction terminée à Chalon. En vertu d’une autorisation particulière du Département de la Marine, l’un des secteurs de la grande rade de Toulon est réservée constamment à Schneider pour les exercices de plongée de leurs submersibles.

La construction navale cessera son activité à Chalon en 1957.

Ponts et charpentes

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Le développement continu du chemin de fer à partir de 1850 entraînant une baisse d’activité de la construction navale, les chantiers Schneider créent à Chalon une activité « Ponts » en 1853, et une activité « Charpentes » en 1857.

Ces deux activités sont indispensables à l’accompagnement du développement du chemin de fer (par la production de ponts métalliques et de charpentes de gares), et elles permettent en outre la reconversion des métiers de base que sont le soudage et la chaudronnerie, maitrisés par les Chantiers de Chalon grâce à leur savoir-faire dans le secteur naval (fabrication des charpentes de coques de navire et des ponts sur les bateaux).

Les ingénieurs et techniciens de Schneider ont acquis, dans ces domaines, une culture particulière nécessitant des adaptations avec des remises en cause quasi permanentes dues : au développement continu des mathématiques appliquées, à l’intégration des progrès de la métallurgie de l’acier et des technologies de construction (rivetage, soudage, boulonnage), aux progrès des sciences appliquées (résistance des matériaux, essais, contrôles, épreuves …), à l’évolution des procédés de construction associant le béton à l’acier, aux modifications successives des normes et règlements de construction.

Ponts métalliques

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En 1853, les premiers ponts qui sortent des Chantiers de Chalon sont destinés à la Compagnie des chemins de fer Paris-Lyon, ils sont érigés près de la gare de Lyon-Vaise. Pendant les dix années suivantes, 150 ponts de dimensions diverses (jusqu’à 400m de longueur) fabriqués à Chalon sont destinés aux chemins de fer en essor. Ils équipent les lignes françaises et étrangères.

Dès 1880, Schneider et Cie se lance aussi dans la fabrication de ponts militaires conçus par le Général Marcille.

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, Schneider et Cie ne se limite pas aux superstructures métalliques : il se diversifie en ouvrant en 1865 une unité destinée à la fabrication des caissons de fondation de ponts, ce qui le conduit à s’associer avec deux des plus grands entrepreneurs français : Hersent et Fives-Lille.

Dans le cadre de ces collaborations, il faut noter la réalisation du pont Alexandre III, ouvrage routier de prestige construit en association avec Fives-Lille pour l’exposition universelle de 1900. Les Chantiers de Chalon sont en charge de l’étude des procédés de montage, et du montage lui-même Fives-Lille assurant la fabrication et l’usinage des éléments.

Un autre projet d’envergure de Schneider et Cie retient l’attention : celui de pont sur la Manche.

Dès 1894, Schneider et Cie, associé à Hersent dans la Société d’Etudes et de Construction créée spécialement pour réaliser les études du pont sur la Manche, propose à l’administration ministérielle le projet d’un pont reliant la France à l’Angleterre. L’ouvrage envisagé a une longueur de 33,450 km, des travées alternativement de 500 et 400m, et la profondeur d’eau atteint le long du tracé au maximum 51m. L’avant-projet prévoit par ailleurs une travée pivotante à chaque extrémité de l’ouvrage afin que de part et d’autre on puisse « couper les ponts » à la première menace d’invasion. Concurremment, un projet de tunnel fut proposé. En définitive, malgré l’avis très favorable de l’Administration Française ainsi que des militaires anglais, qui écartaient la solution tunnel, le projet de cet immense pont Schneider-Hersent ne verra jamais le jour, principalement pour des raisons financières.

C’est aussi pendant cette période que Schneider et Cie se lancera dans deux grandes aventures industrielles lointaines : en Amérique du Sud (Argentine et Chili - Le gouvernement Chilien confie en 1890 à Schneider l’édification de tous les ponts en acier des nouvelles lignes de chemin de fer) et en Extrême-Orient (Chine et Indochine).

A partir des années 1950, la « SFAC Usine de Chalon-sur-Saône » (nouvelle appellation des « Chantiers Schneider ») participera à l’étude, à la fabrication d’éléments métalliques, au montage des grands ouvrages réalisés en France au sein de consortiums : le viaduc de chemin de fer de Caronte (plus grand pont ferroviaire d’Europe), le pont de Tancarville sur la Seine (record d’Europe des ponts suspendus à l’époque de sa mise en service), le pont de Sèvres sur la Seine (premier grand pont soudé en acier A52), le pont d’Aquitaine sur la Gironde à Bordeaux (plus haut d’Europe à travées suspendues).

Dès 1967, la SFAC propose un système de viaducs métalliques démontables baptisé « Toboggan » qui apporte une solution élégante à l’amélioration de la circulation dans les villes.

En 1972, Creusot-Loire abandonne la fabrication de ponts métalliques. Ainsi, depuis 1853, 140 000 tonnes d’éléments métalliques pour les ponts de franchissement sont produites par les « Chantiers Schneider de Chalon-sur-Saône ».

Charpentes métalliques

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En 1857 débute la fabrication de charpentes métalliques aux Chantiers de Chalon. Une des premières réalisations est la charpente pour les hangars et entrepôts de Bercy (400 t).

