Wikipédia:Lumière sur/Époque Sengoku

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Affrontements de la guerre d'Ōnin. Shinnyo-dō engi emaki (« Rouleau illustré de l'histoire du temple Shinnyo-dō »), Shinnyo-dō (Kyoto), 1524.
Affrontements de la guerre d'Ōnin. Shinnyo-dō engi emaki (« Rouleau illustré de l'histoire du temple Shinnyo-dō »), Shinnyo-dō (Kyoto), 1524.

L'époque Sengoku (戦国時代, Sengoku-jidai?, littéralement « époque/ère des provinces en guerre », en référence à la période des Royaumes combattants chinois) est une époque de l'histoire du Japon marquée par des turbulences sociales, des intrigues politiques et des conflits militaires quasi constants, qui s'étend du milieu du XVe siècle à la fin du XVIe siècle au Japon. Au sens strict, cette période débute à la fin des guerres d'Ōnin en 1477, ouvrant une période de conflits récurrents, et dure jusqu'en 1573, lorsque le seigneur de la guerre Oda Nobunaga destitue le dernier shogun Ashikaga. Elle couvre approximativement la seconde moitié de l'époque de Muromachi entendue au sens large, qui correspond au shogunat des Ashikaga et s'étend de 1336 à 1573.

Les guerres d'Ōnin (1467-1477) plongèrent le gouvernement central du Japon dans une crise grave, rendant l'autorité politique des shoguns de la dynastie Ashikaga nulle, et avec elle celle de l'aristocratie de la capitale Kyoto, laissant la voie toute ouverte pour la domination de la catégorie des guerriers. Celle-ci fut rapidement bouleversée par un ensemble de désordres, que les contemporains désignaient par le terme gekokujō, renvoyant à l'idée de renversement de l'ordre établi. En effet, ce furent en général des personnes provenant des clans des couches moyennes et inférieures de la catégorie guerrière qui renversèrent l'élite militaire traditionnelle et se rendirent indépendants du pouvoir central en formant dans les provinces une myriade d'entités politiques qu'ils géraient sans rendre de comptes à un suzerain : Go-Hōjō, Imagawa, Oda, Takeda, Mōri, Shimazu, etc. Ces personnages étaient désignés par le terme de daimyō, qualifiant un chef guerrier, et leur pouvoir reposait sur leurs capacités militaires et celles de leurs vassaux guerriers, qui constituaient le socle des États provinciaux de cette période. L'instabilité politique de la période se traduit par des affrontements guerriers entre les différents clans, et également des luttes intestines au sein de clans, ou entre suzerains et vassaux, avec pour conséquence des revers de fortune, et la disparition régulière de seigneurs de guerre voire de clans. Bien que certaines de ces entités politiques soient parvenues à élaborer un ordre politique interne reposant sur une armée, un système juridique et l'exploitation des ressources économiques du territoires dans un but essentiellement guerrier, elles tendirent à connaître un mouvement de concentration politique dans la seconde moitié du XVIe siècle. L'époque Azuchi Momoyama, qui succède à la période Sengoku et s'étend de 1573 à 1600, correspond à la dernière phase des conflits entre seigneurs de la guerre, et se conclut par l'unification du Japon sous les actions successives d'Oda Nobunaga, qui commença le premier à constituer un État hégémonique dans le Tōkai et le Kinai, de Toyotomi Hideyoshi qui mena à bien l'unification du reste du Japon, puis de Tokugawa Ieyasu qui mit en place le régime d'Edo en 1603.

La période Sengoku, et plus largement le siècle et demi allant de 1450 à 1600, correspond à une longue phase de transition entre le Japon médiéval et le Japon de la « première modernité », entre l'effondrement du shogunat des Ashikaga et la mise en place de celui des Tokugawa. Les structures politiques et sociales du Japon médiéval furent ébranlées puis progressivement abattues durant les troubles de cet âge guerrier, qui vit sur sa fin la mise en place d'un nouvel ordre socio-politique posant les bases de la longue ère Edo (1603-1868). Cette période fut aussi caractérisée par la mise en place de structures politiques plus autonomes s'élevant dans le contexte d'affaiblissement des pouvoirs centralisateurs, à partir des communes rurales de plus en plus autonomes qui donnèrent naissance à plusieurs ligues de guerriers locaux, parfois sous les auspices de mouvements religieux. Cette époque fut également marquée par un essor économique, avant tout perceptible dans le domaine commercial, qui se traduisit aussi par un essor urbain et une affirmation politique des communautés de bourgeois des grandes villes (Kyoto, Sakai). L'horizon du Japon s'ouvrit à la suite de l'établissement des premiers contacts avec des navires européens en 1543, puis le début de l'implantation du christianisme dans le pays. Du point de vue culturel, le Japon restait marqué par une importante influence chinoise, mais connut des développements marquants à partir de la culture d'Higashiyama (années 1480-1490), contribuant à forger l'esthétique japonaise des périodes suivantes, notamment dans l'art de la cérémonie du thé, de la composition florale, la peinture sur rouleaux et paravents, l'organisation de l'espace intérieur, etc.