Ville privée

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Une ville privée[1] est un développement urbain ne dépendant d'aucune municipalité, conçu, réalisé et administré par et comme une entreprise, avec l'accord des pouvoirs publics. Les services aux usagers, habituellement fournis par l'État et les collectivités locales (sécurité, voirie, fluides, énergie, éducation, équipements, etc.) y sont assurés, directement ou indirectement, par l'entreprise, moyennant le règlement de charges. Sans parvenir à aller au-delà du stade de l'utopie, les libertariens se sont emparés du concept, y voyant une manière de s'émanciper de la tutelle de l'État. C'est dans les pays émergents que les projets de villes privées prennent véritablement corps, en raison de la faiblesse des États et de leurs difficultés à gérer l'exode rural et à financer la rénovation urbaine et la construction de villes nouvelles.

Le concept de ville privée est à distinguer de celui de résidence fermée ou de quartier privé (gated communities) qui fonctionnent simplement comme une copropriété mais qui restent rattachés à une commune classique.

Origines

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La cité-état autonome et indépendante est un mode de fonctionnement historiquement documenté, à certaine périodes, dans de nombreux pays (Mésopotamie, Grèce antique, Italie médiévale, fueros espagnols, etc.). De par leur mode de peuplement, certains pays, comme les États-Unis et le Canada, autorisent depuis longtemps la création de villes indépendantes et non rattachées à une municipalité existante (unincorporated areas). Les péripéties de l'Histoire ont par ailleurs permis à certains territoires de conserver une autonomie quasi-complète en dépit de leur rattachement à un État-nation (Sercq). Dans le passé, de grandes entreprises ont bâti, pour leurs ouvriers et leurs familles, de véritables cités ouvrières dotées de toutes les commodités (concept réactivé au XXIe siècle dans le projet Facebook City). Enfin, certaines entités, en s'érigeant en paradis fiscaux, constituent des zones de non-droit par rapport au reste du monde.

Ces modèles alliant indépendance, autogouvernement et statut d'exception ont inspiré des théoriciens qui, constatant les limites de la gouvernance municipale traditionnelle, ont proposé d'autres types d'institutions locales privilégiant la liberté des individus tout en garantissant la sécurité des biens et des personnes. Les penseurs libertariens et leurs adeptes ont, en particulier, imaginé des solutions que sont venues alimenter, plus récemment, les nouvelles technologies, l'intelligence artificielle, la cybersurveillance et les cryptomonnaies[2].

De par leur statut privilégié reconnu à l'intérieur d'un territoire national, les zones économiques spéciales mises en place par certains gouvernements peuvent constituer une porte d'entrée pour des projets de villes libres, comme cela a été le cas au Honduras ou en Corée du Sud. Ce type de projet peut également naître d'une communauté d'intention centrée sur la liberté individuelle (intentional community), quand des individus poursuivant le même objectif d'indépendance se regroupent en quantité suffisante pour se doter d'un statut particulier qui ouvre la voie à la reconnaissance formelle de leur autonomie. Une ville libre peut aussi profiter, pour se développer, du vide juridique laissé par les espaces maritimes en s'installant sur un support flottant (seasteads)[3]. Plus récemment, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, les villes libres peuvent naître d'un État-réseau (network state), une communauté virtuelle capable de développer sa propre gouvernance avant de partir en quête d'un territoire physique où s'installer pour obtenir ensuite la reconnaissance institutionnelle et diplomatique de la part d'un État traditionnel[2].

Si les concepteurs des villes privées développées entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle étaient le plus souvent à la recherche de solutions touchant à l'urbanisme, au logement et la mixité fonctionnelle et sociale, les projets des promoteurs du XXIe siècle sont majoritairement préoccupés par les libertés individuelles et la recherche d'une autonomie fonctionnelle, politique et économique pouvant aller jusqu'au sécessionnisme[4].

Exemples de villes privées

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Exemples récents

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King Abdullah Economic City en octobre 2016.
King Abdullah Economic City en octobre 2016.