En 1862, 3 800 t sont produits pour la charpente de la Grande Forge de l’usine du Creusot (halle de 360m de long sur 100 de large). La Grande Forge offre un modèle architectural qui peut parfaitement s’adapter aux gares de chemin de fer, aux docks et aux grands ateliers de la marine et de l’industrie. Elle ouvre à Chalon une clientèle diverse et nombreuse aussi bien en France qu’à l’étranger.

En France, on retient comme réalisations exceptionnelles la charpente de la gare de la Cie d’Orléans à Paris (gare d’Austerlitz) en 1867 (1 575 t), ainsi que la charpente de la galerie des machines à l’Exposition Universelle de Paris de 1878 (3 745 t).

A l’étranger les Clients sont nombreux : en Italie, Espagne, Suisse, Chili, Bolivie, Transvaal, Argentine, Madagascar … et de nombreuses réalisations font la renommée de Schneider et Cie, comme par exemple la charpente de la gare de Santiago du Chili en 1897 (933 t).

Ainsi par exemple, de 1857 à 1911, plus de 66 000 t de charpentes, planchers et poutres sont produits par les Chantiers de Chalon.

Dès les années 1860, la technique des charpentes permet d’introduire une nouvelle fabrication à Chalon, les grues, dont la structure métallique est identique. Importants objets de manutention, elles sont utiles aussi bien à l’intérieur des usines que sur les chantiers de construction et les ports. Elles servent en premier lieu aux usines Schneider, mais finissent par être considérées comme un débouché supplémentaire sur le marché métallurgique. Les premiers clients extérieurs se manifestent en 1868 : la Marine nationale commande une grue flottante d’une force de 6000kg, destinée à l’arsenal de Toulon. De nombreuses commandes de l’étranger sont également réalisées (ports de Rosario et Buenos-Aires en Argentine, port de Para au Brésil).

De 1860 à 1911, 4 300 t de grues, bigues, pont-roulants, cabestans sont ainsi réalisées par les Chantiers de Chalon.

L’approvisionnement électrique

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La grande avancée de la fin du 19ème siècle, c’est l’utilisation industrielle de l’énergie électrique et Schneider et Cie, là encore, est à l’avant-garde.

Le développement de l’énergie électrique est tout d’abord lié au développement des machines à vapeur, pour lesquelles la détente variable avec régulateur, mise au point entre 1836 et 1850, se vulgarise à partir de 1870 avec les machines Corliss, rendues célèbres à l’exposition universelle de Paris de 1867.

Les machines Corliss étaient utilisées pour fournir de la puissance mécanique à diverses machines, mais également pour faire tourner des dynamos capables de produire de l’électricité. Leurs qualités de régulation en faisaient les machines idéales pour l'énergie motrice dans les usines de production électrique.

À partir de 1883, Le Creusot fabrique des machines à vapeur Corliss, avec un type redéfini en interne à la suite de recherches expérimentales (machines Corliss-Schneider).

Les ateliers creusotins des chemins de fer et des chaudronneries sont dès lors équipés, pour l’actionnement de leurs outils, de deux machines Corliss pouvant développer, l’une et l’autre, environ 150cv.

Les besoins croissants en énergie, pour la production des aciers spéciaux ou des armements (nécessitant de très hautes températures), bannissent l’emploi des anciens systèmes de chauffage, et seule l’électricité peut répondre à ces nouveaux besoins. Henri Schneider fait donc installer de 1891 à 1893 au Creusot une station centrale d’électricité équipée de machines Corliss.

Le début de l’électrification des ateliers a lieu en 1895, et dès 1894, l’Hôtel-Dieu, à sa construction, est relié à la centrale électrique de l’usine.

Au Creusot, l’électricité est appliquée comme force motrice à la forge, les ponts-roulants sont électrifiés, et en 1900, l’éclairage électrique remplace l’éclairage au gaz dans les ateliers. L’électrification touche également Chalon qui commence en 1900 la construction de bateaux de guerre beaucoup plus importants.

Par ailleurs, afin de contrôler et diversifier les sources de l’énergie électrique qui alimente les usines, Schneider et Cie choisissent de prendre des participations dans des sociétés visant à l’aménagement de chutes dans les régions voisines de la Bourgogne, s’orientant ainsi vers une source d’énergie hydro-électrique, alternative et complémentaire.

Ainsi, Schneider et Cie achètent en 1892 une part du capital de la Société Lyonnaise des Forces Motrices du Rhône (SLFMR) qui vient d’être créée, avec la double perspective de contrôler à long terme une source d’énergie hydro-électrique relativement proche de leurs usines bourguignonnes, et de recueillir à court terme des commandes pour ces mêmes usines. C’est chose faite avec la construction du canal de Jonage et de l’usine-barrage de Cusset, premier élément d’aménagement du Rhône, et dont la construction s’achève en 1899 (Schneider y étant associé pour le montage des parties électriques et hydrauliques). Cette centrale hydro-électrique est alors la plus puissante du monde (7 MW).

Ensuite, Schneider et Cie ne se contentent pas d’explorer la piste SLFMR. Ils entrent en relation avec un groupe franco-suisse qui se constitue en 1910 en vue d’obtenir les concessions française et suisse indispensables à l’aménagement de la chute de Chancy-Pougny sur le Rhône, à la frontière franco-suisse.

