Le Canadien (journal)

Page couverture du premier numéro du journal Le Canadien, 22 novembre 1806

Le Canadien est l’un des journaux québécois les plus influents du XIXe siècle.

Selon Yvan Lamonde, spécialiste de l'histoire culturelle québécoise, le « rôle [de ce journal] est central dans l’histoire intellectuelle et politique du Bas-Canada »[1].

1re série : 1806-1810 modifier

Dessin d'un buste de Pierre-Stanislas Bédard réalisé en 1833

Le journal Le Canadien est fondé à Québec en novembre 1806 par le chef du Parti canadien, Pierre-Stanislas Bédard, avec l'appui de plusieurs chefs du mouvement réformiste naissant : François Blanchet, Jean-Thomas Taschereau, Louis Bourdages, Joseph-Bernard Planté et Joseph Levasseur-Borgia.

En-tête du premier numéro du Canadien, 22 novembre 1806, arborant la devise Fiat justitia ruat caelum.

Le journal adopte pour devise la maxime juridique latine Fiat justitia ruat caelum[2] (en français : « Que justice soit faite, même si le ciel doit s'écrouler »).

Le samedi 22 novembre 1806, le premier numéro sort des presses de l'imprimeur Charles Roi, qui en assure l'impression jusqu'au 7 février 1807, pour ensuite être remplacé par Charles Lefrançois, propriétaire de l'Imprimerie canadienne, située à Québec sur la rue Saint-François[3].

(...)

Le 14 juin 1808, Craig fait destituer plusieurs membres du Parti canadien de leurs postes d'officiers de milice


Le samedi 17 mars 1810, trois membres du conseil exécutif, Thomas Dunn, François Baby et John Young signent un warrant (mandat d'arrêt) contre l'imprimeur Charles Lefrançois. Au cours de l'après-midi, des soldats perquisitionnent dans l'atelier de l'Imprimerie canadienne, arrêtent Lefrançois, s'emparent du matériel d'impression, suppriment le numéro du jour et confisquent les papiers du Canadien[4],[5],[6]. Les presses et les caractères saisis sont entreposés dans une voûte[6], tandis que les papiers confisqués sont déposés au palais de justice comme pièces à conviction en présence du juge de paix Ross Cuthbert[5]. Une vingtaine de collaborateurs du journal à travers la province sont également emprisonnés[4].

Deux jours plus tard, les propriétaires du journal, Pierre-Stanislas Bédard, François Blanchet et Jean-Thomas Taschereau sont à leur tour jetés en prison, accusés de « pratiques traîtresses »[7].

L'imprimeur Lefrançois est relâché en août 1810, sans avoir subi de procès[5].

2e série : 1817-1819 modifier

Le Canadien renaît le 14 juin 1817 avec l'appui de quelques chefs du Parti canadien. La rédaction en est confiée à Laurent Bédard, neveu de Pierre-Stanislas Bédard[8]. Cette nouvelle mouture adopte la forme d'un petit in-quarto hebdomadaire de quatre pages sur deux colonnes, dont l'impression est confiée à François Bélanger[8]. La publication s'interrompt le 15 décembre 1819[6].

3e série : 1820-1825 modifier

Dès le 19 janvier 1820, le journal reparaît sous l'impulsion de François Blanchet, son nouveau propriétaire et de Flavien Vallerand, chargé de l'impression et de la publication[8]. La devise latine Fiat justitia ruat caelum est reprise[6].

Après la parution du numéro du 2 mars 1825, Flavien Vallerand annonce, dans une circulaire datée du 12 mars suivant, qu'il doit interrompre la parution du Canadien en raison de difficultés financières. La publication reprend brièvement le 17 août 1825 pour cesser de façon définitive quelques semaines plus tard[6].

4e série : 1831-1893 modifier

Références principales modifier

  • André Beaulieu et Jean Hamelin. La presse québécoise des origines à nos jours. Québec : Presses de l'Université Laval, 1973, t. 1 (1764-1859).
  • John Hare et Jean-Pierre Wallot. Les imprimés dans le Bas-Canada, 1801-1810. Montréal : Presses de l'Université de Montréal, 1967.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie complémentaire modifier

  • Micheline Cambron (dir.). Le journal Le Canadien. Littérature, espace public et utopie (1836-1845). Montréal : Fides, 1999. [présentation en ligne]
  • Marie-Lise Laquerre et Stéphanie Massé. « Ironie, sarcasme et dérision dans le Canadien (1806-1810) », dans Nancy Desjardins et Jacinthe Martel (éd.). Archives et fabrique du texte littéraire. Montréal : Université du Québec à Montréal, coll. «Figura. Textes et imaginaires», 2001, p. 103-114. [lire en ligne] [Résumé en ligne]
  • Lawrence A. H. Smith. « Le Canadien and the British Constitution, 1806-1810 », Canadian Historical Review, vol. 38 (1957), p. 93-108

Liens et documents externes modifier

Notes modifier

  1. Yvan Lamonde. « La vie culturelle et intellectuelle dans le Québec des XVIIIe et XIXe siècles : quelques pistes de recherche » [PDF], Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 54, no 2 (automne 2000), p. 276.
  2. Prospectus du Canadien [RTF]. Québec : Charles Roi, 13 novembre 1806.
  3. John Hare et Jean-Pierre Wallot. Les imprimés dans le Bas-Canada, 1801-1810. Montréal : Presses de l'Université de Montréal, 1967, p. 315, 352.
  4. a et b John Hare et Jean-Pierre Wallot. Les imprimés dans le Bas-Canada, 1801-1810. Montréal : Presses de l'Université de Montréal, 1967, p. 217.
  5. a b et c Jean-Marie Lebel. « Charles Lefrançois », dans Dictionnaire biographique du Canada [en ligne].
  6. a b c d et e André Beaulieu et Jean Hamelin. La presse québécoise des origines à nos jours. Québec : Presses de l'Université Laval, 1973, t. 1, p. 16.
  7. Fernand Ouellet. « Pierre-Stanislas Bédard », dans Dictionnaire biographique du Canada [en ligne].
  8. a b et c Philippe Reid. « L'émergence du nationalisme canadien-français : l'idéologie du Canadien (1806-1842) » [PDF], Recherches sociographiques, volume 21, numéro 1-2 (janvier-août 1980), p. 14.


Ressources potentielles modifier

Sources modifier

Articles de journaux modifier

Écrits d'Étienne Parent modifier

Études modifier

Ouvrages de synthèse modifier

  • Yvan Lamonde. Histoire sociale des idées au Québec, tome 1 : 1760-1896, Montréal, Fides, 2000.

Articles et monographies spécialisés modifier

  • AJZENSTAT, Janet. « Canada's First Constitution: Pierre Bedard on Tolerance and Dissent ». Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol. 23, no 1 (mars 1990), p. 39-57.
  • GALLICHAN, Gilles. « Pierre Bédard, Le Canadien et la notion de responsabilité ministérielle », Bulletin d’histoire politique, vol. 6, no 3 (printemps 1998), p. 26-32.
  • GINGRAS, Marcelle G. « Bien avant "Le Soleil" », dans Cahier d’Histoire — « Mosaïque québécoise », no 13. Québec : La société historique de Québec / Presses de l’Université Laval, 1961, p. 48-55.

Articles de dictionnaires et d'encyclopédie modifier

  • HAMEL, Réginald, John HARE et Paul WYCZYNSKI. « Bédard, Pierre-Stanislas », Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord [en ligne], 1989.

Sites ou pages web modifier