Wikipédia:Lumière sur/Histoire du mouvement pacifiste allemand jusqu'en 1945

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Manifestation pacifiste dans le Lustgarten de Berlin en 1921
Manifestation pacifiste dans le Lustgarten de Berlin en 1921

Le pacifisme naît en Allemagne au XIXe siècle à une époque où la guerre commence à être condamnée moralement. Influencé par des idées religieuses venant des États-Unis, il ne parvient à s’implanter qu’à la fin du siècle avec la diffusion de l’œuvre d’Hodgson Pratt et naît véritablement en 1892 avec la création de la Deutsche Friedensgesellschaft par les deux futurs prix Nobel de la paix Bertha von Suttner et Alfred Hermann Fried. Le mouvement a toutefois beaucoup de difficultés à s’imposer dans la société allemande en raison de la militarisation de celle-ci et de son profond désintérêt vis-à-vis des idées pacifistes mais aussi du fait de la confusion régnant au sein du mouvement pacifiste qui ne parvient pas à se fonder comme un mouvement unitaire.

Sur la scène internationale, le pacifisme allemand reste longtemps isolé et les relations franco-allemandes, profondément détériorées depuis la guerre franco-allemande de 1870, ont durablement empêché le pacifisme de progresser. Après avoir adopté une attitude de blocage lors des deux conférences de La Haye de 1899 et de 1907, le mouvement pacifiste allemand connaît un certain succès avec l’organisation des conférences interparlementaires de Bâle et de Berne, dont l’œuvre est cependant mise à mal par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. À l’image de la division qui règne au sein du mouvement, les réactions des pacifistes allemands par rapport à la guerre sont très diverses. Le conflit permet de lever les positions ambiguës de certains et au sortir d’une guerre qui a paralysé le pacifisme international, c’est à un mouvement de plus en plus politisé auquel on a affaire. Deux ailes se font face, l’une modérée plaidant pour un statu quo et l’autre radicale, pour une démocratisation de l’Allemagne.

En 1918, les pacifistes allemands, pour la plupart profondément déçus par l’attitude et les vexations des Alliés (comme celle que représente le traité de Versailles), doivent se confronter à la question de la culpabilité allemande. Certains, à l’image de Foerster, font leur mea culpa, tandis que les autres refusent de se considérer coupables, plaidant davantage pour une responsabilité partagée par tous. L’Allemagne doit retrouver le rang politique et diplomatique qu’elle a perdu et doit rompre son isolement sur le plan européen. La révision du traité devient primordiale et l’un des moyens de l’atteindre est l’intégration au sein de la Société des Nations. Une fois ce but atteint, le mouvement pacifiste sombre, d’autant plus que l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 signe sa fin. Il ne renaît qu’après 1945.