L’octroi de ces concessions en 1917 et 1918 rend possible la réalisation du barrage de Chancy-Pougny. Dans cette perspective, Schneider et Cie créent en 1919, avec la Rhône Land and Water Power, une filiale, l’Energie électrique de Rhône-Jura (EERJ), qui émet des obligations avec la garantie Schneider, et qui récupère comme filiale la Société des forces motrices de Chancy-Pougny (SFMCP). L’accord prévoit que tout le courant est livré à l’EERJ, dont le siège est à Paris, mais qui a pour principaux clients les usines de Schneider en Saône et Loire (Le Creusot et Chalon), situées à 160 km de Chancy.

Les fournitures mécaniques et métalliques sont ventilées entre Schneider et Cie et des sociétés suisses. Les éléments de turbine d’un poids important sont fabriqués par Le Creusot. Les alternateurs accouplés directement à chaque turbine sont construits à Champagne-sur-Seine. Les travaux s’achèvent à la fin de 1924. La centrale délivre une puissance de 38 MW, et la fourniture de courant au Creusot commence le 4 mai 1925, et permet d’économiser près de 150 000 t de charbon par an.

La construction électrique

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A la fin du 19ème siècle, Schneider et Cie, qui est comme on l’a vu une entreprise venue de la métallurgie, entreprend de se diversifier dans l’électricité.

Les premières incursions de Schneider et Cie dans le domaine de la production électrique concernent la production de moteurs et de machines à vapeur Corliss destinés à actionner des génératrices d’électricité.

Puis, dès 1888, un atelier d’Electricité est créé en même temps que l’Atelier Nord d’Artillerie, et au sein de ce dernier. Alors débute la production de matériel électrique proprement dit, (dynamos, moteurs, alternateurs et transformateurs).

Les premières fabrications sont attestées par la mention, dans l’Inventaire 1888-1889, de 22 dynamos de 1,6 à 44 kW en cours de fabrication pour la Société Lombard-Gérin. Dans les inventaires suivants le nombre de machines en construction augmente.

En 1890 est signé un contrat entre la Compagnie Ganz, installée à Budapest, et Schneider & Cie par lequel Ganz concède à Schneider « le droit exclusif de construire en France tous les appareils constituant le système de MM. Zipernowsky, Déri et Blathy » (des ingénieurs de la maison Ganz). Cette cession est accompagnée d’une assistance technique très large.

Puis, en 1896, Schneider obtient de la Compagnie de l’Industrie Electrique (à Sécheron près de Genève), la fabrication en exclusivité pour la France des appareils électriques suivant le système mis au point par son ingénieur en chef René Thury.

Le regroupement des ateliers d’Electricité avec l’Artillerie s’explique par le désir de rapprocher des techniques avancées, et aussi se prémunir contre des variations de charges.

L ’électricité est ainsi une activité de complément, et de façon significative, Le Creusot dépend de techniques étrangères (acquisitions de licences). Pendant longtemps l'entreprise n’a pas fourni d’effort important de recherche interne dans ce domaine, mais la volonté de développement est manifeste.

Le développement de ces fabrications de matériel électrique peut difficilement se faire sur le site du Creusot, car à cette époque les fabrications pour l’artillerie deviennent importantes aussi bien au Creusot qu’au Havre.

Cette volonté de développement se concrétise alors par la création de l’Usine de Champagne-sur-Seine avec des ateliers consacrés à l’électricité. Les ateliers de Champagne démarrent en 1903, et on ferme l’atelier d’électricité du Creusot.

Après la première guerre, la reconversion partielle vers les fabrications civiles ne semble pas permettre un transfert technologique suffisant vers l’électrotechnique, pour la maintenir au niveau mondial, sans aide étrangère. Afin de mieux maîtriser ces techniques et lutter contre la domination allemande en Europe, Schneider et Cie choisit le rapprochement avec l'autre grande puissance électrique, américaine, ce qui conduit en 1929 à l'association Schneider-Westinghouse qui, dans le cadre du « Matériel électrique S.W. » sera à l'origine d'une collaboration fructueuse.

La formation du personnel

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Le développement et l’aménagement du Creusot

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Les Schneider, par nécessité au départ puis par réalisme ensuite, seront les aménageurs de ce qui deviendra la ville du Creusot.

La ville

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Au Creusot, l’usine préexiste à la ville. Quand les Schneider sont arrivés, la fonderie était installée dans la plaine des Riaux ; dans ce même périmètre, on trouvait la maison du directeur et les logements ouvriers, sous forme de " casernes ".

Les Schneider interviennent ensuite très étroitement dans l’organisation et le contrôle de l’espace.

Située au centre de la ville, l’usine s’étale tout le long de la vallée NO-SE qui structure l’espace physique et qu’emprunte la voie de chemin de fer Nevers-Chagny. Confinée au départ dans la plaine des Riaux, elle a gagné peu à peu en direction du SE sur plusieurs kilomètres, de façon continue, jusqu’aux installations du Breuil. Au cœur de la ville et au centre du système, sur la colline, se dresse le Château de la Verrerie prolongé par son vaste parc. Là étaient accueillis avec pompe et parfois publiquement tous les hôtes étrangers, visiteurs et clients.

Peu à peu, l’organisation de l’espace évolue et est perpétuellement remanié, restructuré au gré des nécessités de la production.

