Wikipédia:Lumière sur/Jean Bodin

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Portrait gravé par François Stuerhelt pour Claude Ménard avant 1620, coll. musées d'Angers.
Portrait gravé par François Stuerhelt pour Claude Ménard avant 1620, coll. musées d'Angers.

Jean Bodin, né en 1529-1530 à Angers et mort en 1596, à Laon, est un jurisconsulte, économiste, philosophe et théoricien politique français, qui influença l’histoire intellectuelle de l’Europe par ses théories économiques et ses principes de « bon gouvernement » exposés dans des ouvrages souvent réédités. La diffusion du plus célèbre d'entre eux, Les Six Livres de la République, n'a été égalée que par De l'esprit des lois de Montesquieu. En économie politique, il perçoit les dangers de l'inflation et élabore la théorie quantitative de la monnaie à l'occasion d'une controverse avec Monsieur de Malestroit. Enfin, il établit une méthode comparative en droit et en histoire qui fécondera les travaux de Grotius et Pufendorf.

Dans Les Six Livres de la République, il est l'un des premiers à établir le concept de la souveraineté qui inspirera Hobbes et Locke. Il pose également les fondements théoriques de la monarchie absolue — puissance de commandement, puissance absolue, puissance indivisible, puissance perpétuelle — et les notions juridiques relatives à la souveraineté des États. Par son influence sur le cardinal de Richelieu et ses juristes, Bodin peut être considéré dans une certaine mesure comme l'un des fondateurs de l'absolutisme à la française. Parmi ses autres apports figurent également l'encadrement des attributions des juges et de l'administration ainsi que l'établissement de distinctions fondamentales entre État et gouvernement.

Esprit moderne à certains égards, Bodin est toutefois susceptible de déconcerter les lecteurs actuels à la fois par son traité de philosophie de la nature, qui accorde beaucoup de poids à l'arithmologie et à l'astrologie, et surtout par un traité de démonologie invitant à la répression de la sorcellerie.

Alors que les guerres de religion dévastent la France, il se fait l'avocat de la tolérance religieuse, notamment par sa courageuse opposition à une initiative royale qui voulait lever des fonds pour reprendre la guerre contre les huguenots. Il a aussi défendu l'idée de tolérance dans ses écrits, tout particulièrement dans le Colloquium heptaplomeres, resté à l'état de manuscrit, où il fait dialoguer sept sages de confessions différentes.