KAEC

King Abdullah Economic City (ou Kaec) est un projet de développement urbain conduit par un groupe immobilier dubaïote (Emaar the Economic City, coté en bourse ) à 60 km au nord de Jeddah, sur les bord de la Mer rouge. Le projet, qui inclut les critères d'une ville intelligente, porte sur 180 km², soit deux fois la taille d’une ville comme Manchester et comparable en étendue à Washington, D.C. Initié en 2014 et budgété à 100 milliards de dollars US le développement pourrait être terminé en 2035. 50 000 nouveaux résidents sont attendus avant 2029. Les investisseurs espèrent y accueillir 2 millions d'habitants d’ici à 2035. Kaec a été pensé dans le cadre de la diversification de l'économie saoudienne et vise les jeunes diplômés qui ont étudié à l'étranger, leur offrant une perspective de nature à les faire revenir dans leur pays. Le projet comporte un important volet économique et est doté, entre autres, d'équipements touristiques (golfs, plages, hôtels, etc.), d'une vallée industrielle orientée vers les hautes technologies et d’une zone portuaire capable de faire transiter chaque année 20 millions de containeurs. Une ligne ferroviaire à grande vitesse reliera la ville nouvelle à Djeddah et à La Mecque, faisant de KAEC un hub international et une destination touristique. La gestion de la ville est confiée à un régulateur (The Economic Cities Authority), qui propose aux individus et aux entreprises des conditions particulières pour leur installation, comme la possibilité pour des intérêts étrangers de détenir des biens intégralement, ainsi que des facilités administratives en matière d'autorisations de séjour et de permis[5],[6].

Promenade de Lavasa inspirée de l'urbanisme de Portofino.
Promenade de Lavasa inspirée de l'urbanisme de Portofino.

Lavasa

Le développement de la ville nouvelle privée de Lavasa a été initié, au début des années 2000, par le conglomérat Hindustan Construction Company afin d'attirer dans les Ghats occidentaux (une chaîne de montagnes du Maharashtra classée au patrimoine mondial de l'Unesco) les classes moyennes et supérieures de Bombay et de Pune, les mégalopoles les plus proches. Le projet, qui promettait université, campus connecté, écoles privées, boutiques de mode, grandes enseignes de restauration, appartements de luxe et terrains de sport, s'est heurté à de nombreuses difficultés (environnementales, politiques, et liées à la corruption) et la Lavasa corporation, qui gérait la ville, a été mise en faillite en juin 2018. La ville, dont l'urbanisme est curieusement inspiré de Portofino, devait accueillir 300 000 habitants et en comptait moins de 1 000 en 2024[7],[8],[9]. Les partenaires se sont progressivement retirés du projet, les services municipaux se sont effondrés, laissant les habitants à eux-mêmes[10].

Magarpatta

Magarpatta est un développement urbain réussi, destiné à prévenir l'expansion anarchique de la ville de Pune à partir des années 1960. Dans les années 1980, alors que la périphérie est de Pune allait être déclarée zone urbanisable, les communautés agricoles qui y résidaient depuis des générations s'organisent pour faire des propositions au gouvernement local. En 1993, l'idée ce créer un township (canton) émerge. Les agriculteurs mettent sur pied une entreprise dont ils seront actionnaires au prorata des terres apportées au lot commun. Les travaux débutent en 1999, avec un master plan concerté dont seules les premières étapes sont mises en œuvre sans générer d'endettement. Sur 180 hectares environ, ce quartier propose une urbanisation équilibrée et moyennement dense[11].

Les tours de Sharp Central Park à Songdo (Incheon).
Les tours de Sharp Central Park à Songdo (Incheon).

Songdo

En Corée du Sud, la ville privée de Songdo (face à l’aéroport international de Séoul) a été financée par le promoteur immobilier Gale international, le producteur d’acier Posco et la banque d’investissement Morgan Stanley[7]. Il s'agit d'un district d’affaires international situé à environ 60 km au sud de Séoul, dont la construction a débuté en 2001 et qui abrite 167 000 habitants sur 53 km2. Conçue comme un ville intelligente, Sondgo se promettait également d'être une ville verte, et notamment sans voiture. Si le premier objectif a été largement atteint (senseurs pour détecter la congestion, gestion sur place des déchets, technologie omniprésente, bâtiments verts et sobriété énergétique), le second ne l'a pas été, en raison notamment des concessions urbanistiques faites à l'automobile[12].

Honduras

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Prospera

Próspera est un projet de ville privée situé au Honduras, sur l'île de Roatàn et conçu comme une zone économique spéciale. Cette « ville idéale » doit accueillir 10 000 habitants. En 2024, elle en compte 2 125 qui n’y résident d'ailleurs pas forcément : le statut de résident peut en effet s'obtenir sur Internet moyennant finance. Une sélection supplémentaire est effectuée sur la base de critères comme le casier judiciaire[13],[14].

Ciudad Morazán

Ciudad Morazán est une région administrative spéciale située dans la banlieue de Choloma, au Honduras.