Ainsi, l’espace s’organise avec au centre le Château et l’usine le long de la voie ferrée. Vient ensuite le quartier du Guide à vocation commerçante. Puis on trouve la couronne des cités.

On assiste à une véritable planification de l’espace, qui accueille une population croissante : 6 000 habitants en 1846, 25 000 en 1875, 32 000 à la fin du XIXe siècle, 38 000 en 1920 et 30 000 à la veille de la Seconde Guerre mondiale. La très grande majorité des habitants est employée par la Société Schneider.

Equipements collectifs

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Des équipements collectifs ont été installés dans la ville par les Schneider qui en ont imposé l’idée et financé la construction. D’abord, à la jonction de la ville et du Château, on trouve les bâtiments de la Direction (1872). Dans ce même quartier est installée la Mairie, reconstruite en 1896. Puis, disséminés dans les quartiers, des orphelinats, des hôpitaux (l’Hôtel-Dieu a été inauguré en 1895) et systématiquement des écoles et des églises. A la périphérie de la ville, deux grands parcs sont réservés aux loisirs : Montporcher, pour les ouvriers, et Mouillelongue pour les employés, chacun disposant d’équipements différents.

La marque de la famille

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Les Schneider ont mis en place une politique d’embellissement de l’espace laissant une marque encore plus personnelle sur la ville. Les emblèmes en sont de vastes avenues, des places publiques, des églises et tout un programme de statuaire à la fois monumentale et personnelle. La toponymie reflète ce culte de la famille qui met systématiquement en avant les prénoms des patrons : l’église Saint-Laurent se dresse sur la place Eugène Schneider dès 1848. Les églises Saint-Eugène et Saint-Henri ont été érigées en même temps que les quartiers du même nom. L’église Saint-Charles abrite le caveau de famille depuis 1863.

L’approvisionnement en eau

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A l’arrivée des Schneider, l’eau manque au Creusot. Pour une ville naissante qui se développe rapidement, ce précieux liquide est nécessaire, non seulement pour la ville elle-même, mais aussi pour son usine métallurgique dont les besoins sont considérables.

Cette eau, on la cherche partout. En été, les quelques sources du pays, à part celle des Riaux, sont vite taries, les puits se vident et il faut faire de grands trajets pour se la procurer.

Ainsi, en 1861, la population, alors de plus de 16 000 habitants, dépense chaque jour plus de 100 m3 d’eau, et de son côté, l’Usine en utilise journellement près de 3 000 m3. Pour satisfaire à tous ces besoins journaliers, on ne possède rien, ou presque rien, en réserve ; si bien que, pendant l’été, certains ateliers doivent s’arrêter. Les réservoirs des Riaux et de la Forge, de 200 000 m3 environ, alimentés en partie par les eaux pluviales et par celles de la mine sont bien vite épuisés.

Et alors qu’il faudrait, pour la bonne marche de l’Usine, une quantité d’eau journalière de plus de 6 000 m3, c’est à peine si l’on arrive à la moitié de ce chiffre.

1ère étape du développement

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En 1861, la situation est donc tout à fait critique et il devient absolument nécessaire d’y porter remède.

Les Schneider, justement préoccupés du problème qui les touche directement, font appel à des ingénieurs compétents, spécialisés en la matière, et les chargent d’en trouver la solution.

Divers projets sont élaborés et en partie réalisés : agrandissement de l’étang de la forge, installation de puissantes pompes élévatoires qui vont puiser l’eau à plus de 400 m de profondeur, création d’un grand aqueduc collecteur pour les eaux pluviales, récupération des eaux de l’usine non consommées …

Mais toutes ces installations, si elles augmentent la quantité d’eau en réserve, ne donnent que peu d’eaux nouvelles. De plus, des eaux sont impropres à la consommation.

D’autres projets consistent à capter les eaux des ruisseaux des environs et à les amener au Creusot. C’est un de ces projets qui est définitivement accepté et exécuté sous l’égide et le financement des Schneider.

Le ruisseau dérivé et capté est celui de Saint-Sernin-du-Bois qui prend sa source sur le plateau d’Antully.

La prise d’eau est faite à l’altitude de 414.7 m, et les travaux nécessitent en particulier une conduite de dérivation qui suit la route de Saint-Sernin au Creusot, un tunnel souterrain d’une longueur de 425 m pour franchir le sommet de la Marolle, et le franchissement de la voie ferrée de Chagny à Nevers.

La conduite aboutit à un réservoir placé dans l’une des deux tours coniques du Château de la Verrerie, à une altitude de 397 m, soit 10 m au-dessus du niveau de la Place Schneider.

C’est de ce réservoir que partent les différentes canalisations alimentant la ville et les usines.

Le Creusot se trouve alors doté d’un système de distribution d’eau sous pression, propre à satisfaire ses besoins.

2ème étape du développement

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Malheureusement, quelques années plus tard en 1873, l’usine et la ville manquent d’eau à nouveau.

Alors que la dérivation de Saint-Sernin a été prévue pour un débit de 6 000 m3 par jour, elle ne fournit qu’une moyenne de 4 500 m3. D’autre part, les besoins de l’usine et ceux de la ville – qui a encore augmenté de 8 000 âmes – se sont accrus dans de notables proportions et il faut maintenant près de 10 000 m3.

