Wikipédia:Lumière sur/Les Grandes Espérances

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Publicité pour Les Grandes Espérances en couverture d'All the Year Round.
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Les Grandes Espérances ou De grandes espérances (en anglais Great Expectations) est le treizième roman de Charles Dickens (1812-1870), le deuxième, après David Copperfield, à être raconté entièrement à la première personne par le protagoniste lui-même, Philip Pirrip, dit Pip. Le sujet principal en est la vie et les aventures d'un jeune orphelin jusqu'à sa maturité. D'abord publié en feuilleton de décembre 1860 à août 1861 dans le magazine de Dickens All the Year Round, il paraît ensuite en trois volumes chez Chapman and Hall en octobre 1861.

Conçu pour être deux fois plus long, le roman doit son format à des contraintes de gestion affectant la revue à laquelle il est confié. Ramassé et dense, avec une économie de moyens inhabituelle chez Dickens, il représente, par l'équilibre de sa structure, la perfection de son déroulement et l'aboutissement des intrigues, l'apogée de la maturité de son auteur. Il se situe dans la dernière partie de sa carrière, « l'après-midi de sa vie et de sa gloire » (the afternoon of his life and glory) selon G. K. Chesterton, et après lui, seul à être complet, ne paraît que L'Ami commun.

L'histoire commence vers 1812, comme la prime enfance de Dickens passée dans le même comté rural du Kent, pour se terminer vers 1846. D'emblée, le lecteur est « régalé » (treated) par la terrifiante rencontre entre le héros et le forçat évadé Abel Magwicth ; Great Expectations est un livre violent, marqué par des images extrêmes, la pauvreté, les bateaux-prisons au large, the hulks, les entraves et les chaînes, les luttes à mort. Il associe donc une intrigue nourrie de rebondissements imprévus à une posture autobiographique comprenant différentes tonalités de remémoration, et, indépendamment de sa technique narrative, il reflète sinon les événements de la vie, du moins les préoccupations de l'auteur, et surtout sa conception de la société et de l'homme.

Les Grandes Espérances présentent une panoplie de personnages hauts en couleur, qui sont restés dans la conscience populaire : l'implacable Miss Havisham et Estella à la beauté glacée, Joe le forgeron tout raison et bonté, l'oncle Pumblechook, à la fois débonnaire et desséché, la figure coupante de l'avoué Jaggers, celle, à deux facettes, de son double opposé Wemmick, l'ami disert et sage Herbert Pocket.

En un long et convulsif processus de changement, les thèmes conflictuels, classiques chez Dickens, de la richesse et de la pauvreté, de l'amour et du rejet, du snobisme et de l'amertume, finissent par céder peu ou prou le pas au pouvoir de la bonté et à sa victoire sur les forces de l'obscurantisme et du mal...