Utopies

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California Forever

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California Forever (rebaptisé East Solano Plan) est un projet porté par des milliardaires e la Silicon Valley (dont les fondateurs de LinkedIn et de Netscape), qui se propose de créer une ville libre de 400 000 habitants sur 70 km2, dans une zone agricole du comté de Solano, entre San Francisco et Sacramento, en Californie[15]. La société California Forever, dont le CEO est Jan Sramek, un entrepreneur et ancien trader de Goldman Sachs, a acquis les terrains nécessaires sous couvert d'une autre société (Flannery Associates) et à des prix défiant toute concurrence. Ces manœuvres ont fini par attirer l'attention des résidents du comté, alertés par quelques propriétaires récalcitrants et suscitent une opposition politique et citoyenne résolue[4].

Praxis est un projet utopique de la start-up technologique éponyme, fondée à New York en 2020 par les entrepreneurs Dryden Brown et Charlie Callinan. Elle revendique le soutien financier du milliardaire Peter Thiel, des frères Winklevoss, du fonds d’investissement Alameda Research. Les principes fondateurs s'inspirent de l'ouvrage de Balaji Srinivasan, The Network State — How to start a New Country , qui préconise d’abolir l’Etat-nation pour le remplacer par un « archipel d’enclaves autonomes hyperconnectées et reliées entre elles (…) dotées d’un leader et d’une cryptomonnaie intégrée »[16]. Le mouvement des network states, qui prend racine dans les cercles dirigeants des entreprises technologiques, prône la création de zones privées qui permettraient aux personnes les plus riches d'abandonner les sociétés démocratiques pour vivre selon les règles de leurs propres gouvernements privés. L'idée a été lancée en 2017 par Michael Moritz, lors d'un présentation à des investisseurs. Il s'agit, selon l'historien Quinn Slobodian, auteur d'un essai intitulé Crack-Up Capitalism: Market Radicals and the Dream of a World Without Democracy, de créer « des arrangement politiques alternatifs à petite échelle à travers des actes de sécession et de fragmentation, pour dégager des territoires libérés à l'intérieur et au-delà des nations ». Ces actes de sécession incluraient le recours aux cryptomonnaies, l'expatriation fiscale, l'habitat en quartiers fermés, le retrait des enfants de l'enseignement public. À terme, l'idée est d'élargir la notion de paradis fiscal pour créer de nouvelles zones à la fois dépourvue de taxes et de démocratie[17].

Free State Project Intentional Community

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Free State Project Intentional Community est une initiative encourageant les libertariens à se relocaliser au New Hampshire pour transformer cet État en juridiction indépendante[2].

Liberstad intentional community

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Située dans une zone isolée de la Norvège, Liberstad se propose de devenir une ville technologique libre et autonome économiquement[2].

Montelibero intentional community

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Installé au Montenegro, Montelibero est une communauté internationale de libertariens qui se propose de devenir des modèles pour leur voisinage et pour leur pays d'accueil[2].

Modèles historiques

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États-Unis

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L'histoire des États-Unis a favorisé la création de communautés indépendantes, dont certaines sont restées longtemps autonomes avant d'être rattachées à la gouvernance locale. Ces unincorporated ou census-designated areas ont souvent été fondées par des hommes d'affaires ou des entreprises dans un but philanthropique, entrepreneurial ou spéculatif. La plupart de ces établissements ont fini par être annexés ou rattachés à la métropole voisine, quand leur croissance a rendu leur autonomie problématique. Certains de ces développements urbains sont cependant resté indépendants d'un point de vue politique et fonctionnent toujours comme des entreprises sous la tutelle des promoteurs qui les ont conçus.

  • Reston, Virginie, développement urbain planifié conçu en 1964 par Robert E. Simon sur des terrains lui appartenant et nommé selon ses initiales. Le projet suivait à l'origine les principes de cités-jardins. Cette communauté de plus de 60 000 habitants reste à ce jour administrée par une association, selon les termes dictés par son fondateur.
  • Braselton, Géorgie, tentative d'enclave privée de 800 hectares, conclue par la faillite de la société promotrice du projet.
  • Sandy Springs[18], Géorgie, communauté à forte connotation ségrégationniste jusqu'à sa transformation en municipalité dans l'orbite d'Atlanta.
  • Sun City, Arizona : ville privée de 38 000 habitants, à destination des retraités, développée sur plus de 8 000 hectares, à la fin des années 1950, par la Del E. Webb Development Company. Le modèle a été dupliqué par le promoteur pour créer Sun City West (fin des années 1970), Sun City Grand (fin des années 1990), Sun City Anthem (1999) et Sun City Festival (2006). Il s'agit davantage de promotion immobilière classique à grande échelle que de villes libres.
  • Irvine, Californie, développement urbain planifié de 50 000 habitants (aujourd'hui plus de 300 000), conçu dans les années 1960 par la Irvine Company autour du campus de l'Université de Californie. La ville a été incorporée en une véritable municipalité en 1971.
  • Lakewood[19], Californie, est un développement urbain planifié dont la construction s'étale de 1949 à 1953. Après avoir atteint 70 000 habitants, le projet est finalement incorporé en véritable municipalité en 1954.
  • Weston, Floride, ville conçue dans les années 1950 par l'industriel et philanthrope Arthur Vining Davis, sur un terrain de 6 100 ha. Finalement incorporée en une véritable municipalité en 1996.
  • Celebration, Floride, ville privée de plus de 10 000 habitants située près du parc Walt Disney World, conçue à l'origine par la Walt Disney Company et aujourd'hui gérée par la Town Center Foundation, détenue par Lexin Capital. Le projet initial s'est heurté dès ses débuts à l'absence de mixité de sociale et, plus tard, à des problèmes d'entretien et de maintenance.