A nouveau, divers projets sont étudiés pour fournir l’eau manquante (réservoirs de stockage, pompes élévatoires, dérivation de ruisseaux …).

De tous ces projets, c’est celui de la dérivation du Rançon qui est adopté, quoique demandant la dépense la plus élevée, mais qui, par contre, demandait le moins de frais d’entretien.

Le Rançon prend sa source sur le plateau d’Antully, et la dérivation est faite à l’altitude de 431 m, par un barrage formant réservoir.

Les travaux nécessitent une conduite de dérivation, un tunnel souterrain d’une longueur de 500 m pour franchir le sommet du Moulin-à-Vent, à Montcenis.

La conduite aboutit à la tour du Château de la Verrerie, où les eaux du Rançon se mélangent à celles de Saint-Sernin.

Lors de l’inauguration de ces eaux, le 11 Juin 1875, il y eut une grande fête au Creusot. C’était en effet un évènement pour le pays d’avoir de l’eau en abondance, alors que la population en avait manqué souvent jusqu’à ce jour.

3ème étape du développement

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Enfin, en 1914, sont achevés les travaux de percement d’un long tunnel d’une longueur de 1 400 m et de pose de tuyaux d’une nouvelle conduite qui amène également les eaux du plateau d’Antully recueillies aux étangs du Martinet et de la Noue.

A l’origine de ces captations, on a encore créé ou agrandi de nouveaux réservoirs. Celui de Saint-Sernin-du-Bois, achevé en 1921, contient 880 000 m3 d’eau auxquels il faut ajouter les 74 000 m3 du petit étang de la Velle, qui prolonge, vers l’amont, le nouveau réservoir.

Sur le plateau, deux autres grands réservoirs : l’étang du Martinet, aux Baumes, de 480 000 m3, et l’étang de la Noue, de 465 000 m3.

A ces 2 étangs, il faut encore y ajouter celui du Haut Rançon : 100 000 m3, mis en charge en 1931.

Grâce à tous ces travaux d’adduction faits par l’Usine, l’eau, autrefois si rare au Creusot, ne manque plus désormais, aux besoins à la fois de l’usine et de la ville.

Le transport des produits

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L’extension géographique des usines rend nécessaire la création d’un réseau de voies ferrées entre les différents ateliers. Il se déploie dans la vallée entre le nord –ouest (mine et hauts fourneaux) et le sud –est (mécanique et artillerie). Ce réseau est raccordé au port du Bois Bretoux pour rejoindre le Canal du Centre qui permet de rejoindre Chalon, puis l’ensemble des destinations par la Saône et le Rhône. Ce réseau coupe littéralement la ville en deux et empêche la constitution d’un véritable cœur de ville.

Il est étendu jusqu’au Breuil au début du XXème siècle pour desservir la nouvelle aciérie et des halls de grosse construction mécanique, ainsi que vers Montchanin vers la fonderie Henri-Paul. Il sera raccordé à la ligne Chalon Nevers dès sa constitution puis au réseau PLM.

Un dialogue permanent est établi entre Paulin Talabot fondateur du PLM et Eugène 1er Schneider.

Le commerce

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Le développement très rapide de la ville impose une organisation de l’approvisionnement alimentaire. C’est l’usine qui se charge d’en assurer la coordination. On suscite un réseau de petits commerces indépendants, approvisionné par les campagnes environnantes, jusqu’à Chalon, et de marchés dans deux quartiers différents où les paysans des villages voisins viennent vendre leurs produits.

Des achats groupés sont effectués sous la surveillance de l’usine, les prix affichés dans les boutiques, ce qui évite l’envolée des prix en cas de tensions d’approvisionnement. On privilégie le repas à domicile avec la femme au foyer. Les célibataires sont incités à loger chez l’habitant et seules des « maisons alimentaires » avec inscription préalable ouvrent à partir de 1880.

Les cantines ouvrières ne se développeront que pendant les deux guerres pour faire face à l’afflux d’ouvriers « importés ».

Le logement

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Les Schneider s’intéressent dès leur arrivée au logement de leur personnel. Selon les époques, on peut identifier plusieurs types de logements.

Il s’agit d’abord de logements dont l’Usine reste propriétaire et pour lesquels les locataires payent un loyer modique :

·        les " casernes ", logement collectif très entassé et très étroitement surveillé, dont les dernières sont construites en 1847,

·        et les cités ouvrières, sur le modèle anglais introduit par Manby et Wilson, et qui apparaissent comme des cités modèles, avec comme exemples la Cité de la Villedieu et ses 85 logements construits en 1865, la Cité Saint Eugène et ses 159 logements qui datent de 1875.

Mais seulement 10 % environ du personnel est directement logé ainsi par la firme.

Les Schneider préfèrent organiser l’espace en lotissant les terrains qui leur appartiennent où qu’ils achètent, et qui sont revendus par parcelles aux ouvriers et employés qui sont invités, grâce à des prêts, à construire leur propre maison. Une réglementation très stricte concernant la hauteur et l’alignement des maisons, les trottoirs, les règles d’hygiène et de salubrité est imposée par l’entreprise à laquelle les plans doivent être préalablement soumis. De cette politique interventionniste naît l’extrême uniformité du paysage urbain encore visible aujourd’hui.

