Wikipédia:Lumière sur/Tableaux de la chapelle Cerasi (Caravage)

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La chapelle Cerasi, décorée par Annibale Carrache (tableau d'autel et voûte) et par Caravage (deux tableaux latéraux).
La chapelle Cerasi, décorée par Annibale Carrache (tableau d'autel et voûte) et par Caravage (deux tableaux latéraux).

Les tableaux de la chapelle Cerasi forment un ensemble de deux toiles de grand format peintes par Caravage entre 1600 et 1601 ou 1604 sur une commande initiale de Tiberio Cerasi, trésorier général du pape, pour être installées dans une chapelle privée de l'église Santa Maria del Popolo de Rome où elles sont toujours conservées. L'architecture de la chapelle est due à Carlo Maderno et les tableaux de Caravage encadrent une autre œuvre, l’Assomption de la Vierge commandée à Annibale Carrache à qui l'on confie également la peinture à fresque de la voûte. C'est une commande prestigieuse dont bénéficie Caravage, dont la renommée est bien installée dans le milieu artistique romain depuis sa récente production des tableaux de la série des saint Matthieu dans la chapelle Contarelli de l'église Saint-Louis-des-Français. Pour bon nombre de critiques et historiens d'art, il s'agit d’œuvres majeures dans la carrière de Caravage, qui n'a pas encore 30 ans lorsqu'il les réalise.

Les deux œuvres, qui représentent respectivement une Conversion de saint Paul et un Crucifiement de saint Pierre, auraient été d'abord rejetées puis remplacées par deux huiles sur toile et non plus sur bois, sur les mêmes thèmes mais qui, cette fois, auraient été acceptées : ce sont ces deux toiles qui ornent la chapelle. Cette succession d’œuvres acceptées ou refusées complique la tâche des historiens de l'art qui débattent sur la datation exacte des deux tableaux et sur leur position dans la chronologie des œuvres de la période romaine de Caravage.

Seule la première version de la Conversion est identifiée de nos jours et appartient à une collection privée : il n'existe aucune trace du premier tableau du Crucifiement. Toutefois, des doutes importants pèsent sur cette interprétation historique, car il n'est pas du tout établi que les premières versions des tableaux aient réellement essuyé de refus. Il est en revanche certain qu'il existe un écart de style considérable entre la première et la seconde version de la Conversion.

Chacun de ces tableaux s'inscrit dans le style que Caravage développe depuis plusieurs années et qui renvoie aux principes borroméens de la Réforme catholique. Le style dépouillé et empreint de naturalisme du jeune peintre lombard s'oppose clairement au maniérisme de l'époque ; la proximité de ses tableaux avec celui de Carrache en témoigne de façon très vivace. Caravage prend d'ailleurs grand soin d'insérer ses œuvres dans le contexte de la chapelle, c'est-à-dire d'adapter son travail à la fois aux peintures avoisinantes (tableau d'autel, fresques de la voûte) mais aussi aux conditions particulières dans lesquelles sont placés les spectateurs, ce qui l'oblige à déformer certains éléments de perspective pour se conformer à la situation d'observation dans cette étroite chapelle.