Argentine

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Afrique du sud

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  • Orania, ville réservée aux Afrikaners afin de préserver leur culture et leur langue et de se protéger de la forte criminalité dans le pays.

Modes de gouvernance

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Dans une ville privée, le droit de vote n'existe plus pour les élections locales, mais la ville fonctionne sur la base de la copropriété. La constitution de la ville peut être librement choisie, avec des clauses modifiables à volonté : majorité absolue ou qualifiée sur certains domaines, conditions d'installation dans la ville, etc. Cela responsabilise ceux qui décident, car s'ils font de mauvais choix, la valeur de leur propriété diminue.

Motivations

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Les raisons pour lesquelles se créent des villes privées sont multiples :

  • Assurer sa sécurité face à un environnement urbain hostile.
  • Pouvoir choisir son mode de vie : ville privée réservée exclusivement aux amishs ou aux homosexuels par exemple.
  • Prestige

Avantages

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Les partisans de ces villes y voient d'une part le remplacement de l'arbitraire étatique par le contrat librement consenti. Si une décision de la ville lèse un des propriétaires, il peut s'opposer à la décision et la communauté compensera la perte pour obtenir son consentement. Inversement, dans une ville "classique", ses recours seraient nuls.

En outre, cela permet pour les partisans de ces villes de ramener les choix au plus près des personnes concernées. La ville privée peut gérer elle-même sa police sans avoir à passer par la capitale.

Pour des libertariens tels que Bertrand Lemennicier, c'est une première étape vers le droit de sécession de l'individu : « Le droit à l'autodétermination des individus (et non des hommes d'État) qui choisissent l'État auquel ils veulent s'associer est un principe liberté individuelle essentiel. Il implique le droit de sécession. »[20]

  1. Ne pas confondre avec les termes « ville privée », ou « village urbain », issus de la « société de faible communication » conceptualisée par Yona Friedman, l'architecte utopiste. « Privée » y a le même sens que dans la locution « vie privée ».
  2. a b c d et e (en-US) « Free Cities Foundation - Building a better future. », sur free-cities.org, (consulté le )
  3. (en-US) « Home », sur The Seasteading Institute, (consulté le )
  4. a et b Gil Duran, « The People of Solano County Versus the Next Tech-Billionaire Dystopia », The New Republic,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Lucy Sarret, « Incredible ‘new’ city that will house two million people and cost £67bn to build », sur Express.co.uk, (consulté le )
  6. « مدينة الملك عبدالله الاقتصادية », sur www.kaec.net (consulté le )
  7. a et b « La ville du futur sera-t-elle privée ? », sur Capital.fr, (consulté le )
  8. « Lavasa, la ville fantôme du magnat indien du BTP », sur Les Echos, (consulté le )
  9. « Villes fantômes : en Inde, Lavasa, cité privée et inhabitée », sur Le Figaro, (consulté le )
  10. « En Inde, la tentaculaire ville privée de Lavasa se métamorphose en cité fantôme », sur Tribune de Genève, (consulté le )
  11. magarpattacity.com
  12. Cette cité ultramoderne construite en 15 ans devait être une ville sans voitures, mais..., Stéphanie Martin (), consulté le
  13. « Prospera, l’étrange enclave libertarienne totalement privée au Honduras », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. (en) « Próspera | A Place to Build Business, Community, Innovation », sur Próspera is a startup city for entrepreneurs to build better, cheaper, and faster with a unique regulatory system. Join us today. (consulté le )
  15. (en) « Overview », sur California Forever (consulté le )
  16. « De Praxis à Prospera, quand la Silicon Valley rêve de s’affranchir de l’Etat », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. Gil Duran, « The People of Solano County Versus the Next Tech-Billionaire Dystopia », The New Republic,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Sandy Springs sur gppf.org
  19. lakewoodcity.org
  20. Bertrand Lemennicier : Droit de sécession, micro états et villes privées

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Privatopia, Evan McKenzie, Yale University Press, 1994

Articles connexes

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Liens externes

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