Les systèmes sociaux

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Adolphe et Eugène 1er ont été influencés par les idées de Saint Simon qui prône une aristocratie de talents, plutôt que de naissance, qui mène la société tout en étant attentive aux sorts des ouvriers devant recevoir un juste retour de leur participation à la révolution industrielle naissante. Eugène sera proche de Frederic Le Play, conseiller écouté de l’empereur, et père de « La réforme sociale (1864) », basée sur ses enquêtes sociologiques de terrain sur le milieu ouvrier, qu’il côtoiera dans la commission d’organisation de l’exposition universelle de 1867.

Dès la prise de contrôle des Schneider, une caisse de prévoyance est créée en 1838. Elle verse des indemnités journalières pour blessures, puis pour maladie en 1861. Elle est alimentée par une retenue sur salaire et les amendes aux ouvriers.

Une caisse de retraite est instituée en 1877, ainsi qu’une maison de retraite pour les ouvriers et leur famille.

Après quatre agrandissements successifs de 1845 à 1889, l’hôpital de 271 lits, l’Hôtel-Dieu, fait la fierté d’Henri Schneider dont la statue trône dans l’axe du bâtiment. Le réseau des médecins, la fourniture de médicaments sont également organisés par l’usine.

Un accompagnement des femmes enceintes est fourni par l’usine : congé maternité, accouchement à l’hôpital, aise sociale pendant l’interruption de la période de travail.

Une maison de famille sert d’orphelinat.

Ces institutions et mesures sociales sont décrite dans un ouvrage édité par la compagnie en 1914 Économie sociale / Les établissements Schneider.

Le management

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La conduite de la Société était exclusivement concentrée dans les mains de chaque gérant à chaque génération. Dès la première génération, les aspects non industriels ont été analysés et pris en compte : le recrutement, le logement, l’enseignement et la formation, la santé du personnel. Le réseau d’institutions périphériques à la Société, créées et développées par les dirigeants, en l’absence de toute alternative publique au moins au XIXème siècle, a été qualifié par la suite de création du paternalisme.

La société en commandite par actions

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Cette structure juridique, assez répandue au début du XIXème siècle, permet aux fondateurs de garder un contrôle total de leur entreprise et de ne pas divulguer publiquement ses comptes. Les gérants sont responsables de la société sur leurs biens personnels. Elle sera conservée jusqu’en 1949, en ayant fait la preuve de son efficacité pour protéger la mainmise dynastique des Schneider, qui ont toujours été minoritaires en actions, amis disposaient de la majorité des droits de vote.

Financement par obligations

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Dans les premières décennies du développement de Schneider et Cie, le financement de l’expansion se fait par l’émission d’obligations ou par autofinancement. Ceci évite de diluer l’actionnariat des fondateurs. L’appel aux emprunts bancaires se fera ensuite lors de l’internationalisation de la société.

Le management industriel

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Celui-ci est essentiellement assuré par les 4 dirigeants successifs, dont l’autorité sur les collaborateurs, même les plus proches, n’a jamais été mise en cause. La vision est globale, dans tous ses aspects techniques, des matières premières aux produits finis, commerciaux avec la constitution d’un vaste réseau de représentations dans le monde entier, industriels par la politique d’investissements et de diversification. Elle n’exclut pas les échecs et les erreurs de jugement, mais ils sont assumés personnellement, en conformité avec la structure juridique de la Compagnie. Son efficacité, au-delà des talents de chacun des dirigeants, a été facilitée par la longévité remarquable de chacun des « règnes ».

La concentration du lieu de décision au Creusot durant le XIXème siècle a facilité le management industriel. Celui- s’est déplacé à Paris au siège rue d’Anjou dès le règne d’Eugène II, à cause de la multiplication des établissements industriels en France et à l’étranger. Cela n’a pas empêché une certaine autonomie d’action, en particulier commerciale de certains établissements (Chalon 1906 pour les charpentes et travaux de génie civil) (35, p111)

Le management social

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Les besoins humains nécessaires à l’expansion rapide du Creusot a amené les fondateurs à créer ex-nihilo des structures d’environnement social (santé, prévoyance, éducation, logement) dans un environnement rural dépourvu de ces services. Les fondateurs, largement inspirés de la philosophie sainte simonienne ainsi qu’Alfred Deseilligny un des premiers directeurs mirent en place le système des écoles, la caisse de secours mutuel, les services de soins avec l’Hôtel Dieu et le programme de logements ouvriers et de cadres.

Le management politique

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Dès Eugène 1er, l’intérêt de remplir des fonctions politiques apparut comme un levier d’influence significatif. La Mairie du Creusot était naturelle pour cette ville construite ex-nihilo, mais également les fonctions de conseiller général, député et de Président du Corps Législatif sous le second Empire. Son fils Henri suivit cette voix sans beaucoup d’enthousiasme (maire et député). Ses successeurs utilisèrent des prête-noms acquis à leur cause dans différents mandats, locaux et nationaux.

La communication commerciale (expositions)

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Les Schneider participeront à plusieurs expositions universelles dont celles de Paris en 1867 et celle de 1900 où son pavillon rouge bardé de canons fera forte impression. Cela contribuera à leur renommée industrielle et commerciale. En particulier, ce sera la vitrine qui leur permettra d’engranger de nombreuses commandes étrangères de pays éloignés au cours du XIXème siècle. Les visites au Creusot des têtes couronnées du monde entier marquent les esprits et sont un véhicule puissant de réputation technique.

Les réseaux d’influence

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Eugène Schneider 1er est à l’origine du Comité des Forges fondé en 1864 avec Charles de Wendel. Il a constitué un lobby efficace auprès de l’Etat et favorisé les ententes entre les grands industriels. Il est à l’origine de l’UIMM. Son activité mondaine parisienne lui permet d’entretenir un vaste réseau de relations dans les domaines de la banque, de l’industrie, des milieux politiques et de l’aristocratie.

La banque

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Eugène Schneider 1er fonde la Société Générale en 1864 avec la Famille Rothschild pour favoriser le développement de l’industrie. Elle est la première grande banque française. Une autre banque, la Banque de l’Union parisienne (BUP) fondée en 1904 avec l’action d’Achille Fournier, collaborateur d’Eugène II, contribuera au financement des activités internationales. Elle contribuera à la création de l’UEIF après la première guerre mondiale.


La dynastie des Schneider

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Le succès initial de l’aventure Schneider, puis la disparition prématurée d’Adolphe, a fait germer l’idée d’une transmission dynastique dans l’esprit d’Eugène 1er. La structure de la société en commandite le permettait facilement. Ses statuts introduisent la cogérance avec signature sociale en 1867. C’est ce qui s’est réalisé sur quatre générations, malgré les tensions familiales lors du passage à la dernière. La longévité de chaque dirigeant fut également un facteur de succès de ce mécanisme.

La transmission de la connaissance

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Ce réflexe dynastique ne pouvait se réaliser spontanément sans initier la génération suivante dans la conduite des affaires. Elle passait par un parcours du fils dans les différents services de la Société, lui permettant de reprendre la direction sans heurt à la disparition du père. Henri fut associé gérant en ……  et put reprendre les rênes de la Société après la mort de son père en 1875. Eugène II est éduqué par un précepteur à Paris et échange une correspondance abondante avec Henri. Après une période militaire d’un an, il secondera son père à partir de 1889. Celui-ci aura beaucoup plus de difficultés avec ses deux fils survivants, qui rompront avec lui pour embrasser des carrières différentes. Les décès successifs de ses deux ainés mettront le cadet Charles en situation de succéder à son père en 1942. Il mourut accidentellement en 1960. N’ayant pas de fils, la transmission de la connaissance industrielle se fera mal à travers sa veuve, qui ne fut pas en mesure d’arbitrer les querelles internes de son équipe de dirigeants.

Aucun des Schneider n’a fait d’études techniques d’ingénieur et leur formation s’est faite à l’expérience. Pour diriger une compagnie en pleine expansion, il fallait s’entourer d’un réseau d’ingénieurs collaborateurs de grande qualité.

Les grands collaborateurs

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François Bourdon (1797-1866)

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Il débute chez Manby et Wilson au Creusot en 1827 où il installe des laminoirs, puis va se perfectionner aux USA, à son retour, après le rachat de la société par les Schneider, il en prend la direction et renouvelle complètement l’outillage avec des machines anglaises. Il lance la fabrication de bateaux aux chantiers de Chalon dès 1839. De nombreuses commandes permettent s’assurer un débouché pour les fabrications du Creusot. Il invente le marteau pilon en 1838-1840 et de nombreux autres dispositifs techniques. Il quitte la société en 1852 pour continuer son ouvre aux Chantiers de la Méditerranée.

Alfred Deseilligny

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Neveu et gendre d’Eugène 1er, époux de Félicité, sa fille, Disciple de Frédéric le Play, il fonde, en 1856, la société d’économie sociale. Ingénieur de l’École Centrale, il fait évoluer le modèle creusotin vers une diversification des approvisionnements en matières premières. Directeur de l’usine et maire du Creusot, il quitte la société suite au scandale Asselin en 1866 pour aller diriger les mines de Decazeville.

Jean Fieux (1886-1969)

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Ingénieur Arts et Métiers (Cluny), il débute comme dessinateur au Havre, il épouse en 1906 la fille de Maurice Michel Schmidt, directeur des chantiers de Chalon sur Saône. Il entre au siège en 1920 et se fait remarquer par son inventivité (400 brevets). Célèbre pour ses travaux sur l’effet gyroscopique, il est à l’origine des systèmes anti roulis des navires, les catapultes de porte-avions.

Maurice Gény (1858-1906)

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Polytechnicien et ingénieur des mines. Après un début de carrière à la cristallerie de Baccarat il entre au siège de Schneider en 1891. Ingénieur en Chef en 1895 il devient directeur de la société en 1897. Il modernise sensiblement les équipements mécaniques du Creusot, lance l’aciérie de Sète qui sera finalement un échec et développe significativement les activités électriques. Il meurt d’une chute lors d’un baptême de bateau sur le chantier de St Nazaire. Sa disparition entraine une certaine décentralisation des autres établissements industriels.

Achille Fournier (1883-1921)

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Docteur en droit de l’université de Paris. Il entre chez Schneider en 1906 puis devient directeur en 1915. Spécialiste des montages financiers pour les exportations dans l’Europe centrale après la défaite de 1918. Il est à l’origine de l’UEIF, banque d’investissement qui permettra d’acheter Skoda et de prendre des participations dans de nombreuses entreprises dans les pays vaincus. Il meut dans un accident automobile en 1921.

Maurice Michel-Schmidt (1865 env.-1940)

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Diplômé de l’École Centrale de Paris en 1884, il débute sa carrière chez Hersent et Langlois (travaux publics). Il entre en 1895 chez Schneider pour accéder à la direction des Chantiers de Chalon sur Saône en 1905. Il dirige le montage du pont Alexandre III et celui du pavillon Schneider de l’exposition de 1900. Il prend la direction de la DTP (direction des travaux publics) qui concentre la gestion de ses projets à Chalon. Il se met à son compte en 1909 en association avec Hersent, tout en continuant à participer à des projets avec Schneider.

Nicolas

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Latourte

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Deuxième directeur de la Direction des travaux publics après Michel-Schmidt

Vicaire (1899-1980)

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Polytechnicien du corps des Mines, il commence sa carrière chez ARBED, il entre chez Schneider en 1949 pour en prendre la direction jusqu’en 1964.

Les drames familiaux

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Aucune génération des Schneider n’est épargnée par les drames et les disputes

Adolphe

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Le frère ainé d’Eugène 1er se tue dans un accident de cheval en 1845. Bien qu’il soit à l’origine de l’aventure dynastique, sa descendance sera écartée des affaires industrielles par celle d’Eugène (son fils Paul suivra Deseilligny à Decazeville).

Marguerite Asselin

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Le concubinage d’Eugène éclate en 1865 provoquant la brouille avec sa fille Félicité et son gendre Deseilligny, directeur du Creusot, qui quitte la société. Eugène 1er la déshérite. Elle suivra cependant les pérégrinations d’Eugène au titre de belle-sœur, ses filles, Zelie et Eudoxie, ayant successivement épousé Henri le fils d’Eugène.

Eugène 1er

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La guerre de 1870 le force à s’exiler en Angleterre suite à la chute de l’Empire et à déléguer la gérance à son fils Henri.

Marié avec Zelie Asselin, fille de la maitresse de son père, avec laquelle il a été élevé, et qui décède prématurément en 1869, en laissant deux enfants survivants, Constance et Eugène II. Il épouse ensuite sa sœur Eudoxie en 1872 qui lui donnera trois enfants. Il meurt des suites d’une chute de cheval en 1898.

Henri-Paul (fils ainé d’Eugène II)

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Il meurt dans un combat aérien début 1918

Paul (fils puiné d’Eugène II)

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Il meurt avec son épouse dans le crash de son avion sur le Mont Beuvray en 1944 de retour d’Alger, où il faisait partie des troupes de Giraud.

Eugène II

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Les bombardements du Creusot de la RAF en 1942 et 1943 anéantissent une part significative des usines et fait de nombreuses victimes civiles.

Charles (Fils cadet d'Eugène II)

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Il meurt accidentellement en 1960 des suites d’une chute dans son bateau.

Les conflits familiaux : Eugène II et ses fils

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Les deux fils survivants de la guerre Paul et Jean, se brouillent avec leur père qui voudrait les former à la gérance par un long programme de stages qu’ils refusent dès 1922. Bien qu’une longue bataille judiciaire contre leur père se termine par un succès, ils réaliseront chacun une belle carrière dans l’aviation (Jean sera secrétaire général d’Air France) et le cinéma (Charles sera d le directeur de Gaumont). Le cadet Charles deviendra gérant à la mort de son père et la disparition de son ainé Jean dans un accident d’avion.

Les conflits sociaux

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Les conflits sociaux se sont concentrés dans les périodes troublées au plan national (révolution de 1848, commune du Creusot en 1871 fin de la guerre 14-18). Mais le plus grand conflit social au Creusot par sa durée et son étendue se déroule en 1899 après la prise de fonction d’Eugène II suite au décès de son père Henri. Sa phase aigüe se déroule ente mai et octobre 1899 et se termine par un succès, par la création d’un syndicat ouvrier et de la reconnaissance de délégués sous l’arbitrage du Président du Conseil Waldeck Rousseau.

En juillet1900, un nouveau mouvement subit un échec par une fermeture complète de l’usine et le renvoi de 1200 ouvriers.

Les alliances matrimoniales

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A toutes les générations les Schneider se marieront ou marieront leurs enfants avec des membres de l’aristocratie. Zélie Schneider, fille d’Henri et de Zélie Asselin, épouse en 1887 Pierre de Chaponay. Eugène II épouse en 1894 Antoinette de Rafelis de Saint-Sauveur. Zélie Schneider, fille d’Henri et d’Eudoxie Asselin épouse Gérard de Ganay en 1896. Marguerite Schneider sa sœur épouse Paul Sauvage de Brantes en 1898. Son autre sœur Madeleine épouse Jacques Leclerc de Juigné en 1901. May Schneider épouse en 1924 Pierre de Cossé-Brissac, polytechnicien. Cette politique, en dehors du prestige qu’elle permet d’acquérir à a famille Schneider, étend très largement son cercle d’influence, essentiel pour saisir les opportunités commerciales et les liens avec la puissance publique.


Notes et sources

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Bibliographie

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  • Agnès D'Angio, « La branche travaux publics de Schneider et Cie : Naissance et développement (1895-1949) », Histoire, économie & société, vol. 14, no 2,‎ , p. 331–343 (DOI 10.3406/hes.1995.1777, lire en ligne, consulté le ).
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